P. Georges Leroy: le mensonge ultime
"Je voudrais simplement méditer sur un point qui, me semble-t-il, n'a pratiquement pas été abordé. C'est l'épouvantable caricature de Dieu, que nous présentent les terroristes"

Le Christ soufrant

Il existe une icône du «Christ souffrant» ( P.S. cf РО ), que l'on voit souvent au-dessus de la table de Proscomidie, dans le Sanctuaire de l'église. Il me semble que c'est la seule illustration qui soit appropriée, lorsque je me prends à réfléchir sur ce qui vient de se passer en France - ces attentats désastreux dont le premier attaque directement un droit fondamental du citoyen : la liberté d'expression.

Tout a été dit - et bien mieux que je ne pourrais le dire - à propos de la défense du droit à la liberté d'expression. Cela paraît étrange d'illustrer par une icône, une tragédie qui a frappé de plein fouet le magazine «Charlie-Hebdo». Chacun sait que ce magazine a tiré à boulets rouges sur la seule Église chrétienne qu'il connaissait, c'est-à-dire l'Église catholique-romaine.


Sans aucun doute, les autres Églises méritaient tout autant d'être désignées par les caricatures les plus acérées… Nous chrétiens - loin de toute polémique - nous prions de tout cœur pour ceux qui ont été les victimes de cette tragédie. L'ennui, quand la mort vous surprend au moment le plus inattendu, c'est qu'on n'y est pas préparé… Qu'ils soient athées déclarés, agnostiques ou hésitants en ce qui concerne le sens de l'existence, nous savons que les victimes du terroriste sont passées « de l'autre côté », où toutes choses sont claires et évidentes. Il nous reste à les aider dans leur ascension spirituelle, par la force de notre prière.
P. Georges Leroy: le mensonge ultime

Caricature de Dieu

Je voudrais simplement méditer sur un point qui, me semble-t-il, n'a pratiquement pas été abordé. C'est l'épouvantable caricature de Dieu, que nous présentent les terroristes. Ils prétendent tuer au nom de Dieu, ce qui est le comble de l'aberration ! Ils se prétendent être eux-mêmes des « martyrs », et inversent par le fait même, le sens de ce noble terme : un martyr est quelqu'un qui accepte d'être tué, d'être victime de la méchanceté humaine, de DONNER sa propre vie, par pur amour pour Dieu et pour son prochain - et en aucun cas, bien sûr, le martyre ne peut consister à PRENDRE la vie d'autrui, de façon criminelle et cruelle. Il est totalement inacceptable de présenter Dieu comme un despote cruel et barbare. Nous savons, nous chrétiens, que Dieu est personnel, et qu'Il nous aime. Il veut que nous Le connaissions et L'aimions, de Personne à personne. Et c'est bien pour cela qu'Il est venu parmi nous et s'est fait l'un d'entre nous. Son message a été largement ignoré, et la cruauté des hommes a fait qu'Il a terminé sa vie selon la chair, en endurant un terrible supplice. Mais la cruauté des hommes n'a pas eu le dernier mot : Il a vaincu la mort, Il est apparu parmi ses disciples, montrant ses plaies, et les faisant toucher à l'un d'entre eux. Il ne s'est pas contenté de ressusciter : dans toute sa vie, par de nombreux actes symboliques, Il nous a montré qu'Il est le Nouveau Créateur. Il a créé un nouvel espace-temps, qui est traditionnellement appelé le Royaume.

En tant que nouvel espace-temps, le Royaume n'est assurément pas de ce monde et nous, chrétiens, notre message n'est pas seulement de dire qu'il faut faire le bien et éviter le mal. Pour cela, on n'a pas besoin de religion. De nombreuses philosophies, de nombreuses sagesses et notre conviction intérieure devraient suffire. Il n'est pas nécessaire d'Église, de clergé, d'Offices liturgiques et de livres sacrés d'une compréhension difficile, pour simplement promouvoir le bien, et rendre service à notre prochain. De nombreux êtres humains, croyant et incroyants, le font fort bien - et de nos jours, l'accomplissent bien mieux que ne le feraient les Églises, avec plus de compétence et d'efficacité. Notre message, à nous chrétiens, c'est d'affirmer que la mort physique, la finitude et l'entropie ne sont pas les derniers mots de notre existence ; que la meilleure façon de nous positionner dans le monde où nous vivons à l'heure actuelle, c'est de l'utiliser sans nous y investir totalement : il faut faire ce qui doit être fait, mais notre premier intérêt est d'acquérir le Royaume, nous rendre citoyens de cette nouvelle réalité, et de réaliser cette nouvelle dimension dans les plus intimes profondeurs de notre cœur, là où resplendit la flamme immatérielle de la Présence divine.

P. Georges Leroy: le mensonge ultime

Nous ne sommes pas seuls

Et pour cela nous ne sommes pas seuls : nous ne sommes pas isolés dans un cosmos glacial où les engrenages impitoyables de la réincarnation nous broieraient... Nous sommes de passage sur cette terre - assez rapidement, il faut le dire - et à côté de nous se tient Jésus qui est à la fois notre frère en humanité et notre Dieu, Jésus qui nous tient par la main et parfois nous porte dans ses bras, pour nous faire franchir les aléas de cette vie. Nous ne sommes pas seuls : des Anges au doux sourire nous assistent ; la Vierge Marie, Mère de Dieu, veille sur nous. Nous ne sommes pas seuls : nous sommes entourés de la grande foule des Saints : autour de nous, c'est une mer de visages, dont nous prenons conscience avec les yeux nouveaux que nous donnent la vie spirituelle et la profondeur de la prière. Dieu veille sur nous, Il nous aime et nous aide ; Il veut que nous parvenions à Le connaître et à L'aimer aussi parfaitement qu'il nous est possible. Dieu est infiniment éloigné de cette épouvantable caricature que nous assènent les terroristes. Certes, Dieu est tout-puissant en droit, mais Il a renoncé à cette toute-puissance en fait, car Il est infiniment respectueux - jusqu'au scrupule - de la liberté humaine. La prochaine fois que nous verrons des terroristes se précipiter avec une arme (car ce genre de tragédie risque malheureusement de se reproduire), pointant un fusil vers des gens sans défense en vociférant le nom de Dieu, nous savons qu'il s'agit là du mensonge ultime, de l'imposture la plus intolérable, de l'insulte crachée au visage du Créateur, qui est tout Amour et qui est entièrement Lumière.

Illustrations:
- «Christ souffrant» de la chapelle sainte Madeleine à Abitibi ( №2)
- Satan terrassé par St Michel, détail d'une icône russe du XIIe siècle. Illustration proposée par VG: c'est une caricature de Satan, créature déchue, qui est une caricature de l'image de Dieu. C'est le "mensonge ultime" qui inspire les terroristes...
- Christ "Non réalisé de main d’homme". Cathédrale de l’assomption de Moscou. Vers 1120. Moscou Galerie Trétiakov.
P. Georges Leroy: le mensonge ultime

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cf.PO /// P.S.
Irina Yiazikova Ирина Языкова "Biogoslovie ikoni" et ICI

Les variantes iconographiques qui correspondent sémantiquement au troisième type d'icônes mariales, connu sous le nom de "Notre Dame de Tendresse", ne se rencontrent pratiquement jamais car il est difficile d'imaginer comment représenter la relation intime de la Vierge Marie et de son Fils dans l'image de la Mère de Dieu seule. Cette approche iconographique est néanmoins possible dans les représentations appelées "Notre-Dame des Douleurs" («Mater Dolorosa»), lorsque la Mère de Dieu est représentée plongée dans une prière douloureuse devant le Christ crucifié.
Typiquement, la Vierge Marie est représentée la tête baissée et les mains pliées devant le menton. Cette variante est très répandue en Occident, mais elle existe aussi dans l'iconographie orthodoxe. Certains chercheurs considèrent que cette représentation n'existait pas à l'origine toute seule, mais uniquement en diptyque, avec un deuxième volet représentant le Christ soufrant (avec la couronne d'épines et les insignes de la Passion). Ce sujet se retrouve dans l'icône "Ne me pleure pas ö Mère", bien connue dans les Balkans mais moins répandue chez nous, en Russie. On y voit généralement la Vierge Marie et le Christ (parfois tous deux debout dans le tombeau); la Mère pleure la mort du Fils en embrassant son corps mort. De fait, il s'agit là d'une variante du thème "Lamentation", mais le schéma iconographique est bâtit sur le principe de la "Tendresse": c'est uniquement sur des icônes " Ne me pleure pas ö Mère" que la Mère de Dieu serre contre elle non pas Jésus enfant, mais l'Adulte après la Descente de Croix.

Le tragique du sujet atteint un paroxysme: le chagrin de la Mère est inconsolable, mais comme dans toute icône, il y a une annonce de la résurrection: elle est dans le nom de l'icône, basé sur le texte du stychère liturgique du Vendredi Saint "Ne me pleure pas, O Mère, bien que tu ais vu gisant dans le tombeau, le Fils que tu avais conçu de merveilleuse façon, car je ressusciterai et serai glorifié et dans ma gloire divine j'exalterai pour l'éternité ceux qui t'aiment et chantent ta gloire.". L'appel à la Mère de Dieu est fait au nom du Christ qui a vaincu la mort. Ce sujet est très bien développé dans l'icône de l'iconographe Moscovite contemporain Alexandre Lavdansk



Rédigé par P. Georges Leroy le 13 Janvier 2015 à 16:10 | 0 commentaire | Permalien



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