LA RELIGION EN EUROPE DE L'EST
V. Golovanow
PARTIE 2 Suite voir Partie 1 : "Orthodoxes majoritaires mais peu pratiquants",

"LE VRAI POLONAIS EST CATHOLIQUE, LE VRAI RUSSE EST ORTHODOXE."

On constate dans la plupart de ces pays un lien fort entre identité religieuse et identité nationale, particulièrement dans les pays orthodoxes (cf. schéma 4). Ainsi plus de 80% des Arméniens et Géorgiens estiment que «les vrais citoyens» de ces pays doivent être orthodoxes.

Dans les pays balkaniques ce chiffres se situe entre 65 et 80% et il dépasse encore la majorité en Russie (57%), où ce point vue est partagé même par les membres des religions minoritaires: environ un quart des musulmans et autant parmi ceux qui se disent sans religion considèrent que l'appartenance à l'Orthodoxie est importante pour être «un vrai citoyen russe».

Dans les pays catholiques la situation est moins nette: si 64% des Polonais considèrent que seuls des Catholiques peuvent être de "vrais Polonais", cette opinion dépasse à peine la majorité en Croatie et Lituanie et ne l'atteint pas ailleurs…

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Renforçant cet identification entre religion et culture nationale, 68 % des Orthodoxe considèrent leur culture comme supérieure aux autres (schéma 4b), ce qui n'est pas surprenant puisque la religion y a souvent servi de ciment de l'unité nationale. Ils ne sont que 45 % à partager cette opinion parmi les autres sondés chez qui ce sentiment n'est puissant qu'en Pologne, pays à la longue histoire de lutte avec ses voisins, et, ce qui est plus surprenant, en Bosnie, pays partagé entre 3 cultures religieuses...

CONFLIT ENTRE LES VALEURS NATIONALES ET CELLES DE L’OCCIDENT

Autre avis largement partagé par la majorité des sondés, surtout parmi les Orthodoxes (59%), ils considèrent qu’il y a «conflit entre les valeurs traditionnelles de [leur] pays et celles de l’Occident» (cf. Tableau 1). Cette opinion est majoritaire dans 7 pays orthodoxes sur 11, avec des pointes supérieures à 65% en Serbie, Russie, Arménie, Grèce et Géorgie. Elle est aussi majoritaire en Pologne (52%) et en Bosnie (63%).

Une pierre de touche de ce conflit de valeurs est clairement donnée par la relation aux minorités sexuelles et l'opinion sur le rôle de la femme:

 Une nette majorité (71%) considère l'homosexualité comme moralement inacceptable, ce qui va à l'encontre de la permissivité prônée en Occident, et cette position est surtout largement dominante dans les pays orthodoxes (voir graphique 5). Si en Grèce, membre de l'UE depuis longtemps, il s'agit d'une courte majorité (51%), dans les autres pays, c'est la Bosnie et les Pays Baltes (ex-URSS mais membres de l'UE) qui sont les moins tolérants. Il faut cependant noter que les jeunes de moins de 35 ans sont moins hostiles envers les relations et le mariage homosexuels et la République tchèque fais là encore figure d'exception car 60% des personnes de plus 35 ans s'y exprime en faveur de la légalisation du mariage homosexuel et cette opinion atteint 77% chez les moins de 35 ans.

 Concernant le rôle de la femme, 42% des Orthodoxes considèrent qu'elle "doit toujours obéir à son mari" (graphique 6), avec toutefois de grandes disparités entre les pays puisque si cette opinion atteint 82% en Arménie et 72% en Roumanie (pays membre de l'UE) elle tombe à 36% en Russie (pays où les femmes sont très autonomes) et 31% seulement en Bulgarie. Parmi les autres pays, seule la Bosnie (36%) rejoint des niveaux proches des pays orthodoxes…

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UNE «RUSSIE FORTE EST NECESSAIRE POUR EQUILIBRER L’INFLUENCE DE L’OCCIDENT»

Dans ce contexte de différenciation idéologique on comprend l'opinion favorable dont bénéficie la Russie, même en dehors de ses frontières, pour défendre les valeurs traditionnelles contre la pression de la sécularisation occidentale (graphique 7).

Minoritaire uniquement en Pologne et dans les Pays Baltes (ce qui rejoint les positions russophobes de ces pays dans les relations internationales), cette opinion est majoritaire dans tous les pays Orthodoxes (sauf l'Ukraine, que nous analyserons plus loin), y compris les membres de l'UE et de l'OTAN; elle atteint aussi des niveaux élevé dans des pays comme la Bosnie, la Croatie, la république tchèque et la Hongrie.

Il s'agit là d'un véritable retournement de l'opinion encore mal perçu en Occident: durant le régime communiste, la répression de la foi chrétienne y a longtemps été dénoncée et la pensée unique occidentale ne peut encore accepter que la Russie donne maintenant un rôle prépondérant à la religion orthodoxe, dénonce l’abandon des valeurs chrétiennes par les pays occidentaux et trouve là un soutien dans l'opinion des pays orthodoxes d'Europe de l'Est …

Les pays non orthodoxes se prononcent toutefois majoritairement pour une coopération étroite avec les États-Unis et les autres pays occidentaux, et trois pays orthodoxes sont du même avis (Ukraine, Géorgie et Roumanie à 62, 69 et 82%, respectivement) alors que les 8 autres pays orthodoxes pensent différemment.

La majorité des sondés dans les pays orthodoxes considèrent aussi que la Russie a une obligation spécifique de défendre les Orthodoxes en dehors de ses frontières et les Russes sont 72%, toutes confessions confondues, à accepter ce rôle.

FRACTURATION UKRAINIENNE

Pour expliquer le cas très particulier de l'Ukraine, pays à majorité orthodoxe mais où seuls 22% préfèrent l'influence russe à celle de l'Occident, l'étude montre la fracture est-ouest du pays cf. carte 2 et ICI . Soulignons la similitude des cartes utilisées!.

Et nous voyons bien qu'il y a deux cultures en Ukraine:
- l'Ukraine occidentale, où se situent les fiefs des Gréco-catholiques et des orthodoxes schismatiques du pseudo-patriarcat de Kiev et de l'Eglise Autocéphale d'Ukraine; près de sept adultes sur dix (69%) y sont favorable à une coopération poussée avec l'Occident,
- l'Ukraine orientale (amputée des provinces en rébellion et de la Crimée qui accentueraient le phénomène) où les pro-occidentaux ne sont plus que 53% … et c'est dans cette région que la majorité des orthodoxes appartient à l'Église canonique (patriarcat de Moscou).

Notons que les sondés de l'est sont aussi plus nombreux que ceux de l'ouest à voir un conflit entre les «valeurs traditionnelles» de l'Ukraine et celles de l'Occident et que cette fracture explique aussi que "seulement" 38% des Ukrainiens considèrent que la Russie doit défendre les Orthodoxes en dehors de ses frontières: majoritaire à l'est, cette opinion est encore plus minoritaire à l'ouest du pays …
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LEADERSHIP DU PATRIARCAT DE MOSCOU

Le patriarcat de Moscou domine l'Orthodoxie par le nombre de ses fidèles (100 millions en Russie d'après l'étude Pew, auxquels ils faut ajouter Biélorussie, Moldavie Kazakhstan et près de 50% des Orthodoxes d'Ukraine; le total dépasse les 150 millions, soit 3/5 du total des Orthodoxes dans le monde généralement estimé à 250 millions.) Il n'est donc pas surprenant que les Orthodoxes interrogés lui attribuent un rôle prépondérant dans l'Orthodoxie.

Contrairement au catholicisme, l'Église orthodoxe n'a pas un chef unique, à l'instar du Pape de Rome pour les Catholiques, mais chacune des Églises "autocéphale" est dirigée par son propre primat et son synode. Néanmoins, le patriarche de Constantinople jouit d'une "primauté d'honneur parmi les égaux" (“primus inter pares” en latin) qui lui permet, en particulier, de convoquer les conciles panorthodoxes (comme celui de Crête en juin 2016.) Malgré cela, dans l'échantillon considéré, seuls le Orthodoxes de Grèce reconnaissent majoritairement (56%) à Constantinople "la plus haute autorité dans l'Église" (graphique 9).

Les Églises locales dépendent du patriarcat de Moscou dans 6 des pays orthodoxes étudiés (Russie, Estonie, Lettonie, Belarus, Moldavie et Ukraine) et c'est le patriarche de Moscou qui se voit majoritairement attribué ce rôle (sauf en Ukraine, comme expliqué plus haut). Notons qu'il se place aussi devant Constantinople en Bosnie et en Arménie, qui ne dépendent pas de l'Église russe (l'Église d'Arménie ne fait pas partie de la communion orthodoxe, comme noté dans l'article précédent, mais place néanmoins le patriarche de Moscou au même niveau que son propre catholicos…); les Orthodoxes des autres pays placent leur propre patriarche en tête, conformément à l'ecclésiologies orthodoxe, mais ensuite le patriarche de Moscou devance partout Constantinople …

Le cas de l'Ukraine est là encore spécifique: le pseudo-patriarche de Kiev ne parvient pas à rallier la majorité des Orthodoxes interrogés (46%), et son score serait certainement encore plus bas si les zones rebelles et la Crimée avaient été inclues dans l'échantillon. Mais surtout ce sondage ne prend pas en compte le niveau de pratique des sondés: comme nous avons montré dans la partie 1, seuls 12% des sondés se considérant Orthodoxes vont à l'église au moins une fois par mois et parmi ceux-là l'Église canonique a certainement plus de succès puisqu'elle compte deux fois plus de paroisses (prés de 12 000) que les deux juridictions schismatiques réunies... Lire .

L'étude donne aussi des informations très intéressantes sur la perception du rôle de l'Église dans la société et l'acceptation du pluralisme religieux. Nous y reviendrons dans le prochain article.

A suivre…

LA RELIGION EN EUROPE DE L'EST

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 31 Mai 2017 à 10:00 | 10 commentaires | Permalien

Après  ses pourparlers avec Emmanuel Macron Vladimir Poutine se rendra au Centre spirituel et culturel russe
Moscou, le 26 mai. Dans le cadre de sa visite en France prévue le 29 mai le président Poutine se rendra dans le Centre spirituel et culturel russe inauguré l’année dernière quai Branly, a déclaré Youri Ouchakov, adjoint du président de la Fédération de Russie. M. Ouchakov a déclaré à la presse :

« Il convient de rappeler que le président Hollande avait invité Vladimir Poutine à l’inauguration du Centre. Cette visite était prévue en octobre 2016. En raison de circonstances dont vous vous souvenez le voyage a dû être annulé. Par la suite le président russe a précisé que c’est à l’initiative de la partie française que ce report a eu lieu.

Cependant, a dit Vladimir Poutine, il entretient avec François Hollande de très bonnes relations personnelles. Peu avant la visite de Vladimir Poutine François Hollande avec dit qu’à la lumière des évènements récents en Syrie il doutait de l’opportunité de sa présence. Aussi, c’est Vladimir Medinsky, ministre de la culture de la Fédération de Russie qui conduisait la délégation russe à la cérémonie de l’inauguration du Centre.

Le projet et le chantier du Centre ont constamment été suivis de très près par Vladimir Poutine. A la suite de ses pourparlers avec Emmanuel Macron le président Poutine se rendra donc au centre du quai Branly ».

Interfax Traduction "PO"

Dans un entretien au magazine Challenges, publié jeudi 25 mai, l'ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov, souhaitait qu'"il fasse preuve d'une plus grande autonomie de décision que François Hollande". Vladimir Poutine et Emmanuel Macron doivent "surmonter la méfiance réciproque qui s'est installée ces dernières années", expliquait le diplomate

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 28 Mai 2017 à 12:51 | 7 commentaires | Permalien

10e anniversaire de la réunification historique de l’Eglise orthodoxe russe avec l’Eglise hors frontières a eu le lieu le 17 mai 2007
L'Eglise en rupture avec le pouvoir depuis le régime soviétique, en exil, et l'Eglise officielle, se sont officiellement réunifiées avec la signature de l'acte de "communion canonique"

L'Eglise orthodoxe russe et sa branche en exil se sont officiellement réunifiées jeudi 17 mai, au matin. Cet événement historique piloté par le président Vladimir Poutine tire un trait sur 80 ans de schisme, de persécutions et d'humiliations sous le régime soviétique.

Le métropolite Lavr, chef de l'Eglise orthodoxe russe à l'étranger dont le siège est basé à New York, et le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Alexis II ont signé l'acte de "communion canonique". Cet acte autorise désormais les prêtres des deux Eglises à concélébrer l'eucharistie.

Le métropolite Lavr et Alexis II ont salué cette réunification et remercié Vladimir Poutine pour y avoir personnellement contribué, en lui remettant une icône.

"Après des décennies de schisme, on peut dire qu'il n'y a pas eu de vainqueurs. Tout le monde était perdant, les croyants, la société en général", a dit Vladimir Poutine.

Le point d'orgue de la liturgie commune, de plus de trois heures, qui célèbre cette réunification doit être la prise de la Communion par le clergé des deux Eglises dans le même calice, un geste qui consacrera la réunification sur le plan spirituel.

Des centaines de personnes s'étaient rassemblées jeudi 17 mai aux aurores en la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou pour assister à la liturgie de réunification

L'Eglise russe à l'étranger a été créée dans les années 1920 par le clergé ayant fui la Russie bolchevique. Elle a rompu avec le patriarcat de Moscou après que ce dernier a proclamé en 1927 sa loyauté au gouvernement soviétique et appelé l'Eglise en exil à coopérer avec le nouveau pouvoir.

Elle ne sort de l'ombre que fin 1980 pendant la Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev.

Le président Vladimir Poutine accélère les restaurations des églises et s'implique personnellement dans la réunification, en rendant visite au métropolite Lavr en 2003 et 2005.

Fortement symbolique, cette réunification n'a toutefois pas l'approbation d'une partie du clergé en exil, qui estime que le patriarcat doit d'abord se repentir de sa soumission au pouvoir soviétique et qu'il reste trop assujetti au pouvoir politique. Lien
10e anniversaire de la réunification historique de l’Eglise orthodoxe russe avec l’Eglise hors frontières a eu le lieu le 17 mai 2007

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 28 Mai 2017 à 11:24 | 0 commentaire | Permalien

"Grand et Saint Concile  de Crète" - Conférence donnée lors de la retraite du clergé du diocèse américain de l’est de l’Eglise Orthodoxe Russe à l’Etranger
à Howell, New Jersey, USA Mardi 21 mars 2017

Votre Eminence, Métropolite HILARION,
Votre Eminence Métropolite JONAS,
Votre Excellence, Evêque NICOLAS,
Votre Excellence, Evêque IRENEE,
Vénérables Pères et Frères en Christ, le Christ est parmi nous !

Je considère que c’est un honneur de me tenir devant vous aujourd'hui, pour parler avec les bergers et les pasteurs du troupeau spirituel du Christ, et en particulier pour les successeurs du grand travail initié dans la diaspora russe par ces saints comme saint Jean le Thaumaturge et les métropolites Antoine, Anastase, Philarète et Vitaly, l’archevêque Averky et le métropolite Laure et beaucoup d’autres, qui sont des Pères vénérés non seulement de l’Eglise russe à l’étranger, mais bien de l’Eglise toute entière.

Le témoignage donné par les Pères de l’Eglise russe à l’Etranger en ce qui concerne la Sainte Tradition, l’idéal monastique et ascétique et en particulier l’ecclésiologie de l’Eglise, continue d’inspirer et de guider les orthodoxes du monde entier.

"Grand et Saint Concile  de Crète" - Conférence donnée lors de la retraite du clergé du diocèse américain de l’est de l’Eglise Orthodoxe Russe à l’Etranger
Aujourd'hui, alors que l’arche de l’Eglise vacille à la suite du décès de l’autoproclamé "Grand et Saint Concile » de Crète, nous avons grand besoin de leur exactitude dans la vie et la foi - ou, mieux, nous avons grand besoin de les suivre et de les imiter dans ce domaine.

Dans le court espace de temps qui m’est alloué aujourd'hui, j’espère pouvoir brièvement mais clairement vous présenter ce qui est notable et la signification des événements en Crète en juin de l’année dernière, afin qu’étant informés vous puissiez agir selon la volonté de Dieu. En particulier, je vais brièvement examiner et critiquer les trois aspects suivants du « Concile » et ses conséquences :
1. Organisation et réalisation
2. Documents
3. Résultats et Implications
Nous nous concentrerons, en particulier sur les aspects de cette réunion qui représentent nécessairement des écarts par rapport à la Sainte Tradition et à la sainte foi de l’Eglise, car ces derniers méritent une réponse de la plénitude de l’Eglise.
Avant de commencer cette analyse, il est nécessaire de préciser ce qui suit, afin d’éliminer ce qui est devenu une sorte de « fausse piste » dans l’ensemble de la discussion de Crète et de son importance. Les partisans, les sympathisants et les indifférents à l’événement réagissent aux critiques de celle-ci de diverses façons. On les entend dire, par exemple :

• Le succès de la réunion a été la réunion elle-même !

• Ce n’est qu’un début et il va être amélioré !

• Rien de conséquent n’est apparu, il n’est pas nécessaire d’en faire toute une histoire !

• Pourquoi même se soucier [du Concile] de la Crète maintenant ? Il est mort et enterré ! Dans quelques années il sera oublié. (Et d’autres sentiments semblables.)
Nous pouvons tous éprouver de la sympathie pour la « puissance de la pensée positive, » toutefois, je crains que toutes ces belles pensées ne fonctionnent que pour esquiver la question : qu’en est-il du « Concile » lui-même ? Qu’en est-il de ses décisions et de ses conséquences ? On ne peut s’attendre à croire que nous avons attendu plus de 50 ans (ou pour d’autres calculs 100 !) pour un grand Concile dont l’objectif principal était... d’avoir lieu ! Certes, ce qui est arrivé en Crète agira et a déjà influé sur l’Eglise (et grandement dans certains endroits) et cela va devenir un précédent pour le futur.
En effet, c’est pour cette raison que ces clercs qui l’ignorent ou le minimisent le font pour leur propre bénéfice- et au détriment de leurs ouailles. Dans l’histoire de l’Eglise, les Conciles -Conciles œcuméniques ou faux conciles- sont acceptés ou rejetés par le plérôme [la plénitude] de l’Eglise. Ils ne sont pas, et ne doivent pas être ignorés, surtout quand ils innovent et introduisent de faux enseignements dans l’Eglise. Tout comme on doit se repentir d’une chute, et ne pas la dissimuler comme de la poussière sous un tapis, ainsi trop erreurs présentées et acceptées au Concile doivent être rejetées et corrigées [idéalement en Concile]. Nous n’ignorons pas les maladies lorsqu’elles infectent nos corps. Combien plus devrait être notre soin pour le corps du Christ ! Nous sommes tous coresponsables, chacun portant le fardeau de l’autre.

Lire 78 Résultats LE CONCILE PANORTHODOXE VA-T-IL SE TENIR COMME PRÉVU?

1. Organisation et exécution :

Commençons par regarder brièvement la composition de base statistique du « Concile » :

• Eglises participantes : 10 des 14 Eglises locales (71 %)

• Représentation des chrétiens orthodoxes : près de 30 %.

• Participation des évêques orthodoxes : 162 ont participé sur 350 invités (46 %)

• Représentation des évêques orthodoxes : 162 sur un total de 850 (19 %)

• Nombre d’évêques votant : 10 des 162 évêques présents (6 %), ou 10 des 850
évêques de l’Eglise orthodoxe (1,1 %).
Si nous comparons cela avec les véritables « Grands et Saints Conciles » de l’Eglise, reconnus plus tard comme « œcuméniques », la différence est énorme, surtout si l'on considère les obstacles rencontrés par les anciens hiérarques en termes de voyage et de communication. Par exemple, le Premier Concile Œcuménique avait 325 Pères, le Quatrième 630 Pères et le Septième 350 Pères - qui y participaient avec droit de vote.
Qu’est-ce alors, que le monde est allé voir en Crète? Un « Grand et Concile ? » Qu’a-t-il vu? Un rassemblement libre d’évêques orthodoxes de partout dans le monde ? Et voyez, la plupart d'entre eux n’ont pas été invités, et presque tous ceux qui sont venus ne reçurent pas le droit de vote. Donc, que sont-ils allés voir en Crète ? « Un Concile de primats avec leur suite. » [1]
Cette dernière phrase - « un Concile de primats avec leur suite » - c’est ainsi que le métropolite Hiérothéos Vlachos de Naupacte caractérise le rassemblement auquel il a assisté et que maintenant il critique sévèrement pour avoir introduit des nouveautés en ce qui concerne notre foi. La grande ironie et la tragédie est que pour l’ensemble des grand organisateurs qui clamaient que la conciliarité dirigerait et serait montrée en Crète, c’était plutôt une nouvelle forme orientale de primauté papale - des primats - qui s’est attribuée le devant de la scène. [2]
L’ironie tragique est que, tandis que les représentants du Patriarcat Œcuménique sillonnaient les autoroutes d’internet en vantant la conciliarité du processus pré-synodal et du futur Concile, plusieurs des Saints-Synodes des Eglises locales commençaient seulement à examiner l’Orthodoxie des textes acceptés par leurs Primats sans leur approbation. Ce qui montre que l’échec de ce « Concile des Primats avec leur suite » était assuré d’avance.

***

A. Présages préconciliaires de la catastrophe imminente
Beaucoup a été dit sur le long processus conciliaire qui a conduit au rassemblement crétois. Sans aucun doute, beaucoup de sueur et d’encre avaient été dépensés pour que cette manifestation ait lieu. Au cours des 55 ans de préparation organisationnelle active pour la convocation, il y a eu :

• Six réunions de la « Commission préparatoire inter orthodoxe »

• Trois rassemblements de la « Commission inter orthodoxe spéciale »

• Cinq conférences préconciliaire panorthodoxes

• Trois réunions de la synaxe des primats des Eglises locales

• Deux conférences théologiques spéciales pour la rédaction des règles de fonctionnement des assemblées épiscopales de la Diaspora

• Deux conférences universitaires, sur la question d’un calendrier ecclésiastique commun et d’une célébration commune de la fête de Pâques avec les hétérodoxes, et une autre sur les questions de bioéthique contemporaines

• Et une conférence universitaire sur la question de l’Ordination des femmes, à Rhodes, en 1989.
Il est vraiment tragique qu’après une quantité si considérable de temps et d’efforts, le résultat ne plaît pratiquement à personne, ni n’apporte l’honneur ou la gloire aux organisateurs ou à l’Eglise. Le hiérarque du Patriarcat œcuménique qui caractérisa le Concile comme un « fiasco » ou le journaliste ecclésiastique qui l’appela « le grand titre qui a fini en note de bas de page » étaient peut-être injustes ? {Il est évident que l’adage antique a été accompli en Crète : « La montagne a accouché d’une souris !» Si seulement il s’agissait uniquement de cela et de rien de pire ! Tout ce labeur pour donner naissance à un tel « Concile », est une honte pour toute l’Eglise).
On peut se demander : quelle faute a été commise, pour qu’en dépit de tant de labeur, chose unique dans les annales conciliaires - nous ayons eu une issue aussi tragique ?
Nous avons une expression en Grèce : « Une bonne journée est évidente dès le départ. » Eh bien, l’inverse est également vrai dans le cas du Grand Concile. Très tôt dans le processus conciliaire, il était évident que la Crète normalement ensoleillée ne brillerait pas pour l’Orthodoxie. Comme je l’ai examiné ailleurs longuement, [3] les visionnaires derrière ce Concile en Crète ont scellé le sort de leur Concile en ne suivant pas les pas des Saints Pères par le fait de s’être imprégnés de « l’esprit » d’un autre concile de mémoire récente, encore plus grandiose et trois fois défectueux : le Concile Vatican II.

Les deux conciles partagent des racines et des débuts communs, une méthodologie et des buts similaires et au moins une allergie superficielle au dogme. Les deux rassemblements entendaient et affirmaient consolider l’engagement de leurs hiérarchies dans l’œcuménisme et tous deux autorisaient leurs décrets conciliaires et les documents à être façonnés par les théologiens académiques. Et, surtout, les deux rassemblements virent l’introduction d’une nouvelle ecclésiologie « inclusiviste », étrangère à la foi de l’Eglise, Une, Sainte, catholique et Apostolique. [4]
Un autre point malheureusement ferment de parenté entre les deux rassemblements est l’absence de toute démonologie. Est révélateur quant à l’état d’esprit et aux priorités des rédacteurs des textes conciliaires, le fait que nulle part, dans aucun des textes, on ne découvre les termes suivants :

• Diable, démon, diabolique ou Malin [5]
• Hérésie, hérétique [6], schisme ou schismatique
Toutefois, le discernement des méthodes des esprits déchus ou la démonologie, est une exigence dans la formation de la christologie et de l’ecclésiologie. [7] comme l’écrit l’Evangéliste Jean, « à cette fin, le fils de Dieu a paru pour détruire les œuvres du Diable » (1 Jean 3:8). L’absence de toute mention du Malin ou de ses machinations (hérésie, schisme, etc.) dans n’importe quel texte conciliaire, est indicative d’une conception mondaine, sécularisée, non d’une mentalité patristique.

Enfin, suivant Vatican II et non les Saints Pères, le « Concile » de Crète ne fait non seulement aucune référence à l’hérésie, mais il invite des représentants des confessions hérétiques à participer comme observateurs, y compris ceux reconnus comme tels par les précédents Conciles Œcuméniques. Bien que sans précédent dans l’histoire des conciles, cela avait été pratiqué dans les conciles du Vatican, confirmant une nouvelle fois l’esprit et l’état d’esprit qui, malheureusement, animaient les organisateurs.

B. l’Abolition « conciliaire » de la Conciliarité
Voyons maintenant plus particulièrement la conciliarité (ou son absence) de la période pré-synodale et le Concile lui-même. L’unité de l’Eglise est manifeste et façonnée par le biais de la conciliarité. Comme le dit le 34e canon apostolique : « car ainsi il y aura unanimité, et Dieu sera glorifié par le Seigneur dans l’Esprit Saint.» Lorsque la voie conciliaire est perdue, la victime première et souvent immédiate est l’unité de l’Eglise.
À cet égard, un examen attentif du « Concile » de Crète révèle que, paradoxalement, il se produisit une abolition « conciliaire » de conciliarité. Dans l’histoire de l’Eglise, à l’exception des conciles connus sous le nom de brigandage, aucun autre concile n’a montré autant de dédain pour le sens même de conciliarité comme l’a fait le « Concile » de Crète.

Tout d’abord, le peuple de Dieu, le plérôme de l’Eglise (qui comprend le clergé, les moines et les laïcs), a été contourné entièrement dans la préparation et la réalisation du « Concile ». Ce n’est pas seulement un oubli majeur, c’est un grave défaut ecclésiologique. En 1848, les patriarches orthodoxes déclarèrent au pape que dans l’Eglise du Christ « ni les patriarches, ni les conciles n’auraient pu introduire des nouveautés parmi nous, parce que le protecteur de la religion est le corps même de l’Eglise, le peuple même... ». [8]
Cependant, non seulement le corps de l’Eglise a été maintenu dans l’ignorance, mais en outre une grande partie de la hiérarchie l’a été également. La majorité des évêques et même des synodes des Eglises locales n’étaient pas impliqués dans la préparation du « Concile, » y compris dans la rédaction de ses textes. À cet égard, nous rappelons le douloureux cri de protestation émis par le métropolite Hiérothéos de Naupacte, des mois avant le « Concile » [selon lequel] les textes pré-conciliaires « étaient inconnus de la plupart des hiérarques et de moi-même, ils demeuraient retenus en commission et nous ne connaissions pas leur contenu. » [9]
Il n'est pas exagéré dans notre cas d’affirmer que le décret rendu par le Septième Concile Œcuménique en ce qui concerne le faux « concile » iconoclaste de Hiéreia est applicable ici : « les choses ont été dites comme dans un coin reculé, et non sur la montagne de l’Orthodoxie. » C’est parce que les responsables de l’élaboration des textes connaissaient très bien l’opposition du peuple de Dieu aux textes problématiques et pour cette raison refusèrent de les publier. Ainsi que cela ressort du procès-verbal de la 5ème (et dernière) conférence préconciliaire (en octobre de 2015), ce fut seulement sur l’insistance du Patriarcat de Géorgie et (plus tard à la synaxe des Primats en janvier 2016 - juste 5 mois avant le « Concile»), et à la demande du Patriarcat de Moscou, que les textes ont finalement été rendus publics pour l’Eglise. Dans cet esprit, alors, on peut mieux comprendre pourquoi quatre patriarcats se sont retirés à la dernière minute.

Irénée, évêque de Bačka (Eglise serbe) avait ceci à dire au sujet de cette dernière et cruciale réunion de la commission préconciliaire qui eut lieu en octobre 2015 :
« En ce qui concerne le texte « Les Relations de l’Eglise orthodoxe avec le reste du monde chrétien » une révision et une correction profonde, se sont malheureusement, avérées impossible, parce que pendant la majeure partie de la réunion... en dépit de la désapprobation de nombreux présents et les vives critiques exprimées, le texte - pour des raisons jamais divulguées - ne fut pas sérieusement réévalué. Il a été plutôt été envoyé en l’état, essentiellement intact, au Concile, où, en raison du manque de temps et d’un consensus, des changements seulement cosmétiques furent effectués. » [10]

Une étude attentive du procès-verbal de la 5e Conférence panorthodoxe préconciliaire, (octobre 2015) révèle que le travaux ont été effectués dans une atmosphère de pression et de hâte, la responsabilité en incombant au Président de la réunion, le métropolite Jean de Pergame, qui fut remplacé par la suite.
Il est évident, et c’est une opinion communément admise parmi les critiques du « Concile » qu’une des causes principales de la transformation du [Concile de] Crète en « fiasco » fut cette méthodologie anti synodale, peu orthodoxe et le secret préconciliaire appliqué par les organisateurs.

Nous avons dit précédemment que les hiérarchies des Eglises locales ont été tenues dans l’ignorance à l’égard de la période préparatoire et des textes. C’est aussi évident si l'on considère que les règles de préparation du Concile requerraient uniquement les signatures de deux représentants de chaque Eglise afin de confirmer les textes préconciliaires - c'est-à-dire, sans l’approbation des saints synodes. Ainsi, le texte peu orthodoxe sur les hétérodoxes était considéré comme « approuvé » par les églises locales après la réunion d’octobre 2015 sans être envoyé, sans être discuté et sans être confirmé par les Saints-Synodes des Eglises locales. De cette façon, sur la base des signatures de deux représentants, le texte était considéré comme accepté et contraignant pour l’Eglise de Grèce, puis transmis au Concile.

***

Où est le caractère conciliaire de l’Eglise à l’œuvre ici ?
Mais ce n’est pas tout. Pour que le texte soit modifié, ou même qu’une phrase de celui-ci soit changé en Crète, il fallait l’approbation de toutes les Eglises locales. Si seulement une [Eglise locale] était en désaccord avec le changement, il restait comme il était, parce que l’on le considérait comme déjà approuvé par toutes les Eglises à la 5e Conférence préconciliaire !
Une fois de plus, nous pouvons voir ici pourquoi les Eglises de Bulgarie et de Géorgie ont refusé d’y assister : elles ont compris que des changements fondamentaux aux textes serait impossibles.
Ce processus a été à l’œuvre avec les règles de fonctionnement pour le Concile lui-même. Les textes ont été approuvés par les primats (à l’exception de l’Eglise d’Antioche), sans discussion ni approbation des hiérarchies des Eglises locales.
Aussi répréhensible et malheureux qu’il soit, le processus préconciliaire, est plutôt bénin en comparaison avec le summum du mépris de la conciliarité manifesté au Concile lui-même. Là, la fonction juste et appropriée de chaque évêque pour voter sur les textes proposés a été bafouée et niée, et réservée au seul primat. Incroyable, sans précédent et totalement irrecevable canoniquement parlant.
L’ironie est que bon nombre des évêques présents avec enthousiasme, ont déclaré qu’il y avait une grande liberté et facilité pour les évêques à prendre la parole. Cela est important, mais c’est évidemment secondaire en importance par rapport au vote. Ce qui importe, ce n’est pas qui parle en premier, mais qui a le dernier mot, c'est-à-dire qui décide. Même si tous les 152 évêques non-votants ont exprimé leur désaccord avec un mot ou un passage ou même un document entier, cela importait peu, car les votes des 10 primats était tout ce qui était enregistré.

Comme chacun le sait, selon l’ecclésiologie orthodoxe, les évêques sont égaux. Le primat n’est pas au-dessus de tous les évêques. Au contraire, il est le « premier parmi ses pairs ». Dans ce contexte, alors, la pratique en Crète de reconnaître le vote du primat seul et non celui de l’ensemble de la hiérarchie, ne représente-t-il une chute de conciliarité et ne glisse-t-elle pas dans le papisme ? Cette élévation « papale » des primats est extrêmement dangereuse pour toute l’Eglise, car en plus de signifier l’abolition de la conciliarité dans chaque Eglise locale, elle conduira rapidement au primat des primats étant élevé au statut de pape de l’Orient sine paribus (sans pair), pour utiliser le terme privilégié du métropolite Elpidophore de Prousse.

Je voudrais donner trois exemples qui illustrent qu’en Crète, se produisit une « abolition conciliaire de la conciliarité. »
Avant le « Concile» de Crète, la hiérarchie de l’Eglise de Grèce a accepté à l’unanimité et a fait connaître sa position selon laquelle, les communautés hétérodoxes dans les textes conciliaires, ne doivent pas être qualifiées « d’Eglises. » La hiérarchie donna mandat à l’archevêque et à son entourage de transmettre et de défendre la présente décision. Il n’y avait aucune autorisation conciliaire pour toute modification de la décision de la hiérarchie. Néanmoins, l’archevêque d’Athènes et son entourage (à l’exception du métropolite Hiérothéos du Naupacte) modifièrent leur position et votèrent en faveur d’une version modifiée du texte en question (#6) qui contredit clairement la décision unanime de l’ensemble de la hiérarchie. En faisant cela, lui et ceux qui étaient avec lui méprisaient le 34e Canon apostolique, qui dit : « Mais lui aussi (le premier) ne doit rien faire sans l'opinion de tous. C'est seulement de cette façon qu'il y aura unanimité et que Dieu sera glorifié par le Seigneur dans le Saint Esprit.»

Dans notre second exemple, celui de l’Eglise de Serbie, nous avons un exemple encore plus flagrant de papisme rampant. La délégation de l’Eglise serbe se composait de 24 évêques. 7 seulement parmi eux prirent position en faveur du texte final sur les hétérodoxes (#6). Dix-sept des 24 hiérarques refusèrent de signer. Néanmoins, parce que le patriarche de Serbie y était favorable et qu’il signa le texte, le « Concile » a considéré que l’Eglise de Serbie avait accepté le texte ! Une fois de plus, le Concile a dédaigné le 34e Canon apostolique, qui appelle le premier hiérarque « à ne rien faire sans le consentement de tous. » L’ironie est, bien sûr, que tandis que les représentants orthodoxes au dialogue avec Rome soulignent la nécessité pour le Vatican de baser les relations entre un primat et l’Eglise locale sur 34e Canon apostolique, le « Concile » Panorthodoxe l’a violé à plusieurs reprises.

Dans notre troisième exemple, nous avons l’approche tragique anti-synodale et papiste de l’archevêque de Chypre. Quatre des 17 évêques de Chypre présents ont refusé de signer le texte définitif sur les hétérodoxes (#6), y compris Mgr Athanase, métropolite de Limassol. Après que ces évêques soient partis, la réaction de l’archevêque fut de signer pour eux, comme s’il avait leur accord ! Dans une interview qu’il donna plus tard à un journal grec d’Amérique, l’archevêque caractérisa ces évêques dissidents de son Eglise comme d’une « cinquième colonne » du Concile.
Ici, il est évident que ces exemples indiquent non seulement un mépris pour le système conciliaire et même son abolition, mais aussi le mépris de la dignité épiscopale par les « premiers hiérarques». Ces innovations et ces détournements ont été non seulement tolérés et acceptés par le « Grand et Saint Concile » ; c’est sur leur base que le « Concile » a été réalisé. En effet, sans cette activité anti-conciliaire, le « Concile » se serait entièrement désintégré. [11]
Avec le recul, compte tenu de la fondation anti-conciliaire et de l’échec du « Concile » à unir l’Eglise orthodoxe, l’expression suivante s’applique : « une maison n’est bonne que par les fondations sur lesquelles elle est bâtie. » (voir Luc 6:48). La « Grande et Sainte » Maison du Concile n’a été pas construite sur le roc de la conciliarité - « il parut bon au Saint-Esprit et à nous » - mais sur le sable du papisme - « notre Saint Patriarche a parlé !»

2. les Documents et déclarations du Concile
Passons maintenant de l’organisation du « Concile», à ses documents.
Trois des six documents présentaient de graves problèmes pour plusieurs des Eglises. Ce sont : la Mission de l’Eglise orthodoxe dans le monde contemporain, [12] le sacrement du mariage et ses obstacles, et les Relations de l’Eglise orthodoxe avec le reste du monde chrétien. Je ne parlerai que brièvement du deuxième texte et me concentrerai sur le troisième, qui est vraiment à la base du Concile.

A. Le sacrement de mariage et ses empêchements
Dans le document sur le mariage, les trois déclarations ont été faites successivement au sujet des « mariages mixtes », i.e. le mariage d’un chrétien orthodoxe avec un membre d’une confession hétérodoxe ou d’une des religions non chrétiennes du monde :
1. le mariage entre les orthodoxes et les chrétiens non orthodoxes est interdit selon l’acribie canonique (Canon 72 du Concile œcuménique in Trullo).
2. avec le salut de l’homme comme but, le Saint-Synode de chaque Église orthodoxe autocéphale apostolique doit envisager la possibilité de l’exercice de l’économie ecclésiastique en ce qui concerne les empêchements au mariage selon les principes des saints canons, et dans un esprit de discernement pastoral.
3. le mariage entre les orthodoxes et les non-chrétiens est catégoriquement interdit conformément à l’acribie canonique.

Maintenant, certainement, cette question des mariages mixtes est un sujet pastoral épineux et difficile, surtout pour l’Eglise en dehors des terres orthodoxes traditionnelles, telles que l’Amérique. Sans vouloir déprécier ce défi pastoral, défi traité par les pasteurs au cas par cas, il est impératif que la pratique pastorale ne soit jamais détachée de ses liens dogmatiques. Mon intérêt ici, ce sont les implications dogmatiques de la présente décision.
Selon le professeur Dimitrios Tselengidis, le mouvement qui tend à « à légitimer l’office du mariage mixte [est] quelque chose qui est clairement interdit par le canon 72 du Concile in Trullo. [Ainsi, il est inacceptable] pour un concile comme le « Grand et Saint Concile » de Crète de transformer explicitement une décision d’un Concile œcuménique en quelque chose de relatif. » [13]

Dans l’extrait concerné, que j’ai lu dans le document conciliaire, remarquez que, si le mariage kat'oikonomian [selon l’économie] des hétérodoxes avec les orthodoxes, est considéré comme possible, le même est interdit pour les non-chrétiens. Pourquoi cette différence ? Sur quelle base les hétérodoxes sont-ils admis à un mystère de l’Eglise ? Quels sont les critères d’acceptation ?

N’oublions pas le 72è Canon, qui ne pouvait pas indiquer plus clairement qu’il est basé sur le dogme de l’Eglise et n’admet donc pas d’économie :
« Qu'un homme orthodoxe ne doit pas épouser une femme hérétique.
Qu'il ne soit pas permis a un homme orthodoxe de s'unir à une femme hérétique, ni à une femme orthodoxe d'épouser un homme hérétique et si pareil cas s'est présenté pour n'importe qui, le mariage doit être considéré comme nul et le contrat matrimonial illicite est à casser, car il ne faut pas mélanger ce qui ne se doit pas, ni réunir un loup a une brebis. Si quelqu'un transgresse ce que nous avons décidé, qu'il soit excommunié. Quant à ceux qui étant encore dans l'incrédulité, avant d'être admis au bercail des orthodoxes, s'engagèrent dans un mariage légitime, puis, l'un d'entre eux ayant choisi la part la meilleure vint à la lumière de la vérité, tandis que l'autre fut retenu dans les liens de l'erreur sans vouloir contempler les rayons de la lumière divine, si l'épouse incroyante veut bien cohabiter avec le mari croyant, ou vice versa le croyant avec la non-croyante, qu'ils ne se séparent pas, car selon le divin apôtre, "le mari non croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non croyante est sanctifiée par son mari."»
Ce qui est important ici, c’est que le Concile de Crète introduit, pour la première fois dans l’histoire, une décision synodale qui permet l’abolition d’un canon d’un Concile œcuménique et - surtout – de son fondement dogmatique. Je ne vois pas comment on pourrait le comprendre autrement, car sur quelle base permettent-ils les mariages mixtes si ce n’est pas par une certaine considération (nouvelle) de ce qu’est l’Eglise et ses limites, y comprenant désormais les hétérodoxes (en quelque sorte - « parce qu’ils sont baptisés » ?). Car, dans le cas contraire, ce serait folie de parler de mariage - vrai mystère d’unité en Christ - entre un membre baptisé et initié au corps de Christ, et un autre qui n’est pas baptisé et non initié.

Par conséquent, l'implication, même lorsque l’on se réfère ici à la décision «kat'oikonomian» [selon l’économie], est que les hétérodoxes sont «baptisés» et, sur cette base, ils (par opposition à ceux d'autres religions) peuvent participer au mystère du mariage. En effet, c'est ce que l'on entend quand on prête attention au raisonnement de ces champions des mariages mixtes. Ceci, cependant, signifie que de la supposée "économie" sous-jacente des mariages mixtes est la soi-disant théologie baptismale et les théories de l'église inclusive qui sont au cœur de l'œcuménisme syncrétiste. Ceci est conforme aux fruits que nous avons vus des mariages mixtes, à savoir que, sur la base des mariages mixtes, les mentalités œcuméniques justifient d'autres violations des canons, comme la prière conjointe avec les hérétiques, ou même la communion [des hétérodoxes] pendant la cérémonie du mariage. (On me dit que, en fait, cela est pratiqué par un professeur éminent dans un séminaire orthodoxe nord-américain).
Il est clair qu'il n'y a pas de base théologique pour le mariage mixte, qu'il ne peut pas être considéré comme étant selon « l’économie » puisqu'il ne conduit pas à « l’acribie », mais il renverse l'identité d'unité des mystères avec le Mystère Unique du Christ, et cela ouvre la porte à une nouvelle érosion de l’ordre canonique et sacramentel de l'Eglise.

B. Relations de l'Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien
Passons maintenant au texte que beaucoup considèrent constituer la base du Concile: «Les relations de l'Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien». [14] Il est communément admis que ce texte, le sixième et dernier texte accepté par le «Concile», est rempli d'erreurs et de confusion, malgré des passages dignes d’éloges.

1. Le produit d'une perspective œcuménique
En tant que texte avec une orientation dogmatique et ecclésiale claire, ce texte aurait dû se distinguer par une clarté absolue du sens et de l'exactitude dans la formulation, de manière à exclure la possibilité d'une variété d'interprétations ou de mauvaises interprétations intentionnelles. Malheureusement, au contraire, dans les passages clés, nous rencontrons une obscurité et une ambiguïté, ainsi que des contradictions théologiques et une antinomie, ce qui permet des interprétations polaires opposées.

Il est caractéristique de noter avec quelle difficulté le «Concile» a assumé la tâche d'approuver ce texte que près de trente évêques ont refusé de signer, et que beaucoup d'autres n'ont signé qu'après la fin du Concile, après que les quatre versions (en quatre langues) aient finalement été achevées.

Pour voir que le texte est le produit d'une mentalité œcuméniste - et non vraiment œcuménique au sens orthodoxe du terme -, il suffit de considérer ce que le métropolite Hiérothéos (Vlachos) a écrit concernant le texte et le débat qui le concerne au cours du «Concile»:
"Lorsque les procès-verbaux du Concile seront publiés, où les vues véritables de ceux qui ont décidé et signé le texte seront enregistrées, il sera clair que le Concile était dominé par la théorie des branches, la théologie baptismale et surtout le principe d'inclusivité, à savoir un recul du principe d'exclusivité en faveur du principe d'inclusivité. Pendant les travaux du Concile en Crète, diverses distorsions de la vérité ont été dites [afin de renforcer le texte] concernant saint Marc d'Ephèse, le Concile de 1484 et l'encyclique synodale des Patriarches orientaux de 1848, en ce qui concerne le mot «Église» comme s'appliquant aux chrétiens détachés de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique ».
Le métropolite rapporte ailleurs que les partisans du texte et de la reconnaissance de «l'ecclésialité» des confessions occidentales ont employé une agression et beaucoup de pression, y compris des explications contre ceux qui s’y sont opposés.

2. Approbation de l'œcuménisme
Nous avons déjà mentionné que l'un des objectifs de ce «Concile» était de solidifier l'engagement de l'Église orthodoxe envers l'œcuménisme. Ce texte sur les relations avec les hétérodoxes atteint cet objectif. Il contient des références positives au Conseil Œcuménique des Eglises [COE], faites avec un enthousiasme apparent.

Au paragraphe 21 du texte, il est indiqué ce qui suit:
L’Église orthodoxe souhaite renforcer le travail de la commission « Foi et Constitution » et suit avec un vif intérêt l’apport théologique que celle-ci a réalisé à ce jour. Elle évalue positivement les textes théologiques publiés par celle-ci, avec l’appréciable contribution de théologiens orthodoxes, ce qui représente une étape importante dans le Mouvement œcuménique vers le rapprochement des Églises.

L'évaluation positive des textes acceptés au sein du COE suffit pour qu'un chrétien orthodoxe rejette le texte. Est-il possible pour un Concile panorthodoxe de voir favorablement les documents théologiques du COE lorsque ces mêmes textes sont remplis de vues protestantes hérétiques qui ont été critiquées à maintes reprises par de nombreuses Eglises orthodoxes locales?
Au paragraphe 19 du texte, on se réfère positivement à la Déclaration du COE de Toronto, en tant que document fondamental pour la participation orthodoxe. Cependant, qu'exprime cette déclaration? Entre autres choses, elle indique que le COE comprend des églises qui considèrent que:
° L'Église est essentiellement invisible,
° Il y a une distinction entre le corps visible et invisible de l'Église,
° Le baptême des autres églises est valable et véritable,
° Il y a des «éléments d'une véritable Église» et des «traces d'Église» dans d'autres églises membres du COE et le mouvement œcuménique est basé sur cela.
° Il y a des membres de l'Eglise extra muros (à l'extérieur des murs), et
° Ceux-ci aliquo modo (d’une certaine manière) appartiennent à l'Église, et
° Il y a une «Eglise dans une Eglise».
Sur cette base, les orthodoxes participent au COE, organisation dans laquelle la théorie anti-orthodoxe «Église invisible et visible» domine clairement, renversant toute l'ecclésiologie orthodoxe.
Le «Concile» de Crète est le seul concile des évêques à reconnaître, promouvoir, louer et accepter l'œcuménisme et le Conseil Œcuménique des Eglises. Cela s'oppose directement au témoignage du chœur des saints, y compris - parmi beaucoup d'autres [Pères] - du grand staretz Éphrem de Katounakia qui, par révélation, a été informé que l'œcuménisme est dominé par les esprits impurs.

Les implications sont énormes: quelle expérience et inspiration du Saint-Esprit pourraient être exprimée en Crète quand elles sont en opposition aux saints de l'Eglise?

3 Un long chemin vers la reconnaissance de l’ecclésialité des hétérodoxes
Ce chemin vers l’acceptation conciliaire de l’œcuménisme a été long et tumultueux. L’adoption de ce texte sur l’œcuménisme est clairement l’objectif numéro un des visionnaires du « Concile » - objectif qui était évident, dès 1971. Le premier texte produit au sein du processus préconciliaire qui reconnaît la soi-disant ecclésialité des confessions hétérodoxes est le texte la Commission préparatoire inter-orthodoxe de 1971 intitulé « L’économie dans l’Eglise orthodoxe, » où il est dit : « car notre Église orthodoxe reconnaît - bien qu’elle soit, l’Eglise Une, Sainte, catholique et apostolique - l’existence ontologique de toutes les Eglises et Confessions chrétiennes. » [15] (ce texte fut sévèrement critiqué par les théologiens de Grèce à l’époque et finalement retiré). Cette phrase a été modifiée par la suite à la troisième réunion de la commission en 1986 en « reconnaît l’existence réelle de toutes les Eglises et Confessions chrétiennes. »Elle a été changée de nouveau en 2015, lors de la cinquième réunion de la commission préparatoire, en « reconnaît l’existence historique d’autres Eglises et Confessions chrétiennes qui ne sont pas en communion avec elle. »
Quand, en janvier 2016, le texte final a été finalement rendu public, cette phrase a provoqué une foule de réactions et de protestations du plérôme de l’Eglise et des synodes d’Eglises locales, y compris l’Eglise russe à l’Etranger. Après que la proposition de dernière minute en Crète en juin 2016 par l’archevêque d’Athènes ait été généralement acceptée par les primats et leur entourage (bien que près de 30 évêques aient refusé de signer), le texte final inclue la formulation : « L’Eglise orthodoxe accepte le nom historique des autres Eglises et Confessions chrétiennes [16] qui ne se trouvent pas en communion avec elle. » On peut voir que progressivement, au cours des 45 dernières années, ce membre de phrase a été modifié en réponse aux objections avancées par les Eglises locales. Néanmoins, la version finale reste peu orthodoxe et inacceptable ou, comme l’écrit le métropolite Hiérothéos (Vlachos), « anti-orthodoxe. » Il y a plusieurs points importants à soulever à cet égard.

***

4. Anti orthodoxe et condamné synodalement comme hérésie
Tout d’abord, comme le remarque le métropolite Hiérothéos, peut-être que, en acceptant le terme « église » pour les confessions hétérodoxes, une distinction importante a été perdue par les hiérarques participants. Saint Grégoire Palamas a clairement défini cette question dans le Tomos synodique du neuvième Concile œcuménique de 1351. Il y écrit : « c’est une chose d’utiliser les contre-arguments en faveur de la piété et autre chose de confesser la foi. » Autrement dit, il faut utiliser tous les arguments dans la lutte contre quelque chose, alors que la confession doit être brève et précise doctrinalement. Par conséquent, dans ce contexte, au Concile, dans un souci de précision doctrinale l’utilisation du terme « église » pour les hétérodoxes est manifestement irrecevable. Nous pouvons seulement espérer, ainsi que le métropolite Hiérothéos, que les hiérarques en Crète « ont été « induits en erreur » par ceux qui ont soutenu -sans nombreuses références - qu’au cours du deuxième millénaire, les orthodoxes caractérisent les groupes hérétiques comme Eglises. La vérité est que ce ne fut pas avant le XXe siècle que le christianisme occidental a été caractérisée comme église, lorsque la terminologie et la théologie orthodoxes se sont différenciées de la terminologie et de la théologie du passé, surtout avec [et après] l’encyclique de 1920 du Patriarcat œcuménique » « aux Eglises du Christ dans le monde. » Il faut seulement se rappeler que Saint Grégoire Palamas a comparé l’hérésie latine comme apparentée à l’arianisme, et les Latins comme étant des organes obéissants du Malin.
Le terme Eglise n’est pas utilisé seulement comme une description ou une image. Au contraire, il indique le véritable Corps de notre Seigneur Jésus-Christ. L’Eglise est identifiée avec le même corps Théanthropique [« Divino-humain »] du Christ et parce qu’en tant que Chef, il est Un, son Corps est Un. Comme l’apôtre Paul l’écrit :«… Il a tout mis sous ses pieds, et il l'a donné pour chef suprême à l'Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.» (Éphésiens 1:22-23)« Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous.» (Éph. 4 : 4-6). Bien qu’il ait été affirmé que l’expression choquante se référant aux « églises », particulièrement dans sa dernière forme, est conforme à l’ecclésiologie orthodoxe et à l’apôtre Paul, la vérité est qu’elle est, au contraire, conforme à la nouvelle, ecclésiologie « inclusiviste ». Comme le métropolite Hiérothéos l’a déclaré : « bien que prima facie, elle semble inoffensive, elle est anti-orthodoxe. » Pourquoi « anti-orthodoxe ? » Tout d’abord, il est impossible de parler de « simplement » « accepter le nom historique » des « autres Eglises chrétiennes hétérodoxes, » car il n’y a aucun nom sans existence, parce que sinon un nominalisme ecclésiologique est exprimé.

Deuxièmement, loin de faire écho à l’apôtre Paul, « la bouche du Christ, » l’expression « L’Eglise orthodoxe accepte le nom historique d’autres Eglises chrétiennes hétérodoxes, » si cela est compris dans le contexte, cela rappelle la théorie de l’église invisible de Calvin et de Zwingli, ce que Vladimir Lossky appela une « ecclésiologie nestorienne. » Cette ecclésiologie suppose que l’Eglise est divisée en parties visibles et invisibles, tout comme Nestorius imaginait que les natures divine et humaine en Christ étaient séparées. D’autres théories hérétiques sont venues de cette idée, comme la théorie des branches, la théologie baptismale et l’inclusivisme ecclésiologique. Cette théorie d’église invisible a en fait déjà été rejetée en Concile par l’Eglise orthodoxe.

L’idée qu’une église puisse être caractérisée comme hétérodoxe (hérétique) a été condamnée par les conciles du XVIIe siècle à l’occasion de la soi-disant « Confession de Loukaris, » supposée avoir été rédigée ou adoptée par Cyrille Loukaris, patriarche de Constantinople. L’expression condamnée était : « il est vrai et certain que l’église peut pécher et adopter le mensonge au lieu de la vérité. » Au contraire, les Conciles de l’Eglise de l’époque condamnèrent cette infidélité au Christ, déclarant que l’Eglise ne peut pas commettre d’erreur.
Cet enseignement conciliaire est très important et il convient de le souligner à nouveau de nos jours, car il s’agit de guérir le délire parmi nous de ces humanistes qui ont perdu la foi en Christ et la suite de l’Incarnation. C’est cette incrédulité qui se cache derrière la réticence de plusieurs à embrasser le « scandale du particulier, » le scandale de l’Incarnation et de déclarer que l’Eglise est Une comme Christ est Un, et qu’elle est dans une époque et un lieu particulier, la continuation de l’Incarnation et l’Eglise Une, Sainte, catholique et apostolique. Cette infidélité équivaut à un abandon de l’Orthodoxie comme condition sine qua non d’ecclésialité, et ce n’est pas simplement une crise de convictions, mais, comme le Père Georges Florovsky l’a écrit il y a quelques 60 ans, cela indique que les gens « ont abandonné le Christ. »

Certes, les formes contemporaines que prennent les théories de l’hérésie de « l’Eglise invisible » sont un peu plus nuancées que celles du XVIe siècle, mais pas de beaucoup. Regardons à nouveau l’expression offensive en contexte, et nous allons en voir plus clairement les similitudes. Le texte dit ceci : «D’après la nature ontologique de l’Église, son unité ne saurait être perturbée. Cependant, l’Église orthodoxe accepte l’appellation historique des autres Églises et Confessions chrétiennes hétérodoxes qui ne se trouvent pas en communion avec elle, mais elle croit aussi que ses relations avec ces dernières doivent se fonder sur une clarification aussi rapide et objective que possible, de la question ecclésiologique dans son ensemble et, plus particulièrement de l’enseignement général que celles-ci professent sur les sacrements, la grâce, le sacerdoce et la succession apostolique.» (Paragraphe 6)

Cela commence en disant que, selon la nature ontologique de l’Eglise, l’unité ne peut être perturbée. Ici l’église invisible, unie dans les cieux est implicite. C’est le sens « d’ontologique ». Ceci est immédiatement suivi par « mais malgré cela... » et il est fait référence à l’aspect fracturé, visible de l’Eglise, avec l’acceptation des autres, « églises hétérodoxes. »

5. Une Expression déjà acceptée de la nouvelle ecclésiologie
Ce n’est pas la première fois que cette dichotomie de l’Église Unie ontologiquement dans le ciel, hors du temps, avec l’Eglise divisée sur la terre, dans le temps, est apparue parmi la hiérarchie orthodoxe. Voici comment le patriarche de Constantinople, Bartholomée, l’exprime au Saint-Sépulcre à Jérusalem en 2014 :
« L’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, fondée par le « Verbe au commencement, » par Celui « vraiment avec Dieu » et Verbe « Dieu véritable», selon l’Evangéliste de l’amour, malheureusement, elle a été divisée dans le temps au cours de son engagement sur la terre, en raison de la prédominance de la faiblesse humaine et de l’impermanence de la volonté de l’intellect humain. Celle-ci amena diverses conditions et groupes, dont chacun a réclamé pour lui-même « authenticité » et « vérité ». La Vérité, cependant, est Une, le Christ et l’Eglise Une fondée par Lui.
Avant et après le grand Schisme de 1054 entre Orient et Occident, notre Sainte Eglise orthodoxe fit des tentatives pour surmonter les divergences, qui dès le début et pour la plupart proviennent de facteurs extérieurs à l’Eglise. Malheureusement, l’élément humain prévalut, et à cause de l’accumulation d’ajouts « théologiques », « pratiques » et « sociaux », les Eglises locales ont été conduites dans la division de l’unité de la foi, dans l’isolement, qui s’est développé parfois en polémiques hostiles. »

La similitude avec la théorie d’Eglise invisible condamnée par l’Eglise et ces paroles du patriarche sont manifestes dans la nette distinction entre l’Eglise céleste ontologiquement Une avec l’église terrestre, censée elle être fragmentée. Cela reflète la division « nestorienne » des natures divines et humaines du Corps de Christ. Ce point de vue, cela n’est pas surprenant, est en harmonie avec la nouvelle ecclésiologie proposée au Concile Vatican II, qui postule une église terrestre avec des degrés plus ou moins grands de plénitude [17] en raison des soi-disant « disputes de l’histoire humaine ». [18] Ces points de vue sur l’Eglise impliquent l’identification de l’Eglise avec l’hérésie, des choses saintes avec les choses déchues et mondaines.

Le cœur douloureux, les paroles de saint Taraise, patriarche de Constantinople, aux Pères du Septième Concile Œcuménique, sont présentes à l’esprit, quand il blâmait les décisions du faux concile des iconoclastes de Hiéreia :
« Ô le désordre et la folie de ces [hommes]. Ils n’ont pas séparé le profane et le sacré, et comme les cabaretiers mélangent le vin avec de l’eau, ils mélangent la parole véritable avec la parole pervertie, le mensonge avec la fausseté, tout comme [comme s’ils mélangeaient] le poison avec du miel, à eux, le Christ notre Dieu s’adresse par le prophète : « les prêtres a annulé ma loi et profané mes sanctuaires. Ils n’ont fait aucune distinction entre le profane et le sacré. »
Il devrait être clair, alors que ce texte choquant avec son ecclésiologie hérétique doit être rejeté par l’Eglise (par chaque Eglise locale séparément, puis dans un futur Concile), et remplacé, car sans aucun doute il sera la source d’une déchéance de l’Orthodoxie. Il est encore temps d’en corriger le cours et de guérir la plaie déjà infligée à l’Eglise. Une solution pratique, donnée par le métropolite Hiérothéos, qui contribuerait à faciliter la restauration de l’Orthodoxie, serait pour un futur Concile de corriger les erreurs et de publier un nouveau document orthodoxe. Il y a à la fois un soutien contemporain pour cela (venant des patriarcats d’Antioche, de Serbie, de Russie, de Géorgie, de Bulgarie et même de Roumanie) aussi bien qu’un précédent historique (les réunions des Conciles œcuméniques s’étendirent pendant des mois et des années, le Concile in Trullo acheva les Ve et VIe Conciles et le IXe Concile Œcuménique était en fait quatre Conciles séparés). Nous espérons que partout les évêques prendront immédiatement des mesures dans ce sens, car la question est des plus urgente dans les Eglises locales qui ont accepté le texte et le Concile.

***

3. les conséquences et les Implications du « Conseil » de la Crète
A. les réponses des églises locales
Tournons-nous maintenant brièvement sur la suite du Concile et sur l’état actuel des choses. Tout d’abord, parmi ceux qui ont participé au Concile, il y a près de 30 évêques qui ont refusé de signer son document final sur les hétérodoxes et l’œcuménisme. Parmi eux sont les évêques bien connus, les métropolites Hiérothéos (Vlachos) de Naupacte (Grèce), Athanase de Limassol (Chypre), Néophytos de Morphou (Chypre), Amphilochios du Monténégro (Serbie) et Irénée de Bačka (Serbie).
Irénée, évêque de Bačka en Serbie a résumé la position de beaucoup sur l’après Concile: « Concernant le « Grand et Saint Concile » de notre Eglise à Colombari en Crète qui vient de s’achever, triomphalement mais pas tout à fait convaincant : il n’est déjà pas reconnu comme tel par les Eglises qui étaient absentes, voire même caractérisé par elles comme « rassemblement en Crète », et il a également été contesté par la plupart des hiérarques orthodoxes participants! »

Les partisans et sympathisants du Concile en appellent au précédent du Deuxième Concile œcuménique, à titre d’exemple de concile au cours duquel certaines églises locales étaient absentes (Rome et Alexandrie). Ce qu’ils ne disent pas, cependant, c’est que ce Deuxième Concile œcuménique ne s’appelait pas œcuménique ou Concile panorthodoxe pour commencer, mais plutôt comme l’un des nombreux Conciles locaux de l’Empire d’Orient, qui en raison des décisions orthodoxes qui avaient été prises, fut plus tard accepté par toutes les Eglises locales comme œcuménique.

En Crète, nous avons fait le contraire : il a été appelé panorthodoxe et quatre patriarcats ont refusé d’y assister. En outre et surtout, ils ont également refusé de le reconnaître comme Concile, même après coup.

Le patriarcat d’Antioche, dans sa décision de l’an dernier du 27 juin, a déclaré qu’il considérait la rencontre de Crète comme « une réunion préliminaire pour le Concile panorthodoxe, » qu’il « refuse d’attribuer un caractère conciliaire à toute réunion orthodoxe qui n’implique pas l’ensemble des églises orthodoxes autocéphales, » et, ainsi, « l’Eglise d’Antioche refuse d’accepter que l’Assemblée de Crète soit appelée « Grand Concile orthodoxe » ou « Grand et Saint Concile. »

Le Patriarcat de Moscou (dans la décision de son Saint-Synode du 15 juillet 2016) a déclaré que « le Concile qui s’est déroulé en Crète ne saurait être considéré panorthodoxe, et que les documents qu’il a ratifiés ne constituent pas une expression du consensus panorthodoxe ».

Le Patriarcat de Bulgarie (dans sa décision datée du 15 novembre 2016) a déclaré lors d’un rassemblement de l’ensemble de sa hiérarchie que « le Concile de Crète n’est ni grand, ni saint, ni panorthodoxe. C’est en raison de la non-participation d’un certain nombre d’Eglises autocéphales locales, ainsi que des erreurs d’organisation et des erreurs théologiques acceptées. Une étude attentive des documents adoptés lors du Concile de Crète nous amène à la conclusion que certains d'entre eux contiennent des contradictions avec l’enseignement de l’Eglise orthodoxe, avec la Tradition dogmatique et canonique de l’Eglise, et l’esprit et la lettre des Conciles Œcuméniques locaux. Les documents adoptés en Crète doivent faire l’objet d’un examen théologique plus approfondi dans le but de modification, de révision et de correction ou de remplacement par d’autres (nouveaux documents) dans l’esprit et la Tradition de l’Eglise. »

Le Patriarcat de Géorgie s’est réuni en décembre dernier et a rendu une décision finale sur le Concile de Crète. Dans celle-ci, il dit qu’il n’est pas un concile panorthodoxe, qu’il abolit le principe de consensus, et que ses décisions ne sont pas obligatoires pour l’Eglise orthodoxe de Géorgie. En outre, les documents délivrés par le Concile de Crète ne tiennent pas compte des critiques importantes faites par les Eglises locales et ils ont besoin de correction. Un véritable Grand et Saint Concile a besoin d’être tenu et l’Eglise géorgienne est confiante qu’il aura lieu à l’avenir, et qu’il prendra des décisions par consensus, basé sur l’enseignement de l’Eglise orthodoxe. Pour atteindre cet objectif, le Saint Synode a formé une commission théologique pour examiner les documents acceptés en Crète et se préparer à un futur Concile qui sera panorthodoxe.

Le Patriarcat de Roumanie, qui a participé au Concile, a déclaré plus tard que « les textes peut être expliqués, en partie nuancés, ou encore développés par un futur Grand et Saint Concile de l’Eglise orthodoxe. Cependant, leur interprétation et la rédaction des nouveaux textes sur diverses questions ne doivent pas être prises dans la précipitation ou sans accord panorthodoxe, sinon ils doivent être retardés et amendés jusqu'à ce que l’accord puisse être trouvé ».

L’Eglise orthodoxe autocéphale de Grèce, tout en ne statuant pas cataphatiquement en faveur de la décision finale du Concile, a publié une encyclique qui le représente comme un Concile orthodoxe. Beaucoup ont conclu que cette position impliquait un accord, même si au sein de la hiérarchie il y a des évêques qui ont fortement rejeté et condamné le « Concile ». Cette confusion a provoqué du dégoût de la part des fidèles.

B. l’évolution après la Crète en Grèce et en Roumanie
Avant de terminer, je crois qu’il est également important de vous informer des derniers développements en ce qui concerne la réception ou le rejet du « Concile » crétois par le peuple de Dieu.
Il y a eu des réponses positives, surtout parmi les organes officiels des Eglises participantes, qui ont pris la forme de conférences et de petites causeries sur l’importance du « Concile, » impliquant parfois les hétérodoxes. On peut également observer une insatisfaction surprenante des partisans jugeant que « le Concile » n’en a pas fait assez ,ou n’est pas allé assez loin dans la reconnaissance des hétérodoxes ou en ce qui concerne les autres questions « brûlantes » pour, principalement, les universitaires orthodoxes d’Occident. Nul doute qu’il y aura un effort continu pour influencer les fidèles en faveur du « Concile » - tâche difficile, étant donné que la plupart n’ont jamais ressenti que le « Concile » les concernait.
En dépit de l’accueil officiel positif du « Concile » en Grèce et en Roumanie, la réponse prépondérante parmi le peuple de Dieu a été négative. Les implications du Concile crétois sont considérables pour beaucoup dans les Eglises locales qui ont accepté le Concile. La réponse de nombreux clercs, moines et théologiens à l’accueil favorable réservé au « Concile » par leur hiérarchie a varié du rejet écrit et verbal par les théologiens connus, à la grave décision par les moines et pasteurs, de cesser la commémoration des évêques égarés.

La cessation de la commémoration du patriarche de Constantinople qui a commencé sur le Mont Athos à l’automne de l’année dernière, avec peut-être 100 moines y participant, s’est maintenant propagée à plusieurs diocèses de l’Eglise de Grèce, mais aussi en Roumanie, où plusieurs monastères et clercs cessé de commémorer leurs évêques.
Un des développements plus importants a eu lieu il y a tout juste deux semaines. L’éminent professeur de patrologie le protopresbytre Théodore Zisis a annoncé, le Dimanche de l’Orthodoxie, qu’il cessait la commémoration de son évêque, le métropolite de Thessalonique, Anthimos, à cause de son accueil enthousiaste du « Concile » crétois et de ses textes. Par sa stature et son grand renom (il fut le professeur de nombreux hiérarques actuels en Grèce), cette décision en a influencé d’autres et a « bousculé » le statu quo ecclésiastique en Grèce. Cette voie a été suivie par quatre membres du clergé sur l’île de Crète, trois monastères dans le diocèse de Florina, du clergé et des moines dans les diocèses de Thessalonique, de Céphalonie, de Syros, d’Andros et d’ailleurs.
En outre, il y a quelques jours, l’archimandrite Chrysostome, higoumène du saint monastère de la Source Vivifiante à Paros (Grèce) (où le saint staretz Philothéos [Zervakos] s’est illustré dans la vie ascétique) a soumis au Saint-Synode de l’Eglise de Grèce une accusation formelle historique d’hérésie contre le patriarche Bartholomée. L’higoumène Chrysostome a demandé au Saint-Synode de reconnaître, de rejeter et de condamner les enseignements hétérodoxes (« eterodidaskalia ») du patriarche comme étant contraires à l’enseignement correct, de l’Eglise du Christ Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

Il a écrit au Saint Synode :
« En vous soumettant cette lettre, nous exposons devant le corps honorable de la hiérarchie de l’Eglise de Grèce le scandale pour moi-même, notre fraternité, le clergé, les moines et laïcs innombrables, causé par des vagues successives d’enseignements hétérodoxes qui ont été exprimés à différents moments par sa Sainteté le patriarche œcuménique, Bartholomée, le summum duquel [a été exprimé ] au Saint et Grand Concile tenu à Colombari en Crète. »
La plainte officielle fournit 12 exemples d’enseignements hétérodoxes émis par le patriarche au cours des dernières décennies, ainsi que 9 des canons de l’Eglise qui s’y rapportent, et elle se termine par une liste de 13 évêques, 14 higoumènes, hiéromoines et clercs, et 9 théologiens, que l’higoumène suggère d’appeler comme témoins favorables à sa cause devant le Saint-Synode lorsqu’il sera officiellement appelé à défendre son accusation.

Vos Eminences, vos Excellences et très révérends Pères,

Ceux-ci, ainsi que d’autres développements similaires en Ukraine, Moldavie et Roumanie soulignent les pressions croissantes sur tous les bergers de l’Eglise, enjoints de répondre patristiquement au danger posé à l’unité de l’Eglise par le « Concile » crétois mal planifié, mal réalisé et enfin anti-orthodoxe.
L’histoire de l’Église nous indique clairement que cette unité inestimable en Christ existe et se développe seulement quand tous sont « unanimes », et confessent la même foi dans l’Eglise Une. En outre, l’histoire récente nous apprend aussi que l’accommodation ou l’indifférence, une ecclésiologie novatrice, telles que celles exprimées en paroles et en actes, en Crète, ne sont pas une option et conduiront seulement vers plus de polarisation et de naufrages à gauche et à droite de la Voie Royale.

C’est dans ces mers spirituelles pleines de récifs comme celles-ci que l’habileté du chef spirituel est testée et confirmée, montrant que non seulement il connaît la vérité, mais qu’il est aussi versé dans la VOIE par laquelle tous peuvent y parvenir en toute sécurité.

Par la Providence de Dieu, l’Eglise orthodoxe russe à l’étranger continue d’occuper une place unique dans l’Eglise orthodoxe, d’où elle peut parler librement et même prophétiquement annoncer la Parole de Vérité - « une parole» qui unit les fidèles, guérit les vieux schismes et en prévient de nouveaux. L’Eglise catholique [i.e. orthodoxe] a besoin d’elle maintenant en ces temps difficiles.

Par les prières de nos saints pères et surtout des saints nouveaux martyrs et confesseurs, et par la sage conduite pastorale de nos premiers pasteurs nous tous pouvons continuer dans la confession salvatrice de la foi dans l’Eglise, de celle qui est la continuation de l’Incarnation – pour l’édification de l’Eglise et le salut du monde ! Je vous remercie tous pour votre attention et votre bienveillance de m’avoir écouté aujourd'hui et je vous souhaite à tous une Pâques lumineuse et radieuse !

Père Peter HEERS

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
Romfea.gr

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BIBLIOGRAPHIE CHOISIE :
Γκοτσόπουλος, Ἀναστάσιος, Πρωτοπρεσβύτερος, «Πῶς δ’ αὖθις Ἁγία καί Μεγάλη, ἣν οὔτε..., οὔτε..., οὔτε...;» 10 Δεκεμβρίου 2016 (En grec)
Metropolitan Hiérothéos of Nafpaktos and St. Vlassios, Intervention and Text in the Hierarchy of the Church of Greece (November 2016) regarding the Cretan Council: https://orthodoxethos.com/post/intervention-and-text-in-the-hierarchy-of-the-church-of- greece-november-2016-regarding-the-cretan-council. (En anglais)
Notes:
[1] Métropolite Hiérothéos (Vlachos), Intervention and Text in the Hierarchy of the Church of Greece (Novembre 2016, en anglais)
Concernant le « Concile de Crête »: https://orthodoxethos.com/post/intervention-and-text-in-the-hierarchy-of-the-church-of- greece-november-2016-regarding-the-cretan-council. (En anglais)
[2] Ce n'est qu'une des nombreuses innovations ecclésiologiques alarmantes introduites en Crète, dépassées en gravité uniquement par l'acceptation des termes contradictoires «Églises hétérodoxes». C'était, cependant, le premier – la séparation de la conciliarité - qui a rendu possible ce dernier - l'acceptation de l'incongruité (sinon la monstruosité) que sont les termes «églises hétérodoxes». Cela est vrai dans plusieurs sens. Si tous les évêques avaient voté, et pas seulement les primats, il est peu probable que le texte choquant sur les hétérodoxes aurait été accepté. Cependant, il est également vrai que si l'archevêque d'Athènes avait respecté le mandat clair et conciliaire qui lui avait été conféré par sa hiérarchie, qui a voté à l'unanimité pour refuser d'accepter le terme «Eglise» pour les hétérodoxes, il n'aurait pas accepté la correction spécieuse et peu judicieuse.
[3] voir aussi: From the Second Vatican Council (1965) to the Pan-Orthodox Council (2016): Signposts on the Way to Crete: https://orthodoxethos.com/post/from-the-second-vatican- council-1965-to-the-pan-orthodox-council-2016-signposts-on-the-way-to-crete. (En anglais)
[4] Dans un article datant de l’époque où le patriarche œcuménique Bartholomée était encore métropolite, dans la revue The National Catholic Reporter, le patriarche dit la chose suivante, révélant ses intentions pour le Concile the panorthodoxe: “ Nos buts sont les mêmes que ceux de Jean (Le pape Jean XXIII): moderniser l’Eglise et promouvoir l’unité chrétienne... Ce Concile signifiera aussi une ouverture de l'Eglise orthodoxe aux religions non-chrétiennes, à l'humanité dans son ensemble. Cela signifie une nouvelle attitude envers l'islam, le bouddhisme, la culture contemporaine, aux aspirations pour une société fraternelle libre de discrimination raciale... En d'autres termes, il marquera la fin de 12 siècles d'isolement de l'Eglise orthodoxe. Voir: “Council Coming for Orthodox", interview by Desmond O'Grady, The National Catholic Reporter, in the January 21, 1977 edition. Voir aussi :http://orthodoxinfo.com/ecumenism/towards.aspx. (En anglais)
[5] Dans les textes du Concile de Vatican II, les choses sont légèrement mieux exprimées. Dans Lumen Gentium, le Malin est mentionné quatre fois, bien que dans Unitatis Redintegratio, il ne soit pas mentionné.
[6] La seule exception à ce dernier cas, est lorsque l’hérésie ecclésiologique du phylétisme est mentionnée dans l’encyclique des Primats, ce qui montre bien aussi les priorités de la réunion.
[7] See: J. S. Romanides, “The Ecclesiology of St. Ignatius of Antioch,” The Greek Orthodox Theological Review 7:1 and 2 (1961–62), 53–77. (En anglais)
[8] http://orthodoxinfo.com/ecumenism/encyc_1848.aspx. (En anglais)
[9] http://www.parembasis.gr/index.php/menu-prosfata-a... (En grec)
[10] http://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/9264-mpa... (En grec)
[11] Cette section de ma conférence est largement basée sur la recherche et la publication excellentes du Père Anastasios Gotsopoulos, Recteur de l’Eglise St. Nicolas du diocèse de Patras, en Grèce, avec sa permission.
[12] A cause de l’importance et de la nature de ce sujet, une analyse de ce texte sera faite dans une étude séparée.
[13] See: http://www.pravoslavie.ru/english/90489.htm. (En anglais)
[14] Suivra mon analyse qui sera largement basée sur celle du métropolite Hiérothéos (Vlachos) of Nafpaktos, en Grèce.
[15] Συνοδικἀ, ΙΧ, σ. 107, Γραμματεία Προπαρασκευής της Αγίας και Μεγάλης Συνόδου της Ορθοδόξου Εκκλησίας, Διορθόδοξος Προπαρασκευαστική Επιτροπή της Αγίας και Μεγάλης Συνόδου 16-28 Ιουλίου 1971, έκδ. Ορθόδοξο Κέντρο Οικουμενικού Πατριαρχείου (en grec) Chambesy Γενεύης 1973, σ. 143, και Γραμματεία Προπαρα-σκευής της Αγίας και Μεγάλης Συνόδου της Ορθοδόξου Εκκλησίας, Προς την Μεγάλην Σύνοδον, 1, Εισηγήσεις, της Διορθοδόξου Προπαρασκευαστική Επιτροπή επί των εξ θεμάτων του πρώτου σταδίου, έκδ. Ορθόδοξο Κέντρο Οικουμενικού Πατριαρχείου Chambesy Γενεύης 1971, σ. 63. (en grec)

[16] Note du traducteur: La version officielle dit « non orthodoxe » alors que l’original grec dit « hétérodoxe ».

[17] « On peut penser que l’Eglise universelle est une communion à divers niveaux de plénitude d’organismes qui sont plus ou moins complètement des églises… C’est une communion véritable, réalisée à divers degrés d’intensité ou de plénitude, d’organismes qui tous, ont un véritable caractère ecclésial, bien que certains l’aient plus que d’autres », in (Francis A. Sullivan, S.J., “The Significance of the Vatican II Declaration that the Church of Christ ‘Subsists in’ the Roman Catholic Church,” in René Latourelle, ed., Vatican II: Assessment and Perspectives, Twenty-five Years After (1962– 1987) (New York: Paulist Press, 1989), 283). (en anglais)

[18] 267. Joseph Ratzinger, “The Ecclesiology of Vatican II,” a talk given at the Pastoral Congress of the Diocese of Aversa (Italy), Sept. 15, 2001, http://www.ewtn.com/library/CURIA/CDFECCV2.HTM. (https://www.blogger.com/nullen anglais)


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Mai 2017 à 17:55 | 26 commentaires | Permalien

Le centre de la chrétienté peut se déplacer en Afrique
Le Centre d’étude de la globalité du christianisme près le "Séminaire Théologique de Gordon-conwell " (GCTS) a publié "Le Christianisme en 2017", cinq siècles de protestantisme, une tentative de projection du développement du christianisme à l’horizon 2050.

D’après les données des chercheurs, on compte aujourd’hui 2.479 millions de chrétiens, ensuite viennent les 1.784 millions de musulmans. En 2025, il y aura 2.732 millions de chrétiens et 2.044 millions de musulmans. En 2050, les chrétiens seront encore majoritaires (3.443 millions), les musulmans, eux, seront 2.766 millions.

La confession chrétienne dominante reste le catholicisme (1.317 millions) ; en 2050, on comptera 1.609 millions catholiques. Actuellement, 559 millions d’individus se disent protestants ; en 2050, selon les indications de "Nezavisimaja gazeta", ils seront 871 millions.

Actuellement, le plus grand nombre de chrétiens vit en Amérique latine (591 millions), ensuite vient l’Afrique avec 582 millions de chrétiens. Mais, dans huit ans, le centre de la chrétienté sera en Afrique : le nombre des disciples du Christ sur le continent noir dépassera les 720 millions et, en 2050, les chrétiens y seront 1.253 millions. En Amérique latine, en 2025, il y aura 633 millions de chrétiens ; en 2050, ils seront 704 millions. Le nombre des chrétiens dans les autres régions du monde, notamment en Asie, augmentera, en 2050, à 200 millions. En Europe, par contre, le nombre de chrétiens diminuera de 554 millions (en 2017) à 494,9 millions (en 2050). Si l’on compte en pourcentages, on peut dire que, en 2050, 35,4% de la population (soit environ 38,7 % des croyants) confesseront le christianisme et 37,6 % d’entre eux habiteront en Afrique. Les musulmans, en 2050, représenteront 28,4 % de la population, c’est-à-dire 31 % des croyants.

Pour ce qui est des protestants, on peut déjà dire que, dès aujourd’hui, le plus nombre d’entre eux habite en Afrique, ils y représentent 40,8 % (228 millions) des croyants ; en 2050, plus de la moitié des protestants (53,1 %) sera africaine (462,7 millions). Les auteurs de cette étude n’expliquent pas les raisons de cette croissance du nombre de protestants en Afrique. Cependant, le site du Centre d’études publie des diagrammes et des tableaux réalisés en 2016 par Todd Johnson et Gina Zurlo.

Un tableau donne les modifications du nombre de chrétiens /augmentation ou diminution/ pour 2015 dans différentes régions : Afrique du Nord, du Sud, Centrale, Orientale et Occidentale. Dans toutes ces régions, y compris l’Afrique de Nord, est étudiée l’évolution du nombre des chrétiens. C’est en Afrique Orientale que ce nombre a le plus augmenté, de plus de 8.750.000. Ce nombre croit essentiellement grâce à la natalité. La conversion au christianisme n’est un facteur significatif qu’en Afrique du Sud. Et ce n’est qu’en Afrique Orientale que l’augmentation du nombre de chrétiens est due, pour une part non négligeable, à l’immigration.

Les auteurs de l’étude ont classé les pays d’Afrique selon leur population chrétienne. La première place est occupée par le Nigéria où vivent 84,133 millions de chrétiens, ensuite vient la République Démocratique du Congo avec 73,384 millions et en troisième position l’Éthiopie avec 58,574 millions de chrétiens.

Source Bogoslov.ru Traduction "PO"
Le centre de la chrétienté peut se déplacer en Afrique

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Mai 2017 à 14:51 | 1 commentaire | Permalien

LA RELIGION EN EUROPE DE L'EST- ORTHODOXES MAJORITAIRES MAIS PEU PRATIQUANTS
V. Golovanow PARTIE 1

Le groupe de recherche américain The Pew Research Center vient de publier une étude très fournie sur la situation religieuse en Europe de l'Est (*) qui embrasse 18 pays d'Europe de l'Est, du Caucase sud et des Balkans qui faisaient partie de l'URSS, du bloc socialiste et de la Yougoslavie ainsi que la Grèce, qui ne faisaient pas partie de ces ensembles politiques (cf. carte et graphique 1, notons que l'Albanie, le Monténégro, le Kosovo et la Macédoine ne sont pas inclus, ainsi que l'Ukraine orientale et la Crimée.)

Les résultats publiés sont très détaillés, avec de nombreux tableaux et graphiques, et nous allons en résumer les principaux enseignements; au-delà de la situation religieuse dans cette région on voit en fait se dessiner une nouvelle division culturelle de l'Europe…Eu égard à l'importance des éléments fournis, nous analyserons cette étude dans plusieurs articles dont voici le premier.

Photo; le patriarche Cyrille de Moscou et le métropolite Jozef Michalik, président de la conférence épiscopale catholique de Pologne signent un Message commun au x peuples de Russie et de Pologne, août 2012

LA RELIGION EN EUROPE DE L'EST- ORTHODOXES MAJORITAIRES MAIS PEU PRATIQUANTS
ACCROISSEMENT DU NOMBRE D'ORTHODOXES

Depuis l'effondrement du bloc soviétique, le nombre de personnes qui se considèrent comme orthodoxes (**) a très fortement augmenté dans les pays de tradition orthodoxe, alors que dans les pays de tradition catholiques le nombre de Catholiques a baissé (cf. graphique 2). Ainsi l'Orthodoxie est devenue majoritaire dans ces pays avec 57% de la population qui s'en revendique contre 18% pour le Catholicisme. Les Protestants, principalement Luthériens, sont présents en Hongrie, et dans les Pays Baltes, les Musulmans sont majoritaires en Bosnie et représentent de fortes minorités en Bulgarie, Russie et Géorgie. Notons que 14% seulement de la population se disent athée ou sans religion, les pays les plus areligieux étant la Tchéquie (72%) et l’Estonie (45%).

Le nombre d'Orthodoxes s'est accru dans les pays de tradition orthodoxe à l'exception de la Grèce, ce qui est évidement lié à l'effondrement du bloc soviétique: dominées par des régimes athées, les Églises de ces pays avaient été étouffées et c'est une véritable résurrection qui est constatée par les chiffres de cette étude.


LA RELIGION EN EUROPE DE L'EST- ORTHODOXES MAJORITAIRES MAIS PEU PRATIQUANTS
Il n'est est pas de même pour le Catholicisme: principalement présent en Pologne, Hongrie et Tchécoslovaquie, il avait cristallisé l'opposition au bolchévisme et à l'occupation soviétique et était représenté par de grandes figures charismatiques comme le cardinal Mindszenty en Hongrie, le cardinal Wyszyński puis le pape Jean Paul II en Pologne et le Métropolite majeur de Lvov Josyf Slipyj, tous fortement soutenus par le Vatican et les pays occidentaux. L'appartenance au Catholicisme était donc une marque d'appartenance nationale dont la popularité atteignit un apogée lors de la chute du Communisme. Il subit depuis, comme en Occident, les assauts du sécularisme, le cas de la République Tchèque étant particulièrement caractéristique car c'est devenu l'un des pays les moins religieux du monde.

LA RELIGION EN EUROPE DE L'EST- ORTHODOXES MAJORITAIRES MAIS PEU PRATIQUANTS
PRATIQUE PEU DÉVELOPPÉE

L'étude constate que les Orthodoxes sont en moyenne deux fois moins pratiquants que les Catholiques (graphique 3): si en Pologne catholique, par exemple, 45% des croyants assistent à des services religieux au moins une fois par semaine, cette fréquence est plus que moitié moindre chez les orthodoxes: les plus pratiquants sont les Roumains, avec 21% des fidèles allant à l'église chaque semaine, mais en Russie, pays qui compte de loin le plus grand nombre d'Orthodoxes, ce chiffre tombe à 6% et il n'a pas bougé depuis 1991 alors même que le nombre de fidèles déclarés a pratiquement doublé.

On pourrait y voir l'influence du totalitarisme qui a dominé dans ces pays pendant de longues années et a cherché à étouffer la religion: toute pastorale était de fait interdite et la pratique était mal vue, ce qui a amené son recul dans les comportements sociaux. La situation du Catholicisme est là encore différente puisque les pays catholiques ont subi le joug bolchévique moins longtemps et la pratique religieuse faisait office d'acte de résistance politique. Toutefois, le fait que les Orthodoxes grecs, qui n'ont pas connu le totalitarisme, sont moins pratiquants que la plupart des Catholiques (y compris en Ukraine et Biélorussie, qui appartenaient à l'URSS) montre que cette explication n'est pas suffisante.

Reconnaissant qu'il n'y a pas d'explication satisfaisante à cet écart entre la religion déclarée et le respect des prescriptions religieuses, les auteurs de l'étude l'attribuent en partie au fait que l'affichage de la religion est devenu socialement valorisant dans les pays orthodoxes. NejaaSagal, l'une des responsable de l'étude, établit un parallèle avec les États-Unis, où les sondés surestiment souvent leur pratique religieuse car ils veulent donner une réponse qui les présentera sous un jour positif. En Europe occidentale, au contraire, les gens n'ont pas l'habitude «d'embellir» leur comportement et l'image de la pratique religieuse est controversée. Cela en dit long aussi bien sur la société US qu'européenne, note la chercheuse.

Cette différence se retrouve aussi dans la proximité de l'Église et du pouvoir et dans l'attitude envers la Russie que nous analyseront dans le prochain article.

à suivre…

LA RELIGION EN EUROPE DE L'EST- ORTHODOXES MAJORITAIRES MAIS PEU PRATIQUANTS
(*) "Religious Belief and National Belonging in Central and Eastern Europe" . Sondage mené de Juin 2015 à Juillet 2016 ici à 2015 par interview de plus de 25 000 personnes âgées de plus de 18 ans en Arménie, Bélarus, Bulgarie, Bosnie-Herzégovine, Grèce, Hongrie, Géorgie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Pologne, Russie, Roumanie, Serbie, Ukraine, Croatie, République tchèque et Estonie. Cette étude fait partie d'un programme plus vaste mené par le centre Pew pour analyser les changements religieux dans le monde et leur impact sur la société.

(**) "Foi", "appartenance", "pratique": ces trois concepts caractérisent différents niveaux d'adhésion religieuse et l'étude Pew montre que la plupart des croyants dans le monde se relient à la religion par au moins un de ces concepts, mais pas nécessairement les trois, ce qui caractériserait une adhésion complète.

Ainsi la sociologue Grace Davie a décrit les chrétiens de Grande Bretagne après la guerre comme «croyant sans appartenir»: la foi en Dieu, largement répandue, coexiste avec des églises en grande partie vides et (cf. Davie, Grace. 1994. “Religion in Britain Since 1945: Believing Without Belonging.”). L'étude Pew montre en revanche des Orthodoxes qui «croient et appartiennent sans se comporter»: la majorité des sondés croient en Dieu et s'identifient à l'Orthodoxie, mais les comportements religieux (prière quotidienne, fréquentation hebdomadaire des offices) sont peu développés comme on le voit plus loin. On pourrait aussi ajouter la morale religieuse (relations hors mariage, divorce, avortement…), qui n'a pas été étudiée par Pew – elle est particulièrement peu suivie par les Orthodoxes des anciens pays socialistes...

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Mai 2017 à 11:27 | 0 commentaire | Permalien

Les reliques de Saint Nicolas le Thaumaturge seront pour la première fois en 930 ans apportées d'Italie en Russie du 21 mai au 28 Juillet.
Tout d'abord, les reliques du saint se trouveront dans la cathédrale du Christ Sauveur, puis dans l'une des principales cathédrales de Saint-Pétersbourg.

Selon une déclaration aux journalistes du métropolite Hilarion, chef du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, la partie des reliques de Saint Nicolas le Thaumaturge qui est conservée dans la basilique papale de Bari (Italie) séjournera dans l'Eglise orthodoxe russe du 21 mai au 28 Juillet.

"Ceci est un événement unique : depuis 930 ans que les vénérables reliques reposent à Bari, elles n'ont jamais quitté cette ville," a déclaré le métropolite.

En réponse aux questions des journalistes, il a précisé qu'au début, les reliques du saint se trouveront dans l'église du Christ Sauveur, et ensuite dans l'une des principales cathédrales de Saint-Pétersbourg.

Les reliques de Saint Nicolas le Thaumaturge seront pour la première fois en 930 ans apportées d'Italie en Russie du 21 mai au 28 Juillet.
Le séjour des reliques est le résultat d'un accord entre le pape François et le patriarche Cyrille, à la suite de leur rencontre historique à La Havane le 12 Février de l'année dernière.

"Chaque année, des centaines de fidèles du Patriarcat de Moscou se rendent à Bari pour vénérer les reliques du grand serviteur de Dieu. Cependant, pour la majorité des orthodoxes de Russie, un pèlerinage aussi lointain est difficile à faire.

Le pape François et le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille espèrent que la prière devant les reliques miraculeuses du saint renforcera la foi dans le cœur des hommes ", a dit le métropolite.

Lien Traduit du russe par Marie et André Donzeau

Lire Le second avènement de saint Nicolas - les origines du culte d’un saint et sa transformation en Europe de l’Est aux XI e -XV e siècles
Et aussi L'église Saint-Nicolas de Bari officiellement restituée à la Russie

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 21 Mai 2017 à 17:43 | 2 commentaires | Permalien

Ukraine: une déclaration du patriarche Cyrille
LE PATRIARCHE CYRILLE S’EST ADRESSÉ AUX CHEFS DES ÉTATS DU « QUATUOR NORMAND », AUX PRIMATS DES ÉGLISES ORTHODOXES LOCALES, AU PAPE FRANÇOIS, AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU ET AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CŒE À PROPOSE DE L’ADOPTION PRÉVUES DE PROJETS DE LOI HOSTILES À L’ÉGLISE PAR LA RADA D’UKRAINE

La Rada suprême d’Ukraine prévoit de porter au vote des députés les projets de loi n°4128 et 4511 le 18 mai.

Le projet de loi n°4128 « De l’amendement de la Loi d’Ukraine « De la liberté de conscience et des organisations religieuses » (sur le changement de juridiction des organisations religieuses) » propose d’introduire dans la législation religieuse la notion vague « d’appartenance de la personne à la communauté religieuse » sur la base d’une « auto-identification » mal définie. Les personnes « appartenant à la communauté religieuse », quelles qu’elles soient, auraient le droit de modifier les statuts de la communauté par un vote à la majorité simple. De fait, le projet de loi prévoit de légaliser la pratique des « référendums » fictifs avec la participation de tous les habitants d’une localité (voire de personnes étrangères à la localité), prétendant appartenir à cette communauté religieuse.

Le projet de loi n°4511 « Du statut particulier des organisations religieuses dont les centres de direction sont situés dans un état que la Rada suprême définit comme pays-agresseur » propose d’imposer à toutes les communautés dont le centre canonique est en Russie (c’est-à-dire, avant tout, les communautés de l’Église orthodoxe ukrainienne), certain « statut particulier » impliquant d’importantes restrictions de leurs droits. En dehors du réenregistrement forcé de toutes les communautés de l’Église orthodoxe ukrainienne, qui entraînera inévitablement de nouvelles usurpations d’églises et des confrontations entre croyants de différentes confessions, le projet de loi accordera aux organes de l’état laïc de larges plein-pouvoirs pour contrôler la vie intérieure des communautés religieuses : approuver la nomination des cadres des communautés, autoriser ou interdire la visite d’hommes d’église étrangers, liquider par la force les communautés religieuses sur la base de nombreux motifs.

Ces projets de loi sont en contradiction avec la Constitution de l’Ukraine et avec les normes législatives en vigueur. La Direction d’expertise scientifique de la Rada d’Ukraine, le Comité de la Rada à la prévention et à la lutte contre la corruption, la déléguée aux droits de l’homme de la Rada d’Ukraine, V. V. Loutkovskaïa se sont prononcés contre l’adoption de ces projets. Enfin, les représentants de plusieurs confessions ukrainiennes, dont les catholiques romains, les luthériens et les juifs, ont aussi critiqué les deux projets de loi.

Le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est adressé au sujet de l’adoption prévue de ces projets de loi au président ukrainien, P. A Porochenko, et aux participants du « Quatuor normand » : le président russe V. V. Poutine, le chancelier fédéral d’Allemagne, A. Merkel, le président français E. Macron. Le Primat de l’Église orthodoxe russe a aussi adressé un message sur le même sujet aux Primats des Églises orthodoxes locales, au Pape François de Rome, au secrétaire général des nations unies, A. Guterres, et au secrétaire général du Conseil œcuménique des églises O. Fykse Tveit.

Il est constaté dans ces messages que l’adoption de ces projets légaliserait une pratique discriminatoire inouïe dans l’Europe d’aujourd’hui à l’encontre de la majorité orthodoxe d’Ukraine. Une législation religieuse aussi restrictive n’a jamais existé en Ukraine même à l’époque du régime communiste, tandis que le reste de l’Europe n’a connu quelque chose de semblable que pendant la période nazie en Allemagne.

L’Église orthodoxe ukrainienne est la plus importante confession du pays, elle est présente dans toutes les régions d’Ukraine et possède un immense potentiel de réconciliation, constate Sa Sainteté le Patriarche. Il est inadmissible de l’entraîner dans une confrontation politique, qui pourrait avoir des conséquences irréversibles. Comme il est souligné dans le message, l’adoption des projets de loi n°4128 et 4511 « L’adoption des projets de loi n°4128 et 4511 menacerait les droits constitutionnels de millions de croyants ukrainiens. Elle risque de provoquer une nouvelle vague de violences, de nouvelles usurpations d’églises, elle risque d’aggraver le conflit civil en Ukraine en lui donnant une connotation religieuse. » Selon le Patriarche, ceci, par voie de conséquence, compliquerait l’application des accords de Minsk.

« Selon les données dont nous disposons, de 2014 à 2016, sur le territoire de l’Ukraine, des éléments provocateurs se sont emparés de plus de 40 bâtiments cultuels de l’Église orthodoxe ukrainienne » ; rappelle le Patriarche. « Formellement, ces usurpations sont légitimées par un soi-disant « référendum » des habitants du village, décidant du « transfert » de la communauté. L’opinion des fondateurs réels et des membres de la communauté en tant que personne juridique n’est, dans ces cas, pas prise en compte.

Sa Sainteté s’adresse aux dirigeants des états du « Quatuor normand », aux Primats des Églises orthodoxes, au chef de l’Église catholique romaine, au secrétaire général de l’ONU et au secrétaire général du Conseil œcuménique des églises pour leurs prier d’employer tous leurs efforts à empêcher l’adoption des projets de loi discriminatoires n°4128 et 4511 qui « menacent d’être un exemple criant de violation des droits de l’homme à la liberté de confession religieuse. »

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Mai 2017 à 16:56 | 7 commentaires | Permalien

Pâques  à  Montgeron!
Christ est ressuscité!

Joyeuses Pâques au recteur le père Nicodème (Pavlinciouc), au clergé et aux très nombreux fidèles de la paroisse saint Séraphin à Montgeron!

Quel bonheur de regarder ces photos. Cela d'autant plus après tant d'années de difficultés, de dissensions juridictionnelles, de mauvais procès, de tentatives d'appropriation...

La nature s'y est mis: la crue de juin 2016 a causé bien des dégâts, on n'en voit plus les suites.

Les enfants de cette paroisse multiethnique ont participé, il faut le préciser, à la fête pascale de la cathédrale de la Sainte Trinité.

Saint Séraphin compte aujourd'hui près de 500 fidèles, c'est l'une des plus nombreuses du diocèse de Chersonèse, très unis, très actifs.

Pâques  à  Montgeron!

Cette église est restée de longues années en déshérence. Voilà 6 ans qu’elle revit, le nombre de ses fidèles, multiethniques ce qui correspond à la tradition du lieu, atteint les 500. Les traditions et les coutumes nationales sont transmises ainsi aux nouvelles générations. On réalise aussi des baptêmes, des mariages, des lectures des acathistes, des prières de grâce au Dieu et d’autres événements importants dans la vie chrétienne. Lire Montgeron : renaissance de la paroisse Saint Séraphin de Sarov et 22 PHOTOS de Pâques 2017
Pâques  à  Montgeron!

Pâques  à  Montgeron!

Pâques  à  Montgeron!

Pâques  à  Montgeron!

Pâques  à  Montgeron!

Pâques  à  Montgeron!

Pâques  à  Montgeron!

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Mai 2017 à 16:05 | 0 commentaire | Permalien

La paroisse de Tous les Saints de l'Église orthodoxe russe vous invite à l'inauguration du centre culturel et spirituel
La paroisse de Tous les Saints de l'Église orthodoxe russe vous invite à l'inauguration du centre culturel et spirituel, qui aura lieu le 19 mai, à 17h00, à l'adresse suivante : 106, rue du Général Conrad, Strasbourg.

L'accueil commence à partir de 16h00.
Un programme informatif vous sera proposé ... >>>

LIRE Le 29 mars, 2017, nous avons franchi une étape importante et symbolique pour la construction de la nouvelle église de Tous les Saints à Strasbourg.


Vous allez vous informer sur le fonctionnement du centre orthodoxe et sur la construction de l'église;
Vous allez pouvoir faire un don pour la construction;
Vous allez pouvoir accéder aux locaux du centre;
Vous allez pouvoir acheter des icônes orthodoxes, les disques avec les chants orthodoxes, ainsi que des produits d'artisanat des paroissiens.
Vous allez pouvoir goûter du thé russe avec la cuisson.

La cérémonie sera présidée par le recteur de l'église de Tous les Saints et le représentant du Patriarcat de Moscou auprès du Conseil de l'Europe l'hégoumène Phillippe (Ryabykh) et par le maire de la Ville de Strasbourg M. Roland Ries.

L’entrée est libre.

N'hésitez à partager cet information autour de vous:
La paroisse de Tous les Saints de l'Église orthodoxe russe vous invite à l'inauguration du centre culturel et spirituel


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Mai 2017 à 20:58 | 0 commentaire | Permalien

Après la chute de l’URSS, l’orthodoxie a commencé à renaître  en Europe de l’Est
La répudiation de l’idéologie athée de la part des gouvernements de la région a conduit à une croissance accrue du nombre d’orthodoxes.

La majorité de la population, en Europe Centrale et de l’Est, confesse la religion orthodoxe, et ce nombre s’accroit tandis qu’un tel phénomène, il y a une vingtaine d’années, n’était pas envisageable. Ces données émanent du centre de recherche américain « Pew Research Center », selon Interfax-Religion.

Dans l’ensemble, environ 57 % de la population s’y revendique orthodoxe. Dans ce chiffre rentrent une dizaine de pays dont la majorité est de confession orthodoxe, entre autres : la Russie, l’Ukraine, la Grèce, la Biélorussie, la Bulgarie, la Serbie, la Géorgie, la Moldavie, ceci selon le sondage de « Pew Research Center », effectué entre juin 2015 et juillet 2016 dans 18 pays, et sur plus de 25000 personnes.


D’autre part, les orthodoxes représentent une minorité en Bosnie (35%), en Lettonie (31%) et en Estonie (25%).

La part des catholiques concerne 18 % de la population de cette région. Tandis qu’en Pologne, en Croatie, en Lituanie, et en Hongrie, les catholiques sont majoritaires.

Comme le remarquent les auteurs de l’enquête, dans les grands pays de cette région, on observe une nette montée du nombre d’orthodoxes et une baisse de celui des catholiques : au moment de la chute de l’URSS, la part de la population se revendiquant orthodoxe est passée de 37 % en 1991 à 71 %.

Ainsi, le déclin de l’URSS a engendré une nette et importante montée du nombre d’orthodoxes. En même temps, on constate actuellement la tendance inverse dans les pays historiquement catholiques. Par exemple, en Pologne, la part des catholiques durant cette période est passée de 96 % à 87 %, en Hongrie, de 63 % à 56 %, en Tchéquie de 44 % à 21 %.

Par ailleurs, sur le plan qualitatif, le monde catholique l’emporte sur la population orthodoxe, laquelle en grande partie n’a d’orthodoxe que le nom.

Ainsi, en Europe centrale et celle de l’Est, les catholiques se rendent à l’église davantage que les orthodoxes.
Malgré le grand nombre de croyant dans la majorité des pays concernés, la prière quotidienne ne relève pas d’une norme pour la plupart de la population.

Ainsi, seulement 17 % des gens interrogés en Russie et 27 % en Pologne et Serbie, prient, au minimum, une fois par jour. Le plus grand nombre est atteint en Moldavie : 48 %.

Seulement 14 % de la population des régions concernés se disent athées ou ne se revendiquent d’aucune religion. Ainsi, la plus grande part concerne ici la Tchéquie (72%) et l’Estonie (45%).

Ligne russe Traduction père Dimitri Shibaeff

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Mai 2017 à 18:16 | 8 commentaires | Permalien

Les enfants derrière un mur de pierre
Nikita Filatov pour Pravoslavie.ru
Traduit du russe par Marie et André Donzeau

Il y a des enfants que leurs parents répudient, il y a des enfants à cause desquels des familles s'effondrent. Et il y a des adultes, vraiment responsables, qui sont prêts à aider de tels enfants ainsi que leurs mères et leurs pères qui ont appris un jour que leur enfant est atteint de Paralysie Cérébrale Infantile (PCI).

En 1909 s'est ouvert à Moscou le Couvent des Saintes Marthe-et-Marie de la Miséricorde Les traditions instaurées par sa fondatrice, la grande-duchesse et sainte martyre Elisabeth Feodorovna, existent encore de nous jours. Elles sont prises en charge par des personnes qui abandonnent leurs train train, renoncent à leurs habitudes et changent complètement de vie.

Anna Prichtchenko a aidé à organiser à partir de rien, dans le service d'aide orthodoxe "Miséricorde", un Groupe d'accompagnement de jour et une école maternelle pour les enfants atteints de PCI. Il n'y a pas de telles écoles ni à Moscou, ni ailleurs en Russie. Il y en a une comme ça dans la région de Saratov. Mais celle-là aussi, Anna et ses pupilles ont aidé à l'ouvrir.

Un petit bâtiment de deux étages avec des murs blancs. Un mur de pierre, blanc lui aussi, le protège du monde extérieur. Derrière ce mur ont n'entend pas le bruit des voitures ni le brouhaha de la grande ville. Ici, c'est le monastère des Saintes Marthe-et-Marie, un endroit où l'ont sait ce qu'est la prière, l'aide et le travail.

Le Groupe d'accompagnement de jour occupe le rez de chaussée. C'est là que tous les jours ouvrables, vers 9 h, on amène les enfants invalides qui souffrent de PCI.

Dans l'école maternelle elle-même on considère que le mot «souffrir» est tout à fait inexact. Anna Ivanovna sélectionne les volontaires selon plusieurs critères. Une personne trop sentimentale, avec une pitié affectée, ne travaillera pas ici.
Les enfants derrière un mur de pierre

Photo: Anna Prichtchenko

Je ne me comporte pas avec pitié envers ces enfants. Je considère que ce sont des enfants comme les autres. Bien sûr, ils sont différents, dit Anna Prichtchenko. Des gens viennent parfois nous voir et se mettent à pleurer et à se lamenter. Nous ne prenons pas de tels bénévoles, animés de cet état d'esprit.

Certains enfants ne peuvent pas du tout se déplacer ; certains font quelques pas hésitants, mais avec l'aide d'un éducateur ou en s'appuyant sur un fauteuil roulant. Ils y a cinq de ces fauteuils dans le groupe. Ils sont arrivés dans le monastère après que le Groupe d'accompagnement de jour ait obtenu une subvention présidentielle.

Ils sont confortables. On peut ajuster leur hauteur. L'enfant est en sécurité et s'y trouve toujours bien.
Les enfants derrière un mur de pierre

- Combien coûte un tel fauteuil roulant? demandai-je.
- 210 000 roubles (environ 2500 euros NDLR).

Ce garçon a dit pour la première fois qu'il veut boire. Au moyen d'une carte. C'est un grand progrès

Certains enfants apprennent pour la première fois à exprimer leurs pensées. Au moyen d'une méthode particulière.
- A l'instant, ce garçon a dit pour la première fois qu'il veut boire. Au moyen d'une carte. Nous avons compris. C'est un grand progrès!

Derrière chacun de ces progrès il y a de nombreuses heures d'un travail minutieux. On ne peut travailler avec un enfant ici que deux fois par semaine. On parvient ainsi à atteindre le plus d'enfants possible. Dans le groupe il y a six personnes.
Les enfants derrière un mur de pierre

- Nous avons aussi des enfants atteints d’autres maladies : hyperkinésie, diplégie.

A proximité, au monastère Marthe et Marie, s'est ouvert un grand centre médical, où sont mis en œuvre plusieurs projets du service "Miséricorde". Des enfants atteints de PCI y suivent un stage de réadaptation de trois semaines. Il est géré par des professionnels : médecins de diverses spécialités, éducateurs et des psychologues. Une fois de plus, c'est le seul centre pour de Moscou.

Dans le bureau du psychologue on fait des exercices pour développer la coordination. Sur le plancher se trouvent un petit bac à sable et des jouets. D'ailleurs, il y a des jouets dans chaque chambre. Dans la vie ordinaire, ces enfants ne disposent tout simplement pas de la possibilité d'explorer le monde, d'apprendre à le connaître. Ils ne peuvent pas toucher des pierres, caresser un animal, faire un bonhomme de neige. Mais cela ne signifie pas qu'ils n'ont pas besoin d'explorer le milieu qui les entoure. C'est pourquoi ils peuvent ici, dans une atmosphère calme, toucher, étudier, regarder de près d'autres matériaux et objets.
Les enfants derrière un mur de pierre

Photo: Une chambre de jeux de l'école pour enfants atteints de PCI

Les enfants atteints de PCI ont très peur des bruits et des mouvements brusques.

- Si quelqu'un agite la main, cela provoque la panique. Leur environnement sensoriel est très rudimentaire. En raison de leurs particularités physiques, ils ne peuvent pas explorer le monde avec les mains comme les autres enfants, explique la psychologue Elena Kozlova.

Rien qu'à Moscou, il y a plus de cinq mille de ces enfants. Nous pouvons dire que les trente élèves de cette école maternelle ont de la chance. Des orthopédistes et des orthophonistes s'occupent d'eux. Comment vivent les cinq mille autres enfants, nous ne pouvons que nous le demander.

- De combien de fonds avez-vous besoin pour faire vivre cette école ?
- Environ dix millions de roubles par an (environ 118500 euros NDLR). Cela afin de maintenir l'école.

Il y a dix-huit mois, le Service de protection sociale de Moscou nous a alloué un nouveau bâtiment. Il est plus grand, dans les chambres les fenêtres n'ont pas de grilles, tout est conforme aux normes. Et il sera conçu pour trois groupes.
Les enfants derrière un mur de pierre

Pendant que les éducateurs et leurs élèves attendent le déménagement, l'école maternelle fonctionne selon son rythme habituel.

Le jeudi a lieu une activité thérapeutique obligatoire avec les parents. Au centre de la grande pièce il y a une table ronde, des armoires pleines de livres. C'est comme une bibliothèque familiale.

- Cette chambre était prévue pour les mamans, explique Anna Ivanovna. En réalité cela ne leur est pas nécessaire. Elles laissent leurs enfants et courent s'occuper de leurs affaires : recueillir des attestations, faire des formalités.

C'est ainsi que la salle de repos pour les parents s'est transformée en cabinet pour l'orthophoniste.

- Et comment êtes-vous arrivée à cette profession ?
- Je suis venue afin de soulager un peu leur existence. C'est en quelque sorte mon sacerdoce. Je suis venue comme bénévole. Puis j'ai fait connaissance avec Mère Elizabeth. Avant, je ne m'étais jamais trouvée confrontée aux enfants atteints de PCI. J'enseignais la culture à l'université. Un jour je suis venue au travail est j'ai découvert un vide. Dès ce moment, j'ai compris qu'il fallait le combler.

- Les enfants s'habituent à vous ?
- Oui, ils m'attendent dès le soir. Un enfant peut même dormir mal : il attend.

Les enfants derrière un mur de pierre

Photo: Une chambre à coucher

Dans une chambre spacieuse sur des oreillers moelleux quelques enfants écoutent les chansons que chantent les éducateurs accompagnés d'un piano. Dans la chambre à coucher, derrière le mur, un enfant dort.

L'Etat ne nous soutient pas, nous n'existons que grâce à des bienfaiteurs.

- Autrefois, il y avait les Lekoteki (établissements d'aide préscolaire aux enfants inadaptés NDLR). Mais maintenant, à Moscou, elles ont pratiquement disparu, explique Anna Prichtchenko. Auparavant, les mamans pouvaient y laisser leurs enfants deux ou trois heures. Mais maintenant, cette possibilité a disparu.

- L'Etat vous soutient ?

- Non, nous n'existons que grâce à des bienfaiteurs. Cette année, nous avons essayé d'obtenir une subvention de la sécurité sociale, mais pour l'instant... Pour l'instant nous essayons seulement.

Lien en russe


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Mai 2017 à 10:44 | 2 commentaires | Permalien

Cathédrale de la Sainte Trinité: Les horaires des offices pour la période pascale jusqu'à la fête de l'Ascension du 25 avril au 28 mai.
Chers amis, pères, frères et sœurs, Le Christ est ressuscité ! Veuillez trouver ci-joint les horaires des offices pour cette période pascale jusqu'à la fête de l'Ascension du 25 avril au 28 mai.

Nous attirons votre attention sur certains détails:

La Liturgie dans la semaine commence à 9h (le jeudi de l'Ascension - jour férié - la Liturgie commencera à 10h), samedi et dimanche - à 10h.

Les Liturgies en français ont lieu tous les samedis de 10h à 12h. Le 8 mai il y aura un Congrès du clergé du diocèse de Chersonèse - plus de 60 membres du clergé participeront dans la Liturgie de 9h à 11h.

Les horaires des offices
suite >>>>>

Dès maintenant les horaires des offices sont accessibles également sur la page temporaire de notre futur site en cours d’élaboration

Restons à votre disposition pour toutes vos questions et remarques à propos des offices: contactez-nous par mail de la cathédrale ou directement notre responsable d'horaires Maxime Venetskov: stefanos88@mail.ru.

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 15 Mai 2017 à 15:49 | 0 commentaire | Permalien

Et sur cette pierre je bâtirai  mon Eglise
Traduction Elena Tastevin

YOU TUBE "Polygone Boutovo - Le Golgotha russe "

A la veille de la commémoration des Nouveau Martyrs de Boutovo qui a lieu chaque année le quatrième samedi qui suit Pâques Sa Sainteté Cyrille a présidé, comme il le fait toujours, une Divine Liturgie à ciel ouvert, non loin de l'église des Nouveaux martyrs et confesseurs de Russie.

Le "polygone" de Boutovo est le lieu ont se produites des exécutions de masse de prisonniers politiques. On compte parmi les victimes un nombre important de clercs et de laïcs qui ont été récemment canonisé.

L’higoumène Damascène (Orlovsky), membre de la Commission Synodale pour la canonisation , responsable du fonds « Mémoire des martyrs et confesseurs de l’Eglise Orthodoxe Russe »

Les premières exécutions ont eu lieu au Polygone de Boutovo en 1937, presque vingt ans après la révolution d’octobre. Ce site est peu étudié mais il est l’un des symboles les plus importants de l’histoire russe du XX siècle.

Et sur cette pierre je bâtirai  mon Eglise
Staline et son entourage avaient déployé une véritable guerre contre leur propre peuple, ceci sans le moindre prétexte valable. Les victimes faisaient partie de toutes les couches sociales, paysans, ouvriers, élite intellectuelle mais également des représentants de toutes les nationalités, hommes politiques, et même des bolcheviks, ceux qui ont fait la révolution. Le Polygone de Boutovo est un monument consacré à eux tous. Lieu important pour toute la Russie car il contient une leçon latente sur les conséquences de la prise du pouvoir par des éléments étrangers au peuple. Mais nous n’avons pas encore pleinement pris conscience du sens symbolique de ce lieu de détresse.

En effet, le Polygone de Boutovo est une conséquence logique de l’histoire, or ce passé, nous l’ignorons en grande partie. L’histoire de la Russie du XX siècle est semblable à un train à grande vitesse, vitesse déterminée par l’implication des masses, par des souffrances humaines inouïes.

Tout cela a rempli le XX siècle d’une telle densité en termes de contenu et de sens qu’il faudrait plusieurs centenaires d’histoire « ordinaire » pour contenir tout ceci. Les nouvelles technologies et les modes de vie poussent l’homme du XXI siècle à avancer avec la même vitesse sans regarder en arrière et sans assimiler les leçons du passé. La direction du mouvement, cependant, est toujours déterminée par le passé. Aussi, faut-il le savoir, et il est dangereux de l’ignorer.

Pour les orthodoxes, le Polygone de Boutovo est un lieu de témoignage du Christ par une multitude de martyrs. « Martyr » en grec signifie « témoin », celui qui témoigne de la résurrection de Jésus Christ. En effet, la foi en Jésus ressuscité a aidé beaucoup à surmonter les passions et les tentations terrestres sans nuire à leur propre âme.Bien que les événements du début du XX siècle aient eu une importance déterminante pour la vie actuelle les Russes contemporains ne les connaissent pas. Si nous avions bien appréhendé le XX siècle les lieux de nos villes n’auraient pas été « décorées » de monuments à l’instigateur de ces événements.

Lire Témoins de Lumière : l’archipel des Solovki et Butovo, Golgothas russes

Les rues des villes n’auraient pas été nommées en son honneur et la place principale du pays aurait cessé d’être un cimetière pour les organisateurs des exécutions en masse. On évoque le respect dû aux personnes âgées, à ceux qui continuent de partager la démagogie des leaders communistes. Et cela au lieu d’éclairer ces hommes en leur relatant avec preuves à l’appui qu’ils ont été cruellement trompés. Prendre conscience du mensonge maintenant plutôt que jamais aurait été mieux pour eux.

Est-ce que notre peuple connaît toute la vérité sur la deuxième guerre mondiale (à part ce qui est raconté par ses participants) ? Vainqueur sur des champs de bataille il en sorti économiquement faible par rapport aux pays qui l’ont perdue. Cela devait inévitablement influer sur la vie de la société. Est-ce que notre peuple est bien renseigné sur les événements précédant la révolution de février, sur la première guerre mondiale ?

Et sur cette pierre je bâtirai  mon Eglise
Et si notre peuple ne cherche pas à apprendre la vérité sur des événements d’importance primordiale pour l’Etat et chaque individu en particulier, il ne sait d’autant plus rien sur le Polygone de Boutovo. Au lieu d’y extraire la pierre (« boute ») pour faire le fondement des maisons les constructeurs de la nouvelle vie y ont posé les bases du futur sur les restes de plus de vingt mille personnes fusillées. Ce genre de fondement ne fait qu’empoisonner notre vie et l’espoir en son renouvellement ne repose que sur les prières et l’exploit de nouveaux martyrs.

L’Etat, certes, est coupable de l’ignorance du peuple puisqu’à l’époque communiste il a tout fait pour empêcher l’étude de l’histoire l’ayant transformé en fable. Elle avait la même fonction qu’un sac mis sur la tête du condamné pour faciliter sa mort.

Entre temps les événements de cette époque sont très importants pour nous d’autant plus qu’ils sont marqués par l’exploit des nouveaux martyrs. En luttant contre son propre peuple les autorités d’antan s’acharnaient surtout contre la foi, Dieu et tous les croyants. La Russie du XX siècle ressemble à l’époque des persécutions des premiers chrétiens. Les nouveaux martyrs ont su rester chrétiens et sont morts comme des martyrs.

Pour la Russie orthodoxe le Polygone de Boutovo est un monument chrétien autant que le Colisée de Rome. La seule différence est que les barbares romains ont utilisé le site construit au départ pour des spectacles comme un lieu de tourments des chrétiens. Alors que les nouveaux barbares ont érigés à Boutovo des cabanes les ayant entourés de barbelés pour tuer en cachette. Plus de vingt mille personnes qui n’ont commis aucune infraction à l’égard de l’Etat ont été exécutées secrètement par les autorités. C’est un crime inouï qui exige une investigation détaillée et une étude en profondeur .

Lire Les nouveaux martyrs de Boutovo, vus par des chrétiens d'occident

Les nouveaux martyrs représentent notre patrimoine inaliénable, ils sont peut-être les seuls protecteurs par leurs prières de ceux qui vivent maintenant. « Sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’Hadès ne tiendront pas contre Elle » (Mt 16 :18), - dit le Seigneur. Abandonnant à l’oublie leur exploit nous nous privons de leur soutien. Ayant souffert eux-mêmes les nouveaux martyrs sont nos bienfaiteurs car ils nous initient à leur expérience, ils nous secourent aujourd’hui et prient pour notre futur. L’oubli des bienfaiteurs et l’incompréhension de notre devoir envers eux annihilent notre capacité de gratitude.


Et sur cette pierre je bâtirai  mon Eglise
L’homme contemporain a du mal à s’imaginer son idéal.

Eduqué en dehors de la tradition ecclésiale il ne s’initie à l’Eglise que par les Mystères Divins. Il réside dans un monde instable et dépourvu de traditions. Et c’est grâce aux saints les plus proches de nous, les nouveaux martyrs, qu’il retrouve son chemin.
Aujourd’hui la tâche la plus importante pour l’Etat consiste à démêler sa propre histoire et l’étudier sans ingérences extérieures. Sans la connaître, en effet, ni l’Etat ni l’individu ne pourront retrouver une prise sur la réalité. L’Etat est responsable de la reconstruction de la mémoire historique.
Malheureusement, pour rétablir l’importance d’un événement il est nécessaire de le au moins rendre connu, ne serait-ce que formellement. Autrement dit, il faut que les média s’en saisissent. C’est indispensable pour reconnaître qu’un événement a eu lieu et pour en débattre. Cependant, aujourd’hui des événements positifs sont passés sous silence. Ils deviennent connus grâce à l’exploit des individus agissant par principe moral, en fonction de leur conscience et dans l’espoir en Dieu.

Pravoslavie i Mir


Et sur cette pierre je bâtirai  mon Eglise

По благословению Его Святейшества, Святейшего Патриарха Московского и всея Руси КИРИЛЛА, традиционное Патриаршее богослужение на Бутовском полигоне в честь празднования Собора новомучеников в Бутове пострадавших в этом году будет совершено 13 мая 2017г, в 4-ую субботу по Пасхе.

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 14 Mai 2017 à 21:40 | 0 commentaire | Permalien

Revenir sur terre et voir la réalité de l'Orthodoxie en France
Une réaction de Vladimir Golovanow au Communiqué de l’OLTR

Toujours le même fatras d'échanges hors sol et de considérations académico-théologiques abstraites du réel!

Il est certain que la culture occidentale, profondément imprégnée de pensée scolastique et de rationalisme humaniste, est à l'opposé de la spiritualité orthodoxe. Cela n'empêche évidement pas TOUTE conversion, mais elles restent exceptionnelles et négligeables d'un point de vue statistique: de l'ordre de quelques % ("l'épaisseur du trait" pour les statisticiens...)

Comme le montrent les recensements dans les pays voisins où la question de la religion n'est pas taboue (Italie, Suisse, Allemagne...), l'irruption soudaine des Orthodoxes, toujours minoritaires mais au moins visibles, reste essentiellement le fait des nouvelles émigrations qui sont venues remplir nos anciennes paroisses péniblement maintenues par les descendants des premiers émigrés.

Parmi les pratiquants réguliers des paroisses de tradition russe que je connais, les descendants des premiers émigrés et les "convertis" font à peu prés jeu égal.

Ensemble, ils gardent l’administration et la majorité du clergé (sauf pour le patriarcat de Moscou, où le clergé provient majoritairement de Russie), mais ils sont clairement en minorité face aux nouveaux arrivés. Et parmi les pratiquants "épisodiques" (baptêmes, mariages, enterrements + Pâques pour les plus religieux), qui représentent 70-80% du troupeau et permettent donc une certaine visibilité statistique du fait orthodoxe, la prépondérance des nouveaux arrivés est encore plus marquée...

NB: pour la France, ces considérations concernent essentiellement les Orthodoxes de traditions russe, que je connais, recoupés avec les statistiques des pays voisins. Je serais très intéressé à avoir des éléments similaires, mêmes subjectifs, sur les autres traditions orthodoxes en France. Les rares témoignages que j'ai recueillis semblent montrer une situation semblable, avec peut-être moins de nouveaux arrivants pour la tradition grecque et plus pour les autres (roumaine, serbe...) qui étaient moins présentes dans les premières vagues. Les lecteurs peuvent ils confirmer cette impression?

Et oui, contrairement aux autres commentateurs, je m'intéresse aux Orthodoxes de France réels, ceux qu'on peut rencontrer dans nos paroisses, et non aux idéaux virtuels inventés par les uns et les autres pour correspondre aux canons!

Gueorguy a probablement raison de dénoncer le manque de mobilisation que provoque le sort de l'ITO et l'éditorial de Séraphin. Ce dernier a le grand mérite de rappeler, à ceux qui ne la connaîtrait pas, l'histoire de la fondation et le grand éclat de ce haut lieu de la théologie orthodoxe pendant un demi-siècle: alors qu'elle était totalement sous le boisseau en URSS et bien faible dans les Balkans pour des raisons historiques, elle s'est effectivement épanouie sur cette "colline inspirée" et a permis de faire connaitre l'Orthodoxie en Occident. Et merci Séraphin de bien rappeler que ce fut exclusivement l’œuvre des "émigrés", les premiers "convertis" (au sens du p. Serge Model) arrivant après les ouvriers de la dernière heure pour prolonger une pensée qui avait déjà été largement reprise par ailleurs sans rien apporter de bien original.

Malheureusement, très cher Séraphin, tu ne tiens pas compte des réalités toi non plus! Il est évident que c'est le patriarcat de Moscou qui a seul les moyens humains et financiers de faire vivre (et non vivoter!) une telle institution - il le prouve avec la fondation du séminaire à Épinay, la brillante restauration de la cathédrale de Nice (à comparer avec le piteux état de l'église de Biarritz, où j'étais à Pâques, ou de celle de Cannes...) et, bien entendu, la construction de la somptueuse nouvelle cathédrale... Mais l'ITO, comme "Daru" , ont choisi de refuser toute discussion avec ce partenaire potentiel en refusant, comme tu le sais bien, la main tendue par le patriarche Alexis II il y a prés de 15 ans. maintenant le train est passé!

Les raisons de ce refus sont à rechercher bien évidement d'abord dans la position du Phanar, comme le souligne Justine. Le métropolite Euloge avait pourtant bien vu la nécessité de s'en affranchir en 1946, rappelons le (était-ce trop tôt?), et le Phanar n'avait pas hésité à rejeter Daru en 1965, quand cela l'arrangeait...

Mais il y a aussi cet orgueil immense dont fait preuve l'équipe dirigeante de "Daru" et de l'ITO et qui lui fait croire qu'elle n'a besoin de personne comme le montre ce dernier communiqué. CONJOINT DE L’ARCHEVECHE DES EGLISES ORTHODOXES RUSSES EN EUROPE OCCIDENTALE ET DE L’INSTITUT DE THEOLOGIE ORTHODOXE SAINT-SERGE
Revenir sur terre et voir la réalité de l'Orthodoxie en France

Très chers Séraphin et Gueorguy il faut vous rendre à cette évidence: ils ne vont pas explorer de voies d'un rapprochement avec le patriarcat de Moscou! Ils rêvent toujours des années 1970-80 où "Daru" se voyait prendre la tête d'une Orthodoxie d'Europe occidentale unifiée (celle dont rêvent aussi certains des commentateurs "hors-sol" précédents...)

Seulement voilà, la majorité des Orthodoxes n'en veut pas comme l'ont bien compris et proclamé les Pères du Concile de Crête: "Il a été aussi constaté que durant la présente phase il n’est pas possible, pour des raisons historiques et pastorales, de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église sur cette question, c’est-à-dire qu’il y ait un seul évêque dans un même lieu... "Daru" représente donc approximativement 2/5 des Orthodoxes en France (100 paroisses sur 250) et ne peut compter que sur ces forces là pour continuer à vivote en prolongeant la baisse inexorablement engagée depuis plus de 50 ans, alors que les autres juridictions se développent, et le diocèse de Chersonèse tout particulièrement avec ses croyants majoritairement attachés à leurs racines, son clergé majoritairement importé et ses réalisations prestigieuses... Le déclin mal caché d'un côté, l’expansion visible de l'autre !

.................................

V.G. Pour qu'il n'y ait pas d’ambiguïté, je tiens à souligner que le premier paragraphe de l'article ne qualifie pas le communiqué de l'OLTR mais bien les commentaires qui le suivaient et n'avaient pas grand chose à voir avec le sujet. Le communiqué lui même est d'une grande tenue et ouvre un vrai débat, même si, comme je l'écris, il ne tient pas compte des réalités de la situation en "Orthodoxie parisienne"!

Mais cet article a été composé par la rédaction en accolant deux commentaires, ce qui en explique aussi le caractère désordonné...


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Mai 2017 à 21:31 | 10 commentaires | Permalien

Site de l'OLTR - Editorial de Mai 2017 - L'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge
Il y a quelques jours /le 11 mars 2017/, le président de l'association Institut Saint Serge a annoncé dans une interview que l'institut allait déménager dans de nouveaux locaux.

Si ce projet, peut-être rationnel sur le plan économique, se réalise il donnera naissance à une école de théologie, sans doute continuatrice de l'institut, mais qui ne sera plus l'institut de théologie Saint Serge, « Serguievskoye podvorie ». Celui-ci est en effet trop lié à la colline où il fut créé en 1925 pour pouvoir déménager sans changer de nature.

L'enseignement qui y était donné n'était pas seulement théorique et académique. La présence d'une très belle église, d'un chœur traditionnel, de maîtres exceptionnels en faisait un lieu où l'on s'imprégnait non seulement de théologie, mais aussi, où l'on se mettait à aimer (et connaitre) les offices, où l'on apprenait la prière et la vie chrétienne. Et si l'institut quitte la colline que deviendra celle-ci avec son église historique ?

La situation matérielle de l'institut a toujours été précaire et difficile. Une crise mettant en danger l'existence même de l'institut éclata dans les années quatre-vingts. A l'époque, certains défendirent aussi le déménagement de l'institut. Il fut proposé de l'installer à Montgeron où l'orphelinat venait d'être fermé. Mais il apparut vite que ce serait tenter de sauver le patrimoine de Montgeron aux dépens de l'Institut.

Il se trouva, alors, des orthodoxes énergiques et convaincus de l'importance de la mission de l'institut qui lancèrent une large campagne financière tendant à multiplier le nombre de donateurs modestes mais réguliers (au moyen de virements mensuels). Cette campagne connut un réel succès. Les sommes recueillies par ces moyens ont représenté plus de la moitié du budget annuel de l'institut, pendant de longues années /et ce sont les restes des réserves constituées, alors, qui ont récemment été détournés par une brebis égarée/.

Pourrait-on rééditer un tel exploit ? Il faudrait le tenter pour le savoir. Mais il faut bien l'avouer, les circonstances ont bien changées. D'abord la grande période créatrice de l'institut s'éloigne et devient plus de l'histoire que de l'actualité. Elle était due au rassemblement à Paris de la fine fleur des philosophes et théologiens chassés de Russie par la révolution. Tous ces hommes remarquables pouvaient, en outre, travailler en toute liberté.

Et surtout, l'Eglise russe a été libérée de la pression insoutenable et tragique du pouvoir soviétique. De ce fait, la mission principale de cette entité ecclésiale que l'on appelle l'Archevêché, qui était de répondre aux besoins spirituels des émigrés et de témoigner, en occident, de l'orthodoxie et des persécutions subies par l'Eglise russe, est maintenant partagée avec beaucoup d'autres. Par ailleurs, il faut bien le constater, les descendants des émigrés de la première heure ont été progressivement « assimilés ». Beaucoup ont perdu l'attachement à leurs racines et nombreux sont ceux qui n'ont pas gardé vivante la foi de leurs pères. Et cette dernière perte n'est, bien sûr, pas à la gloire de l'Archevêché.

Qu'un endroit comme la colline de Saint Serge perde son âme serait très douloureux pour tous ceux qui sont encore attachés à l'histoire et aux valeurs de « l'émigration » dont la plus fondamentale est l'orthodoxie.
Site de l'OLTR - Editorial de Mai 2017 - L'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge

Mais il est une contrée où ces « reliques » ne sont pas oubliées, c'est en Russie, qui a manifesté à plusieurs occasions qu'elle souhaitait maintenant considérer cet héritage comme aussi le sien. C'est, bien entendu, le résultat des efforts de réexamen des séquelles de la révolution et des tentatives de réconciliation après des années de haine. Bien sûr, tout le monde n'est pas d'accord, en Russie, sur le rejet des « acquits » de la période soviétique et sur la réhabilitation de ses victimes. Ce qui est plus étonnant, c'est que, chez nous, aussi, certains s'opposent vivement à cette réconciliation, notamment sur le plan ecclésial.

Le Patriarcat de Moscou a pourtant amplement montré qu'il n'avait aucune velléité de domination. L'accord signé avec l'Eglise orthodoxe russe hors frontières a laissé une large autonomie à cette dernière. Plus près de nous, l'état russe a versé une somme importante à la mairie de Sainte Geneviève des Bois simplement pour éviter que des tombes dont les familles ont disparu ne soient reprises et cela afin de conserver ce haut lieu de l'émigration.

Une collaboration avec L'Archevêché autour de Saint Serge était souhaitée par le patriarcat de Moscou. Mais l'attitude, systématiquement hostile, qu'il a rencontrée a fini par décourager les meilleures volontés.

Peut-être serait-il temps de se rendre compte que cette composante ecclésiale ne peut pas vivre dans l'indépendance de toute l'organisation canonique de l'Eglise orthodoxe comme le souhaitent certains. On a déjà vu à quelles dérives cela peut conduire. Il faudrait explorer de nouveau les voies d'un rapprochement avec le patriarcat de Moscou.

Seraphin Rehbinder

Président de l'OLTR
Mai 2017

Lien Site de OLTR Lire aussi Plusieures publications OLTR sur "PO"
Site de l'OLTR - Editorial de Mai 2017 - L'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Mai 2017 à 08:00 | 45 commentaires | Permalien

Selon le Patriarche, l’Église orthodoxe russe espère développer le dialogue inter-religieux durant le quinquennat d’Emmanuel Macron
Moscou, 10 mai — RIA Novosti.

Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a adressé un message de félicitations à Emmanuel Macron, à l’occasion de son élection à la présidence de la République française, il a exprimé l’espoir que sous son quinquennat se développe le dialogue interculturel et inter-religieux, en l’assurant de la bonne volonté de l’Église orthodoxe russe pour y parvenir.

« Nos concitoyens nourrissent l’espoir que vous assurerez une forte stabilité sociale et économique, maintiendrez les traditions culturelles historiques. Il importe beaucoup aux gens de se sentir protégés de l’extrémisme et du terrorisme », écrit le Patriarche dans le message rendu public par son service de presse.

Le primat de l’Église orthodoxe russe y exprime aussi le souhait que sous le mandat du nouveau président de la République « continue de se développer le dialogue interculturel et inter-religieux pour le renforcement de la paix et la concorde sociale. »

« Je voudrais vous assurer que l’Église orthodoxe russe est toujours ouverte à la coopération en vue de ce bien. Je vous souhaite santé, soutien de Dieu et succès dans votre service à la France et à son peuple, » — conclut le Patriarche.

RIA Traduction "PO"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Mai 2017 à 16:34 | 0 commentaire | Permalien

Que signifie le jeûne pour vous?


S'abstenir de tout aliment pendant la journée, puis prendre un repas frugal le soir 47.14%

S'abstenir de certains types d'aliments sans changer le rythme des repas 42.09%

Manger moins, mais de tout 10.77%


297 votants

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Mai 2017 à 14:59 | 1 commentaire | Permalien

V. Golovanow

Le président de l'OLTR(1), Séraphin Rehbinder, a publié le 1 mai un communiqué qui revient sur la situation inquiétante du fameux Institut de Théologie orthodoxe Saint Serge de Paris . Comme en réponse, mais sans citer l'OLTR, l’Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale publiait le lendemain un communiqué conjoint avec l'ITO mais ce document n'apporte en fait aucune réponse aux inquiétudes manifestées.

RÉPONSE À L'ÉDITORIAL DE L'OLTR

Le texte de Séraphin Rehbinder a le grand mérite de rappeler, à ceux qui ne la connaîtrait pas, l'histoire de la fondation et le grand éclat de ce haut lieu de la théologie orthodoxe pendant un demi-siècle: alors qu'elle était totalement sous le boisseau en URSS et bien faible dans les Balkans pour des raisons historiques, la théologie orthodoxe s'est effectivement épanouie sur cette "colline inspirée" et a permis de faire connaitre l'Orthodoxie en Occident. Et merci Séraphin de bien rappeler que ce fut exclusivement l’œuvre des "émigrés", les premiers "convertis" (au sens du p. Serge Model (2)) arrivant après les ouvriers de la dernière heure pour prolonger une pensée qui avait déjà été largement reprise par ailleurs sans rien apporter de bien original.

Malheureusement, très cher Séraphin, tu ne tiens pas compte des réalités de la situation "hic et nunc": il est bien évident que c'est le patriarcat de Moscou qui a seul les moyens humains et financiers de faire vivre (et non vivoter!) une telle institution comme tu l'écris - il le prouve avec la fondation du séminaire à Épinay, la brillante restauration de la cathédrale de Nice (à comparer avec le piteux état de l'église de Biarritz, où j'étais à Pâques, ou de celle de Cannes...) et, bien entendu, la construction de la somptueuse nouvelle cathédrale à Paris... Mais l'ITO, comme "Daru", ont choisi de refuser toute discussion avec ce partenaire potentiel en refusant, comme tu le sais bien, la main tendue par le patriarche Alexis II il y a prés de 15 ans. Maintenant le train est passé et le patriarcat a assuré sa présence en France en dehors de "Daru" et de très belle façon!

Les raisons de ce refus sont à rechercher bien évidement d'abord dans la position de Constantinople, dont la tutelle sur Daru s'est clairement appesantie comme l'ont montrées les désignations des deux derniers archevêques. Le métropolite Euloge avait pourtant bien vu la nécessité de s'en affranchir en 1946, rappelons le (était-ce trop tôt?), et le Phanar n'avait pas hésité à rejeter Daru en 1965, quand cela l'arrangeait...

Mais il y a aussi cet orgueil immense dont fait preuve l'équipe dirigeante de "Daru" et de l'ITO et qui lui fait croire qu'elle n'a besoin de personne comme le montre ce dernier communiqué. Chers membres de l'OLTR, il faut vous rendre à cette évidence: ils ne vont pas explorer de voies d'un rapprochement avec le patriarcat de Moscou! Ils rêvent toujours des années 1970-80 où "Daru" se voyait prendre la tête d'une Orthodoxie d'Europe occidentale unifiée, comme le promeut toujours la "Fraternité orthodoxe" (http://www.fraternite-orthodoxe.eu/) dont sont issus la plupart de ces dirigeants.

LA REALITE DE L'ORTHODOXIE EN FRANCE


Seulement voilà, la majorité des Orthodoxes n'en veut pas, comme l'ont bien compris et proclamé les Pères du Concile de Crête: "Il a été aussi constaté que durant la présente phase il n’est pas possible, pour des raisons historiques et pastorales, de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église sur cette question, c’est-à-dire qu’il y ait un seul évêque dans un même lieu... "Daru" ne représente plus que 2/5 des Orthodoxes en France approximativement (100 paroisses sur 250), alors que cet Archevêché dominait largement après guerre, avec prés de 80% des paroisses et l'ITO – seul établissement académique orthodoxe en Europe occidentale. Et ne peut compter que sur ces forces là pour continuer à vivoter en prolongeant la baisse inexorablement engagée depuis plus de 50 ans; pendant ce temps les autres juridictions se développent, et le diocèse de Chersonèse de l'Église russe(3) tout particulièrement avec ses croyants majoritairement attachés à leurs racines, son clergé majoritairement importé et ses réalisations prestigieuses. Le déclin mal caché d'un côté, l’expansion visible de l'autre !

Il est certain que la culture occidentale, profondément imprégnée de pensée scolastique et de rationalisme humaniste, est à l'opposé de la spiritualité orthodoxe. Cela n'empêche évidement pas TOUTE conversion, mais elles restent exceptionnelles et négligeables d'un point de vue statistique: de l'ordre de quelques % ("l'épaisseur du trait" pour les statisticiens...). Comme le montrent les recensements dans les pays voisins où la question de la religion n'est pas taboue (Italie, Suisse, Allemagne...), l'irruption soudaine des Orthodoxes, toujours minoritaires mais au moins visibles, reste essentiellement le fait des nouvelles émigrations qui sont venues remplir nos anciennes paroisses péniblement maintenues par les descendants des premiers émigrés.

Parmi les pratiquants réguliers des paroisses de tradition russe que je connais, les descendants des premiers émigrés et les "convertis" font à peu prés jeu égal. Ensemble, ils gardent l’administration et la majorité du clergé (sauf pour le patriarcat de Moscou, où le clergé provient majoritairement de Russie), mais ils sont clairement en minorité face aux nouveaux arrivés. Et la prépondérance des nouveaux arrivés est encore plus marquée parmi les pratiquants "épisodiques" (baptêmes, mariages, enterrements + Pâques pour les plus religieux), qui représentent 70-80% du troupeau et permettent donc une certaine visibilité statistique du fait orthodoxe...

NB: ces éléments factuels sont basées sur la situation des Orthodoxes de traditions russe en France, que je connais, recoupée avec les statistiques des pays voisins. Je serais très intéressé à avoir des informations similaires, mêmes subjectives, sur les autres traditions orthodoxes en Occident. Les rares témoignages que j'ai recueillis semblent montrer une situation semblable, avec peut-être moins de nouveaux arrivants pour la tradition grecque et plus pour les autres (roumaine, serbe...) qui étaient moins présentes dans les premières vagues. Les lecteurs peuvent ils confirmer cette impression?

CONCLUSION: "la sauvegarde de la religion réside dans le corps entier de l'Eglise"

Militer pour une "composante des traditions spirituelles et cultuelles russes", comme le fait l'OLTR me semble aussi utopique que vouloir une juridiction orthodoxe unique, comme la "Fraternité". En revanche, chercher une nouvelle réponse canonique à la volonté affichée par le "Peuple de Dieu" de garder ses différentes traditions spirituelles et culturelles et ses rattachements aux différentes Églises locales, qui sont les gardiennes de ces racines, me semble une voie à explorer "car chez nous la sauvegarde de la religion réside dans le corps entier de l'Eglise, c'est-à-dire dans le Peuple lui-même" comme le proclame "l'Encyclique .des Patriarches Orientaux" (Constantinople, 6 mai 1818, §17, cf. http://www.abitibi-orthodoxe.ca/page7.html.)

Cela demandera la remise en cause des prétentions de Constantinople à se soumettre toute la diaspora et, probablement, une nouvelle lecture du canon "un évêque dans chaque ville". Et la structure de l'OCA (4), avec ses diocèses parallèles albanais, bulgare et roumain, peut proposer une sorte de modèle qui montre concrètement sa viabilité et son acceptabilité par le Peuple de Dieu plus clairement que les différentes "autonomies" (Ukrainiennes, carpato-ruthène …) qui coexistent sous l'omophore de Constantinople…

Notes:
(1) Créé à Paris le 31 mars 2004, le mouvement pour une Orthodoxie Locale de Tradition Russe (OLTR) "a pour objet de contribuer à la promotion de l’Eglise locale en Europe occidentale dans le maintien d’une composante de traditions spirituelles et cultuelles russes" (http://www.oltr.fr/)
(2) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Orthodoxie-occidentale-la-lecon-belge_a1208.html
(3) Cf. http://www.egliserusse.eu/; le diocèse de Chersonèse recouvre les paroisses de l'Église russe en France, Suisse, Espagne et Portugal. Le nombre de ses communautés a plus que quintuplé atteignant maintenant 69, dont 24 en France alors qu'il stagnait, voire régressait pour "Daru"…
(4) Orthodox Church in America, https://oca.org/


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Mai 2017 à 10:11 | 4 commentaires | Permalien

L’Eglise commémorera le Concile de 1917-1918
Le Saint Synode vient d’introduire une nouvelle fête, celle de « La commémoration des Pères du Concile local de 1917-1918 ». C’est ce Concile qui a décidé de rétablir le patriarcat en Russie. La commémoration sera célébrée tous les 18 novembre, date de l’élection de Saint Tikhon au trône patriarcal. Nous célébrerons bientôt le premier centenaire de cet événement historique.

Le père Alexandre Mazyrine, docteur ès-sciences, a précisé : « Le Concile de 1917-1918 est l'évènement le plus marquant dans l’histoire moderne de l’Eglise. Grâce à lui l’union s’est faite au sein de l’Eglise face à la vague de la répression. Le clergé « du rang », les laïcs, ont pu, grâce aux décisions du Concile, prendre part à la gestion des affaires ecclésiales. Tous se sont sentis responsables pour le devenir de l’Eglise. Elu, le patriarche Tikhon est devenu le guide spirituel des croyants, le symbole de son unité, de sa sainteté et de sa conciliarité…

Il aurait été bien plus difficile à l’Eglise de résister à la répression ne fût-ce le Concile. Il convient de rappeler que près de 50 participants du Concile ont été par la suite canonisés en tant que Néomartyrs.

2017 est l’année du centenaire de la révolution. Année plus qu’opportune pour l’instauration d’une telle commémoration, cela d’autant plus que récemment se sont terminés à Moscou les travaux de rénovation de la maison diocésaine, ruelle Likhov, où ont siégé les membres du Concile, une église vient d’y être consacrée.

Interfax Traduction "PO"
L’Eglise commémorera le Concile de 1917-1918

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 6 Mai 2017 à 20:33 | 1 commentaire | Permalien

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