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HOMMAGE A MON FRÈRE MAXIME
Pierre Kovalevsky - 30 Août/12 Septembre 1973.
En tant que seul témoin des vingt cinq premières années de vie et d'activités de mon frère Maxime, je crois de mon devoir d'en dire quelque mots lors de son soixante dixième anniversaire 30 Août 1903-30 Août 1973.
Mon frère est né le jour de Saint Alexandre Nevsky à Saint Petersbourg et tout indiquait qu'il devait porter le nom du patron de la ville qui, consacrée à Saint Pierre l'Apôtre, avait néanmoins en tant que protecteur le héros national, dont les reliques reposaient dans l'archi-abbaye de la capitale.
Nous n'avions cependant d'Alexandre dans la famille et son parrain choisi, oncle de notre père, le sociologue très connu, portait le nom de Maxime. Ce nom était fréquemment donné dans la famille Kovalevsky depuis le XVIIIe siècle.
Vu que Maxime Kovalevsky habitait la France, Paris et Beaulieu-sur-Mer, on eut recours à un parrain supplémentaire, le cousin de notre père le professeur Eugène Markov, géographe réputé, avec qui notre père avait fait en 1888 l'ascension du Mont Ararat. Maxime eut donc exceptionnellement deux parrains. Maxime Kovalevsky rentra en Russie en 1904, mais l’oncle Eugène resta néanmoins parrain.
Pierre Kovalevsky - 30 Août/12 Septembre 1973.
En tant que seul témoin des vingt cinq premières années de vie et d'activités de mon frère Maxime, je crois de mon devoir d'en dire quelque mots lors de son soixante dixième anniversaire 30 Août 1903-30 Août 1973.
Mon frère est né le jour de Saint Alexandre Nevsky à Saint Petersbourg et tout indiquait qu'il devait porter le nom du patron de la ville qui, consacrée à Saint Pierre l'Apôtre, avait néanmoins en tant que protecteur le héros national, dont les reliques reposaient dans l'archi-abbaye de la capitale.
Nous n'avions cependant d'Alexandre dans la famille et son parrain choisi, oncle de notre père, le sociologue très connu, portait le nom de Maxime. Ce nom était fréquemment donné dans la famille Kovalevsky depuis le XVIIIe siècle.
Vu que Maxime Kovalevsky habitait la France, Paris et Beaulieu-sur-Mer, on eut recours à un parrain supplémentaire, le cousin de notre père le professeur Eugène Markov, géographe réputé, avec qui notre père avait fait en 1888 l'ascension du Mont Ararat. Maxime eut donc exceptionnellement deux parrains. Maxime Kovalevsky rentra en Russie en 1904, mais l’oncle Eugène resta néanmoins parrain.
Comme marraine de Maxime fut choisie une grande amie de notre mère, Madame Sophie Davydov, née de Goyer, Présidente de la Société d'Encouragement de l'Enseignement Professionnel Féminin et membre du Conseil d'Instruction Publique.
La tradition de notre famille, moitié militaire, moitié académique, demandait qu'au moins un des fils dans chaque génération soit militaire. Maxime et mon frère Eugraph furent par conséquent inscrits sur la liste de candidats au Corps des Pages, - le Saint-Cyr russe, réservé aux fils de militaires haut gradés. Vu que notre grand père Pierre Kovalevsky (1826-1893) était général, il n'y eut pas de difficultés et, après avoir commencé ses études secondaires dans le corps de cadets Alexandre II à St Petersbourg, Maxime passa pour les classes supérieures dans l'école célèbre, installée au Palais Vorontsov, ancien siège des chevaliers de Malte. Il fut constamment premier et resta dans cette école jusqu'à la fermeture définitive en Mai 1918.
Sur la préparation littéraire et scientifique ainsi que sur nos études à la maison sous la direction de notre mère, Maxime a parlé en détails dans les pages consacrées à notre frère Eugraph (évêque Jean) dans le Mémorial consacré à ce dernier (Paris 1971). Je n'y reviens donc pas.
A coté de la préparation scientifique et humaniste notre mère voulut nous donner une instruction musicale. On avait organisé chez nous un cours de danses, dirigé par une maîtresse expérimentée et des leçons de chant et de piano que réglait Madame Marie Tchernosvitov, la femme d'un des collègues de notre père à la Douma. Maxime et moi nous jouions du piano et Eugraph du violon. SUITE
La tradition de notre famille, moitié militaire, moitié académique, demandait qu'au moins un des fils dans chaque génération soit militaire. Maxime et mon frère Eugraph furent par conséquent inscrits sur la liste de candidats au Corps des Pages, - le Saint-Cyr russe, réservé aux fils de militaires haut gradés. Vu que notre grand père Pierre Kovalevsky (1826-1893) était général, il n'y eut pas de difficultés et, après avoir commencé ses études secondaires dans le corps de cadets Alexandre II à St Petersbourg, Maxime passa pour les classes supérieures dans l'école célèbre, installée au Palais Vorontsov, ancien siège des chevaliers de Malte. Il fut constamment premier et resta dans cette école jusqu'à la fermeture définitive en Mai 1918.
Sur la préparation littéraire et scientifique ainsi que sur nos études à la maison sous la direction de notre mère, Maxime a parlé en détails dans les pages consacrées à notre frère Eugraph (évêque Jean) dans le Mémorial consacré à ce dernier (Paris 1971). Je n'y reviens donc pas.
A coté de la préparation scientifique et humaniste notre mère voulut nous donner une instruction musicale. On avait organisé chez nous un cours de danses, dirigé par une maîtresse expérimentée et des leçons de chant et de piano que réglait Madame Marie Tchernosvitov, la femme d'un des collègues de notre père à la Douma. Maxime et moi nous jouions du piano et Eugraph du violon. SUITE
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 2 Juin 2018 à 08:24
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IRENIKON/ № 2 - Revue des Moines de Chevetogne
Pionnier du renouveau patristique orthodoxe, l’archevêque russe Basile Krivocheine (1900-1985) est surtout connu en tant que spécialiste de Syméon le Nouveau Théologien. Mais son « premier amour » fut Grégoire Palamas. Dès 1936, Krivocheine publiera une étude remarquée sur le docteur de l’hésychasme byzantin.
S’efforçant de répondre aux critiques modernes du « palamisme », Krivocheine explique que la distinction palamite entre l’essence et les énergies divines doit être « comprise comme ayant un caractère ontologique, objectif », mais sans introduire de complexité en Dieu, les énergies « n’étant pas des réalités hypostatiques » mais Dieu « dans son activité et sa révélation au monde ».
Considérant Palamas comme l’expression la plus aboutie de la spiritualité orthodoxe, le futur Mgr Basile affirme que sa pensée peut fonder théologiquement l’expérience spirituelle, « puisque ce n’est qu’en partant de cette doctrine que l’on peut affirmer de façon cohérente la réalité de la communion entre Dieu et l’homme et de la déification, sans tomber dans une confusion panthéiste entre le Créateur et la créature ». S. Model synthétise l’approche de Palamas par Krivocheinе, avant de répondre à la question : « Y a-t-il un palamisme Кrivochéiniene ? ».
Pionnier du renouveau patristique orthodoxe, l’archevêque russe Basile Krivocheine (1900-1985) est surtout connu en tant que spécialiste de Syméon le Nouveau Théologien. Mais son « premier amour » fut Grégoire Palamas. Dès 1936, Krivocheine publiera une étude remarquée sur le docteur de l’hésychasme byzantin.
S’efforçant de répondre aux critiques modernes du « palamisme », Krivocheine explique que la distinction palamite entre l’essence et les énergies divines doit être « comprise comme ayant un caractère ontologique, objectif », mais sans introduire de complexité en Dieu, les énergies « n’étant pas des réalités hypostatiques » mais Dieu « dans son activité et sa révélation au monde ».
Considérant Palamas comme l’expression la plus aboutie de la spiritualité orthodoxe, le futur Mgr Basile affirme que sa pensée peut fonder théologiquement l’expérience spirituelle, « puisque ce n’est qu’en partant de cette doctrine que l’on peut affirmer de façon cohérente la réalité de la communion entre Dieu et l’homme et de la déification, sans tomber dans une confusion panthéiste entre le Créateur et la créature ». S. Model synthétise l’approche de Palamas par Krivocheinе, avant de répondre à la question : « Y a-t-il un palamisme Кrivochéiniene ? ».
A pioneer of the Orthodox patristic revival, Russian archbishop Basil Krivosheine (1900-1985) is best known as a specialist on Symeon the New Theologian. But his 'first love' was Gregory Palamas. As early as 1936, Krivoshein published a well-received study of the doctor of Byzantine hesychasm.
Striving to respond to modern criticism of 'Palamism', Krivoshein explains that the Palamite distinction between the divine essence and the divine energies must be 'understood as having an ontological, objective character', but without introducing complexity into God, the energies 'not being hypostatic realities' but God 'in his activity in and his revelation to the world'. Considering Palamas as the most perfect expression of Orthodox spirituality, the future Bishop Basil affirms that his thought can provide theological grounding to the spiritual experience, 'since it is only on the basis of this doctrine that one can coherently affirm the reality of the communion between God and man and of deification without falling into a pantheistic confusion between the Creator and the creature'. S. Model synthesizes Krivochein's approach to Palamas, before answering the question: 'Is there a speficially Krivosheinian Palamism?'
Striving to respond to modern criticism of 'Palamism', Krivoshein explains that the Palamite distinction between the divine essence and the divine energies must be 'understood as having an ontological, objective character', but without introducing complexity into God, the energies 'not being hypostatic realities' but God 'in his activity in and his revelation to the world'. Considering Palamas as the most perfect expression of Orthodox spirituality, the future Bishop Basil affirms that his thought can provide theological grounding to the spiritual experience, 'since it is only on the basis of this doctrine that one can coherently affirm the reality of the communion between God and man and of deification without falling into a pantheistic confusion between the Creator and the creature'. S. Model synthesizes Krivochein's approach to Palamas, before answering the question: 'Is there a speficially Krivosheinian Palamism?'
IRENIKON
Irénikon, revue œcuménique trimestrielle des moines de Chevetogne intimement liée à la fondation et à l’histoire du monastère.
Depuis presque huit décennies, elle offre des études historiques, théologiques, spirituelles ou monastiques afin de mettre en commun les richesses de la Tradition dont vivent toutes les églises d’Orient et d’Occident et de promouvoir ainsi une estime réciproque, premier pas vers un dialogue sérieux entre églises. Dans une chronique unique en son genre, Irénikon informe également chaque trimestre ses lecteurs des événements qui ont marqué la vie des différentes églises et des dialogues ou rencontres officielles entre églises. En outre, un éditorial et des recensions d’ouvrages récemment parus rendent compte de l’actualité œcuménique et théologique.
Irénikon paraît tous les trois mois. L’abonnement annuel donne donc droit à quatre numéros.
Le montant de l’abonnement est le suivant:
pour la Belgique et tout pays en Europe: € 53,00
autres pays: € 58, 50
numéros séparés: € 13, 25
Lire Le monastère de Chevetogne est unique en son genre: un pont entre l’Orient et l’Occident
Irénikon, revue œcuménique trimestrielle des moines de Chevetogne intimement liée à la fondation et à l’histoire du monastère.
Depuis presque huit décennies, elle offre des études historiques, théologiques, spirituelles ou monastiques afin de mettre en commun les richesses de la Tradition dont vivent toutes les églises d’Orient et d’Occident et de promouvoir ainsi une estime réciproque, premier pas vers un dialogue sérieux entre églises. Dans une chronique unique en son genre, Irénikon informe également chaque trimestre ses lecteurs des événements qui ont marqué la vie des différentes églises et des dialogues ou rencontres officielles entre églises. En outre, un éditorial et des recensions d’ouvrages récemment parus rendent compte de l’actualité œcuménique et théologique.
Irénikon paraît tous les trois mois. L’abonnement annuel donne donc droit à quatre numéros.
Le montant de l’abonnement est le suivant:
pour la Belgique et tout pays en Europe: € 53,00
autres pays: € 58, 50
numéros séparés: € 13, 25
Lire Le monastère de Chevetogne est unique en son genre: un pont entre l’Orient et l’Occident
• L'archevêoe Basile Krivochéine et la redécouverte de Grégoire Palamas.
Serge Model
163-193
• Les pentecôtistes et l'oecuménisme que viendra.
Carmine Napolitano
194-214
• Déclaration commune du pape François et du patriarche Tawadros II (Le Caire, 28 avril 2017).
215-219
• Declaration de foi de l'Église protestante unie de France (lille, 25-28 mai 2017)
Serge Model
163-193
• Les pentecôtistes et l'oecuménisme que viendra.
Carmine Napolitano
194-214
• Déclaration commune du pape François et du patriarche Tawadros II (Le Caire, 28 avril 2017).
215-219
• Declaration de foi de l'Église protestante unie de France (lille, 25-28 mai 2017)
Il y a plus de 2 mois, notre président, Séraphin Rehbinder était rappelé à Dieu.
Mémoire éternelle ! Puisse le Seigneur recevoir en Son Royaume ce serviteur infatigable et dévoué à son Eglise.
Pour nous, désormais, les choses sont différentes. Au-delà de la peine que nous avons ressentie, c’est aussi une très grande perte que nous subissons. Notre association OLTR se retrouve privée de ce guide si précieux et si clairvoyant. Une réflexion de fond sur notre avenir a été engagée.
Il nous semble indispensable de conserver la substance des idées que nous avons toujours prônées, d’apporter notre point de vue, de partager nos réflexions ou de susciter, éventuellement, de nouveaux débats.
Mémoire éternelle ! Puisse le Seigneur recevoir en Son Royaume ce serviteur infatigable et dévoué à son Eglise.
Pour nous, désormais, les choses sont différentes. Au-delà de la peine que nous avons ressentie, c’est aussi une très grande perte que nous subissons. Notre association OLTR se retrouve privée de ce guide si précieux et si clairvoyant. Une réflexion de fond sur notre avenir a été engagée.
Il nous semble indispensable de conserver la substance des idées que nous avons toujours prônées, d’apporter notre point de vue, de partager nos réflexions ou de susciter, éventuellement, de nouveaux débats.
Nous avons toujours, au cœur de nos préoccupations, l’indispensable contribution de l’orthodoxie locale de tradition russe au service de l’Eglise, ici en France et en Europe occidentale. Pour nous, cette voie est incontournable et notre rôle est d’en soutenir toutes les expressions. A partir de ce constat, nous avons défini les orientations ou les formes que nous voulons, maintenant, donner à notre action.
Dans un premier temps, il nous paraît indispensable de bien préserver l’ensemble de nos travaux. Dans ce but, nous maintenons l’activité de notre site www.oltr.fr. Nous envisageons, aussi, la publication des documents disponibles sur ce site.
Nous adaptons notre mode de fonctionnement à ces nouveaux objectifs. Pour ce faire, les membres actifs de notre mouvement m’ont sollicité pour assurer la charge de Président de notre association. Puisse notre mouvement être fidèle à son engagement.
Gueorguy von ROSENSCHILD
Président de l’OLTR
Lire aussi OLTR sur "PO"
Dans un premier temps, il nous paraît indispensable de bien préserver l’ensemble de nos travaux. Dans ce but, nous maintenons l’activité de notre site www.oltr.fr. Nous envisageons, aussi, la publication des documents disponibles sur ce site.
Nous adaptons notre mode de fonctionnement à ces nouveaux objectifs. Pour ce faire, les membres actifs de notre mouvement m’ont sollicité pour assurer la charge de Président de notre association. Puisse notre mouvement être fidèle à son engagement.
Gueorguy von ROSENSCHILD
Président de l’OLTR
Lire aussi OLTR sur "PO"
Pour sa onzième édition, le Prix Panorama-La Procure du livre de spiritualité est décerné à Comme l'éclair part de l'Orient d'Alexandre Siniakov (paru aux Éditions Salvator en août 2017).
Selon le site de La Procure, le "jury a tenu à distinguer le témoignage de ce jeune religieux orthodoxe russe né en 1981, dont la singularité mérite d'être saluée. Itinéraire d'un prêtre entre l'Orient et l'Occident chrétien, méditation profonde sur les enjeux spirituels de notre temps, cet ouvrage très personnel est tissé dans une langue virtuose qui nous emporte dès les premières pages.
Selon le site de La Procure, le "jury a tenu à distinguer le témoignage de ce jeune religieux orthodoxe russe né en 1981, dont la singularité mérite d'être saluée. Itinéraire d'un prêtre entre l'Orient et l'Occident chrétien, méditation profonde sur les enjeux spirituels de notre temps, cet ouvrage très personnel est tissé dans une langue virtuose qui nous emporte dès les premières pages.
Le jury a été impressionné par la maîtrise de cet autodidacte qui a appris, seul, à parler et à écrire le français, guidé par sa passion littéraire. Ce livre signe sans nul doute l'acte de naissance d'un véritable auteur de spiritualité".
Le métropolite Hilarion estime: « Que le discours à propos du projet de la création d’une prétendue Eglise locale en Ukraine mentionne malheureusement un autre groupe, celui des gréco-catholiques ukrainiens avec à leur tête l’archevêque Sviatoslav (Shevtchuk).
Celui-ci à plus d’une fois dit qu’il soutenait la création d’une Eglise locale unie d’Ukraine. Il précise que l’unité de cette Eglise doit se fonder sur le successeur de l’apôtre Pierre, c’est-à-dire le pape de Rome.
Il s’agît là d’attirer les orthodoxes d’Ukraine vers l’église uniate. Trois groupes soutiennent ce projet : les autorités laïques, les entités schismatiques et les gréco-catholiques. Ce genre de tentatives avait été déjà entrepris dans le passé ».
Lien et "PO"
Lire aussi Un changement de position des Gréco-catholiques?
***
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk : Ce n’est pas aux autorités civiles de dicter à l’Église quelles formes d’existence elle doit choisir >>>>
Celui-ci à plus d’une fois dit qu’il soutenait la création d’une Eglise locale unie d’Ukraine. Il précise que l’unité de cette Eglise doit se fonder sur le successeur de l’apôtre Pierre, c’est-à-dire le pape de Rome.
Il s’agît là d’attirer les orthodoxes d’Ukraine vers l’église uniate. Trois groupes soutiennent ce projet : les autorités laïques, les entités schismatiques et les gréco-catholiques. Ce genre de tentatives avait été déjà entrepris dans le passé ».
Lien et "PO"
Lire aussi Un changement de position des Gréco-catholiques?
***
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk : Ce n’est pas aux autorités civiles de dicter à l’Église quelles formes d’existence elle doit choisir >>>>
Le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a donné une interview au correspondant de la chaîne de télévision « NTV », dans laquelle il a parlé de la situation en Ukraine et de l’initiative prise par les autorités ukrainiennes en vue d’ériger une Église autocéphale dans ce pays.
Jusqu’à quel point est-il correct que le président d’un pays et des structures non canoniques s’adressent à Constantinople, à Sa Sainteté le patriarche Bartholomée en personne, pour résoudre la question de l’autocéphalie en Ukraine ?
- L’octroi de l’autocéphalie, ainsi que toute autre question interne à l’Église, ne peut pas résulter de l’initiative des pouvoirs civils. Dans la société actuelle, dans des pays comme la Russie, l’Ukraine, dans la majorité des autres pays, l’Église est séparée de l’état : elle décide elle-même comme résoudre ses propres problèmes, comment déterminer son statut. Ce n’est pas aux autorités civiles de dicter à l’Église ses formes d’existence, ni quelle doit être sa structure administrative.
La majorité absolue des orthodoxes d’Ukraine dépend de l’Église orthodoxe ukrainienne, la seule Église orthodoxe canonique du pays. Cela représente plus de 12 000 paroisses, plus de 200 monastères, ce sont des millions de fidèles. Ces fidèles n’ont pas demandé au président ukrainien, ni au patriarche de Constantinople, de leur octroyer l’autocéphalie.
Ce sont deux structures schismatiques qui en ont fait la demande : l’une est présidée par l’ex-métropolite de Kiev Philarète (Denissenko), la seconde par un autre leader schismatique. Ces deux structures demandent au patriarche Bartholomée de reconnaître l’autocéphalie de leur Église. Mais la majorité absolue des orthodoxes d’Ukraine n’est pas comprise dans ce projet, qui est initié et soutenu par les autorités civiles d’Ukraine, et ce n’est pas la première fois. Des tentatives dans le même sens avaient été entreprises il y a dix ans, à la veille du 1020e anniversaire du baptême de la Russie.
Cela fait plus de 25 ans qu’il existe un schisme en Ukraine. A l’époque, il avait été soutenu par les pouvoirs ukrainiens. C’est précisément grâce au soutien des autorités civiles que le schisme existe toujours. Sans leur soutien, il aurait depuis longtemps désenflé, comme c’est souvent arrivé dans le cas d’autres schismes dans l’histoire de l’Église.
Suite
Jusqu’à quel point est-il correct que le président d’un pays et des structures non canoniques s’adressent à Constantinople, à Sa Sainteté le patriarche Bartholomée en personne, pour résoudre la question de l’autocéphalie en Ukraine ?
- L’octroi de l’autocéphalie, ainsi que toute autre question interne à l’Église, ne peut pas résulter de l’initiative des pouvoirs civils. Dans la société actuelle, dans des pays comme la Russie, l’Ukraine, dans la majorité des autres pays, l’Église est séparée de l’état : elle décide elle-même comme résoudre ses propres problèmes, comment déterminer son statut. Ce n’est pas aux autorités civiles de dicter à l’Église ses formes d’existence, ni quelle doit être sa structure administrative.
La majorité absolue des orthodoxes d’Ukraine dépend de l’Église orthodoxe ukrainienne, la seule Église orthodoxe canonique du pays. Cela représente plus de 12 000 paroisses, plus de 200 monastères, ce sont des millions de fidèles. Ces fidèles n’ont pas demandé au président ukrainien, ni au patriarche de Constantinople, de leur octroyer l’autocéphalie.
Ce sont deux structures schismatiques qui en ont fait la demande : l’une est présidée par l’ex-métropolite de Kiev Philarète (Denissenko), la seconde par un autre leader schismatique. Ces deux structures demandent au patriarche Bartholomée de reconnaître l’autocéphalie de leur Église. Mais la majorité absolue des orthodoxes d’Ukraine n’est pas comprise dans ce projet, qui est initié et soutenu par les autorités civiles d’Ukraine, et ce n’est pas la première fois. Des tentatives dans le même sens avaient été entreprises il y a dix ans, à la veille du 1020e anniversaire du baptême de la Russie.
Cela fait plus de 25 ans qu’il existe un schisme en Ukraine. A l’époque, il avait été soutenu par les pouvoirs ukrainiens. C’est précisément grâce au soutien des autorités civiles que le schisme existe toujours. Sans leur soutien, il aurait depuis longtemps désenflé, comme c’est souvent arrivé dans le cas d’autres schismes dans l’histoire de l’Église.
Suite
L’église Sainte Thècle à Maaloula, province de Damas /Syrie/, qui avait détruite par les combattants de DAESH sera bientôt entièrement reconstruite. Le père Ilias, recteur de l’église, a dit aux médias :
« En décembre 2013 les moniales du monastère Sainte Thècle avaient été capturées par les combattants de DAESH. En mars 2014 elles avaient été échangées contre des membres des familles des terroristes. Sous peu la ville avait été libérée par des unités gouvernementales syriennes.
Les terroristes avaient détruits et profané de nombreux sanctuaires chrétiens. Dès que le territoire a été libéré de leur emprise nous nous sommes mis à la reconstruction. Il ne nous reste aujourd’hui qu’à meubler les cellules. Dans un mois les sœurs pourront réintégrer les monastères où les offices quotidiens auront repris. La population de la ville consiste pour les deux tiers de chrétiens appartenant à diverses confessions. Les offices sont également célébrés en araméen. ».
« En décembre 2013 les moniales du monastère Sainte Thècle avaient été capturées par les combattants de DAESH. En mars 2014 elles avaient été échangées contre des membres des familles des terroristes. Sous peu la ville avait été libérée par des unités gouvernementales syriennes.
Les terroristes avaient détruits et profané de nombreux sanctuaires chrétiens. Dès que le territoire a été libéré de leur emprise nous nous sommes mis à la reconstruction. Il ne nous reste aujourd’hui qu’à meubler les cellules. Dans un mois les sœurs pourront réintégrer les monastères où les offices quotidiens auront repris. La population de la ville consiste pour les deux tiers de chrétiens appartenant à diverses confessions. Les offices sont également célébrés en araméen. ».
Olga Potapova, guide et historienne, a précisé :
« Il est très important de rétablir les infrastructures de cette petite ville. Avant le conflit ce sont essentiellement les pèlerins et les touristes qui nous faisaient vivre. Maintenant personne ne vient plus. La Syrie a, enfin, recouvert pour l’essentiel le bonheur de la paix. C’est une joie pout le christianisme de l’Orient »
Lien Traduction «PO»
« Il est très important de rétablir les infrastructures de cette petite ville. Avant le conflit ce sont essentiellement les pèlerins et les touristes qui nous faisaient vivre. Maintenant personne ne vient plus. La Syrie a, enfin, recouvert pour l’essentiel le bonheur de la paix. C’est une joie pout le christianisme de l’Orient »
Lien Traduction «PO»
V.G. Un prêtre a répondu à ma question sur le "divorce religieux" en m'envoyant le chapitre suivant du livre du p. Jean Mayendorff sur le mariage* avec le commentaire suivant:
"Tu verras que l'appréhension du mariage chrétien par les gens est loin de l'enseignement de l'Eglise.
Ce qu'il faut retenir, me semble-t-il, c'est que les jeunes qui se marient demandent à Dieu de leur accorder une grâce particulière pour la vie commune et, comme conséquence de cette grâce reçue, ils doivent grandir en spiritualité et faire fructifier leur amour - ce qui demande de l'humilité, des efforts, de l'abnégation...
D'autre part, le mariage chrétien est unique et contracté pour l'éternité, mais l'Eglise connait la faiblesse de l'être humain et admet que l'amour peut s'épuiser et même disparaître."
NB: les passages en gras dans le texte sont de mon ami prêtre. J'ai rajouté des sous-titres pour faciliter la lecture
"Tu verras que l'appréhension du mariage chrétien par les gens est loin de l'enseignement de l'Eglise.
Ce qu'il faut retenir, me semble-t-il, c'est que les jeunes qui se marient demandent à Dieu de leur accorder une grâce particulière pour la vie commune et, comme conséquence de cette grâce reçue, ils doivent grandir en spiritualité et faire fructifier leur amour - ce qui demande de l'humilité, des efforts, de l'abnégation...
D'autre part, le mariage chrétien est unique et contracté pour l'éternité, mais l'Eglise connait la faiblesse de l'être humain et admet que l'amour peut s'épuiser et même disparaître."
NB: les passages en gras dans le texte sont de mon ami prêtre. J'ai rajouté des sous-titres pour faciliter la lecture
Père Jean Meyendorff
Un sacrement qui appartient à la vie éternelle du royaume de Dieu
Le mariage est un sacrement conféré aux partenaires dans le corps de l'Église par l'intermédiaire de la bénédiction du prêtre; comme n'importe quel sacrement, il appartient à la vie éternelle du royaume de Dieu ; pour cette raison, il n'est pas dissout par la mort de l'un des partenaires (comme l’enseigne l’Eglise catholique), mais crée entre eux, s'ils le désirent et « si cela leur est donné » (Matthieu 19, 11), un lien éternel. En tant que sacrement, le mariage n'est pas un acte magique, mais un don de la grâce. Les partenaires, étant des êtres humains, peuvent avoir fait une erreur en sollicitant la grâce du mariage, alors qu'ils n'étaient pas prêts pour la recevoir ; ou bien ils peuvent être incapables de faire fructifier cette grâce durant toute leur vie.
Dans ces cas, l'Église peut admettre que la grâce n'a pas été « reçue » ou perdue et enfouit sous le boisseau, accepter la séparation et permettre le remariage. Mais, bien évidemment, elle n'encourage jamais les remariages
Nous avons vu cela même pour les veuves — à cause du caractère éternel du lien matrimonial ; mais elle les tolère seulement lorsque, dans des cas concrets, ils apparaissent comme la meilleure solution pour un individu donné.
La condamnation du divorce, répétée à plusieurs reprises par le Christ Lui-même, est bien connue : « En raison de votre dureté de cœur, Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès l'origine il n'en fut pas ainsi. Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme sauf pour fornication — et en épouse une autre, commet un adultère » (Matthieu 19, 8-9 ; cf. 5, 31-32 ; Marc 10, 2-9; Luc 16, 18).
Lire aussi Mariage, célibat et vie monastique par le père Jean Meyendorff
Comment l'Église a-t-elle répondu à l'attitude du Nouveau Testament ? Les Pères, dans leur grande majorité, suivirent saint Paul, décourageant toute forme de remariage, soit après un veuvage, soit après un divorce. Athënagoras, philosophe athénien converti, qui écrivit une Apologie des Chrétiens vers 177, est le porte-parole de tous les Pères de l'Église primitive, lorsque, appliquant expressément le terme « adultère » à une personne divorcée et remariée, il ajoute également que « celui qui se sépare de sa première femme est d'une certaine manière aussi adultère, même si celle-ci meurt » (PG 6, col. 968).
Un sacrement qui appartient à la vie éternelle du royaume de Dieu
Le mariage est un sacrement conféré aux partenaires dans le corps de l'Église par l'intermédiaire de la bénédiction du prêtre; comme n'importe quel sacrement, il appartient à la vie éternelle du royaume de Dieu ; pour cette raison, il n'est pas dissout par la mort de l'un des partenaires (comme l’enseigne l’Eglise catholique), mais crée entre eux, s'ils le désirent et « si cela leur est donné » (Matthieu 19, 11), un lien éternel. En tant que sacrement, le mariage n'est pas un acte magique, mais un don de la grâce. Les partenaires, étant des êtres humains, peuvent avoir fait une erreur en sollicitant la grâce du mariage, alors qu'ils n'étaient pas prêts pour la recevoir ; ou bien ils peuvent être incapables de faire fructifier cette grâce durant toute leur vie.
Dans ces cas, l'Église peut admettre que la grâce n'a pas été « reçue » ou perdue et enfouit sous le boisseau, accepter la séparation et permettre le remariage. Mais, bien évidemment, elle n'encourage jamais les remariages
Nous avons vu cela même pour les veuves — à cause du caractère éternel du lien matrimonial ; mais elle les tolère seulement lorsque, dans des cas concrets, ils apparaissent comme la meilleure solution pour un individu donné.
La condamnation du divorce, répétée à plusieurs reprises par le Christ Lui-même, est bien connue : « En raison de votre dureté de cœur, Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès l'origine il n'en fut pas ainsi. Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme sauf pour fornication — et en épouse une autre, commet un adultère » (Matthieu 19, 8-9 ; cf. 5, 31-32 ; Marc 10, 2-9; Luc 16, 18).
Lire aussi Mariage, célibat et vie monastique par le père Jean Meyendorff
Comment l'Église a-t-elle répondu à l'attitude du Nouveau Testament ? Les Pères, dans leur grande majorité, suivirent saint Paul, décourageant toute forme de remariage, soit après un veuvage, soit après un divorce. Athënagoras, philosophe athénien converti, qui écrivit une Apologie des Chrétiens vers 177, est le porte-parole de tous les Pères de l'Église primitive, lorsque, appliquant expressément le terme « adultère » à une personne divorcée et remariée, il ajoute également que « celui qui se sépare de sa première femme est d'une certaine manière aussi adultère, même si celle-ci meurt » (PG 6, col. 968).
Divorce accepté en Orient et en Occident, jusqu'au Moyen Age.
Mais en même temps, l'Église n'a jamais considéré la Bible comme un ensemble de prescriptions légales que la société terrestre pourrait adopter du jour au lendemain. La foi chrétienne est un engagement personnel, une attente assurée de la venue du Royaume. Elle suppose toujours une lutte personnelle et continue contre le péché. Elle ne peut jamais être réduite à un système d’ « obligations » légales ou de simples « devoirs ».
Ainsi l’Empire chrétien a-t-il continué d’admettre le divorce et le remariage en tant qu'institution sociale normale. Les lois des empereurs chrétiens, en particulier et Justinien, ont défini les différentes raisons et conditions légales selon lesquelles divorce et remariage étaient permis. Il nous est impossible ici de les énumérer toutes.
Il sera suffisant de dire qu'elles étaient relativement clémentes. Le divorce par consentement mutuel fut toléré jusqu'à ce qu'une loi, édictée par l'empereur Théodose II en 449 l'interdise ; mais il fut à nouveau autorisé par Justin II en 566. La loi de Justin II ne fut abrogée qu'au VIIIe siècle. Pendant toute cette période, le divorce, avec le droit de se remarier, fut accordé non seulement pour cause d'adultère, mais aussi pour des raisons telles que trahison politique, projet de meurtre, disparition de cinq ans ou plus, accusation d'adultère injustifiée et finalement vœux monastiques de l'un des conjoints.
Aucun Père de l'Église ne dénonça ces lois comme contraires au christianisme. Unanimement les décrets impériaux étaient considérés comme obligatoires. Des empereurs, entre autres Justinien Ier, essayèrent sincèrement d'élaborer une législation inspirée du christianisme et pour la rédiger, prirent des conseils éclairés auprès d'évêques et de théologiens.
Parmi ces derniers, beaucoup s'opposèrent à la volonté impériale, lorsqu'elle enfreignait les lois de l'orthodoxie chrétienne ; mais aucun ne s'opposa à la législation sur le divorce. Beaucoup, au contraire, considérèrent cette législation comme un fait acquis : «Celui qui ne peut pas rester chaste après la mort de sa première femme, écrit saint Épiphane de Chypre (t 403), ou qui s'est séparé de sa femme pour un motif valable, comme la fornication, l'adultère ou tout autre méfait, s'il prend une autre femme ou si la femme prend un autre mari, n'est pas condamné par la parole divine, ni exclu de l'Église ou de la vie ; mais cela est toléré à cause de sa faiblesse» ("Contre les hérésies", 69, PG 41, col. 1024 C-1025 A).
Des exhortations pastorales innombrables continuaient à montrer que le divorce est un péché. Mais il est évident que l'existence même de ces lois, de ces «états de fait», était acceptée en orient aussi bien qu'en occident, jusqu'au Moyen Age.
Était-ce simplement du laxisme, ou une capitulation ? Certainement pas. Pendant toute cette période, sans exception aucune, l'Église resta fidèle à la norme fixée par la révélation du Nouveau Testament : seul le premier et unique mariage était béni à l'Église pendant l'Eucharistie.
Mais en même temps, l'Église n'a jamais considéré la Bible comme un ensemble de prescriptions légales que la société terrestre pourrait adopter du jour au lendemain. La foi chrétienne est un engagement personnel, une attente assurée de la venue du Royaume. Elle suppose toujours une lutte personnelle et continue contre le péché. Elle ne peut jamais être réduite à un système d’ « obligations » légales ou de simples « devoirs ».
Ainsi l’Empire chrétien a-t-il continué d’admettre le divorce et le remariage en tant qu'institution sociale normale. Les lois des empereurs chrétiens, en particulier et Justinien, ont défini les différentes raisons et conditions légales selon lesquelles divorce et remariage étaient permis. Il nous est impossible ici de les énumérer toutes.
Il sera suffisant de dire qu'elles étaient relativement clémentes. Le divorce par consentement mutuel fut toléré jusqu'à ce qu'une loi, édictée par l'empereur Théodose II en 449 l'interdise ; mais il fut à nouveau autorisé par Justin II en 566. La loi de Justin II ne fut abrogée qu'au VIIIe siècle. Pendant toute cette période, le divorce, avec le droit de se remarier, fut accordé non seulement pour cause d'adultère, mais aussi pour des raisons telles que trahison politique, projet de meurtre, disparition de cinq ans ou plus, accusation d'adultère injustifiée et finalement vœux monastiques de l'un des conjoints.
Aucun Père de l'Église ne dénonça ces lois comme contraires au christianisme. Unanimement les décrets impériaux étaient considérés comme obligatoires. Des empereurs, entre autres Justinien Ier, essayèrent sincèrement d'élaborer une législation inspirée du christianisme et pour la rédiger, prirent des conseils éclairés auprès d'évêques et de théologiens.
Parmi ces derniers, beaucoup s'opposèrent à la volonté impériale, lorsqu'elle enfreignait les lois de l'orthodoxie chrétienne ; mais aucun ne s'opposa à la législation sur le divorce. Beaucoup, au contraire, considérèrent cette législation comme un fait acquis : «Celui qui ne peut pas rester chaste après la mort de sa première femme, écrit saint Épiphane de Chypre (t 403), ou qui s'est séparé de sa femme pour un motif valable, comme la fornication, l'adultère ou tout autre méfait, s'il prend une autre femme ou si la femme prend un autre mari, n'est pas condamné par la parole divine, ni exclu de l'Église ou de la vie ; mais cela est toléré à cause de sa faiblesse» ("Contre les hérésies", 69, PG 41, col. 1024 C-1025 A).
Des exhortations pastorales innombrables continuaient à montrer que le divorce est un péché. Mais il est évident que l'existence même de ces lois, de ces «états de fait», était acceptée en orient aussi bien qu'en occident, jusqu'au Moyen Age.
Était-ce simplement du laxisme, ou une capitulation ? Certainement pas. Pendant toute cette période, sans exception aucune, l'Église resta fidèle à la norme fixée par la révélation du Nouveau Testament : seul le premier et unique mariage était béni à l'Église pendant l'Eucharistie.
Les conditions du remariage
Nous avons vu plus haut que les second et troisième mariages, après veuvage, étaient conclus lors d'une cérémonie civile seulement et entraînaient une pénitence de un à cinq ans d'excommunication.
Après cette période de pénitence, le couple était à nouveau considéré comme membre à part entière de l'Église. Une pénitence plus longue était requise des divorcés remariés, soit sept ans : «Celui qui quitte la femme qui lui a été donnée et en prend une autre, est coupable d'adultère selon les paroles du Christ. Et nos Pères l'ont fait savoir par des décrets : ceux qui agissent ainsi doivent être "pleureurs" pendant un an, "auditeurs" pendant deux ans, "prosternés" pendant trois ans, et au bout de sept ans peuvent se tenir avec les fidèles et ainsi être considérés comme dignes de la sainte oblation» (sixième Concile œcuménique, canon 87).
Il y avait, évidemment, de nombreuses stipulations faisant la différence entre les conjoints coupables et les conjoints innocents lors d'un divorce et, dans pratique, l'«économie» pastorale de l'Église s'est certainement montrée, à l'occasion, beaucoup plus clémente que le texte du canon ne l'implique. Néanmoins le fait de ranger les personnes divorcées et remariées parmi les adultères — conformément à l'Évangile — impliqua qu'elles passent un certain temps dans l'Eglise en se tenant non pas avec les fidèles, mais à l'entrée, avec les «pleureurs», les «auditeurs» (c'est-à-dire ceux qui écoutaient l'Écriture, mais ne pouvaient recevoir les sacrements) et les «prosternés» (c'est-à-dire ceux qui se tenaient, à certains moments des offices, prosternés au lieu d'être debout ou assis).
C'est ainsi que l'Église ne «reconnaissait» pas, ni ne prononçait le divorce. Le divorce était considéré comme un péché grave mais l'Église n'a jamais manqué de donner aux pécheurs une «nouvelle chance», elle était prête à les admettre à nouveau dans son sein s'ils se repentaient. Ce n'est qu'après le Xe siècle, lorsqu'elle reçut des empereurs le monopole légal de l'enregistrement et de la validation de tous les mariages (voir plus haut, chapitre v) que l'Église fut obligée «d'accorder le divorce». Elle le fit généralement, conformément à la législation civile de l'empire Romain, puis plus tard à celle des différents pays dans lesquels elle se développait.
Mais, dans la conscience des fidèles, la cohérence primitive de la doctrine chrétienne sur le mariage s'oblitéra grandement. Mariage à l'Église et «divorce à l'Église», ces deux actes apparaissaient maintenant comme de simples formalités donnant une légalité sociale à des situations qui, en fait, étaient illégitimes du point de vue chrétien.
A la fin de ce chapitre, le père Jean donne son avis personnel, mais avis éclairé :
Dans la pratique, et en pleine conformité avec l'Écriture et la tradition de l'Église, je suggérerais que les autorités de notre Église s'abstiennent de «prononcer des divorces» (puisque celui-ci de toute façon est obtenu des tribunaux civils), mais que reconnaissant, du fait du divorce civil, que le mariage n'existe plus en fait, elles donnent simplement des permissions de se remarier.
Évidemment, pour chaque cas particulier, on devra s'assurer, par des concertations et des enquêtes pastorales, que toute réconciliation est impossible; la permission de se remarier devra entraîner certaines formes de pénitence (particulières à chaque cas). Elle donnera finalement droit à une bénédiction de l'Église, selon le rite des seconds mariages.
Ainsi, la position de l'Église serait claire et donnerait aux prêtres la possibilité d'exercer plus fructueusement leur ministère d'explication pastorale et de direction spirituelle.
* "Le mariage dans la perspective orthodoxe", YMCA Press/ŒIL, Paris, 1986. Pp 77 à 82
Nous avons vu plus haut que les second et troisième mariages, après veuvage, étaient conclus lors d'une cérémonie civile seulement et entraînaient une pénitence de un à cinq ans d'excommunication.
Après cette période de pénitence, le couple était à nouveau considéré comme membre à part entière de l'Église. Une pénitence plus longue était requise des divorcés remariés, soit sept ans : «Celui qui quitte la femme qui lui a été donnée et en prend une autre, est coupable d'adultère selon les paroles du Christ. Et nos Pères l'ont fait savoir par des décrets : ceux qui agissent ainsi doivent être "pleureurs" pendant un an, "auditeurs" pendant deux ans, "prosternés" pendant trois ans, et au bout de sept ans peuvent se tenir avec les fidèles et ainsi être considérés comme dignes de la sainte oblation» (sixième Concile œcuménique, canon 87).
Il y avait, évidemment, de nombreuses stipulations faisant la différence entre les conjoints coupables et les conjoints innocents lors d'un divorce et, dans pratique, l'«économie» pastorale de l'Église s'est certainement montrée, à l'occasion, beaucoup plus clémente que le texte du canon ne l'implique. Néanmoins le fait de ranger les personnes divorcées et remariées parmi les adultères — conformément à l'Évangile — impliqua qu'elles passent un certain temps dans l'Eglise en se tenant non pas avec les fidèles, mais à l'entrée, avec les «pleureurs», les «auditeurs» (c'est-à-dire ceux qui écoutaient l'Écriture, mais ne pouvaient recevoir les sacrements) et les «prosternés» (c'est-à-dire ceux qui se tenaient, à certains moments des offices, prosternés au lieu d'être debout ou assis).
C'est ainsi que l'Église ne «reconnaissait» pas, ni ne prononçait le divorce. Le divorce était considéré comme un péché grave mais l'Église n'a jamais manqué de donner aux pécheurs une «nouvelle chance», elle était prête à les admettre à nouveau dans son sein s'ils se repentaient. Ce n'est qu'après le Xe siècle, lorsqu'elle reçut des empereurs le monopole légal de l'enregistrement et de la validation de tous les mariages (voir plus haut, chapitre v) que l'Église fut obligée «d'accorder le divorce». Elle le fit généralement, conformément à la législation civile de l'empire Romain, puis plus tard à celle des différents pays dans lesquels elle se développait.
Mais, dans la conscience des fidèles, la cohérence primitive de la doctrine chrétienne sur le mariage s'oblitéra grandement. Mariage à l'Église et «divorce à l'Église», ces deux actes apparaissaient maintenant comme de simples formalités donnant une légalité sociale à des situations qui, en fait, étaient illégitimes du point de vue chrétien.
A la fin de ce chapitre, le père Jean donne son avis personnel, mais avis éclairé :
Dans la pratique, et en pleine conformité avec l'Écriture et la tradition de l'Église, je suggérerais que les autorités de notre Église s'abstiennent de «prononcer des divorces» (puisque celui-ci de toute façon est obtenu des tribunaux civils), mais que reconnaissant, du fait du divorce civil, que le mariage n'existe plus en fait, elles donnent simplement des permissions de se remarier.
Évidemment, pour chaque cas particulier, on devra s'assurer, par des concertations et des enquêtes pastorales, que toute réconciliation est impossible; la permission de se remarier devra entraîner certaines formes de pénitence (particulières à chaque cas). Elle donnera finalement droit à une bénédiction de l'Église, selon le rite des seconds mariages.
Ainsi, la position de l'Église serait claire et donnerait aux prêtres la possibilité d'exercer plus fructueusement leur ministère d'explication pastorale et de direction spirituelle.
* "Le mariage dans la perspective orthodoxe", YMCA Press/ŒIL, Paris, 1986. Pp 77 à 82
Homélie prononcée par le métropolite Hilarion de Volokolamsk en la cathédrale de la Sainte-Trinité le dimanche 20 mai 2018 et Homélie en russe
Aujourd'hui, lors de la lecture de l'Évangile de Jean (la lecture de cet Évangile a commencé dans la nuit pascale et se terminera le jour de la Pentecôte), nous avons entendu que le Seigneur Jésus Christ, après avoir parlé pour la dernière fois à ses disciples lors de la sainte Cène, a adressé une prière à son Père céleste. La prière commence par ces paroles : « Père, l'heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ! » (Jn 17, 1-2).
Que veut dire le Seigneur Jésus-Christ à propos de cette heure pour laquelle il est venu sur terre? A Cana de Galilée, en accomplissant son premier miracle à la demande de sa Mère, Jésus lui a adressé ces mystérieuses paroles que ceux qui l'entouraient ne comprenaient pas encore : « Mon heure n'est pas encore venue » (Jn 2, 4). Mais, parlant à ses disciples peu de temps avant sa mort, le Sauveur dit : « Maintenant mon âme est troublée », et il ajouta : « C'est pour cela que je suis venu à cette heure » (Jn 12, 27).
Et le voici maintenant, parlant de l'heure de sa souffrance et de sa mort comme de celle où la gloire de Dieu serait révélée - non pas dans le tonnerre et les éclairs comme cela avait été montré à Moïse, mais dans l'humiliation et la souffrance de celui que Dieu a envoyé sur terre pour sauver ce monde et pour ouvrir la voie de la vie éternelle pour chaque homme.
Aujourd'hui, lors de la lecture de l'Évangile de Jean (la lecture de cet Évangile a commencé dans la nuit pascale et se terminera le jour de la Pentecôte), nous avons entendu que le Seigneur Jésus Christ, après avoir parlé pour la dernière fois à ses disciples lors de la sainte Cène, a adressé une prière à son Père céleste. La prière commence par ces paroles : « Père, l'heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ! » (Jn 17, 1-2).
Que veut dire le Seigneur Jésus-Christ à propos de cette heure pour laquelle il est venu sur terre? A Cana de Galilée, en accomplissant son premier miracle à la demande de sa Mère, Jésus lui a adressé ces mystérieuses paroles que ceux qui l'entouraient ne comprenaient pas encore : « Mon heure n'est pas encore venue » (Jn 2, 4). Mais, parlant à ses disciples peu de temps avant sa mort, le Sauveur dit : « Maintenant mon âme est troublée », et il ajouta : « C'est pour cela que je suis venu à cette heure » (Jn 12, 27).
Et le voici maintenant, parlant de l'heure de sa souffrance et de sa mort comme de celle où la gloire de Dieu serait révélée - non pas dans le tonnerre et les éclairs comme cela avait été montré à Moïse, mais dans l'humiliation et la souffrance de celui que Dieu a envoyé sur terre pour sauver ce monde et pour ouvrir la voie de la vie éternelle pour chaque homme.
Il y a aussi d'autres paroles dans cette prière, et j'aimerais attirer votre attention sur celles-ci. C'est la prière du Sauveur pour ses disciples, lorsqu'il dit : « ... pour qu'ils soient un comme nous » (Jn 17, 11), ce qui désigne son unité avec le Père céleste. On ne saurait comparer l'unité qui lie les disciples du Sauveur sur terre ni aux liens de famille, ni aux liens d'amitié. C'est une relation toute particulière qui vient d'un pain et d'un calice. Chaque fois que nous participons au pain et donc au corps du Christ à la sainte Eucharistie, nous renouvelons en nous-mêmes notre unité avec Dieu et les uns avec les autres. Nous nous sentons membres d'un seul Corps du Christ, qui est, comme le dit saint Paul : « ... l'Église, et la Tête de ce Corps est le Christ » (Col 1, 18).
Il n'est pas en notre pouvoir de restaurer ce qui a été détruit dans les générations précédentes - nous pouvons prier pour cette restauration et travailler pour elle, mais seule la grâce de l'Esprit-Saint peut rassembler ce qui a été détruit par le péché des hommes ou par un enseignement inexact. Cependant, le Seigneur nous a commandé de préserver l'unité que nous possédons - l'unité de notre sainte Église orthodoxe. Chacun de nous est appelé à y travailler et à prier pour cela. Cette unité est aujourd'hui menacée.
Ce n'est pas pour rien que, à chaque divine liturgie, nous prions pour l'Ukraine - Nous ne prions pas seulement pour que la paix revienne sur cette terre déchirée par la guerre, mais aussi pour que soit restaurée l’unité de l’Église orthodoxe et pour que ceux qui se sont écartés de cette unité reviennent dans le sein de l’Église. Pas de la façon que conseillent certains hommes politiques et les schismatiques, qui disent : il n’y a qu’à s’unir, orthodoxes, schismatiques, uniates, fondons une seule Église, distincte de l’Église orthodoxe russe. Ce n'est pas ainsi que l'on parvient à l'unité - c'est de cette façon que l'on crée un nouveau schisme. Et l'unique sainte Église orthodoxe russe prie et attend patiemment que ceux qui sont tombés dans le schisme reviennent dans le sein de l'Église, car aucune considération humaine, aucune motivation politique, aucun sentiment national ou même patriotique ne peut l'emporter sur l'amour du Christ et de sa sainte Église.
Prions pour que l'unité de notre sainte Église catholique et apostolique ne soit pas ébranlée, pour que tous ceux qui se sont éloignés de cette unité reviennent à elle et participent à la vie éternelle que Dieu lui-même nous donne par son Fils unique dans le Saint-Esprit - la vie éternelle qu'il nous donne dans l'Église.
Préparons-nous à la fête de la Pentecôte, attendons la descente de l’Esprit-Saint sur nous et demandons au Saint-Esprit de faire revivre notre unité spirituelle et corporelle, qu’il nous purifie de toute souillure et qu’il sauve nos âmes. Amen.
Traduction Orthodoxie. com
Il n'est pas en notre pouvoir de restaurer ce qui a été détruit dans les générations précédentes - nous pouvons prier pour cette restauration et travailler pour elle, mais seule la grâce de l'Esprit-Saint peut rassembler ce qui a été détruit par le péché des hommes ou par un enseignement inexact. Cependant, le Seigneur nous a commandé de préserver l'unité que nous possédons - l'unité de notre sainte Église orthodoxe. Chacun de nous est appelé à y travailler et à prier pour cela. Cette unité est aujourd'hui menacée.
Ce n'est pas pour rien que, à chaque divine liturgie, nous prions pour l'Ukraine - Nous ne prions pas seulement pour que la paix revienne sur cette terre déchirée par la guerre, mais aussi pour que soit restaurée l’unité de l’Église orthodoxe et pour que ceux qui se sont écartés de cette unité reviennent dans le sein de l’Église. Pas de la façon que conseillent certains hommes politiques et les schismatiques, qui disent : il n’y a qu’à s’unir, orthodoxes, schismatiques, uniates, fondons une seule Église, distincte de l’Église orthodoxe russe. Ce n'est pas ainsi que l'on parvient à l'unité - c'est de cette façon que l'on crée un nouveau schisme. Et l'unique sainte Église orthodoxe russe prie et attend patiemment que ceux qui sont tombés dans le schisme reviennent dans le sein de l'Église, car aucune considération humaine, aucune motivation politique, aucun sentiment national ou même patriotique ne peut l'emporter sur l'amour du Christ et de sa sainte Église.
Prions pour que l'unité de notre sainte Église catholique et apostolique ne soit pas ébranlée, pour que tous ceux qui se sont éloignés de cette unité reviennent à elle et participent à la vie éternelle que Dieu lui-même nous donne par son Fils unique dans le Saint-Esprit - la vie éternelle qu'il nous donne dans l'Église.
Préparons-nous à la fête de la Pentecôte, attendons la descente de l’Esprit-Saint sur nous et demandons au Saint-Esprit de faire revivre notre unité spirituelle et corporelle, qu’il nous purifie de toute souillure et qu’il sauve nos âmes. Amen.
Traduction Orthodoxie. com
Le livre s’ouvre sur un Avertissement signé par le métropolite Hilarion: « J’espère que cet ouvrage non seulement apportera sa contribution à ouvrir l’esprit de nos contemporains sur le catholicisme, mais aussi servira à nos auteurs pour résoudre certains problèmes de la théologie orthodoxe comme les aspects anthropologiques de la liturgie ou les bases théologiques de la musique religieuse.
Ce livre peut nourrir la réflexion sur les questions de l’existence de l’église dans le monde contemporain, dans un dialogue simple avec la société civile et la culture. »
Le 23 mai, à la Bibliothèque de littérature étrangère M.I. Rudimino (Moscou – 1, rue Nikoloïamskaïa) sera présentée l’édition russe de Théologie de la liturgie du pape émérite Benoît XVI (Joseph Ratzinger).
La version russe de l’ouvrage a été éditée par le fonds de bienfaisance Saint Grégoire le Théologien en 2017, cette parution célèbre le 90e anniversaire de l’auteur. L’ouvrage sera présenté par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures et l’archevêque Celestino Migliore, nonce apostolique près la Fédération de Russie.
Ce livre peut nourrir la réflexion sur les questions de l’existence de l’église dans le monde contemporain, dans un dialogue simple avec la société civile et la culture. »
Le 23 mai, à la Bibliothèque de littérature étrangère M.I. Rudimino (Moscou – 1, rue Nikoloïamskaïa) sera présentée l’édition russe de Théologie de la liturgie du pape émérite Benoît XVI (Joseph Ratzinger).
La version russe de l’ouvrage a été éditée par le fonds de bienfaisance Saint Grégoire le Théologien en 2017, cette parution célèbre le 90e anniversaire de l’auteur. L’ouvrage sera présenté par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures et l’archevêque Celestino Migliore, nonce apostolique près la Fédération de Russie.
L’ouvrage envisage tous les aspects de la vie liturgique. Dans l’édition allemande, l’auteur écrit : « La liturgie de l’église a été dès ma plus tendre enfance le point de mire de ma vie et, à la faculté de théologie, le centre de mes recherches. »
L’auteur écrit dans la nouvelle préface pour l’édition russe : « Dans la conscience de l’homme d’aujourd’hui, le sujet de Dieu, et donc la liturgie, n’est pas considérée comme primordial. On court pour n’importe quoi, la question de Dieu peut toujours être reportée. On peut dire que la vie monacale est tout autre que la vie dans le monde, on a tout à fait raison. Mais la priorité de Dieu, nous l’avons oublié, nous concerne tous. Si Dieu n’est pas le plus important, alors toute l’échelle des valeurs est modifiée. En écartant Dieu, l’homme se condamne au besoin qui alors le soumet à ses forces matérielles, contraires à sa dignité. »
Lien Презентация русского издания книги Йозефа Ратцингера «Богословие литургии» состоится в Москве Traduction pour "PO"
L’auteur écrit dans la nouvelle préface pour l’édition russe : « Dans la conscience de l’homme d’aujourd’hui, le sujet de Dieu, et donc la liturgie, n’est pas considérée comme primordial. On court pour n’importe quoi, la question de Dieu peut toujours être reportée. On peut dire que la vie monacale est tout autre que la vie dans le monde, on a tout à fait raison. Mais la priorité de Dieu, nous l’avons oublié, nous concerne tous. Si Dieu n’est pas le plus important, alors toute l’échelle des valeurs est modifiée. En écartant Dieu, l’homme se condamne au besoin qui alors le soumet à ses forces matérielles, contraires à sa dignité. »
Lien Презентация русского издания книги Йозефа Ратцингера «Богословие литургии» состоится в Москве Traduction pour "PO"
Les problèmes de respect des lois du travail, de la propriété et des biens immobiliers seraient transférés à la paroisse-mère. La question de la répartition des recettes financière sera abordée au cours de la réalisation de la réforme.
Cette réforme peut devenir la plus importante transformation dans l’administration de l’Église depuis la guerre.
Pour 2020, l’Église orthodoxe finlandaise doit réaliser cette réforme administrative dont le but est de permettre le développement de l’activité pastorale et paroissiale.
Le site officiel de l’Église orthodoxe finlandaise évoque régulièrement les points que cette réforme doit régler.
La question des modifications qui doivent être apportées aux infrastructures est abordée à tous les conciles locaux de l’Église orthodoxe finlandaise, à celui de 2017, il a été décidé « d’examiner et d’envisager les modifications des limites des paroisses dans toute l’Église pour 2020. » Il est prévu que nouvelles limites s’appliqueront au 1er janvier 2020.
Les différents domaines à réformer sont la vie liturgique, l’éducation et la diaconie.
Cette réforme peut devenir la plus importante transformation dans l’administration de l’Église depuis la guerre.
Pour 2020, l’Église orthodoxe finlandaise doit réaliser cette réforme administrative dont le but est de permettre le développement de l’activité pastorale et paroissiale.
Le site officiel de l’Église orthodoxe finlandaise évoque régulièrement les points que cette réforme doit régler.
La question des modifications qui doivent être apportées aux infrastructures est abordée à tous les conciles locaux de l’Église orthodoxe finlandaise, à celui de 2017, il a été décidé « d’examiner et d’envisager les modifications des limites des paroisses dans toute l’Église pour 2020. » Il est prévu que nouvelles limites s’appliqueront au 1er janvier 2020.
Les différents domaines à réformer sont la vie liturgique, l’éducation et la diaconie.
Pourquoi l’Église orthodoxe finlandaise a-t-elle besoin d’une réforme administrative ?
La principale raison qui impose à l’Église orthodoxe finlandaise de revoir sa structure canonique est le développement de son activité pastorale qui est impossible dans le cadre actuel.
Aujourd’hui, les ministres du culte et les bénévoles paroissiaux sont obligés de passer « un temps fou » aux formalités administratives, aux dépens du service pastoral et de l’activité paroissiale. Toutes les démarches administratives sont actuellement essentiellement accomplies par les recteurs de paroisse. Et au cours des ans ces démarches liées à l’activité paroissiale n’ont cessé de croître. Ce sont, par exemple, les conditions de lacement des appels d’offres, la complexité de la législation du travail, les exigences accrues de transparence de l’activité paroissiale ; tout cela fait qu’actuellement le travail administratif demande beaucoup plus de temps qu’il y a dix, voire vingt ans.
C’est « un immense gâchis de ressources humaines. » L’Église orthodoxe a en Finlande le statut de personne morale ce qui la contraint à se plier à la législation du pays. Ainsi, en 2018, le centre administratif de l’Église et les paroisses ont dû se soumettre aux nouvelles règles adoptées par l’Union européenne concernant la défense des données, ce qui a contraint à modifier tout le travail sur les données personnelles.
Selon Sirpa Koriala, responsable de l’administration centrale de l’Église orthodoxe finlandaise, « les exigences actuelles sont trop élevées au regard des possibilités de nos paroisses et du nombre de nos collaborateurs. »
De plus pour nombre de paroisses la question financière est devenue insurmontable : les petites paroisses manquent de ressources pour assurer leur activité.
La principale raison qui impose à l’Église orthodoxe finlandaise de revoir sa structure canonique est le développement de son activité pastorale qui est impossible dans le cadre actuel.
Aujourd’hui, les ministres du culte et les bénévoles paroissiaux sont obligés de passer « un temps fou » aux formalités administratives, aux dépens du service pastoral et de l’activité paroissiale. Toutes les démarches administratives sont actuellement essentiellement accomplies par les recteurs de paroisse. Et au cours des ans ces démarches liées à l’activité paroissiale n’ont cessé de croître. Ce sont, par exemple, les conditions de lacement des appels d’offres, la complexité de la législation du travail, les exigences accrues de transparence de l’activité paroissiale ; tout cela fait qu’actuellement le travail administratif demande beaucoup plus de temps qu’il y a dix, voire vingt ans.
C’est « un immense gâchis de ressources humaines. » L’Église orthodoxe a en Finlande le statut de personne morale ce qui la contraint à se plier à la législation du pays. Ainsi, en 2018, le centre administratif de l’Église et les paroisses ont dû se soumettre aux nouvelles règles adoptées par l’Union européenne concernant la défense des données, ce qui a contraint à modifier tout le travail sur les données personnelles.
Selon Sirpa Koriala, responsable de l’administration centrale de l’Église orthodoxe finlandaise, « les exigences actuelles sont trop élevées au regard des possibilités de nos paroisses et du nombre de nos collaborateurs. »
De plus pour nombre de paroisses la question financière est devenue insurmontable : les petites paroisses manquent de ressources pour assurer leur activité.
Que signifie en pratique cette réforme de l’Église orthodoxe finlandaise ?
L’aspect le plus voyant de cette réforme sera la fusion de paroisses. Selon Sirpa Koriala, « il y a déjà eu des regroupements de petites paroisses là où cela était devenu indispensable pour des raisons financières. » On est actuellement incapable de dire combien il restera de paroisses après cette réforme, ni quelle y sera la fréquence des offices.
Toujours selon Sirpa Koriala, « vu la tendance actuelle, on peut penser qu’en 2025 le nombre de fidèles de la plus importante paroisse de diocèse de Kuopio et Carélie sera réduit de 15 % par rapport à 2015. Dans les paroisses les plus petites les pertes seront encore plus importantes. De plus les subventions gouvernementales (provenant des recettes l’impôt pour les cultes — ndr) seront réduites d’autant et ne couvriront plus l’activité paroissiale. »
Bien des paroisses de l’Église orthodoxe finlandaise ne disposent pas des cadres nécessaires pour mener l’action dans le domaine de la diaconie ou auprès des jeunes, alors que ce sera vraisemblablement possible dans le cadre des nouvelles paroisses.
Sirpa Koriala, a également relevé que les premières tentatives de regroupement de paroisses beaucoup ont provoqué l’opposition de paroissiens qui craignaient de perdre leur autonomie et leur indépendance. « Les changements sont acceptés quand toutes les autres tentatives ont échoué. » Les autorités ecclésiales reconnaissent que la réforme va avoir des répercussions sur la vie des paroissiens et du clergé.
Que sont les « communautés de chapelles » et les « paroisses-mères » ?
L’une des propositions de renforcement des paroisses de l’Église orthodoxe finlandaise consiste en la création de « communautés de chapelles ». Les paroisses, appelées « paroisses-mères », auraient des limites géographiques plus étendues, elles engloberaient les communautés de chapelles plus ou moins indépendantes.
Ainsi, dans le diocèse de Kuopio et Carélie, il n’y aurait plus que deux paroisses-mères qui intègreraient en leur sein toutes les paroisses existant aujourd’hui. Dans celle de Joensuu seraient regroupées les paroisses orthodoxes de Nurmesa, Ilomantsi et Taipale alors que la paroisse-mère de Kuopio engloberait les paroisses de Jyväskylä, Iisalmi, Rautalampi et Saimaa.
La particularité du statut des communautés de chapelles est qu’elles n’auront plus de conseil de plénipotentiaires, ni de conseil paroissial, c’est-à-dire que les décisions concernant la vie de la communauté ne seront pas prises en son sein.
Sirpa Kariala, la responsable de l’administration de l’Église orthodoxe finlandaise, reconnaît que les paroissiens peuvent s’inquiéter quant au respect de leur autodétermination. Mais elle considère que cette nouvelle organisation ne lèsera en rien telle ou telle communauté.
« À disposition de la communauté de chapelle comme de la paroisse resteront les lieux de culte et les salles de réunions, ainsi qu’un prêtre et maître de chapelle, elle aura son compte en banque, son budget préparé par le conseil paroissial et approuvé annuellement par le conseil des plénipotentiaires. Le prêtre d’une communauté de chapelle serait aidé par un groupe de bénévoles appelé dans le projet „conseil de la chapelle” et chargé de planifier, réaliser et contrôler l’activité dans le cadre des moyens attribués à la communauté. » Les problèmes de respect des lois du travail, de la propriété et des biens immobiliers seraient transférés à la paroisse-mère. La question de la répartition des recettes financière sera abordée au cours de la réalisation de la réforme.
L’aspect le plus voyant de cette réforme sera la fusion de paroisses. Selon Sirpa Koriala, « il y a déjà eu des regroupements de petites paroisses là où cela était devenu indispensable pour des raisons financières. » On est actuellement incapable de dire combien il restera de paroisses après cette réforme, ni quelle y sera la fréquence des offices.
Toujours selon Sirpa Koriala, « vu la tendance actuelle, on peut penser qu’en 2025 le nombre de fidèles de la plus importante paroisse de diocèse de Kuopio et Carélie sera réduit de 15 % par rapport à 2015. Dans les paroisses les plus petites les pertes seront encore plus importantes. De plus les subventions gouvernementales (provenant des recettes l’impôt pour les cultes — ndr) seront réduites d’autant et ne couvriront plus l’activité paroissiale. »
Bien des paroisses de l’Église orthodoxe finlandaise ne disposent pas des cadres nécessaires pour mener l’action dans le domaine de la diaconie ou auprès des jeunes, alors que ce sera vraisemblablement possible dans le cadre des nouvelles paroisses.
Sirpa Koriala, a également relevé que les premières tentatives de regroupement de paroisses beaucoup ont provoqué l’opposition de paroissiens qui craignaient de perdre leur autonomie et leur indépendance. « Les changements sont acceptés quand toutes les autres tentatives ont échoué. » Les autorités ecclésiales reconnaissent que la réforme va avoir des répercussions sur la vie des paroissiens et du clergé.
Que sont les « communautés de chapelles » et les « paroisses-mères » ?
L’une des propositions de renforcement des paroisses de l’Église orthodoxe finlandaise consiste en la création de « communautés de chapelles ». Les paroisses, appelées « paroisses-mères », auraient des limites géographiques plus étendues, elles engloberaient les communautés de chapelles plus ou moins indépendantes.
Ainsi, dans le diocèse de Kuopio et Carélie, il n’y aurait plus que deux paroisses-mères qui intègreraient en leur sein toutes les paroisses existant aujourd’hui. Dans celle de Joensuu seraient regroupées les paroisses orthodoxes de Nurmesa, Ilomantsi et Taipale alors que la paroisse-mère de Kuopio engloberait les paroisses de Jyväskylä, Iisalmi, Rautalampi et Saimaa.
La particularité du statut des communautés de chapelles est qu’elles n’auront plus de conseil de plénipotentiaires, ni de conseil paroissial, c’est-à-dire que les décisions concernant la vie de la communauté ne seront pas prises en son sein.
Sirpa Kariala, la responsable de l’administration de l’Église orthodoxe finlandaise, reconnaît que les paroissiens peuvent s’inquiéter quant au respect de leur autodétermination. Mais elle considère que cette nouvelle organisation ne lèsera en rien telle ou telle communauté.
« À disposition de la communauté de chapelle comme de la paroisse resteront les lieux de culte et les salles de réunions, ainsi qu’un prêtre et maître de chapelle, elle aura son compte en banque, son budget préparé par le conseil paroissial et approuvé annuellement par le conseil des plénipotentiaires. Le prêtre d’une communauté de chapelle serait aidé par un groupe de bénévoles appelé dans le projet „conseil de la chapelle” et chargé de planifier, réaliser et contrôler l’activité dans le cadre des moyens attribués à la communauté. » Les problèmes de respect des lois du travail, de la propriété et des biens immobiliers seraient transférés à la paroisse-mère. La question de la répartition des recettes financière sera abordée au cours de la réalisation de la réforme.
Genèse de la réforme dans l’Église orthodoxe finlandaise
L’initiateur de cette réforme de l’Église orthodoxe finlandaise est son primat Leo (Makkonen), archevêque d’Helsinki et de toute la Finlande. Les premières ébauches de changements ont été testées dans le diocèse de Kuopio et Carélie, l’un des trois diocèses de cette Église autonome.
Les autorités ecclésiastiques ont recueilli les opinions des paroissiens. Puis modifications identiques ont été réalisées dans les deux autres diocèses de l’Église orthodoxe finlandaise Helsinki et Oulu. Dans chaque diocèse ont été créés des groupes de travail dont font partie certains recteurs de paroisse. Ces groupes de travail mettent au point les processus et leur conduite et ils estiment les conséquences des changements pour les paroisses.
Ce printemps la question des limites géographiques des diocèses et la nécessité de les modifier seront traitées par le concile épiscopal de l’Église orthodoxe finlandaise.
Source : Rublev.com Traduction pour « PO » Финляндская православная церковь планирует масштабную приходскую реформу
L’initiateur de cette réforme de l’Église orthodoxe finlandaise est son primat Leo (Makkonen), archevêque d’Helsinki et de toute la Finlande. Les premières ébauches de changements ont été testées dans le diocèse de Kuopio et Carélie, l’un des trois diocèses de cette Église autonome.
Les autorités ecclésiastiques ont recueilli les opinions des paroissiens. Puis modifications identiques ont été réalisées dans les deux autres diocèses de l’Église orthodoxe finlandaise Helsinki et Oulu. Dans chaque diocèse ont été créés des groupes de travail dont font partie certains recteurs de paroisse. Ces groupes de travail mettent au point les processus et leur conduite et ils estiment les conséquences des changements pour les paroisses.
Ce printemps la question des limites géographiques des diocèses et la nécessité de les modifier seront traitées par le concile épiscopal de l’Église orthodoxe finlandaise.
Source : Rublev.com Traduction pour « PO » Финляндская православная церковь планирует масштабную приходскую реформу
The Christian Post annonce : Les chrétiens du Pakistan s’opposent à la loi contestée, adoptée par le gouvernement, qui rend obligatoire l’enseignement du Coran dans les écoles et les collèges du pays.
Nasir Saeed, directeur du groupe d’avocats chrétiens CLAAS-UK, a déclaré : « Il est regrettable que les droits religieux et fondamentaux des minorités, et notamment des chrétiens nombreux au Pendjab, soient ignorés.
On n’a proposé aux élèves non musulmans du Pendjab aucun programme alternatif. Cela va favoriser dans la société pakistanaise le fanatisme et la haine contre les non musulmans qui sont déjà à un niveau élevé. »
Cette loi adoptée en 2017 par l’Assemblée nationale et le Sénat n’a pas encore été promulguée par le président Mamnoon Hussain.
Nasir Saeed, directeur du groupe d’avocats chrétiens CLAAS-UK, a déclaré : « Il est regrettable que les droits religieux et fondamentaux des minorités, et notamment des chrétiens nombreux au Pendjab, soient ignorés.
On n’a proposé aux élèves non musulmans du Pendjab aucun programme alternatif. Cela va favoriser dans la société pakistanaise le fanatisme et la haine contre les non musulmans qui sont déjà à un niveau élevé. »
Cette loi adoptée en 2017 par l’Assemblée nationale et le Sénat n’a pas encore été promulguée par le président Mamnoon Hussain.
Baligur Rehman, ministre de l’enseignement fédéral et de la formation professionnelle déclare avec insistance que la loi ne s’imposera qu’aux élèves musulmans :
« C’est un moyen de développer la bonté, d’œuvrer à l’éradication du chaos et l’indétermination […]
Le but de la loi est de faire comprendre le message divin, d’assurer les réactions de la société, encourager la paix, promouvoir les valeurs humaines supérieures, l’honnêteté, l’intégrité, la formation du caractère, la tolérance, la compréhension du point de vue et des habitudes d’autrui. »
Le patriarche Cyrille a exprimé ses condoléances au premier-ministre du Pakistan
Malgré les affirmations du gouvernement, de nombreux groupes de surveillance des exactions et de défenseurs des droits de l’homme observent qu’au Pakistan les chrétiens et autres minorités religieuses sont soumis à de sévères répressions. Les chrétiens sont souvent la cible tant des lois du pays contre le blasphème que des fmusulmans radicaux qui ont violé ou tué d’innombrables croyants au cours de ces dernières années.
Le Pakistan est le leader mondial pour les incarcérations, les condamnations pour blasphème, apostasie et autres.
Il existe au Pakistan une « culture de l’indulgence » en ce qui concerne le blasphème ou l’apostasie : « il y a des lyncheurs qui s’attaquent à ceux qui sont accusés de blasphème et qui ne sont ni arrêtés, ni poursuivis ni condamnés. »
Le Pakistan est, après l’Indonésie, le deuxième pays musulman dans le monde (96 % de la population). Les chrétiens (1,6 %) sont très minoritaires. La majorité des chrétiens se considèrent comme les descendants de castes d’intouchables, et sont aujourd’hui majoritairement paysans ou ouvriers peu qualifiés. Beaucoup sont analphabètes.
Traduction pour PO lien ROUBLEV
« C’est un moyen de développer la bonté, d’œuvrer à l’éradication du chaos et l’indétermination […]
Le but de la loi est de faire comprendre le message divin, d’assurer les réactions de la société, encourager la paix, promouvoir les valeurs humaines supérieures, l’honnêteté, l’intégrité, la formation du caractère, la tolérance, la compréhension du point de vue et des habitudes d’autrui. »
Le patriarche Cyrille a exprimé ses condoléances au premier-ministre du Pakistan
Malgré les affirmations du gouvernement, de nombreux groupes de surveillance des exactions et de défenseurs des droits de l’homme observent qu’au Pakistan les chrétiens et autres minorités religieuses sont soumis à de sévères répressions. Les chrétiens sont souvent la cible tant des lois du pays contre le blasphème que des fmusulmans radicaux qui ont violé ou tué d’innombrables croyants au cours de ces dernières années.
Le Pakistan est le leader mondial pour les incarcérations, les condamnations pour blasphème, apostasie et autres.
Il existe au Pakistan une « culture de l’indulgence » en ce qui concerne le blasphème ou l’apostasie : « il y a des lyncheurs qui s’attaquent à ceux qui sont accusés de blasphème et qui ne sont ni arrêtés, ni poursuivis ni condamnés. »
Le Pakistan est, après l’Indonésie, le deuxième pays musulman dans le monde (96 % de la population). Les chrétiens (1,6 %) sont très minoritaires. La majorité des chrétiens se considèrent comme les descendants de castes d’intouchables, et sont aujourd’hui majoritairement paysans ou ouvriers peu qualifiés. Beaucoup sont analphabètes.
Traduction pour PO lien ROUBLEV
Chers pères, frères et sœurs,
Le 20 mai, la divine liturgie a 10h, à la Cathédrale orthodoxe russe Sainte-Trinité sera présidée par Son Éminence le Métropolite Hilarion (Alféev), Président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, docteur en théologie et en philosophie.
Soyez-y tous les bienvenus !
Chancellerie du diocèse de Chersonèse
Le 20 mai, la divine liturgie a 10h, à la Cathédrale orthodoxe russe Sainte-Trinité sera présidée par Son Éminence le Métropolite Hilarion (Alféev), Président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, docteur en théologie et en philosophie.
Soyez-y tous les bienvenus !
Chancellerie du diocèse de Chersonèse
Дорогие отцы, братья и сестры,
ПАРИЖ - 20 мая, Божественную Литургию в Свято-Троицком кафедральном соборе возглавит Высокопреосвященнейший митрополит Иларион (Алфеев), Председатель ОВЦС МП, известный богослов, церковный ученый и публицист.
Всех сердечно приглашаем. Будем рады молиться вместе с вами!
Ключарь Свято-Троицкого собора,священник Максим Политов
ПАРИЖ - 20 мая, Божественную Литургию в Свято-Троицком кафедральном соборе возглавит Высокопреосвященнейший митрополит Иларион (Алфеев), Председатель ОВЦС МП, известный богослов, церковный ученый и публицист.
Всех сердечно приглашаем. Будем рады молиться вместе с вами!
Ключарь Свято-Троицкого собора,священник Максим Политов
Interview menée par Maria Svechnikova pour le site Vesti.ru.
Version russe originale >>> ICI Version française exclusivité pour "PO" - Photo Andréï Nikolski
« Père Savva, pourrais-je obtenir de vous une longue interview pour faire votre portrait ? » Je l’avoue, je m’attendais tellement à un refus, que je mis un long moment à me remettre de ma stupéfaction, tellement il fut facile d’obtenir l’accord du vice-chancelier du Patriarcat de Moscou, chef du service de contrôle et d’analyse de la chancellerie du Patriarcat de Moscou, recteur de l’église Saint-Prophète-Élie à Tcherkizovo, l’archimandrite Savva (Toutounov). Il m’a certes fallu ensuite attendre deux semaines avant de le rencontrer – avant de trouver une « fenêtre » dans son emploi du temps, mais cela n’avait aucune importance.
J’avais préparé une multitude de questions, il fallut donc choisir les plus importantes. Enfin, la structure de l’interview devint claire dans ma tête : quelques questions personnelles, parler de son travail au Patriarcat de Moscou, de son travail de recteur, de la vie de sa paroisse. Mais je devais aussi poser une question, a priori dénuée de sens et de logique. C’est par elle que notre dialogue débuta.
- Père Savva, vous dessinez ?
Non. Je suis sans doute le seul membre de toute la famille Toutounov à n’avoir jamais su. Mon grand-père dessinait, ou plutôt peignait des tableaux. Papa et un de ses frères peignent des tableaux. Mes frères aussi dessinent – l’un des deux mieux que l’autre. Quant à moi, je n’ai jamais eu aucun talent, déjà à l’école. J’étais parmi les meilleurs élèves, mais en activités artistiques et créatives je n’ai jamais eu de bonnes notes.
Version russe originale >>> ICI Version française exclusivité pour "PO" - Photo Andréï Nikolski
« Père Savva, pourrais-je obtenir de vous une longue interview pour faire votre portrait ? » Je l’avoue, je m’attendais tellement à un refus, que je mis un long moment à me remettre de ma stupéfaction, tellement il fut facile d’obtenir l’accord du vice-chancelier du Patriarcat de Moscou, chef du service de contrôle et d’analyse de la chancellerie du Patriarcat de Moscou, recteur de l’église Saint-Prophète-Élie à Tcherkizovo, l’archimandrite Savva (Toutounov). Il m’a certes fallu ensuite attendre deux semaines avant de le rencontrer – avant de trouver une « fenêtre » dans son emploi du temps, mais cela n’avait aucune importance.
J’avais préparé une multitude de questions, il fallut donc choisir les plus importantes. Enfin, la structure de l’interview devint claire dans ma tête : quelques questions personnelles, parler de son travail au Patriarcat de Moscou, de son travail de recteur, de la vie de sa paroisse. Mais je devais aussi poser une question, a priori dénuée de sens et de logique. C’est par elle que notre dialogue débuta.
- Père Savva, vous dessinez ?
Non. Je suis sans doute le seul membre de toute la famille Toutounov à n’avoir jamais su. Mon grand-père dessinait, ou plutôt peignait des tableaux. Papa et un de ses frères peignent des tableaux. Mes frères aussi dessinent – l’un des deux mieux que l’autre. Quant à moi, je n’ai jamais eu aucun talent, déjà à l’école. J’étais parmi les meilleurs élèves, mais en activités artistiques et créatives je n’ai jamais eu de bonnes notes.
- Comme il se trouve que vous êtes français …
J’en ai le passeport. Plus exactement, c’est l’un de mes passeports.
- Bien sûr. Mais en France le Patriarcat de Constantinople est bien mieux représenté que le Patriarcat de Moscou. Cependant, vous vous êtes retrouvé au sein de l’Église orthodoxe russe. Vous n’aviez pas le choix ?
Si, bien sûr. J’ai vécu en France jusqu’à mon entrée au séminaire en 1999, directement en deuxième année. C’est là-bas que j’ai fait mes études scolaires puis universitaires. Ensuite la question s’est posée pour moi, soit de continuer l’université soit d’entrer au séminaire.
Séquence uni~séminaire un peu floue ?
Durant ma vie à Paris , je fréquentais une paroisse connue du Patriarcat de Constantinople – l’église Saints-Constantin-et-Hélène à Clamart. C’est la toute première église construite en France par l’émigration russe. Maintenant elle fait partie du Patriarcat de Moscou. Ensuite j’ai fréquenté quelque temps la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, où je servais en tant qu’hypodiacre auprès de l’archevêque Serge (Konovaloff) ). C’est sur sa recommandation que je suis entré au séminaire préciser. Quant au choix de la juridiction, la question s’est posée pour moi au moment des perturbations vécues par l’Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale (patriarcat de Constantinople) en 2003-2004. Après la mort de Monseigneur Serge, la direction du diocèse a été prise en mains par des personnes qui mettaient en avant leur éloignement par rapport à Moscou, et il s’est créé une confrontation assez dure avec le Patriarcat de Moscou. J’ai alors pris la décision de demeurer dans l’Église orthodoxe russe. Après la fin de mes études au séminaire en 2005, je suis rentré en France pour quelque temps, car il me fallait régler certaines questions, puis je suis revenu à Moscou, et j’ai commencé à travailler dans le département des relations extérieures de l’Église.
- Vous avez fait vos études à l’université d’Orsay à Paris, ensuite vous êtes entré au séminaire de Moscou. Mais le niveau d’études du séminaire à l’époque était plutôt celui d’un IUT. N’aviez-vous pas l’impression de « dégringoler » ? Pourquoi une personne avec un niveau universitaire avait-elle besoin de continuer ses études, mais à un niveau bien moindre ?
Toute ma vie, depuis mes 5 ans (maman me l’a rappelé il y a quelques jours), j’ai servi à l’église en France. J’ai donc toujours été dans le sanctuaire. C’était une partie importante de ma vie. Je sais qu’à l’adolescence beaucoup d’enfants refusent de porter l’aube et de servir, mais cela n’a jamais été le cas pour moi. J’y consacrais beaucoup de temps, je lisais beaucoup de livres traitant de la vie spirituelle, de l’histoire de l’Église.
Après l’école je suis entré à l’université, où j’ai étudié les mathématiques supérieures. Les deux premières années les choses étaient assez simple : j’étais un enfant prodige, à l’école j’étais très bon, étudier à l’université m’était facile. Sauf que c’était, en fait, juste une mise en train, nous avions beaucoup de matières généralistes : physique, programmation. Mais en troisième année, qui en France était celle de la licence, nous ne faisions que des mathématiques. Un peu de programmation aussi, mais uniquement appliquée à la modélisation mathématique. Ce n’est pas que cela devenait plus difficile pour moi, mais il fallait faire un choix. Si durant les deux premières années, outre les études il était possible d’avoir d’autres occupation, désormais il fallait se consacrer aux mathématiques.
À la fin de la première session d’examens, j’ai eu un entretien sérieux avec l’un des meilleurs enseignants, un savant remarquable qui savait nous captiver par son enseignement. Il faut savoir que les mathématiques requièrent une approche formelle et des démonstrations formelles, mais lui il savait expliciter les mathématiques. Certains enseignants écrivaient simplement leur cours au tableau. Lui, il racontait un théorème, puis il nous proposait de formaliser son récit. Tout était clair, mais si, ne serait-ce qu’un instant on s’écartait de son cours, il était ensuite impossible de reconstituer la démonstration
Donc, durant cet entretien, il me dit que j’avais très bien réussi mes examens. Je lui racontai que j’allais à l’église, que je lisais des livres de théologie. Il me répondit : « Il va vous falloir choisir l’un ou l’autre. » Il n’a pas essayé de me pousser vers l’un ou l’autre choix, mais il m’a expliqué : « Si vous choisissez les mathématiques, il vous faudra ne penser qu’à elles à longueur de journée. Ne pas dormir parce que vous pensez aux mathématiques. Et si vous vous endormez, vous devrez rêver de théorèmes. » Je suis d’accord avec lui : pour se consacrer à quelque chose, il faut le faire avec amour. Cela doit devenir toute sa vie. C’est alors que j’ai compris que ma voie – c’est d’être prêtre. Et que pour cela je devais étudier : devenir prêtre sans faire d’études était impensable pour moi.
Bien sûr, en entrant au séminaire, je m’attendais à un niveau beaucoup plus élevé. J’ai fait mes études avant les réformes, l’organisation des cours était assez primitive. Malgré tout je dois souligner qu’il y avait au séminaire nombre d’ enseignants remarquables, qui m’ont beaucoup apporté. Aujourd’hui, la plupart du temps les séminaires en Russie tendent à devenir des établissements d’enseignement supérieur, avec à la clé un baccalauréat universitaire (2) de niveau « théologique » ; le niveau d’exigence des thèses de candidature ès-sciences (3) s’est grandement élevé. À l’époque, un étudiant sur deux soutenait une thèse de « candidature » à la fin de ses études académiques, alors qu’il est tout simplement impossible d’avoir tant de candidats tous les ans. Mais aujourd’hui être candidat signifie avoir atteint un niveau réel, et il n’est plus aussi simple de soutenir une thèse à l’académie de théologie.
J’ai terminé mes études au séminaire sans grandes difficultés, en revanche pour l’Académie, il m’a fallu étudier 4 ans : j’écrivais une thèse de candidature. J’y ai consacré beaucoup de temps, et je peux dire que j’en suis fier.
- Quel est son titre ?
« La réforme de la gestion diocésaine dans les décisions du Saint Concile de 1917-1918, et dans les discussions préalables au concile ».
- Donc, désormais vous êtes « à votre affaire » ?
Oui. Je fais comme lorsque je me consacrais à la science.
- Mais pourquoi être moine ? Un candidat ès sciences théologiques n’a pas besoin d’être moine.
Le monachisme est sans doute aussi venu de cet entretien avec mon professeur.
- Par ce seul entretien, il vous a orienté dans la bonne direction ?
Ce qu’il m’a dit correspondait à certaines de mes propres réflexions. Je ne suis pas devenu moine tout de suite après mon entrée au séminaire, mais seulement durant la deuxième année : pour moi c’était logique.
- En 2006 la revue du Patriarcat de Moscou a publié votre article « Le mariage dans la société contemporaine » …
C’était une thèse de fin d’année, que j’ai ensuite retravaillé pour en faire un article.
- Je sais que la société civile réagit très négativement au fait que des moines, en quelque sorte, se mêlent de la vie privée. Et même parmi les orthodoxes, tous n’apprécient pas.
Je suis d’accord avec eux. Mon article ne traite pas du mariage, mais des aspects canoniques de la conclusion d’un mariage et des divorces en Église. Il traite de certaines conditions formelles, mais pas du contenu du mariage : je ne parle pas de ce qui est juste ou non dans le mariage. Au séminaire, puis à l’Académie, je me suis particulièrement intéressé à l’étude du droit canon. Aujourd’hui, après le baccalauréat universitaire, il est possible de rejoindre la magistrature et d’opter pour une spécialisation. Nous n’avions pas de spécialisation, et chacun se choisissait un domaine. Pour moi, c’était le droit canon.
- Archimandrite – c’est une fonction assez élevée, entre l’higoumène et l’évêque.
C’est plutôt un titre honorifique. L’archevêque a d’autres fonctions dans l’Église. En particulier, il a le droit d’ordonner des prêtres. Le terme d’archimandrite correspond au titre le plus élevé d’un hiéromoine. Quant au terme d’higoumène, en 2013 une nouvelle version du “règlement des récompenses » a été adoptée, qui a exclu ce titre des titres honorifiques. Désormais sont higoumènes les supérieurs des monastères, et personne d’autre. On peut encore rencontrer quelques prêtres qui ont reçu ce titre avant la réforme, mais cette appellation honorifique est appelée à disparaître.
- On estime qu’un moine portant ce « titre » doit être à la tête d’un monastère. Mais vous – vous êtes le recteur d’une paroisse à la périphérie de Moscou. C’était votre souhait, votre aspiration, ou bien dans l’Église comme à l’armée, on ne refuse pas une affectation ?
J’en ai le passeport. Plus exactement, c’est l’un de mes passeports.
- Bien sûr. Mais en France le Patriarcat de Constantinople est bien mieux représenté que le Patriarcat de Moscou. Cependant, vous vous êtes retrouvé au sein de l’Église orthodoxe russe. Vous n’aviez pas le choix ?
Si, bien sûr. J’ai vécu en France jusqu’à mon entrée au séminaire en 1999, directement en deuxième année. C’est là-bas que j’ai fait mes études scolaires puis universitaires. Ensuite la question s’est posée pour moi, soit de continuer l’université soit d’entrer au séminaire.
Séquence uni~séminaire un peu floue ?
Durant ma vie à Paris , je fréquentais une paroisse connue du Patriarcat de Constantinople – l’église Saints-Constantin-et-Hélène à Clamart. C’est la toute première église construite en France par l’émigration russe. Maintenant elle fait partie du Patriarcat de Moscou. Ensuite j’ai fréquenté quelque temps la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, où je servais en tant qu’hypodiacre auprès de l’archevêque Serge (Konovaloff) ). C’est sur sa recommandation que je suis entré au séminaire préciser. Quant au choix de la juridiction, la question s’est posée pour moi au moment des perturbations vécues par l’Archevêché des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale (patriarcat de Constantinople) en 2003-2004. Après la mort de Monseigneur Serge, la direction du diocèse a été prise en mains par des personnes qui mettaient en avant leur éloignement par rapport à Moscou, et il s’est créé une confrontation assez dure avec le Patriarcat de Moscou. J’ai alors pris la décision de demeurer dans l’Église orthodoxe russe. Après la fin de mes études au séminaire en 2005, je suis rentré en France pour quelque temps, car il me fallait régler certaines questions, puis je suis revenu à Moscou, et j’ai commencé à travailler dans le département des relations extérieures de l’Église.
- Vous avez fait vos études à l’université d’Orsay à Paris, ensuite vous êtes entré au séminaire de Moscou. Mais le niveau d’études du séminaire à l’époque était plutôt celui d’un IUT. N’aviez-vous pas l’impression de « dégringoler » ? Pourquoi une personne avec un niveau universitaire avait-elle besoin de continuer ses études, mais à un niveau bien moindre ?
Toute ma vie, depuis mes 5 ans (maman me l’a rappelé il y a quelques jours), j’ai servi à l’église en France. J’ai donc toujours été dans le sanctuaire. C’était une partie importante de ma vie. Je sais qu’à l’adolescence beaucoup d’enfants refusent de porter l’aube et de servir, mais cela n’a jamais été le cas pour moi. J’y consacrais beaucoup de temps, je lisais beaucoup de livres traitant de la vie spirituelle, de l’histoire de l’Église.
Après l’école je suis entré à l’université, où j’ai étudié les mathématiques supérieures. Les deux premières années les choses étaient assez simple : j’étais un enfant prodige, à l’école j’étais très bon, étudier à l’université m’était facile. Sauf que c’était, en fait, juste une mise en train, nous avions beaucoup de matières généralistes : physique, programmation. Mais en troisième année, qui en France était celle de la licence, nous ne faisions que des mathématiques. Un peu de programmation aussi, mais uniquement appliquée à la modélisation mathématique. Ce n’est pas que cela devenait plus difficile pour moi, mais il fallait faire un choix. Si durant les deux premières années, outre les études il était possible d’avoir d’autres occupation, désormais il fallait se consacrer aux mathématiques.
À la fin de la première session d’examens, j’ai eu un entretien sérieux avec l’un des meilleurs enseignants, un savant remarquable qui savait nous captiver par son enseignement. Il faut savoir que les mathématiques requièrent une approche formelle et des démonstrations formelles, mais lui il savait expliciter les mathématiques. Certains enseignants écrivaient simplement leur cours au tableau. Lui, il racontait un théorème, puis il nous proposait de formaliser son récit. Tout était clair, mais si, ne serait-ce qu’un instant on s’écartait de son cours, il était ensuite impossible de reconstituer la démonstration
Donc, durant cet entretien, il me dit que j’avais très bien réussi mes examens. Je lui racontai que j’allais à l’église, que je lisais des livres de théologie. Il me répondit : « Il va vous falloir choisir l’un ou l’autre. » Il n’a pas essayé de me pousser vers l’un ou l’autre choix, mais il m’a expliqué : « Si vous choisissez les mathématiques, il vous faudra ne penser qu’à elles à longueur de journée. Ne pas dormir parce que vous pensez aux mathématiques. Et si vous vous endormez, vous devrez rêver de théorèmes. » Je suis d’accord avec lui : pour se consacrer à quelque chose, il faut le faire avec amour. Cela doit devenir toute sa vie. C’est alors que j’ai compris que ma voie – c’est d’être prêtre. Et que pour cela je devais étudier : devenir prêtre sans faire d’études était impensable pour moi.
Bien sûr, en entrant au séminaire, je m’attendais à un niveau beaucoup plus élevé. J’ai fait mes études avant les réformes, l’organisation des cours était assez primitive. Malgré tout je dois souligner qu’il y avait au séminaire nombre d’ enseignants remarquables, qui m’ont beaucoup apporté. Aujourd’hui, la plupart du temps les séminaires en Russie tendent à devenir des établissements d’enseignement supérieur, avec à la clé un baccalauréat universitaire (2) de niveau « théologique » ; le niveau d’exigence des thèses de candidature ès-sciences (3) s’est grandement élevé. À l’époque, un étudiant sur deux soutenait une thèse de « candidature » à la fin de ses études académiques, alors qu’il est tout simplement impossible d’avoir tant de candidats tous les ans. Mais aujourd’hui être candidat signifie avoir atteint un niveau réel, et il n’est plus aussi simple de soutenir une thèse à l’académie de théologie.
J’ai terminé mes études au séminaire sans grandes difficultés, en revanche pour l’Académie, il m’a fallu étudier 4 ans : j’écrivais une thèse de candidature. J’y ai consacré beaucoup de temps, et je peux dire que j’en suis fier.
- Quel est son titre ?
« La réforme de la gestion diocésaine dans les décisions du Saint Concile de 1917-1918, et dans les discussions préalables au concile ».
- Donc, désormais vous êtes « à votre affaire » ?
Oui. Je fais comme lorsque je me consacrais à la science.
- Mais pourquoi être moine ? Un candidat ès sciences théologiques n’a pas besoin d’être moine.
Le monachisme est sans doute aussi venu de cet entretien avec mon professeur.
- Par ce seul entretien, il vous a orienté dans la bonne direction ?
Ce qu’il m’a dit correspondait à certaines de mes propres réflexions. Je ne suis pas devenu moine tout de suite après mon entrée au séminaire, mais seulement durant la deuxième année : pour moi c’était logique.
- En 2006 la revue du Patriarcat de Moscou a publié votre article « Le mariage dans la société contemporaine » …
C’était une thèse de fin d’année, que j’ai ensuite retravaillé pour en faire un article.
- Je sais que la société civile réagit très négativement au fait que des moines, en quelque sorte, se mêlent de la vie privée. Et même parmi les orthodoxes, tous n’apprécient pas.
Je suis d’accord avec eux. Mon article ne traite pas du mariage, mais des aspects canoniques de la conclusion d’un mariage et des divorces en Église. Il traite de certaines conditions formelles, mais pas du contenu du mariage : je ne parle pas de ce qui est juste ou non dans le mariage. Au séminaire, puis à l’Académie, je me suis particulièrement intéressé à l’étude du droit canon. Aujourd’hui, après le baccalauréat universitaire, il est possible de rejoindre la magistrature et d’opter pour une spécialisation. Nous n’avions pas de spécialisation, et chacun se choisissait un domaine. Pour moi, c’était le droit canon.
- Archimandrite – c’est une fonction assez élevée, entre l’higoumène et l’évêque.
C’est plutôt un titre honorifique. L’archevêque a d’autres fonctions dans l’Église. En particulier, il a le droit d’ordonner des prêtres. Le terme d’archimandrite correspond au titre le plus élevé d’un hiéromoine. Quant au terme d’higoumène, en 2013 une nouvelle version du “règlement des récompenses » a été adoptée, qui a exclu ce titre des titres honorifiques. Désormais sont higoumènes les supérieurs des monastères, et personne d’autre. On peut encore rencontrer quelques prêtres qui ont reçu ce titre avant la réforme, mais cette appellation honorifique est appelée à disparaître.
- On estime qu’un moine portant ce « titre » doit être à la tête d’un monastère. Mais vous – vous êtes le recteur d’une paroisse à la périphérie de Moscou. C’était votre souhait, votre aspiration, ou bien dans l’Église comme à l’armée, on ne refuse pas une affectation ?
Comme je l’ai dit, le titre d’archimandrite est le titre honorifique suprême d’un hiéromoine, même si autrefois c’était le nom des dirigeants de grands monastères. Compte tenu de ma fonction au sein du Patriarcat, que je n’exerce pas en milieu monastique (même si notre direction se trouve sur le territoire du monastère Saint-Daniel), je n’aurais sans doute pas la possibilité de vivre en monastère.
Si je suis recteur d’une église, c’est sans doute parce que le Patriarche en a décidé ainsi : il fallait que je m’éprouve dans ce rôle. Je fais certaines choses bien, d’autre, à mon sens critique, moins bien et j’aimerais les corriger. Pour une grande part, c’est lié au fait que, à la différence d’autres recteurs, je ne suis pas présent dans ma paroisse full-time (4) , seulement le samedi et le dimanche. Le reste du temps je ne fais qu’y vivre : je pars à 9h00 du matin au travail, et je reviens dans mon appartement de fonction entre 19h00 et l’infini. En semaine on ne m’y voit quasiment jamais. Je m’efforce d’aller faire un tour à l’église avant de partir au travail, pour dire bonjour au prêtre qui célèbre (mais je n’y arrive pas toujours, il m’arrive d’être vraiment très pressé). Mon travail à la chancellerie appose bien sûr sa marque sur mon rectorat – il me faut régler la plupart des questions administratives en étant loin ; mais il est impossible de s’occuper de la vie spirituelle des personnes de cette façon, et ce sont les clercs de la paroisse qui s’en chargent. J’ai à mes côtés sept clercs, certains plus âgés, d’autres plus jeunes, certains plus indulgents, d’autres plus sévères – il y en a pour tous les « goûts ». Si j’avais plus de temps, j’en ferais plus. Mais cela ne signifie pas que je veuille changer quelque chose, car mon travail à la chancellerie me plaît beaucoup.
- Que votre paroisse compte beaucoup de jeunes très actifs, c’est à vous qu’on le doit, ou bien était-ce déjà le cas avant vous ?
L’ancien recteur – aujourd’hui le métropolite Alexandre (Agrikov) de Briansk et de Sevsk – m’a légué une base matérielle importante : je n’ai pas eu à me préoccuper de construire quoi que ce soit. Bien sûr nous poursuivons les travaux d’amélioration de la résidence d’été historique des métropolites moscovites à Tcherkizovo (en 1360 saint Alexis, métropolite de Moscou, a acquis ce lieu pour lui-même et ses successeurs), qui avait entièrement brûlé dans les années 1990 ; Mgr Alexandre l’a restauré, il ne nous reste donc que les travaux de finition. Récemment nous y avons ouvert une bibliothèque. Quant au groupe de jeunes, il existait déjà dans l’église, de même qu’une chorale de jeunes. Il s’était créé durant les deux dernières années du précédent recteur, nous n’avons fait que lui donner une nouvelle impulsion.
J’agis suivant un principe qui, m’a-t-on dit, n’est pas toujours celui de tous les recteurs : j’estime qu’il faut donner leur chance à toutes les initiatives, sauf si bien sûr elles sont complètement démentes. Par exemple, il y a quelque temps un jeune homme est venu me voir pour me proposer de créer une salle de sport. Je lui ai demandé ce qu’il attendait de moi. Il a répondu : « Pour l’instant rien. Mais si nous demandons à un sponsor de nous acheter des maillots, vous signerez notre lettre ? » « Je le ferai. » Au début, ils couraient dans le parc voisin, et ce jeune homme organisait les entraînements de tous ceux qui le souhaitaient. Nous nous sommes adressés à un organisme voisin, qui a mis à la disposition du groupe une salle de sport.
Puis ce jeune me dit : « Nous sommes prêts à équiper notre propre salle de sport », et nous leur avons donné un local. Ils ont fait tous les travaux eux-mêmes, ils ont même trouvé les matériaux pour cela. Pour moi, le plus important était de ne pas les gêner dans leur entreprise. Désormais, notre paroisse possède une salle de sport pratiquement ; les jeunes ont même trouvé des entraîneurs prêts à s’occuper d’eux gratuitement. Pour moi, ce qui compte, c’est que nos paroissiens ont décidé eux-mêmes de faire quelque chose dans notre paroisse. Et qu’ils l’ont fait.
Durant mon rectorat, tout l’aspect éducation s’est fortement développé : préparation et distribution de dépliants et de prospectus – nous avons rédigé des textes très acceptables sur ce qu’est la communion, la confession, comment prier pour les défunts. Nous parlons sans cesse de l’importance de la communion. Devenu recteur, j’ai commencé à en parler de l’ambon. Suivant l’une des directives de la hiérarchie, il est indispensable que quelqu’un soit de permanence à l’église au moins tous les dimanches et les jours de fête. Pas obligatoirement un prêtre, mais il faut que ceux qui entrent dans l’église soient accueillis. Nous avons une table avec un écriteau « Nous répondons à vos questions. » Les gens viennent, interrogent. Si les personnes de permanence voient que la question posée ne relève pas de leur compétence, elles téléphonent à un prêtre. Mais s’il est question de l’église ou d’une fête, elles répondent. Nous disposons d’une grande quantité de documents à distribuer.
Le catéchuménat est bien organisé. L’une des dernières directives adoptées par l’Église prescrit qu’il convient de mener au moins deux entretiens avec les parents d’un enfant à baptiser. J’ai énormément de chance avec les responsables du catéchuménat – ils font du beau travail, très souvent après le baptême les gens restent dans notre paroisse.
Pour en revenir aux jeunes : il est agréable de noter que ces dernières années un grand nombre d’entre eux ont formé des couples et se sont mariés ; maintenant ils viennent en famille.
Nous avons un site Internet, nous sommes présents sur les réseaux sociaux, toute notre activité d’éducation et d’information est en plein développement. Les jeunes aussi s’y intéressent. La paroisse, c’est la maison de Dieu, les jeunes ne doivent pas s’y sentir comme des étrangers. Et le prêtre doit comprendre qu’il n’est pas juste le maître de céans. Dans l’Église orthodoxe russe, beaucoup de choses dépendent du recteur, mais s’il comprend qu’il n’est pas un petit chef, mais qu’il est au service des gens, la paroisse pourra s’épanouir.
Et encore ceci d’important pour moi : en France toutes les paroisses sont petites. Après l’office, on va boire un thé, on se parle. À Moscou, avec 250-300 personnes, c’est compliqué de mettre en place une telle forme de relations. Bien sûr, nous proposons du thé à tous ceux qui le souhaitent, mais ce n’est pas un moment clé. Aussi nous nous efforçons de permettre aux gens de s’intégrer le plus possible dans le travail de la paroisse, qu’ils comprennent que c’est leur paroisse ;
- La presse vous aime bien, ce qui, d’après ce que j’observe, est extrêmement rare. Les journalistes parlent de vous en bien.
Sans doute parce que je ne suis pas vraiment une personne publique. Mon activité et mon caractère ne me poussent pas à m’afficher. Mes commentaires concernent en général des questions très spécifiques, et j’ai peu de contacts avec la presse. Peut-être est-ce pour cela que l’on m’aime bien.
- Ou bien parce que vous ne refusez jamais de commenter ?
Si, cela m’arrive. Pour tout ce qui concerne la vie de l’Église ou bien les décisions prises par l’Église, qui sortent du cadre de mes compétences professionnelles, je réponds généralement qu’il faut s’adresser aux services qui ont vocation à répondre. Par exemple, au service synodal de liaison avec les forces armées, ou bien au service d’information.
- Puisque vous utilisez l’expression « notre direction », je vous demanderai de nous raconter de quoi s’occupe une personne qui occupe deux fonctions : vice-chancelier et chef du service de contrôle et d’analyse du Patriarcat de Moscou.
Suivant les périodes la chancellerie du Patriarcat de Moscou a eu des fonctions diverses. Mais c’est le cas de beaucoup de services. Par exemple, il y a 20 ans, la direction des relations extérieures avait sous sa responsabilité des missions plus larges. En son temps la chancellerie était chargée de tout l’appareil administratif et gestionnaire. Le chancelier, par exemple, était habilité à des documents financiers. Puis les fonctions ont été partagées, même si le nom est resté. La chancellerie du patriarcat de Moscou est devenue l’administration du Patriarche (il faut noter que les gens confondent souvent deux concepts : Patriarchia (5) de Moscou et Patriarcat de Moscou. Patriarcat est le synonyme d’Église orthodoxe russe. Patriarchia – c’est l’institution). Après l’élection du Patriarche Cyrille, celui-ci a décidé de préciser les fonctions de la chancellerie – la chargeant de s’occupe de l’interaction entre la direction centrale de l’Église (le Patriarche et le Synode) et les diocèses. Notre rôle est donc de gérer les relations avec les diocèses.
J’ai commencé par m’occuper du courrier et des plaintes. Le Patriarcat de Moscou a un service qui est chargé de répondre aux questions d’ordre spirituel. Dans ces lettres, par exemple, on demande comment il faut jeûner, ou bien on demande au Patriarche ses prières [pour quelque chose], ou bien des prisonniers demandent de leur envoyer une icône. Il est évident que le Patriarche lui-même n’est pas en mesure de répondre à toutes ces lettres, c’est pourquoi ce service existe. Quant à nous, nous étions chargés de tout le courrier contenant des plaintes.
Par exemple, des laïcs écrivent au Patriarche que telle ou telle chose leur déplaît chez leur recteur, ou bien, au contraire, ils demandent de leur laisser tel clerc qui a été affecté autre part, ou encore qu’on ouvre une église dans leur village. Mais il n’est pas possible d’ouvrir une église dans tous les villages, et il faut expliquer à ces gens pourquoi le Patriarche ne donne pas de directive en ce sens. Ne pas répondre – ce n’est pas bien. Puisque les gens ont écrit au Patriarche, ils sont en droit de compter sur une réponse. Même un refus, mais poli.
Si je suis recteur d’une église, c’est sans doute parce que le Patriarche en a décidé ainsi : il fallait que je m’éprouve dans ce rôle. Je fais certaines choses bien, d’autre, à mon sens critique, moins bien et j’aimerais les corriger. Pour une grande part, c’est lié au fait que, à la différence d’autres recteurs, je ne suis pas présent dans ma paroisse full-time (4) , seulement le samedi et le dimanche. Le reste du temps je ne fais qu’y vivre : je pars à 9h00 du matin au travail, et je reviens dans mon appartement de fonction entre 19h00 et l’infini. En semaine on ne m’y voit quasiment jamais. Je m’efforce d’aller faire un tour à l’église avant de partir au travail, pour dire bonjour au prêtre qui célèbre (mais je n’y arrive pas toujours, il m’arrive d’être vraiment très pressé). Mon travail à la chancellerie appose bien sûr sa marque sur mon rectorat – il me faut régler la plupart des questions administratives en étant loin ; mais il est impossible de s’occuper de la vie spirituelle des personnes de cette façon, et ce sont les clercs de la paroisse qui s’en chargent. J’ai à mes côtés sept clercs, certains plus âgés, d’autres plus jeunes, certains plus indulgents, d’autres plus sévères – il y en a pour tous les « goûts ». Si j’avais plus de temps, j’en ferais plus. Mais cela ne signifie pas que je veuille changer quelque chose, car mon travail à la chancellerie me plaît beaucoup.
- Que votre paroisse compte beaucoup de jeunes très actifs, c’est à vous qu’on le doit, ou bien était-ce déjà le cas avant vous ?
L’ancien recteur – aujourd’hui le métropolite Alexandre (Agrikov) de Briansk et de Sevsk – m’a légué une base matérielle importante : je n’ai pas eu à me préoccuper de construire quoi que ce soit. Bien sûr nous poursuivons les travaux d’amélioration de la résidence d’été historique des métropolites moscovites à Tcherkizovo (en 1360 saint Alexis, métropolite de Moscou, a acquis ce lieu pour lui-même et ses successeurs), qui avait entièrement brûlé dans les années 1990 ; Mgr Alexandre l’a restauré, il ne nous reste donc que les travaux de finition. Récemment nous y avons ouvert une bibliothèque. Quant au groupe de jeunes, il existait déjà dans l’église, de même qu’une chorale de jeunes. Il s’était créé durant les deux dernières années du précédent recteur, nous n’avons fait que lui donner une nouvelle impulsion.
J’agis suivant un principe qui, m’a-t-on dit, n’est pas toujours celui de tous les recteurs : j’estime qu’il faut donner leur chance à toutes les initiatives, sauf si bien sûr elles sont complètement démentes. Par exemple, il y a quelque temps un jeune homme est venu me voir pour me proposer de créer une salle de sport. Je lui ai demandé ce qu’il attendait de moi. Il a répondu : « Pour l’instant rien. Mais si nous demandons à un sponsor de nous acheter des maillots, vous signerez notre lettre ? » « Je le ferai. » Au début, ils couraient dans le parc voisin, et ce jeune homme organisait les entraînements de tous ceux qui le souhaitaient. Nous nous sommes adressés à un organisme voisin, qui a mis à la disposition du groupe une salle de sport.
Puis ce jeune me dit : « Nous sommes prêts à équiper notre propre salle de sport », et nous leur avons donné un local. Ils ont fait tous les travaux eux-mêmes, ils ont même trouvé les matériaux pour cela. Pour moi, le plus important était de ne pas les gêner dans leur entreprise. Désormais, notre paroisse possède une salle de sport pratiquement ; les jeunes ont même trouvé des entraîneurs prêts à s’occuper d’eux gratuitement. Pour moi, ce qui compte, c’est que nos paroissiens ont décidé eux-mêmes de faire quelque chose dans notre paroisse. Et qu’ils l’ont fait.
Durant mon rectorat, tout l’aspect éducation s’est fortement développé : préparation et distribution de dépliants et de prospectus – nous avons rédigé des textes très acceptables sur ce qu’est la communion, la confession, comment prier pour les défunts. Nous parlons sans cesse de l’importance de la communion. Devenu recteur, j’ai commencé à en parler de l’ambon. Suivant l’une des directives de la hiérarchie, il est indispensable que quelqu’un soit de permanence à l’église au moins tous les dimanches et les jours de fête. Pas obligatoirement un prêtre, mais il faut que ceux qui entrent dans l’église soient accueillis. Nous avons une table avec un écriteau « Nous répondons à vos questions. » Les gens viennent, interrogent. Si les personnes de permanence voient que la question posée ne relève pas de leur compétence, elles téléphonent à un prêtre. Mais s’il est question de l’église ou d’une fête, elles répondent. Nous disposons d’une grande quantité de documents à distribuer.
Le catéchuménat est bien organisé. L’une des dernières directives adoptées par l’Église prescrit qu’il convient de mener au moins deux entretiens avec les parents d’un enfant à baptiser. J’ai énormément de chance avec les responsables du catéchuménat – ils font du beau travail, très souvent après le baptême les gens restent dans notre paroisse.
Pour en revenir aux jeunes : il est agréable de noter que ces dernières années un grand nombre d’entre eux ont formé des couples et se sont mariés ; maintenant ils viennent en famille.
Nous avons un site Internet, nous sommes présents sur les réseaux sociaux, toute notre activité d’éducation et d’information est en plein développement. Les jeunes aussi s’y intéressent. La paroisse, c’est la maison de Dieu, les jeunes ne doivent pas s’y sentir comme des étrangers. Et le prêtre doit comprendre qu’il n’est pas juste le maître de céans. Dans l’Église orthodoxe russe, beaucoup de choses dépendent du recteur, mais s’il comprend qu’il n’est pas un petit chef, mais qu’il est au service des gens, la paroisse pourra s’épanouir.
Et encore ceci d’important pour moi : en France toutes les paroisses sont petites. Après l’office, on va boire un thé, on se parle. À Moscou, avec 250-300 personnes, c’est compliqué de mettre en place une telle forme de relations. Bien sûr, nous proposons du thé à tous ceux qui le souhaitent, mais ce n’est pas un moment clé. Aussi nous nous efforçons de permettre aux gens de s’intégrer le plus possible dans le travail de la paroisse, qu’ils comprennent que c’est leur paroisse ;
- La presse vous aime bien, ce qui, d’après ce que j’observe, est extrêmement rare. Les journalistes parlent de vous en bien.
Sans doute parce que je ne suis pas vraiment une personne publique. Mon activité et mon caractère ne me poussent pas à m’afficher. Mes commentaires concernent en général des questions très spécifiques, et j’ai peu de contacts avec la presse. Peut-être est-ce pour cela que l’on m’aime bien.
- Ou bien parce que vous ne refusez jamais de commenter ?
Si, cela m’arrive. Pour tout ce qui concerne la vie de l’Église ou bien les décisions prises par l’Église, qui sortent du cadre de mes compétences professionnelles, je réponds généralement qu’il faut s’adresser aux services qui ont vocation à répondre. Par exemple, au service synodal de liaison avec les forces armées, ou bien au service d’information.
- Puisque vous utilisez l’expression « notre direction », je vous demanderai de nous raconter de quoi s’occupe une personne qui occupe deux fonctions : vice-chancelier et chef du service de contrôle et d’analyse du Patriarcat de Moscou.
Suivant les périodes la chancellerie du Patriarcat de Moscou a eu des fonctions diverses. Mais c’est le cas de beaucoup de services. Par exemple, il y a 20 ans, la direction des relations extérieures avait sous sa responsabilité des missions plus larges. En son temps la chancellerie était chargée de tout l’appareil administratif et gestionnaire. Le chancelier, par exemple, était habilité à des documents financiers. Puis les fonctions ont été partagées, même si le nom est resté. La chancellerie du patriarcat de Moscou est devenue l’administration du Patriarche (il faut noter que les gens confondent souvent deux concepts : Patriarchia (5) de Moscou et Patriarcat de Moscou. Patriarcat est le synonyme d’Église orthodoxe russe. Patriarchia – c’est l’institution). Après l’élection du Patriarche Cyrille, celui-ci a décidé de préciser les fonctions de la chancellerie – la chargeant de s’occupe de l’interaction entre la direction centrale de l’Église (le Patriarche et le Synode) et les diocèses. Notre rôle est donc de gérer les relations avec les diocèses.
J’ai commencé par m’occuper du courrier et des plaintes. Le Patriarcat de Moscou a un service qui est chargé de répondre aux questions d’ordre spirituel. Dans ces lettres, par exemple, on demande comment il faut jeûner, ou bien on demande au Patriarche ses prières [pour quelque chose], ou bien des prisonniers demandent de leur envoyer une icône. Il est évident que le Patriarche lui-même n’est pas en mesure de répondre à toutes ces lettres, c’est pourquoi ce service existe. Quant à nous, nous étions chargés de tout le courrier contenant des plaintes.
Par exemple, des laïcs écrivent au Patriarche que telle ou telle chose leur déplaît chez leur recteur, ou bien, au contraire, ils demandent de leur laisser tel clerc qui a été affecté autre part, ou encore qu’on ouvre une église dans leur village. Mais il n’est pas possible d’ouvrir une église dans tous les villages, et il faut expliquer à ces gens pourquoi le Patriarche ne donne pas de directive en ce sens. Ne pas répondre – ce n’est pas bien. Puisque les gens ont écrit au Patriarche, ils sont en droit de compter sur une réponse. Même un refus, mais poli.
- Vous voulez dire qu’il y a des gens dans l’administration qui répondent à toutes les lettres qui arrivent au nom du Patriarche ?
Oui. Il y a 4 ans, c’était mon rôle de le faire. Le 2 avril cela a fait 9 ans que je travaille à la chancellerie. La première moitié de ce temps j’avais en charge ce courrier. Nous répondions à toutes les demandes, sauf si elles étaient ouvertement scandaleuses ou si d’après le style de la lettre il était évident que la personne était psychiquement déséquilibrée. Par exemple, si la lettre était écrite en cinq couleurs et trois polices de caractères différentes.
Par ailleurs, j’étais chargé d’étudier et de synthétiser les rapports annuels des diocèses – je le fais toujours. Tous les diocèses envoient annuellement un rapport de leurs activités. Nous nous efforçons régulièrement de simplifier les règles de rédaction de ces rapports, mais il faut bien un minimum.
Ensuite, en nous fondant sur les informations que nous envoient les autres services, nous préparons les conciles archiépiscopaux qui font le bilan d’une période donnée de la vie de l’Église (les statuts prévoient une réunion tous les 4 ans, mais en fait c’est plus fréquent). Nous préparons également les réunions du Synode (les statuts prévoient que le chancelier est le secrétaire du Synode).
Avec l’augmentation du volume de travail, il a fallu scinder la chancellerie en deux sous-divisions : le secrétariat et le service de contrôle et d’analyse. Tout le courrier est désormais à la charge du secrétariat.
Ces dernières années nous avons amélioré le système d’étude des statistiques de notre Église. À notre arrivée, c’était le chaos. Non pas parce qu’avant nous les gens travaillaient mal, mais parce qu’ils n’avaient pas les outils. Ou plutôt, les outils n’étaient pas ceux qu’il fallait. Par exemple, les rapports provenant des diocèses présentaient d’une année sur l’autre des discordances dans le nombre de paroisses – tantôt plus, tantôt moins. Comme mathématicien, j’en avais les cheveux qui se dressaient sur la tête. Avec des chiffres dans certains diocèses qui pouvaient différer de plus ou moins 60 paroisses, j’avais envie de leur répondre : une fois pour toutes, faites le compte de vos paroisses.
Nous avons créé un système de décompte assez poussé. Nous avons comparé les chiffres avec ceux de la population. On ne peut pas dire que les chiffres témoignent de la vie de l’Église, mais ils permettent de se faire une idée assez précise. Lorsque nous rassemblons ces données, il nous arrive de téléphoner au diocèse, et de demander pourquoi tel ou tel indicateur n’est pas bon. Mais il est important de ne pas effrayer les gens qui reçoivent un appel de Moscou. Nous expliquons à chaque fois, que nous ne sommes pas des cerbères, mais que nous voulons comprendre ce qui se passe et ce qu’il faut faire pour changer les choses, pour aider le diocèse. Dans l’ensemble, sur ce sujet nos relations avec les diocèses sont bonnes.
Je vais vous expliquer sur un exemple à quoi servent les statistiques. Il y a trois ans, nous avons mis en place un système de répartition des diplômés des établissement théologiques centraux. Les étudiants des séminaires de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de la Sainte-Rencontre, de Saint-Nicolas-d’Ougrechsk, de Saint-Nicolas-de-Perervinsk, ainsi que de l’institut Saint-Tikhon, sont tenus après leur diplôme de travailler pendant deux ans là où on les affectera. Cela doit aider les diocèses manquant grandement de personnel, en particulier en Extrême-Orient. Aujourd’hui nous pouvons nous servir des statistiques que nous avons rassemblées pour voir où, objectivement, nous manquons de prêtres. Pas juste parce qu’un diocèse le demande – envoyez-nous encore un jeune diplômé. Tout le monde le demande, nous n’avons pas assez de diplômés pour satisfaire tout le monde. Mais les chiffres nous montrent dans quel diocèse il y a un prêtre pour 30 000 habitants. C’est là-bas qu’il faudra envoyer quelqu’un.
Il est extrêmement important de considérer chaque diocèse et sa vie séparément. De ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Si nécessaire, de créer des mécanismes d’aide. Tout n’est pas toujours un succès. Je présente plutôt une image idéalisée, mais c’est là notre mission.
- Ce que vous avez dit à propos du Synode est particulièrement intéressant : de l’extérieur on a l’impression que vous assistez aux réunions parce que vous avez dans l’Église un rôle tout particulier, dont j’entends constamment parler en privé.
Je n’assiste pas aux réunions du Synode, seuls les membres du Synode y sont. Je suis derrière la porte, et si nécessaire, s’il faut faire quelque chose au moment où une question est en discussion, on m’appelle, on me donne à corriger tel projet de document ou tel registre du Saint Synode, et je le fais. Quant à la préparation des réunions, en général c’est le service concerné qui rédige le projet de registre, puis nous nous chargeons de réviser le texte, le plus souvent uniquement son style, pour que tous les registres soient écrits de la même façon. Nous vérifions également les projets de décisions en les comparant aux décisions précédentes, afin qu’il n’y ait pas de contradiction. S’il y a des différences, si le registre peut être complété ou bien s’il y a contradiction, nous en informons la hiérarchie qui prendra les décisions. C’est pareil pour tout le reste : nous préparons les textes. Mais jamais le Synode ne signe sans regarder, ni le Patriarche ne prononce sans l’avoir d’abord corrigé un texte écrit par père Savva.
- C’est ce que je voulais entendre. Parce que parfois on a une impression tout autre.
Le penser, c’est tout d’abord, non pas surestimer père Savva, mais surtout vraiment sous-estimer le Patriarche et les membres du Synode. Il m’est arrivé de travailler avec le Patriarche dans des groupes de rédaction, et j’ai pu observer à quel point il est sensible à chaque mot. Évidemment, quand on est Patriarche on n’a pas le temps d’écrire des textes de 20-30 pages, même si je peux témoigner que jusqu’à maintenant il lui arrive de rédiger lui-même des paragraphes entiers de ses exposés.
Comment notre service travaille-t-il à préparer un texte ? Nous écrivons un premier brouillon (ou bien nous synthétisons ce que nous ont envoyé d’autres services), puis commence le processus de relecture. Parfois c’est très difficile. Le Patriarche est un orateur pointilleux, dans le bon sens du terme : il vérifie littéralement tout ce qu’il va dire.
Je le répète, que le Patriarche accepte sans l’avoir lu tout ce que nous pourrions concocter est – dans son principe même – impossible. Bien sûr, dans certains cas nous sommes une force de proposition. Par exemple, à l’initiative de Mgr Barsanuphe (6) , nous avons proposé un document prescrivant aux hiérarchies diocésaines de se préoccuper des clercs âgés, des veuves de prêtres. Une version temporaire de ce document a été adoptée en 2011, la version définitive en 2013. Dans certains diocèses, son application est un succès, dans d’autres elle laisse à désirer, ou bien nous manquons d’information. C’est là une des missions que je voudrais bientôt proposer au chancelier – de vérifier comment est appliqué ce document.
Comme je l’ai déjà dit, il nous arrive souvent de rédiger des textes fondés sur les propositions d’autres services. C’est quelque chose que nous réussissons plutôt bien : rédiger et corriger des textes de fond ou bien législatifs. Je parle ici exclusivement de la législation interne à l’Église, les questions juridiques sont l’apanage d’un autre service. Pour parler en termes laïques, soit nous travaillons comme « speechwriter », soit comme « direction juridique ecclésiale ».
Une grande partie de notre travail est liée à l’organisme appelé « Présence inter-synodale » : c’est un mécanisme de discussion publique de documents-clés. À l’époque où la discussion concernait le document sur le soutien matériel et social des clercs, nous avons reçu des réactions venant de tous les diocèses, il y a eu beaucoup de commentaires sur Internet, des centaines de commentaires qu’il nous a fallu étudier et synthétiser. Bien sûr, l’organe synthétiseur n’est pas neutre, il apporte aussi quelque chose de lui, il peut réagir de façon positive ou négative au document. Je pense que l’un des exemples les plus réussis d’une discussion publique concerne le document consacré à l’Eucharistie et à la préparation à la communion. Il a été discuté en deux étapes. Nous avons reçu tellement de commentaires qu’il a fallu entièrement le réécrire. En fin de compte, il en est sorti un texte équilibré, et j’estime qu’en partie c’est grâce à ma sous-division.
Ma sous-division remplit une autre fonction : nous sommes l’appareil du Tribunal ecclésiastique suprême. Le tribunal ecclésiastique est une instance d’appel des décisions prises au niveau diocésain. Il se réunit une ou deux fois par an. Il n’y avait aucun sens à créer un appareil spécifique ; c’est pour cela que c’est à nous que cette fonction a été confiée depuis 2010, date à laquelle l’activité du tribunal ecclésial a été lancée. Lorsque nous recevons un appel, nous rassemblons les avis des parties – du diocèse, de l’appelant, des témoignages ; nous les synthétisons (en général il y a quelques centaines de pages) en un document d’une vingtaine de pages, avec références aux documents du dossier. Je veux ici particulièrement souligner le fait, que les services administratifs du tribunal ecclésiastique reste le plus neutre possible. Nous n’écrivons jamais les décisions à l’avance. Celles-ci sont prises par les juges après qu’ils aient pris connaissance des documents et qu’ils aient entendu de vive voix les protagonistes durant une session du tribunal. L’existence active du tribunal ecclésiastique est, à mes yeux, l’un des plus importants succès du présent règne patriarcal.
- À mon avis, même les fidèles ne connaissent pas tous l’existence du tribunal ecclésiastique. Quels types d’appels étudie-t-il ?
Par exemple, un diocèse décide de déchoir une personne de la prêtrise. Mais tant que cette décision n’a pas été confirmée par le Patriarche, elle n’est pas, suivant les Statuts, mise en application. Les raisons peuvent être très diverses : adultère, accusation de vol important de l’église, alcoolisme invétéré. Mais dans certains cas les prêtres peuvent estimer que les accusations ne sont pas fondées, et que le tribunal diocésain a pris une décision injuste. Ou bien ils acceptent la décision, mais pas la sanction. Il peut être question de déchoir la personne de la prêtrise, comme je l’ai déjà dit, mais aussi de lui interdire de célébrer. Ces prêtres font alors appel devant le tribunal ecclésiastique.
Toutes les décisions du tribunal ecclésiastique sont publiées en libre accès sur le site de l’Église orthodoxe russe. Au moins la partie résolution. Nous ne publions pas les motifs, car ils font référence à des choses privées. Les décisions sont très variées. Par exemple, la faute du prêtre est confirmée, la décision prise par le tribunal diocésain de le déchoir de la prêtrise est justifiée, mais le tribunal ecclésiastique décide de lui donner encore une chance, en apposant un moratoire sur la décision du tribunal diocésain et en interdisant au prêtre de célébrer pendant quelques années. Une sorte de période d’essai. C’est ce qui est arrivé à un prêtre qui souffrait d’alcoolisme : il a vécu une tragédie, le tribunal en a tenu compte et a fait preuve de mansuétude, en espérant que l’examen de son cas à un tel niveau l’aiderait à revenir sur le droit chemin. Il y a eu un autre cas intéressant : un prêtre avait été accusé de vol. Le diocèse voulait le déchoir de la prêtrise, mais le tribunal ecclésiastique a estimé la décision impropre. Il n’y avait aucune preuve de malversation financière intentionnelle. Le tribunal ecclésiastique a donc annulé la décision diocésaine. Eh oui, il arrive aussi que le tribunal ecclésiastique annule la décision du tribunal diocésain, concluant que la culpabilité du prêtre n’a pas été prouvée.
- Effectivement les décisions des tribunaux diocésains et ecclésiastique sont, ces dernières années, publiées en libre accès ; il m’a semblé que le nombre de déchéances de prêtrise ou d’interdictions temporaires de célébrer sont en augmentation.
En partie c’est vrai. D’abord il faut considérer que le nombre de diocèses a augmenté, et que les prêtres sont désormais plus exposés à la supervision des archevêques. Lorsque dans un immense diocèse un prêtre officie dans un petit village loin de la capitale diocésaine, qu’il se conduise mal peut longtemps passer inaperçu. Mais désormais ce n’est souvent plus le cas. Ensuite, le nombre de prêtre augmente tous les ans de plusieurs centaines. Et c’est logique – s’il y a plus de prêtres, il y a aussi plus de mauvais prêtres.
- Dans les mêmes proportions ?
Non, sans doute. Mais la corrélation existe.
- Qu’est-ce qui est plus important pour vous – servir l’Église ou servir l’église ?
Quelle différence ?
- Lorsque je suis devenue une journaliste parlant de religion, j’ai appris qu’il y avait des aspects différents dans la vie de l’Église. Et parfois ces aspects étaient très loin de ce que pour moi devaient représenter les croyants, les prêtres. J’ai alors décidé que l’église, c’est là où je vais rencontrer Dieu, et l’Église, c’est un des ministères de l’État.
Je ne fais pas de différence entre ces « deux » Églises, aucune dichotomie. Bien sûr, il y a le Corps mystique du Christ et l’Église vivant dans le temps, dans l’histoire en tant qu’institut. Mais ce ne ce sont pas deux Églises différentes. L’Église – Corps du Christ – est habitée par des personnes diverses, souvent par des pécheurs. Mais quoi, moi aussi j’en suis un. J’ai mes bons côtés, et mes côtés pas très bons, certains ne m’aiment pas, estimant que je suis une personne mauvaise, et même un mauvais chrétien. Peut-être même certains se demandent-ils comment je peux servir l’Église.
- Nous avons chacun d’entre nous quelqu’un qui ne nous aime pas.
C’est vrai. Ce qui ne nous empêche pas, chacun d’entre nous, de se concevoir au sein de l’Église, malgré nos péchés.
- Tout le monde sait que dans ma vie, il y a quelques personnes pour lesquelles je suis prête à « tout casser ». D’abord je le ferai machinalement, ce n’est qu’ensuite que je commencerai à réfléchir. Mais un moine ne peut pas se conduire comme cela. Vous arrive-t-il de vivre des moments où vous pourriez réagir de cette façon ?
Oui, bien sûr, cela doit arriver.
- Comment faites-vous pour que les gens ne remarquent pas que vous réagissez fortement ?
Et pourquoi ne le remarqueraient-ils pas ? Je suis une personne émotive, certains le savent bien. Avec le temps mon émotivité s’est quelque peu adoucie, et grâce à mon travail, à mon sacerdoce j’ai appris à réagir plus calmement. Dans la paroisse, où nous sommes tous tellement différents, il faut bien souvent calmer le jeu. J’ai beaucoup de subordonnés, à la chancellerie comme dans la paroisse, ils sont tous différents, il faut donc garder un équilibre. Non pas avoir la même attitude envers tous, de toute façon ce n’est pas le cas. Certains me sont plus proches, certains plus sympathiques, un autre au contraire me déplaît. Je m’efforce de réagir en toute justice aux actes et aux erreurs de tous et de chacun. Mais il peut arriver que je me mette très en colère, et que j’agisse alors avec sévérité et dureté. Je réagis sans doute avec plus d’émotion avec mes amis proches qu’en tant que chef ou recteur.
- Je ne sais toujours pas s’il faut s’offenser « pour Dieu », ou si Dieu ne peut pas être outragé.
Je n’ai jamais eu de raison de m’offenser pour Lui. Le Seigneur sait ce qu’Il a à faire dans tous les cas. Bien sûr, si quelqu’un vient mettre des inscriptions blasphématoires sur mon église, je serai très en colère contre ces personnes. Non pas parce que cela offense Dieu, mais parce que pour les 300 personnes qui sont notre paroisse, notre église est chère, ils l’aiment, et il ne faut pas y faire de saletés.
- Si je vous demande ce qui a été déterminant pour vous – pour les trois frères – dans votre éducation, que diriez-vous ?
C’est une question compliquée, parce qu’elle demande que je porte en public un jugement sur mes parents, sur la façon dont ils nous ont éduqué. Je ne pense pas que cela soit correct. Oui, au fond c’est cela – ce n’est pas quelque chose dont je voudrais parler en public. Non parce que j’ai quelque « réclamation » à faire quant à mon éducation, – bien au contraire, je suis très, très reconnaissant à mes parents, mais parce que c’est un domaine très privé.
- Comment sont vos relations avec vos frères ?
Bonnes. Meilleures que lorsque nous étions petits. Nous avons une assez grande différence d’âge. Il y a d’abord eu moi, puis 4 ans après le deuxième et encore deux ans plus tard le troisième ; Quand nous grandissions ils étaient plus proches l’un de l’autre que de moi. Quand je suis parti faire mes études à 21 ans, Ivan avait 17 ans ; pendant longtemps nous n’avons eu aucune relation, géographiquement nous étions trop éloignés. Aujourd’hui j’ai moins de contacts avec le benjamin, car nous vivons dans des pays différents, avec le deuxième nous en avons plus. Ivan a des contacts fréquents avec moi comme avec notre benjamin, car il vit ici et se rend souvent en France.
- Ceux qui se souviennent de votre blog, savent que votre pseudo était « cartésien ».
Cela fait un million d’années que je n’y vais plus, j’ai même perdu le mot de passe.
- Peut-être votre côté mystérieux est-il en rapport avec votre pseudo. Quoique, si je comprends bien – les cartésiens sont un ordre de moines qui se consacre à la science ?
Un cartésien est un disciple du grand mathématicien Descartes. Pour moi mon pseudo ne faisait référence qu’à sa façon d’aborder la réflexion. En choisissant mon pseudo, je cherchais un mathématicien qui m’intéressait. Descartes était l’un d’eux.
- Vous arrivez étudier les sciences ? Ou bien, en décidant de rejoindre le séminaire, vous y avez renoncé ?
Non. La science exige que l’on s’y consacre entièrement. Faire de la science en marge de mon travail administratif, ce ne serait pas sérieux. Et l’inverse est vrai.
- À quoi occupe son temps libre un vice-chancelier du Patriarcat de Moscou, un recteur, un archimandrite ?
Encore faudrait-il savoir ce qu’est le temps libre.
- Mais qu’aimeriez-vous faire, si vous en aviez ?
Lire des livres. J’ai énormément de livres non lus. Je vois un livre, je l’achète, et il est là sur mon bureau, attendant que je le lise. Je crois que je vais être obligé de trier ces amoncellements sans les avoir lus. J’ai vraiment honte. J’aimerais aussi parfois aller au musée. La dernière fois que j’ai visité la Galerie Trétiakov, c’était Il y a deux ans environ, depuis jamais ; il y a quelque temps pendant mes vacances je suis allé au musée des arts. Ah oui, j’ai pu aller récemment deux fois au théâtre voir des pièces du répertoire classique.
- Mon père a résolu la question. Il a compté le nombre de livres qu’il n’avait pas lus à la maison, et il a compris qu’il n’aurait pas assez du restant de sa vie pour cela. Il a cessé d’en acheter.
Sans doute devrais-je faire de même. Mais c’est bien triste.
Photo Maria Temnova
Oui. Il y a 4 ans, c’était mon rôle de le faire. Le 2 avril cela a fait 9 ans que je travaille à la chancellerie. La première moitié de ce temps j’avais en charge ce courrier. Nous répondions à toutes les demandes, sauf si elles étaient ouvertement scandaleuses ou si d’après le style de la lettre il était évident que la personne était psychiquement déséquilibrée. Par exemple, si la lettre était écrite en cinq couleurs et trois polices de caractères différentes.
Par ailleurs, j’étais chargé d’étudier et de synthétiser les rapports annuels des diocèses – je le fais toujours. Tous les diocèses envoient annuellement un rapport de leurs activités. Nous nous efforçons régulièrement de simplifier les règles de rédaction de ces rapports, mais il faut bien un minimum.
Ensuite, en nous fondant sur les informations que nous envoient les autres services, nous préparons les conciles archiépiscopaux qui font le bilan d’une période donnée de la vie de l’Église (les statuts prévoient une réunion tous les 4 ans, mais en fait c’est plus fréquent). Nous préparons également les réunions du Synode (les statuts prévoient que le chancelier est le secrétaire du Synode).
Avec l’augmentation du volume de travail, il a fallu scinder la chancellerie en deux sous-divisions : le secrétariat et le service de contrôle et d’analyse. Tout le courrier est désormais à la charge du secrétariat.
Ces dernières années nous avons amélioré le système d’étude des statistiques de notre Église. À notre arrivée, c’était le chaos. Non pas parce qu’avant nous les gens travaillaient mal, mais parce qu’ils n’avaient pas les outils. Ou plutôt, les outils n’étaient pas ceux qu’il fallait. Par exemple, les rapports provenant des diocèses présentaient d’une année sur l’autre des discordances dans le nombre de paroisses – tantôt plus, tantôt moins. Comme mathématicien, j’en avais les cheveux qui se dressaient sur la tête. Avec des chiffres dans certains diocèses qui pouvaient différer de plus ou moins 60 paroisses, j’avais envie de leur répondre : une fois pour toutes, faites le compte de vos paroisses.
Nous avons créé un système de décompte assez poussé. Nous avons comparé les chiffres avec ceux de la population. On ne peut pas dire que les chiffres témoignent de la vie de l’Église, mais ils permettent de se faire une idée assez précise. Lorsque nous rassemblons ces données, il nous arrive de téléphoner au diocèse, et de demander pourquoi tel ou tel indicateur n’est pas bon. Mais il est important de ne pas effrayer les gens qui reçoivent un appel de Moscou. Nous expliquons à chaque fois, que nous ne sommes pas des cerbères, mais que nous voulons comprendre ce qui se passe et ce qu’il faut faire pour changer les choses, pour aider le diocèse. Dans l’ensemble, sur ce sujet nos relations avec les diocèses sont bonnes.
Je vais vous expliquer sur un exemple à quoi servent les statistiques. Il y a trois ans, nous avons mis en place un système de répartition des diplômés des établissement théologiques centraux. Les étudiants des séminaires de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de la Sainte-Rencontre, de Saint-Nicolas-d’Ougrechsk, de Saint-Nicolas-de-Perervinsk, ainsi que de l’institut Saint-Tikhon, sont tenus après leur diplôme de travailler pendant deux ans là où on les affectera. Cela doit aider les diocèses manquant grandement de personnel, en particulier en Extrême-Orient. Aujourd’hui nous pouvons nous servir des statistiques que nous avons rassemblées pour voir où, objectivement, nous manquons de prêtres. Pas juste parce qu’un diocèse le demande – envoyez-nous encore un jeune diplômé. Tout le monde le demande, nous n’avons pas assez de diplômés pour satisfaire tout le monde. Mais les chiffres nous montrent dans quel diocèse il y a un prêtre pour 30 000 habitants. C’est là-bas qu’il faudra envoyer quelqu’un.
Il est extrêmement important de considérer chaque diocèse et sa vie séparément. De ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Si nécessaire, de créer des mécanismes d’aide. Tout n’est pas toujours un succès. Je présente plutôt une image idéalisée, mais c’est là notre mission.
- Ce que vous avez dit à propos du Synode est particulièrement intéressant : de l’extérieur on a l’impression que vous assistez aux réunions parce que vous avez dans l’Église un rôle tout particulier, dont j’entends constamment parler en privé.
Je n’assiste pas aux réunions du Synode, seuls les membres du Synode y sont. Je suis derrière la porte, et si nécessaire, s’il faut faire quelque chose au moment où une question est en discussion, on m’appelle, on me donne à corriger tel projet de document ou tel registre du Saint Synode, et je le fais. Quant à la préparation des réunions, en général c’est le service concerné qui rédige le projet de registre, puis nous nous chargeons de réviser le texte, le plus souvent uniquement son style, pour que tous les registres soient écrits de la même façon. Nous vérifions également les projets de décisions en les comparant aux décisions précédentes, afin qu’il n’y ait pas de contradiction. S’il y a des différences, si le registre peut être complété ou bien s’il y a contradiction, nous en informons la hiérarchie qui prendra les décisions. C’est pareil pour tout le reste : nous préparons les textes. Mais jamais le Synode ne signe sans regarder, ni le Patriarche ne prononce sans l’avoir d’abord corrigé un texte écrit par père Savva.
- C’est ce que je voulais entendre. Parce que parfois on a une impression tout autre.
Le penser, c’est tout d’abord, non pas surestimer père Savva, mais surtout vraiment sous-estimer le Patriarche et les membres du Synode. Il m’est arrivé de travailler avec le Patriarche dans des groupes de rédaction, et j’ai pu observer à quel point il est sensible à chaque mot. Évidemment, quand on est Patriarche on n’a pas le temps d’écrire des textes de 20-30 pages, même si je peux témoigner que jusqu’à maintenant il lui arrive de rédiger lui-même des paragraphes entiers de ses exposés.
Comment notre service travaille-t-il à préparer un texte ? Nous écrivons un premier brouillon (ou bien nous synthétisons ce que nous ont envoyé d’autres services), puis commence le processus de relecture. Parfois c’est très difficile. Le Patriarche est un orateur pointilleux, dans le bon sens du terme : il vérifie littéralement tout ce qu’il va dire.
Je le répète, que le Patriarche accepte sans l’avoir lu tout ce que nous pourrions concocter est – dans son principe même – impossible. Bien sûr, dans certains cas nous sommes une force de proposition. Par exemple, à l’initiative de Mgr Barsanuphe (6) , nous avons proposé un document prescrivant aux hiérarchies diocésaines de se préoccuper des clercs âgés, des veuves de prêtres. Une version temporaire de ce document a été adoptée en 2011, la version définitive en 2013. Dans certains diocèses, son application est un succès, dans d’autres elle laisse à désirer, ou bien nous manquons d’information. C’est là une des missions que je voudrais bientôt proposer au chancelier – de vérifier comment est appliqué ce document.
Comme je l’ai déjà dit, il nous arrive souvent de rédiger des textes fondés sur les propositions d’autres services. C’est quelque chose que nous réussissons plutôt bien : rédiger et corriger des textes de fond ou bien législatifs. Je parle ici exclusivement de la législation interne à l’Église, les questions juridiques sont l’apanage d’un autre service. Pour parler en termes laïques, soit nous travaillons comme « speechwriter », soit comme « direction juridique ecclésiale ».
Une grande partie de notre travail est liée à l’organisme appelé « Présence inter-synodale » : c’est un mécanisme de discussion publique de documents-clés. À l’époque où la discussion concernait le document sur le soutien matériel et social des clercs, nous avons reçu des réactions venant de tous les diocèses, il y a eu beaucoup de commentaires sur Internet, des centaines de commentaires qu’il nous a fallu étudier et synthétiser. Bien sûr, l’organe synthétiseur n’est pas neutre, il apporte aussi quelque chose de lui, il peut réagir de façon positive ou négative au document. Je pense que l’un des exemples les plus réussis d’une discussion publique concerne le document consacré à l’Eucharistie et à la préparation à la communion. Il a été discuté en deux étapes. Nous avons reçu tellement de commentaires qu’il a fallu entièrement le réécrire. En fin de compte, il en est sorti un texte équilibré, et j’estime qu’en partie c’est grâce à ma sous-division.
Ma sous-division remplit une autre fonction : nous sommes l’appareil du Tribunal ecclésiastique suprême. Le tribunal ecclésiastique est une instance d’appel des décisions prises au niveau diocésain. Il se réunit une ou deux fois par an. Il n’y avait aucun sens à créer un appareil spécifique ; c’est pour cela que c’est à nous que cette fonction a été confiée depuis 2010, date à laquelle l’activité du tribunal ecclésial a été lancée. Lorsque nous recevons un appel, nous rassemblons les avis des parties – du diocèse, de l’appelant, des témoignages ; nous les synthétisons (en général il y a quelques centaines de pages) en un document d’une vingtaine de pages, avec références aux documents du dossier. Je veux ici particulièrement souligner le fait, que les services administratifs du tribunal ecclésiastique reste le plus neutre possible. Nous n’écrivons jamais les décisions à l’avance. Celles-ci sont prises par les juges après qu’ils aient pris connaissance des documents et qu’ils aient entendu de vive voix les protagonistes durant une session du tribunal. L’existence active du tribunal ecclésiastique est, à mes yeux, l’un des plus importants succès du présent règne patriarcal.
- À mon avis, même les fidèles ne connaissent pas tous l’existence du tribunal ecclésiastique. Quels types d’appels étudie-t-il ?
Par exemple, un diocèse décide de déchoir une personne de la prêtrise. Mais tant que cette décision n’a pas été confirmée par le Patriarche, elle n’est pas, suivant les Statuts, mise en application. Les raisons peuvent être très diverses : adultère, accusation de vol important de l’église, alcoolisme invétéré. Mais dans certains cas les prêtres peuvent estimer que les accusations ne sont pas fondées, et que le tribunal diocésain a pris une décision injuste. Ou bien ils acceptent la décision, mais pas la sanction. Il peut être question de déchoir la personne de la prêtrise, comme je l’ai déjà dit, mais aussi de lui interdire de célébrer. Ces prêtres font alors appel devant le tribunal ecclésiastique.
Toutes les décisions du tribunal ecclésiastique sont publiées en libre accès sur le site de l’Église orthodoxe russe. Au moins la partie résolution. Nous ne publions pas les motifs, car ils font référence à des choses privées. Les décisions sont très variées. Par exemple, la faute du prêtre est confirmée, la décision prise par le tribunal diocésain de le déchoir de la prêtrise est justifiée, mais le tribunal ecclésiastique décide de lui donner encore une chance, en apposant un moratoire sur la décision du tribunal diocésain et en interdisant au prêtre de célébrer pendant quelques années. Une sorte de période d’essai. C’est ce qui est arrivé à un prêtre qui souffrait d’alcoolisme : il a vécu une tragédie, le tribunal en a tenu compte et a fait preuve de mansuétude, en espérant que l’examen de son cas à un tel niveau l’aiderait à revenir sur le droit chemin. Il y a eu un autre cas intéressant : un prêtre avait été accusé de vol. Le diocèse voulait le déchoir de la prêtrise, mais le tribunal ecclésiastique a estimé la décision impropre. Il n’y avait aucune preuve de malversation financière intentionnelle. Le tribunal ecclésiastique a donc annulé la décision diocésaine. Eh oui, il arrive aussi que le tribunal ecclésiastique annule la décision du tribunal diocésain, concluant que la culpabilité du prêtre n’a pas été prouvée.
- Effectivement les décisions des tribunaux diocésains et ecclésiastique sont, ces dernières années, publiées en libre accès ; il m’a semblé que le nombre de déchéances de prêtrise ou d’interdictions temporaires de célébrer sont en augmentation.
En partie c’est vrai. D’abord il faut considérer que le nombre de diocèses a augmenté, et que les prêtres sont désormais plus exposés à la supervision des archevêques. Lorsque dans un immense diocèse un prêtre officie dans un petit village loin de la capitale diocésaine, qu’il se conduise mal peut longtemps passer inaperçu. Mais désormais ce n’est souvent plus le cas. Ensuite, le nombre de prêtre augmente tous les ans de plusieurs centaines. Et c’est logique – s’il y a plus de prêtres, il y a aussi plus de mauvais prêtres.
- Dans les mêmes proportions ?
Non, sans doute. Mais la corrélation existe.
- Qu’est-ce qui est plus important pour vous – servir l’Église ou servir l’église ?
Quelle différence ?
- Lorsque je suis devenue une journaliste parlant de religion, j’ai appris qu’il y avait des aspects différents dans la vie de l’Église. Et parfois ces aspects étaient très loin de ce que pour moi devaient représenter les croyants, les prêtres. J’ai alors décidé que l’église, c’est là où je vais rencontrer Dieu, et l’Église, c’est un des ministères de l’État.
Je ne fais pas de différence entre ces « deux » Églises, aucune dichotomie. Bien sûr, il y a le Corps mystique du Christ et l’Église vivant dans le temps, dans l’histoire en tant qu’institut. Mais ce ne ce sont pas deux Églises différentes. L’Église – Corps du Christ – est habitée par des personnes diverses, souvent par des pécheurs. Mais quoi, moi aussi j’en suis un. J’ai mes bons côtés, et mes côtés pas très bons, certains ne m’aiment pas, estimant que je suis une personne mauvaise, et même un mauvais chrétien. Peut-être même certains se demandent-ils comment je peux servir l’Église.
- Nous avons chacun d’entre nous quelqu’un qui ne nous aime pas.
C’est vrai. Ce qui ne nous empêche pas, chacun d’entre nous, de se concevoir au sein de l’Église, malgré nos péchés.
- Tout le monde sait que dans ma vie, il y a quelques personnes pour lesquelles je suis prête à « tout casser ». D’abord je le ferai machinalement, ce n’est qu’ensuite que je commencerai à réfléchir. Mais un moine ne peut pas se conduire comme cela. Vous arrive-t-il de vivre des moments où vous pourriez réagir de cette façon ?
Oui, bien sûr, cela doit arriver.
- Comment faites-vous pour que les gens ne remarquent pas que vous réagissez fortement ?
Et pourquoi ne le remarqueraient-ils pas ? Je suis une personne émotive, certains le savent bien. Avec le temps mon émotivité s’est quelque peu adoucie, et grâce à mon travail, à mon sacerdoce j’ai appris à réagir plus calmement. Dans la paroisse, où nous sommes tous tellement différents, il faut bien souvent calmer le jeu. J’ai beaucoup de subordonnés, à la chancellerie comme dans la paroisse, ils sont tous différents, il faut donc garder un équilibre. Non pas avoir la même attitude envers tous, de toute façon ce n’est pas le cas. Certains me sont plus proches, certains plus sympathiques, un autre au contraire me déplaît. Je m’efforce de réagir en toute justice aux actes et aux erreurs de tous et de chacun. Mais il peut arriver que je me mette très en colère, et que j’agisse alors avec sévérité et dureté. Je réagis sans doute avec plus d’émotion avec mes amis proches qu’en tant que chef ou recteur.
- Je ne sais toujours pas s’il faut s’offenser « pour Dieu », ou si Dieu ne peut pas être outragé.
Je n’ai jamais eu de raison de m’offenser pour Lui. Le Seigneur sait ce qu’Il a à faire dans tous les cas. Bien sûr, si quelqu’un vient mettre des inscriptions blasphématoires sur mon église, je serai très en colère contre ces personnes. Non pas parce que cela offense Dieu, mais parce que pour les 300 personnes qui sont notre paroisse, notre église est chère, ils l’aiment, et il ne faut pas y faire de saletés.
- Si je vous demande ce qui a été déterminant pour vous – pour les trois frères – dans votre éducation, que diriez-vous ?
C’est une question compliquée, parce qu’elle demande que je porte en public un jugement sur mes parents, sur la façon dont ils nous ont éduqué. Je ne pense pas que cela soit correct. Oui, au fond c’est cela – ce n’est pas quelque chose dont je voudrais parler en public. Non parce que j’ai quelque « réclamation » à faire quant à mon éducation, – bien au contraire, je suis très, très reconnaissant à mes parents, mais parce que c’est un domaine très privé.
- Comment sont vos relations avec vos frères ?
Bonnes. Meilleures que lorsque nous étions petits. Nous avons une assez grande différence d’âge. Il y a d’abord eu moi, puis 4 ans après le deuxième et encore deux ans plus tard le troisième ; Quand nous grandissions ils étaient plus proches l’un de l’autre que de moi. Quand je suis parti faire mes études à 21 ans, Ivan avait 17 ans ; pendant longtemps nous n’avons eu aucune relation, géographiquement nous étions trop éloignés. Aujourd’hui j’ai moins de contacts avec le benjamin, car nous vivons dans des pays différents, avec le deuxième nous en avons plus. Ivan a des contacts fréquents avec moi comme avec notre benjamin, car il vit ici et se rend souvent en France.
- Ceux qui se souviennent de votre blog, savent que votre pseudo était « cartésien ».
Cela fait un million d’années que je n’y vais plus, j’ai même perdu le mot de passe.
- Peut-être votre côté mystérieux est-il en rapport avec votre pseudo. Quoique, si je comprends bien – les cartésiens sont un ordre de moines qui se consacre à la science ?
Un cartésien est un disciple du grand mathématicien Descartes. Pour moi mon pseudo ne faisait référence qu’à sa façon d’aborder la réflexion. En choisissant mon pseudo, je cherchais un mathématicien qui m’intéressait. Descartes était l’un d’eux.
- Vous arrivez étudier les sciences ? Ou bien, en décidant de rejoindre le séminaire, vous y avez renoncé ?
Non. La science exige que l’on s’y consacre entièrement. Faire de la science en marge de mon travail administratif, ce ne serait pas sérieux. Et l’inverse est vrai.
- À quoi occupe son temps libre un vice-chancelier du Patriarcat de Moscou, un recteur, un archimandrite ?
Encore faudrait-il savoir ce qu’est le temps libre.
- Mais qu’aimeriez-vous faire, si vous en aviez ?
Lire des livres. J’ai énormément de livres non lus. Je vois un livre, je l’achète, et il est là sur mon bureau, attendant que je le lise. Je crois que je vais être obligé de trier ces amoncellements sans les avoir lus. J’ai vraiment honte. J’aimerais aussi parfois aller au musée. La dernière fois que j’ai visité la Galerie Trétiakov, c’était Il y a deux ans environ, depuis jamais ; il y a quelque temps pendant mes vacances je suis allé au musée des arts. Ah oui, j’ai pu aller récemment deux fois au théâtre voir des pièces du répertoire classique.
- Mon père a résolu la question. Il a compté le nombre de livres qu’il n’avait pas lus à la maison, et il a compris qu’il n’aurait pas assez du restant de sa vie pour cela. Il a cessé d’en acheter.
Sans doute devrais-je faire de même. Mais c’est bien triste.
Photo Maria Temnova
Notes
2 NdT : diplôme obtenu après 5 ans d’études au séminaire, avec soutenance d’une thèse.
3 NdT : thèse soutenue à la suite d’études en académie de théologie.
4 En anglais dans le texte.
5 NdT : en français les deux termes se traduisent par Patriarcat. C’est pourquoi, pour marquer la différence, j’ai transcrit le premier terme tel qu’il se dit en russe.
6 NdT : le chancelier.
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"PO" Une interview de l'archimandrite Sabba /Toutounov/ à l'hebdomadaire "Expert"
Archimandrite Savva (Toutounov): «La paroisse, ce n’est pas le bâtiment, ce sont les gens»
L'Archimandrite Georges Leroy fut parisien au siècle dernier. Il a quitté momentanément son ermitage au fin fond du Québec pour revenir dans cette grande ville qui lui rappelle bien des souvenirs, et m’a fait part de ses impressions en m’autorisant à les publier. Je vous les propose donc.
VG
REVENIR À "LA CRYPTE"
Les années s'écoulent ; il y a plus de trente ans que je n'ai plus participé à la célébration de la Semaine Sainte et de la fête de Pâques à la paroisse de la Sainte Trinité, située dans la crypte de la cathédrale Saint Alexandre Nevsky, à Paris, où les Offices sont célébrés en français depuis plus de cinquante ans.
En notre contrée nordique, nous célébrons généralement en tout petit comité…
VG
REVENIR À "LA CRYPTE"
Les années s'écoulent ; il y a plus de trente ans que je n'ai plus participé à la célébration de la Semaine Sainte et de la fête de Pâques à la paroisse de la Sainte Trinité, située dans la crypte de la cathédrale Saint Alexandre Nevsky, à Paris, où les Offices sont célébrés en français depuis plus de cinquante ans.
En notre contrée nordique, nous célébrons généralement en tout petit comité…
À un moment donné, l'on ressent la nécessité de s'immerger dans une célébration authentiquement ecclésiale, ce qui nous change de notre isolement habituel. D'une certaine façon, « cela fait du bien », car nous avons besoin de l'Église.
Une certaine forme de solitude est bénéfique, car elle favorise à la fois le recueillement et la prière. Mais d'un autre côté, on ne peut s'isoler de l'ensemble des fidèles, même si cela entraîne le fait de s'immerger dans un bon nombre de conversations, ainsi que dans les bruits et la circulation effrénée d'une grande ville.
C'est ainsi que, ayant obtenu la bénédiction, à la fois de mon évêque, Mgr Irénée et de Mgr Jean de Charioupolis, je me suis retrouvé à Paris où me rattachent tant de souvenirs !
Au fur des Offices liturgiques célébrés en la paroisse de la Sainte Trinité, j'ai admiré la prestation de la chorale : ils chantent vraiment très bien. L'accueil du Père Élisée, Recteur de la paroisse, fut très cordial. Il est assisté par le Père Christos, qui fut également extrêmement amical et fraternel. En général, les personnes que j'ai connues jadis ne sont plus de ce monde, mais il y a une notable exception : le Père René Doranlot est toujours là, à l'âge respectable de 95 ans.
Les Offices célébrés à la Crypte le sont d'une façon très complète. Néanmoins, les Liturgies des Présanctifiés des trois premiers jours de la Semaine Sainte, ne furent pas célébrées - ce qui est bien normal, dans une paroisse. Cela nous a donné l'occasion d'aller en la Cathédrale située au quai Branly, tout près de la tour Eiffel, Cathédrale dépendant du Patriarcat de Moscou.
Une certaine forme de solitude est bénéfique, car elle favorise à la fois le recueillement et la prière. Mais d'un autre côté, on ne peut s'isoler de l'ensemble des fidèles, même si cela entraîne le fait de s'immerger dans un bon nombre de conversations, ainsi que dans les bruits et la circulation effrénée d'une grande ville.
C'est ainsi que, ayant obtenu la bénédiction, à la fois de mon évêque, Mgr Irénée et de Mgr Jean de Charioupolis, je me suis retrouvé à Paris où me rattachent tant de souvenirs !
Au fur des Offices liturgiques célébrés en la paroisse de la Sainte Trinité, j'ai admiré la prestation de la chorale : ils chantent vraiment très bien. L'accueil du Père Élisée, Recteur de la paroisse, fut très cordial. Il est assisté par le Père Christos, qui fut également extrêmement amical et fraternel. En général, les personnes que j'ai connues jadis ne sont plus de ce monde, mais il y a une notable exception : le Père René Doranlot est toujours là, à l'âge respectable de 95 ans.
Les Offices célébrés à la Crypte le sont d'une façon très complète. Néanmoins, les Liturgies des Présanctifiés des trois premiers jours de la Semaine Sainte, ne furent pas célébrées - ce qui est bien normal, dans une paroisse. Cela nous a donné l'occasion d'aller en la Cathédrale située au quai Branly, tout près de la tour Eiffel, Cathédrale dépendant du Patriarcat de Moscou.
LITURGIES DES PRÉSANCTIFIÉS À LA CATHÉDRALE DE LA SAINTE TRINITÉ
Je ne m'attendais pas à concélébrer, pour une Liturgie des Présanctifiés. Mais finalement, les trois Liturgies ont été concélébrées avec cinq ou six prêtres. De plus, les Liturgies du Lundi et du Mercredi-Saint, furent des célébrations pontificales, célébrées par Mgr Nestor, avec à chaque fois l'ordination d'un Diacre.
L'endroit est imposant et majestueux ; le chœur chante d'une façon absolument parfaite, et l'accueil fut extraordinairement fraternel. Lors de l'encensement solennel, trois chantres se rassemblent devant les portes royales, afin de chanter : « Que ma prière s’élève… ». Leurs voix sont vraiment sublimes, et c'est un moment de « ciel sur la terre ».
À l'issue de la troisième Liturgie des Présanctifiés, Mgr Nestor m'a dit un très cordial mot de remerciement, en soulignant le fait que ma présence était réellement appréciée en ce lieu. Plusieurs prêtres, dans le Sanctuaire, ont eu un mot amical à mon égard, lors des célébrations. Comme je n'avais pas sous la main le texte de la Liturgie des Présanctifiés en Slavon, mes ekphonèses furent dites en français, ce qui ne posa aucun problème.
Dans les locaux de la Cathédrale, était présentée une intéressante exposition d'icônes anciennes. Nous n'avons pas manqué de la visiter, aux côtés de nombreux visiteurs français, qui étaient très intéressés par ce qu'ils découvraient. Il y avait vraiment d'admirables icônes, ainsi que de superbes exemples d'okhlads et de riza. Il faut noter qu'à tout moment, des visiteurs se présentent pour visiter la Cathédrale.
Cet édifice permet à un grand nombre de gens, d'avoir un premier contact avec l'Orthodoxie. Même pendant les Offices, la porte est poussée par la main des visiteurs, qui respectent l'Office divin en cours. Il faut dire qu'on ne peut manquer d'être fortement impressionné par l'admirable chant du chœur et la majesté de la célébration. Même la boutique de la cathédrale ne désemplit pas. Cela reflète une véritable fascination du public français pour la culture russe.
Je ne m'attendais pas à concélébrer, pour une Liturgie des Présanctifiés. Mais finalement, les trois Liturgies ont été concélébrées avec cinq ou six prêtres. De plus, les Liturgies du Lundi et du Mercredi-Saint, furent des célébrations pontificales, célébrées par Mgr Nestor, avec à chaque fois l'ordination d'un Diacre.
L'endroit est imposant et majestueux ; le chœur chante d'une façon absolument parfaite, et l'accueil fut extraordinairement fraternel. Lors de l'encensement solennel, trois chantres se rassemblent devant les portes royales, afin de chanter : « Que ma prière s’élève… ». Leurs voix sont vraiment sublimes, et c'est un moment de « ciel sur la terre ».
À l'issue de la troisième Liturgie des Présanctifiés, Mgr Nestor m'a dit un très cordial mot de remerciement, en soulignant le fait que ma présence était réellement appréciée en ce lieu. Plusieurs prêtres, dans le Sanctuaire, ont eu un mot amical à mon égard, lors des célébrations. Comme je n'avais pas sous la main le texte de la Liturgie des Présanctifiés en Slavon, mes ekphonèses furent dites en français, ce qui ne posa aucun problème.
Dans les locaux de la Cathédrale, était présentée une intéressante exposition d'icônes anciennes. Nous n'avons pas manqué de la visiter, aux côtés de nombreux visiteurs français, qui étaient très intéressés par ce qu'ils découvraient. Il y avait vraiment d'admirables icônes, ainsi que de superbes exemples d'okhlads et de riza. Il faut noter qu'à tout moment, des visiteurs se présentent pour visiter la Cathédrale.
Cet édifice permet à un grand nombre de gens, d'avoir un premier contact avec l'Orthodoxie. Même pendant les Offices, la porte est poussée par la main des visiteurs, qui respectent l'Office divin en cours. Il faut dire qu'on ne peut manquer d'être fortement impressionné par l'admirable chant du chœur et la majesté de la célébration. Même la boutique de la cathédrale ne désemplit pas. Cela reflète une véritable fascination du public français pour la culture russe.
Photo; Pâques, années 90, des fidèles dans la cour de la cathédrale de la rue Daru
PÂQUES FUT TOUTE UNE EXPÉRIENCE !
À la Crypte, le service est précédé par la lecture des Actes des Apôtres. Ensuite, le clergé de la Crypte monte dans la cathédrale même, empruntant des passages et escaliers pratiqués dans les épaisseurs des murailles. On se retrouve brusquement dans le Sanctuaire de la cathédrale, empli de l'activité bourdonnante du clergé qui y est présent. Sous nos yeux, s'étalent les trésors les plus précieux de l'émigration russe : monumental évangéliaire, ciselé et garni de pierres précieuses, croix d'orfèvrerie, souvenirs du glorieux passé impérial de la Russie. En levant les yeux, l'on aperçoit les courbes de l'abside et des arcs qui mènent jusqu'à la coupole supérieure.
Puis vient l'heure « H » : le clergé sort par les portes royales, se fraie un chemin parmi la foule fervente qui remplit complètement la cathédrale, et commence la procession, au son des cloches. Finalement, la procession monte les marches qui mènent au narthex, qui fut jadis construit pour la visite du tsar Nicolas II. Là, les versets de Pâques sont proclamés, et le clergé commence le chant du tropaire pascal, repris par la foule.
Le clergé francophone de la crypte reflue vers l'extérieur, et l'on contourne l'édifice afin de se retrouver à l'entrée du sanctuaire souterrain. Devant l'entrée, le célébrant lit l'Évangile de la résurrection, et lance l'annonce victorieuse : « le Christ est ressuscité ! » Tous entrent dans la crypte, et l'Office se poursuit par les Matines de Pâques, suivies de la Divine Liturgie. C'est vraiment une expérience que je suis heureux d'avoir vécue.
Le jour même de Pâques, nous avons assisté aux Vêpres pascales, « en haut », à la rue Daru. Ce fut un Office superbe ; le chœur chantait d'une façon vraiment parfaite. J'étais venu « incognito », en civil, mais avec la « chemise cléricale » noire, de coupe absolument russe. - Mgr Jean s'avance dans la cathédrale, se retourne, et mon « incognito » vole en éclats ! En plein milieu de la cathédrale, il s'exclame : « Père Georges, venez célébrer ? » Je fais un signe de dénégation. Il continue : « on se voit demain ! », et il poursuit son chemin vers l'iconostase.
Ce qui est assez extraordinaire chez lui, c'est sa spontanéité – ce qui contraste avec le caractère très solennel de ce lieu. Avant l’Office, nous l'avions aperçu, en soutane, faisant les cent pas devant les grilles de la cathédrale, et bavardant avec plusieurs personnes. On voit qu'il est aimé et apprécié par les gens.
PÂQUES FUT TOUTE UNE EXPÉRIENCE !
À la Crypte, le service est précédé par la lecture des Actes des Apôtres. Ensuite, le clergé de la Crypte monte dans la cathédrale même, empruntant des passages et escaliers pratiqués dans les épaisseurs des murailles. On se retrouve brusquement dans le Sanctuaire de la cathédrale, empli de l'activité bourdonnante du clergé qui y est présent. Sous nos yeux, s'étalent les trésors les plus précieux de l'émigration russe : monumental évangéliaire, ciselé et garni de pierres précieuses, croix d'orfèvrerie, souvenirs du glorieux passé impérial de la Russie. En levant les yeux, l'on aperçoit les courbes de l'abside et des arcs qui mènent jusqu'à la coupole supérieure.
Puis vient l'heure « H » : le clergé sort par les portes royales, se fraie un chemin parmi la foule fervente qui remplit complètement la cathédrale, et commence la procession, au son des cloches. Finalement, la procession monte les marches qui mènent au narthex, qui fut jadis construit pour la visite du tsar Nicolas II. Là, les versets de Pâques sont proclamés, et le clergé commence le chant du tropaire pascal, repris par la foule.
Le clergé francophone de la crypte reflue vers l'extérieur, et l'on contourne l'édifice afin de se retrouver à l'entrée du sanctuaire souterrain. Devant l'entrée, le célébrant lit l'Évangile de la résurrection, et lance l'annonce victorieuse : « le Christ est ressuscité ! » Tous entrent dans la crypte, et l'Office se poursuit par les Matines de Pâques, suivies de la Divine Liturgie. C'est vraiment une expérience que je suis heureux d'avoir vécue.
Le jour même de Pâques, nous avons assisté aux Vêpres pascales, « en haut », à la rue Daru. Ce fut un Office superbe ; le chœur chantait d'une façon vraiment parfaite. J'étais venu « incognito », en civil, mais avec la « chemise cléricale » noire, de coupe absolument russe. - Mgr Jean s'avance dans la cathédrale, se retourne, et mon « incognito » vole en éclats ! En plein milieu de la cathédrale, il s'exclame : « Père Georges, venez célébrer ? » Je fais un signe de dénégation. Il continue : « on se voit demain ! », et il poursuit son chemin vers l'iconostase.
Ce qui est assez extraordinaire chez lui, c'est sa spontanéité – ce qui contraste avec le caractère très solennel de ce lieu. Avant l’Office, nous l'avions aperçu, en soutane, faisant les cent pas devant les grilles de la cathédrale, et bavardant avec plusieurs personnes. On voit qu'il est aimé et apprécié par les gens.
Photo: Procession des icônes la nuit de la Pâque russe à la cathédrale Alexandre-Newski, vers 1930
RUSSOPHOBIE
Et pourtant, dans le monde qui nous entoure, cela s'est déroulé au milieu d'une intense et surprenante « crise de russophobie », menée tambour battant par l'Occident. Je ne parviendrai pas à m'abstenir de considérations de politique internationale pour laquelle, cependant, je reconnais n’avoir aucune compétence !
Mais je m'étonne de voir la France accourir au secours de Trump, qui considère l'Europe comme son ennemie économique, et à côté de la première ministre britannique, qui travaille avec ardeur à la déstabilisation de l'Europe – et ceci dans un même but : déconsidérer la Russie. Et pourtant l'Europe a beaucoup à perdre, en faisant mine de mépriser ce grand voisin qu'est la Russie, juste au moment où celle-ci a renoué avec son âme en replaçant l'Orthodoxie au centre de sa conscience nationale et de sa vie culturelle ; juste au moment où celle-ci a renoué avec sa culture et son Histoire, après une longue et ténébreuse période de négation de sa propre identité.
Eh bien, je crois qu'il est temps maintenant d'arrêter ici mes réflexions, avant qu'elles ne deviennent complètement hors-sujet…
Le Christ est ressuscité !
Archimandrite Georges Leroy
RUSSOPHOBIE
Et pourtant, dans le monde qui nous entoure, cela s'est déroulé au milieu d'une intense et surprenante « crise de russophobie », menée tambour battant par l'Occident. Je ne parviendrai pas à m'abstenir de considérations de politique internationale pour laquelle, cependant, je reconnais n’avoir aucune compétence !
Mais je m'étonne de voir la France accourir au secours de Trump, qui considère l'Europe comme son ennemie économique, et à côté de la première ministre britannique, qui travaille avec ardeur à la déstabilisation de l'Europe – et ceci dans un même but : déconsidérer la Russie. Et pourtant l'Europe a beaucoup à perdre, en faisant mine de mépriser ce grand voisin qu'est la Russie, juste au moment où celle-ci a renoué avec son âme en replaçant l'Orthodoxie au centre de sa conscience nationale et de sa vie culturelle ; juste au moment où celle-ci a renoué avec sa culture et son Histoire, après une longue et ténébreuse période de négation de sa propre identité.
Eh bien, je crois qu'il est temps maintenant d'arrêter ici mes réflexions, avant qu'elles ne deviennent complètement hors-sujet…
Le Christ est ressuscité !
Archimandrite Georges Leroy
Située sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (d’où le nom de l’hospice auquel est rattachée la chapelle), la cité agaunoise constitue un lieu de pèlerinage important, y compris pour les fidèles orthodoxes.
Cette abbaye est traditionnellement une destination de pèlerinages catholiques. Désormais des pèlerins orthodoxes pourront venir prier dans l’église Saint Jacques
Le 28 février 2018 l’abbé Jean Scarcella ainsi que le père Olivier Roduit, intendant de l’abbaye, et le père Augustin Sokolowski appartenant au clergé de la cathédrale de la Sainte Trinité à Paris, ont signé un accord portant sur la transmission au diocèse de Chersonèse de l’église Saint Jacques. Conformément à cet accord le diocèse de Chersonèse pourra occuper les lieux à titre gratis et y célébrer des offices.
Une liturgie orthodoxe a été officiée pour une première fois à l’abbaye Saint-Maurice d'Agaune en Valais
A l’expiration d’un délai de vingt ans l’accord sera renouvelé par tacite reconduction. Depuis un certain temps des offices orthodoxes sont célébré dans cette église avec la bénédiction de Mgr Nestor et l’assentiment du père supérieur de l’abbaye Saint-Maurice.
Cette abbaye est traditionnellement une destination de pèlerinages catholiques. Désormais des pèlerins orthodoxes pourront venir prier dans l’église Saint Jacques
Le 28 février 2018 l’abbé Jean Scarcella ainsi que le père Olivier Roduit, intendant de l’abbaye, et le père Augustin Sokolowski appartenant au clergé de la cathédrale de la Sainte Trinité à Paris, ont signé un accord portant sur la transmission au diocèse de Chersonèse de l’église Saint Jacques. Conformément à cet accord le diocèse de Chersonèse pourra occuper les lieux à titre gratis et y célébrer des offices.
Une liturgie orthodoxe a été officiée pour une première fois à l’abbaye Saint-Maurice d'Agaune en Valais
A l’expiration d’un délai de vingt ans l’accord sera renouvelé par tacite reconduction. Depuis un certain temps des offices orthodoxes sont célébré dans cette église avec la bénédiction de Mgr Nestor et l’assentiment du père supérieur de l’abbaye Saint-Maurice.
La chapelle de l’hospice Saint-Jacques à Saint-Maurice prendra, d’ici quelques semaines, un accent slave. Propriétaire de ce lieu de culte, l’Abbaye quinze fois centenaire l’a confiée au diocèse de Chersonèse, en région parisienne. C’est lui qui a la charge des communautés orthodoxes russes de France, de Suisse, d’Espagne et du Portugal.
«Cela répond à un besoin de la communauté orthodoxe russe de la région, explique Roland Jaquemoud, prieur de l’Abbaye de Saint-Maurice. Le lieu de culte le plus proche se situe à Vevey. Sion compte par ailleurs un prêtre orthodoxe, mais celui-ci ne célèbre pas en russe.» Ce legs permettra également d’offrir une nouvelle vie à cette chapelle, ajoute le prieur. «Elle n’était plus utilisée depuis quinze ans.» Lien ICI et SUITE
«Cela répond à un besoin de la communauté orthodoxe russe de la région, explique Roland Jaquemoud, prieur de l’Abbaye de Saint-Maurice. Le lieu de culte le plus proche se situe à Vevey. Sion compte par ailleurs un prêtre orthodoxe, mais celui-ci ne célèbre pas en russe.» Ce legs permettra également d’offrir une nouvelle vie à cette chapelle, ajoute le prieur. «Elle n’était plus utilisée depuis quinze ans.» Lien ICI et SUITE
Le jour de Noël 1960, un groupe d’écrivains et intellectuels se trouvait réuni à Moscou.
L’écrivain X nous interpella soudain : Camarades, vous me connaissez depuis de longues années et vous connaissez aussi mes œuvres !
Vous savez que j’ai toujours été un bon patriote soviétique, un fidèle membre du parti communiste et que j’ai reçu à plusieurs reprises des médailles et des prix… Dites-moi, camarades, me trouvez-vous déraisonnable en quelque chose ou même étrange ?
Chacun s’empressa de le rassurer et on lui demanda de s’expliquer plus clairement. L’écrivain X reprit la parole :
« Il y a un mois, je séjournais dans le midi en Crimée. Une nuit j’étais assis dans ma chambre, en train d’écrire les premiers chapitres de mon dernier ouvrage et je me sentais l’esprit particulièrement clair et inspiré. Tout à coup à ma fenêtre, j’aperçus clairement la silhouette d’un vieil homme aux cheveux blancs, paraissant âgé de 90 ans et vêtu d’une soutane noire. Or, ma fenêtre se trouvait à plus de 7 mètres du sol.
L’écrivain X nous interpella soudain : Camarades, vous me connaissez depuis de longues années et vous connaissez aussi mes œuvres !
Vous savez que j’ai toujours été un bon patriote soviétique, un fidèle membre du parti communiste et que j’ai reçu à plusieurs reprises des médailles et des prix… Dites-moi, camarades, me trouvez-vous déraisonnable en quelque chose ou même étrange ?
Chacun s’empressa de le rassurer et on lui demanda de s’expliquer plus clairement. L’écrivain X reprit la parole :
« Il y a un mois, je séjournais dans le midi en Crimée. Une nuit j’étais assis dans ma chambre, en train d’écrire les premiers chapitres de mon dernier ouvrage et je me sentais l’esprit particulièrement clair et inspiré. Tout à coup à ma fenêtre, j’aperçus clairement la silhouette d’un vieil homme aux cheveux blancs, paraissant âgé de 90 ans et vêtu d’une soutane noire. Or, ma fenêtre se trouvait à plus de 7 mètres du sol.
Tout d’abord, je fus épouvanté, puis je décidais que j’avais la tête certainement trop fatiguée, je ne savais comment réagir. Le vieillard fixa sur moi ses yeux étrangement brillants, puis il me dit d’une voix calme, en m’appelant par mon prénom :
« Maintenant, tu travailleras uniquement pour la gloire du Christ et pour l’Eglise orthodoxe. La domination du Satan communiste sur ce pays arrive à sa fin ».
_ « Qui êtes-vous ? », demandai-je au mystérieux vieillard.
_ « Un serviteur du Christ Sauveur, absolument comme toi ».
_ « Mais je suis athée, je ne crois pas à l’existence du Christ ! »
L’apparition de prolongea. Avec douceur, amour et patience, le vieil inconnu poursuivit : « Maintenant, pourtant tu croiras, et tu consacreras ta vie pour Lui. Toi qui te proclame athée, tu deviendras à partir de maintenant une fidèle brebis du Seigneur. Le temps est venu pour le Christ d’être à nouveau glorifié par le peuple russe ».
Camarades, cette apparition s’est renouvelée déjà plusieurs fois et même encore ici à Moscou. Dites-moi ce que je dois faire. Je ne suis pas malade, je ne suis pas fou comme on m’accusera bientôt de l’être !
L’écrivain fut alors pris d’un tremblement et ce groupe d’écrivains et d’intellectuels se précipita pour le calmer. Soudain, un jeune poète athée et communiste, qui venait juste de recevoir un prix littéraire, se leva.
« Camarades ! Calmez-vous et veuillez m’écouter durant quelques minutes. Notre ami n’est pas fou. Ecoutez mon dernier poème ».
Sur cette étrange déclaration, tout le monde le fixa avec curiosité. Le jeune poète, debout au milieu de la salle, se mit à réciter… « Prière ».
« O, Vierge Mère de Dieu, céleste protectrice ; miraculeux espoir d’un peuple malheureux ! Près du trône de Celui qui a vaincu la mort, du Christ laborieux, Sauveur de l’Univers ; implore avec tes larmes, la grâce pour les sans-Dieu ! Trop longtemps nous avons âprement, durement puni notre patrie qui, par son reniement, création de Dieu quitta son créateur… Nos larmes sont de sang, de sang notre sueur, nous demandons pitié de notre déchéance, nous attendons le Christ avec impatience ».
« Maintenant, tu travailleras uniquement pour la gloire du Christ et pour l’Eglise orthodoxe. La domination du Satan communiste sur ce pays arrive à sa fin ».
_ « Qui êtes-vous ? », demandai-je au mystérieux vieillard.
_ « Un serviteur du Christ Sauveur, absolument comme toi ».
_ « Mais je suis athée, je ne crois pas à l’existence du Christ ! »
L’apparition de prolongea. Avec douceur, amour et patience, le vieil inconnu poursuivit : « Maintenant, pourtant tu croiras, et tu consacreras ta vie pour Lui. Toi qui te proclame athée, tu deviendras à partir de maintenant une fidèle brebis du Seigneur. Le temps est venu pour le Christ d’être à nouveau glorifié par le peuple russe ».
Camarades, cette apparition s’est renouvelée déjà plusieurs fois et même encore ici à Moscou. Dites-moi ce que je dois faire. Je ne suis pas malade, je ne suis pas fou comme on m’accusera bientôt de l’être !
L’écrivain fut alors pris d’un tremblement et ce groupe d’écrivains et d’intellectuels se précipita pour le calmer. Soudain, un jeune poète athée et communiste, qui venait juste de recevoir un prix littéraire, se leva.
« Camarades ! Calmez-vous et veuillez m’écouter durant quelques minutes. Notre ami n’est pas fou. Ecoutez mon dernier poème ».
Sur cette étrange déclaration, tout le monde le fixa avec curiosité. Le jeune poète, debout au milieu de la salle, se mit à réciter… « Prière ».
« O, Vierge Mère de Dieu, céleste protectrice ; miraculeux espoir d’un peuple malheureux ! Près du trône de Celui qui a vaincu la mort, du Christ laborieux, Sauveur de l’Univers ; implore avec tes larmes, la grâce pour les sans-Dieu ! Trop longtemps nous avons âprement, durement puni notre patrie qui, par son reniement, création de Dieu quitta son créateur… Nos larmes sont de sang, de sang notre sueur, nous demandons pitié de notre déchéance, nous attendons le Christ avec impatience ».
Ce poème, que connaît maintenant tout notre peuple parce qu’il était passé de main en main, fut acclamé. Des dizaines d’intellectuels les plus brillants de notre grande Patrie se mirent alors à pleurer en s’embrassant les uns les autres.
« Camarades !» - s’écria l’un d’eux. «A partir d’aujourd’hui je ne suis plus un écrivain soviétique, je suis un écrivain russe, un écrivain russe Orthodoxe ».
«A dater d’aujourd’hui, s’écria un autre je ne suis plus un écrivain soviétique mais un humble serviteur du Christ ».
« Non ! Pas de mot « camarde » entre nous, nous sommes frères, frères ! », s’écria un troisième.
Depuis cinq ans, 80% des intellectuels sont revenus au Christ. Parmi les intellectuels, il y en a encore qui ont peur de confesser ouvertement le Christ, mais d’autres ne craignant plus de le faire. L’écrivain gréco-russe qui visite maintenant l’Europe Occidentale était présent à la réunion d’intellectuels à Moscou en 1960 décrite ici.
« Les nouveaux martyrs de la terre russe » éditions Résiac, archiprêtre Michel Polsky, 1976
« Camarades !» - s’écria l’un d’eux. «A partir d’aujourd’hui je ne suis plus un écrivain soviétique, je suis un écrivain russe, un écrivain russe Orthodoxe ».
«A dater d’aujourd’hui, s’écria un autre je ne suis plus un écrivain soviétique mais un humble serviteur du Christ ».
« Non ! Pas de mot « camarde » entre nous, nous sommes frères, frères ! », s’écria un troisième.
Depuis cinq ans, 80% des intellectuels sont revenus au Christ. Parmi les intellectuels, il y en a encore qui ont peur de confesser ouvertement le Christ, mais d’autres ne craignant plus de le faire. L’écrivain gréco-russe qui visite maintenant l’Europe Occidentale était présent à la réunion d’intellectuels à Moscou en 1960 décrite ici.
« Les nouveaux martyrs de la terre russe » éditions Résiac, archiprêtre Michel Polsky, 1976
V.G.
Vous me demandez dans quelle mesure cette spiritualité, propre à l’Orthodoxie mais sans doute pas « réservée » à elle, peut être assimilée par les Occidentaux et devenir leur. Je crois que la spiritualité orthodoxe, de ce point de vue, est simplement de la spiritualité chrétienne. Je crois que ce qu’il y a de vrai dans ce que j’ai dit appartient à l’Occident comme à l’Orient, appartient à quiconque est chrétien.
Des barrières qui ne viennent pas de Dieu
Il y a cependant des barrières qui se sont établies, qui ne viennent pas de Dieu ni de l’Évangile ; elles viennent, je crois, de ce que l’Occident a perdu de vue un certain nombre de choses : l’Occident a perdu de vue l’aspect cosmique de l’Incarnation et de tout ce qui a trait au Verbe incarné. En Occident, l’Incarnation, ainsi que tous les événements de l’œuvre de la Rédemption, qui ont une portée dépassant infiniment notre petit monde humain, se sont trouvés réduits à une histoire du salut des hommes. « Réduits » n’est peut-être pas le mot qu’il faudrait dire, parce qu’ils sont essentiels pour nous ; mais tout en étant essentielle pour nous, leur portée est plus grande. Voilà, je crois, un aspect que l’Occident est en train de redécouvrir.
Vous me demandez dans quelle mesure cette spiritualité, propre à l’Orthodoxie mais sans doute pas « réservée » à elle, peut être assimilée par les Occidentaux et devenir leur. Je crois que la spiritualité orthodoxe, de ce point de vue, est simplement de la spiritualité chrétienne. Je crois que ce qu’il y a de vrai dans ce que j’ai dit appartient à l’Occident comme à l’Orient, appartient à quiconque est chrétien.
Des barrières qui ne viennent pas de Dieu
Il y a cependant des barrières qui se sont établies, qui ne viennent pas de Dieu ni de l’Évangile ; elles viennent, je crois, de ce que l’Occident a perdu de vue un certain nombre de choses : l’Occident a perdu de vue l’aspect cosmique de l’Incarnation et de tout ce qui a trait au Verbe incarné. En Occident, l’Incarnation, ainsi que tous les événements de l’œuvre de la Rédemption, qui ont une portée dépassant infiniment notre petit monde humain, se sont trouvés réduits à une histoire du salut des hommes. « Réduits » n’est peut-être pas le mot qu’il faudrait dire, parce qu’ils sont essentiels pour nous ; mais tout en étant essentielle pour nous, leur portée est plus grande. Voilà, je crois, un aspect que l’Occident est en train de redécouvrir.
Il y a aussi, en Occident, une sorte de rejet du fait de la Résurrection, comme du fait de la Crucifixion, à un point de l’histoire dans le passé. Je crois que toutes les discussions, vraiment un peu longues, sur le problème du mémorial, sont une erreur d’optique. Quand nous faisons le mémorial de la Passion, ou le mémorial de la Sainte Cène, si nous nous imaginons que nous parlons du passé et que nous nous reportons, en mémoire, à un moment du temps qui nous précède, je crois que nous faisons simplement une erreur lamentable, parce que tous ces événements sont situés dans l’éternité, et pas simplement dans le temps.
Et quand nous faisons le mémorial de ces événements, le but, c’est de nous replacer face à face avec un événement qui est présent, et non pas de nous remémorer un événement qui est passé. Si la Croix et la Résurrection appartiennent au passé, et bien, c’est fini : le passé, les moutons broutent dessus ! Tandis que si la remémoration consiste à nous rappeler que nous ne voyons pas ce qui est devant nous, alors elle a sa pleine valeur.
Mais alors il n’y a plus cette divergence désespérante entre le problème du sacrement et du mémorial ; c’est un événement unique, pas un événement dissocié en deux morceaux : « parce que quelque chose est arrivé il y a deux mille ans, quelque chose peut arriver aujourd’hui sur tel autel ».
C’est notre Résurrection qui est impliquée dans la Résurrection du Chris
Cela veut dire simplement que ce qui est arrivé il y a deux mille ans est une présence continue, et que nous nous trouvons placés face à face avec cette présence continue, nous sommes dans la Chambre haute, nous sommes au Calvaire, nous sommes au Jardin des Oliviers, près de la tombe, et ainsi de suite ....
Je crois qu’il est très important de retrouver ce sens de la présence continue : ce qui est réel et stable, c’est la Croix, c’est la Résurrection, c’est l’Ascension, et l’histoire se profile dessus comme un film transparent qui se déplace, un siècle après l’autre, alors que l’Événement est là, bien au centre de l’histoire, et toujours l’Événement d’aujourd’hui et non d’hier.
Je crois qu’il faudrait, en Occident, repenser beaucoup plus la Résurrection et devenir plus conscient de la façon dont la Résurrection n’affecte pas seulement le Christ : c’est notre Résurrection qui est impliquée dans la Résurrection du Christ, et quand nous disons « le Christ est ressuscité », ce que nous disons aussi, c’est que « moi, je suis vivant au lieu d’être mort ».
C’est cela qui fait la gloire de la nuit de Pâques : nous ne nous réjouissons pas simplement de ce qu’un événement heureux est advenu au Seigneur, – nous nous réjouissons justement de ce que, à l’intérieur de cet événement, nous sommes tous saisis et unis dans l’Éternité, encore que maintenus dans l’histoire, dans le monde, comme présence de l’Éternité.
Source "Lumière du Thabor" Numéro 42 ● Septembre 2012 Page 27
Bulletin des Pages Orthodoxes La Transfiguration
(Sous-titres VG)
***
(*) Mgr Antoine (Bloom, Lausanne 1914 - Londres 2003.) était une des figures les plus respectées et les plus aimées de l’orthodoxie d’Europe occidentale pendant presque un demi-siècle. Métropolite de Souroge (ou Sourozh), Mgr Antoine était responsable du diocèse orthodoxe de Grande-Bretagne du patriarcat de Moscou.
Prédicateur et conférencier inspiré et populaire, il a travaillé inlassablement pour l’instauration d’une véritable orthodoxie locale en restant toujours fidèle à l'Eglise russe. Il a prononcé d’innombrables homélies et conférences, animé un grand nombre de retraites et ses émissions à la radio britannique étaient très suivies. Beaucoup de ses présentations orales, en anglais, en français et en russe, sur une vaste gamme de sujets touchant la vie spirituelle de nos jours, notamment sur la prière, ont été enregistrés et transcrits.
Le numéro 42, septembre 2012, du Bulletin "Lumière du Thabor" (Pages Orthodoxes La Transfiguration) est consacré à Mgr Antoine. Il comprend un résumé de sa vie, un extrait de son « Récit autobiographique » où il parle de sa conversion au Christ alors qu’il était encore adolescent non-croyant, et plusieurs de ses textes, pour la plupart des transcriptions d’homélies et de conférences, sur « La Résurrection et la Croix », la guérison, la Divine Liturgie, la confession, la prière et l’intercession, « la spiritualité orthodoxe et les Occidentaux » (ci-dessus), comment « Vivre avec soi-même », et la mort : « Comme un vivant revenu d’entre les morts ».
Voir aussi:
ICI
ICI
ICI
Père Stephen C. Headley: "La liberté puisée dans le voir" d'apres les sermons de Métropolite Antoine (Bloom)
Et quand nous faisons le mémorial de ces événements, le but, c’est de nous replacer face à face avec un événement qui est présent, et non pas de nous remémorer un événement qui est passé. Si la Croix et la Résurrection appartiennent au passé, et bien, c’est fini : le passé, les moutons broutent dessus ! Tandis que si la remémoration consiste à nous rappeler que nous ne voyons pas ce qui est devant nous, alors elle a sa pleine valeur.
Mais alors il n’y a plus cette divergence désespérante entre le problème du sacrement et du mémorial ; c’est un événement unique, pas un événement dissocié en deux morceaux : « parce que quelque chose est arrivé il y a deux mille ans, quelque chose peut arriver aujourd’hui sur tel autel ».
C’est notre Résurrection qui est impliquée dans la Résurrection du Chris
Cela veut dire simplement que ce qui est arrivé il y a deux mille ans est une présence continue, et que nous nous trouvons placés face à face avec cette présence continue, nous sommes dans la Chambre haute, nous sommes au Calvaire, nous sommes au Jardin des Oliviers, près de la tombe, et ainsi de suite ....
Je crois qu’il est très important de retrouver ce sens de la présence continue : ce qui est réel et stable, c’est la Croix, c’est la Résurrection, c’est l’Ascension, et l’histoire se profile dessus comme un film transparent qui se déplace, un siècle après l’autre, alors que l’Événement est là, bien au centre de l’histoire, et toujours l’Événement d’aujourd’hui et non d’hier.
Je crois qu’il faudrait, en Occident, repenser beaucoup plus la Résurrection et devenir plus conscient de la façon dont la Résurrection n’affecte pas seulement le Christ : c’est notre Résurrection qui est impliquée dans la Résurrection du Christ, et quand nous disons « le Christ est ressuscité », ce que nous disons aussi, c’est que « moi, je suis vivant au lieu d’être mort ».
C’est cela qui fait la gloire de la nuit de Pâques : nous ne nous réjouissons pas simplement de ce qu’un événement heureux est advenu au Seigneur, – nous nous réjouissons justement de ce que, à l’intérieur de cet événement, nous sommes tous saisis et unis dans l’Éternité, encore que maintenus dans l’histoire, dans le monde, comme présence de l’Éternité.
Source "Lumière du Thabor" Numéro 42 ● Septembre 2012 Page 27
Bulletin des Pages Orthodoxes La Transfiguration
(Sous-titres VG)
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(*) Mgr Antoine (Bloom, Lausanne 1914 - Londres 2003.) était une des figures les plus respectées et les plus aimées de l’orthodoxie d’Europe occidentale pendant presque un demi-siècle. Métropolite de Souroge (ou Sourozh), Mgr Antoine était responsable du diocèse orthodoxe de Grande-Bretagne du patriarcat de Moscou.
Prédicateur et conférencier inspiré et populaire, il a travaillé inlassablement pour l’instauration d’une véritable orthodoxie locale en restant toujours fidèle à l'Eglise russe. Il a prononcé d’innombrables homélies et conférences, animé un grand nombre de retraites et ses émissions à la radio britannique étaient très suivies. Beaucoup de ses présentations orales, en anglais, en français et en russe, sur une vaste gamme de sujets touchant la vie spirituelle de nos jours, notamment sur la prière, ont été enregistrés et transcrits.
Le numéro 42, septembre 2012, du Bulletin "Lumière du Thabor" (Pages Orthodoxes La Transfiguration) est consacré à Mgr Antoine. Il comprend un résumé de sa vie, un extrait de son « Récit autobiographique » où il parle de sa conversion au Christ alors qu’il était encore adolescent non-croyant, et plusieurs de ses textes, pour la plupart des transcriptions d’homélies et de conférences, sur « La Résurrection et la Croix », la guérison, la Divine Liturgie, la confession, la prière et l’intercession, « la spiritualité orthodoxe et les Occidentaux » (ci-dessus), comment « Vivre avec soi-même », et la mort : « Comme un vivant revenu d’entre les morts ».
Voir aussi:
ICI
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Père Stephen C. Headley: "La liberté puisée dans le voir" d'apres les sermons de Métropolite Antoine (Bloom)
Le 29 avril une liturgie orthodoxe a été célébrée avec la bénédiction de Monseigneur Nestor, évêque de Chersonèse, et l'accord des autorités militaires à la base d'Aubagne de la Légion étrangère. C'est le père Georges Egorov, aumônier orthodoxe de la Légion, qui a présidé l'office.
De nombreux légionnaires originaires des pays de ma CEI ont pu prier et communier à cet office. Lien
De nombreux légionnaires originaires des pays de ma CEI ont pu prier et communier à cet office. Lien
Ce sera l’une des plus hautes églises du pays.
L’acte de rétrocession du terrain au diocèse de Théodosie a été signé dans le cadre du IVe Forum économique international de Yalta par Sergueï Borozdine, chef de l’administration de la ville de Kertch, et le métropolite Platon de Théodosie et Kertch.
« Nous espérons une construction rapide, » a déclaré S. Borozdine.
Les plans de l’église ont été projetés par le Centre culturel de Moscou, sa construction est prévue sur une colline située à l’entrée en Crimée sur la rive gauche du pont de Crimée actuellement en construction.
Selon le métropolite Platon, des travaux de renforcement des sols seront entrepris. Il a ajouté que les dates de début des travaux ne sont pas encore arrêtées, « ce sera, peut-être, après l’achèvement du pont, peut-être, en parallèle. »
L’acte de rétrocession du terrain au diocèse de Théodosie a été signé dans le cadre du IVe Forum économique international de Yalta par Sergueï Borozdine, chef de l’administration de la ville de Kertch, et le métropolite Platon de Théodosie et Kertch.
« Nous espérons une construction rapide, » a déclaré S. Borozdine.
Les plans de l’église ont été projetés par le Centre culturel de Moscou, sa construction est prévue sur une colline située à l’entrée en Crimée sur la rive gauche du pont de Crimée actuellement en construction.
Selon le métropolite Platon, des travaux de renforcement des sols seront entrepris. Il a ajouté que les dates de début des travaux ne sont pas encore arrêtées, « ce sera, peut-être, après l’achèvement du pont, peut-être, en parallèle. »
Si elle est construite selon le projet retenu, l’église de Kertch sera, par sa hauteur, la cinquième de la Fédération de Russie, après la cathédrale du Saint-Sauveur à Moscou (103 m.), Saint-Isaac (101,5 m.) à Saint-Pétersbourg, la cathédrale de la Transfiguration (96 m.) à Khabarovsk et l’abbatiale Smolny à Saint-Pétersbourg.
Le pont de Crimée unit la péninsule au continent par une voie ferrée et une chaussée pour automobiles, sa longueur sera de 19 km, ce qui est un record pour la Russie. Il doit être ouvert à la circulation automobile en mai 2018, au transport ferroviaire en 2019.
Source : rublev.com Православный храм Александра Невского высотой 92 метра хотят построить в Керчи при въезде в Республику Крым
Traduction pour PO
Le pont de Crimée unit la péninsule au continent par une voie ferrée et une chaussée pour automobiles, sa longueur sera de 19 km, ce qui est un record pour la Russie. Il doit être ouvert à la circulation automobile en mai 2018, au transport ferroviaire en 2019.
Source : rublev.com Православный храм Александра Невского высотой 92 метра хотят построить в Керчи при въезде в Республику Крым
Traduction pour PO
Pèlerinage le 21 mai dans la basilique de Saint Nicolas à Saint Nicolas de Port
Avec la bénédiction de Mgr Nestor, évêque de Chersonèse (patriarcat de Moscou)
Dans la basilique de Saint Nicolas à Saint Nicolas de Port ( à 12 km de Nancy)
Ce village est devenu un centre important pour la vénération de saint Nicolas par les chrétiens de l'Allemagne, de France et surtout de la Lorraine dont il est le Saint protecteur, après les transfert des reliques de ce Saint depuis Bari, en 1098
En russe PALOMNIK
Programme >>>>
Avec la bénédiction de Mgr Nestor, évêque de Chersonèse (patriarcat de Moscou)
Dans la basilique de Saint Nicolas à Saint Nicolas de Port ( à 12 km de Nancy)
Ce village est devenu un centre important pour la vénération de saint Nicolas par les chrétiens de l'Allemagne, de France et surtout de la Lorraine dont il est le Saint protecteur, après les transfert des reliques de ce Saint depuis Bari, en 1098
En russe PALOMNIK
Programme >>>>
Программа
09.30 Акафист перед мощами св. Николая. Исповедь.
10.00 Литургия св. Иоанна Златоустого.
12.30 Братская трапеза (приносите еду с собой).
21 мая выходной день , так как это праздник СВ. Духа по католической Пасхалии
Инна Бочарова, телефон – 06 50 64 01 26 ;
Директор паломнического центра
священник Николай Никишин, телефон – 06 20 34 95 46
09.30 Акафист перед мощами св. Николая. Исповедь.
10.00 Литургия св. Иоанна Златоустого.
12.30 Братская трапеза (приносите еду с собой).
21 мая выходной день , так как это праздник СВ. Духа по католической Пасхалии
Инна Бочарова, телефон – 06 50 64 01 26 ;
Директор паломнического центра
священник Николай Никишин, телефон – 06 20 34 95 46
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