Plateforme libre de discussion
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Vladimir GOLOVANOW
"Ni patriarche ni concile ne pourraient parmi nous introduire un enseignement nouveau, car le gardien de la religion est le corps même de l'Eglise, c'est à dire le peuple (laos) même" Lettre des 'Patriarches orthodoxes' au Pape Pie IX, 1848 (1)
Le débat sur un autre fil (2) a montré une grande incompréhension concernant ce fondement de la doctrine orthodoxe. Il est pourtant à la base de notre ecclésiologie conciliaire et le Père Afanassiev, cité par le Père Boris Bobrinskoy, va jusqu'à écrire "le christianisme primitif était un mouvement laïc" (3). En effet, si les évêques définissent et proclament la vérité dans les conciles, ils le font pour toute l'Eglise et le Peuple de Dieu doit encore accepter et recevoir cette définition. "Comme la Parole de Dieu est reçue et actualisée dans les communautés chrétiennes, les formulations avancées par les Pères anciens et leurs successeurs modernes sont appelées à produire leur effet dans l’Église : le peuple de Dieu, dernier garant de leur authenticité doctrinale, en reçoit et entérine les seuls éléments jugés conformes à l’ensemble de la Tradition, comprise comme réalité théologique et non ensemble d’usages" écrit le professeur de théologie liturgique André Lossky (4).
"Ni patriarche ni concile ne pourraient parmi nous introduire un enseignement nouveau, car le gardien de la religion est le corps même de l'Eglise, c'est à dire le peuple (laos) même" Lettre des 'Patriarches orthodoxes' au Pape Pie IX, 1848 (1)
Le débat sur un autre fil (2) a montré une grande incompréhension concernant ce fondement de la doctrine orthodoxe. Il est pourtant à la base de notre ecclésiologie conciliaire et le Père Afanassiev, cité par le Père Boris Bobrinskoy, va jusqu'à écrire "le christianisme primitif était un mouvement laïc" (3). En effet, si les évêques définissent et proclament la vérité dans les conciles, ils le font pour toute l'Eglise et le Peuple de Dieu doit encore accepter et recevoir cette définition. "Comme la Parole de Dieu est reçue et actualisée dans les communautés chrétiennes, les formulations avancées par les Pères anciens et leurs successeurs modernes sont appelées à produire leur effet dans l’Église : le peuple de Dieu, dernier garant de leur authenticité doctrinale, en reçoit et entérine les seuls éléments jugés conformes à l’ensemble de la Tradition, comprise comme réalité théologique et non ensemble d’usages" écrit le professeur de théologie liturgique André Lossky (4).
Il y a eu dans l'histoire de la Chrétienté des empereurs, patriarches, évêques, théologiens … qui se sont fourvoyés dans l'erreur, y compris dans des conciles. Mais ces erreurs ont toujours été corrigées par le Peuple de Dieu qui n'a pas permis que l'Eglise se fourvoie; cela est d'ailleurs impossible pour les Orthodoxes puisque nous croyons, comme l'écrit le père Jean Meyendorff, que "l'unique 'critère de la vérité' demeure Dieu lui-même, vivant mystérieusement dans l'Eglise, la conduisant sur la voie de la vérité" (5). Les canons en sont l'expression.
L'application des canons
"Cependant les canons ne sont pas des documents juridiques, ni de simples règles administratives, à appliquer d’une manière purement formelle. Les canons renferment des indications sur la manière de réaliser et de manifester dans des circonstances déterminées l’essence éternelle et immuable de l’Église", écrivait le père Alexandre Schmemann il y a un demi-siècle (6), et il est donc indispensable de retrouver le témoignage au sujet de la Tradition que renferment les canons: pour "déterminer la norme canonique de notre organisation ecclésiale dans les circonstances où Dieu a voulu nous faire vivre, nous devons avant tout autre chose nous rappeler ce que l’Église a toujours et partout manifesté par son organisation externe, ce contenu essentiel qui est aussi ce que nous indiquent les canons" (ibid.). La fidélité aux canons est la fidélité à la totalité de la Tradition, continue-t-il et, citant Nicolas Afanassiev, cette fidélité, « ne signifie pas la fidélité à l’autorité extérieure du passé, mais un lien vivant avec la plénitude de l’expérience de l’Église. Les références à la Tradition ne sont pas seulement un argument historique et la Tradition ne se réduit pas à l’archéologie ecclésiastique. » (7)
L'organisation de la diaspora, qui nous concerne au premier chef, ne peut trouver des réponses simples dans les canons élaborés dans le cadre de l'empire romain et prolongés dans l'empire ottoman. Les circonstances actuelles sont totalement différentes de tout ce que l'Eglise a connu, son organisation ecclésiale est largement bouleversée et l'application des canons comme si c'était des textes juridiques conduit à des contradictions flagrantes. Ainsi, en partant du même 28e canon de Chalcédoine nous voyons deux applications opposées du principe de territorialité: pour Constantinople, "entrent dans le domaine de responsabilité du Patriarche œcuménique l’Europe occidentale et toutes les terres nouvellement découvertes d'Amérique et d'Australie" et pour Moscou "la majorité des fidèles des Eglises sur ces territoires ne sont pas des indigènes mais des représentants de peuples traditionnellement orthodoxes avec leurs traditions religieuses qu'ils souhaitent conserver" (8). Et des théologiens sérieux comme JC Larchet critiquent vigoureusement la canonicité de ces deux positions (9).
Une nouvelle forme historique
« Les formes que prend l’être historique de l’Église sont très variées, écrit George Florovski (10), c’est une évidence qui se passe de démonstration pour toute personne un tant soit peu familière avec l’histoire de l’Église. Une forme historique de l’existence de l’Église en remplace une autre. Néanmoins malgré la diversité des formes historiques, on y trouve comme un noyau immuable. C’est l’enseignement dogmatique au sujet de l’Église, en d’autres termes l’Église elle-même. La vie ecclésiale ne peut adopter n’importe quelle forme, mais seulement celles qui correspondent à son essence, qui sont capables de refléter cette essence dans des circonstances historiques données ».
Mais la forme d'organisation que nous connaissons actuellement dans la diaspora reflète-t-elle vraiment cette essence de l'Eglise? Tout le monde semble d'accord que non: "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux (…) ce qui est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle" écrivent les patriarches Bartholomé et Alexis en 2002 (ibid. 7). Mais c'est pour en sortir que les avis divergent et, comme nous n'avons pas eu de concile panorthodoxe depuis plus de cent ans et que les canonistes ne sont pas d'accord sur l'interprétation des canons, il faut essayer de percevoir la Vérité détenue par le Peuple de Dieu qui "reçoit et entérine les seuls éléments jugés conformes à l’ensemble de la Tradition, comprise comme réalité théologique et non ensemble d’usages" (ibid. 4).
L'application des canons
"Cependant les canons ne sont pas des documents juridiques, ni de simples règles administratives, à appliquer d’une manière purement formelle. Les canons renferment des indications sur la manière de réaliser et de manifester dans des circonstances déterminées l’essence éternelle et immuable de l’Église", écrivait le père Alexandre Schmemann il y a un demi-siècle (6), et il est donc indispensable de retrouver le témoignage au sujet de la Tradition que renferment les canons: pour "déterminer la norme canonique de notre organisation ecclésiale dans les circonstances où Dieu a voulu nous faire vivre, nous devons avant tout autre chose nous rappeler ce que l’Église a toujours et partout manifesté par son organisation externe, ce contenu essentiel qui est aussi ce que nous indiquent les canons" (ibid.). La fidélité aux canons est la fidélité à la totalité de la Tradition, continue-t-il et, citant Nicolas Afanassiev, cette fidélité, « ne signifie pas la fidélité à l’autorité extérieure du passé, mais un lien vivant avec la plénitude de l’expérience de l’Église. Les références à la Tradition ne sont pas seulement un argument historique et la Tradition ne se réduit pas à l’archéologie ecclésiastique. » (7)
L'organisation de la diaspora, qui nous concerne au premier chef, ne peut trouver des réponses simples dans les canons élaborés dans le cadre de l'empire romain et prolongés dans l'empire ottoman. Les circonstances actuelles sont totalement différentes de tout ce que l'Eglise a connu, son organisation ecclésiale est largement bouleversée et l'application des canons comme si c'était des textes juridiques conduit à des contradictions flagrantes. Ainsi, en partant du même 28e canon de Chalcédoine nous voyons deux applications opposées du principe de territorialité: pour Constantinople, "entrent dans le domaine de responsabilité du Patriarche œcuménique l’Europe occidentale et toutes les terres nouvellement découvertes d'Amérique et d'Australie" et pour Moscou "la majorité des fidèles des Eglises sur ces territoires ne sont pas des indigènes mais des représentants de peuples traditionnellement orthodoxes avec leurs traditions religieuses qu'ils souhaitent conserver" (8). Et des théologiens sérieux comme JC Larchet critiquent vigoureusement la canonicité de ces deux positions (9).
Une nouvelle forme historique
« Les formes que prend l’être historique de l’Église sont très variées, écrit George Florovski (10), c’est une évidence qui se passe de démonstration pour toute personne un tant soit peu familière avec l’histoire de l’Église. Une forme historique de l’existence de l’Église en remplace une autre. Néanmoins malgré la diversité des formes historiques, on y trouve comme un noyau immuable. C’est l’enseignement dogmatique au sujet de l’Église, en d’autres termes l’Église elle-même. La vie ecclésiale ne peut adopter n’importe quelle forme, mais seulement celles qui correspondent à son essence, qui sont capables de refléter cette essence dans des circonstances historiques données ».
Mais la forme d'organisation que nous connaissons actuellement dans la diaspora reflète-t-elle vraiment cette essence de l'Eglise? Tout le monde semble d'accord que non: "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux (…) ce qui est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle" écrivent les patriarches Bartholomé et Alexis en 2002 (ibid. 7). Mais c'est pour en sortir que les avis divergent et, comme nous n'avons pas eu de concile panorthodoxe depuis plus de cent ans et que les canonistes ne sont pas d'accord sur l'interprétation des canons, il faut essayer de percevoir la Vérité détenue par le Peuple de Dieu qui "reçoit et entérine les seuls éléments jugés conformes à l’ensemble de la Tradition, comprise comme réalité théologique et non ensemble d’usages" (ibid. 4).
Il ne s'agit pas de voter.
Mais là notre débat a montré une totale incompréhension de la signification de cette perception de la Vérité détenue par le Peuple de Dieu. Certains ont parlé de la volonté d'un groupe, d'autre de majorité à 50+1… Bien entendu il s'agit de tout autre chose: "il ne faut pas croire non plus que la Vérité catholique soit soumise, dans son expression, à quelque chose de semblable au suffrage universel, à l'affirmation de la majorité : toute l'histoire de l'Eglise témoigne du contraire. C'est l'Esprit Saint qui rassemble l'Eglise dans l'unité : c'est Lui qui la maintient dans la Vérité : la Vérité n'est jamais automatique. Elle est toujours donnée, toujours reçue à nouveau" écrit. Monseigneur Stephanos de Tallinn et de toute l'Estonie (11). C'est donc la façon d'être du Peuple de Dieu, comment se manifeste à travers lui "l’essence éternelle et immuable de l’Église", que nous devons essayer d'appréhender.
Et là une réalité me semble sauter aux yeux: toutes les diasporas de tous les patriarcats créent leurs paroisses et diocèses dans la juridiction de leurs Eglises d'origines alors que les tentatives de création d'Eglises locales en dehors, en prétendant revivifier des racines orthodoxes préexistantes au catholicisme, aboutissent aux échecs de l'ECOF et autres Eglises Celtiques (alors même que les intentions de départ et les efforts déployés montraient de grandes qualités: la liturgie "de l'ancien rite des gaules" avait été acceptée par le patriarcat de Moscou, au départ, puis par l'EORHF avec St Jean de Shanghai lui-même, puis par le patriarcat de Roumanie… mais aucun d'eux n'a accepté "l'autocéphalie" autoproclamée de l'Eglise des Gaules. Les autres déviations s'en sont suivies…).
Communautés nationales
L'esprit communautaire national, dont le "nationalisme" est la manifestation politique, a fait irruption dans les sociétés occidentales au XIXe siècle et il a mené à la dislocation des empires continentaux puis coloniaux. L'Eglise n'a pas été épargnée et en a subi le contrecoup: longtemps au cœur de la résistance aux occupants, les Eglises des Balkans ont soutenu les mouvements d'émancipations et, une fois obtenue l'indépendance des états, elles ont réclamé leur autocéphalie… qu'elles n'ont pas obtenue sans mal (12)
Ces évènements historiques ont bien évidement un sens théologique: "pour éviter tout malentendu, ajoutons ici de la manière la plus catégorique que la dimension nationale au sein du christianisme ne constitue pas un mal en soi. Et avant tout le remplacement de l’Empire chrétien unique par une multitude de nations chrétiennes est une donnée de l’histoire dans la même mesure que la conversion de l’empereur Constantin. Dans la mesure où l’Eglise n’accorde de valeur absolue à aucune forme d’existence historique du monde dans lequel elle vit, elle peut tout aussi bien s’adapter au projet gréco-romain d’empire universel qu’aux formes politiques nationales. L’Eglise est toujours pleinement « dans ce monde » tout en n’étant pas en même temps « de ce monde », si bien que sa nature, sa vie ne dépendent pas des formes de ce monde. Plus encore, de même que la paix conclue par l’Empire avec le christianisme après trois siècles de conflit a donné de grands et saints fruits tels que l’idéal d’un État chrétien ou d’une culture chrétienne, de même l’éducation de nations chrétiennes qui se sont mises au service de la vérité chrétienne, la consécration de leurs dons propres à Dieu, comme but et sens de leur être national, restent un titre de gloire éternel pour l’Eglise." (13):
De fait, chacune des Eglise autocéphale apporte sa contribution à la catholicité de l'Eglise: les dogmes sont évidement identiques mais il y avait des différences de rites et de dates de fêtes entre les Eglises primitives qui ont été progressivement absorbés dans l'ordo liturgique byzantin (14) que nous pratiquons. Par contre, il reste toujours des pratiques traditionnelles spécifiques aux Eglises actuelles: c'est d'abord la langue et la musique des chants, mais aussi les couleurs des vêtements sacerdotaux, la célébration de fêtes et la vénération de saints locaux, etc. Ces différentes traditions enrichissent la grande Tradition orthodoxe et contribuent à notre connaissance du Règne et à notre Salut.
Mais là notre débat a montré une totale incompréhension de la signification de cette perception de la Vérité détenue par le Peuple de Dieu. Certains ont parlé de la volonté d'un groupe, d'autre de majorité à 50+1… Bien entendu il s'agit de tout autre chose: "il ne faut pas croire non plus que la Vérité catholique soit soumise, dans son expression, à quelque chose de semblable au suffrage universel, à l'affirmation de la majorité : toute l'histoire de l'Eglise témoigne du contraire. C'est l'Esprit Saint qui rassemble l'Eglise dans l'unité : c'est Lui qui la maintient dans la Vérité : la Vérité n'est jamais automatique. Elle est toujours donnée, toujours reçue à nouveau" écrit. Monseigneur Stephanos de Tallinn et de toute l'Estonie (11). C'est donc la façon d'être du Peuple de Dieu, comment se manifeste à travers lui "l’essence éternelle et immuable de l’Église", que nous devons essayer d'appréhender.
Et là une réalité me semble sauter aux yeux: toutes les diasporas de tous les patriarcats créent leurs paroisses et diocèses dans la juridiction de leurs Eglises d'origines alors que les tentatives de création d'Eglises locales en dehors, en prétendant revivifier des racines orthodoxes préexistantes au catholicisme, aboutissent aux échecs de l'ECOF et autres Eglises Celtiques (alors même que les intentions de départ et les efforts déployés montraient de grandes qualités: la liturgie "de l'ancien rite des gaules" avait été acceptée par le patriarcat de Moscou, au départ, puis par l'EORHF avec St Jean de Shanghai lui-même, puis par le patriarcat de Roumanie… mais aucun d'eux n'a accepté "l'autocéphalie" autoproclamée de l'Eglise des Gaules. Les autres déviations s'en sont suivies…).
Communautés nationales
L'esprit communautaire national, dont le "nationalisme" est la manifestation politique, a fait irruption dans les sociétés occidentales au XIXe siècle et il a mené à la dislocation des empires continentaux puis coloniaux. L'Eglise n'a pas été épargnée et en a subi le contrecoup: longtemps au cœur de la résistance aux occupants, les Eglises des Balkans ont soutenu les mouvements d'émancipations et, une fois obtenue l'indépendance des états, elles ont réclamé leur autocéphalie… qu'elles n'ont pas obtenue sans mal (12)
Ces évènements historiques ont bien évidement un sens théologique: "pour éviter tout malentendu, ajoutons ici de la manière la plus catégorique que la dimension nationale au sein du christianisme ne constitue pas un mal en soi. Et avant tout le remplacement de l’Empire chrétien unique par une multitude de nations chrétiennes est une donnée de l’histoire dans la même mesure que la conversion de l’empereur Constantin. Dans la mesure où l’Eglise n’accorde de valeur absolue à aucune forme d’existence historique du monde dans lequel elle vit, elle peut tout aussi bien s’adapter au projet gréco-romain d’empire universel qu’aux formes politiques nationales. L’Eglise est toujours pleinement « dans ce monde » tout en n’étant pas en même temps « de ce monde », si bien que sa nature, sa vie ne dépendent pas des formes de ce monde. Plus encore, de même que la paix conclue par l’Empire avec le christianisme après trois siècles de conflit a donné de grands et saints fruits tels que l’idéal d’un État chrétien ou d’une culture chrétienne, de même l’éducation de nations chrétiennes qui se sont mises au service de la vérité chrétienne, la consécration de leurs dons propres à Dieu, comme but et sens de leur être national, restent un titre de gloire éternel pour l’Eglise." (13):
De fait, chacune des Eglise autocéphale apporte sa contribution à la catholicité de l'Eglise: les dogmes sont évidement identiques mais il y avait des différences de rites et de dates de fêtes entre les Eglises primitives qui ont été progressivement absorbés dans l'ordo liturgique byzantin (14) que nous pratiquons. Par contre, il reste toujours des pratiques traditionnelles spécifiques aux Eglises actuelles: c'est d'abord la langue et la musique des chants, mais aussi les couleurs des vêtements sacerdotaux, la célébration de fêtes et la vénération de saints locaux, etc. Ces différentes traditions enrichissent la grande Tradition orthodoxe et contribuent à notre connaissance du Règne et à notre Salut.
Conclusion
L'organisation ecclésiale actuelle résulte des évènements dramatiques du XXe siècle et ne peut qu'être transitoire (15), mais elle contient en elle la Vérité gardée par le Peuple de Dieu et les solutions imaginées par des canonistes académiques, qui ne tiennent pas compte de la réalité de l'Eglise, ne pourront être reçues. Alors quelles sont les orientations qui pourraient s'envisager? Je vois personnellement plusieurs pistes s'ébaucher dans les différents modèles qui émergent sous nos yeux:
Le "modèle prophétique" de l'OCA (16), unique exemple d'Eglise locale multinationale avec ses diocèses trans-géographiques reliés à différentes Eglises-mères. Le fait que l'autocéphalie de l'OCA ne soit pas reconnue par les "Eglises grecques" n'est pas rédhibitoire: voir en note 12 les délais qu'elles ont mis à reconnaitre les dernières autocéphalies
Les paroisses "nationales" de l'Eglise russe: avec ses paroisses "bulgare" à Moscou ou "moldave" à Paris, sans parler des premières paroisses anglophones ou francophones, l'EOR montre toujours ce souci des particularismes qui existait sur une grande échelle dans la métropole des Amériques devenue OCA. L'Eglise russe attache une attention particulière à ces spécificités communautaires: c'est elle qui a lancé les traductions en langues vernaculaires dès le XIXe siècle, que ce soit en langues occidentales (les premières traductions en anglais ou en français sont de son fait) ou dans son territoire canonique traditionnel (en kazakh ou en iakoute pour ne citer que les dernières en date). Cet exemple peut donc aussi être une voie à explorer pour répondre aux besoins identitaires des différents groupes de la diaspora.
Un exemple catholique : les Catholiques se trouvent aussi confrontés à la question des particularités de leurs Eglises orientales, que les fidèles reproduisent dans la diaspora, et y répondent d'une façon intéressante. Ainsi ils ont fondé en France "L’Ordinariat des catholiques des Eglise orientales" (1954) dont l'ordinaire est l’archevêque de Paris assisté dans sa responsabilité pastorale par un vicaire général. (17), puis ont été fondées les éparchies pour les Ukrainiens catholiques (1960), les Arméniens catholiques (1986) et les Maronites (2012) dont les évêques titulaires font partie de la conférence épiscopale française. Il s'agit donc là, bien évidement, d'une dérogation au principe de territorialité épiscopale qui gouverne l'Eglise romaine tout comme l'Orthodoxie… et c'est encore un exemple à méditer.
Il est impossible de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église constate la conférence panorthodoxe de Chambésy IV en 2009 (ibid. 15). J'espère que ces exemples inspireront nos canonistes et les aideront à trouver la Vérité de l'Eglise. Alors les conclusions qu'adopteront et proclameront nos évêques seront adoptées, "reçues", par le Peuple de Dieu et deviendront Vérité de l'Eglise.
Notes et références
(1) Cf. Mgr Kalistos Ware, "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles", Cerf 2002, p. 324.
(2) Mgr Serge Konovaloff
(3) ICI
(4) André Lossky, Professeur à de théologie liturgique l’Institut St Serge de Paris in "Evangile et liberté" Numéro 197 - Mars 2006
(5) J. Meyendorff, "Mission et Unité" vol II, Paris 1960, p.313. Cité par Mgr Kalistos Ware, ibid.
(6) Père Alexandre Schmemann, "Église et organisation ecclésiale" Paris, 1949.Imprimé avec la bénédiction de son Éminence le métropolite Vladimir, Messager ecclésiastique de l’Exarchat orthodoxe russe d’Europe Occidentale; ch. 1 "Canonicité et canons"; Traduction : D.S.
(7) Nicolas Afanassiev, « Neizmennoe i vremmenoe d tserkovnykh kanonakh » (L’immuable et le transitoire dans les canons de l’Église), dans le recueil Jivoe Predanie (Tradition vivante), Paris 1937.
(8) ICI
(9) Cf. JC Larchet, "l'Eglise corps du Christ" tome 2, Ed. Cerf, Paris, 2012. p.127-128, dont un résumé est donné par "Nikolas" sur ibid. 2, commentaires 63 & 65. Cf. aussi
(10) George Florovski, « Sobornost’ » (Catholicité) in "The Church of God", Londres, 1934, p. 63, Ibid. 5
(11) . Monseigneur Stephanos, Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie in «Christus» n°155 tome 39 Juillet 1992 ICI
(12) Seules les Eglises de Chypre et de l'ont obtenue rapidement. Les autres ont attendu longtemps la reconnaissance de Constantinople: 17 ans pour la Grèce, 21 ans pour la Roumanie, 90 ans pour la Serbie; le patriarcat de Bulgarie a pour sa part attendu 73 ans, la communion ayant été interrompue avec les "Eglises-grecques" pendant toute la durée de ce que les théologiens grecs appellent "le schisme bulgare", et, hors Balkans, celui de Géorgie attendit 62 ans, jusqu'en 1989 (!), pour être reconnue par Constantinople!
(13) Ibid. 6 ch. 5. "Les dimensions locale, universelle (œcuménique), et nationale"
(14) Cf. R Taft "Le rite byzantin : bref historique", Cerf, Paris 1996
(15) Dans le document final de la conférence préconciliaire panorthodoxe (Chambésy IV, juin 2009), il est constaté que, «au stade actuel est impossible… un passage immédiat à l’ordre canonique strict de l’Église concernant cette question, à savoir la présence d’un seul évêque dans le même lieu. Pour cette raison, la décision est prise de proposer la création d’une certaine situation transitoire, qui prépare aussi la base d’une solution strictement canonique du problème ». Lien
(16) Cf. Lien
(17) Lien
Icône de Tous les Saints, Mt Athos, XVI siècle
" Икона Всех святых" XVIв. Афон - Православие ру Praboslavie ru
L'organisation ecclésiale actuelle résulte des évènements dramatiques du XXe siècle et ne peut qu'être transitoire (15), mais elle contient en elle la Vérité gardée par le Peuple de Dieu et les solutions imaginées par des canonistes académiques, qui ne tiennent pas compte de la réalité de l'Eglise, ne pourront être reçues. Alors quelles sont les orientations qui pourraient s'envisager? Je vois personnellement plusieurs pistes s'ébaucher dans les différents modèles qui émergent sous nos yeux:
Le "modèle prophétique" de l'OCA (16), unique exemple d'Eglise locale multinationale avec ses diocèses trans-géographiques reliés à différentes Eglises-mères. Le fait que l'autocéphalie de l'OCA ne soit pas reconnue par les "Eglises grecques" n'est pas rédhibitoire: voir en note 12 les délais qu'elles ont mis à reconnaitre les dernières autocéphalies
Les paroisses "nationales" de l'Eglise russe: avec ses paroisses "bulgare" à Moscou ou "moldave" à Paris, sans parler des premières paroisses anglophones ou francophones, l'EOR montre toujours ce souci des particularismes qui existait sur une grande échelle dans la métropole des Amériques devenue OCA. L'Eglise russe attache une attention particulière à ces spécificités communautaires: c'est elle qui a lancé les traductions en langues vernaculaires dès le XIXe siècle, que ce soit en langues occidentales (les premières traductions en anglais ou en français sont de son fait) ou dans son territoire canonique traditionnel (en kazakh ou en iakoute pour ne citer que les dernières en date). Cet exemple peut donc aussi être une voie à explorer pour répondre aux besoins identitaires des différents groupes de la diaspora.
Un exemple catholique : les Catholiques se trouvent aussi confrontés à la question des particularités de leurs Eglises orientales, que les fidèles reproduisent dans la diaspora, et y répondent d'une façon intéressante. Ainsi ils ont fondé en France "L’Ordinariat des catholiques des Eglise orientales" (1954) dont l'ordinaire est l’archevêque de Paris assisté dans sa responsabilité pastorale par un vicaire général. (17), puis ont été fondées les éparchies pour les Ukrainiens catholiques (1960), les Arméniens catholiques (1986) et les Maronites (2012) dont les évêques titulaires font partie de la conférence épiscopale française. Il s'agit donc là, bien évidement, d'une dérogation au principe de territorialité épiscopale qui gouverne l'Eglise romaine tout comme l'Orthodoxie… et c'est encore un exemple à méditer.
Il est impossible de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église constate la conférence panorthodoxe de Chambésy IV en 2009 (ibid. 15). J'espère que ces exemples inspireront nos canonistes et les aideront à trouver la Vérité de l'Eglise. Alors les conclusions qu'adopteront et proclameront nos évêques seront adoptées, "reçues", par le Peuple de Dieu et deviendront Vérité de l'Eglise.
Notes et références
(1) Cf. Mgr Kalistos Ware, "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles", Cerf 2002, p. 324.
(2) Mgr Serge Konovaloff
(3) ICI
(4) André Lossky, Professeur à de théologie liturgique l’Institut St Serge de Paris in "Evangile et liberté" Numéro 197 - Mars 2006
(5) J. Meyendorff, "Mission et Unité" vol II, Paris 1960, p.313. Cité par Mgr Kalistos Ware, ibid.
(6) Père Alexandre Schmemann, "Église et organisation ecclésiale" Paris, 1949.Imprimé avec la bénédiction de son Éminence le métropolite Vladimir, Messager ecclésiastique de l’Exarchat orthodoxe russe d’Europe Occidentale; ch. 1 "Canonicité et canons"; Traduction : D.S.
(7) Nicolas Afanassiev, « Neizmennoe i vremmenoe d tserkovnykh kanonakh » (L’immuable et le transitoire dans les canons de l’Église), dans le recueil Jivoe Predanie (Tradition vivante), Paris 1937.
(8) ICI
(9) Cf. JC Larchet, "l'Eglise corps du Christ" tome 2, Ed. Cerf, Paris, 2012. p.127-128, dont un résumé est donné par "Nikolas" sur ibid. 2, commentaires 63 & 65. Cf. aussi
(10) George Florovski, « Sobornost’ » (Catholicité) in "The Church of God", Londres, 1934, p. 63, Ibid. 5
(11) . Monseigneur Stephanos, Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie in «Christus» n°155 tome 39 Juillet 1992 ICI
(12) Seules les Eglises de Chypre et de l'ont obtenue rapidement. Les autres ont attendu longtemps la reconnaissance de Constantinople: 17 ans pour la Grèce, 21 ans pour la Roumanie, 90 ans pour la Serbie; le patriarcat de Bulgarie a pour sa part attendu 73 ans, la communion ayant été interrompue avec les "Eglises-grecques" pendant toute la durée de ce que les théologiens grecs appellent "le schisme bulgare", et, hors Balkans, celui de Géorgie attendit 62 ans, jusqu'en 1989 (!), pour être reconnue par Constantinople!
(13) Ibid. 6 ch. 5. "Les dimensions locale, universelle (œcuménique), et nationale"
(14) Cf. R Taft "Le rite byzantin : bref historique", Cerf, Paris 1996
(15) Dans le document final de la conférence préconciliaire panorthodoxe (Chambésy IV, juin 2009), il est constaté que, «au stade actuel est impossible… un passage immédiat à l’ordre canonique strict de l’Église concernant cette question, à savoir la présence d’un seul évêque dans le même lieu. Pour cette raison, la décision est prise de proposer la création d’une certaine situation transitoire, qui prépare aussi la base d’une solution strictement canonique du problème ». Lien
(16) Cf. Lien
(17) Lien
Icône de Tous les Saints, Mt Athos, XVI siècle
" Икона Всех святых" XVIв. Афон - Православие ру Praboslavie ru
Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 24 Janvier 2013 à 11:57
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Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 22:00 - Nadejda na Mir
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