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Pour l'historien Louis Manaranche les deux papes qui seront canonisés dimanche ont su réconcilier l'Eglise avec la modernité, sans la faire «s'agenouiller devant le monde». Un héritage encore d'actualité.
Parmi les dizaines de milliers de Français qui seront à Rome dimanche pour la canonisation des papes Jean-Paul II et Jean XXIII, beaucoup n'ont de ce dernier qu'une vague image de saint homme affable à l'origine du Concile Vatican II, alors que tous ont au moins un souvenir précis du pontificat du grand pape polonais. Pourtant, s'il n'y a pas eu à proprement parler de «génération Jean XXIII» chez les jeunes catholiques français qui ont connu son bref pontificat, de 1958 à 1963, on retrouve dans les journaux, émissions et témoignages de l'époque quelque chose de l'enthousiasme suscité vingt ans plus tard par le pontificat de Jean-Paul II.
Parmi les dizaines de milliers de Français qui seront à Rome dimanche pour la canonisation des papes Jean-Paul II et Jean XXIII, beaucoup n'ont de ce dernier qu'une vague image de saint homme affable à l'origine du Concile Vatican II, alors que tous ont au moins un souvenir précis du pontificat du grand pape polonais. Pourtant, s'il n'y a pas eu à proprement parler de «génération Jean XXIII» chez les jeunes catholiques français qui ont connu son bref pontificat, de 1958 à 1963, on retrouve dans les journaux, émissions et témoignages de l'époque quelque chose de l'enthousiasme suscité vingt ans plus tard par le pontificat de Jean-Paul II.
Une part de cet élan vient sans nul doute du passage de Mgr Roncalli à la nonciature de Paris pendant 9 ans, au sortir de la guerre. Sa rondeur et sa simplicité avaient fait beaucoup pour éviter une guerre ouverte entre l'épiscopat et les pouvoirs publics, qu'il s'agisse de l'épuration des évêques trop proches du régime de Vichy, des recommencements de la guerre scolaire ou encore des relations avec les élus communistes. Il avait aussi su observer le renouveau pastoral en France - qui allait de la création de la Mission de France au renouveau liturgique en passant par la question plus complexe des prêtres-ouvriers - avec bienveillance, tout en fréquentant assidûment et ostensiblement une abbaye de Solesmes qui apparaissait alors comme le phare de la Tradition.
Pour autant, c'est bien la convocation du deuxième Concile du Vatican qui a naturellement marqué les esprits français, comme ceux de toute la catholicité. À cet égard, lire les réactions de l'époque permet d'éviter bien des anachronismes: l'espérance suscitée par celui-ci a été bien plus générale et profonde que les inquiétudes et les excès que l'on connaît, qui arrivèrent plus tard. En un sens, il semble même que les premières réactions puissent être celles qui soient aujourd'hui encore les plus porteuses de sens. Elles nous disent quelque chose du projet originel du Concile, loin des querelles et des controverses postérieures.
Stanislas Fumet, né en 1898 a été, à l'instar de Jacques Maritain, des pères de Lubac et Daniélou et de tant d'autres, un de ces grands intellectuels catholiques français qui ont connu Jean XXIII et ont spontanément montré un grand enthousiasme pour Vatican II, tout en mettant en garde les chrétiens français contre une instrumentalisation de celui-ci au profit d'un «agenouillement devant le monde», notamment durant les tumultueuses années 1970.
Lisons un extrait de l'article qu'il a rédigé en 1963 dans le journal gaulliste Notre République, alors que le pape est à l'agonie. On y trouve comme des anticipations du «N'ayez pas peur» de Jean-Paul II:
«Avec Jean XXIII, on ne saurait dire qu'on nous «a changé la religion», comme plusieurs le pensent, mais bien qu'elle peut être soumise à un autre éclairage que celui qui en rendait l'aspect plus rébarbatif qu'aimable. […] Jean XXIII, dont le pontificat si plein aura été de trop brève durée, même s'il se prolonge quelque peu, n'est nullement un pape révolutionnaire. Le Sacré-Collège l'avait élu avec une arrière-pensée que l'on voilait à peine, quand il succéda à Pie XII : il devait faire un pape de transition. Mais il y a des transitions qui, pour ne pas être des ruptures - car dans l'Église, toujours une par définition, et qui a les promesses de la vie éternelle, la rupture ne se conçoit pas - n'en témoignent pas moins un renouvellement, un rejaillissement, une refloraison. L'Esprit-Saint, a-t-on dit, n'est pas à court d'imagination et les effets de la Pentecôte peuvent toujours reparaître à l'occasion des événements. SUITE Le Figaro
Pour autant, c'est bien la convocation du deuxième Concile du Vatican qui a naturellement marqué les esprits français, comme ceux de toute la catholicité. À cet égard, lire les réactions de l'époque permet d'éviter bien des anachronismes: l'espérance suscitée par celui-ci a été bien plus générale et profonde que les inquiétudes et les excès que l'on connaît, qui arrivèrent plus tard. En un sens, il semble même que les premières réactions puissent être celles qui soient aujourd'hui encore les plus porteuses de sens. Elles nous disent quelque chose du projet originel du Concile, loin des querelles et des controverses postérieures.
Stanislas Fumet, né en 1898 a été, à l'instar de Jacques Maritain, des pères de Lubac et Daniélou et de tant d'autres, un de ces grands intellectuels catholiques français qui ont connu Jean XXIII et ont spontanément montré un grand enthousiasme pour Vatican II, tout en mettant en garde les chrétiens français contre une instrumentalisation de celui-ci au profit d'un «agenouillement devant le monde», notamment durant les tumultueuses années 1970.
Lisons un extrait de l'article qu'il a rédigé en 1963 dans le journal gaulliste Notre République, alors que le pape est à l'agonie. On y trouve comme des anticipations du «N'ayez pas peur» de Jean-Paul II:
«Avec Jean XXIII, on ne saurait dire qu'on nous «a changé la religion», comme plusieurs le pensent, mais bien qu'elle peut être soumise à un autre éclairage que celui qui en rendait l'aspect plus rébarbatif qu'aimable. […] Jean XXIII, dont le pontificat si plein aura été de trop brève durée, même s'il se prolonge quelque peu, n'est nullement un pape révolutionnaire. Le Sacré-Collège l'avait élu avec une arrière-pensée que l'on voilait à peine, quand il succéda à Pie XII : il devait faire un pape de transition. Mais il y a des transitions qui, pour ne pas être des ruptures - car dans l'Église, toujours une par définition, et qui a les promesses de la vie éternelle, la rupture ne se conçoit pas - n'en témoignent pas moins un renouvellement, un rejaillissement, une refloraison. L'Esprit-Saint, a-t-on dit, n'est pas à court d'imagination et les effets de la Pentecôte peuvent toujours reparaître à l'occasion des événements. SUITE Le Figaro
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Avril 2014 à 19:48
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