"Les réunions officielles des Primats des Eglises ont toujours été des événements ecclésiastiques de grande importance pour le renforcement et, espérons-le, la restauration de l'unité de la foi dans l'union de l'amour. Ces visites sont conformes à l'ordre du divin fondateur de l'Eglise, notre Seigneur Jésus-Christ." Communiqué du patriarcat œcuménique

Pour mettre dans une perspective historique la prochaine venue du pape François, le 30 novembre au Phanar, le site Patriarchate.org a mis en ligne une intéressante infographie de l'historique des rencontres du pape et du patriarche œcuménique depuis 536. Le détail des visites est donné ICI.

Au premier millénaire il y eut 4 visites papales à Constantinople: Agapetus en 536, Vigilius en 547 et 552, Constantin en 711.

Pour le Concile de Florence ce fut le patriarche de Constantinople qui accompagna l'empereur.

Accélération évidente depuis 1964:

- 1964: Rencontre historique à Jérusalem entre Paul VI et Athénagoras
- 1967: visites de Paul VI à Constantinople (juillet) et d'Athénagoras à Rome (octobre)
- 1979: visite de Jean Paul II à Constantinople,
- 1987: visite de Dimtrios à Rome
- 1995: première visite de Bartholomée à Rome
- 2002: seconde visite de Bartholomée à Rome
- 2004: troisième visite de Bartholomée à Rome
- 2005: Bartholomée assiste aux funérailles de Jean Paul II à Rome
- 2006: visite de Benoit XVI à Constantinople
- 2007: Bartholomée rencontre Benoit XVI au sommet interconfessionnel de Naples
- 2008: Bartholomée rencontre Benoit XVI au Synode épiscopal au Vatican
- 2011: Bartholomée rencontre Benoit XVI au sommet pour la paix d'Assise
- 2012: Bartholomée rencontre Benoit XVI à Rome pour le 50e anniversaire de Vatican II.
- 2013: Bartholomée rencontre François pour son intronisation
- Mai 2014: rencontre anniversaire à Jérusalem entre Bartholomée et François
- Juin 2014: prière commune pour la paix avec Shimon Mahmoud Abbas.
- Novembre 2014: François se rend au Phanar.

"L'objectif a toujours été qu'en plus des autres gestes de fraternité, les visites mutuelles des Papes à Constantinople et patriarches œcuméniques à Rome ont marqué une nouvelle ère dans les relations entre les deux Églises. Elles ont aidé à faire comprendre au peuple de Dieu qu'il y ait un effort réciproque pour arriver à l'unité, «afin que tous soient un", selon les paroles du Seigneur dans sa Grande Prière Sacerdotale (John: 17)" (ibid.)

Le Pape François en Turquie

Eclairage sur le contexte du voyage du Pape François en Turquie, du 28 au 30 novembre 2014. Par Dominique Chassard du Service National de la Mission Universelle de l’Eglise (SNMUE).

Le prochain voyage du Pape en Turquie, du 28 au 30 novembre 2014, quelques jours après la visite prévue aux institutions européennes implantées à Strasbourg, s’avère particulièrement délicat vu le contexte politique régional : combats en Syrie et au Kurdistan, attentats en Irak, crise ukrainienne. Par contraste, les relations entre « Rome » et « Constantinople », entre le pape François et le patriarche Bartholomée paraissent plus classiques et même chaleureuses puisque ce sera la troisième fois cette année que les deux responsables religieux se rencontrent....

///Une des priorités du Patriarche Bartholomée est de réunir, si possible en 2016, un concile panorthodoxe. Les jalons en ont été posés en mars 2014 lors d’un synode réunissant les patriarches de toutes les Eglises orthodoxes (réunion appelée dans l’orthodoxie « synaxe »). Ce projet pose nécessairement la question des modalités d’une éventuelle invitation de l’Eglise catholique et d’une possible association aux travaux préparatoires de ce concile. Le patriarche œcuménique réussira-t-il dans cette entreprise ?

///La crise ukrainienne est venue compliquer la situation car la Russie et le patriarcat de Moscou, qui soutient ostensiblement la politique du Président Poutine, reprochent vivement à certains éléments de l’Eglise nationale ukrainienne d’attiser l’agitation antirusse et d’encourager à la violence les manifestants de la place Maïdan. Une autre cible est l’Eglise gréco-catholique accusée de jouer un rôle destructeur (l’expression est de Mgr Hilarion, chargé des relations extérieures du patriarcat de Moscou) et de chercher à approfondir le schisme entre les Eglises orthodoxes d’Ukraine. Le Vatican est indirectement mis en cause puisque les « Uniates » reconnaissent l’autorité papale et, du coup, les relations avec Moscou se sont refroidies après l’embellie qui s’était manifestée sous le pontificat de Benoît XVI. SUITE


V.G.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 25 Novembre 2014 à 15:22 | 10 commentaires | Permalien

Chers Amis,

Dans le cadre du bicentenaire des relations diplomatiques entre la Suisse et la Russie, la ville de Payerne accueillera un concert-spectacle donné par les enfants du centre "Dinaoda" de Moscou.

Ce concert spectacle aura lieu samedi 29 novembre à 19h, à l’aura du collège Derrière-la-Tour à Payerne. Entrée libre, et collecte destinée au centre Dinaoda.

Ce concert-spectacle présente les talents de jeunes orphelins, ou souffrant de handicaps, qui ont bénéficié du soutien d'un centre de formation à Moscou. Ils se sont spécialisés, qui en chant, qui en peinture, danse, numéro de cirque, piano ou balalaïka. Un spectacle de haut niveau et très varié, qui présente la culture russe, destiné aux adultes autant qu'aux enfants.

C'est avec joie que je vous recommande de soutenir cette oeuvre originale et unique qui crée des ponts et élève l'âme.

Avec mes plus cordiales salutations.

+ Archimandrite Martin

Archimandrite Martin (de Caflisch)
Supérieur du monastère de la Sainte Trinité,
vicaire épiscopal pour la Suisse du diocèse de Chersonèse, Eglise orthodoxe russe - Patriarcat de Moscou
Rte de Lucens 15
CH - 1682 Dompierre VD
monasteretrinite@vtx.ch

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Novembre 2014 à 11:54 | 0 commentaire | Permalien

Renforçons les liens spirituels qui nous unissent
Commémoration du 100-eme anniversaire de la renaissance du mouvement des Fraternités au sein de l’Eglise orthodoxe. Le saint patriarche Tikhon à propos des Fraternités

Nous allons en 2018 commémorer le 100e anniversaire du renouveau du mouvement des Fraternités. Déjà dans sa première adresse, le 19 janvier 1918, le patriarche Tikhon appelait tous les fidèles à constituer "des alliances spirituelles qui opposeraient aux forces de l’extérieur celles de leur sainte inspiration spirituelle". L’histoire de notre Eglise connaît des fraternités fondées aux XV-XVI siècles dans le Sud-Est de la Russie.

Ces associations de croyants résistaient à l’expansion catholique. Les deux fraternités les plus anciennes, celle de Lvov et celle de Wilno avaient le statut de stauropegie, elles dépendaient donc directement du patriarche de Constantinople. Elles s’étaient vu conférer le pouvoir de condamner ceux qui dérogeaient à la loi du Christ et de les interdire. Les fraternités pouvaient agir ainsi même à l’égard des évêques.

Les patriarches de Constantinople interdisaient aux évêques d’empiéter sur les droits et les privilèges des fraternités. Il va de soi que de nombreux évêques en étaient mécontents. Cependant les droits des fraternités furent plus tard étendus, elles pouvaient désormais faire imprimer des livres, diriger des établissements d’enseignement religieux appartenant au diocèse de Lvov, élire et démettre leurs prêtres. Le patriarche de Constantinople encourageait la constitution de nouvelles fraternités. Ces entités ont permis, à l’époque, de trouver une issue à la crise spirituelle que traversait l’Eglise.

Le mouvement des fraternités s’éteint peu à peu au XVIIe siècle. Mais c’est déjà dans les années 40 du XIXe siècle que nous constations la renaissance des communautés et des fraternités au sein de notre Eglise : le diacre Nicolas Popov et son « Amour de la fraternité », diocèse de Kostroma, le prêtre Alexandre Goumilevsky sa Fraternité de la nativité du Christ à Saint Petersbourg. Il y a eu ensuite la célèbre Fraternité de l’Invention de la Croix fondée par N.Nepliouev. Il s’était agi alors de fonder une Fraternité panrusse qui regrouperait tous les orthodoxes du pays. Nepliouuev rêvait aussi d’unir les non croyants de bonne volonté, tous ceux qui « agissaient librement » dans l’espoir de fonder un « parti du progrès dans la paix ». Nepliouev décède, hélas, en 1908 sans avoir pu mener son projet à bonne fin.

Le patriarche Tikhon appelle en 1918 à fonder des alliances spirituelles au sein de chaque diocèse. C’est à partir de là que se constituent nombre de communautés et de fraternités. Nommons la Fraternité Saint Alexandre de la Neva à Saint Petersbourg, la Fraternité des fidèles et des prédicateurs de l’orthodoxie à Moscou. Un Conseil des paroisses unies est fondé à Moscou ainsi qu’un’ Fraternité des conseils de paroisse à Saint Petersbourg. Le Concile local de 1917-18 commence l’élaboration du statut de l’Union panrusse des paroisses, entité qui était en devenir. Nous savons aujourd’hui que le diocèse de Petrograd comptait plus de vingt fraternités orthodoxes regroupées dans le cadre d’une Union. Les données nous manquent encore en ce qui concerne Moscou.

Il nous faut à la veille de la commémoration du centenaire de la renaissance de ce mouvement, en 2018, mieux étudier l’histoire des fraternités à diverses époques et au sein de diverses Eglises, y compris les Eglises hétérodoxes. C’est souvent une histoire riche en conflits et imprégnée d’incompréhensions. C’est aussi le témoignage de l’action du Saint Esprit au sein de nos Eglises. Si le mouvement des fraternités et des communautés venait à s’éteindre il nous faudra admettre que les protestants n’ont pas entièrement tort quand ils vont jusqu’à dire que notre Eglise est quasi morte. Nous avons d’ores et déjà redécouvert un tel nombre de remarquables communautés méconnues et oubliées qu’il nous faut absolument persévérer dans cette étude.

L’Eglise a soif de renaissance. Notre pays et notre peuple ne pourront subsister sans elle. Mais il ne peut y avoir de renaissance ecclésiale sans le retour du mouvement des fraternités et des communautés auquel saint Tikhon nous appelait en 1918.

Lien «Устрояйте духовные союзы!» К 100-летнему юбилею возрождения братского движения в Православной церкви.
Traduction "PO"
.................................
« C’est vous qui périrez par le glaive » : le Saint patriarche Tikhon au Conseil des commissaires du peuple

Le jour du premier anniversaire de la révolution, le 13 (26) octobre 1918, le patriarche Tikhon a rédigé une lettre adressée au parti bolchevik. C’est avec profondeur et précision qu’il y dresse le premier bilan de la prise du pouvoir par les soviets. Voici cette lettre : « Tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (Mt,26,52).

Renforçons les liens spirituels qui nous unissent

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Novembre 2014 à 11:00 | 0 commentaire | Permalien

Le patriarche Cyrille souhaite le dégel dans les relations entre la Russie et les Etats-Unis
Le 21 novembre le patriarche Cyrille a reçu l’ambassadeur des Etats-Unis en Fédération de Russie Monsieur John Tefft et son épouse. Le patriarche a dit au cours de cette rencontre :

« Nous ne sommes pas aujourd’hui au mieux dans les relations russo-américaines. Mais si l’on évoque le passé comment dire que la période actuelle soit la pire ? Nous devons tous, les responsables religieux les premiers, faire de sorte à ce que les deux pays améliorent leurs relations réciproques dans un esprit de respect et de confiance mutuels.

J’appelle nos amis américains à faire de leur mieux pour trouver une issue aux crises auxquelles est en proie notre civilisation. Les Ets-Unis sont un grand pays et la Russie est étroitement liée avec eux et ceci depuis longtemps. Il faut rappeler que les premiers orthodoxes sont apparus à l’Ouest des Etats-Unis, en Alaska, lorsque cette péninsule appartenait à l’Empire russe. Je pense à la mission des frères du monastère de Valaam.

L’histoire de l’orthodoxie en Amérique est liée à deux personnalités éminentes, le métropolite Benjamin de Moscou qui avait prêché la foi aux Aléoutes et d’autres peuples autochtones du Grand Nord. Et, bien sûr, au nom du Saint patriarche Tikhon qui avait été évêque de New York.

L’Eglise russe dans le cadre de sa mission en Amérique avait des contacts étroits avec les églises protestantes. Le dialogue avec les protestants et les autres communautés religieuses d’Amérique ne s’est pas interrompu même pendant les années de la guerre froide. Malgré les tensions politiques extrêmes de l’époque les chrétiens parvenaient à coopérer, et même à élaborer des déclarations communes. Cette coopération a pour beaucoup préparé les changements pour le mieux qui sont survenus au début des années 90 ».

L’ambassadeur Tefft a répondu qu’il avait au de par le passé l’occasion de visiter une église orthodoxe en Alaska et d’y connaître des prêtres orthodoxes. Il a invité le patriarche à la réception qui sera donnée le 3 décembre à l’ambassade des Etats-Unis à Moscou et lui a souhaité un excellent anniversaire.

Interfax religion
Traduction "PO"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Novembre 2014 à 06:37 | 1 commentaire | Permalien

C'est visiblement pour répondre à l'émotion suscitée par le "Mémorandum pour une Ukraine unie et une Église locale Ukrainienne unie" (1) que l'Eglise Orthodoxe d'Ukraine (MP) a publié une brève interview du chef de son Département synodal de l’information, l’évêque d’Irpensk Clément. En voici une traduction abrégée (les sous titres correspondent aux questions posées):

Situation ecclésiale en Ukraine

L'expression "Eglise locale" se comprend comme l'ensemble des diocèses qui se trouvent sur un territoire donné. Ce qui est essentiel pour ce concept,, ce n'est pas la nationalité mais les frontières territoriales. Le principe de distinction interne selon la nationalité est étranger au Christianisme dès les premiers siècles: "Il n'y a ici ni Grec ni Juif, … ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous" (Colossiens 3.11)

A l'intérieur des frontières de l'Ukraine actuelle une telle Eglise locale existe depuis le 27 octobre 1990, donc avant même que notre état n'obtienne l'indépendance politique, selon les paroles prononcées ce jour-là par le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Alexis II en remettant au métropolite de Kiev le tomos d'autonomie: "… que l'Eglise Orthodoxe Ukrainienne soit à partir de maintenant indépendante, et autonome dans son administration…"

L'Eglise Orthodoxe Ukrainienne est-elle alors devenue indépendante?

A partir de ce moment l'EOU réalise totalement son indépendance, elle élit seule ses évêques et son primat et conduit ses affaires administratives et patrimoniales en toute indépendance conformément à ses statuts enregistrés selon la loi ukrainienne.

L'ancienne Eglise de Crète, par exemple, n'a pas une autonomie aussi large. Son primat l'Archevêque doit obtenir l'accord du patriarche de Constantinople pour toutes les questions importantes de la direction de son Eglise.

Les liens avec le patriarcat de Moscou

Le seul lien entre l'EOU et PM est la prière commune qui témoigne que, par l'intermédiaire de l'Eglise Orthodoxe Russe les croyants ukrainiens sont unis dans la prière avec l'ensemble du monde orthodoxe, accomplissant ainsi le commandement du Christ: " afin que tous ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous…" (Jean 17.21) Fin de citation.

Ajoutons quand même que le primat de l'EOU est confirmé, par le Saint synode de l'Eglise russe après son élection par le concile de l'EOU.

(1) en russe et Source
V.G.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 23 Novembre 2014 à 19:22 | 0 commentaire | Permalien

Comment va se dérouler le Concile panorthodoxes (IV)
Pour clore la série d'article sur la préparation du Concile et essayer de lever les derniers doutes des sceptiques je propose de résumer ce qui est prévu pour le déroulement du Concile. Il y avait d'ailleurs plusieurs options parmi lesquelles la synaxe de mars a tranché.

«Il n’y a jamais eu de Conciles de cette envergure dans l’histoire parce que toutes les églises orthodoxes y seront représentées. Il est extrêmement important que toutes les décisions soient prises par consensus et qu’il n’y ait pas de vote. En même temps, le document qui vient d’être adopté précise que chaque église possède une voix. Cela signifie qu’elle ne pourra pas exprimer deux opinions différentes et que son opinion devra exprimer les sentiments de tous les évêques, de tout le clergé et de tout le peuple. C’est très important pour éviter les dissensions qui pourraient nous diviser. Le Concile est appelé à nous unir tous et à nous rendre efficaces face aux problèmes qui existent dans le monde et réconcilier ceux qui ont encore des divergences ». Patriarche de Moscou Cyrille le 11 mars 2014

Qui participera au Concile?

La proposition de réunir tous les évêques orthodoxes a été évoquée, soit environ 510 évêques diocésains et 200 évêques vicaires d'après le spécialiste Noël Ruffieux (1), ce qui se compare au concile local de l'Eglise russe en 2009 qui comptait 711 délégués venus de plus de 30 pays (2) et cela reste loin des 2 908 pères conciliaires convoqués pour Vatican II. Mais d'autres souhaitent aller plus loin. Ainsi lorsque la 2e Conférence panorthodoxe préconciliaire buta sur les réadaptations des règles du jeûne en 1982, face à ceux qui refusaient toute modification de ces règles, même si seul un petit nombre de fidèles, de clercs et même d’évêques les respectent, le métropolite Méliton de Chalcédoine, qui présidait, proposa "de dissoudre la Conférence panorthodoxe, de retourner vers nos ouailles, et de faire voter le peuple pour connaître son assentiment.

Et ceci plutôt que de nous rassembler ici et d’expliquer arbitrairement et ex cathedra le prétendu sentiment des fidèles. [...] Et non une partie du peuple, mais le peuple dans sa plénitude où il est vraiment plérôme. Non pas cette portion du peuple méritoire et louable qui s’attache aux pas de l’Évêque en toute confiance, en tout dévouement, toute piété et toute discipline. Non, je songe à cette part plus importante du peuple qui ne veille pas dans les églises, mais dans les discothèques, qui n’assiste pas à la Divine Liturgie du dimanche ou aux célébrations dans l’église, mais se trouve sur la place du village ou de la ville la guitare à la main, ou participe à une excursion vers la mer ou la montagne et cherche Dieu dans la dernière analyse psychologique de son subconscient. Un message tout à fait propre à l‘orthodoxie: rien ne se décide ex cathedra et d’autorité, sans tenir compte de la volonté et de la conscience du plérôme" (ibid. 1).

(1) Laïque orthodoxe suisse, président de la Commission œcuménique de la région de Fribourg en Suisse, membre du directoire de l’institut œcuménique de l’Université de cette ville. Conférence au 14e congrès orthodoxe d’Europe Occidentale Strasbourg, 26-28 mai, 2012

(2) "Liste des participants au Concile local de l'Eglise russe de 2009" mise en ligne par

Cette option ne fut pas retenue et, devant le risque d'une trop grande prédominance des Eglises slaves (la seule Eglise russe compte plus de 250 évêques), les Eglise grecques derrière Constantinople défendirent l'option d'une délégation restreinte de chaque Eglise avec une voix par Eglise. C'est l'option qui fut finalement retenue par la synaxe de mars 2014: "chaque Église locale serait représentée par son primat et pas plus de 24 évêques; les Églises, où il n’y a pas un tel nombre d’évêques, seront représentées par la totalité de leurs évêques avec, à leur tête, leur primat" (in "Interview du métropolite de Volokolamsk Hilarion, ce qui en fait quand même une réunion de plus de 300 évêques et l'une des plus importantes de l'histoire de l'Orthodoxie

Mais, la précision donnée par le patriarche Cyrille après la synaxe est extrêmement importante (voir ci-dessus): toutes les décisions seront prises par consensus et chaque église possède une voix. Notons que cela correspond au principe formulé par le Concile des évêques de l'Eglise russe en février 2013 alors que certaines Eglises préconisaient le principe de la majorité pour éviter les blocages: "Nous sommes convaincus, et l’histoire montre par de nombreux exemples que nous avons raison, que toute décision portant sur la foi, l’organisation de l’Eglise et ses activités dans le monde moderne doit être prise à l’unanimité, sur la base du consensus de toutes les Eglises," explique le père Nicolas Balachov, président adjoint du Département des Relations Ecclésiale Extérieures (DREE) du patriarcat de Moscou

Dossier complet "Messager de l'Église orthodoxe russe" consacré à la préparation du concile panorthodoxe

Préparation plus transparente à partir de septembre 2014

Comme mentionné plus haut, il n'y aura pas vraiment de vote pendant le Concile même, mais la proclamation de décisions mises au point à l'avance. "Les primats se sont mis d’accord lors de la synaxe sur les modalités de la préparation du Concile. A partir de septembre prochain une Commission préparatoire inter orthodoxe sera mise en place. Chaque Eglise y sera représentée par un évêque et un conseiller. La Commission révisera l’ensemble des documents préparés pour le Concile. Elle est tenue de terminer ce travail pour Pâques 2015. Certains de ces documents ont été élaborés il y a plusieurs décennies. Il convient donc de les réviser et de les enrichir en tenant compte de la réalité de nos jours. Une conférence panorthodoxe préconciliaire devra débattre des documents présentés par la Commission. Un succès de cette conférence ouvrira la voie à la tenue du Concile" (ibid.)

Comme indiqué plus haut, Mgr Hilarion s'est engagé à informer le plérôme de l'Eglise ("vous serez tous informés") et à faire "confirmer ces décisions en réunions du Saint Synode et du Concile épiscopal", comme cité plus haut, mais on peut se demander comment ces instances pourront peser sur les débats dans la limite du temps imparti pour cette préparation… En tous cas le travail a bien commencé et la première réunion de la "Commission interorthodoxe spéciale pour la préparation du Concile panorthodoxe" s’est déroulée du 30 septembre au 3 octobre à Chambésy et l'Eglise russe a publié un communiqué précisant la teneur de ses travaux:

"La commission a révisé les projets de documents du Concile panorthodoxe adoptés en 1986 lors de la III Conférence préconciliaire panorthodoxe, sur la question des relations interchrétiennes, tenant compte des changements significatifs qui ont eu lieu durant les dernières décennies au sein de nombreuses dénominations protestantes.

La commission poursuivra ses travaux lors des prochaines réunions et continuera à réviser et à apporter les modifications indispensables aux textes des projets de documents du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe adoptés précédemment.

Les résultats du travail de la commission seront examinés par la conférence préconciliaire panorthodoxe, qui, suivant une décision de la réunion des Primats des Églises orthodoxes locales, en mars dernier, devrait être convoquée l’an prochain." (Ibid.)

Comme a dit le patriarche Cyrille "Nous supposons que, jusqu’en 2016, toutes les questions liées à la préparation des documents, la résolution des procédures, seront réglées, et si le Seigneur le bénit, en 2016, les Églises orthodoxes se rencontreront pour dire, d’une seule bouche et d’un seul cœur tout ce qu’elles pensent aujourd’hui sur leur propre vie et activité, sur leurs relations envers les problèmes les plus importants du monde contemporain"
Comment va se dérouler le Concile panorthodoxes (IV)

Rédigé par Vladimir Golovanow le 23 Novembre 2014 à 19:00 | 3 commentaires | Permalien

« Cette année, pour la première fois dans l'histoire de Paris, l'arbre de Noël est venu de Russie. C'est un cadeau de la ville de Moscou aux Parisiens et aux nombreux hôtes de la capitale française. Nous pensons que cet acte d'amitié est très symbolique aujourd'hui. Nous voulons montrer par ce geste, que malgré les efforts entrepris pour isoler la Russie, État qui fait l'objet de sanctions, l'amitié entre nos deux pays est si forte et profonde que aucun jeu politique ne peut la détruire », s'est adressé Alexandre Orlov au public venu assister à la cérémonie.

La magie de Noël a été lancée dans la capitale française samedi dernier par la cérémonie de l'illumination de plus grand sapin du pays, qui a été offert aux Parisiens par la ville de Moscou. PHOTO

Le bouton symbolique a été appuyé en présence du cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, monseigneur Patrick Jacquin, recteur-archiprêtre de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, Alexandre Orlov, l'ambassadeur de la Fédération de Russie en France et le représentant du gouvernement de Moscou Igor Tkatch.

L'initiative, qui est née lors de la conversation entre l'ambassadeur russe et l'archevêque de Paris au début de mois de novembre, a été mise en place dans des délais records. « Le gouvernement de Moscou a rapidement donné son feu vert, l'Église orthodoxe russe a également soutenu cette proposition et voilà au bout de trois semaines à peine ce magnifique sapin est arrivé à Paris avec les meilleurs voeux à tous les Parisiens de la part du maire de Moscou et du gouvernement de Moscou. C' est un merveilleux symbole de l'unité, la fraternité et la compréhension mutuelle entre les peuples chrétiens. Nous aimerions que ce cadeau ne s'associe pas dans la conscience des gens avec la politique », - a avoué Igor Tkatch.....SUITE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 23 Novembre 2014 à 17:50 | 0 commentaire | Permalien

Un monument à l'empereur Alexandre I a été inauguré près des remparts du Kremlin
Le 20 novembre un monument au tsar Alexandre I (1801-1825) a été inauguré dans le jardin Alexandre, à proximité des murs d'enceinte du Kremlin de Moscou. L'empereur tient une épée, un emblème pris à l'ennemi git à ses pieds.

Des bas-reliefs sont installés face à la statue. L'un représente la bataille de la Moskova - Borodino, le second montre une effigie de Saint Séraphin de Sarov (contemporain de ces évènements)ainsi que deux cathédrales construites à l'initiative d'Alexandre I, la Cathédrale du Christ Sauveur à Moscou et celle de la Vierge de Kazan à Saint-Pétersbourg.

Un monument à l'empereur Alexandre I a été inauguré près des remparts du Kremlin
Assiataient à l'inauguration le patriarche Cyrille, le président Vladimir Poutine et le maire de la capitale, Sergueï Sobianine.

Le monument a été érigé à l'occasion du 200 anniversaire de la fin de la guerre contre Napoléon. Son auteur est le sculpteur Salavat Tcherbakov



Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Novembre 2014 à 20:07 | 0 commentaire | Permalien

A Rome, une table ronde sur la collaboration de l’Église orthodoxe russe avec les expatriés d’Europe
Le 18 novembre 2014, à la résidence de l’ambassadeur de Russie en Italie, une table ronde sur le thème « L’Église orthodoxe russe et les expatriés : expérience de collaboration en Europe » était organisée par le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie et le Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou.

Avec la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou, une délégation de l’Église orthodoxe russe présidée par l’archevêque Marc d’Egorievsk, administrateur des établissements du Patriarcat de Moscou à l’étranger, est arrivée à Rome. La délégation se composait également de l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du DREE, de l’archiprêtre Serguiy Zvonariov, secrétaire du DREE aux affaires de l’étranger lointain, du père André Choumkine, de l’Administration des établissements du Patriarcat de Moscou à l’étranger, du prêtre Serge Kalachnikov, ainsi que du hiérodiacre Romain (Kisseliov), du secrétariat du DREE aux affaires de l’étranger lointain.

A Rome, une table ronde sur la collaboration de l’Église orthodoxe russe avec les expatriés d’Europe
Prenaient part à la table ronde les hiérarques en fonction en Europe : l’archevêque Théophane de Berlin et d’Allemagne, l’archevêque Michel de Genève et d’Europe occidentale (Église russe hors-frontières), l’archevêque Élisée de Souroge, l’évêque Nestor de Chersonèse, ainsi que des prêtres de paroisses et des expatriés résidant en Belgique, Grande-Bretagne, Hongrie, Allemagne, Grèce, Pays-Bas, Norvège, Suisse et Suède.

Avant l’assemblée plénière, un office d’intercession a été dit à l’église Sainte-Catherine de Rome.

Ouvrant la séance, l’archimandrite Philarète a prononcé un discours d’accueil, soulignant que semblable forum revêtait une importance particulière pour les expatriés.

L’archevêque Marc d’Egorievsk a présenté un rapport sur l’expérience des diocèses et des paroisses de l’Église orthodoxe russe dans les pays d’Europe.

Ensuite, ont été entendus plusieurs intervenants parmi lesquels l’ambassadeur de Russie en Italie, S. Razov, l’ambassadeur de Russie au Vatican A. Avdeev, le vice-directeur du Département au travail avec les expatriés du ministère des Affaires étrangères B. Gontcharenko, l’archevêque Théophane de Berlin et d’Allemagne, l’archevêque Michel de Genève et d’Europe occidentale, l’archevêque Élisée de Souroge, l’évêque Nestor de Chersonèse, l’archimandrite Antoine (Sevriouk), etc.

Pendant le forum, qui s’est déroulé dans un climat de dialogue constructif, ses participants ont examiné les problèmes relatifs au soutien de la diaspora russophone sur le continent européen. L’assistance a partagé son expérience de pastorale des expatriés, examiné la problématique de l’organisation du travail des écoles du dimanche et des écoles de langue russe, l’enseignement de la culture orthodoxe dans les écoles des ambassades dans les pays européens.

Le soir du même jour, l’ambassadeur de Russie en Italie, S. Razov, a donné une réception en l’honneur des participants de la table ronde.

***

La première conférence consacrée à la collaboration de l’Église russe avec les expatriés vivant dans différentes régions du monde avait eu lieu les 21-22 juin 2009 à Bruxelles, la seconde les 22-23 août 2010 à Buenos-Aires, la troisième les 10-11 décembre 2011 à Pékin, la quatrième le 24 août 2012 à Saint-Francisco et la cinquième le 21 décembre 2013 à Johannesburg.
Mospat

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Novembre 2014 à 12:35 | 0 commentaire | Permalien

Le 19 novembre, site officiel du diocèse de Rovno (Ukraine) a publié la déclaration du métropolite de Rovno et Ostrog Bartholomé , dans laquelle il annonce le retrait de sa signature du « mémorandum » appelant à la création d’une Église d’Ukraine unique. Le 20 novembre monseigneur Anatole, métropolite de Sarno, a également annoncé le retrait de sa signature. Les deux métropolite ont précisé qu'ils espéraient en signant cette déclaration contribuer au renforcement de l'unité de l’Église alors que la publication de ce document a entrainé des résultats diamétralement opposés. Interfax

***
Le 14 novembre Vladimir Legoyda, responsable du service d’information du Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe a commenté la déclaration portant sur la création d’une Eglise orthodoxe locale d’Ukraine :

«C’est à l’initiative des autorités locales de la région de Rovno qu’a été élaboré un document /cf.Photo/ appelant à la création d’une « Eglise orthodoxe locale d’Ukraine ». Ce document porte la signature du responsable de l’administration de la région de Rovno, et des représentants d’entités non reconnues par le monde orthodoxe telles que le prétendu patriarcat de Kiev, l’église autocéphale d’Ukraine, de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine ainsi que de deux évêques de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine (patriarcat de Moscou). Il s’agit de Monseigneur Anatole, métropolite de Sarno et de Monseigneur Bartholomé, métropolite de Rovno.

La publication de ce texte ne fait que confirmer que les diocèses et les fidèles de l’Eglise orthodoxe canonique se trouvent en Ukraine occidentale dans une situation très pénible. Il est évident que de tels documents ne peuvent être signés que sous de fortes pressions politiques. Nous sommes étonnés de la présence de l’Eglise gréco-catholique parmi les signataires. Si les gréco-catholiques envisagent la création d’une Eglise locale dont ils seraient une partie constituante ils devraient commencer par déclarer la rupture de toute communication liturgique et canonique avec le Saint Siège et cesser de commémorer le pape de Rome lors des offices. Sinon leur participation à l’élaboration de ce mémo serait tout à fait incompréhensible. Il s’agirait en l’occurrence d’une absurdité au regard du droit canon ».

L’Eglise orthodoxe d’Ukraine (patriarcat de Moscou) estime que ses deux hiérarques ayant signé le document n’ont pu le faire que sous la pression exercée par les entités ecclésiales schismatiques.

Monseigneur Onuphre, métropolite de Kiev et d’Ukraine s’est à plusieurs reprises adressé aux fidèles les appelant à maintenir l’unité de l’Eglise et à protéger l’Eglise orthodoxe locale de toute agression et de tout schisme. La métropole de Kiev souligne qu’elle n’a pas béni la signature de ce "mémo".

RIA Novosti
Traduction "PO"



Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 19 Novembre 2014 à 21:12 | 4 commentaires | Permalien

Les enjeux du Concile: un document prémonitoire de l'Archevêque Basile Krivochéine (III)
Dans le dossier que le "Messager de l'Église orthodoxe russe" numéro 25 (1) consacre à l'avancement des travaux de préparation du Concile panorthodoxe prévu pour 2016, se trouve une lettre inédite que l'Archevêque de Bruxelles et de Belgique Basile Krivochéine écrivit le 5 novembre 1976 au métropolite Juvénal de Toula, déjà à propos de la préparation de ce concile (2) - traduit du russe par Dmitri Garmonov.

Ce document est exceptionnellement intéressant car il contient l'essentiel des arguments qui sous-tendent aujourd'hui encore les débats à propos du Concile.

Le contexte

L'histoire demi-séculaire de la préparation de ce concile est résumée dans l'introduction du dossier (ibid. p. 38-42). En novembre 1976 nous somme dans la première phase active de préparation du concile; 15 ans se sont écoulés depuis que l’assemblée panorthodoxe de Rhodes (1961) avait lancé le processus de préparation et il y a eu ensuite quatre réunions pour essayer de définir l'ordre du jour du Concile. Cet ordre du jour ne sera effectivement fixé que lors de la première réunion "préconciliaire," les 21-28 novembre 1976 (3), et c'est en préparant cette réunion, où il va représenter l'Eglise russe, que le métropolite Juvénal demande son avis à l'Archevêque Basile qui livre une analyse complète de la situation dans sa réponse. La plupart de ses réponses restent 100% d'actualité!

Les enjeux du Concile: un document prémonitoire de l'Archevêque Basile Krivochéine (III)
Concile panorthodoxe et non œcuménique: "La question [qui se pose] est celle de l’utilité de la convocation d’un concile panorthodoxe et non œcuménique, non parce que nous n’aurions pas le droit de convoquer un concile œcuménique sans les catholiques (c’est absurde, car l’Église orthodoxe n’a pas perdu sa plénitude), mais parce que nous n’y sommes pas prêts et qu’il n’y a pour cela aucune nécessité théologique …" écrit l'Archevêque Basile. Et nous retrouvons le même argument sous la plume de Mgr Hillarion de Volokolamsk en 2014: "Le Concile préparé depuis les années1960 sera un "Concile Panorthodoxe" et non le "VIII Concile Œcuménique", explique le prélat, et il précise que, à la différence des Conciles Œcuméniques, le prochain Concile Panorthodoxe "ne prendra pas de décisions dogmatiques mais traitera de questions liées à la vie actuelle de l'Eglise" (ici 4).

Dossier complet "Messager de l'Église orthodoxe russe" consacré à la préparation du concile panorthodoxe

Diaspora et ecclésiologie

L'archevêque Basile estime "indispensable et même urgent" de résoudre le problème "des orthodoxes habitant en dispersion (diaspora), i.e. hors des frontières canoniques des Églises autocéphales, telles qu’elles furent établies tout au long de l’histoire … La question de la diaspora est devenue importante à cause de l’apparition en masse de millions d’orthodoxes sur des territoires « en-dehors des autocéphalies », en raison des émigrations du XXe siècle et de la conversion d’Occidentaux à l’orthodoxie. Ainsi, l’Orthodoxie s’est morcelée en plusieurs juridictions sur un seul et même territoire, ce qui mène à un chaos juridictionnel total.

Tout cela cause un tort immense à l’Église orthodoxe," écrit l'archevêque, donnant ainsi à l'avance la définition de "la diaspora" qui sera retenue par la IVe Conférence Préconciliaire en 2009 ("La diaspora orthodoxe, ce sont les fidèles orthodoxes installés à l'extérieur des frontières traditionnelles des Églises orthodoxes locales"(5) et avançant l'argument canonique qui sera repris en 2003 dans l'échange de courriers entre les patriarches de Constantinople et de Moscou (6): "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Eglises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent, ce qui est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle".

Et l'archevêque Basile continue: "Ces difficultés ne peuvent en aucun cas être résolues par la simple transmission de l’autorité sur la diaspora et du droit de création de nouvelles autocéphalies à un unique patriarcat, concrètement au patriarcat de Constantinople qui, seul, prétend à un tel monopole. Une telle position manque de fondements canoniques et historiques. En outre, l’expérience des dernières décennies a montré que le patriarcat de Constantinople n’était pas en état — dans sa situation actuelle en tout cas — de diriger efficacement et utilement pour l’ensemble de l’Orthodoxie les affaires panorthodoxes. En partie, à cause du manque de fidèles et de cadres compétents, mais plus encore, à cause de son caractère national. Les intérêts panorthodoxes sont ainsi fréquemment mis au second plan par rapport aux intérêts grecs, dont l’exemple marquant est le refus par Constantinople de reconnaître l’autocéphalie américaine.

Un obstacle encore plus important à la reconnaissance de la place exclusive du patriarcat de Constantinople dans les affaires panorthodoxes et la direction de la diaspora, est sa dépendance politique et financière du gouvernement turc d’un côté et du gouvernement grec de l’autre…" Les objections canoniques aux prétentions de Constantinople ont été longuement développées dans la lettre adressée par le patriarche de Moscou à celui de Constantinople en 2003 (ibid. 6): "Cette règle /28 du quatrième Concile œcuménique/ définit réellement le domaine de responsabilité du siège patriarcal de l'Eglise de Constantinople en le délimitant par les diocèses anciens d'Asie (proconsulaire), de Thrace et du Pont, c'est à dire les provinces qui appartiennent maintenant à la Turquie, la Bulgarie et la Grèce. Il n'en découle pas du tout que doive être soumise au Patriarcat de Constantinople "toute province qui ne relève pas d'un autre siège patriarcal".

Il apparaît évident que cette interprétation inexacte provient ici d'une interprétation erronée du terme "chez les étrangers" (en tis varvarikis) et du contexte de cette expression. Une telle interprétation erronée suppose qu'il s'agit ici non pas des peuples barbares vivant soit dans l'empire romain soit au-delà de ses limites, mais des entités administratives (définies par l’État) peuplées surtout de barbares. Or, il ne fait aucun doute que cette expression recouvre non pas les provinces mais les peuples, elle n'est pas utilisée au sens administratif et politique mais au sens ethnique. Cela découle de façon évidente des considérations que nous développons ci-dessous…. etc. " Ces arguments contre les prétentions hégémoniques de Constantinople restent totalement d'actualité de même que le rappel de "sa dépendance politique et financière du gouvernement turc d’un côté et du gouvernement grec de l’autre" (et on pourrait ajouter les Etats-Unis car c'est là que se trouve la majorité des fidèles du patriarcat…)

Dossier complet "Messager de l'Église orthodoxe russe" consacré à la préparation du concile panorthodoxe


Nouvelles autocéphalies et dyptiques: L'archevêque Basile s'arrête d'abord sur le cas de "l’antique autocéphalie de l’Église de Géorgie" en rappelant que "le patriarcat de Constantinople a eu à l’égard de celle-ci une politique contradictoire et incohérente. Tantôt (dans les années 1930, quand l’Église géorgienne était en rupture avec le patriarcat de Moscou), il la reconnaissait comme autocéphale ;tantôt, quand elle s’est réconciliée avec le patriarcat de Moscou, il ne la reconnaissait pas du tout (et ne l’invitait pas aux conférences panorthodoxes). Ensuite, l’Église de Constantinople l’a reconnue comme autonome (par rapport à quelle Église ?) et a accordé à cette Église très ancienne qui a reçu son autocéphalie du patriarche d’Antioche au VIIIe siècle et est devenue patriarcale au XIe siècle, une des dernières places dans la hiérarchie des Églises autocéphales (note du traducteur: " Il est nécessaire de confirmer l’autocéphalie des Églises polonaise et tchécoslovaque, car la position du patriarcat de Constantinople était également incohérente et tendait à considérer ces Églises comme autonomes."

Précision du traducteur: "Le patriarcat de Constantinople a reconnu l’Église de Géorgie comme autocéphale en 1990, en la considérant comme 9e dans l’ordre des patriarcats; l’Église orthodoxe de Pologne avait été reconnue comme autocéphale par le patriarcat de Constantinople en 1924 et par celui de Moscou en 1948; l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie (anciennement de Tchécoslovaquie) avait été reconnue comme autocéphale par l’Église russe en 1951 et par le patriarcat de Constantinople en 1998".

Il faut toutefois reconnaitre que tout n'est pas réglé pour autant: le rang de l'Eglise de Géorgie est toujours en discussion et cette question est loin d'être secondaire: les Églises sont listées dans l’ordre chronologique selon lequel elles ont reçu l’autocéphalie. Constantinople et les "Églises grecques" placent l’Église de Géorgie à la neuvième place en considérant qu’elle est le dernier patriarcat reconnu par Constantinople ce qui revient à nier l'autocéphalie accordée par Antioche comme le rappelle l'archevêque Basile. Par ailleurs Constantinople cherche toujours à garder le contrôle sur les deux autres Églises citées comme le montre son refus de reconnaitre l'élection du primat de l'Eglise des Terres tchèques et de Slovaquie (7) qui n'a été invitée ni à la synaxe des primats en mars (ibid.) ni à la réunion de la "Commission interorthodoxe spéciale pour la préparation du Concile panorthodoxe" en septembre-octobre 2014 (8), provoquant "l'étonnement" de l'Eglise russe.

Le métropolite Basile conclu sur ce sujet: "Une seule chose est inadmissible : la prétention d’une Église (que ce soit celle de Constantinople et toute autre Église autocéphale) à avoir le droit exceptionnel d’accorder l’autocéphalie. De telles prétentions papistes sont étrangères à l’esprit de l’Orthodoxie…" On ne saurait mieux dire!

Mais c'est la reconnaissance de l'OCA qui est "peut-être, la question centrale et essentielle du Concile, et s’il se trouvait qu’à la conférence panorthodoxe, les Grecs étaient absolument opposés à l’autocéphalie américaine, il vaudrait peut-être mieux ne jamais convoquer le concile," continue l'archevêque Basile et, reconnaissant que "les Grecs sont même plus nombreux que les orthodoxes d’origine russe" en Amérique du nord" il préconise "un accord entre les patriarcats de Constantinople et de Moscou dont le but serait d’unir les deux Églises d’Amérique en une seule Église autocéphale. Car il est difficile de compter sur une simple adhésion des Grecs…" Il faut bien reconnaitre qu'il n'y a pas eu d'avancée sur ce point depuis 1976 et, au contraire, d'autres points de friction sont apparus entre les différentes Églises à propos de l'Estonie, du Qatar, de la Moldavie, voire de l'Ukraine…

En Europe occidentale, "la seule solution envisageable du chaos juridictionnel est la création d’une Église autocéphale" écrit l'archevêque Basile de Bruxelles en connaissance de cause. Et il précise que la juridiction de Constantinople, même indirecte, "est inacceptable pour les fidèles de l’Église orthodoxe russe qui se trouvent dans la dispersion en Europe occidentale, parce que nous savons bien ce qu’est la domination des Grecs. Je dirai même plus : mieux vaut un chaos juridictionnel que notre dépendance des Grecs ! C’est mieux non seulement pour les Russes, mais aussi pour toute personne occidentale, car tous nous voyons quels obstacles sont créés par les Grecs au renforcement et à la mission de l’Orthodoxie en Occident (leur attitude envers la mission orthodoxe oscille entre indifférence totale et hostilité foncière).

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Concernant les Russes, nous sommes prêts à nous joindre, pour le bien de l’Orthodoxie, à une future Église autocéphale même si cela affaiblit nos liens avec notre Église-Mère, mais nous n’entrerons jamais dans une « autonomie grecque » quelconque." Et il propose d’essayer de s’entendre avec l’Exarchat pour les paroisses russes du patriarcat de Constantinople) et de créer une autonomie particulière ou un exarchat avec une autonomie élargie sous la juridiction du patriarcat de Moscou (plutôt nominale, il faut le souligner), auquel pourrait se joindre notre Exarchat du patriarche [de Moscou] en Europe occidentale. Cette région métropolitaine autonome ne prétendrait pas à un monopole juridictionnel en Europe occidentale et pourrait devenir une étape préparatoire à la future autocéphalie."

Nous savons que cette idée a été reprise par l'Archevêque Serge d’Eukharpie qui avait réuni une commission spéciale en 2001 - 2002 pour discuter avec le Patriarcat de Moscou (9). Le résultat de ces discussions est à l’origine de la lettre du 1er avril 2003 du patriarche de Moscou Alexis II (10) appelant à fonder une "Nouvelle Métropole autonome, qui réunira tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d’Europe Occidentale, servira au moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays." Le décès prématuré de l'archevêque Serge n'a malheureusement pas permis l'aboutissement de ce projet pour lequel il apparait que l'archevêque Basile avait ainsi préparé la voie… prés de 30 ans plus tôt!

Pas de remariage du clergé ni d'atténuation du jeune

L'archevêque Basile défend une position très traditionnelle sur ces deux points: "le fait même de poser et de discuter de telles questions porte ombrage au concile aux yeux de l’opinion publique orthodoxe, notamment sur la Sainte montagne de l’Athos (or, le Mont Athos est le cœur de l’Orthodoxie [...].

- Le remariage du clergé contrevient à la parole de Dieu (pas seulement aux canons). L’apôtre Paul écrit : l’évêque doit être « mari d’une seule femme » (1Tim 3, 2) (dans la terminologie de l’époque, le terme « évêque » était employé aussi pour les presbytres)… Pour ce qui concerne la pratique ecclésiale, une certaine « économie » est possible, mais assez limitée.

- Encore plus inadmissibles apparaissent toute sorte de tentatives de changement ou d’affaiblissement des règles du jeûne établies par les saints Pères [...]. Il est vrai que les orthodoxes contemporains gardent moins le jeûne, mais au moins ils comprennent qu’ils commettent un péché, et les pères spirituels, voyant leur pénitence, pardonnent avec condescendance à leur faiblesse [...].la triste expérience de l’Église catholique romaine qui s’est montrée trop indulgente dans le domaine du jeûne, ou plutôt l’a supprimé quasi-totalement, non seulement n’a attiré personne, mais a en mené beaucoup à quitter l’Église (comme, par exemple, en Amérique où la suppression du jeûne du vendredi — particularité qui distinguait les catholiques des protestants — a eu pour conséquence une brusque chute de la fréquentation des offices catholiques). Le concile panorthodoxe ne doit pas supprimer les jeûnes, mais appeler les fidèles à les observer plus fermement."

Ces points ont donné lieu à des débats importants dans les commissions préconciliaires qui ont suivi: "La question du jeûne a continué à être étudiée par la commission de 1986 qui, avec une importante participation de la délégation de l’Église orthodoxe russe, a préparé un nouveau projet de résolution, confirmé ensuite par la IIIe réunion préconciliaire en 1986.(…), les participants de la réunion rejetèrent toutes les propositions faites en 1971 /qui prévoyait des assouplissements importants/ tandis que la question de l’économie relative à discipline du jeûne était laissée à « la considération spirituelle des Églises locales orthodoxes». (voir conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk en 2011 (11).

Dossier complet "Messager de l'Église orthodoxe russe" consacré à la préparation du concile panorthodoxe

Conclusion
Outre l'autorité dont jouissait l'archevêque Basile dans l'Eglise russe, cette lettre montre la continuité des positions défendues depuis 28 ans par ses différents représentants. Ces positions devraient rassurer les partisans des "scénarios catastrophe" et réjouir tous ceux qui croient que le Concile panorthodoxe sera un grand pas en avant vers une position commune des Orthodoxe dans le respect de la Tradition qui a toujours fait et fait toujours sa grande force.

Sources:
(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Parution-du-numero-25-du-Messager-de-l-Eglise-orthodoxe-russe-consacre-a-la-preparation-du-concile-panorthodoxe_a4001.html
(2) Lettre dactylographiée, Archives Archevêque Basile, Bruxelles. Traduit du russe par Dimitri Garmonov, pour « Messager » de l’Eglise orthodoxe russe № 25, avril-juin 2014, France, p. 43-47
(3) https://sites.google.com/site/centreorthodoxe/saint-et-grand-concile/1ere-conference-preconciliaire
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Mgr-Hilarion-de-Volokolamsk-les-mythes-du-Concile_a3647.html
(5) http://www.goarch.org/archdiocese/documents/chambesy/communique
(6) http://oltr.fr/documents/145-lettre-du-patriarche-alexis-ii-de-moscou-au-patriarche-bartholomee-de-constantinople
(7) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Eglise-locale-les-lecons-tchecoslovaques_a3705.html
(8) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Fin-de-la-reunion-de-la-Commission-interorthodoxe-speciale-pour-la-preparation-du-concile-panorthodoxe_a3982.html
(9) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Vision-de-Mgr-Serge-Konovaloff-pour-l-avenir-de-l-Archeveche-des-eglises-orthodoxes-russes-en-Europe-occidentale-projet_a2811.html
(10) http://orthodoxeurope.org/page/14/9.aspx#2
(11) https://mospat.ru/fr/2011/11/03/news50923/

Vladimir Golovanow

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Mgr Basile (Krivochéine) : "Mémoire des deux mondes" et "Dieu, l'homme, l'Église"

Rédigé par Vladimir Golovanow le 19 Novembre 2014 à 09:06 | 2 commentaires | Permalien

La préparation du Concile: Différences d'approche (II)
Dans la première partie de cette étude nous avons analysé les modifications de l'environnement qui obligeaient à revoir en profondeur les documents qui avaient fait l'objet d'un consensus pendant les phases précédentes de la préparation du Concile.

Dans cette seconde partie nous allons nous intéresser aux points de l'ordre du jour pour lesquels les différences d'approche entre les Églises n'ont pu être surmontées: les documents adoptés sur la diaspora (point 1 de l'ordre du jour), le calendrier (point 5), le jeune (point 7), laissent les questions ouvertes alors que ceux sur l'autocéphalie (point 2) et les dyptiques (point 10) n'ont pu être finalisés (cf. conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk citée en partie I).

En fait le clivage se fait sur deux plans:
1. Volonté de "modernisation" contre respect de la tradition,
2. Différence d'interprétation de la primauté du patriarche œcuménique.

1. Pas de "modernisation" intempestive
Sur les questions du calendrier et du jeune les documents mis au point constatent l'impossibilité de parvenir à une règle unique et laissent de fait la décision finale aux Églises locales.

Dossier complet "Messager de l'Église orthodoxe russe" consacré à la préparation du concile panorthodoxe

Sur la question du calendrier le document proposé au départ disait: "actuellement, selon l’opinion des savants astronomes, le nouveau calendrier est plus juste que l’ancien. Il en résulte que meilleur moyen de résoudre la question du calendrier et de la pascalie (1) est la reconnaissance par toutes les Églises orthodoxes du nouveau calendrier, tant en ce qui concerne les fêtes fixes que pour la pascalie…" Les Églises russe, serbe et de Jérusalem s'y opposèrent en arguant de difficultés pastorales et le document finalement adopté (en 1982), se limite à constater qu’«actuellement, le passage de toutes les Églises locales au calendrier julien rectifié s’avère impossible» et souligne que «les anomalies qui se sont produites en relation avec le calendrier ne doivent pas mener à la division, aux différends et aux schismes et que, même si l’on n’est pas d’accord avec son Église, on doit accepter le principe sacré, sanctifié par la tradition, d’obéissance à l’Église canonique et de réunion à celle-ci dans la communion eucharistique, guidé par le principe que «le sabbat est pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat» (Mc 2.27)" (ibid.).

Mais ce débat se poursuit toujours trente ans après. Ainsi lors d'un colloque organisé à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge (Paris) en 2012, Pierre Sollogoub (laïc orthodoxe membre de la fraternité orthodoxe en Europe occidentale) expliqua pourquoi une réforme du calendrier et une date commune de Pâques seraient nécessaires en reprenant la même argumentation scientifique que celle du document de 1982 alors que le père Vladimir Khoulap (Académie théologique de Saint-Pétersbourg) développait les obstacles pastoraux dus à l'attachement des croyants aux dates traditionnelles… (cf. "CONTACTS" No 243, juillet-décembre 2013.)

Pour le jeûne le projet de départ prévoyait des allégements très conséquents des principaux jeunes mais il a là encore été profondément modifié sous l'impulsion de la délégation de l'Église russe, comme l'explique Mgr Hilarion, et "le document final contient l’enseignement ecclésial sur le jeûne, en ne faisant qu’expliciter les méthodes, par lesquelles il convient de se diriger, les appliquant dans la pratique pastorale contemporaine". (…) Pour ceux qui éprouvent des difficultés pour observer les dispositions en vigueur du jeûne … il est laissé à l’examen des Églises orthodoxes locales de définir la mesure d’économie et de condescendance, adoucissant dans certains cas la «sévérité» habituelle des saints carêmes. Mais tout cela est défini dans le cadre susmentionné et dans le but de ne pas relâcher l’institution sacrée du carême (…).

Il convient, continue le document, que tous les membres fidèles de l’Église jeûnent avant la sainte communion et qu’ils s’accoutument au jeûne pour marquer le repentir, réaliser une promesse spirituelle, atteindre l’un ou l’autre but sacré, ou encore au moment des tentations, lors de la demande de quelque chose à Dieu, lors des catastrophes naturelles, lors du baptême (pour ceux qui reçoivent le baptême à l’âge adulte), avant les ordinations, en cas d’épitimie, lors des pèlerinages et autres circonstances semblables" (ibid. conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk).

"Encore plus inadmissibles apparaissent toute sorte de tentatives de changement ou d’affaiblissement des règles du jeûne établies par les saints Pères (…) Le concile panorthodoxe ne doit pas supprimer les jeûnes, mais appeler les fidèles à les observer plus fermement," écrivait en1976 l'Archevêque de Bruxelles et de Belgique Basile Krivochéine (2)… et l'Eglise russe s'en tient à cette position en s'opposant à toute dérive!

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2. Organisation ecclésiale et primauté

L'organisation de la diaspora: et l'octroi de l'autocéphalie de l'autonomies ont des questions liées sur lesquelles se confrontent deux conceptions de la primauté dans l'organisation ecclésiale, toutes les deux fondées sur des interprétations divergentes du 28è canon du concile œcuménique de Chalcédoine (431): "(…) Les pères en effet ont accordé avec raison au siège de l'ancienne Rome la préséance, parce que cette ville était la ville impériale, mus par ce même motif les cent cinquante évêques aimés de Dieu ont accordé la même préséance au très saint siège de la nouvelle Rome, pensant que la ville honorée de la présence de l'empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges civils que Rome, l'ancienne ville impériale, devait aussi avoir le même rang supérieur qu'elle dans les affaires d'Eglise, tout en étant la seconde après elle ; en sorte que les métropolitains des diocèses du Pont, de l'Asie (proconsulaire) et de la Thrace, et eux seuls, ainsi que les évêques des parties de ces diocèses occupés par les barbares, seront sacrés par le saint siège de l'Eglise de Constantinople ; bien entendu, les métropolitains des diocèses mentionnés sacreront régulièrement avec les évêques de leur provinces les nouveaux évêques de chaque province, selon les prescriptions des canons, tandis que, comme il vient d'être dit, les métropolitains de ces diocèses doivent être sacrés par l'évêque de Constantinople, après élection concordante faite en la manière accoutumée et notifiée au siège de celui-ci." (In. "Canons du 4ème Concile de Chalcédoine").

Alors que pour le patriarcat de Moscou "Par principe, chaque état souverain a le droit potentiel d'avoir son Eglise autocéphale" (Archevêque Photius, envoyé du patriarche Alexis I à Prague, le 21 octobre 1945. In "Journal de patriarcat de Moscou". 1945. № 11. p. 17), le patriarcat de Constantinople cherche à conserver son autorité sur la diaspora orthodoxe depuis le patriarcat de SB Mélétios (1921-1923). Et c'est en fait pour lui une question de pouvoir et de survie: l'essentiel du troupeau de Constantinople appartient à la diaspora qui lui fournit toutes ses ressources. Si le patriarcat ne s'occupait que "de la minorité de nationalité turque et de religion grecque-orthodoxe", comme le stipule le traité de Lausanne, il serait l'une des plus petites Eglises orthodoxes, privée de tout moyen financier et de toute influence… Il est bien évident que, à l'opposé, l'Eglise russe, qui est déjà la plus nombreuse et la plus influente, n'a aucun besoin de la diaspora pour assoir son autorité!

Sur la diaspora orthodoxe: l'Archevêque de Bruxelles et de Belgique Basile Krivochéine plaçait en 1976 (ibid. 2) la question de la diaspora en tête des problèmes à résoudre par le Concile et estimait "indispensable et même urgent" de résoudre le problème "des orthodoxes habitant en dispersion (diaspora), i.e. hors des frontières canoniques des Églises autocéphales, telles qu’elles furent établies tout au long de l’histoire (…) La question de la diaspora est devenue importante à cause de l’apparition en masse de millions d’orthodoxes sur des territoires « en-dehors des autocéphalies », en raison des émigrations du XXe siècle et de la conversion d’Occidentaux à l’orthodoxie". La situation n'a guère évolué depuis car les deux positions s'affrontent particulièrement sur ce point:

- D'un côté l’Église orthodoxe russe, qui "s’est toujours efforcée de permettre la consolidation des communautés orthodoxes vivant dans la diaspora, et aussi de faire murir … les conditions indispensables à l’octroi à celles-ci de degrés croissants d’autonomie ecclésial : autonomie locale, autonomie, autocéphalie "explique le métropolite Hilarion, "comme ce fut le cas pour l'Église de Tchécoslovaquie en 1951 et l'OCA en 1970" (voir plus loin).

- De l'autre le patriarcat de Constantinople qui insiste sur "son droit propre" à se charger de façon privilégiée de la responsabilité pastorale de toute la diaspora orthodoxe "sur la base d’une interprétation très élargie du 28e canon du IVe concile œcuménique" (ibid.).

Dossier complet "Messager de l'Église orthodoxe russe" consacré à la préparation du concile panorthodoxe

Le document préconciliaire sur la diaspora adopté en 2009 ne tranche pas entre ces deux positions et constate que, «au stade actuel est impossible… un passage immédiat à l’ordre canonique strict de l’Église concernant cette question, à savoir la présence d’un seul évêque dans le même lieu. Pour cette raison, la décision est prise de proposer la création d’une certaine situation transitoire, qui prépare aussi la base d’une solution strictement canonique du problème » (ibid.) et c'est la décision d'instituer des conférences épiscopales. L'institution effective des conférences épiscopales dans 11 des12 régions (il ne semble pas y en avoir dans les pays scandinaves) montre que cette décision est bien reçue. Mais les objectifs de cette organisation "transitoire" semblent contradictoires: pour le patriarcat de Constantinople elle permet de maintenir son autorité, puisque les Assemblées sont présidées par ses représentants; par contre pour les tenants de la création d'Eglises autocéphales locales, les conférences épiscopales sont les embryons de futurs synodes d'Eglises indépendantes… Ainsi le débat continue et continuera probablement après le Concile.

Sur l’autocéphalie et les modes de sa proclamation: Le débat porte sur les rôles respectif de l'Église-mère et du patriarcat œcuménique: "les Églises hellénophones (Constantinople, Alexandrie, Jérusalem et l’Église d’Hellade) réprouvent unanimement le droit unilatéral d’une Église à accorder l’autocéphalie à l’une de ses parties, plaçant au premier plan la procédure conciliaire de prise de décision d’autocéphalie", explique Mgr Hilarion (ibid.), alors que Église russe affirme le principe de l’égalité de toutes les Églises, indépendamment de leur ancienneté et de leur origine apostolique et le droit de chaque Église-mère d'octroyer l’autocéphalie à l’une de ses parties.

Lors de la session de la commission préparatoire de décembre 2009, il fut convenu unanimement que la proclamation d’une nouvelle Église autocéphale se fait sur demande de l’Église-mère et par un tomos d’autocéphalie contresigné par les primats de toutes les Églises autocéphales. Il reste alors à élaborer le projet du tomos type d’octroi de l’autocéphalie et à définir le processus de proclamation … mais les discussions qui eurent lieu à Chambésy en février 2011 ne purent aboutir à un consensus sur ces modalités pratiques, "l’initiative de ladite proclamation devant revenir au trône œcuménique", selon les rapports grecs, alors que pour Moscou "la compétence du Patriarcat œcuménique serait limitée en l’espèce à son devoir honorifique d’adresser un message patriarcal à toutes les Églises locales et «rechercher» l’expression d’un consensus panorthodoxe. (…) «en exprimant l’accord de l’Église-Mère et le consensus panorthodoxe, le patriarche œcuménique proclame officiellement l’autocéphalie de l’Église demanderesse par la publication d’un tomos patriarcal», qui est signé obligatoirement par les primats de l’Église de Constantinople et de l’Église-mère et, de façon souhaitable, également par les autres primats" (ibid.)

Ainsi, bien qu’un accord de principe des Églises orthodoxes ait été atteint sur ce thème, les détails concrets restent toujours à définir… et, comme on sait, c'est dans les détails que se cache le diable!

Pour l’autonomie ecclésiale: un certain nombre d’Églises proposaient que les questions de l’octroi de l’autonomie et de l’autocéphalie soient décidées selon une procédure identique à l'autocéphalie, en accord avec le principe conciliaire, le patriarche œcuménique agissant comme le garant de celui- ci.

La délégation de l’Église orthodoxe russe a proposé de différencier les approches et que chaque Église locale ait le droit de décider d’attribuer les droits d’autonomie à l’une ou l’autre de ses parties et de définir l’étendue de ces droits de façon indépendante. Le consensus de toutes les Églises fut atteint là-dessus.

Les dyptiques: l'ordre de ces listes diffère entre les Eglise par le rang des Églises géorgienne et polonaise et par la présence ou l’absence de l’Église orthodoxe en Amérique (OCA); l'Eglise de Chypre souhaite aussi que son rang soit avancé.

Lors du colloque à l'Institut Saint-Serge le père Grigorios D. Papathomas (Théologien, professeur à (Institut Saint-Serge et à la Faculté de théologie d'Athènes) a développé en profondeur «La question des diptyques». Il a relié cette question encore trop peu explorée à celle plus générale de l’ethno-phylétisme dans l’Eglise orthodoxe, et a souligné la priorité des critères ecclésiaux et canoniques sur les intérêts nationaux et politiques.

De son côté Mgr Hilarion précise "qu'aucune décision dans ce domaine ne doit être prise par la pression de la majorité sur la minorité. Il est indispensable de suivre le principe du consensus panorthodoxe… Il ne serait pas inutile que, sur la base d’un consentement universel, soit reconnue la nécessité d’unanimité à ce sujet. Cependant, nous pouvons aussi maintenir la pratique en vigueur, lorsque dans chaque situation concrète prévalent les diptyques de l’Église dans le territoire de laquelle se produit la manifestation ecclésiale concernée." De fait, il apparait bien que ce thème "ne revêt pas une importance pratique aussi importante que, par exemple, les questions de la diaspora, l’autonomie et l’autocéphalie … et son examen a été rapporté plus d’une fois," indique encore Mgr Hilarion, ce qui explique pourquoi aucun consensus n'a encore pu être trouvé (ibid.)

Questions supplémentaires
Comme indiqué dans la partie I, les primats de l'Eglise des Terres Tchèques et de Slovaquie et de l'Église orthodoxe en Amériques (OCA) n'ont participé ni à la synaxe des primats en mars dernier ni à la première réunion de la Commission interorthodoxe spéciale et cela pose évidemment la question du consensus.

L'Eglise des Terres Tchèques et de Slovaquie: (qui a changé de nom au moment de la division du pays en 1993) dépendait de l'Eglise russe après 1945. Celle-ci lui accorda l'autocéphalie en 1951 qui fut reconnue par Constantinople en 1998 mais en se réservant un droit de regard sur l'élection du primat. Cela lui permet de ne pas reconnaitre celle qui eut lieu le 11 janvier dernier et de ne pas inviter cette Eglise. L'Eglise russe a officiellement regretté cette absence…

L'OCA: "c'est peut-être, la question centrale et essentielle du Concile, et s’il se trouvait qu’à la conférence panorthodoxe, les Grecs étaient absolument opposés à l’autocéphalie américaine, il vaudrait peut-être mieux ne jamais convoquer le concile," écrivait l'archevêque Basile Krivochèine. Rappelons que l'OCA est l'ancienne métropole en Amériques de l'Eglise orthodoxe russe qui lui a accordé l'autocéphalie en 1970. Cette autocéphalie n'est pas reconnue par le patriarcat de Constantinople et d'autres Eglises et cette Eglise non plus n'est pas invitée…

Conclusion
Mgr Hilarion concluait ainsi sa conférence de 2011(ibid.): "Aujourd’hui, des voix se font entendre, selon lesquelles un tel concile, en général, est inutile, car on a bien vécu treize siècles sans conciles panorthodoxes, et nous vivrons bien encore autant. Il y a une certaine vérité dans cette position. L’Église orthodoxe reste conciliaire même si les conciles généraux orthodoxes ne sont pas convoqués : il y a en fait d’autres mécanismes de conciliarité, comme les réunions panorthodoxes, l’échange de messages entre les primats, des rencontres de primats, etc. Et si le concile panorthodoxe ne se réunit pas, les Églises locales continueront leur service à Dieu et aux hommes « gardant l’unité dans le lien de la paix » (Éph. 4,3).

Dans le même temps, si aujourd’hui les Églises locales parviennent à dépasser leurs différends internes et témoignent « d’une seule bouche et d’un seul cœur » l’union qui lui est intrinsèquement inhérente, ce sera un événement important et significatif. Cela, indubitablement, renforcera l’interaction panorthodoxe, aidera à formuler et à faire connaître la position panorthodoxe au sujet de toute une série de questions actuelles, cela rendra l’Église orthodoxe plus forte et capable de répondre aux défis du temps. Le saint et grand concile de l’Église orthodoxe peut devenir un véritable triomphe de l’orthodoxie, à condition, naturellement, que, dans un esprit authentiquement fraternel et de respect mutuel, soient pris en compte les convictions, traditions et points de vue de toutes les Églises orthodoxes locales.

Permettez-moi de terminer mon intervention par les paroles du métropolite Nicodème, prononcées en 1961 à la première réunion préparatoire panorthodoxe à Rhodes et qui, cinquante ans après, a gardé son actualité : « Nous sommes confrontés à une tâche grande et difficile. Mais nous n’en avons pas peur et n’en sommes point effrayés, car notre entreprise est une œuvre de Dieu. Nous croyons, que le Seigneur renforcera et complètera nos modestes forces, nous conduira sur la voie de la vérité et nous aidera à accomplir notre haut fait pour le bien et la gloire de l’Église une, sainte, catholique et apostolique ».

Note du rédacteur V.Golovanow:
(1) Il s'agit des tables calculant les dates de Pâques adoptées par le concile de Nicée en 325
(2) Cf. "Messager de l'Église orthodoxe russe" numéro 25, avril-juin 2014, p. 43-47

Dossier complet "Messager de l'Église orthodoxe russe" consacré à la préparation du concile panorthodoxe


Rédigé par Vladimir Golovanow le 17 Novembre 2014 à 10:21 | 4 commentaires | Permalien

La visite du patriarche Cyrille à Belgrade souligne l’unité spirituelle des peuples russe et serbe
Le 14 novembre 2014, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a entamé une visite officielle à l’Église orthodoxe serbe. Il s’agit de la deuxième visite officielle en Serbie du patriarche Cyrille depuis son élection, en janvier 2009. L’année dernière, il avait séjourné à Niš pour assister aux cérémonies des 1700 ans de la signature de l’Édit de Milan.

En accueillant le primat de l'Eglise russe le patriarche de Serbie Irénée l'a remercié de sa visite irénique, soulignant l’ancienneté et la fraternité des liens unissant la Serbie et la Russie. Le Patriarche Cyrille aussi évoqué les liens historiques unissant les deux peuples, également liés par une foi commune.

Le patriarche Cyrille s’est ensuite rendu au Rectorat de l’Université de Belgrade où il a été fait doctor honoris causa, puis il a présidé une liturgie dans la cathédrale de la capitale (Saborna Crkva.

La visite du patriarche Cyrille à Belgrade souligne l’unité spirituelle des peuples russe et serbe

Cette visite sera aussi marquée par un moment d'un grand contenu émotionnel pour tous les patriotes des deux pays: la bénédiction, samedi, du monument dédié au saint empereur martyr Nicolas II. C'est un acte symbolique fort qui souligne une fois doit l’unité spirituelle des peuples russe et serbe. C'est en effet l'empereur Nicolas II qui avait déclaré la mobilisation partielle contre l’Autriche-Hongrie le 29 juillet pour défendre la Serbie après que l'Autriche lui ait déclaré la guerre…

Source: et ICI
La visite du patriarche Cyrille à Belgrade souligne l’unité spirituelle des peuples russe et serbe

Rédigé par Vladimir Golovanow le 15 Novembre 2014 à 15:21 | 2 commentaires | Permalien

21 novembre a 19h30 : pere Hildo Bos  - "Orthodoxie, culture et la jeunesse dans l'immigration"
Une conférence sur les mouvements et des activités des jeunes dans l'immigration, présentée par prêtre Hildo Bos (Pays-Bas) aura lieu à l'Église des Trois Saints Docteurs. On espère de vous y voir nombreux à venir, des débats intéressants et de nouveaux projets pourraient naître!

21 novembre a 19h30 : pere Hildo Bos  - "Orthodoxie, culture et la jeunesse dans l'immigration"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Novembre 2014 à 17:54 | 0 commentaire | Permalien

La nouvelle église orthodoxe de "Ground Zero" à New York
L’emplacement où sera reconstruite l'église orthodoxe de St. Nicolas au World Trade Center a été béni le 18 0ctobre dernier (article et vidéo ici). Fondée en 1916, la petite église de St Nicholas est le seul édifice cultuel qui a été détruit le 11 septembre 2001. Elle avait été complètement ensevelie sous les décombre de la tour sud et sera reconstruite tout près de son emplacement d'origine. VIDEO


La nouvelle église orthodoxe de "Ground Zero" à New York
L'ancienne église St. Nicolas et le nouveau projet

L'architecture de la nouvelle églisea été confiée à Santiago Calatrava architecte espagnol tres connu. Ce sera "une évolution moderne du style byzantin": une visite virtuelle est proposée dans la vidéo

La nouvelle église orthodoxe de "Ground Zero" à New York
Le projet intérieur Photos ICI et Lien

La nouvelle église orthodoxe de "Ground Zero" à New York
Architecte, artiste, et ingénieur, Santiago Calatrava Valls est mondialement connu sous le nom de Santiago Calatrava. Calatrava a suivi des études primaires et secondaires à Valence. À 8 ans, il entre à l'école des arts et métiers pour y apprendre le dessin et la peinture. Quand il a 13 ans, sa famille profite de l'ouverture des frontières pour l'envoyer à Paris dans le cadre d'un échange étudiant. Plus tard....SUITE

C'est impressionnant mais je ne suis pas convaincu par ce style visiblement à la mode. V.G.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 14 Novembre 2014 à 10:16 | Permalien

 Saints Cosme et Damien (+287)
Nés au Ille siècle en Arabie, d'une mère chrétienne, Côme et Damien sont jumeaux et ils ont trois frères cadets, qui subiront le martyre en même temps qu'eux. Après être allés en Syrie pour y étudier la médecine, les jumeaux reviennent dans leur ville natale pour exercer leur art; ils ne veulent pas recevoir d'honoraires, respectant en cela le précepte du Maître :«Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » S'ils n'acceptaient pas d'argent, il leur arrivait parfois d'accepter des dons en nature, mais seulement si leur refus risquait de blesser le malade qu'ils avaient guéri.

Le Seigneur avait accordé à ses fidèles serviteurs le don des miracles et ils guérissaient toute sorte de maladies, rendant la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, l'usage de leurs jambes aux paralysés, guérissant aussi les âmes et exorcisant les possédés. Les guérisons extraordinaires réalisées par les soins de Côme et Damien n'étaient pas passées inaperçues et leur renommée était parvenue aux oreilles du proconsul Lysias, qui désira les connaître.

Apprenant de leur bouche qu'ils étaient chrétiens, il exigea qu'ils sacrifient aux idoles. Bien que sachant ce qu'il leur en coûterait, les médecins chrétiens refusèrent catégoriquement, et le proconsul présida lui-même le tribunal qui les condamna à mort ainsi que leurs trois frères. Après avoir essayé en vain plusieurs supplices (feu, noyade, lapidation), le proconsul finit par les faire décapiter. C'était en l'an 287, le 27 septembre.

Les miracles obtenus par l'intercession des saints Côme et Damien ont continué après leur mort, et en si grand nombre que leur culte s'est répandu très rapidement dans tout l'empire romain

. La plus grande partie de leurs restes furent rapportés à Rome et déposés dans l'ancien temple de Romulus, transformé en une église qui leur fut dédiée. Les crânes des deux frères, qui étaient restés en Orient, ont été rapportés à Brageac par Guy et Raoul de Scorailles, seigneurs voisins, à leur retour de croisade. Conservés à l'origine dans un somptueux reliquaire émaillé, les "chefs" des saints Côme et Damien sont aujourd'hui conservés dans une châsse, qui fait partie du trésor de Brageac. Le jour de leur fête, ces reliques sont mises dans des bustes-reliquaires en bois polychrome. (Tiré de Stella Maris, Louis Couëtte)b[

Rédigé par l'équipe de rédaction le 14 Novembre 2014 à 06:00 | 2 commentaires | Permalien

Conférence de M. Jean-Michel Wilmotte sur l'architecture du Centre culturel et spirituel orthodoxe russe à Paris
L'architecte du Centre, M. Jean-Michel Wilmotte, donnera une conférence sur ce projet à la Mairie du 7e arrondissement de Paris:

Jeudi 20 novembre 2014 à 18h Salle des mariages- 116, rue de Grenelle - 75007 Paris

Le Centre spirituel et culturel orthodoxe russe est aujourd’hui en cours de construction, quai Branly à Paris. Comprenant, en plus de l’église orthodoxe, un centre culturel, un centre paroissial et une école primaire franco-russe, ce futur projet emblématique dans le paysage parisien amène des questions sur la manière la plus juste d'aborder une telle intervention architecturale.

Comment un bâtiment à usage public, figure de proue d'une nouvelle identité culturelle à Paris, peut-il s'intégrer dans un cadre urbain contraint, remarquable et empreint d'histoire comme celui des berges de la Seine? LIEN

L'architecte Jean-Michel Wilmotte va redessiner l'église orthodoxe russe du quai Branly!

Conférence de M. Jean-Michel Wilmotte sur l'architecture du Centre culturel et spirituel orthodoxe russe à Paris

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 12 Novembre 2014 à 21:34 | Permalien

La préparation du Concile:  Modification de l'environnement (I)
Vladimir GOLOVANOW

"Si ce Concile permet à chaque Eglise de faire connaitre et respecter sa position, ce sera un facteur d'unité de l'Eglise orthodoxe, qui contribuera à approfondir et à élargir les relations entre les Eglises locales et aussi à régler les questions, incompréhensions et problèmes qui existent dans ces relations." Mgr Hilarion de Volokolamsk

« Le grand concile que nous préparons permettra au peuple de notre Eglise de mieux vivre sa foi. Il s’efforcera non seulement d’adapter à l’homme d’aujourd’hui notre Tradition, mais de rendre à celle-ci sa force d’inspiration et de renouveau.» Patriarche de Constantinople Athënagoras 1er

Reprise du processus préconciliaire


"Une commission interorthodoxe commencera son travail dès septembre 2014 et travaillera jusqu’à la sainte Pâque 2015. Une consultation panorthodoxe préconciliaire s’ensuivra au cours du premier semestre de 2015" avait décidé la synaxe des primats en mars dernier". Et la première réunion de la "Commission interorthodoxe spéciale pour la préparation du Concile panorthodoxe" s’est donc déroulée du 30 septembre au 3 octobre à Chambésy confirmant la poursuite du processus relancé par la synaxe. Pourtant un grand nombre d'Orthodoxes doutent de la tenue du Concile panorthodoxe, voire le rejettent, comme le montrent d'ailleurs les réponses au sondage en cours sur le forum...

Soulignant que « le futur synode ne pouvait être appelé œcuménique ni mis sur le même plan que les sept Conciles œcuméniques sur lesquels est fondée notre sainte foi orthodoxe » a dit le métropolite Hilarion de Volokolamsk, représentant de l’Église orthodoxe russe à la Commission spéciale (1), et il a souhaité que le Concile soit « un évènement qui unisse nos Églises, et permette de clarifier des positions communs sur certains problèmes d’actualité portés à l’ordre du jour du futur concile » (mospat.ru, 30/09/2014). L’Église orthodoxe russe « accorde une grande importance au processus de préparation » et « considère comme une étape importance le travail de la commission qui devra réexaminer les documents préparés précédemment, supposant qu’il fallait « non seulement les réviser, mais y apporter de sérieuses modifications, qui rendront ces textes véritablement d’actualité » a-t-il ajouté (ibid.).

(1) Voir aussi l'explication que donne là-dessus l'archevêque Basile Krivocheine dans sa lettre au métropolite Juvénal de Toula. In "Messager de l'Église orthodoxe russe" no 25, avril juin 2014, éditions Sainte Geneviève, 91860. P. 43

Mgr Basile a dit: "La question [qui se pose]est celle de l’utilité de la convocation d’un concile panorthodoxe et non œcuménique, non parce que nous n’aurions pas le droit de convoquer un concile œcuménique sans les catholiques (c’est absurde, car l’Église orthodoxe n’a pas perdu sa plénitude), mais parce que nous n’y sommes pas prêts et qu’il n’y a pour cela aucune nécessité théologique. Ce n’est que l’avenir qui pourra déterminer si ce concile est œcuménique ou est un « brigandage <....> "La seule question théologique dont devrait s’occuper le futur concile est la reconnaissance en tant que VIII eœcuménique du concile de 879-880 sous le pape Jean VIII et le patriarche Photius, auquel toute l’Église — tant orientale qu’occidentale — était représentée pour la dernière fois, et où le Symbole de Nicée-Constantinople fut proclamé en commun sans le Filioque". Il convient aussi d’accorder une reconnaissance panorthodoxe aux conciles de Constantinople de 1341 et de 1351 qui approuvèrent la doctrine théologique de saint Grégoire Palamas, insuffisamment ancrée encore dans la conscience de nombreux orthodoxes.

En complément du numéro 25 du "Messager de l'Église orthodoxe russe", qui consacre un dossier à l'avancement des travaux de préparation (p. 36-61), nous voudrions répondre à ces doutes et interrogations par l'analyse suivante qui éclaire la façon dont ont été abordés les différents thèmes lors des réunions préconciliaires qui suivirent. Nous reprenons les différents points de l'ordre du jour adopté par la 1ère conférence préconciliaire de Chambésy (1976; ibid. "Messager" p. 41) sur la base des informations détaillées données par le métropolite Hilarion de Volokolamsk le 3/11/2011. En conclusion nous suggérons quelques clés pour interpréter la suite de la nouvelle étape préparatoire qui s'est ouverte.

Les textes mis au point précédemment doivent servir de base à cette préparation, mais il y a deux phénomènes qui obligent à les reprendre en profondeur:

1. La modification de l'environnement général qui va modifier les priorités sur des textes précédemment acceptés à l'unanimité:

- Pour ce qui concerne les relations avec les hétérodoxes

- Sur les questions sociétales

- Sur le rapport de l'Orthodoxie à la politique mondiale


2. Les différences d'approches entre les Eglises qui rendent très difficile l'obtention du consensus sur certains thèmes.

Cette première partie de l'étude sur la préparation du concile propose une analyse du premier aspect, le second étant étudié dans la deuxième partie.

Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien:

Les deux documents adoptés en 1986 sur "Les dialogues bilatéraux" et "le Conseil Œcuménique des Eglise (COE)" sont les premiers qui ont été revus par la Commission spéciale: "La Commission a révisé les projets de documents du Concile panorthodoxe adoptés en 1986, lors de la III Conférence préconciliaire panorthodoxe, sur la question des relations interchrétiennes, en tenant compte des changements significatifs qui ont eu lieu durant les dernières décennies au sein de nombreuses dénominations protestantes" (mospat.ru 04/10/2014).) Ce thème nécessitait évidement un réexamen et l'Eglise avait proposé que les «Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie», adoptés en 2000 par son Concile épiscopal, soient pris en compte dans les projets révisés des résolutions panorthodoxes.

Lors d'un colloque organisé à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge (Paris) en 2012 Tamara Grzelidze (Église Orthodoxe de Géorgie, Commission œcuménique "Foi et Constitution") a évoqué l’engagement des orthodoxes en faveur du dialogue œcuménique, tout en signalant une certaine ambiguïté dans cet engagement, comme il ressort de plusieurs déclarations et documents orthodoxes officiels. Les orthodoxes font preuve d’une fluctuation permanente entre des modèles ecclésiologiques exclusivistes et des approches plus "inclusivistes"(2). Selon elle, le futur concile panorthodoxe devra se pencher à nouveau sérieusement sur la question de la coresponsabilité des Eglises orthodoxes territoriales «à la lumière de l’ecclésiologie eucharistique orthodoxe et de ses implications œcuméniques» cf. "Contacts" No 243,juillet-décembre 2013.

Il est probable aussi que les deux "réunions au sommet" entre le Pape de Rome et le patriarche de Constantinople qui se sont tenues en 2014 à Jérusalem (25 mai) et à Istanbul (prévue fin novembre) ainsi que le blocage du dialogue théologique vont renouveler le débat au sein de l'Orthodoxie.

(2) Pour les théologiens orthodoxes
"l'inclusivisme" reconnait d'une grâce incomplète chez les autres confessions chrétiennes alors que l'exclusivisme ne leur en reconnait commune, réservant l'exclusivité de la grâce aux Eglise orthodoxes canoniques…

Questions sociétales

Le point sur les empêchements canoniques au mariage donna lieu à deux textes consensuels en 1971 et 1972:

- Sur les empêchements canoniques proprement dits (degrés de parenté, mariage des clercs et des moines, remariage) les pratiques existantes sont unifiées en précisant que «dans la question des empêchements au mariage, l’Église doit prendre également en considération les dispositions de la législation civile locale, mais cela va de soi, dans les limites de la tolérance possible du côté de l’Église»

- Sur la question des mariages mixtes: l’acribie canonique s'oppose au mariage des orthodoxes avec les hétérodoxes, mais l'Eglise "peut cependant le bénir par condescendance et humanité sous la condition définie que les enfants de ce mariage soient baptisés et éduqués dans l’Église orthodoxe". Les Églises orthodoxes locales autocéphales peuvent prendre leurs décisions, relativement à l’application de l’économie, dans des cas individuels, en fonction de leurs besoins pastoraux particuliers. "Le mariage entre orthodoxes et fidèles des autres religions ou des non-croyants est absolument interdit… Mais en cas de tels mariages, les Églises orthodoxes locales autocéphales peuvent néanmoins appliquer l’économie pastorale au conjoint orthodoxe, en fonction de leurs besoins pastoraux particuliers" (ibid. conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk)

Mais les questions de la vie et de la famille s'invitent dans le débat, comme le mentionne le "Message de la synaxe" de mars dernier, et il est très probable que des textes seront élaborés sur ces sujets comme l'a déjà fait l'Eglise russe dans "Les Bases de la conception sociale de l’Eglise orthodoxe russe" (ch. X. "Morale personnelle, familiale et sociale"), adoptées au Concile épiscopal jubilaire de l’an 2000 (Cf. traduction français de H. Destivelle, éditions du Cerf 2007) et ce d'autant plus que le dernier synode de l'Eglise catholique, où des prélats orthodoxes sont intervenus en qualité d'invités, portait sur ces questions.

Politique mondiale

Le point "Contribution des Eglises orthodoxes à la réalisation des idéaux chrétiens de paix, de liberté, de fraternité et d'amour entre les peuples, et à la suppression des discriminations raciales" fut aussi discuté en 1986. Le document adopté aborde les thèmes de la conception chrétienne du monde, de la dignité de la personne humaine, de la liberté de l’homme, de la question nationale… mais ils portent la marque de l'époque et le document se focalise sur le désarmement universel (ibid. conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk)

Là aussi, comme l'indique le "Message de la synaxe", des développements nouveaux seront probablement introduits pour mettre l'accent sur la vague de persécutions sans précédent qui touche actuellement les Chrétiens et introduire le thème de l'environnement dont le patriarche de Constantinople Bartholomée est un fervent défenseur (il a ainsi fait adopter par le saint synode de Constantinople la décision de consacrer un dimanche à la fête de la création). L’homme est le porteur de l’image du Maître de maison céleste et comme tel doit, selon saint Grégoire de Nysse, montrer sa dignité royale non pas dans la domination violente sur le monde environnant mais en «cultivant» et «gardant» (Gn 2, 15) le royaume sublime de la nature, dont il répondra devant Dieu" écrit l'Eglise russe, de son côté dans "Les Bases de la conception sociale de l’Eglise orthodoxe russe" (ibid. ch. XIII. "Eglise et écologie").

"Je pense que l'importance de ce concile ne consistera pas tant dans ses décisions que dans le fait même de sa convocation: les évêques des différentes Églises se réuniront pour discuter des questions actuelles et exprimer leur soutien aux Chrétiens persécutés du Proche-Orient et dans d'autres régions et pays. J'estime que tout cela deviendra un facteur significatif qui renforcera notre unité orthodoxe" dit le métropolite Hilarion de Volokolamsk. "Messager de l'Église orthodoxe russe" No 25, p. 61.

Il semble probable que le consensus recherché sera trouvé sur les questions que nous venons d'analyser. Les autres points, par contre, qui vont du calendrier au jeune et à l'organisation de l'Eglise, ont montré de profondes divergences lors des débats précédant et au cours des derniers mois. C'est l'analyse de ces divergences qui fera l'objet de la deuxième partie de cette étude.


Rédigé par Vladimir Golovanow le 11 Novembre 2014 à 15:54 | 3 commentaires | Permalien

La Commission préparatoire au concile panorthodoxe se réunit à nouveau le 30 septembre 2014 à Chambésy. Pensez-vous que:

C'est une bonne chose. J'attends avec impatience la tenue du concile panorthodoxe. 33.53%

C'est stérile. Le concile ne sera pas convoqué dans l'avenir proche. 57.27%

Cela ne me concerne pas. 4.75%

Je ne sais pas de quoi il s'agit. 4.45%


337 Votant(s)

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Novembre 2014 à 15:35 | 1 commentaire | Permalien

L'Eglise de Roumanie est la deuxième plus importante des Eglise orthodoxes. Férocement réprimée sous le régime Ceausescu, qui fit détruire bon nombre d'églises elle connaît un renouveau indéniable depuis 1989 et la chute de la dictature communiste.

Avec dix nouvelles églises chaque mois, soit une tous les trois jours, plus une immense cathédrale en construction dans la capitale Bucarest, la Roumanie vit depuis quelque temps un véritable « boom » de la construction d'églises. Mais le poids de la religion dans la vie quotidienne des 21 millions de Roumains suscitent une opposition parfois virulente - sur la séparation de l'Église et de l'État, ou plus exactement sur le financement de l'Église par l'État. (1)

Par ailleurs, de nombreux ecclésiastiques ont été obligés de collaborer avec la police secrète du régime. Le plus connu d'entre eux fut le métropolite de Timisoara et du Banat Nicolae qui vient d'être rappelé en Dieu.

Nouvelles du patriarcat de Roumanie
L’Eglise orthodoxe ne connaît pas la crise

La nouvelle cathédrale

Derrière le Palais du Peuple, sur un terrain de onze hectares offert par l’État, des dizaines de grues s’affairent. Dans quelques années, la plus grande cathédrale du pays se dressera ici. Dénommée « Cathédrale du Salut de la Nation », ce projet pharaonique a été lancé au début des années 2000 par le patriarche Teoctist, décédé en 2007.

La cathédrale pourra accueillir plus de 5 000 fidèles et sa coupole sera plus haute que le Palais du Peuple, bâti au temps de Ceaușescu, ce qui en fera l’édifice le plus élevé du pays. Elle sera aussi entourée d’une bibliothèque, d’un hôtel pour les pèlerins, ainsi que de la résidence du chef de l’Église orthodoxe roumaine. Le tout sur trois niveaux.

Tout cela a un prix, qui n’est d’ailleurs pas encore bien fixé. Le budget initial prévoyait 400 millions d’euros, mais l’Église orthodoxe a depuis indiqué via des communiqués de presse que le coût serait plutôt de 200 millions d’euros, puis finalement de 100 millions, mais sans les finitions. Une somme impossible à vérifier, le secrétariat d’Etat aux cultes n’ayant pas su nous éclairer sur ce budget revu à la baisse, fait rare dans la construction.

Une Sagrada Familia à Bucarest ?

Ce qui est sûr, et qui agace les associations laïques, c’est qu’une partie de la somme sera payée par l’État roumain. Alexandru Toma Pătrașcu, vice-président de l’Association laïque et humaniste, s’indigne contre cette immixtion de l’État dans les affaires de l’Église. « Nous ne nous opposons pas à la construction de cet édifice, mais à la participation financière de l’État. Environ 32 millions d’euros ont été récoltés par l’État, les mairies et les conseils départementaux. Sans compter le terrain dont le prix est estimé à près de 200 millions d’euros. »

Du côté des citoyens, les avis sont mitigés. Selon un sondage réalisé en 2011 par la fondation Soros, 61% des Roumains étaient favorables à la construction de cette cathédrale. Mais 58% refusaient la participation financière de l’État au projet.

Pour les pratiquants, cette construction est surtout un bon moyen de faire rayonner un peu plus la capitale roumaine. « La cathédrale pourra accueillir énormément de fidèles, Bucarest deviendra encore un peu plus une ville symbole de l’orthodoxie », se félicite Caterina, une grande blonde à la chevelure cachée sous un voile blanc, croisée à l’entrée d’une église. Même son de cloche du côté d’Alexandra, étudiante en musicologie. « On dit toujours qu’il y a beaucoup d’églises à Bucarest. Certes, il y en a pas mal mais elles sont souvent petites et vétustes. Cette cathédrale moderne va nous offrir un nouveau souffle. »

Prêt à entrer dans une église de l’avenue Victoriei, Marius, la trentaine bien tassée, se montre quant à lui plus mitigé sur sa construction. « Je ne suis pas contre, mais j’ai peur que ça ne reste qu’une belle idée. Ca parait tellement démesuré qu’il ne faudrait pas que ça finisse comme la Sagrada Familia (cathédrale barcelonaise en chantier depuis 1882, NDLR). Ce serait dévastateur pour les fidèles car beaucoup d’entre eux l’attendent ».

Deux fois le budget de la recherche

Dans un pays où plus de 87% de la population est orthodoxe, l’influence de l’Église ne se limite pas à la seule sphère religieuse. Elle jouit aussi d’une vraie influence politique et sociétale, favorisée par son statut particulier.

Ses activités économiques sont exemptées d’impôts et c’est l’État, bien que laïque, qui finance les salaires des popes et des professeurs d’éducation religieuse. Pour exemple, l’Église possède plus de 8 500 hectares de terres agricoles, pour lesquels elle a reçu 5 millions d’euros de subventions. Chaque année, elle reçoit de l’État l’équivalent de 0,4% du PIB, soit 540 millions euros. Deux fois plus que la recherche.

L’Église intervient aussi sur les questions d’éducation. En 2009, elle a notamment réussi à faire supprimer la théorie évolutionniste des manuels de biologie. Sa capacité d’influence s’étend aussi à la politique. Très implantée dans les campagnes, elle se fait le relais des dirigeants politiques dans les endroits reculés. « Durant les périodes électorales, les politiciens rendent des visites intempestives au patriarcat. Ils ne le feraient pas s’ils n’avaient pas d’avantages directs à en retirer », lance Alexandru Toma Pătrașcu.

Son association milite ainsi pour la création d’une loi de contribution volontaire pour l’Église. « Cela reviendrait à couper les financements publics, qui ne sont pas transparents. Et à les remplacer par une taxe payée volontairement par les croyants ». Une idée toujours au stade de projet, et qui pourrait bien le rester, tant l’Église orthodoxe semble inextricablement liée au pouvoir.

***
L'archevêque de Timisoara Nicolae (Corneanu) rappelé à Dieu (2)

L'archevêque Nicolae s'est endormi dans le Seigneur le 28 Septembre 2014, à 90 ans. Timisoara (Roumanie) est la capitale Bana, une des régions historiques les plus multinationales et multi-religieuses d'Europe qui est actuellement partagée entre trois pays: la Roumanie, la Hongrie et la Serbie. Pendant le demi-siècle de son ministère épiscopal (il avait été sacré en 1962), Mgr Nicolae est devenu une sorte de symbole de Timisoara, en quelque sorte en parallèle à la soi-disant révolution, ses victimes, chantres et les bénéficiaires après Décembre 1989 (3).

Un prélat controversé

Mgr Nicolae avait communié à la messe catholique célébrée par le nonce apostolique à Bucarest lors de la consécration d'une nouvelle église grecque-catholique le 25 mai 2008 à Timisoara. Cette démarche fut condamnée par le synode en Juin, certains membre du synode demandant la suspension de l'archevêque Nicolae. Ce dernier a présenté ses excuses et le synode a expressément interdit toute forme de concélébration de prêtres orthodoxes aux messes catholiques. Il faut aussi ajouter que Mgr Nicolae, seul évêque orthodoxe en qu'en 1990, avait rendu leur cathédrale aux grecque-catholiques, très précisément à Mgr Ioan Ploscaru à Lugoj, nommé juste après la «révolution».

Le métropolite Nicolae avait été privé du droit de délivrer des documents de l'Eglise orthodoxe après d'autres gestes jugés «non orthodoxes». Il est le seul hiérarque de l'Église Roumaine à avoir publiquement admis sa coopération avec le service de sécurité, la Securitate, et il a présenté ses excuses à tous ceux qui en ont été les victimes. Il a quitté ses fonctions et s'est retiré dans monastère en 2011.

Partisan de l'œcuménisme
Mgr Nicolae était le seul hiérarque roumain à soutenir la démarche œcuménique du pape, en particulier Jean-Paul II.

Note de VG:
(1) Source: l'article de Balcan courriers .courriers.info ci-après.
(2) D'après ROMAN WYBORSKI
(3) "Le faux charnier de Timisoara est sans doute la plus importante tromperie depuis l’invention de la télévision". Cf

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BUCAREST - L'Eglise orthodoxe roumaine, réputée pour son conservatisme, est entrée de plain-pied dans l'ère des nouvelles technologies. Les fidèles peuvent désormais envoyer leurs prières par l'internet, chercher leur âme soeur sur des sites dédiés et suivre en ligne les funérailles de proches.

Depuis 2007 déjà, avec l'arrivée du dynamique patriarche Daniel, 59 ans, à la tête de l'Eglise, la parole de Dieu était souvent prêchée sur les ondes, le patriarcat ayant lancé son propre groupe de presse, Basilica, incluant radio, télé, agence de presse et journaux. L'"Eglise en ligne" a pris de l'ampleur avec la création d'une multitude de sites propageant les bonnes paroles des saints et favorisant les échanges entre internautes qui partagent la même foi.

.L'un des sites les plus populaires, www.crestinortodox.ro (100.000 visiteurs par semaine), a franchi un pas de plus, en proposant aux fidèles d'envoyer leurs prières pour les morts via l'internet... SUITE Angop

Nouvelles du patriarcat de Roumanie

Rédigé par Vladimir Golovanow le 10 Novembre 2014 à 10:19 | 5 commentaires | Permalien

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