Pavel Lounguine vient de tourner un nouveau film inspiré  par "la Passion selon Mathieu" composée par le métropolite Hilarion
Le cinéaste Pavel Lounguine a réalisé un nouveau film, « Le chef d’orchestre », il s’est inspiré de l’œuvre musicale du métropolite Hilarion de Volokolamsk « La Passion selon Mathieu ». L’action du film se situe à Jérusalem. Un orchestre vient dans cette ville afin d’y interpréter « La Passion ». Des évènements tragiques induisent chez les personnages une véritable renaissance spirituelle.

Le film sortira en avril, à la fin du grand carême. Le 26 février la télévision a programmé une émission intitulée « Le dimanche du Pardon ». Le métropolite Hilarion s’y entretiendra avec Pavel Lounguine. Ils parleront de la repentance, du pardon, de l’amour, de l’art ainsi que du « Chef d’orchestre ». Interfax religion
Traduction "PO"
Parlons d'orthodoxie «Tzar», un film de Pavel Lounguine
"TSAR" : Un interview avec Pavel Lounguine

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 24 Février 2012 à 18:55 | 0 commentaire | Permalien

L’utilisation des embryons en Russie est également frappée de moratoire mais cette norme sera désormais transposée dans une loi. Voici ce qu’en pense Vassili Roulinski, secrétaire de presse du département synodal de charité religieuse et du service social

L’Église orthodoxe russe ne se prononce pas contre les technologies cellulaires mais il n’en reste pas moins que certains aspects de la législation dans ce domaine demandent à être précisés. C’est en ces termes que les milieux religieux commentent le sens des amendements au projet de loi «Sur les technologies cellulaires biomédicales ». Ce texte peut être soumis à la Douma au printemps prochain et les religieux insistent qu’il doit donner une définition précise de l’embryon et interdire l’utilisation de ses cellules à des fins scientifiques et médicales.

Le projet de loi est appelé à devenir le document de base pour réguler l’obtention et l’application en Russie des cellules souches à des fins scientifiques et médicales. Cette technologie permet de réaliser une véritable avancée dans le traitement des cancers, affections hématologiques, certaines variétés de diabiète et d’autres maladies graves. Les cellules souches peuvent être extraites soit de la moelle osseuse de l’adulte, soit du cordon ombilical ou du placenta. Si deux premières techniques sont largement pratiquées de nos jours, la troisième est interdite aux États-Unis, en UE et dans la majorité des pays. L’utilisation des embryons en Russie est également frappée de moratoire mais cette norme sera désormais transposée dans une loi. Voici ce qu’en pense Vassili Roulinski, secrétaire de presse du département synodal de charité religieuse et du service social :

L’Église ne s’oppose pas à l’utilisation des cellules souches mais se prononce contre l’utilisation des cellules embryonnaires ou des cellules du foetus humain à des fins diverses. Cette question doit être examinée à la fois du point de vue éthique et juridique. L’Église n’a pas le pouvoir d’imposer son point de vue, c’est pouquoi nous avos inclu dans le groupe chargé de formuler les amendements de nombreux chercheurs, biologises, cytologues et juristes, si bien que cette position se situe au-delà du domaine strictement religieux.

Les avocats de l’utilisation des cellules de souche embryonnaires font valoir le fait qu’elles sont prélevées sur les embryons résultant de l’avortement qui sont sacrifiés de toute façon.

Pourtant, il a été légalement reconnu dans la plupart des pays que l’embryon, à partir du moment de fécondation de l’ovule, est le stade précoce du développement de l’homme. Par conséquent, l’église propose de transcrire cette norme dans le projet de loi et interdire par là même toutes les manipulations de l’embryon. Cette démarche rejoint parfaitement la position du Vatican, a confié à la Voix de la Russie le prêtre catholique Cyrille Gorbounov.

Toutes les expériences biomédicales ou technologies fondées sur la destruction de l’être vivant, sont absolument inadmissibles. Il est impossible de s’en servir à des fins thérapeutiques. Du point de vue de l’église, il est absurde de dire que l’embryon n’est pas un être humain. En fait, chacun de nous avait été embryon avant de devenir bébé et enfant.

La plupart des amandements formulés par l’Église orthodoxe russe rejoignent la position du ministère de la santé publique qui avait élaboré le document. De nombreux expets n’en pensent pas moins que l’église ne doit pas s’ingérer dans les recherches scientifiques. Ainsi, selon la version de l’église, l’interdiction de toute manipulation de l’embryon, suppose aussi l’interdiction de son clonage reproductif. Les experts notent que l’adoption de cet amendement peut mettre la croix sur tout un pan de recherche biomédicale et les tentatives de résoudre le problème de stérilité. Pourtant, cette interdiction s’applique aujourd’hui dans de nombreux pays, fait ressortir Paul Kalinitchenko, expert en droit européen de l’Académie juridique de Moscou :

l existe les normes internationales qui interdisent le clonage reproductif dans tous les pays de l’UE, excption faite du clonage thérapeutique. Il s’agit du clonage dont l’objectif n’est pas la reproduction humaine mais la production des cellules souches. Les recherches de ce genre sont, par exemple, interdites en Allemagne mais cela tient davantage au mauvais héritage historique qu’au problème d’éthique.

Le débat autour des propositions de l’Église orthodoxe russe a montré une fois de plus que les questions biomédicales ne peuvent pas être la prérogative exclusive de la communauté scientifique.

La polémique autour de l’utilisation des embryons a dépassé le cadre des laboratoires. Ainsi, en Grande Bretagne, le pays de la brebis Dolly clonée en 1977, l’interdiction du clonage a été introduite après 10 ans de litiges judiciaires. Le système judiciaire russe était également confronté à ce genre de problème. Une femme qui a perdu son enfant voulait obtenir l’autorisation d’enterrer son foetus âgé de 5 mois. Ce faisant, elle demandait de reconnaître la paternité de l’homme qui n’était pas son époux légal. Mais à ce moment là, la législation russe ne reconnaaissait pas à l’embyon la qualité de l’être humain et sa demande a été rejetée. La question n’a été en partie résolue qu’à la suite d’une requête adressée à la Cour de Strasbourg.

Actualités scientifiques et techniques

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 24 Février 2012 à 15:51 | 1 commentaire | Permalien

Nikita Krivochéine : « Je rêve que l’on retire cette vermine des murs du Kremlin »
PRAVOSLAVIE i MIR et RELIGARE

Yulia Zaitsteva
Traduction p.Serge Model

L'ouvrage a été présenté par ses éditeurs M.M.André Staritchenkov et Vadim Matissov. Sont intervenus le professeur André Zoubov, ainsi qu'Anna Danilova, rédacteur du site "Pravoslavie i mir", les designers du livre ainsi que Xenia et Nikita Krivochéine. Il y avait dans la salle de nombreux enseignants et journalistes.

L'interprète et écrivain russe, personnalité reconnue de l'émigration russe Nikita Krivochéine s'est exprimé catégoriquement en faveur du retrait de la Place rouge des restes de Lénine et des tombes de ses compagnons. N. Krivochéine a déclaré cela le 20 février à Moscou, lors de la présentation du recueil des œuvres théologiques de son oncle — l'archevêque Basile (Krivochéine, 1900-1985) de Bruxelles et de Belgique.

Nikita Krivochéine s'est rappelé comment son oncle, en passant en 1980 devant le Kremlin de Moscou, avait manifesté « un don de prévoyance ». En réponse à une réplique sur la beauté de l'architecture du Kremlin, l'archevêque avait remarqué : « Oui, c’est beau. Mais il faudra reconsacrer ces basiliques. Et toi, tu vivras jusque là ».

« Et en vérité, j'ai vécu et je l’ai vu : dans les basiliques du Kremlin on célèbre la liturgie. Mais hélas : à 200m à peine, sur la Place rouge, traîne l'assassin de la Russie, celui qui détruisait l'Église, et profanait les reliques … À côté de lui sont enterrés ses complices …»

Il faut rapeller que le coup d’État bolchevique a radicalement changé la vie de toute la famille du célèbre homme politique et personnalité publique de la Russie Alexandre Vassiliévitch Krivochéine, le grand-père de l’intervenant. Ses fils ont pris part à l'Armée des volontaires ; un de oncles de Nikita Igorievitch Krivochéine est mort du typhus durant la guerre civile ; l'autre a été martyrisé par les Rouges ; les membres de la famille restants furent obligés d'émigrer, et son père, libéré de Buchewald, est revenu dans son pays natal à la fin de la Seconde guerre mondiale, ce qu’il a payé d’années des camps et d’exil. « Les Krivochéine sont génétiquement prédisposés aux prisons et aux camps », — plaisante, le cœur gros, Nikita Krivocheine, qui s'est trouvé lui-même en réclusion en URSS pour un article antisoviétique.

À l’issue de la soirée, Nikita Krivochéine a indiqué : « Mon oncle rêvait que l’on reconsacre les basiliques du Kremlin. Je finirai aussi par un rêve : je rêve que cette vermine soit retirée des murs du Kremlin. Je suis certain que les bolcheviks ont essuyé un échec complet ».

«Y a-t-il une chance qu'en Russie, apparaisse quand même un homme nouveau ?» — a-t-on demandé à l’intervenant. Nikita Krivochéine s’est déclaré assuré que les bolcheviks n’avaient pas réussi à entièrement détruire la succession des générations, à arrêter «la transmission orale» de l'héritage spirituel et culturel russe. C'est pourquoi, existe désormais la possibilité non de l’apparition, mais de la renaissance de l’homme russe, qui ne soit pas un retour à l’homo soveticus (selon Zinoviev) mais à des personnes principalement autres, lesquelles d’ailleurs existent déjà, estime N. Krivochéine.

Son épouse Xénia Krivochéine, publiciste reconnue, peintre, investigatrice de l'héritage de Mère Maria (Skobstov), lie directement l'apparition de « l'homme nouveau » à la renaissance de la foi orthodoxe et de l'Église en Russie, et au fait que les églises sont remplies de jeunes. Un exemple marquant est celui de la vénération récente, massive, de la Ceinture de la Vierge. « D’aucuns en Occident ont d’abord trouvé ce phénomène … étrange. Mais après deux-trois jours, les gens ont compris qu'ici se passait quelque chose d'autre, de nouveau, et ont commencé à écrire sur le sujet tout à fait autrement », — a dit X. Krivochéine.

André Zoubov, historien et professeur du MGIMO (Institut des relations internationales) a, lors de la soirée, évoqué l'apparition d'une « nouvelle génération, non écrasée par le bolchevisme ». Il a souligné qu’au récent mouvement « pour des élections honnêtes » participent, en général, soit des personnes très jeunes soit des « vieillards-idéalistes », mais peu de représentants de la génération entre les deux, qui avait connu le pouvoir soviétique. En espérant en la jeunesse, l'historien a rappelé que l'archevêque Basile (Krivochéine) « qui mettait l’accent sur l'homme véritable en tant qu’image de Dieu, posait par là les fondements (dans ses œuvres théologiques) de la renaissance d'une telle personnalité ».

Потомки эмигрантов первой волны вновь поднимают вопрос о ликвидации некрополя у Кремлевской стены
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Deuxième texte paru sur "Blagovest info"

«Сегодня вновь нужно позвать Кривошеина»
Презентация сборника богословских трудов архиепископа Василия (Кривошеина) состоялась в Москве

Москва, 21 февраля, Благовест-инфо. Накануне отречения император Николай II, будучи в тяжелейшем состоянии духа, обратился к своим приближенным с полувопросом: «Кажется, нужно позвать Кривошеина?» Он имел в виду человека, на которого всегда можно было положиться, — знаменитого государственного деятеля, министра земледелия и землеустроения Александра Васильевича Кривошеина. Один из его сыновей стал выдающимся православным богословом ХХ в., архиепископом Брюссельским и Бельгийским Василием (Кривошеиным). «Сегодня, кажется, нужно вновь позвать Кривошеина», — это о нем говорится во введении к новой книге, которая была представлена 20 февраля в Культурном центре «Покровские ворота».

Книгу архиепископа Брюссельского и Бельгийского Василия (Кривошеина) (1900-1985) «Богословские труды» («Христианская библиотека», Нижний Новгород, 2011) представляли близкие люди автора: его единственный племянник Никита Игоревич Кривошеин - русский переводчик и писатель, общественный и политический деятель русской эмиграции, кавалер ордена святого Даниила III степени; его супруга Ксения Игоревна Кривошеина — публицист, художник, исследователь наследия св. матери Марии (Скобцовой), а также издатель Андрей Стариченков, художник Ирина Затуловская, дизайнер книги Борис Трофимов и главный редактор портала «Православие и мир» Анна Данилова.

Составитель, автор историко-биографических вступлений, которые сами по себе являются важным вкладом в историю не только духовного пути архиепископа Василия, но и всей православной жизни в Европе ХХ в., — диакон Александр Мусин, кандидат богословия, кандидат исторических наук. Как пишет он во введении, выбор материалов для публикации точно отражает основные богословские темы, которым посвящал себя архиепископ Василий: это «сотериология, укоренная в аскетике богопознания, и практически ориентированная экллезиология». Первая — это «ответ на вызов мира сего», вторая тема — «ответ на вызов межхристианского и внутрицерковного диалога». Важно, что «ответы» архиепископа всегда «патристичны», пишет о. Александр Мусин.

В издании содержатся тексты разного плана: это личные воспоминания, фрагменты частной и публичной переписки, статьи, уникальные материалы из личного архива и т.д. Все эти материалы объединены в блоки в соответствии с периодами жизни автора (Афон, Оксфорд, Париж и Брюссель). Как отметил издатель А. Стариченков, «духовное движение», богословское творчество архиепископа Василия рассмотрено в широком контексте истории Церкви.

Говоря о жизненном пути архиепископа Василия, все выступавшие не могли не акцентировать внимание на одном из самых важных его шагов — выборе церковной юрисдикции. «Сейчас трудно даже представить степень разделенности, отвержения друг друга и ненависти между представителями Русской Православной Церковью Заграницей (РПЦЗ) и Московским патриархатом», — рассказывал Никита Кривошеин о послевоенном времени в Европе. Однако архиепископ Василий, как и митрополит Сурожский Антоний, сделал выбор в пользу Московского Патриархата. Почему?

Н. Кривошеин подчеркнул, что оба иерарха были «убежденными антикоммунистами».
Например, все знали, что архиепископ Василий никогда не ходил в Брюсселе на прием в советское посольство в честь годовщины Октябрьской революции, но каждый год служил панихиды по убиенному большевиками государю Николаю II. По мнению Н. Кривошеина, его дядя стал «дважды офицером»: первый раз — в Добровольческой белой армии, а второй — когда «вступил в ряды Церкви воинствующей, и в ее рядах вел бои ожесточенные и более удачно, чем в Добровольческой армии». «В РПЦЗ его считали предателем, в «евлогианской» Церкви тоже (временный экзархат в юрисдикции Константинопольского Патриарха под управлением митрополита Евлогия (Георгиевского), на основе которого возникла Архиепископия православных русских церквей в Западной Европе – ред.). А сегодня РПЦЗ и РПЦ объединились, евлогианская Церковь осталась, как кусочек шагреневой кожи, т.е. век ее явно не Мафусаилов. Таким образом, владыка Василий оказался прав в своем выборе», — сказал племянник архиепископа Брюссельского.

Ситуацию с выбором юрисдикции пояснил также историк, профессор МГИМО Андрей Зубов.
По его словам, будущий архиепископ, Всеволод Кривошеин «явил полную преданность России как гражданин» дважды — во время гражданской войны и тогда, когда решил присоединиться к Московскому патриархату. «У него не было никаких иллюзий насчет Московской патриархии, которая образовалась в 1943 г. по решению Сталина. Он понимал, что это Церковь не мучеников, а коллаборационистов. Но он, как и митрополит Антоний, считал, что надо быть с Церковью страдающей, искушаемой, «подпереть» ее собой. Он выбрал это тяжкий путь унижения, хотя легче было бы в Западноевропейском экзархате. Владыка Василий, как и владыка Антоний, вошли в РПЦ с полным пониманием того, на что себя обрекают», — прокомментировал историк.

Почему же сегодня впору опять «позвать Кривошеина»? Никита Кривошеин ответил на этот вопрос кратко, вспомнив жизненный девиз своего дяди, актуальность которого очевидна всегда: «Правду, одну правду, всю правду». По мнению Ксении Кривошеиной, архиепископ Василий «всегда держал руку на пульсе», интересовался политикой, читал по три газеты в день (кстати, его племянник назвал это «лакуной в аскетике»), отслеживая любые свидетельства о приближении краха большевистского режима в России. «Сейчас он бы очень порадовался», — утверждает невестка архиепископа, имея в виду возрождение церковной жизни в России. «Умение точно видеть социальный, политический контекст», давать ему оценку с богословских позиций выделила Анна Данилова, упомянув также особую способность архиепископа Василия «читать Св. Отцов, проецируя их на сегодняшний день».

Как пишет диакон Александр Мусин, наследие архиепископа Василия позволяет «на многие «злобы дня» взглянуть его глазами», что особенно важно сегодня, когда «удушливая атмосфера вынужденного единогласия зачастую не позволяет разглядеть яркие фигуры в истории Русской Церкви».

Со своей стороны, Андрей Зубов, говоря об одной из центральных фигур патристических исследований архиепископа Василия — Симеоне Новом Богослове, отметил, что брюссельскому архиерею важно было подчеркнуть: «каждый человек призван служить Богу и каждый может алкать полного обожения». «Учение о стяжании Святого Духа», в раскрытии которого состояла богословская «сверхзадача владыки Василия», необходимо России в годы испытаний и особенно сейчас, на новом историческом переломе. «Потому надо призвать Кривошеина», — заключил профессор.

Особая актуальность богословского наследия архиепископа Василия (Кривошеина) была очевидна на презентации: близкие люди не только много рассказывали об истории его жизни и поразительных обстоятельствах кончины, но и отвечали на вопросы о «новом человеке» в России, размышляли о свидетельствах возрождения Церкви.

Юлия Зайцева

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 24 Février 2012 à 15:00 | 9 commentaires | Permalien

Syrie: Les chrétiens vont payer de leur vie en cas d’intervention étrangère, estime l’Eglise orthodoxe russe

L’Eglise orthodoxe russe estime qu’une intervention étrangère dans les affaires syriennes conduira à une guerre civile et à la mort de nombreux innocents. Les chrétiens seront les premiers à payer pour cette ingérence, a déclaré le président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Hilarion, le 23 février 2012 à Moscou.

"La récente adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une résolution dirigée contre le gouvernement syrien, en dépit des protestations de la Russie, a ouvert la possibilité d’un déploiement de forces militaires étrangères en Syrie, comme ce fut le cas en Libye. Une telle situation pourrait conduire à une guerre civile, qui pourrait durer des années et faire des dizaines de milliers d’innocentes victimes", a déclaré le métropolite Hilarion. Des propos rapportés par l’agence Interfax, le 24 février 2012.

Comme lors des Croisades

Selon l’Eglise orthodoxe russe, une intervention étrangère sera associée par beaucoup de musulmans à une intervention chrétienne. "Les chrétiens locaux, comme ce fut le cas lors des Croisades, auront à répondre des actions des agresseurs, parfois au prix de leurs propres vies. Les chrétiens vont devenir les otages et les premières victimes d’un tel conflit", a-t-il souligné.

"La diaspora russe est confrontée à des menaces de mort croissantes de la part des forces d’opposition armées et par les islamistes radicaux", a pour sa part relaté l’archimandrite Alexander Yelisov, représentant du patriarche de Moscou, lors d’un entretien à Damas avec le patriarche d’Antioche, Ignace IV. "Je prie pour que toutes les religions de Syrie puissent vivre dans la paix et l’harmonie." (apic/interfax/nd)

PO Syrie: L’Europe doit pousser à un compromis, demande le patriarche Grégoire III

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Février 2012 à 14:54 | 0 commentaire | Permalien

Le monastère Sainte-Elisabeth à Minsk : Les Soeurs ( partie II )
Un article de Constantin Matsan, traduit par Laurence Guillon
Revue FOMA
SITE du monastère Sainte-Elisabeth à Minsk
Tout fait maison

Ces fresques ont été faites par nos artisans… me racontait mère Hillaria, l’économe du monastère, dans l’église de l’icône de la Mère de Dieu toute puissante.
— Comment ça, les vôtres ? m’étonnai-je. Les fresques étaient vraiment d’une beauté inhabituelle, on sentait qu’elles étaient l’œuvre de professionnels.
— Par les ouvriers de nos ateliers de peinture murale…
Dans l’église suivante, se répète un dialogue semblable.
— L’iconostase est l’œuvre de nos artisans.
— C’est-à-dire de votre propre atelier ?

Le monastère Sainte-Elisabeth à Minsk : Les Soeurs ( partie II )
— Oui. Prêtez attention aux visages de la première iconostase de notre monastère. On peut voir de quelle façon rudimentaire, et même légère, ont été exécutées les icônes. Si on les compare ces premières œuvres avec les icônes qui se font maintenant à l’atelier, on voit combien s’est perfectionné le style de nos iconographes.
Il s’avère qu’à l’heure actuelle, au monastère, tout est « fait maison », absolument tout : il y a ici plus de vingt ateliers. Les énormes encensoirs pour tous les sanctuaires du couvent ont été fabriqués à la forge du monastère avec des métaux non ferreux. Les vêtements liturgiques des prêtres sont confectionnés à la fois par l’atelier de broderie au fil d’or et l’atelier de couture. On y coud aussi des vêtements pour les séculiers, élégants mais convenables pour aller à l’église. L’atelier de sculpture sur bois, celui de charpenterie et celui de dorure fabriquent des iconostases. Les noms des ateliers de céramique, de vannerie et de cierges parlent par eux-mêmes. Les chaises, les bancs, les tables, les tabourets sortent des ateliers de meubles.

A côté du portail du monastère, se dresse un café de bois à un étage, dont la forme rappelle un moulin. Je demande pour plaisanter : - Et ce palais, ce sont aussi vos artisans qui l’ont construit de leurs mains ?
On me répond très sérieusement :
- Bien sûr. C’est pour que les pèlerins puissent entrer et manger quelque chose…

La plupart des denrées de ce café sont aussi de la production locale. A côté, il y a un magasin. On y vend la viande du monastère, du lait, du lard etc. Bien que là, tout soit « fait maison », les sœurs disent que le sens de la création des ateliers, c’est d’aider les gens, et non de vivre en autarcie.
- Beaucoup de ceux qui travaillent dans les ateliers ne peuvent se trouver d’emploi dans la société moderne, nous expliquait sœur Ioanna. Quelques uns d’entre eux s’y trouvent en réhabilitation, après un long séjour en hôpital psychiatrique. C’est précisément pour favoriser l’adaptation sociale des gens qu’est apparue la Maison de l’amour du travail, un pavillon séparé, où s’est concentrée la part la plus importante des ateliers. Ce qui a ici servi d’exemple, c’est la Maison de l’amour du travail qu’avait fondée saint Jean de Cronstadt.

On a commencé avec des cassettes

Quelques pièces sous le toit, un plafond bas, des murs de bois, beaucoup d’ordinateurs, des chopes de métal pleines de café brûlant sur la table, dans le studio dédié au saint confesseur Jean le Guerrier règne une atmosphère de laboratoire créatif. La journée de travail commence à 10 heures, mais les collaborateurs arrivent à 9 heures, chaque matin commence avec l’acathiste à leur protecteur céleste. C’est ici que l’on produit des enregistrements, que l’on tourne des films documentaires et des films d’art, et qu’on a commencé récemment à faire des dessins animés.

— Nous allons essayer de faire des dessins animés pour enfants utiles à l’âme, explique l’un des collaborateurs.
— L’important est de ne pas en rajouter dans les bons sentiments, observai-je prudemment.
— C’est vrai. Quand nous avons discuté du scénario de notre premier film, à l’intérieur de notre collectif, quelqu’un a dit qu’il n’était peut-être même « pas assez édifiant ». Et grâce à Dieu !
La première production audio apparut au monastère Sainte-Elizabeth apparut encore à l’époque des cassettes. Cela se passa de cette manière. Depuis déjà de nombreuses années, ont lieu au couvent chaque semaine, des discussions entre le père Andreï Lemechonka et ses paroissiens.
On met des bancs dans l’antichambre de l’église, qui se transforme pratiquement en salle de conférence, avec tous les attributs indispensables de ce genre de manifestation populaire : les billets avec les questions, les invités en retard, qui n’ont pas eu le temps d’occuper les places assises, mais qui sont prêts à rester trois heures debout seulement pour écouter de quoi va parler aujourd’hui le père. C’est le père Andreï qui choisit le thème de la discussion. C’est un public d’habitués, et le père commence sans préambule :
— Comment un homme peut-il en comprendre un autre ? Ce n’est pas si simple…
On voit que les paroissiens prennent immédiatement le rythme.
— Et pourtant, dans l’église, on ne peut faire entrer qu’un nombre limité d'auditeurs, racontent les collaborateurs du studio du monastère. Et les sœurs avaient très envie de faire partager les sermons de leur père spirituel au maximum de gens. Elles décidèrent de les enregistrer sur cassettes, et d’ensuite les tirer et les distribuer.
Cette pratique s’est poursuivie jusqu’à nos jours. Mais maintenant, à la place des cassettes, ce sont des disques compacts, dans une belle pochette, et à la place d’un petit magnétophone audio, avec une fonction enregistrement, tout un studio. Et en plus des sermons ou des livres audio à contenu spirituel, on y fait la bande sonore des dessins animés, on y conçoit des radio-spectacles, on y a récemment enregistré le grand chœur du monastère. Sur son directeur, le célèbre chantre Irina Denissova (depuis 2009, la moniale Iouliana), par l’intermédiaire de ce même studio, on a tourné un film documentaire « la Moniale ». Ce film a été primé au festival cinématographique de Minsk « Listopad 2010 ».

Sans projet commercial

L’exemple du studio saint Jean le Guerrier est significatif. Dans le sens que ce studio est apparu de lui-même, au gré des circonstances. Personne ne s’est préoccupé de rédiger une conception ou un projet commercial, n’a cherché de sponsors, ni n’a étudié d’auditoire ciblé. « On ne peut simplement pas négliger la culture », ont décidé les sœurs. Elles ont commencé petit, elles sont allées loin. C’est selon ce modèle que se sont développées toutes les autres activités du monastère. Ce modèle est précisément celui-ci : « Il y a des choses qu’on ne peut pas éviter de faire ». Les moniales raisonnent de cette manière :
- Personne n’a planifié de créer une communauté orthodoxe pour les SDF, les ZEK et les alcooliques. Mais ces gens existent, et ils viennent ici nous demander du secours. Si Dieu les a amenés au seuil de l’église, comment pouvons-nous les chasser ? Donc, impossible de ne pas les aider.
- Personne n’a planifié que le métochion aurait une ferme. Mais nous avons eu de plus en plus de monde, la communauté grandissait. Alors impossible de ne pas leur proposer de travail. C’est comme cela que la ferme est apparue.
— Personne n’a planifié de monter des ateliers. Mais c’est un bon moyen de mettre au travail ceux qui n’ont pas voulu ou pas pu en trouver dans les firmes ou les compagnies séculières. Donc, impossible de ne pas créer des ateliers.
Et là, j’ai compris : le rythme de vie d’une moniale au monastère peut coïncider avec celui d’un collaborateur d’une firme quelconque : une grande responsabilité, beaucoup d’obligations, de nouveaux défis qui se présentent constamment… Mais cette ressemblance est seulement superficielle. Car ces deux styles de vie ont un contenu radicalement différent. Ce que j’ai vu, au monastère Sainte Elizabeth, m’a convaincu de ceci : si le manager d’une quelconque firme séculière travaille pour lui-même, les sœurs, qui vivent au même rythme, le font pour les autres. Et c'est seulement quand on commence à mettre, au lieu de soi-même, les autres à la première place, qu'on commence à comprendre: il y a des choses qu'on ne peut pas ne pas faire.

Photos Vladimir Echtokine

Rédigé par Laurence Guillon le 24 Février 2012 à 14:44 | -1 commentaire | Permalien

Le monastère Sainte-Elisabeth à Minsk : Les Soeurs ( partie I )
Un article de Constantin Matsan, traduit par Laurence Guillon Revue FOMA
Le monastère dédié à la Sainte et vénérable martyre, la Grande Duchesse Elisabeth, a été créé en été 1999 dans la banlieue de Minsk, le village de Novinki (qui fait actuellement partie de la ville). C’est la Communauté orthodoxe des sœurs de la Charité laïques qui a donné naissance au monastère.

Un exemple de ce que peut être le rythme de la vie monastique

…C’était une véritable rédaction, avec des portes de verre et des cloisons, les vibrations constantes d’une imprimante et des textes imprimés jetés de tous les côtés, des épreuves, des maquettes de livres etc. Il n’y avait d’inhabituel qu’une seule chose : voir dans cet environnement des sœurs en habit monastique. Cela se déroulait dans les éditions du monastère Sainte-Elizabeth à Minsk. « Elles n’auraient pas l’habit, j’aurais pensé que c’étaient des journalistes ordinaires… » m’est-il passé par la tête.

Le monastère Sainte-Elisabeth à Minsk : Les Soeurs ( partie I )
Mais ma pensée suivante fut : « Non, non, elles sont différentes. Pour leur comportement au travail, elles ressemblent peut-être aux autres, mais intérieurement, elles sont différentes, particulières… » Oui, mais en quoi ?
Nous sommes sortis dans la rue et nous avons pris place dans une voiture pour aller des éditions au monastère. Une vieille voiture de marque étrangère, de couleur vert foncé, un clin d’œil au milieu des années 90, visiblement offerte par quelqu’un. C’était peut-être la première fois que j’étais dans une voiture conduite par une moniale. Drôle d’impression.

Le portable de mère Hillaria sonnait sans arrêt. « Comme chez n’importe qui », pensai-je. Mère Hillaria est l’économe du monastère. Pour chercher un équivalent profane, elle est « l’administrateur principal ». La moniale se plaignait que lorsque des gens de l’extérieur la voyaient avec un portable, il leur venait souvent la question suivante : quel genre de moniales êtes-vous, si vous en utilisez un, comme tout le monde ? Vous devez être concentrée (traduire : sinistre) et prier constamment (sans lever les yeux du sol), vous consacrer à Dieu (fuir les gens) etc.

- Et comment réagissez-vous à ce genre de « reproches » ?lui demandai-je.

— C’est une sorte de stéréotype, répondit mère Hillaria. Vous savez, il y a des représentations déformées de la spiritualité. Certains pensent, on n sait pourquoi, que plus le mur du monastère est élevé et infranchissable, plus sont spirituels ceux qui s’y cachent. Et plus ils sont rébarbatifs et mal disposés envers les gens, plus forte est leur foi. C’est bizarre. Les gens les plus élevés spirituellement que j’ai rencontrés, étaient les plus simples et les plus ouverts. Ils étaient normaux.

Un monastère dans un hôpital

Dans la petite église en bois consacrée à saint Nectaire d’Egine, sur le territoire de l’internat pour enfants avec des handicaps psychomoteurs particuliers, on n’avait pas encore eu le temps de mettre l’électricité. Nous y sommes arrivés le soir, quand il faisait déjà sombre. Il nous fallut chercher les cierges à tâtons.
— Je me rappelle souvent, avec une grande joie, notre première liturgie dans ce sanctuaire, avec les enfants malades de l’internat, raconte mère Ioanna. C’était le matin, il faisait encore plutôt sombre, c’étaient les enfants eux-mêmes qui tenaient les cierges. Et pout cette raison, pendant tout l’office, il semblait que la lumière vacillait…

D’une façon générale, tout le monastère Sainte Elisabeth « a poussé » grâce à la communauté des sœurs de charité, qui travaillait depuis la fin des années 80, sous la direction de l’archiprêtre Andreï Lemechonka, avec les malades de l’Hôpital Clinique Psychiatrique Républicain, internat psycho neurologique n°3 (l’établissement est situé non loin). En 1998, l’une des sœurs prit l’habit monastique. Et l’on considère le 22 août 1999 comme la date anniversaire du monastère, quand le métropolite Philarète tonsura encore trois novices. La construction du sanctuaire commença sur place, à côté de l’hôpital. Ce n’est pas un exemple fréquent : le monastère, essentiellement, est apparu sur le territoire de l’hôpital. Ils ont gardé jusqu’à présent un mur mitoyen.

Les moniales n’ont jamais cessé de nourrir les malades. Et la fraternité des sœurs de charité fonctionne comme avant, elle comprend aujourd’hui 200 sœurs. On les appelle « les sœurs blanches » et les moniales « les sœurs noires ». Les unes et les autres sont dans l’établissement presque chaque jour. Malheureusement, on n’y a pas accepté les journalistes.
— Pourquoi travailler avec des enfants malades qui, essentiellement, ne comprennent rien ? demandai-je?
— Et d’où tenez-vous qu’ils ne comprennent rien ? s’étonna la moniale Marfa, la sœur responsable de l’internat pour enfants. Ils comprennent justement mieux que les autres. Ils comprennent même quelquefois ce qu’il vaudrait mieux ne pas comprendre…
- Comment cela ?
- J’ai vu le cas suivant. Je marchais le long du corridor, dans le service, et je ne sais pourquoi, je ne pouvais me concentrer, me mettre dans l’état requis. Il me tournait dans l’esprit toutes sortes de pensées à propos du prochain dîner. Et voilà que sort de sa chambre un petit garçon qui s’adresse à moi directement : « Goinfre ! Tu ne penses qu’à la nourriture… »

La mère s’arrêta une seconde et ajouta :
- Ce n’est pas par hasard qu’on les dit plus proches de Dieu. Nous nous efforçons tous de nous diriger de ce côté, mais le Seigneur les a déjà rapprochés de lui, et a privé leurs cœurs de toute méchanceté. Pensez donc, et on appelle les gens comme eux des déshérités…

«To-to-chka!»

... Ces enfants jouent aussi dans des spectacles, que les sœurs organisent avec eux et la communauté du monastère, sous la direction de l’artiste émérite de Biélorussie, Alexandre Jdanovitch…

— Un jour, une petite fille, qui jouait Totochka, dans le « Magicien de la Ville d’Emeraude », tomba tout à fait malade et ne put prendre part au spectacle suivant, nous raconta Alexandre. Nous avons du prendre à sa place un petit garçon, qui avant ne jouait pas, mais avait vu nos spectacles de nombreuses fois et les connaissait par cœur. Il est vrai qu’il avait des problèmes d’élocution, c’est pourquoi nous avons décidé qu’il ferait tous les gestes sans paroles. Mais la petite fille avec qui il jouait la scène, lui demanda par habitude : « comment t’appelles-tu » ? Nous nous attendions à une pause embarrassée, mais soudain le garçon, qui parlait d’ordinaire avec de grandes difficultés, lui répondit très clairement, et même avec l’intonation : « To-to-chka… »

Alexandre Jdanovitch est l’un des acteurs les plus en vue du théâtre dramatique académique national Gorki. Il a, à ce jour, onze spectacles à son répertoire, dans la majorité desquels, il joue les rôles principaux (par exemple, Goloubkov, dans « la Fuite » de Mikhaïl Boulgakov). Et son travail à la télévision, dans l’émission « Kalikhanka », l’équivalent biélorusse de « Bonne nuit les petits », en fait naturellement le favori de l’auditoire enfantin. Avec son épouse Lioudmila, il rend visite aux enfants malades à l’internat et monte avec eux des spectacles. Je ne pus m’empêcher de lui demander :

- Au nom de quoi vous occuper « d’improvisation hospitalière » ?
- Je ne dirai sans doute rien de nouveau, mais les enfants malades nous sont nécessaires à nous, adultes sains, tout autant que nous le leur sommes. C’est une façon d’éduquer en soi l’amour et l’altruisme. Je sais que, de l’extérieur, cela peut sembler sec, mais tout change, quand on se plonge vraiment dans la communication avec eux. Je supposais au début (c’était apparemment mon habitude du travail dans un théâtre professionnel qui se faisait sentir) que, dans un internat, tout allait se passer d’une façon désorganisée : On répète une fois, et pas l’autre, et on ne peut jamais être sûr qu’on arrivera à faire le spectacle à temps et correctement. Mais avec le temps, j’ai commencé à comprendre : pire c’est, et mieux c’est. Dans le sens que le Seigneur dirige lui-même, il nous revient simplement de remplir honnêtement notre tâche. Et, quand le jour de la première, on s’attend à un désastre, et que le spectacle, contre toute attente, se déroule bien, alors là, on apprend vraiment à se confier à Dieu.

SDF : une façon de penser

Sur la route enneigée et difficile, la petite Volkswagen asthmatique obéissait à sœur Irina au doigt et à l’œil. Les sombres atours monastiques s’harmonisaient là aussi plutôt mal avec les impératifs d’un chauffeur expérimenté. La sœur nous conduisait depuis le monastère au village Lyssaïa Gora, où se trouvait le métochion. Le long de la route, elle racontait :

Quand j’ai commencé à remplir mon office au métochion, c’était très difficile. Et même, au début, j’en pleurais. Je ne pouvais pas comprendre comment j’allais m’en sortir, avec des gens aussi difficiles. Les « gens difficiles », c’étaient des SDF, d’anciens détenus, des drogués, des alcooliques. Ici, on les appelle des « frères ». Ils travaillent ici, ils ont des tâches physiques ordinaires. Le métochion a sa propre exploitation : la ferme, la pâture, et un élevage de chiens.

— Mais peu à peu, j’ai commencé à comprendre, continua la sœur Irina, si on essaie de la ramener, ce qui s’appelle, « faire l’important », ils ont vite fait de te remettre en place. Spécialement ceux qui sortent de prison : à force de fréquenter les surveillants, ils sont devenus de fins psychologues. Avec eux, il faut être simplement quelqu’un de normal. Ca marche, mais pas tout de suite. La plupart d’entre eux n’ont jamais connu quelqu’un qui les considère sans haine.

Les frères arrivent au métochion en passant par le monastère. Quand ils arrivent (et ils n’ont généralement plus d’autre endroit où aller), le prêtre discute avec eux et leur propose de vivre au métochion. Là, ils travaillent, ils prient, ils se confessent, ils communient. A proprement parler, l’idée d’un métochion avec une activité économique étendue est née de la nécessité de socialiser peu ou prou les gens comme eux.
— Bien sûr, les frères « craquent », raconte sœur Irina. Il arrive même qu’ils s’en aillent tout simplement, en criant : « Rendez-moi mes affaires. Je vivrai bien sans vous ! » J’ai tout de suite envie de leur demander : »Quelles affaires ? Tu es arrivé chez nous complètement en loques ! » Mais le bonhomme s’en va vagabonder, boire, et ensuite il revient . Il demande pardon, il veut qu’on le reprenne. On le reprend. Et petit à petit, il se rééduque.
Chaque samedi, on dit la liturgie au métochion. On y lit le psautier vingt-quatre heures sur vingt-quatre.La règle, ici, n’est, bien sûr, pas monastique, mais les prières du matin et du soir sont obligatoires, le mercredi et le vendredi sont jeunés.
— Etre SDF, ce n’est pas un statut social, c’est une façon de vivre et une façon de penser. C’est contre cela que nous luttons, ajoute sœur Irina.
— Comment?
— Il n’y a là qu’un seul moyen : les adapter au travail. Longuement et avec patience.

Cet homme bronzé d’environ trente ans, grand et fort, avec de bons yeux accueillants, c’est le chef des frères de la ferme, où l’on élève des cochons, des vaches, des chèvres, des chevaux. On sent qu’il connaît son affaire. Et il n’est pas dur de le deviner : pour mener une grosse exploitation, il faut un patron avec une main de fer et, cela va sans dire, « de l’autorité parmi les mecs ». Et certains mecs, pour ce qui est de la « façon de penser », ne sont pas des plus sûrs. En regardant ce patron, j’aurais eu tendance à penser que pour organiser la ferme, on avait décidé d’embaucher simplement un directeur expérimenté à l’extérieur.
— Comment est-il arrivé ici ? demandai-je à mère Irina.
— C’est un ancien drogué.
A l’élevage de chiens, c’est le frère Alexandre qui travaille. Au premier abord, il est sombre, rébarbatif et taciturne. D’après ce qu’on raconte, il est parti à quinze ans de chez lui, et n’y est plus revenu. D’une manière ou d’une autre, il s’est retrouvé en Afghanistan. Après la guerre, il avait des cauchemars terribles : une équipe de vingt hommes est partie en opération, il en est revenu cinq. Il s’est mis à boire. Un jour, il est arrivé au métochion. On a donné à Sacha pour tâche de s’occuper des chiens, que les moniales, à ce moment-là, avaient pris pour protéger les lieux. Sacha se mit à la tâche avec un sérieux viril et au bout de quelques années, le métochion eut son propre élevage de bergers asiates. Trois murs de la chambre de Sacha sont recouverts de diplômes et de médailles que les chiens du monastère ont remportés à des concours internationaux. Les yeux du sombre Sacha se sont mis à étinceler, quand la conversation est venue sur ses protégés :
— Nous avons ici quatre inter champions, c’est-à-dire quatre bergers qui ont remporté les premières places à plusieurs championnats de différents pays.

Aujourd’hui, au métochion, vivent plus de cent frères, mais à les voir, on les dirait solitaires. Pas seulement parce que le territoire est grand. Simplement, ils ont toujours des « missions » à remplir, ils sont occupés à travailler à leurs différents postes. On ne les voit jamais se baguenauder. Pour mettre de la variété dans la vie du métochion, les moniales montent des spectacles avec les frères. Cette année, ils ont choisi de mettre en scène « le Petit Prince ».

SITE du monastère Sainte-Elisabeth à Minsk
Photos Vladimir Echtokine

Rédigé par Laurence Guillon le 24 Février 2012 à 14:41 | -4 commentaire | Permalien

V.G.

Définition: Les rubriques" sont les remarques en lettres rouges qui indiquent, dans les livres liturgiques, les règles des offices et des cérémonies; ce sont aussi ces règles elles-mêmes.

Assez peu d'entre nous s'intéressent aux "rubriques", et pourtant ce sont elles qui fixent l'ordo des célébrations liturgiques dont nous ne discutons pas l'importance primordiale pour notre perception de l'Orthodoxie. Cette semaine ces "rubriques" sont particulièrement importantes car des chants de carême, empruntés au Triode de carême, sont intégrés tous les jours aux offices des Vêpres et des Matines. Les spécialistes vont chercher les précisions dans le Typikon, pour les autres moinillon.net/ propose une explication simplifiée et un mode d'emploi…
Mais sommes-nous nombreux à nous intéresser au sens de ces lectures que bien peu écoutent? Pour ceux que cela intéresserait je propose un court extrait du canon des mâtines du mercredi de cette semaine de carnaval (sans viande) ou des laitages (Масленица), généralement célébrées le mardi soir (21 février cette année):

3ème ode Hirmos
Tu m'as fondé sur la pierre de la foi…

Etendant les mains sur la croix, Tu as détruit par ta mort la malédiction * Tu as par ta Passion donné la vie aux hommes * Nous célébrons Ta divine Crucifixion, Jésus notre Dieu qui aimes l'homme.

Voués à la mort pour avoir mangé du fruit de l'Arbre * nous sommes rendus à la vie par l'Arbre de ta croix * Nous Te la portons en intercession * Envoie nous la grâce et la compassion * Bienfaiteur, Maître, en ton grand amour.

Les premières portes du jeûne sont ouvertes * Le stade de la tempérance est proche * Levons nous dans la chaleur de la résolution * pour recevoir le don de Dieu qui enlève la brûlure des fautes.

Le temps bienheureux du jeûne s'est levé * dans la lumière des rayons du repentir * Avançons tous dans la joie et la ferveur * repoussant les ténèbres profondes de la négligence.

Sanctifions dans la bonté le jeûne * prêchons l'abstinence des passions, appelons le Maître dans les larmes * Donne nous, Seigneur, la grâce de faire ta volonté, en ton grand amour.

Recevant le don du jeûne * glorifions Celui qui donne pour nous sauver et peinons pour cette œuvre * afin de recevoir la rémission de nos fautes de la main du Créateur.

Endors le trouble de mes passions * guéris les blessures de mon âme * éveille moi du sommeil de la négligence * par ta médiation, par ta protection, toute sainte Souveraine Vierge Mère.

Autre triode Hirmos
Donne à mon esprit stérile…

Quand Tu voulus, Sauveur, être élevé sur la croix * Toute la création de la terre fut renversée * et se déchira le voile du temple

Tu as été frappé, Jésus, pour moi sur la croix * et percé au côté, en ta bonté * Dans la foi j'adore ta puissance divine.

Gloire… Agenouillé sur la terre j'adore le Père * je glorifie le Fils, je célèbre l'Esprit * l'unique volonté, les trois Personnes de l'Origine.

Et maintenant... Incompréhensible, Vénérable, est le mystère de ton enfantement * Car sans l'homme, Marie, tu enfantes Dieu et tu demeures incorruptible.

Gloire à Toi, notre Dieu, gloire à Toi.

Christ, Tu as sanctifié le temps du jeûne par ta puissance * Des pièges de l'ennemi sauve nous tous qui T'adorons.

Katavasia Donne à mon esprit stérile les fruits des vertus * Toi qui cultives la beauté, qui plantes le bien dans Ta miséricorde.

Traduction du père Denis Guillaume (1933-2008), "Triode de Carême", Diaconie Apostolique, 1993.



Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 24 Février 2012 à 14:17 | 0 commentaire | Permalien

Parrainage des Tombes orthodoxes au cimetière de Moisenay
Skite de Notre Dame de Kazan

Lieu de mémoire et lieu de vie des chrétiens orthodoxes, installé en pleine campagne de la Brie, le Skite Notre Dame de Kazan à Moisenay est, en outre, un lieu de paix et de prières. Il est la lumière vivante de la spiritualité orthodoxe en Seine-et-Marne.

Ce patrimoine commun des chrétiens orthodoxes en France est l’œuvre de personnes inconnues de l’Histoire, dont le souvenir se perpétue au travers d’archives ou avec la mémoire des vivants. Nous sommes tous redevables de ce bien précieux à ceux qui ont fidèlement vécu une vie simple et qui pourtant reposent dans des tombes que l’on ne visite pas. En effet, les chrétiens orthodoxes auxquels nous devons le Skite Notre Dame de Kazan reposent au petit cimetière du village de Moisenay dans 63 tombes oubliées de tous.


C’est le cœur serré que l’on découvre la dernière demeure de ceux et celles à qui nous devons de pouvoir aujourd’hui être accueillis au Skite Notre Dame de Kazan. On découvre des débris de croix orthodoxes jonchant le sol. D’autres tombes sont dans un tel état de délabrement qu’il est impossible d'identifier celui ou celle qui y repose. On trouve des tombes sans croix ou, encore, des croix délabrées couchées à même le sol, dont les inscriptions ont été effacées par le temps qui passe. Bref, une grande partie de ces tombes étaient devenues anonymes !

Toutefois, grâce à la persévérance de deux membres du Skite, Madame Olga Platonova et Monsieur Mikhail Bogatyrev et à leur immense travail de repérage, ceux et celles qui reposent dans ce cimetière ont retrouvé la place qui leur est due et sont sortis de l’anonymat. À cet égard, le service de l’état civil de la mairie de Moisenay a pu fournir les noms des chrétiens orthodoxes qui reposent dans le cimetière de Moisenay. Il a ensuite fallu retrouver les tombes de chacun d’eux afin de restituer leur nom à ceux et celles qui y reposent. La tâche fut difficile, mais réalisée avec succès.

Néanmoins, la restitution de leur nom n’est pas suffisante ! Nous leur devons encore une sépulture décente ! Il est insupportable de voir des tombes sans croix ou des croix couchées à même le sol et sans un tel état de délabrement qu’elles ne peuvent plus être dressées. C’est le cœur brisé que l’on se tient devant ces tombes sachant que le Skite est trop pauvre pour pouvoir assumer leur rénovation.

C’est à partir de ce constat que l’idée du parrainage a jailli : un « parrain » pour chaque tombe ! Le parrainage permettra, selon les cas, de réaliser une belle croix orthodoxe en bois blanc là où elle manque, ou de rénover celle qui peut l’être.

Nous avons établi la liste des 63 chrétiens orthodoxes inhumés au cimetière de Moisenay, dont le nom de certains apparaît dans le « Dictionnaire de l'Immigration Russe en France » et qui figurent en caractère gras dans la liste ci-dessous.

Sans doute, le lecteur pourra également découvrir le nom d’un membre de sa famille ou d'une famille amie. C'est déjà arrivé !

Quoi qu’il en soit, le Hiéromoine Ambroise et toute la Communauté du Skite de Notre-Dame de Kazan remercient tous ceux et celles qui ont parrainé une tombe en versant leur don pour la restauration des croix. Nous tenons également à remercier l'Église de La Présentation de la Vierge au Temple à Paris XVe d'avoir lancé une pétition sur son site Internet pour nous aider.

Grâce aux dons déjà versés, six croix ont été fabriquées et une dizaine d'autres ont été restaurées. À cet égard, nous vous informons que Monsieur Kouzma Ignatenko, restaurateur des croix, les a installées bénévolement. Ce qui a permis une économie non négligeable. Néanmoins, à ce jour, toutes les tombes n’ont pas encore pu être restaurées !

Afin que toutes puissent l’être, nous vous serions infiniment reconnaissants d’adresser vos dons
:

par chèque à l'ordre de SKITE DE NOTRE DAME DE KAZAN
2, Chemin du moulin de la Roue, 77 950 Moisenay

Vous pouvez, également, faire parvenir vos dons par virement à :
SKITE DE NOTRE DAME DE KAZAN
2, Chemin du moulin de la Roue, 77 950 Moisenay
International Banking Account Number (IBAN)
FR76 1660 6000 4300 1555 2985 036
Bank Identification Code (BIC) AGRIFRPP866

Liste des personnes d'origine russe dont la tombe se trouve au cimetière de Moisenay

AGAPOFF Anne
AGAPOFF Pierre
ALBITSKY Nathalie
ALEXEEFF Makédony
ANDREIZEW Katharina veuve JACENKO
ARJANOFF Hélène épouse SYPINE
BAKHANOVA Maria
BART Anna veuve PHILIPPOWITCH
BOBRINSKOY Raïssa veuve NOVIKOFF
BOGDANOFF Elisabeth veuve YAKOVLEFF
BRIZGALOFF Anne veuve JIKAREFF
BROWN André
CHEKLEIEFF Serge
CHOUMIEFF Basile
COURTIN Marie (mère Dorothée)
DE BEHR Zénaïde veuve EVREINOFF
DE BREDUKOFF Nicolas
DENISSENKO Nicolas
DEUTSHMAN Véra épouse RENKE
FEDOROFF-THEODOROFF Pierre
FIRSOWSKY Michel
GENDRIKOFF Jean
IUDINE (prénom inconnu pour l'instant)
KIRILOFF Peter
KLEINMICHEL Cléopatra veuve MARTINOFF
KORTCHENKO Nikifor
KRAVTCHENCKO Nicolas
KUSMIN Olga
LEVINE Yvan
LUBIE Constantin
MAÏBORODA Paraskovie
MAKAROFF Marie
MELNIKOVA Maria
MEYER Hélène (mère Marguerite)
MONTIKOFF Georges
NICOLAIEFF Thaïs épouse TOBIESEN
NICOLAIEFF Julie veuve LWOFF
OBOLENSKAYA Alexandra (mère Blandine)
OBOLENSKY Irène épouse ZANDROK
OUGLOFF Marie
OUWAROFF Wladimir (diacre)
PACHKOVA (prénom inconnu pour l'instant)
PUDKOFF Dominica
RATKOFF-ROJNOFF Nadine
RENKE Otto
REVA Jean
ROGOFF Theodore (prêtre)
SALTANOFF Nicolas
SCHURAWLEWA Waeawana veuve RASOUTOFF
SEVASTINOV Agafia veuve HONDIAKOVA
SGHEIMANN Sophie
SKRIPINSKY Véra veuve SENINSKY
SMISLOVA Anna
SOUTCHENKO Julia
STEPANOFF Zénaïde
TERECHKEVITCH Alexandre (archimandrite Avraam)
TEYKINE Thadée
TRETIAKOVA Nathalie
VOLOCHINE André
WENDT Grégory (archimandrite Eutyme)
ZAITZEW Vladimir (prêtre)
ZANDROK Georges
ZUIKOFF Tatiana












Rédigé par Hiéromoine Ambroise le 23 Février 2012 à 09:21 | 2 commentaires | Permalien

Le numéro deux de l'Eglise russe demande aux catholiques des "pas concrets" vers le dialogue
"La VIE"
Marie-Lucile Kubacki

En déplacement à Paris, Mgr Hilarion Alfeyev, président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, est revenu sur le principal obstacle à la visite du Pape en Russie, et a appelé l'Eglise catholique à des "pas concrets" en faveur du dialogue. Rencontre avec un homme brillant, diplomate et musicien.

A l'occasion des premières journées du livre orthodoxe à Paris, samedi 18 février, dont La Vie était partenaire, Mgr Hilarion Alfeyev, métropolite de Volokolamsk et président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a visité le séminaire russe en France, inauguré il y a deux ans à Epinay-sous-Sénart. Une arrivée tout en sobriété qui n'a pas manqué pourtant de susciter une vague de respect parmi les séminaristes. Il faut dire que l'homme en impose par son parcours et le fait qu'il est aujourd'hui considéré comme le numéro deux d'une Eglise où le nombre de monastères est passé de 18 à plus de 800 en 25 ans depuis la fin de l'oppression soviétique. "Et nos monastères sont vraiment pleins ! a-t-il lancé avec une pointe d'humour. Nous ne connaissons pas vraiment de crise des vocations..."

Figure clé de l'Eglise orthodoxe russe et du dialogue entre catholiques et orthodoxes, le métropolite de Volokolamsk est un personnage aussi doué qu'énigmatique. A 45 ans seulement, il préside le département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou depuis 2009, un poste précédemment occupé par Mgr Kirill, l'actuel patriarche de Moscou.

Diplômé de l'Académie théologique de Moscou, polyglotte, il maîtrise le grec ancien et et le syriaque et il est l'auteur d'une trentaine de livres. Musicien hors pair, il a étudié le piano et le violon au conservatoire de Moscou, avant de composer une « Passion selon saint Matthieu » et un « Oratorio de Noёl »... Son amour de la musique a d'ailleurs beaucoup compté lors de ses rencontres avec Benoît XVI.

Perçant, son regard pétille lorsqu'il évoque le sujet : "Au niveau personnel, la musique a été l'un des facteurs du rapprochement. Une fois, j'ai même organisé un concert au Vatican avec de la musique russe... Le Pape a accepté cette initiative avec bienveillance". Aussitôt il ajoute : "En dehors des sympathies personnelles qui peuvent exister, nous recevons de manière très positive les pas que fait Benoît XVI pour sauvegarder des valeurs traditionnelles comme la famille et la fidélité conjugale".

En revanche, lorsqu'on l'interroge sur l'éventuelle rencontre du Pape et du Patriarche de Moscou, il sourit
: "Je me serais étonné que vous ne posiez pas la question... Il n'y a rien de vraiment nouveau : nous pensons que cette rencontre est tout a fait possible mais elle ne nous intéresse pas si elle n'est que protocolaire. Il reste des points importants sur lesquels nous nous trouvons en désaccord, des questions qui influencent la vie de nos fidèles, comme celle de l'église gréco-catholique en Ukraine. Nous attendons des pas concrets de l'Eglise catholique pour créer une atmosphère bienveillante et propice".

Diplomate, ses propos sont mûrement réfléchis, son discours parfaitement maîtrisé mais il sait se montrer inflexible. Comme en octobre 2007, lorsqu'il décide avec la délégation du Patriarcat de Moscou russe de quitter une session de la commission mixte orthodoxe-catholique pour le dialogue théologique à la suite d'un désaccord avec le Patriarcat de Constantinople.....SUITE
............................
MOSPAT
Le métropolite Hilarion a pris part à l’ouverture des Journées du livre orthodoxe en France
Le métropolite Hilarion a rencontré les enseignants et étudiants du Séminaire orthodoxe russe à Paris
Discours du métropolite Hilarion de Volokolamsk devant l’Assemblée des évêques orthodoxes de France 17 fevrier 2012
Le métropolite Hilarion a rencontré les évêques-membres de l’Assemblée des évêques orthodoxes en France (AEOF)
Le métropolite Hilarion a visité l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 23 Février 2012 à 08:51 | 2 commentaires | Permalien

Reportage vidéo sur la liturgie du dimanche 12 février 2012 à l'église des Trois-Saints-Docteurs à Paris dont c'était, ce jour-là, la fête patronale.

Le reportage est réalisé par les étudiants du Séminaire orthodoxe russe en France: Alexey Vozniuk et Alexey Vlasov.

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 23 Février 2012 à 08:32 | 0 commentaire | Permalien

Compte-rendu du colloque international sur  l’héritage du Père Jean Meyendorff, érudit et homme d’Eglise (1926-1992) à l’Institut Saint-Serge à Paris
Joost van Rossum

Du 9 au11 février 2012, un colloque international a eu lieu à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, pour honorer le vingtième anniversaire du décès du Protopresbytre Jean Meyendorff, théologien et historien de l’Église. Les quatre séances sur l’œuvre de l’un des théologiens orthodoxes les plus renommés du siècle dernier, avec 24 conférenciers, avaient retenu l’attention d’une centaine de participants.

Le colloque avait commencé par des mots d’introduction prononcés par le Recteur de l’Institut, S.E. l’Archevêque Gabriel et par le Doyen, l’Archiprêtre Nicolas Cernokrak. Puis, Mgr Kallistos, Métropolite de Diokleia, a transmis un message de S.S. le Patriarche Œcuménique Bartholomée. Ensuite, M. Joost van Rossum, professeur d’histoire et de théologie byzantines à l’Institut, a prononcé la conférence inaugurale, « Père Jean Meyendorff : une vie dédiée à la science et à l’Église ».

Le P. Jean Meyendorff était tout d’abord connu pour ses études sur le théologien byzantin Grégoire Palamas (14e s.), dont la théologie peut être considérée comme une véritable synthèse patristique.
C’est pourquoi les premières conférences étaient consacrées à la notion de « synthèse néo-patristique », lancée pour la première fois par le P. Georges Florovsky et reprise par la suite par le P. Meyendorff ( Métropolite Kallistos Ware, « Father John Meyendorff and ‘Neo-Patristic Synthesis’ » ; P. Nikolaos Loudovikos, « John Meyendorff and the Possibilities of a Modern Patristic Exegesis » ; Ivana Noble, « Patristic Synthesis or Non-Synthetic Dialectics ? A Critical Evaluation of John Meyendorff’s Contribution »). Le thème principal des discussions scientifiques sur Grégoire Palamas au siècle dernier a été la relation entre la théologie du docteur hésychaste et le système des hiérarchies de Denys l’Aréopagite (ou « Pseudo-Denys », auteur anonyme d’une série d’écrits qui datent de la fin du 5e siècle). Dans sa thèse doctorale soutenue à la Sorbonne (Introduction à l’étude de Grégoire Palamas) le P. Jean Meyendorff, suivant ainsi l’intuition du P. Georges Florovsky, a argumenté que Palamas avait apporté un « correctif christologique » aux écrits de Denys sur la « Hiérarchie Céleste » et la « Hiérarchie Ecclésiastique », colorés par un langage néoplatonicien. Cette interprétation a été contestée par quelques théologiens orthodoxes, en particulier par le P. Jean Romanidès.

Parmi les intervenants se trouvaient ceux qui partageaient l’opinion de Romanidès (Père Andrew Louth, « Dionysius, Maximus, Palamas – and Meyendorff ? » ; Pantelis Kalaitzidis, « Jean Meyendorff et Jean Romanidès : deux approches divergentes de la théologie palamite »), tandis que M. Goran Sekulovski, chargé de cours en Patrologie à Institut, dans son exposé intitulé « Père Jean Meyendorff, lecteur de Denys l’Aréopagite », soulignait l’importance de la thèse du P. Jean Meyendorff, qui montre que Palamas a replacé la mystique de Denys dans le contexte du mystère de l’incarnation du Christ, celle-ci étant la seule base de la spiritualité et de la mystique chrétiennes, selon la théologie des Pères. Pour cette raison, M. Sekulovski argumentait que cette étude du P. Meyendorff reste toujours l’œuvre fondamentale sur ce théologien byzantin.

Deux autres exposés étaient consacrés à la théologie de saint Grégoire Palamas.
M. Sergej Horuji a discuté de la relation entre le palamisme et la philosophie ancienne et moderne (« Energy and Personality in the Theology of John Meyendorff and in Contemporary Philosophy ») et M. Stoyan Tanev, de son côté, a fait une réflexion sur les notions de « Sophia » et « Energie » dans la théologie byzantine et moderne (« Divine Sophia and Energeia in 14th and 20th Century Orthodox Theology »).
La christologie était le deuxième axe de l’intérêt théologique du P. Jean Meyendorff. M. Jean-François Colosimo, maître de conférences en Patrologie à l’Institut présentait une communication sur « La christologie pascale de Jean Meyendorff », dans laquelle il montrait que le P. Jean a corrigé une certaine tendance dans la théologie orthodoxe d’oublier le facteur « temps » dans l’économie du salut.

Pour le P. Jean Meyendorff la théologie n’était pas une réflexion purement spéculative, mais liée à la vie de l’Eglise dans tous ses aspects. C’est pourquoi quelques communications traitaient des sujets qui n’étaient pas la spécialité proprement dite du travail théologique du P. Jean, mais qui avaient tout de même son intérêt. M. André Lossky, professeur de Théologie liturgique à Saint-Serge, présentait une communication sur « La fête de la Transfiguration comme témoin de la Lumière » dans laquelle il montrait le sens théologique des textes liturgiques de cette Fête et leur relation avec la théologie de Grégoire Palamas, tandis que le P. Nicolas Ozoline, professeur d’Iconologie à l’Institut, expliquait le lien entre la christologie et la théologie de l’icône (« Père Jean Meyendorff, théologien de l’icône »). Deux autres exposés concernant l’icône traitaient de l’image chrétienne dans son contexte culturel : P. Stéphane Bigham montrant le lien entre l’art roman et l’art byzantin (« L’art roman : le dernier art occidental de caractère iconique ») et M. Alexander Dvorkine signalant l’influence de la culture occidentale sur la vie politique et culturelle en Russie au 16e siècle (« Western Influences on Church Life in Muscovy in the First Half of the 16th Century »).

Des exposés sur l’histoire de l’Eglise ne pouvaient pas manquer, le P. Jean Meyendorff étant un spécialiste renommé de l’histoire de Byzance et du monde slave.
M. Pavel Pavlov présentait une communication sur les relations de Grégoire Palamas avec les musulmans (« Palamas’ View on Islam : Byzantine Insights for Contemporary Society »). Mme Marie-Hélène Congourdeau, quant à elle, faisait un exposé sur « Nicolas Cabasilas et sa défense de Grégoire Palamas contre les ‘inepties’ de Nicéphore Grégoras », en montrant que Cabasilas (14e s.) défendait la théologie de Palamas, sans pour autant faire mention directe de la théologie du docteur hésychaste proprement dite. Mme Marie-Hélène Blanchet, pour sa part, présentait une analyse du développement de l’usage du terme « katholikos » à Byzance (« Les enjeux du terme ‘katholikos’ à Byzance à la fin du Moyen-Age : une querelle confessionnelle »). Enfin M. Constantin Vétochnikov faisait une communication sur « Les missions patriarcales en pays russes du 14e et 15e siècles ». En guise de transition vers la dernière section de ce programme riche et varié, consacrée à l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui, un jeune savant de Yekaterinburg, M. Andrey Levitskiy, parlait des activités et des publications du P. Jean en Russie (« Fr John Meyendorff’s Publications in Russia : the Story of a ‘Memorial Festschrift’ ») et des circonstances autour du mal famé « autodafé » qui eut lieu dans cette ville en 1998. Dans cette dernière section, les présentations portaient sur le rôle que le P. Meyendorff a joué dans le mouvement œcuménique : P. Nicolas Lossky (Institut Saint-Serge), « Père Jean Meyendorff et le mouvement œcuménique » ; M. Nicolas Kazarian (Institut Saint-Serge), « Père Jean Meyendorff et le COE ». P. Boris Bobrinskoy, ancien doyen de l’Institut Saint-Serge, faisait un exposé sur « La pneumatologie palamite dans le cadre de mes contacts avec le Père Jean Meyendorff », dans lequel il montrait que le P. Meyendorff a signalé une possibilité fournie par la théologie de Palamas pour briser l’impasse dans le dialogue œcuménique créé par l’ancienne controverse sur le Filioque (sans abandonner l’axiome patristique de la « monarchie » de Dieu le Père). Les derniers exposés de cette section et du colloque même étaient consacrés à la situation juridique de l’Eglise orthodoxe, en particulier en Amérique. M. Michel Stavrou, professeur de Théologie des dogmes à l’Institut, faisait une présentation sur « Le rôle du patriarcat œcuménique dans la vision ecclésiologique du Père Jean Meyendorff », et le dernier intervenant, M. Paul Meyendorff, professeur de Théologie liturgique au Séminaire Saint-Vladimir à Crestwood, New York, faisait une communication sur le rôle de son père dans l’établissement de l’autocéphalie de l’Eglise orthodoxe en Amérique, qui jusqu’à aujourd’hui n’est toujours pas officiellement reconnue par le Patriarcat de Constantinople et d’autres Eglises autocéphales (« Fr John Meyendorff’s Role in the Autocephaly of the Orthodox Church in America »). Dans les discussions il était souligné que, pour le P. Jean, la « primauté » d’un patriarcat et l’autocéphalie d’une Eglise ne sont pas une « fin en soi », mais que la seule chose qui importe, c’est l’unité de l’Eglise.

Pendant la Table Ronde fut montré un entretien entre le P. Nicolas Ozoline et le P. Jean, qui avait été diffusé à la télévision dans les années 80.
Plusieurs participants partageaient leurs souvenirs du P. Jean. Paul Meyendorff rappelait les derniers moments de la vie de son père : ses derniers mots furent « l’Eucharistie », indiquant par là que sa théologie et sa vie spirituelle étaient axées sur l’Eucharistie et l’Eschatologie. « A ce moment », disait Paul Meyendorff, « mon père était déjà là, dans le Royaume de Dieu ».
Dans ses remarques de conclusion, le professeur Joost van Rossum (Institut Saint-Serge) fit remarquer que le P. Jean partageait cette vision eucharistique et eschatologique avec son ami et collègue, le P. Alexandre Schmemann, et que les racines de cette vision théologique leur avaient été données dans leur Alma Mater, l’Institut Saint-Serge.




Rédigé par Joost van Rossum le 22 Février 2012 à 21:12 | 1 commentaire | Permalien

Le Musée Bible+Orient présente une exposition consacrée aux vêtements des diverses époques de la Bible, du 1er mars au 31 juillet 2012, à l’Université de Miséricorde, à Fribourg.

L’exposition présente les types de vêtements existants aux temps bibliques, les matériaux avec lesquels ils étaient confectionnés, et les usages particuliers auxquels ils étaient destinés. Le Musée Bible+Orient a reconstruit des vêtements sur des figurines, en se basant sur des études de représentations vestimentaires, sur des sceaux-cylindres (cylindres ornés de motifs représentant des dieux ou des symboles du pouvoir et servant la plupart du temps à les imprimer sur de l’argile, ndlr) et sur d’autres d’objets de ses riches collections du Proche-Orient ancien. Ces figurines mobiles ont spécialement été conçues pour représenter des scènes bibliques. Le but est de faire de nombreux liens entre l’époque biblique et l’époque actuelle.

Les visiteurs pourront notamment découvrir un couple princier cananéen. La mise en scène permettra d’observer la structure des différentes couches de vêtements et de cerner la symbolique de la cérémonie de mariage. L’exposition présentera aussi la tenue du grand prêtre de Jérusalem, notamment grâce à l’archéologie et à la description détaillée de ses vêtements dans le second livre de Moïse (Le livre de l’Exode au chapitre 39, ndlr).

Conférences et ateliers

Des visites guidées en français et des conférences publiques seront organisées dans le cadre de l’exposition. Les personnes intéressées pourront aussi participer à un atelier de confection de figurines, sous la houlette d’Edith Hungerbühler (couturière) et de Thomas Staubli (théologien), à qui l’on doit la réalisation des figurines de l’exposition. Il aura lieu le samedi 16 juin, de 9 h à 17 h, à Miséricorde.

SUITE Apic/Kipa


Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 22 Février 2012 à 19:49 | 0 commentaire | Permalien

A partir de vêpres du mercredi de la semaine des laitages, célébrées le mardi soir, (21 février cette année), nous commençons à dire la prière de Saint Ephrem à la fin de chaque office et cette prière va ainsi scander chaque journée jusqu'à la fin du Grand Carême. Je vous en propose un commentaire particulièrement approfondi:

Citation:

Seigneur et maître de ma vie, éloigne de moi l'esprit
de paresse, d'abattement, de domination, de vaines
paroles; accorde-moi, à moi ton serviteur, un esprit de
chasteté, d'humilité, de patience et d'amour;
oui, Seigneur Roi, donne-moi de voir mes péchés et de
ne pas juger mon frère, car tu es béni dans les siècles
des siècles, Amen.


Cette prière, due à saint Ephrem le Syrien (306 env.-373), ponctue les offices de Carême. On la répète trois fois, en faisant trois grandes «métanies» qui sont des prosternations front contre terre. Métanie (métanoïa) désigne justement la pénitence comme retournement de toute notre saisie du réel.

- Seigneur et maître de ma vie

« Seigneur » suggère le mystère inaccessible du « Dieu au-delà de Dieu », hyperthéos. Ce Dieu pourtant ne m'est pas étranger, il me fait exister par sa volonté, il anime ma boue de son Souffle, il m'appelle et sollicite ma réponse, il devient par son incarnation le « maître de ma vie». C'est lui qui donne sens à ma vie, même et surtout quand ce sens m'échappe. « Maître » ici, tout en soulignant la transcendance, ne signifie pas tyran mais Père sacrificiel et libérateur qui veut m'adopter dans son Fils et respecte infiniment ma liberté. Son Fils incarné, en qui il est entièrement présent, naît dans une étable, se laisse assassiner par notre liberté cruelle, ressuscite mais ne se révèle qu'à ceux qui l'aiment. Or ce «maître» crucifié reste le Maître de la Vie. Lui seul peut libérer notre liberté, lui seul peut transfigurer dans son Souffle vivifiant l'obscure passion de nos vies. La grandeur de ce Roi est de se faire notre serviteur. «Je suis parmi vous comme celui qui sert.»

Ma relation à ce Maître n'est donc pas de servitude mais de libre confiance. Il est le « maître de ma vie »parce qu'il en est la source, parce que je ne cesse de la recevoir de lui, parce qu'il est celui qui donne et qui pardonné, c'est-à-dire donne encore, en surabondance, un avenir renouvelé «Va, et ne pèche plus.»Je n'existe que par cet amour infiniment discret qui m'élève au-delà de tout conditionnement, de toute nécessité, qui se fait serviteur pour que ceux qui se veulent ses serviteurs deviennent ses amis. L'ascèse que le Carême accentue ne peut être de libération vraie que dans le mouvement de la foi. Et la foi, c'est d'abord le risque de la confiance. En toi, maître de la vie qui se révèle dans un Visage, je mets toute ma confiance. En ta parole, en ta présence car tu n'es pas seulement un exemple, tu es le non-séparé qui te fais notre lieu, un lieu de non-mort: «Venez à moi, vous tous qui êtes chargés et fatigués et je vous donnerai du repos.» Se reposer, se poser doublement, dans le divin et dans l'humain. Un lieu, pour nous orphelins de la terre natale, des sages coutumes, des civilisations certes âpres et dures mais de silence et de lenteur, pour nous nomades sans poésie des mégapoles, tu es le lieu de la vie, son maître. En ce lieu, nous creuserons les catacombes d'où germeront les cathédrales de l'avenir.

- éloigne de moi l'esprit de paresse, d'abattement,
de domination, de vaines paroles


Il y a un chemin. Tu es le chemin. Mais sur ce chemin des obstacles. Qui définissent notre condition fondamentale de péché, celle que Jésus a rappelée à ceux qui voulaient lapider la femme adultère. La «paresse» n'est pas la clinophilie d'Oblomov (2), voire de nos matins de vacances. La paresse signifie l'oubli, dont les ascètes disent qu'il est le «géant du péché». L'oubli, c'est-à- dire l'incapacité à s'étonner et à s'émerveiller, à voir. Le non- éveil, une espèce de somnambulisme, celui de l'agitation comme celui de l'inertie. Pas d'autre critère que l'utilité, la rentabilité, le rapport qualité-prix. Le bruit intérieur et extérieur, pour les uns l'agenda trop rempli où chaque moment engrène sur un autre, pour d'autres l'agenda trop vide, la violence et les drogues molles ou dures. Ne plus savoir que l'autre existe aussi intérieurement que moi-même, ne jamais s'arrêter pour rien, dans le saisissement d'une musique ou d'une rose, ne plus rendre grâce — puisque tout m'est dû. Ignorer que tout s'enracine dans le mystère et que le mystère m'habite. Oublier Dieu et la création de Dieu. Ne plus savoir s'accepter comme une créature au destin infini. Oublier la mort et le sens possible au-delà d'elle : une névrose spirituelle qui n'a rien à voir avec la sexualité — laquelle devient alors moyen de l'oubli — mais avec le refoulement de la «lumière de la vie» qui donne sens à l'autre, au moindre grain de poussière, à moi-même.

Cet oubli, devenu collectif, ouvre les chemins de l'horreur. Nous nous disons alors que Dieu n'existe pas, la névrose s'accentue, les anges pervers du néant envahissent la scène de l'histoire. Seigneur et maître de ma vie, éveille-moi.

Cette « paresse », cette anesthésie de tout l'être, insensibilité, fermeture du coeur profond, exaspération du sexe et de l'intellect, conduit à l'«abattement», à ce que les ascètes nomment l'«acédie» — dégoût de vivre, désespérance. A quoi bon rien ? Fascination du suicide, universelle dérision. Je suis revenu de tout, tout m'est égal, me voici cynique ou engourdi. Très vieux, et sans esprit d'enfance. On peut aussi prendre ses jambes à son cou, fuir dans l'esprit de « domination » et celui des « vaines paroles ». On a besoin d'esclaves et d'ennemis, on les invente, on peut même les sacraliser comme l'a montré René Girard (3). Dominer, c'est se sentir dieu, avoir des ennemis, c'est les rendre responsables de son angoisse. Torturer l'autre — puisque c'est toujours sa faute —, violer son corps et peut- être violer son âme, le tenir à merci, à la limite de l'anéantissement, mais sans le laisser échapper dans la mort —, c'est faire l'expérience d'une sorte de toute-puissance, quasi divine. En lui, je me hais mortel. Le piétinant, je piétine ma propre mort. Nous avons connu les rois-dieux et les tyrans divinisés. Tout exercice de la puissance s'auréole d'une sacralité à laquelle les natures «fémellines», comme disait Proudhon (4), sont particulièrement sensibles.

C'est pourquoi les premiers chrétiens, au prix de leur vie, refusaient de dire que César est Seigneur. Seul Dieu est Seigneur. D'autres chrétiens, en notre siècle, ont refusé d'adorer la race, ou la classe, et payé le prix. En rappelant qu'il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César, le Christ a exorcisé la sacralité de la domination. Pendant des siècles, les chrétiens ne l'ont pas toujours fait. Ils ont sanctifié un empereur qui avait tué son fils et sa femme, parce qu'ils croyaient qu'il avait mis la domination au service de Dieu. Espérance, parfois réalisée, d'une puissance qui devient service. Coûteuse illusion le plus souvent.

Et l'Eglise même combien contaminée par l'esprit de domination?

Quant aux «vaines paroles», — l'expression est évangélique — elles désignent tout exercice de la pensée et de l'imagination qui se retranche du silence, de l'émerveillement et de l'angoisse d'être, du mystère. Elles concernent toute approche de l'homme qui prétend l'expliquer, le réduire, en ignorant en lui l'inexplicable et l'irréductible. Toute approche de la création qui méprise ses rythmes et sa beauté. Saisie et non saisissement. Fantasmes d'un art qui ne veut plus être nuptial.

Nous sommes dans une civilisation de «vaines paroles», de vaines images, où les besoins, hypertrophiés, piratent le désir, où l'argent pétrit les rêves, où la publicité devient l'inverse de l'ascèse, cette réduction volontaire des besoins pour le partage et la libération du désir. Pour autant en attente d'une parole de vie, pesant son poids de silence et de mort démasquée, une parole de résurrection.

- accorde-moi, à moi ton serviteur,
un esprit de chasteté, d'humilité, de patience
et d'amour


A chaque demande, nous nous reconnaissons «serviteurs», créatures recréées par un Souffle qui monte du plus profond de nous. La prière n'est pas une simple méditation; elle est rencontre, mise en relation, «conversation», disaient les vieux moines. Car Dieu nous parle : par l'Ecriture, par les êtres et les choses, par les situations de notre existence, par sa présence aussi paroles de silence, pleines de douceur, touches de feu dans le coeur (et non bavardage inventé, impudique, illusoire). Seule pareille prière peut briser le cercle magique de la philautia, narcissisme métaphysique, esprit de «domination» et de suffisance. Les «vertus» qu'énumère la prière, et qui coexistent pour s'unir, s'enracinent ainsi dans la foi. Dans cette perspective, la «vertu» n'est pas simplement morale, elle participe à l'humanité du Christ, humanité déifiée où les virtualités de l'humain sont pleinement réalisées par l'union avec les Noms divins qu'elles reflètent.

La «chasteté» est loin de ne désigner que la continence, comme le voudrait une acception moralisatrice et rétrécie. Elle évoque bien plutôt intégration et intégralité. L'homme chaste n'est plus disloqué, emporté comme un fétu par les vagues d'un éros impersonnel. Il intègre l'éros dans la communion, la force de la vie dans une existence personnelle en relation. Le moine, pour qui, en effet, chasteté signifie continence (mais toute continence n'est pas chaste), consume son éros dans l'agapé, dans la rencontre du Dieu vivant, infiniment personnel, dans l'admiration inépuisable — douleur puis émerveillement — pour le Crucifié vainqueur de la mort. Alors il peut rencontrer les autres avec une attention désintéressée, vieillard-enfant, «beau vieillard» entraîné dans la non-séparation christique.

La chasteté, pour l'homme et la femme qui s'aiment d'un noble et fidèle amour, c'est, en Christ uni à son Eglise, en Dieu épousant l'humanité et la terre, à la lumière de l'uni- diversité trinitaire, la transformation, — agapique elle aussi — de l'éros en langage d'une rencontre, en expression des personnes dans la tendresse d'une patiente et réciproque découverte. Et l'enfant, petit hôte inconnu, ou tel hôte inattendu ou trop connu, surgissent toujours à temps pour empêcher la passion de se clore sur elle-même dans une parodie d'absolu.

Chaste est une pensée, une parole, une expression que traverse, en toute franchise et réalisme (petit moine, ne baisse pas sottement les yeux devant les dames) cette pureté fondamentale, ce respect des corps, ce rassemblement de la vie dans un mystère qui la pacifie et l'unifie. La Bible vomit l'extase impersonnelle de la prostitution sacrée, elle met l'accent sur le «Cantique des cantiques» d'une rencontre cherchée, perdue, retrouvée, car Dieu est le «toujours cherché», disait saint Grégoire de Nysse, et sur une humble fidélité, car Dieu est le toujours Fidèle.

L'« humilité » inscrit la foi dans l'existence quotidienne. Je n'ai rien qui ne me soit donné. Précaire, si souvent sur le point de se rompre, le fil de mon existence n'est maintenu, renoué, que par l'étrange volonté d'un Autre. L'humilité «est un don de Dieu lui-même et un don venant de lui», dit saint Jean Climaque, «car il est dit: apprenez, non d'un ange ni d'un homme, mais de moi — de moi demeurant en vous, de mon illumination et de mon opération en vous — que je suis doux et humble de coeur, de pensées et d'esprit, et vous trouverez pour vos âmes l'apaisement des combats et le soulagement des pensées». Humble est le publicain de la parabole, qui ne saurait prétendre à la vertu, lui, le «collaborateur» méprisé, et ne compte que sur la miséricorde de Dieu, tandis que le pharisien, trop parfait, n'a certes pas besoin de Sauveur. L'homme parfait, sûr de lui, orgueilleux de sa vertu, il n'y a pas de place pour lui et pour Dieu dans le monde : il occupe tout. L'homme humble, au contraire, fait place. II s'ouvre à la gratuité du salut, il l'accueille avec gratitude en revêtant son coeur d'un habit de fête.

Humilité-humus: non écrasement mais fécondité. L'humilité est active, elle laboure la terre, la prépare, pour qu'elle rapporte cent pour un quand sera passé le Semeur.

L'humilité est une vertu qu'on voit chez l'autre, mais qu'on ne peut voir chez soi. Celui qui dirait : je suis humble, serait un pauvre vaniteux. Humble, on le devient sans le chercher, par l'obéissance, le détachement, le respect du mystère en sa gratuité, l'ouverture, donc, à la grâce. Par la « crainte de Dieu » surtout, qui n'est pas la terreur de l'esclave devant un maître qui châtie, mais l'épouvante, soudain, de perdre sa vie dans l'illusion, dans l'ubuesque ventripotence du moi, dans la boursouflure de néant des «passions». La «crainte de Dieu» nous rend humbles, elle nous délivre de la crainte du monde — je suis libre parce que je n'ai plus rien, dit un personnage du Premier Cercle de Soijenitsyne — elle se transforme peu à peu en cette crainte émerveillée que donne tout grand amour. L'humilité s'exprime dans la capacité d'attention à l'autre, aux veines du bois, au scorpion sur la marche de l'escalier, voire à ce nuage éphémère, un instant si beau. L'humilité permet l'éveil, la capacité de « voir les secrets de la gloire de Dieu cachés dans les êtres 2... »

L'humilité est le fondement et le résultat des «vertus», l'un et l'autre invisibles à nos propres yeux. C'est une sensibilité de tout l'être à la résurrection.

Si nous ne pouvons rien savoir de l'insaisissable humilité, nous pouvons beaucoup apprendre de la « patience » dans les humiliations. Ce que nous cherchons dans l'abstinence, vous le trouverez dans la patience devant les inévitables vicissitudes, voire tragédies, de l'existence, disent les moines à ceux qui restent dans le monde. La patience est en effet un monachisme intériorisé. Donc le contraire de l'abattement qui, si souvent, provient du désir, comme adolescent, d'avoir tout, et tout de suite (la patience a conduit Thérèse de Lisieux à transfigurer cette impatience en exigence de sainteté). La patience fait confiance au temps. Non pas seulement le temps ordinaire où la mort a le dernier mot, le temps qui use, sépare et détruit, mais le temps mêlé d'éternité que nous offre la Résurrection. Le temps qui va à la mort est celui de l'angoisse; le temps qui va à la résurrection, celui de l'espérance. Ainsi la patience est attentive aux maturations, parfois paradoxales comme celle du grain qui meurt pour porter beaucoup de fruit. Elle sait, en effet, que les expériences de mort peuvent devenir des étapes, de quasi initiatiques ruptures de niveau, si elles nous jettent au pied de la croix vivifiante et font refluer en nous l'eau vive du baptême. Quand Dieu semble se retirer, quand le regard de l'autre me pétrifie ou se pétrifie dans la mort, quand s'effondrent les espoirs personnels et collectifs, la patience fait confiance. En quoi elle s'apparente à la charité dont saint Paul nous dit qu'« elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout» (1 Co 13, 7).

Les Pères ont souvent évoqué la «patience de Job», Dostoïevski et Berdiaev ont évoqué aussi sa révolte. Mais c'est une révolte non dans le vide mais dans une sorte de foi. Job refuse les aimables théodicées des théologiens en chambre, mais il sait que Quelqu'un le cherche à travers l'expérience même du mal.

« Patience dans l'azur » ou patience dans les ténèbres, le poète3 a raison
«Chaque atome de silence Est la chance D'un fruit mûr.»

Et tout culmine en effet dans l'«amour» qui constitue la synthèse de toutes les « vertus » dont l'essence est le Christ. Se libérer, par la patience et l'espérance, des «passions» impatientes et désespérées, permet d'acquérir peu à peu l'apathéia, qui n'est pas l'impassibilité stoïcienne mais la liberté intérieure et la participation à l' « amour fou » de Dieu pour ses créatures. Syméon le Nouveau Théologien disait de l'homme qui se sanctifie qu'il devient «un pauvre rempli d'amour fraternel4». Pauvre, parce qu'il se dépouille de ses rôles, de son importance sociale (ou ecclésiastique), de ses personnages névrotiques, parce qu'il ouvre simultanément à Dieu et à l'autre, ne séparant pas prière et service. Il peut alors discerner la personne d'autrui sous tant de masques, de laideur, de péchés, comme le fait Jésus dans les évangiles. Et pacifier ceux qui se haïssent et voudraient détruire le monde.

La scène du jugement, au 25e chapitre de saint Matthieu, montre que l'exercice de l'amour actif— nourrir, accueillir, vêtir, loger, soigner, libérer — n'a nullement besoin de faire claquer au vent la bannière de Dieu, car l'homme est pour l'homme un sacrement du Christ, «homme-maximum5». Un sacrement secret et concret.

Abba Antoine dit encore : «La vie et la mort dépendent de notre prochain. En effet, si nous gagnons notre frère, nous gagnons Dieu. Mais si nous scandalisons notre frère, nous péchons contre le Christ 6»

Et Isaac le Syrien : «Frère, je te recommande ceci: Qu'en toi le poids de la compassion fasse pencher la balance jusqu'à ce que tu sentes dans ton coeur la compassion même que Dieu a pour le monde 7»

- Oui, Seigneur Roi, donne-moi de voir mes péchés et
de ne pas juger mon frère,
car tu es béni dans les siècles des siècles, Amen


La demande ultime dénonce, démasque une des formes les plus effrayantes du péché, aussi bien sur le plan personnel que sur le plan collectif: se justifier en condamnant, se diviniser en damnant, haïr, mépriser, disqualifier avec la bonne conscience du juste.

«Voir ses péchés» obéit à l'injonction première de l'Evangile : «Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est proche.» Quand la lumière en effet se fait proche, elle débusque en nous les ténèbres. L'homme qui se découvre ainsi, et dont l'intelligence et le coeur — qui s'identifient dans la Bible — se retournent, prend la mesure de sa déviance, de sa perte où il entraîne d'autres, du néant qui le guette et déjà le pénètre, de l'abîme sur lequel il a jeté quelques planches dérisoires, aujourd'hui brisées. Telle est bien la «mémoire de la mort» dont parlent les ascètes : mise à nu de cette angoisse fondamentale que nous refoulons, mais qui,
justement, s'exprime dans la haine du frère, dans le besoin frénétique de le juger, comprenons : de le condamner. Mais si la «mémoire de la mort» est traversée non par la dérision mais par la foi, celle-ci découvre plus profond encore, s'interposant entre nous et le néant, le Christ vainqueur de l'enfer. En lui, toute séparation est surmontée : le caractère inaccessible de Dieu, le péché, la mort. Je ne suis pas jugé, mais sauvé, je n'ai plus à juger mais à sauver.

«Voir ses péchés» ce n'est pas comptabiliser des transgressions, c'est se sentir asphyxié, noyé, perdu, et gesticuler vainement dans cette perte, trahir l'amour, mépriser en ricanant tant on se méprise. C'est étouffer dans les eaux de la mort, afin qu'elles deviennent baptismales. Mourir mais désormais en Christ pour renaître dans son souffle et reprendre pied dans la maison du Père. «Il est plus grand de voir ses péchés que de ressusciter les morts», dit un vieil adage. Car voir ses péchés, c'est passer par la plus dure mort, tandis que, après la renaissance «baptismale», c'est sans y penser qu'on multiplie la vie, puisqu'on est devenu un « pacificateur de l'existence ». Encore qu'il faille «verser le sang de son coeur», disait le starets Siouane du mont Athos, pour ébranler certaines négations, briser la pierre de certains coeurs, pouvoir implorer le salut universel.

Celui qui voit ses péchés et ne juge pas son frère devient capable de l'aimer vraiment. Je me suis suffisamment déçu pour ne plus l'être par quiconque. Je sais que l'homme, à l'image de Dieu, est Secret et Amour, mais que cet amour peut devenir haine. Je respecte le Secret, je n'attends rien en retour. Que vienne l'amour, c'est pure grâce.

Alors, bénir. Tenter de devenir non pas un être de possession — qui possède et qui est possédé — mais un être de bénédiction. Réciprocité sans limites de la bénédiction : bénir Dieu qui nous bénit, tout bénir dans sa lumière, sans oublier que la bénédiction, pour ne pas devenir «vaines paroles», doit se faire «bénédiction». Oui, agir la bénédiction reçue au profond de soi, se soumettre à toute vie pour la faire grandir toute, pour qu'elle devienne bénédiction.

La prière de saint Ephrem suggère bien ce qu'est l'ascèse: jeûner, mais non uniquement de la nourriture du corps, aussi de l'alourdissement de l'âme, afin que nous ne vivions pas seulement de pain (d'images, de bruits, d'excitations) mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu 8. Jeûner des «passions», du désir de dominer et de condamner. Pour atteindre la vraie liberté dont a su parler saint Jean Climaque: «Sois roi dans ton coeur, règne dans la hauteur de l'humilité, commandant au rire : viens, et il vient; aux douces larmes : venez, et elles viennent; et au corps, serviteur et non plus tyran : fais cela, et il le fait (9)»

Notes:

1 L'Échelle sainte, 25e degré, 3.
2. Saint Isaac le Syrien, Traités ascétiques, 72e traité.
3 Paul Valéry.
4 Cf. Basile Krivochéine, Dans la lumière du Christ, saint Syméon le Nouveau Théologien, chap. 1: « Un pauvre rempli d'amour fraternel », Éd. de Chèvetogne, 1980, p. 13-25.
5. Nicolas de Cuse, Sermons, 49; De pace fidei, 444; De cribatione Alchorani, 507.
6. Apophtegmes, Antoine, 9.
7 Traités ascétiques, 34e traité.
8. Mat 4,4.
9. L'Echelle sainte, 7e degré, 3.

Extrait de: Olivier Clément, "Trois prières: Le notre Père, La prière au Saint Esprit, La prière de saint Ephrem", Desclée de Brouwer, 1993. Posté par http://www.forum-orthodoxe.com/~forum/viewtopic.php?t=1803

Voir aussi: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Alexandre-Schmemann-prieres-de-careme_a92.html







Rédigé par Vladimir Golovanow le 21 Février 2012 à 08:50 | 1 commentaire | Permalien

Vladimir GOLOVANOW

Le référendum du 18 février démontre la fracture de la société:

Le 18 février les Lettons ont rejeté à environ 75% samedi la possibilité d’instaurer le russe comme deuxième langue officielle de leur pays, lors d’un référendum national reflétant le malaise de la minorité russophone de cette ex-république soviétique, qui représente environ un tiers des 2 millions d’habitants de ce pays balte. Le taux de participation a été très élevé (près de 70 %), signe de l’importance que les Lettons ont attaché à ce référendum.

Pendant la campagne, les partisans du «non» ont rappelé que des milliers de Lettons de souche avaient été envoyés par les Soviétiques dans des camps en Sibérie et que la langue russe avait été imposée dans la vie publique pendant que le pays était dominé par Moscou, durant cinq décennies.


La Lettonie a repris son indépendance de Moscou en 1991, à l’issue de cinquante ans de domination soviétique, et a rejoint en 2004 l’Union européenne et l’Otan. Après l’indépendance, les immigrants russes qui s’étaient installés dans le pays ont dû demander la nationalité lettone en se soumettant à un test de langue pour ne pas devenir apatrides
Note du rédacteur: il y a aussi environ 300 000 personnes, soit 14% de la population, qui résident en Lettonie depuis plusieurs décennies et n'ont pas obtenu la nationalité lettonne. Ils n'ont pas le droit de vote et n'ont pu participer au référendum (1). La situation de non-droit de ces sous-citoyens de l'UE n'inquiète aucunement ni Bruxelles ni nos élites "bien pensantes"

Vers le 7 janvier chômé?

« Je suis d’accord que la fête de Noël orthodoxe pourrait être un jour chômé dans notre pays », a déclaré le président de Lettonie Andris Bērziņš le 9 février en ajoutant que, si pour une partie significative de la population ce jour – le 7 janvier – est important, l’État peut aller à la rencontre de ses souhaits.
Cette déclaration fait suite à un colloque sur "la consolidation de la société", organisé par le président, au cours duquel l’archevêque Zbignew Stankiewicz, chef de l’Eglise catholique-romaine, première confession en Lettonie, avait affirmé que le premier pas à faire par l'état en direction de la population russophone serait de déclarer chômé le jour de Noël orthodoxe pour que "les gens sentent qu'on les écoute au lieu de seulement les traiter d'occupants."

Rappel

La Lettonie est peuplée de 2 millions d'habitant, dont 350 000 se reconnaissent Orthodoxes et Vieux-Croyants. Les Orthodoxes appartiennent à "l'Eglise Orthodoxe de Lettonie", archidiocèse autonome du patriarcat de Moscou (http://www.pravoslavie.lv/). Il y a aussi 500 000 catholiques et 450 000 Luthériens. 40% de la population n'appartiennent à aucune religion… (http://turkeybiz.ru/index.php/latvia/244-latviya-religiya.html)

Le pays a longtemps été dominée par différentes puissances régionales: dans les années 1190, les papes apportent leur soutien à l'accroissement d'une église missionnaire chez les Livoniens, c'est le début du processus de christianisation, puis les Chevaliers Porte-Glaive (crées par l'évêque Albert de Riga en 1203) constituent une principauté de l'Empire (1226) et leurs terres deviennent fief papal (1234). Les Chevaliers Teutoniques (successeurs de Porte-Glaive) sont vaincus à Grunwald (1410) et la Lettonie passe sous domination polonaise, danoise puis suédoise et le protestantisme luthérien prend le dessus (le premier prédicateur arrive d'Allemagne en 1521), sans toutefois évincer le catholicisme. Pierre le Grand s'en empare en 1721 et c'est le début de l'implantation des Russes en nombre (il y en avait quelques milliers dès le XIIe siècle dans les régions limitrophes de la Russie ainsi qu'à Riga).

Après la Seconde guerre mondiale, la Lettonie est absorbée par l’URSS (après avoir été envahie dès 1941 dans le cadre du pacte germano-soviétique) et les "non Lettons" passent de 478 000 en 1935 (24.5%) à 1 279 000 en 1989 (48%). Ils n'obtiennent pas la citoyenneté lettonne lors de l'indépendance, car celle-ci est réservée à ceux qui résidaient en Lettonie avant 1941 et à leurs descendants, mais cette règle est assouplie à partir de 1998 (en particulier les enfants nés en Lettonie peuvent devenir citoyens sur demande), ce qui permet d'en naturaliser une grande partie. Il reste néanmoins 290 660 "non citoyens" au recensement de mars 2011, soit 14,1% (2), qui ne jouissent d'aucun droit civique dans un pays "démocratiques" et qui fait partie de l'UE.

(1) ICI
(2) ICI




Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Février 2012 à 07:56 | 0 commentaire | Permalien

Visite en France du métropolite Hilarion de Volokolamsk
Du 15 au 18 février 2012, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou, s’est rendu en visite en France.

Le but principal de la visite du métropolite était sa participation à l'ouverture des Journées du Livre orthodoxe en France, organisées pour la première fois dans la capitale française. En outre, étaient prévues les rencontres du président du DREE avec les membres de l'Assemblée des évêques orthodoxes de la France, avec l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en France A. Orlov, ainsi qu’une visite au séminaire orthodoxe russe en France.

Le 16 février, à l'invitation de l'archevêque Gabriel de Comane (du patriarcat de Constantinople), le métropolite Hilarion a visité l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge. Le métropolite y fut reçu par l'archevêque Gabriel, le recteur de l'Institut l'archiprêtre Nicolas Cernokrak et les représentants du corps enseignant. Les participants de la rencontre se sont rendus à l’église de l’Institut, après quoi la rencontre s’est poursuivie dans la salle de conférence.

L'archevêque Gabriel a salué cordialement son visiteur, qui est docteur en théologie de l'Institut. Le métropolite Hilarion s’est déclaré content de se trouver à nouveau dans le lieu qui est devenu le centre de la renaissance de la pensée théologique russe au XXe siècle, là où ont prié et enseigné des théologiens éminents, comme l'archimandrite Cyprien (Kern), les archiprêtres Georges Florovsky, Serge Boulgakov et Nicolas Afanassiev, V.N. Lossky et plusieurs autres. Le métropolite a partagé les souvenirs de ses visites à l'Institut durant ses études et a mentionné, en particulier, comment il s’était arrêté dans la cellule de l'archiprêtre Serge Boulgakov.

Durant la conversation, le président du DREE a présenté l'activité de l'école doctorale panecclésiale du nom des saints Cyrille et Méthode. À l’issue de la rencontre, le métropolite Hilarion a transmis à la bibliothèque de l'Institut l’ouvagre consacré au 65e anniversaire du Département des relations ecclésiastiques extérieures, et certains autres ouvrages.

Le soir du même jour, le directeur de la maison d'éditions du « Cerf », le prêtre Nicolas-Jean Sed a donné un dîner en l'honneur du métropolite Hilarion. Les participants de la rencontre ont évoqué les Journées du Livre orthodoxe, dans l'organisation desquelles la maison d'éditions du « Cerf » a pris une part active. En mémoire de la rencontre, le président du DREE a offert au prêtre Nicolas-Jean Sed une croix pectorale ornée.

Le 17 février 2012, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou a rencontré les membres de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF). La rencontre avait lieu au siège de la métropole grecque-orthodoxe du Patriarcat de Constantinople à Paris.

Le métropolite Hilarion, arrivé en compagnie de l'évêque Nestor de Chersonèse, fut salué par le président de l'Assemblée, le métropolite Emmanuel de France (Patriarcat de Constantinople). Le hiérarque a souligné que la personnalité du métropolite Hilarion n'avait pas besoin de présentation : le métropolite est bien connu aux évêques orthodoxes de France « non seulement en tant que théologien recherché, mais aussi comme personne sensible à la vie moderne de l'Orthodoxie ». Le métropolite Emmanuel a souligné que l'Assemblée présidée par lui peut être l'exemple pour les assemblées semblables dans d'autres pays : « Notre volonté est de collaborer dans l'esprit de la fraternité. Les fruits de cette collaboration des évêques orthodoxes au niveau local peuvent devenir utiles pour la préparation du concile panorthodoxe, en particulier, dans le domaine des efforts communs en vue de l'harmonisation de la vie orthodoxe dans la diaspora », a-t-il souhaité.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk s’est ensuite adressé aux membres de l'Assemblée. Ensuite, eut lieu une discussion fraternelle, durant lequelle le métropolite a souligné qu'en France la présence de l'Orthodoxie russe a joué un rôle historique spécial. En particulier, l'Institut orthodoxe Saint-Serge fondé par les théologiens russes éminents, «est devenu, probablement, le plus important centre de la pensée théologique orthodoxe au XXe siècle».

Le métropolite Emmanuel a exprimé l'espoir de l'élargissement de la coopération des jeunes théologiens des Eglises orthodoxes locales vivant et étudiant en France, dans le domaine du témoignage de l'Orthodoxie. De même, il a souligné le rôle spécial que peut jouer dans cette affaire le séminaire orthodoxe russe.

Le métropolite Emmanuel
a demandé le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou de commenter la question des persécutions des chrétiens au Proche-Orient et en Afrique. Le le métropolite Hilarion de Volokolamsk a exprimé l'opinion qu’il était nécessaire d’élaborer un mécanisme au niveau panorthodoxe, qui permettra aux chrétiens d'attirer largement l’attention de l'opinion publique et des politiques sur le problème. Ce sujet a, en particulier, été évoqué lors de la visite de Sa Sainteté le patriarche Cyrille en Syrie et au Liban.

En mémoire de cette rencontre, le président du DREE a remis au métropolite Emmanuel un album d’icônes et fresques de saint André Roublev.

À la rencontre ont pris part l'archevêque Gabriel de Comane (Exarchat du Patriarcat de Constantinople), l'évêque Nestor de Chersonèse (Patriarcat de Moscou), le métropolite Joseph d’Europe occidentale et méridionale (Patriarcat de Roumanie), l'évêque Marc, vicaire d’Europe occidentale et méridionale (Patriarcat de Roumanie), et l'évêque Luka d'Europe occidentale (Patriarcat de Serbie).

Le soir du 17 février 2012,
à Paris, avait lieu l'ouverture des premières Journées du livre orthodoxe en France. L'événement se déroulait sous le patronage de l'Assemblée des évêques orthodoxes de la France, et était organisé par le portail internet « Orthodoxie.com », avec le soutien de la maison d'édition du « Cerf », l'hebdomadaire La Vie et le réseau des librairies La Procure. L'inauguration avait lieu dans les locaux de La mutuelle Saint-Christophe-assurances.

Avec la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille et à l'invitation du président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de la France le métropolite Emmanuel de France, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, a pris part à l'ouverture de la manifestation. L’on notait la présence d’évêques-membres de l’AEOF, de représentants du clergé des différentes Églises orthodoxes locales, du conseiller à la culture de l'Ambassade de la Fédération de Russie auprès de la République Française I.V. Soloviev, des représentants de l'opinion publique et de l'élite intellectuelle de France, des éditeurs, professeurs et étudiants de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge et du séminaire orthodoxe russe à Paris.

En début de soirée, le choeur du séminaire s'est produit avec des chants liturgiques.

Ensuite, le métropolite Emmanuel s'est adressé avec un discours inaugural aux participants. Il a souligné la place spéciale du livre dans la vie de l'Église : « La révélation divine se trouve dans le livre des livres de tous les chrétiens — les Bibles. À la base de la tradition de l'Église, il y a les oeuvres de la littérature chrétienne, en particulier, les créations des saints Pères, qui avec l'expérience de la foi répondaient à la réalité du monde les entourant », — a-t-il souligné. Le hiérarque a salué cordialement l’hôte principal des Journées du livre orthodoxe — le métropolite Hilarion, auquel le président de l’AEOF était lié, d'après lui, «non seulement par des liens d'amitié personnelle ancienne, mais aussi l'expérience de plusieurs années de collaboration dans le domaine des relations interorthodoxes».

Ensuite, le métropolite Hilarion a présenté un exposé. Le président du DREE a évoqué les particularités principales du dogme et de la vie liturgique de l'Église orthodoxe. En saluant les participants, Monseigneur a exprimé une reconnaissance spéciale à la maison d'édition du « Cerf » pour la collaboration de nombreuses années dans la diffusion de la littérature orthodoxe dans le monde francophone.

La présentation de la traduction française du deuxième volume du livre du métropolite Hilarion L'Orthodoxie, consacrée à l'exposition systématique du dogme de l'Église orthodoxe, est devenue un de principaux événements dans le cadre des Journées du livre orthodoxe.

Le samedi 18 février 2012,
le métropolite Hilarion de Volokolamsk s'est rendu au Séminaire orthodoxe russe à Epinay-sous-Sénart. C'était l'occasion pour le métropolite qui avait inauguré le séminaire le 14 novembre 2009 de voir tous les changements survenus au séminaire, les travaux qui y ont été effectués et de rencontrer les séminaristes.

Après une prière à la chapelle du séminaire, le métropolite Hilarion s'est entretenu, dans un cadre chaleureux, avec les formateurs et les séminaristes. Il a répondu aux questions posées par les étudiants et a encouragé le séminaire à cultiver son originalité qui consiste à associer la formation universitaire externe, dans des établissements parisiens, avec les études en interne au séminaire. Selon Mgr Hilarion, ce nouveau modèle de séminaire, réalisé avec succès par le Séminaire orthodoxe russe en France, peut servir d'exemple à d'autres fondations du même genre de l'Eglise orthodoxe russe. Le métropolite a également fait part de sa propre expérience des études en Angleterre et présenté sa vision de la méthode des recherches dans le domaine de la patristique orthodoxe.

Après la conférence, Mgr Hilarion a partagé un déjeuner donné en son honneur par l'évêque Nestor de Chersonèse et le recteur du séminaire, le hiéromoine Alexandre Siniakov. Le métropolite Emmanuel, président de l'Assemblée des évêques orthodoxes en France, M. Eric Fournier, directeur du Département de l'Europe continentale du Ministère des affaires étrangères, Mme Eleonora Mitrofanova, ambassadeur de la Fédération de Russie auprès de l'UNESCO, le père Nicolas Cernokrak, doyen de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge ont participé à ce déjeuner.


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Février 2012 à 07:30 | 1 commentaire | Permalien

VG

Les voies de Dieu sont décidément impénétrable: traduit et disponible sur le site orthodoxie.com en format pdf, le texte de cette importante interview de Mgr Hilarion (1) au site « Bogoslov.ru » (« Théologien ») est disponible en format html (facile à manipuler) sur le site du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou. Je vous le propose ci-après avec quelques coupures, corrections d'erreurs de traduction et titres intermédiaires qui facilitent la lecture. Orthodoxie.com au format PDF.

Le président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou et chef de la Commission synodale biblique et théologique, le métropolite de Volokolamsk Hilarion a donné une interview au site « Bogoslov.ru » (« Théologie »). Dans sa discussion avec l’archiprêtre Paul Velikanov, rédacteur en chef du site, Mgr Hilarion a évoqué sa vision du rôle et de la place de la Commission qu’il dirige dans la vie contemporaine de l’Église, des problèmes théologiques qui se posent à l’Église orthodoxe aujourd’hui, et a abordé le problème de la préparation et de la convocation du concile panorthodoxe, ainsi que d’autres sujets.
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Rôle de la commission synodale biblique et théologique

- Q: … Nous voudrions connaître votre vision du rôle et de la place de la Commission dans la vie contemporaine de l’Église. Envisage‐t-on le développement de la Commission en une sorte d’« institut scientifique et de recherche de pointe », de «conseil d’experts » ou sa fonction doit-¬‐elle rester inchangée ?

- R: Avant tout, je voudrais souligner qu’il n’a jamais été question que la Commission théologique synodale, et par voie de conséquence, son président, ait pour tâche de «diriger l’action de l’Église dans le domaine de la théologie ». Ala différence, disons, du ministère épiscopal, qui est avant tout un ministère de «direction» (1 Cor. XII, 26-¬‐29), mais aussi de préservation de la Tradition de l’enseignement de la foi et des canons, la diaconie théologique constitue une vocation particulière. Pour son accomplissement il faut, outre la fidélité à l’Église, la compétence appropriée et l’aptitude à la réflexion théologique. La tâche quise présente à nous aujourd’hui n’est pas « la direction de la théologie », mais la création des conditions pour que la nouvelle génération des théologiens orthodoxes développent ces qualités.


La Commission concernée n’est pas une institution scientifique-théologique et elle remplit précisément les fonctions de conseil d’experts qui, sur l’ordre de Sa Sainteté le Patriarche et du Saint-¬Synode travaille sur des thèmes concrets, formulant collégialement les réponses aux questions posées. C’est en cela que réside sa tâche principale. …

La mission contemporaine de l’Église

- Q: … Selon votre point de vue, quels sont les problèmes théologiques qui se présentent avec le plus d’acuité aujourd’hui à l’Église Orthodoxe dans son intégralité ? Y a-¬‐t-¬‐il des questions dont la résolution implique réellement l’avenir de l’Orthodoxie ?

- R: L’Église orthodoxe contemporaine préserve la succession de la communauté chrétienne apostolique et dans ce sens elle constitue avant tout l’Église de la tradition. L’avenir de l’orthodoxie dépend de la fidélité à la tradition ecclésiale – cette fidélité que l’Église a conservée dans les conditions historiques les plus diverses au cours des siècles.

Contrairement à des communautés chrétiennes d’orientation libérale, l’Église orthodoxe n’a pas besoin de repenser ou de réinterpréter son enseignement doctrinal et éthique. Et lorsque les scientifiques dans le domaine ecclésial – patrologues, historiens, liturgistes et représentants d’autres disciplines, font face à certains problèmes au cours de leurs recherches, ceux‐ci ne concernent pas la doctrine de la foi comme telle, , mais des questions particulières, spéciales qui se posent dans n’importe quelle science sérieuse.

Il y a encore un problème aigu, actuel, qui est absolument théologique, c’est celui de la mission contemporaine de l’Église. Dans le cas présent, il n’est pas question du contenu de la bonne nouvelle ecclésiale, de la prédication de l’Église, mais de ce qu’il convient de faire pour que ladite prédication, dans les circonstances actuelles, soit cohérente et efficace. Car la théologie ne consiste pas seulement à approfondir le sens de l’enseignement dogmatique et éthique de l’Église. C’est encore la proclamation, le mode particulier d’annoncer au monde, d’amener jusqu’aux hommes, les vérités de la foi, en utilisant les moyens les plus divers. Ce n’est pas en vain que le célèbre défenseur de la vénération de l’icône, le Patriarche Nicéphore de Constantinople, a utilisé l’expression « mélodie de la théologie ».

Aujourd’hui, nous faisons face à la tâche de trouver de telles méthodes d’expression de l’enseignement ecclésial, qui permettent de donner réponse au sujet de notre espérance aux gens qui nous entourent, alors qu’ils sont encore loin de l’Église ou qu’ils se trouvent sur son chemin.

En partie, cette tâche est accomplie par le travail sur le catéchisme, qui est maintenant réalisé dans le cadre des activités de la Commission synodale biblique et théologique.

La préparation du Concile Panorthodoxe.

- Q: … Dans quelle mesure le processus de préparation est-¬‐il activement mené ? Comment voyez-¬‐ vous le rôle de la Commission biblique et historique dans le cadre de la préparation de ce concile important pour toutes les Églises locales, car il y a toute une série de questions dont, en partie, le problème de la primauté, qui ne sont pas résolues de la même façon, et ce précisément en raison de la divergence des « voies théologiques » ?

- R: … Aujourd’hui, nous débattons à nouveau de ce que doit être le Concile, dans le cours du dialogue inter-¬‐orthodoxe, et il faut dire que cette discussion constitue une partie du processus conciliaire, que le Concile lui-¬même pourra couronner.
Peut‐être certaines questions controversées, pour lesquelles un consensus n’est pas encore atteint, ne devraient pas être débattues au Concile mais remises à plus tard. Il s'agit là de la question de la primauté dans l’Église orthodoxe et des questions liées: l’attribution de l’autocéphalie et les diptyques. La Commission théologique mène un travail important de recherche sur le thème de la primauté. Un document sera élaboré à partir d'une analyse historique, canonique et théologique qui, après approbation par le pouvoir ecclésial suprême, exprimera la position de notre Eglise.

Développer la science théologique


- Q:. … dans quels domaines des sciences théologiques ressent-¬on aujourd’hui un manque de spécialistes de la façon la plus aiguë?

- R: …Nous avons un nombre assez important de spécialistes en patrologie, orientale et occidentale. Il faut développer cette orientation car l’héritage des Saints Pères constitue une base essentielle de la théologie orthodoxe contemporaine. Toutefois ce n'est pas suffisant.

Nous avons encore peu de spécialistes hautement qualifiés en droit canon, domaine dans lequel la science ecclésiale russe se situait à un niveau très élevé avant la révolution

La situation est meilleure pour les études bibliques. Un groupe d'études bibliques à été constitué par la Commission, qui réunit tant des membres de la Commission que des experts extérieurs. Mais la science biblique orthodoxe doit être développée, et il faut là non seulement coordonner les forces, mais aussi former une nouvelle génération de savants.

Et bien sûr, il y a encore besoin de systématiciens en théologie. Il n’est pas simple d'y répondre, car il faut pour cela non seulement des spécialistes avec une immense érudition, et ce non pas seulement théologique, mais aussi philosophique, culturelle, et avec en plus un mode de pensée systématique et un certain don littéraire. Nous devons encore progresser, actuellement, pour atteindre le niveau de dogmatistes tels que le métropolite Macaire (Boulgakov). J’espère que le développement progressif des disciplines théologiques permettra l’apparition de personnes capables de proposer des œuvres théologiques de caractère systématique.


Les conférences théologiques internationales

- Q: ... Va-¬t-¬on continuer la tradition desconférences théologiques internationales?
- R: La tradition de tenue de conférences théologiques internationales sera assurément poursuivie. Les matériaux des conférences passées constituent un apport important dans notre théologie et reflètent la dynamique de son développement. Un recueil des matériaux de la dernière conférence « Vie en Christ, éthique chrétienne, tradition ascétique de l’Église et défis de l’époque contemporaine » est actuellement sous presse. Cette conférence eut lieu en novembre 2010 (2).


(1) Mgr Hilarion est le président du Département des relations extérieures (DREE) du Patriarcat de Moscou et chef de la commission synodale biblique et théologique. Il est considéré comme très proche du patriarche Cyrille.
(2) Cf:



Rédigé par Vladimir Golovanow le 17 Février 2012 à 07:47 | 2 commentaires | Permalien

Les îles Solovki: " Il semble qu’une étrange atmosphère règne dans ces îles et s’empare de l’âme du visiteur..."
Grigori Koubatiane

Ces îles froides du nord de la Russie, qui baignent en mer Blanche, ont toujours joué un rôle important dans l’histoire du pays. Il fut un temps on une prison y était sise, pas moins sinistre que la Bastille en France, Alcatraz aux Etats-Unis ou Auschwitz en Pologne. À partir du XVème siècle, des prisonniers politiques haut placés ont été retenus dans les geôles du monastère des îles Solovki. Il n’existait pas, à l’époque, de centres pénitentiaires spéciaux, et les condamnés étaient enfermés dans les tours ou les caves d’inébranlables forteresses. Le monastère des Solovki était justement de ces bâtisses. Ni les Suédois, ni les Danois, ni même l’imposante flotte britannique qui assiégea le monastère durant la guerre de Crimée en 1854, n’eurent raison de ses épais murs de granit.

La colonisation du nord de la Russie est passée par le monastère des Solovki. Quasiment autonome, le monastère était riche et il disposait de ses propres écoles, de ses fabriques et de sa flotte, et sa bibliothèque était l’une des plus précieuses de la Russie des tsars. Mais la révolution de 1917 a ruiné et saccagé le monastère.

Dans les années 1920, un camp de travail a été construit aux Solovki (dit SLON), le premier d’un réseau de camps lié, par la suite, à l’histoire de toute la Russie. Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, les Solovki se transformèrent et commencèrent à faire des enfants sans abri des cadets pour la Flotte du Nord.

La période la plus sombre des Solovski est passée. Aujourd’hui, des moines habitent de nouveau aux Solovki et l’endroit est devenu l’une des curiosités touristiques les plus courues de la Russie. Aussi admirable soit-elle, la nature de ces réserves du nord n’en est pas la seule raison. L’inscription des Solovki au patrimoine mondial de l’Unesco joue là un rôle non négligeable.

Le monastère dispose aujourd’hui de nouveau de sa flotte, des bateaux voués au transport de touristes et de pèlerins, décorés d’icônes orthodoxes. Dans le potager du métochion du monastère poussent fleurs et plantes. Une savoureuse boulangerie y est installée. Et un art oublié de longue date dans le reste de la Russie a été ici conservé : la confection de pains d’épice au gingembre sculptés, appelés « Kozouli ». Chaque petite boutique de souvenirs en vend : maisonnettes en pain d’épice, hiboux, ours, cerfs, anges, et même des carrosses et leur cocher, toujours peints et recouverts d’un glaçage.
Les habitants des Solovki se déplacent en vieux véhicules tout-terrain soviétiques (des UAZ) et sur de nouveaux quads importés. Pour les plus riches. Les plus pauvres optent, eux, pour le vélo. Et pour se déplacer dans les marécages et sur la neige, les habitants ont construit, à partir de matériaux de récupération, des véhicules montés sur d’énormes roues gonflables, les « karakaty ». Un museau d’ours est dessiné, presque comme un totem, sur le châssis et au niveau du siège.

La population des Solovki est principalement composée de moines, de touristes et de pèlerins.

Maria Nikiforova (55 ans) se rend tous les jours sur les quais, comme on va au travail, espérant y attraper encore des touristes. Elle tient une petite pancarte en contreplaqué entre les mains : « chambre avec commodités ».....Suite "La Russie d'Aujourd'hui"

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Les îles Solovki vous offrent la rédemption (+Multimédia)

Stefania Zini

Il semble qu’une étrange atmosphère règne dans ces îles et s’empare de l’âme du visiteur. Serait-ce parce qu’aux Solovki, le voyageur s’identifie aux destins, parfois tragiques, de tous ceux qui y ont vécu au fil des siècles, souvent contre leur volonté ? Les lointaines Solovki attirèrent l’attention de l’homme dès les temps les plus reculés : de nombreuses traces laissées par des pêcheurs et des chasseurs de passage et plus de 30 mystérieuses constructions en forme de labyrinthe en embellissent le paysage. Peut-être s’agissait-il de lieux de culte où les païens antiques accomplissaient leurs rites propitiatoires, comme le soutiennent la plupart des archéologues.

Dans un pays où c’est le plus souvent au bon sens qu’il faut se fier dans le choix de l’endroit où s’arrêter pour passer la nuit, il est très conseillé d’emporter son sac de couchage et sa tente. Un beau matin, j’ai pris le large dans le brouillard, à bord d’un bateau se dirigeant vers le nord. Sous une couverture, j’ai sombré dans un profond sommeil réparateur. Quand je me suis réveillée, j’étais déjà sur une île !

Sept jours aux Solovki, c’est exactement ce qu’il me fallait ! Je n’ai pas ménagé mes efforts : longues randonnées à pied, excursions organisées, promenades en bateau et des dizaines de kilomètres parcourus à vélo tout-terrain.

Aucun doute, les Solovki sont une destination ultra-touristique : bondées le week-end et même bruyantes pendant les fêtes. En août, par exemple, lors du Festival de la chanson à texte, la Grande Solovetski se retrouve envahie par une foule d’auteurs-interprètes barbus qui racontent en chantant les histoires du passé pendant que les pèlerins récitent des psaumes et prient.
Vous seriez comme loi sidéré de voir à quel point le microcosme des Solovki est imprégné d’un sentiment de calme et de compréhension presque surnaturels, typiquement nordiques, capables de tranquilliser les tempéraments méridionaux les plus agités... comme le mien !

Des ermites aux touristes .....Suite La Russie d'Aujourd'hui

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"Parlons d'orthodoxie" : SOLOVKI 44 Résultats pour votre recherche

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 17 Février 2012 à 06:00 | 0 commentaire | Permalien

Clémence Laroque

Cité de l’Anneau d’or, Serguiev Possad s’enorgueillit du monastère de la Trinité-Saint-Serge, assimilé au cœur de la foi orthodoxe russe et classé au patrimoine mondial de l’Unesco. À 70 kilomètres au nord de Moscou, Serguiev Possad - ou Zagorsk à l’ère soviétique, en l’honneur du compagnon de Lénine, Vladimir Zagorski - est une étape incontournable sur la route d’Alexandrov.

Le monastère de la Trinité-Saint-Serge est pour de nombreux Russes certes un symbole de spiritualité mais aussi de patriotisme. Fondé vers 1345 par Serge de Radonège, saint patron de la Russie, il est une fierté nationale. Dès les premières années après sa création, l’édifice religieux joue un rôle primordial dans la vie spirituelle, politique et culturelle du pays. Soutenant toujours l’État, il réussit à s’attribuer les faveurs des émi­nences de l’époque, ce qui lui permet de faire croître ses terres et ses richesses. Au XVIIIème siècle, le monastère devient le plus riche propriétaire foncier de Russie et se voit décerner le rang honorifique de Laure par Elisabeth Petrovna, fille de Pierre le Grand.

Dès l’arrivée des Bolcheviks au pouvoir, l’édifice est fermé - son patrimoine nationalisé et ses moines chassés -, pour devenir un musée d’Histoire et des Arts. Il faudra un demi-siècle au monastère pour retrouver ses lettres de noblesse.
Le monastère, qui est également à vocation militaire, se dote dès 1540 d’épaisses murailles fortifiées, percées de onze tours. D’impressionnants remparts qui expliquent pourquoi de nombreux princes s’y sont réfugiés durant les années noires de l’histoire russe, à l’instar de la tsarevna Sophie et de ses frères Pierre (futur Pierre le Grand) et Ivan, en 1682, durant la révolte des streltsy.

Les murailles protègent en­core aujourd’hui un ensemble ecclésiastique surprenant de neuf ég­lises, deux cathédrales, un sé­minaire, la Chambre des Métropolites (qui accueille le patriarche de Moscou et de toutes les Russies à chacun de ses déplacements), un musée d’art, une source d’eau miraculeuse et une académie ecclésiastique.

Cette dernière a aujourd’hui bel et bien retrouvé sa réputation puisqu’après avoir été fermée par les Bolcheviks, elle redevient la principale « pierre » du monastère, considéré comme l’un des plus actifs de Russie. Environ 300 moines s’y forment et confirment sa qualité de haut lieu de la spiritualité. Chaque année, plus d’un million de pèlerins convergent vers ce sanctuaire, principalement à la Pâque orthodoxe, à la Pentecôte et le 18 juillet, fête de la Saint Serge, fondateur de la Laure.

La capitale de la miniature Suite .....La Russie d’Aujourd’hui






Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 16 Février 2012 à 18:30 | 5 commentaires | Permalien

Ouvre-moi les portes du repentir ; ô Toi qui donnes la vie...

Ainsi chante l’Église à partir de ce dimanche, premier dimanche du Triode, dimanche qui est une porte par laquelle nous entrons dans cette période favorable au repentir et qui nous mène à Pâques.

Ainsi l’Église orthodoxe, dès aujourd’hui, invite ses fidèles à accueillir “la fête des fêtes”.par une longue période de repentir, de recueillement, de retournement du cœur, de pardon, de jeûne au sens le plus strict, mais aussi le plus large à la fois (le jeûne des passions). Ce temps liturgique est un temps de préparation, où le repentir nous procure une joie discrète et une allégresse printanière. Tout au long de cette période l’Église va faire défiler devant nous plusieurs scènes spirituelles qui nous orientent vers la pénitence.

Pour nous exhorter à la vraie repentance, l’Église nous rappelle aujourd’hui cette parabole qui met en scène devant nous ces deux hommes qui viennent au Temple pour prier. Dieu les écoute tous les deux, mais un seul repart du Temple justifié.

Essayons d’analyser pourquoi ?

Tout d’abord examinons la prière du Pharisien. L’évangile le présente ainsi : debout dans le temple, il priait Dieu en disant : “Mon Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme les autres hommes qui sont rapaces, injustes, adultères ou bien comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je donne l’aumône de tous mes biens” En entendant cela nous sommes tenté de condamner le pharisien et son orgueil en disant “Moi, malgré tous mes péchés, je ne suis pas un pharisien, je ne suis pas hypocrite”.

En quelque sorte, nous oublions que la prière du pharisien n’est pas entièrement mauvaise. Nous constatons qu’il jeûne, qu’il fait l’aumône, qu’il est hors des péchés les plus grossiers. De plus le pharisien ne s’attribue pas tout le mérite de ses bonnes actions, il reconnaît que tout cela vient de Dieu ; et il rend grâces à Dieu. Donc par rapport à nos actions nous ne devons pas le condamner, mais seulement voir l’avertissement donné par le Seigneur de la nécessaire conversion par rapport à toute une manière d’être fidèle à sa religion. Vous voyez, le pharisien est un homme très religieux. Il observe les préceptes de la Loi ce qui est très bien. Mais il se sert de son observance, de sa fidélité pour s’enorgueillir devant Dieu

Il s’appuie sur sa fidélité pour se justifier devant Dieu, pour se croire juste. En quelque sorte, il exige de Dieu sa récompense en échange de sa fidélité. En outre, il se compare aux autres et au publicain qu’il juge sur ce qu’il voit de lui. Dans un autre texte de l’évangile, Jésus-Christ fustige certains pharisiens, en leur disant : “Vous faites peser sur les autres un fardeau trop lourd que vous-mêmes ne remuez pas du petit doigt”. C’est bien cela que l’on a appelé le pharisaïsme. Tout faire pour les apparences. Tout faire par comparaison, afin d’apparaître comme le meilleur à ses propres yeux et aux yeux des autres. Être plus méticuleux pour autrui que pour soi-même. En un mot : se servir de la religion pour se glorifier soi-même et pour s’imposer aux autres. Se servir de la religion pour s’imposer même à Dieu, car enfin, Dieu est obligé de bien me considérer puisque j’observe ce que sa loi commande. En un mot cela s’appelle hypocrisie. Pour tout cela le pharisien n’a pas été justifié.

Quant au publicain, l’évangile nous le présente dans une autre lumière dans une autre image.

Il est humble. Il n’ose pas lever les yeux au ciel. Il se frappe la poitrine en disant “Aie pitié de moi pécheur”. Il se met dans une attitude physique d’humilité. Grâce à cela le Seigneur dit de lui “ Cet homme est retourné plus justifié à sa maison”.Le publicain est donc, en quelque sorte à l’opposé du pharisien, puisqu’il demande la miséricorde divine : « Aie pitié de moi pécheur ». L’observance de la religion, qu’il s’agisse des commandements, des rites ou des sacrements, n’a pas pour but de nous donner barre sur Dieu et de nous donner la possibilité de déclencher nos exigences à son endroit. Le seul but de l’observance de la fidélité est de dire à Dieu notre reconnaissance pour le salut que nous propose sa miséricorde. Si nous sommes sauvés par un humble acte de repentants nous n’en demeurons pas moins pêcheurs, mais pêcheurs pardonnés.

Voila pourquoi la pratique chrétienne est d’abord intérieure. Elle est avant tout une fidélité du cœur que seul Dieu peut voir. Le regard sur les autres demeure bienveillant car nul, sinon Dieu, ne peut lire dans le cœur des autres. De là vient cette transposition évangélique de la loi. Bien sûr, les commandements demeurent ce qu’ils ont toujours été. Mais, avant d’être des consignes pour l’agir extérieur, ils sont des invitations à la conversion du cœur. C’est le sens à mon avis des paroles du Christ. Il nous dit “ Surveiller ses actes c’est bien, mais moi, je vous demande de surveiller aussi votre cœur. Ne pas tuer, c’est l’exigence minimum, moi je vous demande de ne pas même penser du mal du prochain. Ne pas commettre l’adultère, c’est évident. Moi je vous dis de ne pas désirer une femme dans votre cœur”. Qui pourrait nier le bon sens qui anime cette morale nouvelle ? Elle est d’une logique évidente pour qui sait que c’est notre cœur qui est le véritable pilote de nos actions.

Voilà donc le bonheur spirituel que nous acquérons à étudier les textes évangéliques des dimanches de cette période ; parce que cette période place devant nous les grandes réalités auxquelles nous sommes invités à prendre part : la conscience du péché, la repentir, la charité, la miséricorde divine. Pour sortir de cette période qui s’ouvre plus justifié il faut toujours dire au Seigneur : « Aie pitié de moi mon Dieu, fais moi connaître pendant ce temps la signification profonde du don de la grâce et de l’amour sincère Fais moi aussi connaître ce qu’implique de ma part, le don de la vie et le plus grand amour puisque tu es le véritable amour ».

Amen.

Source

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 15 Février 2012 à 22:09 | 0 commentaire | Permalien

Vladimir Golovanow

Le cheminement de l'Eglise orthodoxe en Amériques (OCA) vers l'autocéphalie est souvent cité dans différents débats, mais sans que la réalité en soit vraiment bien connue. Aussi il me semble intéressant de rappeler la communication qu'avait faite Serge Schmemann, le fils du père Alexandre, lors de la deuxième Table Ronde de l’OLTR en 2004 La situation me semble pratiquement la même actuellement et je propose ce texte avec seulement quelques coupures et des titres intermédiaires ( texte complet ici)

Citation:

Un bref rappel historique de l'orthodoxie en Amérique.

Cette histoire commence avec l'arrivée de huit missionnaires venant du monastère de Valamo en 1794. L’Église s'implanta peu à peu à travers les Etats Unis, surtout en raison de l'arrivée d'un grand nombre d'immigrants. Jusqu'à la révolution russe, la plupart des communautés orthodoxes en Amérique -grecque, arabe, roumaine et autres faisaient partie du diocèse russe (1).


Après la révolution russe, le Patriarche Tikhon - aujourd'hui saint Tikhon - et qui avait été métropolite d'Amérique pendant 10 ans, promulgua un décret selon lequel tous les diocèses se trouvant en dehors de l'Union soviétique devaient s'administrer de façon autonome, tant que le moment de s'unir à nouveau à l'Eglise russe ne sera pas possible. En 1924, le Sobor du diocèse d'Amérique se déclara formellement indépendante. Parallèlement, les autres communautés orthodoxes d'Amérique se mirent à fonder des diocèses spécifiques. Vers cette époque, les fidèles de notre région métropolitaine, se sentaient de plus en plus américains.

Vers l'autocéphalie

Dans les années 60, l'orthodoxie était présente en Amérique du Nord depuis 175 ans; de nombreux russes avaient combattu dans les rangs de l'armée américaine, un grand nombre était né en Amérique. Bien que souffrant profondément pour la Russie, ils considéraient la région métropolitaine comme étant leur église d'Amérique. Leurs enfants ne voulaient plus appartenir à une église «étrangère». Et peu à peu naissait le sentiment que dans l'Orthodoxie il y avait quelque chose dont nous, en tant qu'Américains, pouvions être fiers. Déjà en 1967, de façon non officielle, le Sobor Métropolitaine avait voté pour modifier la dénomination de notre Eglise, et la désigner dorénavant : Eglise Orthodoxe en Amérique.

Il est important de noter qu'avant les premiers contacts avec Moscou, mon père - le père Alexandre Schmemann - avait essayé d'entrer en pourparlers avec le Patriarche Œcuménique. Mais ce dernier lui avait dit que nous étions russes et que c'est avec Moscou que nous devions résoudre nos problèmes. A la même époque, Constantinople supprima l'Exarchat russe en Europe et essayait de vous convaincre de revenir à Moscou. (2)

C'est ainsi que commencèrent les pourparlers avec Moscou, tout d'abord informels, puis officiels. La partie Russe était représentée par le Métropolite Nicodème de Leningrad; mon père représentait notre partie et avait un rôle clé. Le processus était lent. De manière fortuite, je me suis trouvé à l'une des sessions: j'arrivais au Japon, à Tokyo, du Vietnam où je servais dans l'armée américaine et rencontrai mon père. Le Métropolite Nicodème se trouvait également là. Lors d'une réception, je m'approchai de monseigneur Nicodème pour recevoir sa bénédiction et, je n'oublierai jamais comment il me chuchota: «vous devez battre les communistes!»

L'autocéphalie

Une église autocéphale se distingue d'une église autonome par le fait qu'elle élit son évêque dirigeant, et cette élection ne nécessite aucune confirmation par une autre église. Ainsi nous avons obtenu une indépendance totale. Après l'autocéphalie, des calomnies ont couru selon lesquelles nous nous étions vendus aux communistes, etc..., nous nous étions engagés à ne pas critiquer le pouvoir soviétique, mais tout cela n'est pas vrai. Pour l'Eglise russe il était important qu'elle fut reconnue par l'Occident, et cette autocéphalie donnée à l'Eglise Américaine fut comme un levier dans sa lutte contre le pouvoir soviétique.

La décision pour adopter l'autocéphalie pour notre église fut votée presque à l'unanimité : 301 voix pour, 7 voix contre et 2 abstentions. Le Tomos de l'autocéphalie fut remis le 10 avril 1970. Jusqu'à nos jours l'Eglise orthodoxe en Amérique comprend des diocèses roumain, albanais et bulgare, et compte environ 700 paroisses. Presque tous célèbrent en anglais.

Je ne puis vous dire dans quelle mesure notre expérience peut vous être utile, toutefois permettez moi de souligner ce qui, de notre point de vue, doit caractériser une église, pour qu'elle devienne autonome ou autocéphale.

1. En premier lieu une église doit se caractériser par son histoire, sa géographie, sa langue.
A son origine, notre église américaine n'était pas une église de fugitifs ou d'émigrés. Elle fut mise en œuvre en tant qu'Eglise de la population locale de l'Alaska et se développa avec l'arrivée des immigrés, grâce aux personnes venues s'installer en Amérique par leur propre volonté, pour devenir des américains.

2. En second lieu, pour s'autogérer, une église doit avoir suffisamment de hiérarques, de prêtres et de fidèles afin d'être en mesure d'élire ses évêques et de faire vivre ses paroisses et ses séminaires.
A l'époque de l'adoption de l'autocéphalie, la région Métropolitaine en Amérique était déjà une Eglise solide, avec un synode complet d'évêques, deux écoles de théologie et des centaines de paroisses.

3. En troisième lieu, l'Eglise a droit à l'indépendance lorsque il n'y a aucune raison, devant Dieu et nos saintes règles canoniques, de ne pas exister de façon indépendante des autres églises, tout en étant en complète union spirituelle avec toutes le autres Eglises.
Je sais que par le passé et aujourd'hui encore beaucoup de questions et de critiques ont été formulées à l'égard de l'autocéphalie américaine. Mais il est important de souligner, que déjà Saint Tikhon, lorsqu'il était métropolite en Amérique, disait que le diocèse d'Amérique a le droit à l'autonomie.

Conclusion

Jusqu'à présent les Grecs refusent de reconnaître l'autocéphalie Américaine, et pourtant les Grecs sont à peine plus nombreux que nous en Amérique. Cependant rien ne les empêche d'intégrer l'Eglise Unie d'Amérique. Pour notre Eglise, pour vous parler franchement, ce n'est pas un problème. Nous vivons notre autocéphalie comme un don de Dieu et comme le premier pas vers l'union de tous les orthodoxes d'Amérique en Eglise Unie du Nouveau Monde.


J'étais présent à la dernière Assemblée de l'Eglise d'Amérique en 2002. Et je dois vous dire que la forte présence de quelque 1500 orthodoxes américains, priant ensemble, discutant de l'avenir de l'Eglise, est pour moi la preuve que nous avons emprunté la bonne voie. Parmi les participants, un grand nombre étaient russes, comme moi (3), comme le fut mon père. Mais pour eux, les Américains -- ce n'étaient pas «eux», mais «nous». Ils servaient et servent dans l'armée américaine, ils ont développé des affaires aux Etats Unis, ils travaillent aux Etats Unis d'Amérique.

Comme a dit notre métropolite Léonce il y a 50 ans:

«Nous aimons notre Patrie (la Russie) - mais à travers nos enfants et nos petits-enfants nous aimons également notre nouvelle Patrie. Nous aimons et respectons notre Mère, l'Eglise Russe, mais telle une fille adulte, nous sommes liés aux enfants que Dieu nous a donnés. Et nous aimons et respectons également notre Grand-mère, l'Eglise de l'Orient Grec.Toutefois, selon nos forces, objectivement, avec prudence et à pas mesurés, et en même temps sans dévier, nous devons poursuivre jusqu'au bout notre cheminement, jusqu'à la fondation d'une Eglise Orthodoxe unifiée en Amérique.»
Fin de citation
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Notes du rédacteur:

(1) " Par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent une requête pour l'envoi d'un évêque grec à Sa Sainteté le! Patriarche de Constantinople Joachim III, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l'Eglise orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'Archevêque Platon d'Aléoutie et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe." In. lettre de Sa Sainteté le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Alexis II à Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée

(2) Cf. P. Jean Meyendorff: "En théorie très exigeant, Constantinople s'est montré en pratique totalement inconséquent (ainsi en 1965 il annula sa juridiction sur le diocèse russe en France et l'appela à retourner sous l'omophore du Patriarcat de Moscou). Les autres Églises n'acceptaient même pas l'idée du passage de leurs "diasporas" dans la juridiction du patriarche grecque. Une base solide pour l'unité de l'Orthodoxie pouvait être trouvée dans la politique qu'à toujours suivi le Patriarcat de Moscou dont le but canonique et missionnaire a toujours été une Eglise pour les Américains, fondée avec la bénédiction de l'Eglise mère et invitant tous les candidats à se joindre librement à elle. Bien entendu, le patriarcat de Constantinople avait toujours la possibilité de prendre sur lui la direction de ce processus d'unification".
In. nécrologie du p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10: "" Traduit du russe par V. Golovanow

(3) Serge Schmemann est né en France (1945) et il est bien entendu citoyen américain…

Voir aussi: Parlons d'orthodoxie

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Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 14 Février 2012 à 07:00 | 0 commentaire | Permalien

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