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Le 16 février 2013, la présentation du film documentaire «Les Défroqués» s’est tenue dans la salle de réception de l’église Saint-Prophète-Elie à Tcherkizovo dans la banlieue de Moscou.
Les réalisateurs Erland Kelter, le prêtre Roman Bytchkov, Marat Chabibullin, Pierre Kaminsky ont essayé de révéler, avec la langue cinématographique, l’histoire de personnes qui ont abandonné le sacerdoce pour des raisons différentes. Peuvent-ils trouver une place dans leur nouvelle vie en dehors de l’Eglise ? sont-ils heureux ? se sentent-ils vraiment libres ? Il n’existe pas de réponses exhaustives à ces questions. Le film a suscité une vive discussion sur un problème actuel et douloureux de l’Eglise, celui d'une" usure pastorale » conduisant à quitter l’Eglise. Le problème des défroqués a existét tout au long de l’histoire de l’Eglise russe , mais ce phénomène était peu étudié en Russie
Les réalisateurs Erland Kelter, le prêtre Roman Bytchkov, Marat Chabibullin, Pierre Kaminsky ont essayé de révéler, avec la langue cinématographique, l’histoire de personnes qui ont abandonné le sacerdoce pour des raisons différentes. Peuvent-ils trouver une place dans leur nouvelle vie en dehors de l’Eglise ? sont-ils heureux ? se sentent-ils vraiment libres ? Il n’existe pas de réponses exhaustives à ces questions. Le film a suscité une vive discussion sur un problème actuel et douloureux de l’Eglise, celui d'une" usure pastorale » conduisant à quitter l’Eglise. Le problème des défroqués a existét tout au long de l’histoire de l’Eglise russe , mais ce phénomène était peu étudié en Russie
Ce n’est que les dernières années que cette question a suscité beaucoup d’attention.
« Du coté psychologique, il y a trois aspects dans l'usure sacerdotale : épuisement émotionnel, dépersonnalisation (capacité du prêtre de reconnaître dans autrui une personne et non pas une fonction ou un objet) et désenchantement quant aux résultats obtenus », a expliqué l’archiprêtre Paul Velikanov vice-recteur pour les recherches scientifiques et théologiques de l’Académie théologique de Moscou.
Pendant ces deux dernières décennies de liberté de conscience, aux aspects psychologiques se sont ajoutés des aspects sociétaux. Ainsi des personnes attirées par les nouvelles perspectives de la vie religieuse se sont précipités dans l’Eglise , en y voyant un espace vaste pour leur activité personnelle. L’archiprêtre Vsevolod Tchapline, responsable du Département synodal des relations entre l’Eglise et l’Etat, estime que ces personnes s’intéressaient peu aux questions de la vie spirituelle et aux principes de la vie selon l’Evangile. « Quand le « courant » orthodoxe était en état de renaissance à la fin des années 80 – début des années 90, un grand nombre de gens sont venus en Eglise. Mais aujourd’hui la plupart d’eux n’y sont pas restés à cause de leur aspiration non au Royaume de Dieu, mais à la réalisation de soi-même dans une activité para ecclésiale, dans sa manifestation terrestre. Ces gens avaient pour but d'aboutir à une Eglise qui serait une force pour mener le pays vers la démocratie ou, au contraire, la monarchie. Mais, quelques temps après avoir constaté leur échec, ils partaient. »
Le prêtre peut également se trouver en état de solitude, encore une raison de l'usure professionnelle.
Selon l’archiprêtre Alexis Ouminsky recteur de l’église de la Sainte-Trinité à Chochly, les jeunes prêtres récemment ordonnés qui n’ont très souvent aucune expérience de la vie se trouvent soudainement dans une situation où il n’y a personne avec qui ils puissent partager et demander conseil. « Il n’est pas facile d’écouter une confession. Certes, il est possible de se fermer et faire semblant de ne rien entendre. Mais si on laisse passer certaines choses à travers son cœur, ion commence à souffrir soi même. Si l'on n’a personne autour de soi, si, en rentrant chez lui, le prêtre ne peut même pas discuter de certaines choses avec sa femme, il paraît qu’il reste seul, que personne n’a besoin de lui. Alors ce fardeau du sacerdoce peut devenir insupportable. »
Le père Ioann Okhlobystin, acteur, réalisateur, scénariste et prêtre interdit, occupe la première place parmi les plus connus des défroqués de nos jours et sa personnalité est également présente dans le film.( I. Okhlobystin a été ordonné prêtre pour le diocèse orthodoxe russe de Tachkent, en Ouzbékistan ) Bien que, selon les réalisateurs, il ait refusé d’être filmé, un fragment de la présentation de sa « Doctrine 77 » dans le stade Luzhniki y est apparu. On a vu les tribunes vides à moitié, les applaudissements fort modestes.
Cette gloire momentanée a-t-elle emporté des sacerdoces et combien l’Eglise est elle même responsable de voir des prêtres choisir un autre chemin ? L’archimandrite Sabba Toutounov, recteur de l’église du Saint Prophète Elie à Tcherkizovo, vice-responsable des Affaires administratives du Patriarcat de Moscou, pense que le moment est opportun pour discuter t le problème, non seulement en secret comme cela se fait depuis plusieurs années, mais tout à fait ouvertement. « Nous savons depuis longtemps que ce problème existe. La sortie de ce film permet d'entamer le débat, car y sont impliqués les représentants de Départements synodaux , ainsi que les formateurs dans les séminaires et les écoles orthodoxes qui sont engagés à éduquer des futurs pasteurs. Qui doit donc poser la question de la motivation personnelle des séminaristes, des futurs séminaristes, des jeunes gens qui veulent servir dans l’Eglise ? Parfois le séminariste peut perdre cette motivation et cela passe inaperçu. C’est un thème à discuter et un problème qui mérite d'être étudié. »
Pendant les dernières années, l’Eglise russe a beaucoup fait pour résoudre ce problème, notamment l’augmentation de l’âge minimal requis pour l’ordination sacerdotale.
Cependant, ces dispositions peuvent parfois être partiellement ignorées à cause du manque du clergé. Il est bien probable qu’on peut également trouver la solution de ce problème dans une sélection plus stricte lors des concours d’admission dans les séminaires où les professeurs expérimentés choisiraient seulement ceux qui sont venus à l’Eglise non par attirance fugace vers par le nouveau et l’inconnu, mais selon le désir de leurs âmes, de leurs cœurs et de leur foi. Il faut absolument que, dans les séminaires, les futurs pasteurs soient bien préparés à toute difficulté du chemin choisi, qu’on leur raconte sans rien cacher combien il est difficile de porter cette croix du prêtre. Il est possible que, dès le début, une partie des élèves renonce au chemin du sacerdoce en choisisse celui de la réalisation de soi en tant qu’un simple laïc. Alors, peut être, ils n’entendront jamais de paroles mordantes comme « s’engluer dans le sacerdoce » ou, comme résultat, le terme non moins vexant - « défroqué ».
Milena Faoustova
Arguments et faits
Traduction Dimitri Garmonov
Фильм «Расстриги»: пастырское выгорание или поиски свободы
« Du coté psychologique, il y a trois aspects dans l'usure sacerdotale : épuisement émotionnel, dépersonnalisation (capacité du prêtre de reconnaître dans autrui une personne et non pas une fonction ou un objet) et désenchantement quant aux résultats obtenus », a expliqué l’archiprêtre Paul Velikanov vice-recteur pour les recherches scientifiques et théologiques de l’Académie théologique de Moscou.
Pendant ces deux dernières décennies de liberté de conscience, aux aspects psychologiques se sont ajoutés des aspects sociétaux. Ainsi des personnes attirées par les nouvelles perspectives de la vie religieuse se sont précipités dans l’Eglise , en y voyant un espace vaste pour leur activité personnelle. L’archiprêtre Vsevolod Tchapline, responsable du Département synodal des relations entre l’Eglise et l’Etat, estime que ces personnes s’intéressaient peu aux questions de la vie spirituelle et aux principes de la vie selon l’Evangile. « Quand le « courant » orthodoxe était en état de renaissance à la fin des années 80 – début des années 90, un grand nombre de gens sont venus en Eglise. Mais aujourd’hui la plupart d’eux n’y sont pas restés à cause de leur aspiration non au Royaume de Dieu, mais à la réalisation de soi-même dans une activité para ecclésiale, dans sa manifestation terrestre. Ces gens avaient pour but d'aboutir à une Eglise qui serait une force pour mener le pays vers la démocratie ou, au contraire, la monarchie. Mais, quelques temps après avoir constaté leur échec, ils partaient. »
Le prêtre peut également se trouver en état de solitude, encore une raison de l'usure professionnelle.
Selon l’archiprêtre Alexis Ouminsky recteur de l’église de la Sainte-Trinité à Chochly, les jeunes prêtres récemment ordonnés qui n’ont très souvent aucune expérience de la vie se trouvent soudainement dans une situation où il n’y a personne avec qui ils puissent partager et demander conseil. « Il n’est pas facile d’écouter une confession. Certes, il est possible de se fermer et faire semblant de ne rien entendre. Mais si on laisse passer certaines choses à travers son cœur, ion commence à souffrir soi même. Si l'on n’a personne autour de soi, si, en rentrant chez lui, le prêtre ne peut même pas discuter de certaines choses avec sa femme, il paraît qu’il reste seul, que personne n’a besoin de lui. Alors ce fardeau du sacerdoce peut devenir insupportable. »
Le père Ioann Okhlobystin, acteur, réalisateur, scénariste et prêtre interdit, occupe la première place parmi les plus connus des défroqués de nos jours et sa personnalité est également présente dans le film.( I. Okhlobystin a été ordonné prêtre pour le diocèse orthodoxe russe de Tachkent, en Ouzbékistan ) Bien que, selon les réalisateurs, il ait refusé d’être filmé, un fragment de la présentation de sa « Doctrine 77 » dans le stade Luzhniki y est apparu. On a vu les tribunes vides à moitié, les applaudissements fort modestes.
Cette gloire momentanée a-t-elle emporté des sacerdoces et combien l’Eglise est elle même responsable de voir des prêtres choisir un autre chemin ? L’archimandrite Sabba Toutounov, recteur de l’église du Saint Prophète Elie à Tcherkizovo, vice-responsable des Affaires administratives du Patriarcat de Moscou, pense que le moment est opportun pour discuter t le problème, non seulement en secret comme cela se fait depuis plusieurs années, mais tout à fait ouvertement. « Nous savons depuis longtemps que ce problème existe. La sortie de ce film permet d'entamer le débat, car y sont impliqués les représentants de Départements synodaux , ainsi que les formateurs dans les séminaires et les écoles orthodoxes qui sont engagés à éduquer des futurs pasteurs. Qui doit donc poser la question de la motivation personnelle des séminaristes, des futurs séminaristes, des jeunes gens qui veulent servir dans l’Eglise ? Parfois le séminariste peut perdre cette motivation et cela passe inaperçu. C’est un thème à discuter et un problème qui mérite d'être étudié. »
Pendant les dernières années, l’Eglise russe a beaucoup fait pour résoudre ce problème, notamment l’augmentation de l’âge minimal requis pour l’ordination sacerdotale.
Cependant, ces dispositions peuvent parfois être partiellement ignorées à cause du manque du clergé. Il est bien probable qu’on peut également trouver la solution de ce problème dans une sélection plus stricte lors des concours d’admission dans les séminaires où les professeurs expérimentés choisiraient seulement ceux qui sont venus à l’Eglise non par attirance fugace vers par le nouveau et l’inconnu, mais selon le désir de leurs âmes, de leurs cœurs et de leur foi. Il faut absolument que, dans les séminaires, les futurs pasteurs soient bien préparés à toute difficulté du chemin choisi, qu’on leur raconte sans rien cacher combien il est difficile de porter cette croix du prêtre. Il est possible que, dès le début, une partie des élèves renonce au chemin du sacerdoce en choisisse celui de la réalisation de soi en tant qu’un simple laïc. Alors, peut être, ils n’entendront jamais de paroles mordantes comme « s’engluer dans le sacerdoce » ou, comme résultat, le terme non moins vexant - « défroqué ».
Milena Faoustova
Arguments et faits
Traduction Dimitri Garmonov
Фильм «Расстриги»: пастырское выгорание или поиски свободы
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Février 2013 à 11:37
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