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V.G.
«La véritable théologie n’est pas défensive, n’a pas peur du dialogue » mais que tout au contraire « elle le recherche et le développe », car la relation entre la fidélité à la Tradition et l’ouverture au monde contemporain « est une garantie de l’authenticité du travail théologique».
Message envoyé par le Patriarche œcuménique Bartholomée pour l’ouverture du colloque qui eut lieu à Chambésy/Genève les 17-18 octobre 2013.
Voici en résumé quelques thèses particulièrement intéressantes présentées à ce colloque de l’Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe (Chambésy) (1), en collaboration avec la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (2).
«La véritable théologie n’est pas défensive, n’a pas peur du dialogue » mais que tout au contraire « elle le recherche et le développe », car la relation entre la fidélité à la Tradition et l’ouverture au monde contemporain « est une garantie de l’authenticité du travail théologique».
Message envoyé par le Patriarche œcuménique Bartholomée pour l’ouverture du colloque qui eut lieu à Chambésy/Genève les 17-18 octobre 2013.
Voici en résumé quelques thèses particulièrement intéressantes présentées à ce colloque de l’Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe (Chambésy) (1), en collaboration avec la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (2).
L’Église catholique accepte les droits de l’homme
Pour le professeur Constantin Delikostantis (Chambésy-Athènes) l’Église catholique a fini par accepter les droits de l’homme comme dimension centrale de son témoignage pour le monde, oubliant le contexte anticlérical et athée de leur rédaction et promulgation originale. Le professeur s’est référé à la place des droits de l’homme et s’interrogea sur leur place dans la doctrine sociale de l’Église orthodoxe contemporaine et aux tensions entre la liberté moderne et la liberté chrétienne. Les trois générations des droits de l’homme se manifestent comme une évolution des principes de la liberté vers l’égalité et de l’égalité vers la fraternité ou la solidarité.
Sacramentalité de l’Église orthodoxe et primauté
L'Eglise catholique proclame que l’Église Une se trouve dans l’Église catholique romaine, tout en reconnaissant la sacramentalité des communautés chrétiennes ne se trouvant pas à son sein, et spécialement de l’Église orthodoxe (constitution dogmatique sur l'Église "Lumen Gentium" (3)). Pour Mgr Charles Morerod, évêque catholique de Lausanne, Genève et Fribourg, elle rend possible la notion des Églises sœurs et pause aussi la question des limites de l’Église qui, à partir des limites canoniques de l’Église catholique romaine, furent élargies, par l’œuvre de Vatican II, à des limites charismatiques.
Le contexte et le sens originel de la primauté et de l’infaillibilité papale, tels que défini par le concile Vatican I, furent revus et rééquilibrés, mais le professeur Hervé Legrand (Institut catholique de Paris) montre comment on était malheureusement revenu, durant le pontificat du Pape Jean-Paul II, à une interprétation maximaliste de ces définitions.
Akoinonésia et "ecclésiologie eucharistique"
Pour le professeur Vlassios Phidas (Chambésy), la levée des anathèmes de 1054, en 1965, du point de vue canonique, remet les relations des Églises orthodoxe et catholique-romaine dans la situation du Schisme des deux Serge (1014), c’est-à-dire que celles-ci ne se trouvent plus depuis lors dans un état de schisme accompli, mais seulement dans une rupture de communion (akoinonésia), ce qui ouvre la perspective d’un dialogue théologique bilatéral entre elles, qui peut mener vers le rétablissement de la communion ecclésiale.
Le professeur Job Getcha a quant a lui montré comment le mouvement liturgique de l’Église catholique romaine d’une part, et la contribution des théologiens orthodoxes de l’Institut Saint-Serge, dont Nicolas Afanassieff, ainsi que la participation active des observateurs orthodoxes à Vatican II d’autre part, ont contribué à ce que Vatican II adopte une «ecclésiologie eucharistique» mettant en relation l’Église avec l’Eucharistie tant dans son décret sur la liturgie ( Sacrosanctum concilium (4) que dans Lumen gentium (ibid 1). Ce faisant, Vatican II a permis d'élargir les limites de l’Église et rentrer en dialogue avec les autres chrétiens, lequel se trouvait facilité en parlant « d’ecclésiologie de communion ».
Rapprochement liturgique
La réforme liturgique promulguée par le concile dans Sacrosanctum concilium qui culmina sur la sur l’édition du nouvel Ordo missæ en 1969 et où l’on observe une influence incontestable des richesses de l’Orient chrétien pour le frère Isaia Gazolla, de l’Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris: il insista en particulier sur l’importance qui y est accordée à l’Écriture sainte, à la prédication, à la prière universelle (synapties, ecténies), à la communion sous les deux espèces et à la concélébration à la messe.
Le père Michel Mallèvre, Directeur du Centre Istina et rédacteur en chef de cette revue, souligna l’accent accordé par la réforme liturgique aux deux pôles de la liturgie que sont la Parole et les Sacrements, en rappelant que l’unité de la Parole et du sacrement avait fini par effacer au concile la peur qu’on éprouvait parfois à mettre au même niveau la table de la Parole et la table eucharistique, qui toutes deux, nourrissent les chrétiens. Par contre l’icône a été la grande oubliée du concile et de cette réforme liturgique a quant à lui regretté le père Nicolas Ozoline, doyen de l’Institut Saint-Serge à Paris.
Un espace de confiance
En conclusion du colloque, plusieurs intervenants ont souligné leur joie d’avoir participé au colloque qui a montré que Vatican II a créé un espace de confiance et les dialogue entre les Églises après plusieurs siècles de virulente polémique. En ce sens, Vatican II fut véritablement un événement historique pour l’ensemble de la chrétienté, car il marque le début d’un rapprochement entre chrétiens. Ce processus est certes long et exige de notre part de la patience, mais il permet de mieux nous connaître mutuellement et de porter un regard critique sur soi-même. Le fait de vivre ensemble permet de se découvrir tel que nous sommes et prendre le temps de s’expliquer sur les malentendus sur la base de Tradition commune des premiers siècles.
Notes:
(1) https://www.facebook.com/media/set/?set=a.527472207334864.1073741831.177795085635913&type=1
(2) http://www.unifr.ch/theo/fr
(3) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
(4) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19631204_sacrosanctum-concilium_fr.html
Pour le professeur Constantin Delikostantis (Chambésy-Athènes) l’Église catholique a fini par accepter les droits de l’homme comme dimension centrale de son témoignage pour le monde, oubliant le contexte anticlérical et athée de leur rédaction et promulgation originale. Le professeur s’est référé à la place des droits de l’homme et s’interrogea sur leur place dans la doctrine sociale de l’Église orthodoxe contemporaine et aux tensions entre la liberté moderne et la liberté chrétienne. Les trois générations des droits de l’homme se manifestent comme une évolution des principes de la liberté vers l’égalité et de l’égalité vers la fraternité ou la solidarité.
Sacramentalité de l’Église orthodoxe et primauté
L'Eglise catholique proclame que l’Église Une se trouve dans l’Église catholique romaine, tout en reconnaissant la sacramentalité des communautés chrétiennes ne se trouvant pas à son sein, et spécialement de l’Église orthodoxe (constitution dogmatique sur l'Église "Lumen Gentium" (3)). Pour Mgr Charles Morerod, évêque catholique de Lausanne, Genève et Fribourg, elle rend possible la notion des Églises sœurs et pause aussi la question des limites de l’Église qui, à partir des limites canoniques de l’Église catholique romaine, furent élargies, par l’œuvre de Vatican II, à des limites charismatiques.
Le contexte et le sens originel de la primauté et de l’infaillibilité papale, tels que défini par le concile Vatican I, furent revus et rééquilibrés, mais le professeur Hervé Legrand (Institut catholique de Paris) montre comment on était malheureusement revenu, durant le pontificat du Pape Jean-Paul II, à une interprétation maximaliste de ces définitions.
Akoinonésia et "ecclésiologie eucharistique"
Pour le professeur Vlassios Phidas (Chambésy), la levée des anathèmes de 1054, en 1965, du point de vue canonique, remet les relations des Églises orthodoxe et catholique-romaine dans la situation du Schisme des deux Serge (1014), c’est-à-dire que celles-ci ne se trouvent plus depuis lors dans un état de schisme accompli, mais seulement dans une rupture de communion (akoinonésia), ce qui ouvre la perspective d’un dialogue théologique bilatéral entre elles, qui peut mener vers le rétablissement de la communion ecclésiale.
Le professeur Job Getcha a quant a lui montré comment le mouvement liturgique de l’Église catholique romaine d’une part, et la contribution des théologiens orthodoxes de l’Institut Saint-Serge, dont Nicolas Afanassieff, ainsi que la participation active des observateurs orthodoxes à Vatican II d’autre part, ont contribué à ce que Vatican II adopte une «ecclésiologie eucharistique» mettant en relation l’Église avec l’Eucharistie tant dans son décret sur la liturgie ( Sacrosanctum concilium (4) que dans Lumen gentium (ibid 1). Ce faisant, Vatican II a permis d'élargir les limites de l’Église et rentrer en dialogue avec les autres chrétiens, lequel se trouvait facilité en parlant « d’ecclésiologie de communion ».
Rapprochement liturgique
La réforme liturgique promulguée par le concile dans Sacrosanctum concilium qui culmina sur la sur l’édition du nouvel Ordo missæ en 1969 et où l’on observe une influence incontestable des richesses de l’Orient chrétien pour le frère Isaia Gazolla, de l’Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris: il insista en particulier sur l’importance qui y est accordée à l’Écriture sainte, à la prédication, à la prière universelle (synapties, ecténies), à la communion sous les deux espèces et à la concélébration à la messe.
Le père Michel Mallèvre, Directeur du Centre Istina et rédacteur en chef de cette revue, souligna l’accent accordé par la réforme liturgique aux deux pôles de la liturgie que sont la Parole et les Sacrements, en rappelant que l’unité de la Parole et du sacrement avait fini par effacer au concile la peur qu’on éprouvait parfois à mettre au même niveau la table de la Parole et la table eucharistique, qui toutes deux, nourrissent les chrétiens. Par contre l’icône a été la grande oubliée du concile et de cette réforme liturgique a quant à lui regretté le père Nicolas Ozoline, doyen de l’Institut Saint-Serge à Paris.
Un espace de confiance
En conclusion du colloque, plusieurs intervenants ont souligné leur joie d’avoir participé au colloque qui a montré que Vatican II a créé un espace de confiance et les dialogue entre les Églises après plusieurs siècles de virulente polémique. En ce sens, Vatican II fut véritablement un événement historique pour l’ensemble de la chrétienté, car il marque le début d’un rapprochement entre chrétiens. Ce processus est certes long et exige de notre part de la patience, mais il permet de mieux nous connaître mutuellement et de porter un regard critique sur soi-même. Le fait de vivre ensemble permet de se découvrir tel que nous sommes et prendre le temps de s’expliquer sur les malentendus sur la base de Tradition commune des premiers siècles.
Notes:
(1) https://www.facebook.com/media/set/?set=a.527472207334864.1073741831.177795085635913&type=1
(2) http://www.unifr.ch/theo/fr
(3) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
(4) http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19631204_sacrosanctum-concilium_fr.html
Rédigé par Vladimir Golovanow le 25 Janvier 2014 à 21:09
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