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«L'Église catholique et le communisme en Europe (1917-1989)» de Philippe Chenaux
Les relations entre le Vatican et les pays communistes.
«Le communisme est intrinsèquement pervers», déclarait, en 1937, le pape Pie XI. L'histoire des relations entre l'Église catholique et le phénomène communiste ne saurait toutefois se résumer à ce jugement sans appel. Ayant bénéficié de l'ouverture de certaines archives, tant du côté du Vatican que de la Russie, l'historien Philippe Chenaux, professeur à l'université du Latran, à Rome, vient enfin proposer au lecteur une synthèse sur les rapports entre l'Église catholique et le communisme en Europe, depuis la révolution d'Octobre jusqu'à la chute du mur de Berlin.
Les relations entre le Vatican et les pays communistes.
«Le communisme est intrinsèquement pervers», déclarait, en 1937, le pape Pie XI. L'histoire des relations entre l'Église catholique et le phénomène communiste ne saurait toutefois se résumer à ce jugement sans appel. Ayant bénéficié de l'ouverture de certaines archives, tant du côté du Vatican que de la Russie, l'historien Philippe Chenaux, professeur à l'université du Latran, à Rome, vient enfin proposer au lecteur une synthèse sur les rapports entre l'Église catholique et le communisme en Europe, depuis la révolution d'Octobre jusqu'à la chute du mur de Berlin.
N'hésitant pas à parler d'«un mirage russe», Philippe Chenaux montre que « la révolution bolchevique n'inspira, dans un premier temps, aucun changement dans la stratégie du Saint-Siège à l'égard du nouvel État russe ».« La chute du pouvoir tsariste avait fait renaître le vieux rêve d'un retour de la Russie schismatique dans le giron de l'Église romaine. »
Les années 1930 devaient toutefois marquer un tournant dans la politique du Saint-Siège, le communisme apparaissant désormais comme le principal péril à combattre. La publication presque simultanée, en mars 1937, de l'encyclique Mit brennender Sorge contre le nazisme, puis de l'encyclique Divini Redemptoris contre le communisme, montrait toutefois la volonté de Pie XI de ne pas choisir entre ces deux totalitarismes. Le Vatican devait d'ailleurs résister à la tentation de se lancer dans une véritable croisade contre le communisme, aussi bien lors de la guerre civile espagnole que de la Seconde Guerre mondiale.
Entrée en guerre froide, l'Église de Pie XII accueillit avec soulagement l'arrivée de Truman et le durcissement de la politique américaine. Le 1er juillet 1949, un décret du Saint-Office interdisait aux catholiques, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'à l'excommunication, de collaborer avec des partis ou des organisations d'obédience communiste. Le courant progressiste chrétien traversa alors une grave crise, particulièrement sensible en France où, depuis la Libération, l'épiscopat avait fait le choix de l'« option ouvriériste ».
Les rêves pacifistes du maire de Florence, Giorgio La Pira, ne suffirent pas à faire oublier les souffrances endurées par les « Églises du silence », dont témoignaient l'arrestation du cardinal Mindszenty en Hongrie et celle du cardinal Wyszynski en Pologne. Étrange coïncidence, relève Philippe Chenaux, le début de la polémique contre les « silences » de Pie XII surgit au lendemain de son raidissement contre le communisme.
«L'illusion communiste»
L'Église conciliaire en vint néanmoins à s'engager dans la voie de l'œcuménisme et du dialogue avec le communisme, voie dont le grand artisan fut le cardinal Agostino Casaroli. Grâce à l'examen inédit de ses papiers, Philippe Chenaux retrace l'Ostpolitik du Vatican dans les années 1963-1978, marquée notamment par la participation du Saint-Siège à la conférence d'Helsinki. Toutefois, la force d'attraction du marxisme sur l'intelligentsia des années 1960 et 1970 restait forte, et il faudra attendre la publication de L'Archipel du Goulag, en 1974, pour que se dissipe « l'illusion communiste ». Sans introduire de véritable rupture dans la politique vaticane, l'élection, le 16 octobre 1978, d'un pape venu de l'Est permettra, sur le thème des droits de l'homme et de la liberté religieuse, de mettre fin à la coupure de l'Europe chrétienne, en même temps que d'éteindre, pour reprendre l'expression de Jacques Maritain, « la dernière hérésie chrétienne ». Puisse ce passionnant ouvrage ouvrir la voie à de nouvelles études sur un sujet resté, fort étrangement, très largement ignoré par notre historiographie.
«L'ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE COMMUNISME EN EUROPE (1917-1989)» de Philippe Chenaux. Éditions du Cerf, 384 p., 30 €.
Les années 1930 devaient toutefois marquer un tournant dans la politique du Saint-Siège, le communisme apparaissant désormais comme le principal péril à combattre. La publication presque simultanée, en mars 1937, de l'encyclique Mit brennender Sorge contre le nazisme, puis de l'encyclique Divini Redemptoris contre le communisme, montrait toutefois la volonté de Pie XI de ne pas choisir entre ces deux totalitarismes. Le Vatican devait d'ailleurs résister à la tentation de se lancer dans une véritable croisade contre le communisme, aussi bien lors de la guerre civile espagnole que de la Seconde Guerre mondiale.
Entrée en guerre froide, l'Église de Pie XII accueillit avec soulagement l'arrivée de Truman et le durcissement de la politique américaine. Le 1er juillet 1949, un décret du Saint-Office interdisait aux catholiques, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'à l'excommunication, de collaborer avec des partis ou des organisations d'obédience communiste. Le courant progressiste chrétien traversa alors une grave crise, particulièrement sensible en France où, depuis la Libération, l'épiscopat avait fait le choix de l'« option ouvriériste ».
Les rêves pacifistes du maire de Florence, Giorgio La Pira, ne suffirent pas à faire oublier les souffrances endurées par les « Églises du silence », dont témoignaient l'arrestation du cardinal Mindszenty en Hongrie et celle du cardinal Wyszynski en Pologne. Étrange coïncidence, relève Philippe Chenaux, le début de la polémique contre les « silences » de Pie XII surgit au lendemain de son raidissement contre le communisme.
«L'illusion communiste»
L'Église conciliaire en vint néanmoins à s'engager dans la voie de l'œcuménisme et du dialogue avec le communisme, voie dont le grand artisan fut le cardinal Agostino Casaroli. Grâce à l'examen inédit de ses papiers, Philippe Chenaux retrace l'Ostpolitik du Vatican dans les années 1963-1978, marquée notamment par la participation du Saint-Siège à la conférence d'Helsinki. Toutefois, la force d'attraction du marxisme sur l'intelligentsia des années 1960 et 1970 restait forte, et il faudra attendre la publication de L'Archipel du Goulag, en 1974, pour que se dissipe « l'illusion communiste ». Sans introduire de véritable rupture dans la politique vaticane, l'élection, le 16 octobre 1978, d'un pape venu de l'Est permettra, sur le thème des droits de l'homme et de la liberté religieuse, de mettre fin à la coupure de l'Europe chrétienne, en même temps que d'éteindre, pour reprendre l'expression de Jacques Maritain, « la dernière hérésie chrétienne ». Puisse ce passionnant ouvrage ouvrir la voie à de nouvelles études sur un sujet resté, fort étrangement, très largement ignoré par notre historiographie.
«L'ÉGLISE CATHOLIQUE ET LE COMMUNISME EN EUROPE (1917-1989)» de Philippe Chenaux. Éditions du Cerf, 384 p., 30 €.
Rédigé par l'équipe de rédaction le 10 Décembre 2009 à 13:27
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