Plateforme libre de discussion
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Dans le cadre d’une réunion de Conseil panukrainien des Eglises et des associations religieuses tenue le 28 juillet dernier à Kiev le président P. Porochenko a déclaré : « L’Ukraine a besoin d’une Eglise orthodoxe locale unie. Ce sont les fidèles eux-mêmes qui doivent en premier lieu faire de sorte à ce que soient surmontées les divisions existantes. En tant que chef de l’Etat je donne l’assurance que les autorités publiques n’exerceront pas de pressions et n’auront pas recours à de quelconques mesures coercitives en vue d’accélérer la formation d’une Eglise orthodoxe unie.
La paix interconfessionnelle nous est aussi chère que la prunelle de nos yeux. Nous nous réjouissons de constater un mieux dans les tendances vers le rapprochement. Nous ne pouvons que nous attrister quand les petites ambitions de certains hiérarques nous éloignent du moment de la formation d’une Eglise autocéphale unie ».
La paix interconfessionnelle nous est aussi chère que la prunelle de nos yeux. Nous nous réjouissons de constater un mieux dans les tendances vers le rapprochement. Nous ne pouvons que nous attrister quand les petites ambitions de certains hiérarques nous éloignent du moment de la formation d’une Eglise autocéphale unie ».
Des représentants du patriarcat de Constantinople assistaient à la réunion. Ils ont exprimé l’espoir de voir se poursuivre le processus de rapprochement entre les diverses entités ecclésiales.
Rappelons que le prétendu « patriarcat de Kiev » ainsi que l’église autocéphale d’Ukraine avaient décidé de tenir en septembre 2015 un concile d’unification Ce concile n’aura pas lieu.
Interfax religion et ICI Traduction "PO"
Rappelons que le prétendu « patriarcat de Kiev » ainsi que l’église autocéphale d’Ukraine avaient décidé de tenir en septembre 2015 un concile d’unification Ce concile n’aura pas lieu.
Interfax religion et ICI Traduction "PO"
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 29 Juillet 2015 à 19:16
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A la veille des célébrations du millénaire du trépas de saint Vladimir, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est adressé au Président de la Fédération de Russie V. V. Poutine et au Président de l’Ukraine P. A. Porochenko, leur adressant une lettre dans laquelle il exprime la profonde inquiétude du Primat de l’Eglise orthodoxe russe devant les évènements en cours dans l’est de l’Ukraine.
« La signature des accords de paix de Minsk avait suspendu l’escalade du conflit et permis d’espérer l’arrêt total de la lutte entre les partis belligérants. Malheureusement, les opérations militaires, bien que dans une moindre envergure, se poursuivent jusqu’à aujourd’hui. Le sang coule en Ukraine, des gens meurent » dit le message du Patriarche.
« La signature des accords de paix de Minsk avait suspendu l’escalade du conflit et permis d’espérer l’arrêt total de la lutte entre les partis belligérants. Malheureusement, les opérations militaires, bien que dans une moindre envergure, se poursuivent jusqu’à aujourd’hui. Le sang coule en Ukraine, des gens meurent » dit le message du Patriarche.
Sa Sainteté insiste dans sa lettre sur le sort de la population civile vivant dans la zone des confrontations armées, soulignant : « Les vieillards, les enfants, les handicapés sont particulièrement fragiles. Tous n’ont pas la force ni la possibilité de quitter les lieux où ils vivent. Et malheureusement, tous ne survivent pas dans ces conditions épouvantables. Certains périssent sous les tirs d’artillerie, d’autres meurent de faim ou de maladie à cause de l’absence de médicaments et de conditions de vie décente. »
Sa Sainteté le Patriarche Cyrille poursuit : « L’Eglise aide de son mieux les victimes des deux côtés. De ferventes prières sont élevées lors de chaque office dans tous les lieux de culte de l’Eglise orthodoxe russe pour le retour de la paix. Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine et l’Eglise orthodoxe ukrainienne qu’il préside font tout leur possible pour la réconciliation et le rétablissement de l’unité du peuple. »
En même temps, constate le Primat, on ne peut assurer la sécurité de la population civile de la région que « par l’arrêt total des opérations militaires, la stricte application des accords de Minsk et l’organisation d’un dialogue direct entre toutes les parties intéressées dans le conflit. »
En ces jours où l’Eglise vénère la mémoire « du Baptiste de la Sainte Russie, qui posa les fondements de l’unité spirituelle des peuples russe et ukrainien, qui nous enseigna l’amour chrétien et le pardon », Sa Sainteté prie « douloureusement et de tout coeur, au nom de toute l’Eglise orthodoxe russe », les Présidents de Russie et d’Ukraine « d’employer tous leurs efforts pour que cesse ce bain de sang » MOSPAT
Sa Sainteté le Patriarche Cyrille poursuit : « L’Eglise aide de son mieux les victimes des deux côtés. De ferventes prières sont élevées lors de chaque office dans tous les lieux de culte de l’Eglise orthodoxe russe pour le retour de la paix. Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine et l’Eglise orthodoxe ukrainienne qu’il préside font tout leur possible pour la réconciliation et le rétablissement de l’unité du peuple. »
En même temps, constate le Primat, on ne peut assurer la sécurité de la population civile de la région que « par l’arrêt total des opérations militaires, la stricte application des accords de Minsk et l’organisation d’un dialogue direct entre toutes les parties intéressées dans le conflit. »
En ces jours où l’Eglise vénère la mémoire « du Baptiste de la Sainte Russie, qui posa les fondements de l’unité spirituelle des peuples russe et ukrainien, qui nous enseigna l’amour chrétien et le pardon », Sa Sainteté prie « douloureusement et de tout coeur, au nom de toute l’Eglise orthodoxe russe », les Présidents de Russie et d’Ukraine « d’employer tous leurs efforts pour que cesse ce bain de sang » MOSPAT
КИЕВ: Молебен на Владимирской горке в честь 1000-летия преставления святого князя Владимира. 27.07. 2015г.
Kiev, rives du Dniepr, moleben le jour du 1000e anniversaire du rappel à Dieu de Saint Vladimir! Toutes les Églises orthodoxes autocéphales étaient représentées. Vladimir le BEAU SOLEIL (980-1015): Il est l'une des grandes figures de la Russie médiévale, tant d'un point de vue politique que spirituel.
Regardez sur "PO" « Le deuxième Baptême de la Russie » un film du métropolite Hilarion (Alfeyev) Participent à ce film le patriarche Cyrille, les hiérarques de l’Eglise orthodoxe russe en Russie, en Ukraine, en Biélorussie, en Moldavie, en Estonie, en Asie Centrale, au Kazakhstan ainsi que d’autres pays. Le film montre des scènes de prise de vœux monacaux, d’ordination de prêtres, des séquences avec le célèbre starets Ioan (Krestinakine). Le starets Iliem nous fait part d’une parabole.
Kiev, rives du Dniepr, moleben le jour du 1000e anniversaire du rappel à Dieu de Saint Vladimir! Toutes les Églises orthodoxes autocéphales étaient représentées. Vladimir le BEAU SOLEIL (980-1015): Il est l'une des grandes figures de la Russie médiévale, tant d'un point de vue politique que spirituel.
Regardez sur "PO" « Le deuxième Baptême de la Russie » un film du métropolite Hilarion (Alfeyev) Participent à ce film le patriarche Cyrille, les hiérarques de l’Eglise orthodoxe russe en Russie, en Ukraine, en Biélorussie, en Moldavie, en Estonie, en Asie Centrale, au Kazakhstan ainsi que d’autres pays. Le film montre des scènes de prise de vœux monacaux, d’ordination de prêtres, des séquences avec le célèbre starets Ioan (Krestinakine). Le starets Iliem nous fait part d’une parabole.
Le patriarche Cyrille et Tatiana Golikova, responsable de la Chambre des comptes de la Fédération de la Russie, ont signé le 24 juillet dernier un accord de coopération. Le patriarche a dit dans son allocution prononcée lors de la signature de l’accord :
« L’Eglise n’a aucun pouvoir temporel et n’a pas vocation à procéder à des vérifications ou même de juger. Nous avons affaires aux âmes et nous ne disposons pas des moyens temporels qui permettent de juguler la corruption. La Chambre des comptes est de nos jours la seule entité susceptible de contrôler la manière sont utilisées les ressources budgétaires de l’Etat. La corruption, ou plus simplement parlant le vol, a une action délétère sur la personnalité. Si la corruption prend une envergure importante c’est au tissu social qu’elle s’attaque en sapant les fondements de l’Etat. La Chambre des comptes est à même d’exercer une influence non négligeable sur la condition morale de la société ».
« L’Eglise n’a aucun pouvoir temporel et n’a pas vocation à procéder à des vérifications ou même de juger. Nous avons affaires aux âmes et nous ne disposons pas des moyens temporels qui permettent de juguler la corruption. La Chambre des comptes est de nos jours la seule entité susceptible de contrôler la manière sont utilisées les ressources budgétaires de l’Etat. La corruption, ou plus simplement parlant le vol, a une action délétère sur la personnalité. Si la corruption prend une envergure importante c’est au tissu social qu’elle s’attaque en sapant les fondements de l’Etat. La Chambre des comptes est à même d’exercer une influence non négligeable sur la condition morale de la société ».
Dans sa réponse Tatiana Golikova a déclaré : «Les équipes de la Chambre des comptes contribuent dans la mesure de leurs forces à la renaissance spirituelle de la Russie. Une église, très fréquentée, a été fondée auprès de notre institution. Nous aspirons à faire triompher la justice, à ce que les biens confisqués à l’Eglise Lui soient restitués et à ce que les sommes affectées par l’Etat à ce travail soient utilisées de la manière la plus judicieuse possible. La Chambre peut faire appel à des représentants de l’Eglise pour qu’ils participent à des vérifications et des analyses en tant qu’experts hors-cadre cela lorsque nos spécialistes propres ne disposent pas des connaissances et de l’expérience indispensables ».
Interfax.religion Traduction "PO"
Interfax.religion Traduction "PO"
Le ministère de la culture de la Fédération de Russie mettra en place une base de données recensant le patrimoine culturel russe à l’étranger. Un budget de 4,2 millions de roubles est consacré à cette initiative.
La base comportera des descriptions et des photographies des monastères et des églises de l’Eglise orthodoxe russe ( de 100 à 130 entités) ainsi que des cimetières et des sépultures russes (de 50 à 70 entités), des monuments érigés à la mémoire de personnalités russes (de 30 à 50 entités). Une carte du patrimoine culturel russe à l’étranger sera établie qui indiquera près de 500 lieux et ouvrages les plus importants.
La base comportera des descriptions et des photographies des monastères et des églises de l’Eglise orthodoxe russe ( de 100 à 130 entités) ainsi que des cimetières et des sépultures russes (de 50 à 70 entités), des monuments érigés à la mémoire de personnalités russes (de 30 à 50 entités). Une carte du patrimoine culturel russe à l’étranger sera établie qui indiquera près de 500 lieux et ouvrages les plus importants.
Y seront portés des ouvrages tels que la cathédrale Saint Alexandre Nevsky et le cimetière de Sainte Geneviève des Bois (Paris), le cimetière de Caucade (Nice), le cimetière de Belgrade, etc. Le quotidien Izvestia précise que ces données seront consultables sur le site "Koultoura.rf"
Seront également répertoriés les ouvrages bâtis d’après les projets d’architectes russes ou à l’initiative de personnalités et organismes russes.
Voir cet article in extenso en russe Traduction "PO"
Seront également répertoriés les ouvrages bâtis d’après les projets d’architectes russes ou à l’initiative de personnalités et organismes russes.
Voir cet article in extenso en russe Traduction "PO"
Ces trois bâtiments appartiennent actuellement au Musée national Cathédrale Saint Isaac. Le diocèse de Saint-Pétersbourg a adressé aux autorités de la ville une demande de mise à disposition à l’Eglise orthodoxe russe de ces trois lieux. L’EOR estime qu’il est urgent de trouver rapidement une réponse au problème de la restitution au culte des biens lui ayant appartenu.
La cathédrale Saint Isaac est la plus grande église de la ville. Elle a été construite en 1818-1858. Son projet appartient à l’architecte français Auguste Montferrand. La cathédrale est consacrée à Saint Isaac le Dalmatien que Pierre le Grand vénérait car il était né le 30 mai, jour de la fête de ce saint. Actuellement Saint Isaac est un musée national. En 1991 une communauté orthodoxe y a été « enregistrée ». Des offices peuvent être célébrés à des dates précises et sur autorisation de la Direction du musée.
La cathédrale Saint Isaac est la plus grande église de la ville. Elle a été construite en 1818-1858. Son projet appartient à l’architecte français Auguste Montferrand. La cathédrale est consacrée à Saint Isaac le Dalmatien que Pierre le Grand vénérait car il était né le 30 mai, jour de la fête de ce saint. Actuellement Saint Isaac est un musée national. En 1991 une communauté orthodoxe y a été « enregistrée ». Des offices peuvent être célébrés à des dates précises et sur autorisation de la Direction du musée.
L’église de l’Annonciation, laure Saint Alexandre de la Neva, a été l’une des dernières de la ville à avoir été fermée dans les années trente du XX siècle. Elle a été bâtie de 1717 à 1722.
Les travaux ont été conduits par l'architecte Trezzini entre 1717 et 1722. On y enterrait les hommes et les femmes de la famille impériale qui n'étaient pas destinés à régner. Alexis Razoumovski, ancien cosaque, amant de l'impératrice Elisabeth de Russie, est par exemple inhumé ici.
Les travaux ont été conduits par l'architecte Trezzini entre 1717 et 1722. On y enterrait les hommes et les femmes de la famille impériale qui n'étaient pas destinés à régner. Alexis Razoumovski, ancien cosaque, amant de l'impératrice Elisabeth de Russie, est par exemple inhumé ici.
La cathédrale Saint-Sauveur-Sur-le-Sang Versé est un joyau de l’architecture de la ville. Elle a été bâtie (1883-1907) sur le lieu où a été assassiné le tsar Alexandre II. Les admirables mosaïques qu’elle contient occupent une superficie de 7.000 m2. Lors de la révolution bolchevique de 1917, elle est pillée, laissée à l'abandon puis sert même à entreposer des pommes de terres et des décors de théâtre après sa fermeture au culte en 1930.
Enfin, sa restauration est entreprise en 1970 et elle rouvre finalement en 1997. Depuis, les travaux d'embellissement continuent. Majoritairement teintées de bleu et de jaune, elles figurent principalement des représentations bibliques.
Outre les ornements, vous serez sûrement frappés par l'imposant baldaquin au fond de l'église. Il est placé à l'endroit exact où le tsar a été mortellement blessé.
Les autorités municipales ont déclaré se demander dans quelle mesure le diocèse a besoin d’accepter une telle responsabilité et d’assumer les frais très importants que demande l’entretien de ces biens. L’EOR en a-t-elle vraiment besoin ? Accéder à cette demande signifierait restreindre l’accès des touristes à ces monuments appartenant au patrimoine culturel. Lien Interfax et ICI Traduction "PO"
Lire aussi AFP
Enfin, sa restauration est entreprise en 1970 et elle rouvre finalement en 1997. Depuis, les travaux d'embellissement continuent. Majoritairement teintées de bleu et de jaune, elles figurent principalement des représentations bibliques.
Outre les ornements, vous serez sûrement frappés par l'imposant baldaquin au fond de l'église. Il est placé à l'endroit exact où le tsar a été mortellement blessé.
Les autorités municipales ont déclaré se demander dans quelle mesure le diocèse a besoin d’accepter une telle responsabilité et d’assumer les frais très importants que demande l’entretien de ces biens. L’EOR en a-t-elle vraiment besoin ? Accéder à cette demande signifierait restreindre l’accès des touristes à ces monuments appartenant au patrimoine culturel. Lien Interfax et ICI Traduction "PO"
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Un grands nombre de clercs et de pèlerins se sont réunis les 17-18 juillet dernier à Buchendorf, un village non loin de Munich. Un monastère orthodoxe pour femmes (Eglise Orthodoxe russe Hors Frontières) a été fondé il y a 10 ans dans ce lieu pittoresque.
La commémoration de cet anniversaire a coïncidé avec la célébration de la mémoire des Martyrs d'Alapaïevsk saints patrons de ce cloître. Les vêpres de même que la divine liturgie ont été présidées par Monseigneur Marc Arndt archevêque de Berlin et d’Allemagne.
Dans l’homélie qu’il a prononcée l’archiprêtre Georges Harlow a dit : « Nous nous saluons aujourd’hui les uns les autres en nous exclamant « Bonne fête ! ». Or ce jour est un jour de tristesse et de contrition. De tristesse pour notre peuple qui s’est éloigné de Dieu et a laissé se commettre le terrible assassinat d’Alapaievsk. Votre monastère est consacré à la sainte martyre Elisabeth, ne l’oublions jamais. Cette fête est aussi la manifestation du désir de repentir de notre peuple qui aspire à revenir à Dieu ».
La commémoration de cet anniversaire a coïncidé avec la célébration de la mémoire des Martyrs d'Alapaïevsk saints patrons de ce cloître. Les vêpres de même que la divine liturgie ont été présidées par Monseigneur Marc Arndt archevêque de Berlin et d’Allemagne.
Dans l’homélie qu’il a prononcée l’archiprêtre Georges Harlow a dit : « Nous nous saluons aujourd’hui les uns les autres en nous exclamant « Bonne fête ! ». Or ce jour est un jour de tristesse et de contrition. De tristesse pour notre peuple qui s’est éloigné de Dieu et a laissé se commettre le terrible assassinat d’Alapaievsk. Votre monastère est consacré à la sainte martyre Elisabeth, ne l’oublions jamais. Cette fête est aussi la manifestation du désir de repentir de notre peuple qui aspire à revenir à Dieu ».
L’archevêque Marc a nommé la moniale Marie (Sidiropoulos) higoumène. Ce fut pour tous les présents un heureux et inattendu évènement. Mère Marie est l’une des fondatrices du monastère, c’est elle qui a trouvé le bâtiment, devenu depuis une belle demeure non seulement pour les moniales mais aussi pour les très nombreux pèlerins qui se rendent à Buchendorf. Par la force de sa personnalité, par son charisme elle a persuadé les sœurs de l’ordre catholique Mary Ward de mettre à disposition de l’EORHF ces excellents locaux.
Au cours de ces dernières dix années les bâtiments et les terrains du monastère ont été littéralement transfigurés et continuent à s’embellir. Une colonie de vacances destinées à des adolescentes âgées de 8 à 13 ans existe auprès du monastère.
Pravoslavie.ru Traduction "PO"
Pravoslavie.ru Traduction "PO"
Chaque année, plus d’un demi-million de femmes sont victimes de violences conjugales en Russie, selon les statistiques officielles du ministère russe de l’intérieur. Mais les infrastructures pour accueillir celles d’entre elles qui décident de fuir sont encore rares. Le Courrier de Russie s’est rendu dans l’unique refuge non gouvernemental pour femmes battues de la région de Moscou.
Situé à 25 km au sud-est de la capitale, sur le territoire du monastère Novospassky, le refuge de Kitezh, ouvert en mars dernier, est difficile d’accès et n’est indiqué par aucun panneau. « C’est une question de sécurité. Nos hôtes sont des fugitives, elles ont peur d’être recherchées par leur famille », justifie, sur le chemin de terre qui mène à la maison, Alena Estova, 48 ans, la directrice du centre d’aide.
Situé à 25 km au sud-est de la capitale, sur le territoire du monastère Novospassky, le refuge de Kitezh, ouvert en mars dernier, est difficile d’accès et n’est indiqué par aucun panneau. « C’est une question de sécurité. Nos hôtes sont des fugitives, elles ont peur d’être recherchées par leur famille », justifie, sur le chemin de terre qui mène à la maison, Alena Estova, 48 ans, la directrice du centre d’aide.
’endroit n’a pas été choisi au hasard. Le territoire du monastère, ancienne propriété traversée par une rivière, possède sa propre ferme, son atelier pour fabriquer du pain, ainsi que quelques vaches et chèvres, pour produire du lait et un peu de fromage. « Nos pensionnaires sont généralement contentes de s’occuper l’esprit avec un travail concret, manuel et souvent en extérieur », ajoute Alena, qui apprend à ses hôtes à planter et récolter des fruits et légumes dans le potager. SUITE Le Courrier de Russie
COMMUNION: UN CONTEXTE ŒCUMÉNIQUE
Permettez-moi de vous parler d'un aspect moins connu de l'encyclique papale; de glisser un coup d'œil dans une dimension moins évidente de ce document; de donner un aperçu d'une relation très importante: à savoir, le lien entre un pape et un patriarche.
Il y a presque exactement un an, le pape François et le patriarche Bartholomée sont allés ensemble à Jérusalem pour célébrer le cinquantième anniversaire de la visite historique de leurs prédécesseurs, Paul VI et Athénagoras en 1964.
Décembre suivant marque une autre étape: le cinquantième anniversaire de ce qu'on appelle «la levée des anathèmes", c'est à dire la suppression de la mémoire de l'Eglise (par les deux mêmes primats, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras) des tragiques excommunications qui ont conduit à la malheureuse brouille entre l'Église catholique romaine et les Eglises orthodoxes, à la division entre les Églises orientales et occidentales connues comme le «grand schisme» il y a presque mille ans, en 1054.
Permettez-moi de vous parler d'un aspect moins connu de l'encyclique papale; de glisser un coup d'œil dans une dimension moins évidente de ce document; de donner un aperçu d'une relation très importante: à savoir, le lien entre un pape et un patriarche.
Il y a presque exactement un an, le pape François et le patriarche Bartholomée sont allés ensemble à Jérusalem pour célébrer le cinquantième anniversaire de la visite historique de leurs prédécesseurs, Paul VI et Athénagoras en 1964.
Décembre suivant marque une autre étape: le cinquantième anniversaire de ce qu'on appelle «la levée des anathèmes", c'est à dire la suppression de la mémoire de l'Eglise (par les deux mêmes primats, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras) des tragiques excommunications qui ont conduit à la malheureuse brouille entre l'Église catholique romaine et les Eglises orthodoxes, à la division entre les Églises orientales et occidentales connues comme le «grand schisme» il y a presque mille ans, en 1054.
Le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras ont rompu un silence long et douloureux de dix siècles dans leur vision et leur dévouement à remplir le dernier commandement et la prière fervente du Christ - que ses disciples «soient un» (Jean 17:21). Durant cinq cents ans, les dirigeants de nos deux églises n'avaient ni parlé ni même communiqué avec l'un avec l'autre. Lorsque Paul et Athénagoras se sont retrouvés à Jérusalem, c'était la première fois qu'un pontife romain et un patriarche de l'Est se sont rencontrés face-à-face depuis le Concile de Florence en 1438.
Plus récemment, quand en Mars 2013 le Patriarche œcuménique Bartholomée a personnellement assisté à la messe inaugurale du pape François sur la Place Saint-Pierre, c'était la première fois que le chef de l'autre Église prenait part à un tel événement.
Et hier, le 29 Juin, qui marquait la fête patronale de l'Eglise de Rome, le Patriarche œcuménique Bartholomée était une fois de plus officiellement représenté au Vatican par le métropolite Jean de Pergame pour la célébration solennelle de la fête des saints Pierre et Paul. Au-delà du dialogue théologique, qui a débuté en 1980 sur l'île de la révélation, Patmos, cette tradition d'échanges formels entre nos deux églises a commencé en 1969.
Ce que je voudrais vous soumettre, donc, en développant l'arrière-plan de l'encyclique papale sur la Sauvegarde de la Création c'est qu'elle a été longuement anticipée non seulement d'un point de vue écologique, mais aussi dans le contexte d'ouverture œcuménique entre deux leaders religieux contemporains, qui sont profondément et fermement engagé à rétablir la communion entre leurs deux églises que Constantinople aime à qualifier d'«églises sœurs» et que Rome décrit souvent comme «deux poumons respirant ensemble."
COMPASSION: UN CONTEXTE ÉCOLOGIQUE
Si l'engagement pour la communion est ce qui attire François et Bartholomée pour un témoignage commun dans un monde par ailleurs divisé par les tensions politiques et économiques, et par des conflits religieux et raciaux, la responsabilité de la compassion est sans doute ce qui les pousse à une préoccupation commune pour gérer les hommes et la planète comme le corps du Christ.
Depuis vingt-cinq ans, le patriarche œcuménique Bartholomée a souligné la dimension spirituelle de la crise écologique et même introduit le concept révolutionnaire du péché écologique par le biais de l'expansion de notre compréhension de la repentance, de ce que nous avons jusqu'ici considéré comme une faute individuelle ou une transgression sociale à un sens beaucoup plus large d'abus commun, générationnel et même un abus environnemental de la Création divine.
Alors, depuis qu'à son élection le pape a pris le prénom de Saint François d'Assise, c'est une indication sans équivoque de sa priorité aux marginalisés, aux personnes vulnérables et aux opprimés dans notre communauté mondiale. Voilà pourquoi, dans sa récente encyclique, il prie: «Ô Dieu guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs» .
PRÉSERVER ET SERVIR
L'encyclique papale nous a rappelé avec force et conviction que la préservation de la nature et le service le prochain sont inséparables; ils sont comme les deux faces d'une même médaille.
À cet égard, je crois qu'il est en effet providentiel que ces deux évêques sont à la tête de leurs églises respectives à ce moment critique dans le temps. Et c'est aussi une bénédiction unique qu'ils aient des rapports aussi agréables et confiants l'un avec l'autre. La réception de ce texte ne fait aucun doute pour moi mais je me risquerai à ajouter que la réaction hostile et la critique acerbe de leur marche en avant et le plaidoyer pour la prise en charge de la Création divine peut se voir comme la meilleure preuve qu'ils sont très certainement sur la bonne voie. Pour cette seule raison, ils méritent notre prière et notre louange, tandis que leur exemple éclairé et leur enseignement méritent notre attention et notre proclamation.
(*) John Chryssavgis est archidiacre et conseiller théologique au patriarche œcuménique Bartholomée.
Source: "An Eastern Orthodox Perspective on Laudato Si". First Things (blog)-5 juil. 2015
Traduction V. Golovanow
Plus récemment, quand en Mars 2013 le Patriarche œcuménique Bartholomée a personnellement assisté à la messe inaugurale du pape François sur la Place Saint-Pierre, c'était la première fois que le chef de l'autre Église prenait part à un tel événement.
Et hier, le 29 Juin, qui marquait la fête patronale de l'Eglise de Rome, le Patriarche œcuménique Bartholomée était une fois de plus officiellement représenté au Vatican par le métropolite Jean de Pergame pour la célébration solennelle de la fête des saints Pierre et Paul. Au-delà du dialogue théologique, qui a débuté en 1980 sur l'île de la révélation, Patmos, cette tradition d'échanges formels entre nos deux églises a commencé en 1969.
Ce que je voudrais vous soumettre, donc, en développant l'arrière-plan de l'encyclique papale sur la Sauvegarde de la Création c'est qu'elle a été longuement anticipée non seulement d'un point de vue écologique, mais aussi dans le contexte d'ouverture œcuménique entre deux leaders religieux contemporains, qui sont profondément et fermement engagé à rétablir la communion entre leurs deux églises que Constantinople aime à qualifier d'«églises sœurs» et que Rome décrit souvent comme «deux poumons respirant ensemble."
COMPASSION: UN CONTEXTE ÉCOLOGIQUE
Si l'engagement pour la communion est ce qui attire François et Bartholomée pour un témoignage commun dans un monde par ailleurs divisé par les tensions politiques et économiques, et par des conflits religieux et raciaux, la responsabilité de la compassion est sans doute ce qui les pousse à une préoccupation commune pour gérer les hommes et la planète comme le corps du Christ.
Depuis vingt-cinq ans, le patriarche œcuménique Bartholomée a souligné la dimension spirituelle de la crise écologique et même introduit le concept révolutionnaire du péché écologique par le biais de l'expansion de notre compréhension de la repentance, de ce que nous avons jusqu'ici considéré comme une faute individuelle ou une transgression sociale à un sens beaucoup plus large d'abus commun, générationnel et même un abus environnemental de la Création divine.
Alors, depuis qu'à son élection le pape a pris le prénom de Saint François d'Assise, c'est une indication sans équivoque de sa priorité aux marginalisés, aux personnes vulnérables et aux opprimés dans notre communauté mondiale. Voilà pourquoi, dans sa récente encyclique, il prie: «Ô Dieu guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs» .
PRÉSERVER ET SERVIR
L'encyclique papale nous a rappelé avec force et conviction que la préservation de la nature et le service le prochain sont inséparables; ils sont comme les deux faces d'une même médaille.
À cet égard, je crois qu'il est en effet providentiel que ces deux évêques sont à la tête de leurs églises respectives à ce moment critique dans le temps. Et c'est aussi une bénédiction unique qu'ils aient des rapports aussi agréables et confiants l'un avec l'autre. La réception de ce texte ne fait aucun doute pour moi mais je me risquerai à ajouter que la réaction hostile et la critique acerbe de leur marche en avant et le plaidoyer pour la prise en charge de la Création divine peut se voir comme la meilleure preuve qu'ils sont très certainement sur la bonne voie. Pour cette seule raison, ils méritent notre prière et notre louange, tandis que leur exemple éclairé et leur enseignement méritent notre attention et notre proclamation.
(*) John Chryssavgis est archidiacre et conseiller théologique au patriarche œcuménique Bartholomée.
Source: "An Eastern Orthodox Perspective on Laudato Si". First Things (blog)-5 juil. 2015
Traduction V. Golovanow
Les Éditions Sainte-Geneviève du Séminaire orthodoxe russe en France viennent de publier un livre de plus de six cents pages de M. Nicolas Ross : "L'église russe de Paris. Cathédrale Saint-Alexandre-Nevski, 1918-1939"
Le livre contient une masse incroyable de renseignements rares sur l'activité de la paroisse "rue Daru" et présente tous les aspects de l'activité de cette communauté à une des périodes les plus passionnantes de son histoire. La vie de l'église y est contée presque au jour le jour. L'auteur aborde aussi la question des rapports entre cette communauté orthodoxe et la population locale, ainsi que, bien sûr, les étapes et les choix du statut canonique et civil de la paroisse.
Le livre est accompagné des illustrations en noir et blanc.
Vous pouvez avoir plus d'informations et commander le livre sur le site des Éditions Sainte-Geneviève. et sur AMAZON
Le livre est accompagné des illustrations en noir et blanc.
Vous pouvez avoir plus d'informations et commander le livre sur le site des Éditions Sainte-Geneviève. et sur AMAZON
Sa Sainteté Bartholomée 1er, Patriarche Œcuménique de Constantinople, arrive en France ce lundi 20 juillet pour participer au « Sommet des consciences pour le climat » qui sera ouvert le mardi 21 juillet à Paris par le président de la République, M. François HOLLANDE. Cette rencontre à l'initiative de M Nicolas HULOT mobilise plus d’une quarantaine de personnalités d’influence mondiale venues à Paris pour lancer un appel commun pour la lutte contre le réchauffement climatique et ses causes.
Elle aura lieu au siège du Conseil Economique, social et Environnemental.
Après une "Session d'ouverture", Sa Sainteté inaugurera les allocutions de la "Séance introductive" ayant pour thème « Why we should care », qui sont autant de réflexions délivrées par plusieurs personnalités de marque, en résonance avec le thème général du sommet « le climat ? Pourquoi je m’en soucie ». Pour trouver le programme de la journée, cliquez ICI. - Carol Saba – Responsable de la Communication. AEOF PHOTO Lien
Après une "Session d'ouverture", Sa Sainteté inaugurera les allocutions de la "Séance introductive" ayant pour thème « Why we should care », qui sont autant de réflexions délivrées par plusieurs personnalités de marque, en résonance avec le thème général du sommet « le climat ? Pourquoi je m’en soucie ». Pour trouver le programme de la journée, cliquez ICI. - Carol Saba – Responsable de la Communication. AEOF PHOTO Lien
Allocution du patriarche oecuménique Bartholomée lors du “Sommet des consciences” pour le climat
Monsieur François Hollande, Président de la République,
Monsieur Michael D. Higgins, Président de l’Irlande
Son Altesse Sérénissime, le Prince Albert II de Monaco
Monsieur Kofi Annan, Président de « The Elders », Président de la « Fondation Kofi Annan », Ancien Secrétaire-Général des Nations Unies
Monsieur Jean-Paul Delevoye, Président du Conseil économique, social et environnemental
Cher Nicolas Hulot, Envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète,
Éminences,
Excellences,
Mesdames et Messieurs les représentants des cultes,
Mesdames et Messieurs,
Dans un appel vibrant lancé à partir de Manille, conjointement par les autorités françaises et philippines, en février 2015, nous étions tous individuellement et collectivement appelés à agir en faveur du climat. Aujourd’hui plus que jamais nous rappelons l’urgence d’une justice globale, d’une solidarité financière et technologique mondiale. L’appel se terminait de la sorte : « Nous appelons (…) tous les acteurs, les États (…) et les citoyens à jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre le changement climatique et en particulier contre ses effets, et la réduction des risques de catastrophes naturelles liées au climat, par des efforts individuels ou des initiatives en coopération. »
Comme vous vous en souvenez certainement nous avions eu l’honneur de vous accompagner, Monsieur le Président, lors de cet indispensable déplacement. Nous avons pu voir de nos yeux les effets destructeurs des bouleversements climatiques qui touchent les populations les plus vulnérables, notamment en Asie. Nous avons touché de nos doigts les plaies ouvertes, fraichement mais durablement, d’une terre en révolte contre l’égoïsme aveugle de l’humanité. Les plus sceptiques n’auraient pas été moins convaincus que saint Thomas lui-même. L’exclamation apostolique « mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20, 28) jaillit alors de nos bouches, non seulement comme un cri d’alerte, mais aussi comme un éveil à l’espérance. L’impérieuse mission des religions en général, et du christianisme en particulier, tient à cette force transfiguratrice de la foi faisant de tout danger un appel à la conversion des cœurs.
Les décennies d’expérience du Patriarcat œcuménique en matière de protection de l’environnement ont montré que la question du salut n’est pas indépendante du traitement de la création. Dans cette attention particulière se rejoignent le séculier et le spirituel. Distinguant ce qui relève du monde, au sens du saint apôtre Paul, et ce qui relève de la création du monde, la tradition orthodoxe est attachée au déploiement du mystère de la grâce dans cette dernière, faisant de toute chose un sacrement du Royaume.
Certains pourront s’interroger sur la nécessité de convier des responsables religieux à une réflexion trop souvent dépréciée à cause de sa technicité, voire culpabilisante en raison des conséquences de nos actes. Le sens de l’implication des religions dans ce crucial combat pour la sauvegarde de notre planète est triple : éduquer, convertir et glorifier.
Par éduquer, nous entendons prolonger la dialectique entre foi et raison, c’est-à-dire articuler des éléments de connaissance rationnelle aux inspirations de l’âme. Les questions environnementales sont au carrefour de cette attention. Ainsi, les données scientifiques sur la biodiversité, le réchauffement climatique, l’accroissement de la misère et des injustices environnementales, la sécurité alimentaire, etc., viennent compléter la vision théologique, trop souvent statique, d’un monde en constant changement. Mais sortant de ce simple constat, il est de notre mission d’offrir, à partir de cette base, une herméneutique de la création qui affirme l’interdépendance de l’humanité et de la nature. C’est la raison pour laquelle, le Patriarcat œcuménique n’a pas uniquement institué le 1er septembre de chaque année comme journée de prière pour l’environnement, mais il organise aussi des séminaires et des sommets rassemblant théologiens et scientifiques afin de débattre. Le dernier Sommet en date s’est tenu sur l’île de Halki en Turquie, du 8 au 10 juin 2015. Il était intitulé « Écologie, théologie et art ». Nous y avions notamment invité des artistes afin qu’ils puissent apporter leur expertise esthétique sur le sens de la beauté dans la création. En effet, Dostoïevski n’écrit-il pas : « La beauté sauvera le monde » ?
Par convertir, il faut comprendre la conversion de l’être intérieur comme le point de départ d’une conversion extérieure. Les scientifiques mettent inlassablement en avant la nécessité d’un changement radical de nos modes de vie afin de limiter les actions polluantes qui influent sur les changements climatiques. Il s’agit ici d’une réalité que le christianisme appelle « metanoia », un retournement tout entier de l’être. Ce dernier encourage, dans la tradition patristique des Pères du désert – ces spirituels qui ont forgé à travers des siècles d’expérience ascétique un regard vrai sur l’humanité – à constamment interroger la nécessité de nos besoins, afin de dissocier ce qui relève de la convoitise et ce qui relève du bien. L’éthique et la morale ne sont pas très loin et doivent permettre l’émergence des droits de la terre elle-même. Tel est le sens de l’effort qui est attendu de nous : sortir de l’égoïsme dans lequel l’inertie de nos habitudes nous a fait tomber, et découvrir la sobre liberté que nous apporte la conversion du cœur.
Enfin, par glorifier, nous en revenons au fondement même de notre mission spirituelle. Enfant déjà, sur notre île natale d’Imbros, aujourd’hui Gökçeada, au large d’Istanbul, nous étions subjugué par cet environnement sauvage et puissant, sans cesse renouvelé par la force vivifiante des vents qui, combinée à l’action bouleversante de la mer, nous a fait prendre conscience d’une double réalité : que la puissance de l’humanité est inversement proportionnelle à la puissance de la nature. Aussi, pour résoudre cette relation antinomique ne devons-nous pas devenir les maîtres de la création, mais bien plutôt libérer cette création d’un agir humain dominateur dans un mouvement d’action de grâce qui se révélerait à travers les gestes quotidiens que nous y posons.
Tels sont les trois engagements indispensables pour une spiritualité écologique réelle.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Dernièrement, Sa Sainteté le Pape François, dans son Encyclique Laudato Si abondait dans le sens d’une spiritualité écologique de conversion : « En premier lieu, la conversion implique gratitude et gratuité, c’est-à-dire une reconnaissance du monde comme don reçu de l’amour du Père, ce qui a pour conséquence des attitudes gratuites de renoncement et des attitudes généreuses même si personne ne les voit ou ne les reconnaît » (§ 220). Cette Encyclique apparaît tout juste une année après notre rencontre à Jérusalem, commémorant les retrouvailles historiques de Sa Sainteté Pape Paul VI et de Sa Sainteté du Patriarche œcuménique Athénagoras, en 1964, dans ce même lieu. L’an dernier, nous avions découvert dans Sa Sainteté le Pape François un frère d’âme dans sa sensibilité affichée et assumée à l’égard de la création. Aussi, avions-nous tenu l’un et l’autre à ce que les relations entre les Églises Sœurs de Rome et de Constantinople approfondissent leur engagement commun en faveur de notre maison commune par la prière et l’action. Parce que les questions environnementales sont globales, elles se déclinent parfaitement dans l’espace œcuménique et constituent un enjeu central en faveur de l’unité des chrétiens.
Alors : « Why do we care? ». Notre époque fait face à un défi unique. Jamais dans le passé, durant la longue histoire de notre planète, les hommes et les femmes ne se sont trouvés à ce point si « développés » qu’ils ont pu rendre possible la destruction de leur propre environnement et de leur propre espèce. Jamais auparavant, dans la longue histoire de cette planète, les écosystèmes de la terre ne furent confrontés à des dégâts quasi irréversibles d’une telle ampleur. C’est pourquoi il est de notre responsabilité de répondre à ce défi de façon univoque, afin de remplir notre devoir envers les générations à venir. Voilà pourquoi nous devons nous engager.
Dans cette perspective, une alliance entre l’écologie contemporaine, en tant que recherche scientifique pour la protection et la survie de l’environnement naturel, et la théologie, en tant que réflexion métaphysique sur des sujets religieux, est nécessaire pour cerner la profondeur spirituelle des questions cruciales de notre temps. C’est pourquoi nous vous invitons toutes et tous, vous qui êtes déjà sensibilisés à ces questions, à être les porte-voix de cet appel des consciences pour le climat.
Avant de terminer cette modeste intervention, nous tenons à féliciter les autorités françaises pour les nombreuses initiatives mises à l’œuvre en vue de la réunion de la COP21 qui se tiendra à Paris à la fin de cette année. Le Patriarcat œcuménique y est tout particulièrement attaché et y apporte son indéfectible soutien. Notre responsabilité est à la hauteur de l’urgence. Telle est la raison d’être de notre engagement.”
Source
Monsieur François Hollande, Président de la République,
Monsieur Michael D. Higgins, Président de l’Irlande
Son Altesse Sérénissime, le Prince Albert II de Monaco
Monsieur Kofi Annan, Président de « The Elders », Président de la « Fondation Kofi Annan », Ancien Secrétaire-Général des Nations Unies
Monsieur Jean-Paul Delevoye, Président du Conseil économique, social et environnemental
Cher Nicolas Hulot, Envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète,
Éminences,
Excellences,
Mesdames et Messieurs les représentants des cultes,
Mesdames et Messieurs,
Dans un appel vibrant lancé à partir de Manille, conjointement par les autorités françaises et philippines, en février 2015, nous étions tous individuellement et collectivement appelés à agir en faveur du climat. Aujourd’hui plus que jamais nous rappelons l’urgence d’une justice globale, d’une solidarité financière et technologique mondiale. L’appel se terminait de la sorte : « Nous appelons (…) tous les acteurs, les États (…) et les citoyens à jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre le changement climatique et en particulier contre ses effets, et la réduction des risques de catastrophes naturelles liées au climat, par des efforts individuels ou des initiatives en coopération. »
Comme vous vous en souvenez certainement nous avions eu l’honneur de vous accompagner, Monsieur le Président, lors de cet indispensable déplacement. Nous avons pu voir de nos yeux les effets destructeurs des bouleversements climatiques qui touchent les populations les plus vulnérables, notamment en Asie. Nous avons touché de nos doigts les plaies ouvertes, fraichement mais durablement, d’une terre en révolte contre l’égoïsme aveugle de l’humanité. Les plus sceptiques n’auraient pas été moins convaincus que saint Thomas lui-même. L’exclamation apostolique « mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20, 28) jaillit alors de nos bouches, non seulement comme un cri d’alerte, mais aussi comme un éveil à l’espérance. L’impérieuse mission des religions en général, et du christianisme en particulier, tient à cette force transfiguratrice de la foi faisant de tout danger un appel à la conversion des cœurs.
Les décennies d’expérience du Patriarcat œcuménique en matière de protection de l’environnement ont montré que la question du salut n’est pas indépendante du traitement de la création. Dans cette attention particulière se rejoignent le séculier et le spirituel. Distinguant ce qui relève du monde, au sens du saint apôtre Paul, et ce qui relève de la création du monde, la tradition orthodoxe est attachée au déploiement du mystère de la grâce dans cette dernière, faisant de toute chose un sacrement du Royaume.
Certains pourront s’interroger sur la nécessité de convier des responsables religieux à une réflexion trop souvent dépréciée à cause de sa technicité, voire culpabilisante en raison des conséquences de nos actes. Le sens de l’implication des religions dans ce crucial combat pour la sauvegarde de notre planète est triple : éduquer, convertir et glorifier.
Par éduquer, nous entendons prolonger la dialectique entre foi et raison, c’est-à-dire articuler des éléments de connaissance rationnelle aux inspirations de l’âme. Les questions environnementales sont au carrefour de cette attention. Ainsi, les données scientifiques sur la biodiversité, le réchauffement climatique, l’accroissement de la misère et des injustices environnementales, la sécurité alimentaire, etc., viennent compléter la vision théologique, trop souvent statique, d’un monde en constant changement. Mais sortant de ce simple constat, il est de notre mission d’offrir, à partir de cette base, une herméneutique de la création qui affirme l’interdépendance de l’humanité et de la nature. C’est la raison pour laquelle, le Patriarcat œcuménique n’a pas uniquement institué le 1er septembre de chaque année comme journée de prière pour l’environnement, mais il organise aussi des séminaires et des sommets rassemblant théologiens et scientifiques afin de débattre. Le dernier Sommet en date s’est tenu sur l’île de Halki en Turquie, du 8 au 10 juin 2015. Il était intitulé « Écologie, théologie et art ». Nous y avions notamment invité des artistes afin qu’ils puissent apporter leur expertise esthétique sur le sens de la beauté dans la création. En effet, Dostoïevski n’écrit-il pas : « La beauté sauvera le monde » ?
Par convertir, il faut comprendre la conversion de l’être intérieur comme le point de départ d’une conversion extérieure. Les scientifiques mettent inlassablement en avant la nécessité d’un changement radical de nos modes de vie afin de limiter les actions polluantes qui influent sur les changements climatiques. Il s’agit ici d’une réalité que le christianisme appelle « metanoia », un retournement tout entier de l’être. Ce dernier encourage, dans la tradition patristique des Pères du désert – ces spirituels qui ont forgé à travers des siècles d’expérience ascétique un regard vrai sur l’humanité – à constamment interroger la nécessité de nos besoins, afin de dissocier ce qui relève de la convoitise et ce qui relève du bien. L’éthique et la morale ne sont pas très loin et doivent permettre l’émergence des droits de la terre elle-même. Tel est le sens de l’effort qui est attendu de nous : sortir de l’égoïsme dans lequel l’inertie de nos habitudes nous a fait tomber, et découvrir la sobre liberté que nous apporte la conversion du cœur.
Enfin, par glorifier, nous en revenons au fondement même de notre mission spirituelle. Enfant déjà, sur notre île natale d’Imbros, aujourd’hui Gökçeada, au large d’Istanbul, nous étions subjugué par cet environnement sauvage et puissant, sans cesse renouvelé par la force vivifiante des vents qui, combinée à l’action bouleversante de la mer, nous a fait prendre conscience d’une double réalité : que la puissance de l’humanité est inversement proportionnelle à la puissance de la nature. Aussi, pour résoudre cette relation antinomique ne devons-nous pas devenir les maîtres de la création, mais bien plutôt libérer cette création d’un agir humain dominateur dans un mouvement d’action de grâce qui se révélerait à travers les gestes quotidiens que nous y posons.
Tels sont les trois engagements indispensables pour une spiritualité écologique réelle.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Dernièrement, Sa Sainteté le Pape François, dans son Encyclique Laudato Si abondait dans le sens d’une spiritualité écologique de conversion : « En premier lieu, la conversion implique gratitude et gratuité, c’est-à-dire une reconnaissance du monde comme don reçu de l’amour du Père, ce qui a pour conséquence des attitudes gratuites de renoncement et des attitudes généreuses même si personne ne les voit ou ne les reconnaît » (§ 220). Cette Encyclique apparaît tout juste une année après notre rencontre à Jérusalem, commémorant les retrouvailles historiques de Sa Sainteté Pape Paul VI et de Sa Sainteté du Patriarche œcuménique Athénagoras, en 1964, dans ce même lieu. L’an dernier, nous avions découvert dans Sa Sainteté le Pape François un frère d’âme dans sa sensibilité affichée et assumée à l’égard de la création. Aussi, avions-nous tenu l’un et l’autre à ce que les relations entre les Églises Sœurs de Rome et de Constantinople approfondissent leur engagement commun en faveur de notre maison commune par la prière et l’action. Parce que les questions environnementales sont globales, elles se déclinent parfaitement dans l’espace œcuménique et constituent un enjeu central en faveur de l’unité des chrétiens.
Alors : « Why do we care? ». Notre époque fait face à un défi unique. Jamais dans le passé, durant la longue histoire de notre planète, les hommes et les femmes ne se sont trouvés à ce point si « développés » qu’ils ont pu rendre possible la destruction de leur propre environnement et de leur propre espèce. Jamais auparavant, dans la longue histoire de cette planète, les écosystèmes de la terre ne furent confrontés à des dégâts quasi irréversibles d’une telle ampleur. C’est pourquoi il est de notre responsabilité de répondre à ce défi de façon univoque, afin de remplir notre devoir envers les générations à venir. Voilà pourquoi nous devons nous engager.
Dans cette perspective, une alliance entre l’écologie contemporaine, en tant que recherche scientifique pour la protection et la survie de l’environnement naturel, et la théologie, en tant que réflexion métaphysique sur des sujets religieux, est nécessaire pour cerner la profondeur spirituelle des questions cruciales de notre temps. C’est pourquoi nous vous invitons toutes et tous, vous qui êtes déjà sensibilisés à ces questions, à être les porte-voix de cet appel des consciences pour le climat.
Avant de terminer cette modeste intervention, nous tenons à féliciter les autorités françaises pour les nombreuses initiatives mises à l’œuvre en vue de la réunion de la COP21 qui se tiendra à Paris à la fin de cette année. Le Patriarcat œcuménique y est tout particulièrement attaché et y apporte son indéfectible soutien. Notre responsabilité est à la hauteur de l’urgence. Telle est la raison d’être de notre engagement.”
Source
Le site Moinillon au quotidien donne le texte d’une homélie de l’archimandrite Placide (Deseille) prononcée lors du dimanche des Myrophores où il s’exprime sur la façon dont doit être considéré l’évêque par les fidèles de son diocèse. Le père Placide écrit notamment :
«Les évêques et ceux qu’ils ont établis pour participer à leur ministère, les prêtres qui ont charge de paroisse, ont pour tâche essentielle de sanctifier le peuple chrétien.
C’est pour cela qu’ils sont comme les icônes vivantes du Christ, quelle que soit leur sainteté personnelle. S’ils ne sont pas dignes de la charge qui leur est confiée, ils en rendront compte au Seigneur, mais cela n’empêche pas qu’ils doivent toujours être respectés comme des icônes vivantes du Christ, et non pas simplement vus avec un regard purement humain.
Il y a quelque temps, je demandais à un laïc qui se plaignait de son évêque : “Mais qu’est-ce que l’évêque, pour vous?” Et après un instant d’hésitation il m’a répondu : “L’évêque, c’est le président de l’administration diocésaine”. Je lui ai dit : “Non! L’évêque, c’est l’icône du Christ pour son diocèse”.
«Les évêques et ceux qu’ils ont établis pour participer à leur ministère, les prêtres qui ont charge de paroisse, ont pour tâche essentielle de sanctifier le peuple chrétien.
C’est pour cela qu’ils sont comme les icônes vivantes du Christ, quelle que soit leur sainteté personnelle. S’ils ne sont pas dignes de la charge qui leur est confiée, ils en rendront compte au Seigneur, mais cela n’empêche pas qu’ils doivent toujours être respectés comme des icônes vivantes du Christ, et non pas simplement vus avec un regard purement humain.
Il y a quelque temps, je demandais à un laïc qui se plaignait de son évêque : “Mais qu’est-ce que l’évêque, pour vous?” Et après un instant d’hésitation il m’a répondu : “L’évêque, c’est le président de l’administration diocésaine”. Je lui ai dit : “Non! L’évêque, c’est l’icône du Christ pour son diocèse”.
Et c’est tout à fait autre chose. Un chrétien doit avoir un regard chrétien sur son évêque, et non pas un regard profane. Sinon il y a là une laïcisation de l’Église qui est une déformation complète des choses. Il peut arriver, bien sûr, qu’un évêque commette des fautes. Saint Pierre lui-même a du être repris publiquement par saint Paul parce qu’à un moment donné de son ministère, il a agi d’une façon répréhensible. Saint Paul n’a pas hésité à le reprendre en face. Un évêque n’est pas un dictateur qui a toujours raison, donc, il est inévitable qu’un évêque commette des faux pas et que, les fidèles, à ce moment-là, doivent réagir. Mais réagir comment? Réagir chrétiennement, dans un regard de foi, et non pas en traitant l’évêque comme un fonctionnaire qui aurait manqué à ses devoirs.
Tout récemment, dans un diocèse orthodoxe de France, des fidèles ont estimé à avoir à se plaindre de leur évêque. C’était leur droit. Mais comment devaient-ils réagir? En informant le métropolite, en remontant, au besoin, jusqu’au patriarche, mais non pas, comme malheureusement beaucoup l’ont fait, en publiant une lettre ouverte, exprimant leurs griefs d’une manière purement “séculière”, dans les termes qu’on emploie pour se plaindre d’un fonctionnaire qui n’est pas correct, qui ne se comporte pas selon les exigences de sa fonction.
À cette occasion, des laïcs de ce diocèse qui connaissaient des membres du groupe de laïcs qui fréquentent habituellement nos deux monastères de Saint Antoine-le-Grand et de Solan leur ont demandé de signer eux aussi cette lettre ouverte de protestation contre leur évêque. Je n’ai pas à juger du bien fondé de leurs grief, je n’ai pas, moi-même, les informations détaillées qu’il faudrait pour cela, mais, de toutes manières, j’estime que ce procédé était profondément incorrect. C’était traiter l’évêque comme une personnalité laïque, comme un fonctionnaire de la République. C’est inadmissible de la part de fidèles orthodoxes. Et c’est pour cela que j’ai demandé à tous les fidèles qui m’ont demandé conseil de refuser de signer cette lettre ouverte. L’évêque doit toujours être vénéré, respecté, car il est pour son diocèse l’icône vivante du Christ comme l’higoumène dans le monastère, et non un fonctionnaire.» Suite et Lien Orthodoxie. com
Tout récemment, dans un diocèse orthodoxe de France, des fidèles ont estimé à avoir à se plaindre de leur évêque. C’était leur droit. Mais comment devaient-ils réagir? En informant le métropolite, en remontant, au besoin, jusqu’au patriarche, mais non pas, comme malheureusement beaucoup l’ont fait, en publiant une lettre ouverte, exprimant leurs griefs d’une manière purement “séculière”, dans les termes qu’on emploie pour se plaindre d’un fonctionnaire qui n’est pas correct, qui ne se comporte pas selon les exigences de sa fonction.
À cette occasion, des laïcs de ce diocèse qui connaissaient des membres du groupe de laïcs qui fréquentent habituellement nos deux monastères de Saint Antoine-le-Grand et de Solan leur ont demandé de signer eux aussi cette lettre ouverte de protestation contre leur évêque. Je n’ai pas à juger du bien fondé de leurs grief, je n’ai pas, moi-même, les informations détaillées qu’il faudrait pour cela, mais, de toutes manières, j’estime que ce procédé était profondément incorrect. C’était traiter l’évêque comme une personnalité laïque, comme un fonctionnaire de la République. C’est inadmissible de la part de fidèles orthodoxes. Et c’est pour cela que j’ai demandé à tous les fidèles qui m’ont demandé conseil de refuser de signer cette lettre ouverte. L’évêque doit toujours être vénéré, respecté, car il est pour son diocèse l’icône vivante du Christ comme l’higoumène dans le monastère, et non un fonctionnaire.» Suite et Lien Orthodoxie. com
Traduction V. Golovanow d'après Carrie Frederick Frost
Les espoirs et les craintes au sujet du Concile de 2016
"Le Concile – quelle importance pour ma mère?" "Cette question a été posée à la conférence de la Société de théologie orthodoxe d'Amérique OTSA, organisée les 26-27 juin 2015 et consacrée au Saint et Grand Concile de l'Eglise orthodoxe prévu pour la Pentecôte 2016. Elle demandait ironiquement si quoi que ce soit de concret sortira de ce Concile, et exprimait en creux les espoirs et les préoccupations des théologiens orthodoxes.
Cette conférence rassemblait en effet plus de 90 universitaires venant de nombreuses juridictions orthodoxes d'Amérique et de l'étranger, principalement des laïcs, mais aussi plusieurs prêtres et deux hiérarques, aussi bien Orthodoxes de tradition que convertis, et des représentants d'autres confessions chrétiennes; elle comprenait en particulier beaucoup d'universitaires – femmes, dont l'auteur.
Les espoirs et les craintes au sujet du Concile de 2016
"Le Concile – quelle importance pour ma mère?" "Cette question a été posée à la conférence de la Société de théologie orthodoxe d'Amérique OTSA, organisée les 26-27 juin 2015 et consacrée au Saint et Grand Concile de l'Eglise orthodoxe prévu pour la Pentecôte 2016. Elle demandait ironiquement si quoi que ce soit de concret sortira de ce Concile, et exprimait en creux les espoirs et les préoccupations des théologiens orthodoxes.
Cette conférence rassemblait en effet plus de 90 universitaires venant de nombreuses juridictions orthodoxes d'Amérique et de l'étranger, principalement des laïcs, mais aussi plusieurs prêtres et deux hiérarques, aussi bien Orthodoxes de tradition que convertis, et des représentants d'autres confessions chrétiennes; elle comprenait en particulier beaucoup d'universitaires – femmes, dont l'auteur.
Le thème de cette conférence se distinguait des conférences académiques habituelles car le Concile de 2016 pourrait prendre une place exceptionnelle dans l'histoire de l'Orthodoxie: le premier Concile de l'Eglise orthodoxe reconnu en plus de 1200 ans. Les documents, les questions posées aux contributeurs et les discussions ont été remplis des espoirs et des craintes au sujet du Concile de 2016.
Bien qu'il y eu des avis divergents et des débats animés, il me semble qu'un accord majoritaire se dégageait sur certains domaines.
Ethno-nationalisme et consensus
L'un de ces points soulève la question de l'allégeance aux États-nations et des tendances ethno-nationaliste qui pourraient dominer ou limiter le Concile. L'organisation de l'Eglise orthodoxe en Églises autocéphales (quatorze églises autocéphales aujourd'hui reconnues dans le monde), fut créée à l'origine sur les frontières administratives de l'Empire romain pour des raisons pratiques d'organisation. Mais dans l'histoire récente, les frontières politiques qui correspondent à certaines Églises autocéphales ont été étroitement identifiées avec l'ethnicité et le nationalisme, et souvent couplé avec un ethos fondamentaliste et isolationniste.
La règle du consensus qui s'appliquera au Concile a été étudiée dans la suite de cette problématique. Cela signifie que tous les évêques participants (chaque église autocéphale peut déléguer jusqu'à vingt-quatre évêques) doivent convenir à l'unanimité sur un point pour qu'il soit adopté. Les participants de la conférence ont exprimé la crainte que la conséquence de cette règle du consensus puisse être qu'un groupe, ou même un seul évêque, puisse de fait contrôler les résultats du Concile. Cette préoccupation a été soulignée par le fait qu'il s'agit là d'une exception historique – jamais aucun précédent Concile n'a décidé par consensus, et par la constatation qu'un tel Concile sera inévitablement conservateur, tant en termes de qualité que quantité des résultats. Certains chercheurs ont exprimé le souhait que la règle du consensus serait interprétée comme chez les Quaker: lorsqu'un accord se développe sur un point donné, ceux qui ne seraient pas d'accord se mettraient respectueusement en retrait pour soutenir les décisions prises par le corps du Concile.
Quelle participation?
Une autre question soulevée par la conférence est celle de l'assemblée conciliaire: Qui pourrait participer en dehors de la délégation épiscopale de chaque Église? Y aura-t-il des théologiens laïcs? Des non-orthodoxes? Des femmes? L'idée d'un Concile composé strictement d'évêques n'a pas très approuvée par les membres de la conférence, et pas uniquement des notions de représentativité du XXIe siècle, mais à cause de l'évidence que les Conciles œcuméniques passé ont toujours inclus des membres du sacerdoce royal des croyants qui dépasse les hiérarques. Tout comme saint Ignace d'Antioche a défendu le rôle de l'évêque dans l'Église, il a également insisté, Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même que partout où est le Christ-Jésus, là est l’Église catholique.» (Lettre aux Smyrniotes, 5, 8)
Il y avait trois vœux pour le Concile qui semblaient être exprimés par les membres de la conférence, et que je sens être partagés par la majorité des fidèles orthodoxes d'Amérique:
Le premier est la réorganisation du monde orthodoxe dans les pays occidentaux – ce qu'on appelle la diaspora occidentale – en conformité avec la théologie et les canons : un évêque par ville. Atteindre cet objectif sera difficile, mais c'est possible, mais on se demande quelle est la probabilité pour que cela soit approuvé par le Concile.
Les deux autres vœux largement partagés sont la restauration la communion avec les Eglises orientales et la restauration du diaconat féminin. "Restauration" est le mot essentiel dans les deux cas car ces deux questions ne mettent pas en cause des questions théologiques insurmontables mais plutôt des questions pragmatiques; ces questions peuvent être résolues, ces restaurations sont réalisables et elles seraient utiles aux fidèles orthodoxes dans le monde entier.
Bien que la plupart des discussions de la conférence ont été consacrées à sur ce qui se passera au Concile, ce qui va arriver après que le Concile a aussi été reconnu comme très important. Les Conciles de l'Église orthodoxe doivent être reçus par l'Église; ils doivent être acceptés par les fidèles baptisés. Il n'y a pas de processus formel pour la réception d'un Concile, aucun canon ou doctrine ne dicte son acclamation et rien de ce qui précède un Concile ne préjuge à l'avance de sa vérité. La réception d'un Concile se fait sur le calendrier de l'Esprit Saint et ce processus mystérieux, libre et inspiré contient pour moi tout ce qui est bon et vrai dans l'Eglise orthodoxe en tant que corps.
L'un des plus grands espoirs des participants de la conférence était tout simplement que le Concile se fasse et que toutes les Églises autocéphales y assistent. Cela peut sembler un maigre espoir mais, comme déjà souligné, l'Eglise orthodoxe ne s'est pas réunie en Concile depuis plus d'un millénaire; il n'existe pas de méthode ou de manière de pratiquer le conciliarisme universel et ce Concile de 2016 peut être le nécessaires repos de pèlerin sur le chemin vers des Églises autocéphales qui seraient aptes à fonctionner en symbiose. Si l'on parvient à une collaboration harmonieuse entre les orthodoxes, le Concile de 2016 aura renforcé et éclairé l'Eglise orthodoxe dans son troisième millénaire, et il aurait alors de l'importance pour nos mères…
* Carrie Frederick Frost se présente comme une docteur en théologie orthodoxe de l'Université de Virginie et mère de cinq enfants
Bien qu'il y eu des avis divergents et des débats animés, il me semble qu'un accord majoritaire se dégageait sur certains domaines.
Ethno-nationalisme et consensus
L'un de ces points soulève la question de l'allégeance aux États-nations et des tendances ethno-nationaliste qui pourraient dominer ou limiter le Concile. L'organisation de l'Eglise orthodoxe en Églises autocéphales (quatorze églises autocéphales aujourd'hui reconnues dans le monde), fut créée à l'origine sur les frontières administratives de l'Empire romain pour des raisons pratiques d'organisation. Mais dans l'histoire récente, les frontières politiques qui correspondent à certaines Églises autocéphales ont été étroitement identifiées avec l'ethnicité et le nationalisme, et souvent couplé avec un ethos fondamentaliste et isolationniste.
La règle du consensus qui s'appliquera au Concile a été étudiée dans la suite de cette problématique. Cela signifie que tous les évêques participants (chaque église autocéphale peut déléguer jusqu'à vingt-quatre évêques) doivent convenir à l'unanimité sur un point pour qu'il soit adopté. Les participants de la conférence ont exprimé la crainte que la conséquence de cette règle du consensus puisse être qu'un groupe, ou même un seul évêque, puisse de fait contrôler les résultats du Concile. Cette préoccupation a été soulignée par le fait qu'il s'agit là d'une exception historique – jamais aucun précédent Concile n'a décidé par consensus, et par la constatation qu'un tel Concile sera inévitablement conservateur, tant en termes de qualité que quantité des résultats. Certains chercheurs ont exprimé le souhait que la règle du consensus serait interprétée comme chez les Quaker: lorsqu'un accord se développe sur un point donné, ceux qui ne seraient pas d'accord se mettraient respectueusement en retrait pour soutenir les décisions prises par le corps du Concile.
Quelle participation?
Une autre question soulevée par la conférence est celle de l'assemblée conciliaire: Qui pourrait participer en dehors de la délégation épiscopale de chaque Église? Y aura-t-il des théologiens laïcs? Des non-orthodoxes? Des femmes? L'idée d'un Concile composé strictement d'évêques n'a pas très approuvée par les membres de la conférence, et pas uniquement des notions de représentativité du XXIe siècle, mais à cause de l'évidence que les Conciles œcuméniques passé ont toujours inclus des membres du sacerdoce royal des croyants qui dépasse les hiérarques. Tout comme saint Ignace d'Antioche a défendu le rôle de l'évêque dans l'Église, il a également insisté, Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même que partout où est le Christ-Jésus, là est l’Église catholique.» (Lettre aux Smyrniotes, 5, 8)
Il y avait trois vœux pour le Concile qui semblaient être exprimés par les membres de la conférence, et que je sens être partagés par la majorité des fidèles orthodoxes d'Amérique:
Le premier est la réorganisation du monde orthodoxe dans les pays occidentaux – ce qu'on appelle la diaspora occidentale – en conformité avec la théologie et les canons : un évêque par ville. Atteindre cet objectif sera difficile, mais c'est possible, mais on se demande quelle est la probabilité pour que cela soit approuvé par le Concile.
Les deux autres vœux largement partagés sont la restauration la communion avec les Eglises orientales et la restauration du diaconat féminin. "Restauration" est le mot essentiel dans les deux cas car ces deux questions ne mettent pas en cause des questions théologiques insurmontables mais plutôt des questions pragmatiques; ces questions peuvent être résolues, ces restaurations sont réalisables et elles seraient utiles aux fidèles orthodoxes dans le monde entier.
Bien que la plupart des discussions de la conférence ont été consacrées à sur ce qui se passera au Concile, ce qui va arriver après que le Concile a aussi été reconnu comme très important. Les Conciles de l'Église orthodoxe doivent être reçus par l'Église; ils doivent être acceptés par les fidèles baptisés. Il n'y a pas de processus formel pour la réception d'un Concile, aucun canon ou doctrine ne dicte son acclamation et rien de ce qui précède un Concile ne préjuge à l'avance de sa vérité. La réception d'un Concile se fait sur le calendrier de l'Esprit Saint et ce processus mystérieux, libre et inspiré contient pour moi tout ce qui est bon et vrai dans l'Eglise orthodoxe en tant que corps.
L'un des plus grands espoirs des participants de la conférence était tout simplement que le Concile se fasse et que toutes les Églises autocéphales y assistent. Cela peut sembler un maigre espoir mais, comme déjà souligné, l'Eglise orthodoxe ne s'est pas réunie en Concile depuis plus d'un millénaire; il n'existe pas de méthode ou de manière de pratiquer le conciliarisme universel et ce Concile de 2016 peut être le nécessaires repos de pèlerin sur le chemin vers des Églises autocéphales qui seraient aptes à fonctionner en symbiose. Si l'on parvient à une collaboration harmonieuse entre les orthodoxes, le Concile de 2016 aura renforcé et éclairé l'Eglise orthodoxe dans son troisième millénaire, et il aurait alors de l'importance pour nos mères…
* Carrie Frederick Frost se présente comme une docteur en théologie orthodoxe de l'Université de Virginie et mère de cinq enfants
"La Nef" a été créée en décembre 1990, c’est un magazine mensuel, catholique et indépendant. Disponible dans les kiosques
Sommaire du n°272 de juillet-août 2015
ÉDITORIAUX
Un nouveau mur à abattre, par Christophe Geffroy
Contre-Culture : De l’état de conscience minimal, par Jacques de Guillebon
DOSSIER : L’ORTHODOXIE RUSSE
Une quasi papauté à Byzance, par Michel Toda
Petite histoire de l’Église russe jusqu’en 1990, par l’abbé Hervé Benoît
Les martyrs russes du communisme, par Didier Rance
La divine Liturgie chez les orthodoxes, par le protodiacre Alexandre Kedroff
L’Église russe depuis 1990, par Nikita Krivochéine
L’Église russe face aux défis de la modernité, par Victor Loupan
L’Église russe et la France, entretien avec Mgr Nestor
Catholiques et orthodoxes russes, par Vladimir Golovanow
Philosophes religieux russes (XIXe-XXe siècles), par Falk van Gaver
Sommaire du n°272 de juillet-août 2015
ÉDITORIAUX
Un nouveau mur à abattre, par Christophe Geffroy
Contre-Culture : De l’état de conscience minimal, par Jacques de Guillebon
DOSSIER : L’ORTHODOXIE RUSSE
Une quasi papauté à Byzance, par Michel Toda
Petite histoire de l’Église russe jusqu’en 1990, par l’abbé Hervé Benoît
Les martyrs russes du communisme, par Didier Rance
La divine Liturgie chez les orthodoxes, par le protodiacre Alexandre Kedroff
L’Église russe depuis 1990, par Nikita Krivochéine
L’Église russe face aux défis de la modernité, par Victor Loupan
L’Église russe et la France, entretien avec Mgr Nestor
Catholiques et orthodoxes russes, par Vladimir Golovanow
Philosophes religieux russes (XIXe-XXe siècles), par Falk van Gaver
Qu’est-ce que La Nef ?
Christophe Geffroy directeur de La Nef
La Nef a été créée en décembre 1990, c’est un magazine mensuel, catholique et indépendant.
Ce faisant, La Nef s’inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l’Église et au pape qui la gouverne. Notre rôle est à la fois d’information et de formation, et en notre monde de l’image et de l’éphémère, nous essayons d’apporter une nourriture et une formation intellectuelle sérieuse conforme à l’enseignement de l’Église, et notamment à sa doctrine sociale. Suite
Christophe Geffroy directeur de La Nef
La Nef a été créée en décembre 1990, c’est un magazine mensuel, catholique et indépendant.
Ce faisant, La Nef s’inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l’Église et au pape qui la gouverne. Notre rôle est à la fois d’information et de formation, et en notre monde de l’image et de l’éphémère, nous essayons d’apporter une nourriture et une formation intellectuelle sérieuse conforme à l’enseignement de l’Église, et notamment à sa doctrine sociale. Suite
Poème du grand-duc Constantin Constantinovitch Romanov inspiré par la grande-duchesse Élisabeth Feodorovna (1884).
« Je laisse un monde brillant où j’avais une place brillante
et je monte dans un monde plus grand : le monde des pauvres et de la souffrance. »
UNE BEAUTÉ SI PURE
Je vous regarde et je l’apprécie toujours
Vous êtes si belle, les mots ne peuvent le dire !
Oh ! Je suis sûr qu’une telle beauté abrite
Une âme qui est merveilleuse aussi.
La profondeur de la modestie et d’une paisible tristesse
Est dans vos yeux d’une beauté si pure,
Vous êtes aussi calme et tranquille qu’un ange ;
« Je laisse un monde brillant où j’avais une place brillante
et je monte dans un monde plus grand : le monde des pauvres et de la souffrance. »
UNE BEAUTÉ SI PURE
Je vous regarde et je l’apprécie toujours
Vous êtes si belle, les mots ne peuvent le dire !
Oh ! Je suis sûr qu’une telle beauté abrite
Une âme qui est merveilleuse aussi.
La profondeur de la modestie et d’une paisible tristesse
Est dans vos yeux d’une beauté si pure,
Vous êtes aussi calme et tranquille qu’un ange ;
Et comme dame, douce et sage.
Parmi les nombreux péchés terrestres et les maux
Ne laissez rien troubler votre âme pure,
Et chantons tous des louanges au Créateur
Qui a donné une telle beauté à une âme divine !
« Je laisse un monde brillant où j’avais une place brillante
et je monte dans un monde plus grand : le monde des pauvres et de la souffrance. »
C'est par cette citation de la sainte que s'ouvre le BULLETIN "LUMIÈRE DU THABOR" NUMERO 39 – DÉCEMBRE 2010 des "Pages Orthodoxes La Transfiguration" consacré à sainte ÉLISABETH DE RUSSIE.
Une section sur sainte Élisabeth de Russie a aussi été mise en ligne sur le site des "Pages Orthodoxes La Transfiguration"; elle comprend les textes figurant dans ce Bulletin, accompagnés de nombreux photographies, le tout accessible depuis cette page: La Vie et l' œuvre de sainte Élisabeth de Russie
...............................
" PO" - ÉLISABETH DE RUSSIE, moniale, martyre et sainte
"A l’occasion du centenaire de la fondation du monastère Marthe et Marie"
"Sainte Elisabeth : Princesse allemande, martyre russe"
Parmi les nombreux péchés terrestres et les maux
Ne laissez rien troubler votre âme pure,
Et chantons tous des louanges au Créateur
Qui a donné une telle beauté à une âme divine !
« Je laisse un monde brillant où j’avais une place brillante
et je monte dans un monde plus grand : le monde des pauvres et de la souffrance. »
C'est par cette citation de la sainte que s'ouvre le BULLETIN "LUMIÈRE DU THABOR" NUMERO 39 – DÉCEMBRE 2010 des "Pages Orthodoxes La Transfiguration" consacré à sainte ÉLISABETH DE RUSSIE.
Une section sur sainte Élisabeth de Russie a aussi été mise en ligne sur le site des "Pages Orthodoxes La Transfiguration"; elle comprend les textes figurant dans ce Bulletin, accompagnés de nombreux photographies, le tout accessible depuis cette page: La Vie et l' œuvre de sainte Élisabeth de Russie
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" PO" - ÉLISABETH DE RUSSIE, moniale, martyre et sainte
"A l’occasion du centenaire de la fondation du monastère Marthe et Marie"
"Sainte Elisabeth : Princesse allemande, martyre russe"
L’abbaye de Westminster ÉLISABETH DE RUSSIE, moniale, martyre et sainte
Великая княгиня Елизавета Федоровна. Скульптура. Вестминстерское аббатство, Лондон
Великая княгиня Елизавета Федоровна. Скульптура. Вестминстерское аббатство, Лондон
Minuit. Iekaterinbourg dort paisiblement en cette nuit du 16 au 17 août 1918.
La villa Ipatiev située en plein centre-ville est calme également, tout au moins en apparence. La famille impériale y est retenue depuis le 30 avril et depuis cette date les jours s’écoulent dans l’ennui (la propriété est isolée par de hautes palissades en bois). Ils s’écoulent aussi dans la crainte. Le comité de l’Oural a désigné un certain Avdéïev en tant que responsable de la maison. C’est un alcoolique à l’intelligence tristement limitée qui se révèle violent à l’occasion. Les gardes sont à l’avenant.
“ Le 16 juillet au soir, Yourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs suivants de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexis se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs suivants se trouvaient debout à côté du couple impérial."
La villa Ipatiev située en plein centre-ville est calme également, tout au moins en apparence. La famille impériale y est retenue depuis le 30 avril et depuis cette date les jours s’écoulent dans l’ennui (la propriété est isolée par de hautes palissades en bois). Ils s’écoulent aussi dans la crainte. Le comité de l’Oural a désigné un certain Avdéïev en tant que responsable de la maison. C’est un alcoolique à l’intelligence tristement limitée qui se révèle violent à l’occasion. Les gardes sont à l’avenant.
“ Le 16 juillet au soir, Yourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs suivants de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexis se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs suivants se trouvaient debout à côté du couple impérial."
" Yourovski, prétextant qu’il allait chercher un appareil photographique pour prouver de leur bonne santé auprès de Moscou, alla régler les derniers détails du massacre avec ses hommes de mains. Puis il ouvrit la double porte où se trouvaient les prisonniers. Sur le seuil, les douze hommes s’alignèrent sur trois rangs. Dehors, le chauffeur du camion mit le moteur en marche pour couvrir le bruit des détonations.
Au premier rang des tueurs, Yourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : “Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller.” La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu. Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des exécuteurs visèrent le tsar. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour, ainsi que Troupp et Kharitonov. Le massacre prit rapidement un tour dantesque."
Au premier rang des tueurs, Yourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : “Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller.” La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu. Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des exécuteurs visèrent le tsar. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour, ainsi que Troupp et Kharitonov. Le massacre prit rapidement un tour dantesque."
"Dans la fumée de la poudre qui emplissait la pièce, le tsarévitch effondré par terre, faisait preuve, selon Yourovski, d’une “étrange vitalité” : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main. Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer. Yourovski dut l’achever de deux balles dans la tête. Le sort des grandes-duchesses fut encore plus horrible : les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour les dissimuler aux gardiens.
Yourovski dira, plus tard, qu’elles étaient “blindées”. Anna Demidova fut aussi très longue à mourir. Les tueurs ont vidé leurs armes mais cela ne suffit pas, trois des grandes-duchesses étaient encore en vie. Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent. Les corps ensanglantés furent emmenés en camion dans une clairière, près du village de Koptiaki. Ils furent arrosés d’acide sulfurique, brûlés et démembrés avant d’être ensevelis sous un chemin forestier. “ SUITE Koltchak
Yourovski dira, plus tard, qu’elles étaient “blindées”. Anna Demidova fut aussi très longue à mourir. Les tueurs ont vidé leurs armes mais cela ne suffit pas, trois des grandes-duchesses étaient encore en vie. Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent. Les corps ensanglantés furent emmenés en camion dans une clairière, près du village de Koptiaki. Ils furent arrosés d’acide sulfurique, brûlés et démembrés avant d’être ensevelis sous un chemin forestier. “ SUITE Koltchak
Le 27 juillet 1977 la décision de raser la Villa Ipatiev était prise et l’ordre donné. L’instigateur était Michel Souslov, membre du Politburo et personnage méconnu de l’époque soviétique qui fut pourtant l’un des plus sombres et des plus terribles de son histoire. Ainsi finissait la villa Ipatiev où avaient été assassinés 59 ans plus tôt Nicolas II et la famille impériale.
Parmi d’autres lieux dramatiques qui furent également détruits, comme par exemple à Paris la fameuse prison du Temple, la Villa Ipatiev reste un symbole de l’horreur et de la tyrannie bolchevique, la famille impériale y étant séquestrée puis exécutée sur l’ordre de Lénine. Elle devait son nom d’Ipatiev à son ancien propriétaire, l’ingénieur militaire Nicolas Nicolaïevitch Ipatiev. Elle fut choisie par les Bolcheviques dans le printemps 1918, pour accueillir provisoirement les Romanov et le Tsar déchu. Elle avait été construite seulement en 1897 dans le centre historique de la ville par un autre ingénieur avant de passer dans les mains d’un autre propriétaire puis de Nicolas Ipatiev en 1908.
La maison fut transformée en véritable forteresse par les bolcheviques, qui construisirent une palissade de bois tout autour et disposèrent plusieurs mitrailleuses sur et dans la maison. La famille impériale y fut conduite séparément le 30 avril puis le 23 mai 1918, dans l’attente de la suite. Une garde permanente commandée par le commissaire politique Iakovlev et le commandant Avdeïev fut installée dans les murs mêmes de la maison et donnèrent lieu immédiatement à de nombreuses vexations. La famille impériale qui allait subir le martyr était la cible d’insultes, de mesquineries et de vexations permanentes de la part des gardes jusqu’au drame final qui eut lieu dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. La famille, un médecin et plusieurs domestiques étaient impitoyables massacrés dans la cave de la Villa. SUITE la Voix de la Russie
Croix tombale érigée en 1991 à l'endroit où se trouvait la maison Ipatiev
Parmi d’autres lieux dramatiques qui furent également détruits, comme par exemple à Paris la fameuse prison du Temple, la Villa Ipatiev reste un symbole de l’horreur et de la tyrannie bolchevique, la famille impériale y étant séquestrée puis exécutée sur l’ordre de Lénine. Elle devait son nom d’Ipatiev à son ancien propriétaire, l’ingénieur militaire Nicolas Nicolaïevitch Ipatiev. Elle fut choisie par les Bolcheviques dans le printemps 1918, pour accueillir provisoirement les Romanov et le Tsar déchu. Elle avait été construite seulement en 1897 dans le centre historique de la ville par un autre ingénieur avant de passer dans les mains d’un autre propriétaire puis de Nicolas Ipatiev en 1908.
La maison fut transformée en véritable forteresse par les bolcheviques, qui construisirent une palissade de bois tout autour et disposèrent plusieurs mitrailleuses sur et dans la maison. La famille impériale y fut conduite séparément le 30 avril puis le 23 mai 1918, dans l’attente de la suite. Une garde permanente commandée par le commissaire politique Iakovlev et le commandant Avdeïev fut installée dans les murs mêmes de la maison et donnèrent lieu immédiatement à de nombreuses vexations. La famille impériale qui allait subir le martyr était la cible d’insultes, de mesquineries et de vexations permanentes de la part des gardes jusqu’au drame final qui eut lieu dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. La famille, un médecin et plusieurs domestiques étaient impitoyables massacrés dans la cave de la Villa. SUITE la Voix de la Russie
Croix tombale érigée en 1991 à l'endroit où se trouvait la maison Ipatiev
V. Golovanow d'après Annick Cojean*, "Le Monde"
Petit fils de communistes
La grand-mère du père Seraphim Dimitriou, un gros pope à la bouche gourmande et à l’œil mutin, était communiste. Et c’est la mine déconfite et la colère rentrée qu’elle a observé, impuissante, l’irrésistible attirance de son petit-fils pour les fastes et la solennité de l’Eglise orthodoxe. A 4 ans, il participait, fasciné, à toutes les cérémonies religieuses. A 6 ans, il chantait à tue-tête les cantiques en y mettant son cœur. A 12 ans, il assistait le pope de son village du Péloponnèse pour les différentes messes. A 15 ans, il entrait au séminaire et, à 18, se précipitait dans un monastère.
Ce fut un coup très rude pour cette batailleuse qui avait essayé d’inculquer au petit l’horreur de l’injustice, le mépris des richesses et le goût de la résistance. «Elle me fit donc la guerre», raconte-t-il en souriant. Puis en bonne stratège, elle lui proposa un compromis: «Pope, d’accord! Au moins tu pourras créer une famille. Pas moine!» L’aïeule fut convaincante. Il a quitté le monastère pour entrer à l’université et est devenu pope. Sans désir de mariage. Le testament de la grand-mère précisait: «Je te lègue ma maison. A condition que tu ne la transformes ni en église ni en monastère!»
Petit fils de communistes
La grand-mère du père Seraphim Dimitriou, un gros pope à la bouche gourmande et à l’œil mutin, était communiste. Et c’est la mine déconfite et la colère rentrée qu’elle a observé, impuissante, l’irrésistible attirance de son petit-fils pour les fastes et la solennité de l’Eglise orthodoxe. A 4 ans, il participait, fasciné, à toutes les cérémonies religieuses. A 6 ans, il chantait à tue-tête les cantiques en y mettant son cœur. A 12 ans, il assistait le pope de son village du Péloponnèse pour les différentes messes. A 15 ans, il entrait au séminaire et, à 18, se précipitait dans un monastère.
Ce fut un coup très rude pour cette batailleuse qui avait essayé d’inculquer au petit l’horreur de l’injustice, le mépris des richesses et le goût de la résistance. «Elle me fit donc la guerre», raconte-t-il en souriant. Puis en bonne stratège, elle lui proposa un compromis: «Pope, d’accord! Au moins tu pourras créer une famille. Pas moine!» L’aïeule fut convaincante. Il a quitté le monastère pour entrer à l’université et est devenu pope. Sans désir de mariage. Le testament de la grand-mère précisait: «Je te lègue ma maison. A condition que tu ne la transformes ni en église ni en monastère!»
Cela fait donc vingt-cinq ans que le Père Seraphim est pope-fonctionnaire dans une banlieue d’Athènes. Un petit pope, dit-il, lissant sa barbe pointue. Et sans la moindre envie de grimper dans la hiérarchie. «Il faudrait pour cela faire des choses qui ne me plairaient pas.» Il refuse d’en dire plus et se contente d’ajouter: «Un petit-fils de communiste ne peut pas devenir prince!» Car c’est bien ainsi que se vivent les évêques. Mais l’église d’Agia-Marina, à Ilioupoli, étant tout de même son domaine, c’est avec fierté qu’il nous en fait faire le tour. Ici, le lieu de culte principal, éclairé par des cierges. Au premier sous-sol, une salle des fêtes et des classes pour le catéchisme du dimanche. Plus bas encore, des bureaux et une cuisine pleine de «magnifiques bénévoles» prêts à distribuer la soupe populaire.
Témoins de la crise
Les voilà justement qui arrivent, les pauvres de cette paroisse de 18 000 âmes, à qui le pope fait faire une rapide prière, et qui vont emporter des boîtes de nourriture offertes par des commerçants et des restaurants locaux, ou des portions de spaghettis préparées par des dames à cheveux blancs. Cent quatre-vingt à 200 personnes sont ainsi aidées chaque mois, les besoins ne cessant de croître. Et le pope, virevoltant, de nous montrer ici des piles de vêtements issus d’une collecte locale, là des sacs de bouchons de plastique, de piles et de bidons d’huile de cuisine prêts au recyclage. Une tonne d’huile rapporte 400 euros, affectés immédiatement aux œuvres de l’Eglise, laquelle organise aussi des collectes de sang qui, hélas, sont de moins en moins fructueuses car les Grecs, épuisés, économisent même leur sang.
«L’Eglise n’a pas attendu la crise pour faire de la philanthropie, contrairement à l’Etat grec qui ne songe aux pauvres que depuis 1981, affirme le Père Seraphim. C’est autour de l’Eglise que s’organisent toutes les œuvres sociales: crèches, maisons de vieux, distribution de nourriture et de médicaments… Si on n’était pas là, je me demande où en serait la Grèce!»
Les popes, jure-t-il, sont d’ailleurs les meilleurs témoins de la crise puisqu’ils vivent au milieu du peuple. Et au diapason. Son salaire? 1020 euros par mois (600 euros pour son jeune collègue en début de carrière) brusquement diminué de 200 euros, «comme tout le monde». Ses impôts? Prélevés à la source, comme tout le monde. «Je me retiens de faire de la politique dans mes sermons – l’Eglise n’est pas là pour diviser –, mais sur mon Facebook personnel, je me lâche.» Il jubile en annonçant 5000 «amis» sur le réseau social et tend son téléphone. Voyons… Tenez, par exemple, le soir de l’annonce du référendum par le premier ministre: «Bravo Alexis [Tsipras]! Nos grands-pères n’avaient pas peur, et ont donné leur vie en faisant la guerre pour leur liberté. Au lieu de ça, nous, on se précipite pour faire la queue devant des distributeurs…» Une semaine plus tard, juste après la proclamation du triomphe du non: «On fait la fête ici, avec du vin. Venez donc! La Grèce a donné naissance à l’Europe. Et c’est la Grèce qui impulsera sa renaissance!»
Il sourit de notre surprise – l’archevêque d’Athènes s’était déclaré dans la presse pour le oui au référendum. Alors il élève la voix: «Ce sont tous les Européens qui devraient partir en guerre contre ceux qui imposent la dictature de l’argent! Heureusement que notre premier ministre se bat comme un beau diable!» Il s’échauffe, lève les bras, trouve son Tsipras moderne et respectueux de l’Eglise, même s’il représente la gauche radicale, se proclame athée, vit en concubinage, n’a pas fait baptiser ses enfants et a même refusé de prêter serment sur une bible. «Je préfère un honnête homme plutôt qu’un hypocrite!»
Sujet explosif et désormais tabou
N’est-ce pas le moment d’aborder la question de l’improbable séparation de l’Eglise et de l’Etat dans ce pays qui n’a pas 200 ans? Il soupire, déçu qu’on en soit encore là. «Même le parti Syriza, autrefois véhément sur nos prétendus privilèges, s’est calmé sur la question en accédant au pouvoir, dit-il. Il a découvert l’ampleur du travail social effectué par l’Eglise et sait que l’Etat serait incapable de prendre le relais. Et puis si l’Etat cessait de payer tous les popes, il faudrait qu’il rende les terres que l’Eglise lui a généreusement données au fil des ans. Il ne nous reste plus que 4% des biens que nous avions! Alors, croyez-moi, les contribuables ont beaucoup plus à y perdre qu’à y gagner!»
Nous y voilà. Sujet explosif et désormais tabou. Qui convoque l’histoire et les fondements de l’identité grecque. Qui exige un rappel du rôle fédérateur et protecteur joué par l’Eglise orthodoxe sous l’occupation ottomane, puis de son intégration naturelle à l’Etat grec lors de sa création en 1830. «Les livres scolaires insistent avec outrance sur la façon dont les prêtres ont combattu pendant la révolution, note Effie Fokas**, chercheuse à la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère (Eliamep). Ce n’est pas vrai du haut clergé. L’implication de l’Eglise devrait être nuancée.»
De fait, dans un pays dont la Constitution est écrite «au nom de la Trinité sainte, consubstantielle et indivisible», Etat et Eglise sont imbriqués l’un dans l’autre. Les salaires et retraites du clergé sont payés par l’Etat (200 millions d’euros en 2014). L’enseignement religieux est obligatoire dans les programmes. Des icônes sont présentes dans les tribunaux, et les personnages les plus importants de l’Etat doivent prêter serment devant l’archevêque ou son représentant. Les chefs de l’Etat et de l’Eglise président conjointement les célébrations et cérémonies officielles. L’archevêque est enterré avec les honneurs de l’Etat… Et quiconque remet en cause l’étroitesse de ces liens et les privilèges de l’Eglise déclenche les foudres d’un clergé puissant, conscient de son immense pouvoir d’influence dans une nation où plus de 80% de la population se déclare orthodoxe.
En 2000, toutefois, le gouvernement prit la décision de retirer la mention de l’appartenance religieuse sur les cartes d’identité grecques. Il se conformait ainsi aux exigences d’une directive européenne sur la protection des données personnelles, mais l’archevêque de l’époque, le terrible Christodoulos, dénonça une attaque contre l’identité grecque et tenta d’exiger un référendum. Trois millions de signatures n’ont pas réussi à faire reculer le gouvernement, mais elles ont démontré, s’il en était besoin, le pouvoir menaçant de l’Eglise. «Et depuis, constate Effie Fokas, aucun parti politique n’a proposé de changement majeur dans les relations de l’Eglise et de l’Etat. Au contraire! Les politiques continuent de consulter l’archevêque pour certaines décisions importantes et même de lui demander sa bénédiction avant les élections. Même Syriza se couche, brusquement louangeur, sur le travail caritatif des popes.»
«Ça suffit, les clichés»
Mais les impôts? Est-il possible, au moment où l’Etat grec, ruiné, est sommé de pratiquer une politique fiscale rigoureuse, d’en exempter encore l’Eglise? Les évêques consultés, quoique toujours affables, entrent dans de grandes colères lorsqu’on leur pose la question. «Ça suffit, les clichés, s’insurge Monseigneur Gabriel, évêque de Nea Ionia. L’Eglise est désormais imposée comme tous les citoyens grecs. Impôts sur les revenus locatifs et commerciaux, impôts sur la propriété. Le budget de mon diocèse est de 82 000 euros et je paie 25 000 euros d’impôts. Mon salaire mensuel est de 1502 euros et l’impôt sur le revenu est de 3000 euros. En 2014, l’Eglise a versé 2,5 millions pour l’impôt sur la propriété. Vous voulez d’autres chiffres?»
Oui, bien sûr, on aimerait. Par exemple, une estimation de l’ensemble des biens de l’Eglise – terres, forêts, immeubles, actions, hôtels, appartements, parkings. Mais là, il n’y a pas de réponse. Impossible de savoir. Il n’existe pas de centralisation des archives et des titres de propriété, pas de cadastre, pas d’inventaire. Les 6700 églises, monastères, fondations, constituent autant de personnes juridiques et ne rendent de comptes à personne. Sans parler de la République monastique du Mont-Athos, immensément riche, propriétaire de grands bâtiments au centre d’Athènes et qui bénéficie d’un statut à part. Une commission parlementaire avait étudié le sujet en 2013 et évalué l’étendue des terres à 170 000 hectares, mais le patrimoine des 500 monastères, gigantesque, est impossible à estimer. Quant au portefeuille immobilier de l’Eglise, il comporterait plus de 1400 propriétés foncières dans tout le pays, dont des immeubles de grande valeur à Athènes, une centaine d’appartements disponibles à la location, ainsi que des propriétés dans des sites protégés comme celui de Vouliagmeni que l’Eglise rêve d’exploiter à des fins touristiques, promettant même à l’Etat de partager avec lui la moitié des revenus. Mais tout est si opaque. Et organisé pour le rester.
Exemptions en cascade
Une liste de questions adressées à Syriza pour connaître sa position sur le statut de l’Eglise grecque et son imposition nous a valu une réponse indigente. C’est donc à Yannis Ktistakis, avocat spécialisé et professeur à la Faculté de droit de Thrace, qu’il revient de décrypter le statut fiscal de l’Eglise. Impôt sur les revenus: 20% depuis 2010. Taxes sur les donations et legs: 0,5% (formidablement bas). Exemption de l’impôt foncier de toutes les propriétés dédiées au culte, à l’éducation ou à la philanthropie (c’est-à-dire la plupart) et de ce qui n’est pas loué. Exemption de la taxe spéciale créée en 2011 pour les bâtiments reliés à l’électricité. Exemption des taxes municipales. «La solution à ce statut choquant est évidemment la séparation de l’Eglise et de l’Etat, affirme Me Ktistaskis. Pas une séparation unilatérale! Il faudrait une négociation. Mais il n’y a aucune raison pour que l’Etat continue d’entretenir le clergé.»
Mais qu’à cela ne tienne, répondent les évêques, que l’Etat nous rende alors ces biens que nous lui avons cédés pour les réfugiés d’Asie mineure, pour les agriculteurs, pour les hôpitaux. L’avocat s’étrangle: «La prise en charge des salaires du clergé s’est faite au début de la guerre civile, puis sous la dictature, pour des raisons strictement politiques. En aucune façon en vertu d’un échange contre des propriétés.» Et quand il y a eu transfert de biens à l’Etat, précise-t-il, ce fut toujours dans un cadre juridique précis: expropriation ou donation. «Il n’y a donc aucune raison de revenir sur ces opérations légales.»
Le dossier est venimeux et pour le moment, seul le parti libéral Drassi se prononce clairement pour une franche séparation. Tsipras, lui, marche sur des œufs et soigne ses bonnes relations avec l’archevêque. «Si l’on nous pénalise, nous ne pourrons pas poursuivre notre immense travail caritatif, prévient Monseigneur Antonios, évêque de Salona. Nous offrons chaque jour des dizaines de milliers de repas. Imaginez le nombre de Grecs qui auront faim…» Un chantage qui, en ces temps de crise, s’avère d’une efficacité redoutable.
Source: Le TEMPS
Commentaire du rédacteur: le rôle social essentiel de l'Église
Annick Cojean sort de ces thèmes habituels (portraits de personnalités internationales, reportages et enquêtes sur les violences faites aux femmes) et voulait visiblement mettre en avant les côtés négatifs de cette "richesse" de l'Église grecque qui revient comme un let-motif dans nos média (peut-être était-ce même la commande qu'elle avait reçue et qu'elle devait remplir pour être publiée?) Et elle parle de "comptes bien peu orthodoxes" (titre original de son article), et écrit en introduction que "les richesses ecclésiastiques restent intouchables. Au moment où l’Etat, ruiné, est sommé de pratiquer une politique fiscale rigoureuse, est-il encore possible d’en exempter l’Eglise?"
Mais à la lecture des informations qu'elle a recueillies, et qu'elle livre honnêtement montrant là les vraies qualités d'un grand reporter, c'est plutôt l'impression contraire qui se dégage de l'article car elle démontre que seule une petite minorité de Grecs s'oppose à l'Église: le parti libéral Drassi n'a aucun député au parlement et un seul député européen (sur 22) et Me Ktistaskis a beau s'étrangler et se montrer péremptoire son manque d'arguments frise le ridicule.
Par contre l'importance sociale de l'Église est évidente et, par ailleurs, l'archevêque Ieronymos d'Athènes, chef l'Eglise orthodoxe grecque a déclaré qu'il voulait exploiter les biens de l'Eglise, en coordination avec l'Etat grec, pour que les revenus dégagés aillent au paiement de la colossale dette du pays dans une interview à la chaîne privée "Skaï" (à confirmer – http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/5304-grece-eglise-orthodoxe-grecque-mettre-riche-patrimoine.html. Aucun autre média occidental n'a, jusqu'ici, repris cette information par trop contraire à la "Pensée Unique")
Notes V.G.
* Annick Cojean, née le 2 août 1957 à Brest (Finistère), est une journaliste française, grand reporter au journal Le Monde, auteure de plusieurs livres, directrice et présentatrice des collections Empreintes et Duels sur France 5. Elle préside le jury du prix Albert-Londres.
** La Dr. Effie Fokas
est l'auteur d'une étude sur ‘Pluralism and Religious Freedom in Orthodox Countries in Europe’
Lire aussi La théologie grecque des cinquante dernières années
Témoins de la crise
Les voilà justement qui arrivent, les pauvres de cette paroisse de 18 000 âmes, à qui le pope fait faire une rapide prière, et qui vont emporter des boîtes de nourriture offertes par des commerçants et des restaurants locaux, ou des portions de spaghettis préparées par des dames à cheveux blancs. Cent quatre-vingt à 200 personnes sont ainsi aidées chaque mois, les besoins ne cessant de croître. Et le pope, virevoltant, de nous montrer ici des piles de vêtements issus d’une collecte locale, là des sacs de bouchons de plastique, de piles et de bidons d’huile de cuisine prêts au recyclage. Une tonne d’huile rapporte 400 euros, affectés immédiatement aux œuvres de l’Eglise, laquelle organise aussi des collectes de sang qui, hélas, sont de moins en moins fructueuses car les Grecs, épuisés, économisent même leur sang.
«L’Eglise n’a pas attendu la crise pour faire de la philanthropie, contrairement à l’Etat grec qui ne songe aux pauvres que depuis 1981, affirme le Père Seraphim. C’est autour de l’Eglise que s’organisent toutes les œuvres sociales: crèches, maisons de vieux, distribution de nourriture et de médicaments… Si on n’était pas là, je me demande où en serait la Grèce!»
Les popes, jure-t-il, sont d’ailleurs les meilleurs témoins de la crise puisqu’ils vivent au milieu du peuple. Et au diapason. Son salaire? 1020 euros par mois (600 euros pour son jeune collègue en début de carrière) brusquement diminué de 200 euros, «comme tout le monde». Ses impôts? Prélevés à la source, comme tout le monde. «Je me retiens de faire de la politique dans mes sermons – l’Eglise n’est pas là pour diviser –, mais sur mon Facebook personnel, je me lâche.» Il jubile en annonçant 5000 «amis» sur le réseau social et tend son téléphone. Voyons… Tenez, par exemple, le soir de l’annonce du référendum par le premier ministre: «Bravo Alexis [Tsipras]! Nos grands-pères n’avaient pas peur, et ont donné leur vie en faisant la guerre pour leur liberté. Au lieu de ça, nous, on se précipite pour faire la queue devant des distributeurs…» Une semaine plus tard, juste après la proclamation du triomphe du non: «On fait la fête ici, avec du vin. Venez donc! La Grèce a donné naissance à l’Europe. Et c’est la Grèce qui impulsera sa renaissance!»
Il sourit de notre surprise – l’archevêque d’Athènes s’était déclaré dans la presse pour le oui au référendum. Alors il élève la voix: «Ce sont tous les Européens qui devraient partir en guerre contre ceux qui imposent la dictature de l’argent! Heureusement que notre premier ministre se bat comme un beau diable!» Il s’échauffe, lève les bras, trouve son Tsipras moderne et respectueux de l’Eglise, même s’il représente la gauche radicale, se proclame athée, vit en concubinage, n’a pas fait baptiser ses enfants et a même refusé de prêter serment sur une bible. «Je préfère un honnête homme plutôt qu’un hypocrite!»
Sujet explosif et désormais tabou
N’est-ce pas le moment d’aborder la question de l’improbable séparation de l’Eglise et de l’Etat dans ce pays qui n’a pas 200 ans? Il soupire, déçu qu’on en soit encore là. «Même le parti Syriza, autrefois véhément sur nos prétendus privilèges, s’est calmé sur la question en accédant au pouvoir, dit-il. Il a découvert l’ampleur du travail social effectué par l’Eglise et sait que l’Etat serait incapable de prendre le relais. Et puis si l’Etat cessait de payer tous les popes, il faudrait qu’il rende les terres que l’Eglise lui a généreusement données au fil des ans. Il ne nous reste plus que 4% des biens que nous avions! Alors, croyez-moi, les contribuables ont beaucoup plus à y perdre qu’à y gagner!»
Nous y voilà. Sujet explosif et désormais tabou. Qui convoque l’histoire et les fondements de l’identité grecque. Qui exige un rappel du rôle fédérateur et protecteur joué par l’Eglise orthodoxe sous l’occupation ottomane, puis de son intégration naturelle à l’Etat grec lors de sa création en 1830. «Les livres scolaires insistent avec outrance sur la façon dont les prêtres ont combattu pendant la révolution, note Effie Fokas**, chercheuse à la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère (Eliamep). Ce n’est pas vrai du haut clergé. L’implication de l’Eglise devrait être nuancée.»
De fait, dans un pays dont la Constitution est écrite «au nom de la Trinité sainte, consubstantielle et indivisible», Etat et Eglise sont imbriqués l’un dans l’autre. Les salaires et retraites du clergé sont payés par l’Etat (200 millions d’euros en 2014). L’enseignement religieux est obligatoire dans les programmes. Des icônes sont présentes dans les tribunaux, et les personnages les plus importants de l’Etat doivent prêter serment devant l’archevêque ou son représentant. Les chefs de l’Etat et de l’Eglise président conjointement les célébrations et cérémonies officielles. L’archevêque est enterré avec les honneurs de l’Etat… Et quiconque remet en cause l’étroitesse de ces liens et les privilèges de l’Eglise déclenche les foudres d’un clergé puissant, conscient de son immense pouvoir d’influence dans une nation où plus de 80% de la population se déclare orthodoxe.
En 2000, toutefois, le gouvernement prit la décision de retirer la mention de l’appartenance religieuse sur les cartes d’identité grecques. Il se conformait ainsi aux exigences d’une directive européenne sur la protection des données personnelles, mais l’archevêque de l’époque, le terrible Christodoulos, dénonça une attaque contre l’identité grecque et tenta d’exiger un référendum. Trois millions de signatures n’ont pas réussi à faire reculer le gouvernement, mais elles ont démontré, s’il en était besoin, le pouvoir menaçant de l’Eglise. «Et depuis, constate Effie Fokas, aucun parti politique n’a proposé de changement majeur dans les relations de l’Eglise et de l’Etat. Au contraire! Les politiques continuent de consulter l’archevêque pour certaines décisions importantes et même de lui demander sa bénédiction avant les élections. Même Syriza se couche, brusquement louangeur, sur le travail caritatif des popes.»
«Ça suffit, les clichés»
Mais les impôts? Est-il possible, au moment où l’Etat grec, ruiné, est sommé de pratiquer une politique fiscale rigoureuse, d’en exempter encore l’Eglise? Les évêques consultés, quoique toujours affables, entrent dans de grandes colères lorsqu’on leur pose la question. «Ça suffit, les clichés, s’insurge Monseigneur Gabriel, évêque de Nea Ionia. L’Eglise est désormais imposée comme tous les citoyens grecs. Impôts sur les revenus locatifs et commerciaux, impôts sur la propriété. Le budget de mon diocèse est de 82 000 euros et je paie 25 000 euros d’impôts. Mon salaire mensuel est de 1502 euros et l’impôt sur le revenu est de 3000 euros. En 2014, l’Eglise a versé 2,5 millions pour l’impôt sur la propriété. Vous voulez d’autres chiffres?»
Oui, bien sûr, on aimerait. Par exemple, une estimation de l’ensemble des biens de l’Eglise – terres, forêts, immeubles, actions, hôtels, appartements, parkings. Mais là, il n’y a pas de réponse. Impossible de savoir. Il n’existe pas de centralisation des archives et des titres de propriété, pas de cadastre, pas d’inventaire. Les 6700 églises, monastères, fondations, constituent autant de personnes juridiques et ne rendent de comptes à personne. Sans parler de la République monastique du Mont-Athos, immensément riche, propriétaire de grands bâtiments au centre d’Athènes et qui bénéficie d’un statut à part. Une commission parlementaire avait étudié le sujet en 2013 et évalué l’étendue des terres à 170 000 hectares, mais le patrimoine des 500 monastères, gigantesque, est impossible à estimer. Quant au portefeuille immobilier de l’Eglise, il comporterait plus de 1400 propriétés foncières dans tout le pays, dont des immeubles de grande valeur à Athènes, une centaine d’appartements disponibles à la location, ainsi que des propriétés dans des sites protégés comme celui de Vouliagmeni que l’Eglise rêve d’exploiter à des fins touristiques, promettant même à l’Etat de partager avec lui la moitié des revenus. Mais tout est si opaque. Et organisé pour le rester.
Exemptions en cascade
Une liste de questions adressées à Syriza pour connaître sa position sur le statut de l’Eglise grecque et son imposition nous a valu une réponse indigente. C’est donc à Yannis Ktistakis, avocat spécialisé et professeur à la Faculté de droit de Thrace, qu’il revient de décrypter le statut fiscal de l’Eglise. Impôt sur les revenus: 20% depuis 2010. Taxes sur les donations et legs: 0,5% (formidablement bas). Exemption de l’impôt foncier de toutes les propriétés dédiées au culte, à l’éducation ou à la philanthropie (c’est-à-dire la plupart) et de ce qui n’est pas loué. Exemption de la taxe spéciale créée en 2011 pour les bâtiments reliés à l’électricité. Exemption des taxes municipales. «La solution à ce statut choquant est évidemment la séparation de l’Eglise et de l’Etat, affirme Me Ktistaskis. Pas une séparation unilatérale! Il faudrait une négociation. Mais il n’y a aucune raison pour que l’Etat continue d’entretenir le clergé.»
Mais qu’à cela ne tienne, répondent les évêques, que l’Etat nous rende alors ces biens que nous lui avons cédés pour les réfugiés d’Asie mineure, pour les agriculteurs, pour les hôpitaux. L’avocat s’étrangle: «La prise en charge des salaires du clergé s’est faite au début de la guerre civile, puis sous la dictature, pour des raisons strictement politiques. En aucune façon en vertu d’un échange contre des propriétés.» Et quand il y a eu transfert de biens à l’Etat, précise-t-il, ce fut toujours dans un cadre juridique précis: expropriation ou donation. «Il n’y a donc aucune raison de revenir sur ces opérations légales.»
Le dossier est venimeux et pour le moment, seul le parti libéral Drassi se prononce clairement pour une franche séparation. Tsipras, lui, marche sur des œufs et soigne ses bonnes relations avec l’archevêque. «Si l’on nous pénalise, nous ne pourrons pas poursuivre notre immense travail caritatif, prévient Monseigneur Antonios, évêque de Salona. Nous offrons chaque jour des dizaines de milliers de repas. Imaginez le nombre de Grecs qui auront faim…» Un chantage qui, en ces temps de crise, s’avère d’une efficacité redoutable.
Source: Le TEMPS
Commentaire du rédacteur: le rôle social essentiel de l'Église
Annick Cojean sort de ces thèmes habituels (portraits de personnalités internationales, reportages et enquêtes sur les violences faites aux femmes) et voulait visiblement mettre en avant les côtés négatifs de cette "richesse" de l'Église grecque qui revient comme un let-motif dans nos média (peut-être était-ce même la commande qu'elle avait reçue et qu'elle devait remplir pour être publiée?) Et elle parle de "comptes bien peu orthodoxes" (titre original de son article), et écrit en introduction que "les richesses ecclésiastiques restent intouchables. Au moment où l’Etat, ruiné, est sommé de pratiquer une politique fiscale rigoureuse, est-il encore possible d’en exempter l’Eglise?"
Mais à la lecture des informations qu'elle a recueillies, et qu'elle livre honnêtement montrant là les vraies qualités d'un grand reporter, c'est plutôt l'impression contraire qui se dégage de l'article car elle démontre que seule une petite minorité de Grecs s'oppose à l'Église: le parti libéral Drassi n'a aucun député au parlement et un seul député européen (sur 22) et Me Ktistaskis a beau s'étrangler et se montrer péremptoire son manque d'arguments frise le ridicule.
Par contre l'importance sociale de l'Église est évidente et, par ailleurs, l'archevêque Ieronymos d'Athènes, chef l'Eglise orthodoxe grecque a déclaré qu'il voulait exploiter les biens de l'Eglise, en coordination avec l'Etat grec, pour que les revenus dégagés aillent au paiement de la colossale dette du pays dans une interview à la chaîne privée "Skaï" (à confirmer – http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/5304-grece-eglise-orthodoxe-grecque-mettre-riche-patrimoine.html. Aucun autre média occidental n'a, jusqu'ici, repris cette information par trop contraire à la "Pensée Unique")
Notes V.G.
* Annick Cojean, née le 2 août 1957 à Brest (Finistère), est une journaliste française, grand reporter au journal Le Monde, auteure de plusieurs livres, directrice et présentatrice des collections Empreintes et Duels sur France 5. Elle préside le jury du prix Albert-Londres.
** La Dr. Effie Fokas
est l'auteur d'une étude sur ‘Pluralism and Religious Freedom in Orthodox Countries in Europe’
Lire aussi La théologie grecque des cinquante dernières années
Le père Pierre Adalbert Mottier nous a fait parvenir ce commentaire que nous mettons en ligne en tant que contribution.
Bonjour à tous!
Il y a quelques années nous avons reçu en Suisse un document fédéral invitant au don d'organes, ainsi qu'une carte de donneur à remplir et à insérer dans le portefeuille. Le fait est que les pays qui sont en carence d'organes ont une legislation basée sur le volontariat, et non sur le consentement présumé.
Devant l'importance d'une telle question, je me suis alors mis en recherche d'informations de type médical, légal, bioéthique et spirituel. Je vous livre ici quelques résultats de mes découvertes sur le sujet, ainsi que quelques questionnements.
1) La raison profonde de la position négative de l'Église orthodoxe vis-à-vis de la crémation tient justement au respect du processus de la mort et de la favorisation des meilleures conditions pour un bon passage de l'âme vers le lieu sans douleur ni peine, parmi les saints.
Bonjour à tous!
Il y a quelques années nous avons reçu en Suisse un document fédéral invitant au don d'organes, ainsi qu'une carte de donneur à remplir et à insérer dans le portefeuille. Le fait est que les pays qui sont en carence d'organes ont une legislation basée sur le volontariat, et non sur le consentement présumé.
Devant l'importance d'une telle question, je me suis alors mis en recherche d'informations de type médical, légal, bioéthique et spirituel. Je vous livre ici quelques résultats de mes découvertes sur le sujet, ainsi que quelques questionnements.
1) La raison profonde de la position négative de l'Église orthodoxe vis-à-vis de la crémation tient justement au respect du processus de la mort et de la favorisation des meilleures conditions pour un bon passage de l'âme vers le lieu sans douleur ni peine, parmi les saints.
Décès, séparation de l'âme, trépas, premier jugement. Et je ne rentre pas dans la question des péages qui est en soi une problématique distincte. Ces étapes sont sanctionnées par différents offices ou prières particulières pour l'agonisant ou le nouveau défunt. Le processus de la mort, en partant du physique jusqu'au spirituel prend donc un certain temps et nécessite un accompagnement adéquat. Je trouve la question du don d'organes statim post-mortem violente, parce qu'on "invite" la personne a éluder la question de la mort, comme si ce processus pouvait être économisé ou nié. On a en fait affaire à une question purement matérialiste.
2) La soi-disant évolution de la législation concernant la définition de la mort est liée à l'impossibilité de prélever des organes viables sur un défunt. On a une personne décédée, mais pas encore défunte, et la nuance est de taille. L'ancienne défintion obligeait au constat de l'arrêt des fonctions cardio-respiratoires. La nouvelle définition n'implique que l'arrêt des fonctions du tronc cérébral. On a consulté des prêtres, des imams et des rabbins (lesquels ? ) qui ne se sont apparement basés sur aucune référence spirituelle pour rendre leur jugement. Sinon on aurait tout de même une petite publication argumentée à se mettre sous la dent.
3) Au moment du prélèvement le donneur (supposé mort) est non seulement anesthésié mais aussi curarisé et c'est le clampage de l'aorte qui est la cause du décès aussitôt consigné. L'équipe d'anesthésie quitte ensuite la salle d'op., et les organes pré-dégagés sont extraits en quelques minutes. Données françaises officielles d'il y a environ dix ans (je rechercherai les références si nécessaire ... et si je retrouve le fichier !).
4) Chacun remarquera que la question du don d'organes est toujours présentée sous l'angle du receveur, et jamais sous celui du donneur. Comme c'est au donneur potentiel qu'on pose la question sans présenter équitablement le problème de son point de vue, il n'a en fait aucun moyen de prendre une décision sereine, qu'on reconnaît pourtant être grave, si ce n'est sur le plan émotif. Or toute l'argumentation positive des autorités religieuses est basée sur l'assimilation du don à un acte charitable (ce qui n'est pas faux) mais sans jamais dépasser le stade organique et matériel puisqu'on oublie systématiquement que la mort (du donneur) est un continuum et non une polarité quantique où il passerait subitement de vivant à mort. La question se situe donc au minimum tout autant sur un plan spirituel que matériel : quelle est la valeur réelle d'un don provisoire et précaire face au passage qui introduit l'âme d'un appelé à la vie éternelle ? Autrement dit : a-t-on le droit moral de prendre un risque avec sa propre introduction dans l'au-delà pour préserver ce qui n'est que temporaire chez autrui ? Et si oui sous quelles conditions ? Et peut-on décider pour autrui en étant garanti de ne pas induire une douleur néfaste dans sa mort ? Ne prie-t-on pas pour une mort sans douleur ? Qui sait à quel stade de la mort la douleur s'arrête ? Qui connaît l'impact ou l'inocuité d'une violence effectuée sur un corps encore biologiquement vivant ?
Donc mon ultime questionnement : les autorités de l'Église sont-elles habilitées à se positionner pour le prélèvement d'organes vitaux ou assimilés sans avoir consulté : a) l'Écriture sainte en tous ses aspects sur le sujet b) les Pères anciens et actuels c) le Seigneur dans sa divine Volonté au moyen de la prière et du jeûne durant tout le processus de positionnement. Ce qui implique une démarche spirituelle, théologique, concertée à défaut d'être conciliaire... Quant aux exemples respectables, édifiants et héroïques, sont-ils pour autant des normes spirituelles ? Peut-on les exposer dans le cadre d'un cas de conscience en confession ?
Tout ceci ne concerne bien entendu que les dons post mortem.
Quant à la greffe de jambe des saints Côme et Damien, si l'histoire est véridique il ne peut s'agir à l'évidence que d'un miracle, on est loin d'une systématisation, ce n'est pas un organe vital, et l'éthiopien est froid. On est là dans un contexte de résurrection plus que de médecine, ce qui démontre une fois de plus que la foi sans faille et l'amour véritable et désintéressé sont les motifs essentiels d'un tel événement.
Paix et joie.
2) La soi-disant évolution de la législation concernant la définition de la mort est liée à l'impossibilité de prélever des organes viables sur un défunt. On a une personne décédée, mais pas encore défunte, et la nuance est de taille. L'ancienne défintion obligeait au constat de l'arrêt des fonctions cardio-respiratoires. La nouvelle définition n'implique que l'arrêt des fonctions du tronc cérébral. On a consulté des prêtres, des imams et des rabbins (lesquels ? ) qui ne se sont apparement basés sur aucune référence spirituelle pour rendre leur jugement. Sinon on aurait tout de même une petite publication argumentée à se mettre sous la dent.
3) Au moment du prélèvement le donneur (supposé mort) est non seulement anesthésié mais aussi curarisé et c'est le clampage de l'aorte qui est la cause du décès aussitôt consigné. L'équipe d'anesthésie quitte ensuite la salle d'op., et les organes pré-dégagés sont extraits en quelques minutes. Données françaises officielles d'il y a environ dix ans (je rechercherai les références si nécessaire ... et si je retrouve le fichier !).
4) Chacun remarquera que la question du don d'organes est toujours présentée sous l'angle du receveur, et jamais sous celui du donneur. Comme c'est au donneur potentiel qu'on pose la question sans présenter équitablement le problème de son point de vue, il n'a en fait aucun moyen de prendre une décision sereine, qu'on reconnaît pourtant être grave, si ce n'est sur le plan émotif. Or toute l'argumentation positive des autorités religieuses est basée sur l'assimilation du don à un acte charitable (ce qui n'est pas faux) mais sans jamais dépasser le stade organique et matériel puisqu'on oublie systématiquement que la mort (du donneur) est un continuum et non une polarité quantique où il passerait subitement de vivant à mort. La question se situe donc au minimum tout autant sur un plan spirituel que matériel : quelle est la valeur réelle d'un don provisoire et précaire face au passage qui introduit l'âme d'un appelé à la vie éternelle ? Autrement dit : a-t-on le droit moral de prendre un risque avec sa propre introduction dans l'au-delà pour préserver ce qui n'est que temporaire chez autrui ? Et si oui sous quelles conditions ? Et peut-on décider pour autrui en étant garanti de ne pas induire une douleur néfaste dans sa mort ? Ne prie-t-on pas pour une mort sans douleur ? Qui sait à quel stade de la mort la douleur s'arrête ? Qui connaît l'impact ou l'inocuité d'une violence effectuée sur un corps encore biologiquement vivant ?
Donc mon ultime questionnement : les autorités de l'Église sont-elles habilitées à se positionner pour le prélèvement d'organes vitaux ou assimilés sans avoir consulté : a) l'Écriture sainte en tous ses aspects sur le sujet b) les Pères anciens et actuels c) le Seigneur dans sa divine Volonté au moyen de la prière et du jeûne durant tout le processus de positionnement. Ce qui implique une démarche spirituelle, théologique, concertée à défaut d'être conciliaire... Quant aux exemples respectables, édifiants et héroïques, sont-ils pour autant des normes spirituelles ? Peut-on les exposer dans le cadre d'un cas de conscience en confession ?
Tout ceci ne concerne bien entendu que les dons post mortem.
Quant à la greffe de jambe des saints Côme et Damien, si l'histoire est véridique il ne peut s'agir à l'évidence que d'un miracle, on est loin d'une systématisation, ce n'est pas un organe vital, et l'éthiopien est froid. On est là dans un contexte de résurrection plus que de médecine, ce qui démontre une fois de plus que la foi sans faille et l'amour véritable et désintéressé sont les motifs essentiels d'un tel événement.
Paix et joie.
Archimandrite Job Getcha
Dans une hymne byzantine faisant l’éloge des exploits ascétiques des saints moines ou des saintes moniales,
l’Eglise orthodoxe clame : « En toi, vénérable père (ou mère), la divine image se reflète exactement. Afin de lui ressembler, tu as pris ta croix et tu as suivi le Christ ; et par ta vie tu nous apprends à mépriser la chair, qui passe et disparaît, pour nous occuper plutôt de l’âme, qui vit jusqu’en la mort et au-delà... ».
Cette hymne, reflétant assez fidèlement l’image que l’on se fait communément de l’ascèse chrétienne, semble inciter les chrétiens à « mépriser la chair, qui passe et disparaît » et à s’occuper « plutôt de l’âme, qui vit jusqu’en la mort et au-delà... », entraînant chez certains un certain mépris, du moins un certain malaise, vis-à-vis du corps. Par contre, l’anthropologie chrétienne traditionnelle a toujours maintenu une vision holistique de l’homme unissant le corps et l’âme. D’où le paradoxe qu’avait souligné Mircea Eliade :
« Quel paradoxe ! Les Grecs [païens] qui […] aimaient la vie, l’existence incarnée, la forme parfaite, avaient comme idéal de survie la survie de l’intellect pur (l’esprit, noûs). Les chrétiens qui, apparemment, sont des ascètes et méprisent le corps, soulignent la nécessité de la résurrection du corps et ne peuvent concevoir la béatitude paradisiaque sans l’union de l’âme et du corps » .
Dans une hymne byzantine faisant l’éloge des exploits ascétiques des saints moines ou des saintes moniales,
l’Eglise orthodoxe clame : « En toi, vénérable père (ou mère), la divine image se reflète exactement. Afin de lui ressembler, tu as pris ta croix et tu as suivi le Christ ; et par ta vie tu nous apprends à mépriser la chair, qui passe et disparaît, pour nous occuper plutôt de l’âme, qui vit jusqu’en la mort et au-delà... ».
Cette hymne, reflétant assez fidèlement l’image que l’on se fait communément de l’ascèse chrétienne, semble inciter les chrétiens à « mépriser la chair, qui passe et disparaît » et à s’occuper « plutôt de l’âme, qui vit jusqu’en la mort et au-delà... », entraînant chez certains un certain mépris, du moins un certain malaise, vis-à-vis du corps. Par contre, l’anthropologie chrétienne traditionnelle a toujours maintenu une vision holistique de l’homme unissant le corps et l’âme. D’où le paradoxe qu’avait souligné Mircea Eliade :
« Quel paradoxe ! Les Grecs [païens] qui […] aimaient la vie, l’existence incarnée, la forme parfaite, avaient comme idéal de survie la survie de l’intellect pur (l’esprit, noûs). Les chrétiens qui, apparemment, sont des ascètes et méprisent le corps, soulignent la nécessité de la résurrection du corps et ne peuvent concevoir la béatitude paradisiaque sans l’union de l’âme et du corps » .
D’où plusieurs questions qui se posent aux chrétiens d’aujourd’hui qui vivent à une époque où la psychologie contemporaine rappelle l’unité psychosomatique de l’homme. La tradition chrétienne aurait-t-elle repris le langage séparatiste du platonisme, ayant tendance à opposer l’âme et le corps ?
Si à la suite de Platon qui disait : « L’âme est l’homme » , pour beaucoup de penseurs grecs, le corps était considéré comme une prison pour l’âme, et c’est pourquoi l’âme devait en être délivrée, ceci n’est pas le cas de la tradition chrétienne car, comme aimait le rappeler le théologien orthodoxe Georges Florovsky, une âme sans un corps n’est pas un homme : c’est un fantôme ! Et bien avant lui, Justin le Martyr écrivait au 2e siècle : « L’âme est-elle par elle-même la personne ? Non, c’est simplement l’âme de la personne. Appelons-nous le corps la personne ? Non, nous l’appelons le corps de la personne. De sorte que la personne n’est aucune de ces choses en soi, mais elle est le tout unique formé ensemble par les deux » .
L’anthropologie chrétienne traditionnelle affirme par ailleurs non seulement l’immortalité de l’âme, mais aussi, et plus fondamentalement, la résurrection du corps. N’oublions jamais que le christianisme, à la différence de toutes les autres religions et philosophies, se fonde sur deux événements essentiels qui se sont passés « dans la chair » : l’incarnation et la résurrection du Fils de Dieu.
Lire aussi L’Archimandrite Job Getcha: Epitaphios, Mandylion et Saint Suaire
Combattant les gnostiques qui dénigraient le corps, Irénée de Lyon affirmait clairement au 2e siècle : « La preuve est faite que c’est bien la chair qui subit la mort : une fois l’âme sortie, la chair devient sans souffle et sans vie et se dissout peu à peu dans la terre d’où elle a été tirée. C’est donc bien elle qui est mortelle ». Cependant, se référant à l’Apôtre Paul, il ajoute une précision : « C’est également d’elle que l’Apôtre dit : ‘Il vivifiera aussi vos corps mortels’ (Rm 8, 11). C’est pourquoi il dit à son sujet dans la première aux Corinthiens : ‘Ainsi en va-t-il pour la résurrection des morts : semée dans la corruption, la chair ressuscitera dans l’incorruptibilité’ (1 Co 15, 42) » .
Comment comprendre alors le mépris du charnel et la louange du spirituel que semblent véhiculer certains textes de la tradition chrétienne ? Le but de notre brève conférence d’aujourd’hui est de nous pencher sur l’opposition entre la chair et l’esprit qui apparaît dans les épîtres de Paul et de son influence sur la tradition chrétienne ultérieure.
Si à la suite de Platon qui disait : « L’âme est l’homme » , pour beaucoup de penseurs grecs, le corps était considéré comme une prison pour l’âme, et c’est pourquoi l’âme devait en être délivrée, ceci n’est pas le cas de la tradition chrétienne car, comme aimait le rappeler le théologien orthodoxe Georges Florovsky, une âme sans un corps n’est pas un homme : c’est un fantôme ! Et bien avant lui, Justin le Martyr écrivait au 2e siècle : « L’âme est-elle par elle-même la personne ? Non, c’est simplement l’âme de la personne. Appelons-nous le corps la personne ? Non, nous l’appelons le corps de la personne. De sorte que la personne n’est aucune de ces choses en soi, mais elle est le tout unique formé ensemble par les deux » .
L’anthropologie chrétienne traditionnelle affirme par ailleurs non seulement l’immortalité de l’âme, mais aussi, et plus fondamentalement, la résurrection du corps. N’oublions jamais que le christianisme, à la différence de toutes les autres religions et philosophies, se fonde sur deux événements essentiels qui se sont passés « dans la chair » : l’incarnation et la résurrection du Fils de Dieu.
Lire aussi L’Archimandrite Job Getcha: Epitaphios, Mandylion et Saint Suaire
Combattant les gnostiques qui dénigraient le corps, Irénée de Lyon affirmait clairement au 2e siècle : « La preuve est faite que c’est bien la chair qui subit la mort : une fois l’âme sortie, la chair devient sans souffle et sans vie et se dissout peu à peu dans la terre d’où elle a été tirée. C’est donc bien elle qui est mortelle ». Cependant, se référant à l’Apôtre Paul, il ajoute une précision : « C’est également d’elle que l’Apôtre dit : ‘Il vivifiera aussi vos corps mortels’ (Rm 8, 11). C’est pourquoi il dit à son sujet dans la première aux Corinthiens : ‘Ainsi en va-t-il pour la résurrection des morts : semée dans la corruption, la chair ressuscitera dans l’incorruptibilité’ (1 Co 15, 42) » .
Comment comprendre alors le mépris du charnel et la louange du spirituel que semblent véhiculer certains textes de la tradition chrétienne ? Le but de notre brève conférence d’aujourd’hui est de nous pencher sur l’opposition entre la chair et l’esprit qui apparaît dans les épîtres de Paul et de son influence sur la tradition chrétienne ultérieure.
L’antagonisme chair-esprit chez l’Apôtre Paul
Avant d’aborder l’opposition que fait l’Apôtre Paul de la chair à l’esprit, il faut noter d’emblée que l’Apôtre des nations distingue la chair (sarx) du corps (sôma). Pour lui, le corps (sôma) caractérise l’homme dans sa proximité avec Dieu alors que la chair (sarx) désigne l’homme dans son éloignement d’avec Dieu. Ceci est fondamental.
C’est ainsi qu’il parlera du corps comme du temple de l’Esprit saint : « ne savez-vous pas que votre corps (sôma) est le temple du Saint Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ? (1 Co 6, 19). Par contre, pour Paul, la chair n’est pas purement et simplement identique au corps ; elle désigne la nature humaine en tant qu’elle s’oppose à Dieu, lorsqu’elle est infectée par les passions. Ainsi, il écrit, par exemple : « quand nous étions dans la chair (sarx), les passions pécheresses, se servant de la loi, agissaient en nos membres, afin que nous portions des fruits pour la mort » (Ro 7, 5).
C’est donc cette chair qu’aux yeux de Paul le Christ va assumer afin de la guérir : « Ce qui était impossible à la loi, car la chair la vouait à l’impuissance, Dieu l’a fait : à cause du péché, en envoyant son propre Fils dans la condition de notre chair de péché, il a condamné le péché dans la chair, afin que la justice exigée par la loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas sous l’empire de la chair, mais de l’Esprit » (Ro 8, 3-4).
Pour ce qui est du dualisme chair-esprit, il faut dire que contrairement aux gnostiques qui avaient hérité d’une conception épicurienne, considérant le corps comme quelque chose de mauvais en soi et opposé à l’âme, les écrivains du judaïsme tardif et du Nouveau Testament opposeront deux principes : celui du mal qui mène à la mort et celui du bien qui mène à la vie. C’est ainsi que, faisant écho à certains textes qumrâniens, la Didaché parlera des « deux voies, l’une de la vie, l’autre de la mort ».
Nous retrouvons donc chez Paul un dualisme d’un autre ordre que celui du gnosticisme ou du paganisme : un dualisme moral, qui oppose la chair à l’esprit. Bien que s’apparentant superficiellement au dualisme païen entre l’âme et le corps, entre la pureté et l’impureté, cet antagonisme paulinien d’ordre moral est l’héritage de l’opposition, dans le judaïsme, de ce qui est terrestre à ce qui est céleste (voir, par exemple, chez Paul, la notion des deux Adam), et qui opposera l’expérience de l’Esprit Saint donné aux chrétiens et conduisant à la sainteté, à l’expérience de la chair qui conduit au péché. Dans cette perspective, « la chair » désigne davantage la créature qui compte sur elle-même et non sur Dieu, et caractérise le monde qui vit selon l’esprit du mal.
On trouve dans les épîtres de Paul le combat de la chair et de l’esprit à deux occasions : une première fois dans l’épître aux Romains et une seconde fois dans l’épître aux Galates.
D’une part, dans les septième et huitième chapitres de l’épître aux Romains, Paul parle de la chair et de l’esprit en l’homme comme de deux principes de vie et de mort : « En effet, sous l’empire de la chair, on tend à ce qui est charnel, mais sous l’empire de l’Esprit, on tend à ce qui est spirituel : la chair tend à la mort, mais l’Esprit tend à la vie et à la paix » Ro 8, 5). L’homme peut vivre selon la chair : tel est la conséquence du péché. Mais il doit vivre selon l’esprit, grâce à la mort du Fils dans la chair qui a anéanti la mort et le péché et au don du Saint-Esprit qui habite en nous : « Or vous, vous n’êtes pas sous l’empire de la chair, mais de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas.
Si Christ est en vous, votre corps (sôma), il est vrai, est voué à la mort à cause du péché, mais l’Esprit est votre vie à cause de la justice » (Ro 8, 9-10). C’est alors que Paul affirme clairement la résurrection à laquelle le corps est appelé : « Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps (sômata) mortels, par son Esprit qui habite en vous » (Ro 8,11).
D’autre part, dans le quatrième chapitre de l’épître aux Galates, Paul présente les chrétiens comme les fils d’Abraham nés de Sara selon l’esprit, et non pas nés d’Agar selon la chair. De là en découle deux mondes : le monde charnel au sein duquel le péché s’est multiplié sous la Loi, et le monde spirituel au sein duquel se développe tout ce qui est bien par le don du Saint-Esprit. « On les connaît », dit-il, « les œuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche […] ; mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi » (Ga 5, 19.22) L’homme peut vivre selon la chair, mais doit vivre selon l’Esprit : « Celui qui sème pour sa propre chair récoltera ce que produit la chair : la corruption. Celui qui sème pour l’Esprit récoltera ce que produit l’Esprit : la vie éternelle » (Ga 6, 8).
« Écoutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire » (Ga 5, 16). C’est dans ce contexte d’ordre moral, et seulement dans celui-ci, que Paul fera naître au sein du christianisme l’antagonisme entre la chair et l’esprit : « Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit, et l’Esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme ; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez » (Ga 5, 17).
Avant d’aborder l’opposition que fait l’Apôtre Paul de la chair à l’esprit, il faut noter d’emblée que l’Apôtre des nations distingue la chair (sarx) du corps (sôma). Pour lui, le corps (sôma) caractérise l’homme dans sa proximité avec Dieu alors que la chair (sarx) désigne l’homme dans son éloignement d’avec Dieu. Ceci est fondamental.
C’est ainsi qu’il parlera du corps comme du temple de l’Esprit saint : « ne savez-vous pas que votre corps (sôma) est le temple du Saint Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ? (1 Co 6, 19). Par contre, pour Paul, la chair n’est pas purement et simplement identique au corps ; elle désigne la nature humaine en tant qu’elle s’oppose à Dieu, lorsqu’elle est infectée par les passions. Ainsi, il écrit, par exemple : « quand nous étions dans la chair (sarx), les passions pécheresses, se servant de la loi, agissaient en nos membres, afin que nous portions des fruits pour la mort » (Ro 7, 5).
C’est donc cette chair qu’aux yeux de Paul le Christ va assumer afin de la guérir : « Ce qui était impossible à la loi, car la chair la vouait à l’impuissance, Dieu l’a fait : à cause du péché, en envoyant son propre Fils dans la condition de notre chair de péché, il a condamné le péché dans la chair, afin que la justice exigée par la loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas sous l’empire de la chair, mais de l’Esprit » (Ro 8, 3-4).
Pour ce qui est du dualisme chair-esprit, il faut dire que contrairement aux gnostiques qui avaient hérité d’une conception épicurienne, considérant le corps comme quelque chose de mauvais en soi et opposé à l’âme, les écrivains du judaïsme tardif et du Nouveau Testament opposeront deux principes : celui du mal qui mène à la mort et celui du bien qui mène à la vie. C’est ainsi que, faisant écho à certains textes qumrâniens, la Didaché parlera des « deux voies, l’une de la vie, l’autre de la mort ».
Nous retrouvons donc chez Paul un dualisme d’un autre ordre que celui du gnosticisme ou du paganisme : un dualisme moral, qui oppose la chair à l’esprit. Bien que s’apparentant superficiellement au dualisme païen entre l’âme et le corps, entre la pureté et l’impureté, cet antagonisme paulinien d’ordre moral est l’héritage de l’opposition, dans le judaïsme, de ce qui est terrestre à ce qui est céleste (voir, par exemple, chez Paul, la notion des deux Adam), et qui opposera l’expérience de l’Esprit Saint donné aux chrétiens et conduisant à la sainteté, à l’expérience de la chair qui conduit au péché. Dans cette perspective, « la chair » désigne davantage la créature qui compte sur elle-même et non sur Dieu, et caractérise le monde qui vit selon l’esprit du mal.
On trouve dans les épîtres de Paul le combat de la chair et de l’esprit à deux occasions : une première fois dans l’épître aux Romains et une seconde fois dans l’épître aux Galates.
D’une part, dans les septième et huitième chapitres de l’épître aux Romains, Paul parle de la chair et de l’esprit en l’homme comme de deux principes de vie et de mort : « En effet, sous l’empire de la chair, on tend à ce qui est charnel, mais sous l’empire de l’Esprit, on tend à ce qui est spirituel : la chair tend à la mort, mais l’Esprit tend à la vie et à la paix » Ro 8, 5). L’homme peut vivre selon la chair : tel est la conséquence du péché. Mais il doit vivre selon l’esprit, grâce à la mort du Fils dans la chair qui a anéanti la mort et le péché et au don du Saint-Esprit qui habite en nous : « Or vous, vous n’êtes pas sous l’empire de la chair, mais de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas.
Si Christ est en vous, votre corps (sôma), il est vrai, est voué à la mort à cause du péché, mais l’Esprit est votre vie à cause de la justice » (Ro 8, 9-10). C’est alors que Paul affirme clairement la résurrection à laquelle le corps est appelé : « Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps (sômata) mortels, par son Esprit qui habite en vous » (Ro 8,11).
D’autre part, dans le quatrième chapitre de l’épître aux Galates, Paul présente les chrétiens comme les fils d’Abraham nés de Sara selon l’esprit, et non pas nés d’Agar selon la chair. De là en découle deux mondes : le monde charnel au sein duquel le péché s’est multiplié sous la Loi, et le monde spirituel au sein duquel se développe tout ce qui est bien par le don du Saint-Esprit. « On les connaît », dit-il, « les œuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche […] ; mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi » (Ga 5, 19.22) L’homme peut vivre selon la chair, mais doit vivre selon l’Esprit : « Celui qui sème pour sa propre chair récoltera ce que produit la chair : la corruption. Celui qui sème pour l’Esprit récoltera ce que produit l’Esprit : la vie éternelle » (Ga 6, 8).
« Écoutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire » (Ga 5, 16). C’est dans ce contexte d’ordre moral, et seulement dans celui-ci, que Paul fera naître au sein du christianisme l’antagonisme entre la chair et l’esprit : « Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit, et l’Esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme ; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez » (Ga 5, 17).
L’antagonisme chair-esprit chez les Pères de l’Eglise
Cet antagonisme paulinien de la chair et de l’esprit sera abondamment repris par les Pères de l’Eglise et la tradition chrétienne ultérieure.
Cependant, Irénée, évêque de Lyon au 2e siècle et ardent combattant du gnosticisme, soulignera que ce combat est d’ordre moral et ne vise aucunement le corps de l’homme en tant que tel, le christianisme ne pouvant tenir le corps en aversion :
« Comme dit l’Apôtre dans son épître aux Colossiens : ‘Faites donc mourir vos membres terrestres…’ (Col. 3, 5) Quels sont-ils ces membres ? Lui-même les énumère : ‘la fornication, l’impureté, les passions, la convoitise mauvaise et l’avarice qui est une idôlatrie » (Col 3,5). Voilà ce dont l’Apôtre prêche le rejet, et c’est à propos de ceux qui commettent de tels actes qu’il affirme qu’ils ne peuvent, comme n’étant que ‘chair et sang’, hériter du royaume des cieux : car leur âme, pour avoir incliné vers ce qui est inférieur et être descendue vers les convoitises terrestres, est désignée par ces noms mêmes de ‘chair’ et de ‘sang’. Et c’est tout cela que l’Apôtre nous commande une nouvelle fois de rejeter, lorsqu’il dit dans la même épître : ‘Ayant dépouillé le vieil homme avec ses pratiques’ (Col. 3,9) Ce disant, il n’entend nullement répudier l’antique ouvrage modelé : sans quoi nous devrions nous tuer et rompre tout lien avec la vie d’ici-bas ! » .
Lire aussi L'Archimandrite Job Getcha: "La réforme liturgique du métropolite Cyprien de Kiev"
Journaliste monastique avant l’heure, Cassien le Romain consacrera entièrement à cet antagonisme paulinien la quatrième de ses conférences qu’il rédigea au 4e siècle pour les communautés qu’il venait de fonder à Marseille. Etant interrogé sur la raison de la lutte entre la chair et l’esprit évoquée par l’apôtre Paul en Galates 5,17, Cassien met dans la bouche d’Abba Daniel la réponse suivante. Dans ce passage, la chair désigne non pas l’homme lui-même, mais « la volonté de la chair et les mauvais désirs, tout de même que l’esprit ne désigne rien de substantiel, mais les bonnes et spirituelles aspirations ».
Il en résulte « une guerre intestine et de tous les jours : la concupiscence de la chair se précipite impétueusement au vice et se plaît aux délices d’un repos terrestre ; la concupiscence de l’esprit s’y oppose, au contraire, et désire vivement d’appartenir tout entière à la pensée des choses de Dieu » . Selon lui, cette lutte est voulue par Dieu pour nous rendre meilleurs : « La guerre qu’une disposition du créateur allume en nous a d’une certaine manière son utilité : elle nous excite, elle nous force à devenir meilleurs ; et si elle venait à cesser, on lui verrait succéder une paix funeste » . Il est intéressant de noter que de ce combat, selon Cassien, doit résulter non pas la victoire de l’un sur l’autre, mais un équilibre entre la chair et l’esprit afin d’éviter les excès de l’une et de l’autre : « Du combat suit l’équilibre ; entre les deux excès, la voie des vertus est ouverte, sage et modérée, voie royale pour conduire les pas des soldats du Christ ».
Nous pourrions passer en revue beaucoup d’autres éminentes figures de la tradition patristique, mais le temps qui nous est imparti ne nous le permet pas. Mais les résultats seraient toujours les mêmes : lorsque les Pères dénigrent la chair, c’est toujours dans une perspective morale, y dénonçant les vices, comme le fait Grégoire le Théologien lorsqu’il s’exclame au 4e siècle : « Chair pernicieuse, racine des vices aux multiples formes […], amie du monde qui nous entraîne vers les choses d’en bas […] adversaire de la vie céleste […] » , et non pas en tant que partie constitutive de l’homme, étant conscient que c’est bien la chair que le Christ « a unie avec la divinité pour me sauver » . Ainsi, à la suite de Paul, l’écrivain monastique byzantin du 11e siècle, Nicétas Stetathos considèrera que le but de la vie spirituelle est de « nous faire spirituels de charnels que nous étions » .
Cet antagonisme paulinien de la chair et de l’esprit sera abondamment repris par les Pères de l’Eglise et la tradition chrétienne ultérieure.
Cependant, Irénée, évêque de Lyon au 2e siècle et ardent combattant du gnosticisme, soulignera que ce combat est d’ordre moral et ne vise aucunement le corps de l’homme en tant que tel, le christianisme ne pouvant tenir le corps en aversion :
« Comme dit l’Apôtre dans son épître aux Colossiens : ‘Faites donc mourir vos membres terrestres…’ (Col. 3, 5) Quels sont-ils ces membres ? Lui-même les énumère : ‘la fornication, l’impureté, les passions, la convoitise mauvaise et l’avarice qui est une idôlatrie » (Col 3,5). Voilà ce dont l’Apôtre prêche le rejet, et c’est à propos de ceux qui commettent de tels actes qu’il affirme qu’ils ne peuvent, comme n’étant que ‘chair et sang’, hériter du royaume des cieux : car leur âme, pour avoir incliné vers ce qui est inférieur et être descendue vers les convoitises terrestres, est désignée par ces noms mêmes de ‘chair’ et de ‘sang’. Et c’est tout cela que l’Apôtre nous commande une nouvelle fois de rejeter, lorsqu’il dit dans la même épître : ‘Ayant dépouillé le vieil homme avec ses pratiques’ (Col. 3,9) Ce disant, il n’entend nullement répudier l’antique ouvrage modelé : sans quoi nous devrions nous tuer et rompre tout lien avec la vie d’ici-bas ! » .
Lire aussi L'Archimandrite Job Getcha: "La réforme liturgique du métropolite Cyprien de Kiev"
Journaliste monastique avant l’heure, Cassien le Romain consacrera entièrement à cet antagonisme paulinien la quatrième de ses conférences qu’il rédigea au 4e siècle pour les communautés qu’il venait de fonder à Marseille. Etant interrogé sur la raison de la lutte entre la chair et l’esprit évoquée par l’apôtre Paul en Galates 5,17, Cassien met dans la bouche d’Abba Daniel la réponse suivante. Dans ce passage, la chair désigne non pas l’homme lui-même, mais « la volonté de la chair et les mauvais désirs, tout de même que l’esprit ne désigne rien de substantiel, mais les bonnes et spirituelles aspirations ».
Il en résulte « une guerre intestine et de tous les jours : la concupiscence de la chair se précipite impétueusement au vice et se plaît aux délices d’un repos terrestre ; la concupiscence de l’esprit s’y oppose, au contraire, et désire vivement d’appartenir tout entière à la pensée des choses de Dieu » . Selon lui, cette lutte est voulue par Dieu pour nous rendre meilleurs : « La guerre qu’une disposition du créateur allume en nous a d’une certaine manière son utilité : elle nous excite, elle nous force à devenir meilleurs ; et si elle venait à cesser, on lui verrait succéder une paix funeste » . Il est intéressant de noter que de ce combat, selon Cassien, doit résulter non pas la victoire de l’un sur l’autre, mais un équilibre entre la chair et l’esprit afin d’éviter les excès de l’une et de l’autre : « Du combat suit l’équilibre ; entre les deux excès, la voie des vertus est ouverte, sage et modérée, voie royale pour conduire les pas des soldats du Christ ».
Nous pourrions passer en revue beaucoup d’autres éminentes figures de la tradition patristique, mais le temps qui nous est imparti ne nous le permet pas. Mais les résultats seraient toujours les mêmes : lorsque les Pères dénigrent la chair, c’est toujours dans une perspective morale, y dénonçant les vices, comme le fait Grégoire le Théologien lorsqu’il s’exclame au 4e siècle : « Chair pernicieuse, racine des vices aux multiples formes […], amie du monde qui nous entraîne vers les choses d’en bas […] adversaire de la vie céleste […] » , et non pas en tant que partie constitutive de l’homme, étant conscient que c’est bien la chair que le Christ « a unie avec la divinité pour me sauver » . Ainsi, à la suite de Paul, l’écrivain monastique byzantin du 11e siècle, Nicétas Stetathos considèrera que le but de la vie spirituelle est de « nous faire spirituels de charnels que nous étions » .
Une réalité ambiguë
Ayant pour fondement l’incarnation et la résurrection, le christianisme ne saurait donc pas dénigrer le corps au profit de l’âme, mais envisage plutôt un combat visant à trouver l’équilibre entre la chair et l’esprit. C’est donc dans une perspective morale que la tradition chrétienne nous enseigne, à la suite de l’Apôtre Paul, de « Mépriser la chair, qui passe et disparaît » et de s’occuper « plutôt de l’âme, qui vit jusqu’en la mort et au-delà... », et non dans une perspective ontologique, étant tout aussi consciente que Paul de la vocation de l’homme, corps et âme, à ressusciter.
D’où une réalité antinomique, voire ambiguë, du corps, objet des vices mais aussi germe de la résurrection, déjà soulignée au 7e siècle par l’abbé du Sinaï, Jean Climaque :
« Comment vaincre celui que la nature me porte à aimer ?
Comment me libérer de celui auquel je suis lié pour l’éternité ?
Comment anéantir ce qui doit ressusciter avec moi ?
Comment rendre incorruptible ce qui a reçu une nature mortelle ?
Comment opposer de bons arguments à celui qui tient les siens de la nature ?
Car il est à la fois un allié et un ennemi, un aide et un rival, un défenseur et un traître. Si je le ménage, il me fait la guerre. Si je l’épuise, il devient sans force. Quand je le laisse tranquille, il se conduit mal. Si au contraire je le tourmente, il ne peut le supporter. Si je le contriste, je suis en danger. Si je lui porte un coup décisif, je n’ai plus de quoi acquérir les vertus. Tout ensemble, je l’embrasse et je me détourne de lui. Quel est donc ce mystère en moi ? Que signifie ce mélange ? Pourquoi suis-je ainsi ami et ennemi de moi-même ? »
Sauvé par le Christ, illuminé par l’Esprit Saint, l’homme est invité à transfigurer la chair (sarx) en corps (sôma) de gloire. Car comme l’a si bien dit l’Apôtre des nations, « Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment comme sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transfigurera notre corps humilié pour le rendre semblable à son corps de gloire, avec la force qui le rend capable aussi de tout soumettre à son pouvoir » (Phil. 3, 20-21).
Lien- Conférence de Carême : « La chair et l’esprit »
Ayant pour fondement l’incarnation et la résurrection, le christianisme ne saurait donc pas dénigrer le corps au profit de l’âme, mais envisage plutôt un combat visant à trouver l’équilibre entre la chair et l’esprit. C’est donc dans une perspective morale que la tradition chrétienne nous enseigne, à la suite de l’Apôtre Paul, de « Mépriser la chair, qui passe et disparaît » et de s’occuper « plutôt de l’âme, qui vit jusqu’en la mort et au-delà... », et non dans une perspective ontologique, étant tout aussi consciente que Paul de la vocation de l’homme, corps et âme, à ressusciter.
D’où une réalité antinomique, voire ambiguë, du corps, objet des vices mais aussi germe de la résurrection, déjà soulignée au 7e siècle par l’abbé du Sinaï, Jean Climaque :
« Comment vaincre celui que la nature me porte à aimer ?
Comment me libérer de celui auquel je suis lié pour l’éternité ?
Comment anéantir ce qui doit ressusciter avec moi ?
Comment rendre incorruptible ce qui a reçu une nature mortelle ?
Comment opposer de bons arguments à celui qui tient les siens de la nature ?
Car il est à la fois un allié et un ennemi, un aide et un rival, un défenseur et un traître. Si je le ménage, il me fait la guerre. Si je l’épuise, il devient sans force. Quand je le laisse tranquille, il se conduit mal. Si au contraire je le tourmente, il ne peut le supporter. Si je le contriste, je suis en danger. Si je lui porte un coup décisif, je n’ai plus de quoi acquérir les vertus. Tout ensemble, je l’embrasse et je me détourne de lui. Quel est donc ce mystère en moi ? Que signifie ce mélange ? Pourquoi suis-je ainsi ami et ennemi de moi-même ? »
Sauvé par le Christ, illuminé par l’Esprit Saint, l’homme est invité à transfigurer la chair (sarx) en corps (sôma) de gloire. Car comme l’a si bien dit l’Apôtre des nations, « Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment comme sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transfigurera notre corps humilié pour le rendre semblable à son corps de gloire, avec la force qui le rend capable aussi de tout soumettre à son pouvoir » (Phil. 3, 20-21).
Lien- Conférence de Carême : « La chair et l’esprit »
Vladimir Golovanow
Le premier dimanche de septembre dans l'Église russe
Le Saint synode de l'Église russe a décidé au cours de sa réunion du 13juillet 2015 d'instaurer "jour de prière pour la Création" le premier dimanche de septembre et a fixé le rite de cette prière.
L'Église russe tient beaucoup à promouvoir une attitude consciencieuse de l'homme envers la Création divine – le monde qui nous entoure, et ce thème est développé dans plusieurs documents adoptés par le concile épiscopal depuis 2000. En particulier, le concile épiscopal de 2013 dit dans son communiqué final: "l’Église est très inquiète de l’état actuel de l’environnement naturel. L’épuisement des ressources et la pollution posent sérieusement la question de la sauvegarde de la diversité des êtres vivants, de l’usage équilibré des dons de la nature. Les membres du concile ont exprimé la position de l’Église orthodoxe russe sur les problèmes actuels de l’écologie, en rappelant à la société sa responsabilité pour la préservation de la création de Dieu" (1)
Le premier dimanche de septembre dans l'Église russe
Le Saint synode de l'Église russe a décidé au cours de sa réunion du 13juillet 2015 d'instaurer "jour de prière pour la Création" le premier dimanche de septembre et a fixé le rite de cette prière.
L'Église russe tient beaucoup à promouvoir une attitude consciencieuse de l'homme envers la Création divine – le monde qui nous entoure, et ce thème est développé dans plusieurs documents adoptés par le concile épiscopal depuis 2000. En particulier, le concile épiscopal de 2013 dit dans son communiqué final: "l’Église est très inquiète de l’état actuel de l’environnement naturel. L’épuisement des ressources et la pollution posent sérieusement la question de la sauvegarde de la diversité des êtres vivants, de l’usage équilibré des dons de la nature. Les membres du concile ont exprimé la position de l’Église orthodoxe russe sur les problèmes actuels de l’écologie, en rappelant à la société sa responsabilité pour la préservation de la création de Dieu" (1)
Le concile épiscopal a aussi adopté un document spécifique, "Position de l'Église orthodoxe russe sur les problèmes actuels de l'écologie"(2), qui stimule l'action du clergé et des laïcs dans la sphère écologique. Le "Conseil suprême de l'Église" (3) a débattu de l'instauration d'un jour de prières pour la Création divine et la date du 1er septembre (voir plus loin) est apparue comme ne convenant pas dans les territoires canoniques de l'Église russe: cette date marque le début de l'année scolaire et universitaire avec les actions de grâce correspondantes et la confusion de deux journées significatives ne semble pas opportune. De plus, il y a clairement plus de monde dans les églises le dimanche et toute action particulière y a donc plus d'impact. C'est pour ces raisons que le premier dimanche de septembre a été retenu comme jour de prière spéciale pour la Création divine.
Source: Communiqué du patriarcat de Moscou
Le 1 septembre devient œcuménique à Constantinople
Le métropolite Jean Zizioulas de Pergame a de son côté proposé d'aller plus loin et d'instituer une journée de prière œcuménique pour l'environnement le 1ᵉʳ septembre de chaque année. Une initiative qui fait suite à la présentation de l'encyclique papale «Laudato si'». Le représentant du patriarcat œcuménique de Constantinople a par ailleurs qualifié de «péché écologique» la «rupture» entre l'humanité et son environnement naturel. il a affirmé que l'encyclique du pontife argentin était un «appel à l'unité dans la prière pour l'environnement, dans la diffusion de l'Evangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et la correction de nos modes de vie».
Source: Apic/imedia/bh
Rappelons que, à l'origine, dans le document adopté lors de la synaxe de 2008(4), les primats "réaffirmaient la désignation du 1er septembre, le premier jour de l'année ecclésiastique, comme jour spécial de prières pour la protection de la Création de Dieu et soutiennent l'introduction du sujet de la protection de l'environnement dans l'activité pastorale catéchétique, homélitique, et générale de nos Églises, comme tel est déjà le cas dans certaines d’entre elles"
Voir aussi: PO
Notes du rédacteur
(1) Message du concile
(2) En russe
(3) Cf.
(4) AEOF
Source: Communiqué du patriarcat de Moscou
Le 1 septembre devient œcuménique à Constantinople
Le métropolite Jean Zizioulas de Pergame a de son côté proposé d'aller plus loin et d'instituer une journée de prière œcuménique pour l'environnement le 1ᵉʳ septembre de chaque année. Une initiative qui fait suite à la présentation de l'encyclique papale «Laudato si'». Le représentant du patriarcat œcuménique de Constantinople a par ailleurs qualifié de «péché écologique» la «rupture» entre l'humanité et son environnement naturel. il a affirmé que l'encyclique du pontife argentin était un «appel à l'unité dans la prière pour l'environnement, dans la diffusion de l'Evangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et la correction de nos modes de vie».
Source: Apic/imedia/bh
Rappelons que, à l'origine, dans le document adopté lors de la synaxe de 2008(4), les primats "réaffirmaient la désignation du 1er septembre, le premier jour de l'année ecclésiastique, comme jour spécial de prières pour la protection de la Création de Dieu et soutiennent l'introduction du sujet de la protection de l'environnement dans l'activité pastorale catéchétique, homélitique, et générale de nos Églises, comme tel est déjà le cas dans certaines d’entre elles"
Voir aussi: PO
Notes du rédacteur
(1) Message du concile
(2) En russe
(3) Cf.
(4) AEOF
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"Il n'y a aucune excuse pour ceux qui déclenchent des guerres", - Mgr Onuphre, Primat de l'Eglise d’Ukraine, PM
14/04/2023 05:58 - Gilles -
Le père George Egorov, sa visite pastorale à la Légion étrangère
12/12/2022 12:55 - Baron André -
OSCE demande à Russie ce cesser la destruction d'églises en Ukraine
10/05/2022 03:22 - pere jean -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 19:15 - Hai Lin -
Deux hiérarques russes s’expriment à titre personnel à propos de la guerre et de la paix, de la situation en Russie
14/04/2022 10:39 - Marie Genko -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 10:26 - Marie Genko -
Le Parlement Européen a condamné le patriarche Cyrille et a félicité le clergé orthodoxe qui s'est opposé à la guerre en Ukraine
13/04/2022 21:21 - Gilles -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 23:05 - Théophile -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 22:00 - Nadejda na Mir
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