Plateforme libre de discussion
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P.O. remercie Dimitri Garmonov d’avoir trouvé et traduit ce si actuel texte de l’Archimandrite Sabba. C’est surtout la conclusion consacrée à la vision que nous avons du Concile de 1917 qui paraîtra particulièrement intéressante à nos lecteurs.
« Et votre conciliarité tant vantée ? Où est-elle maintenant ?» - c’est cette question un peu sardonique qu’a posée un catholique aux journalistes qui assistaient au Concile des évêques de l’Eglise orthodoxe russe de 2013. Il s’agissait de changements dans les Statuts de l’Eglise qui y avaient été adoptés. D’autres médias ont estimé qu’il s’agissait là d’un « triomphe de la nomenclature de l’Eglise » ce qui signifiait pour eux la fin du principe de la conciliarité.
Ces changements concernent les pouvoir du Concile local qui est la deuxième institution de l’administration ecclésiastique après le Concile des évêques : ses pouvoirs ont été restreints. Outre les évêques, des prêtres des moines et des laïcs peuvent participerai Concile local. Et l’on dit que les droits du peuple orthodoxe ont été lésés au profit des évêques !
« Et votre conciliarité tant vantée ? Où est-elle maintenant ?» - c’est cette question un peu sardonique qu’a posée un catholique aux journalistes qui assistaient au Concile des évêques de l’Eglise orthodoxe russe de 2013. Il s’agissait de changements dans les Statuts de l’Eglise qui y avaient été adoptés. D’autres médias ont estimé qu’il s’agissait là d’un « triomphe de la nomenclature de l’Eglise » ce qui signifiait pour eux la fin du principe de la conciliarité.
Ces changements concernent les pouvoir du Concile local qui est la deuxième institution de l’administration ecclésiastique après le Concile des évêques : ses pouvoirs ont été restreints. Outre les évêques, des prêtres des moines et des laïcs peuvent participerai Concile local. Et l’on dit que les droits du peuple orthodoxe ont été lésés au profit des évêques !
Certains observateurs voient un lien dangereux entre la centralisation du pouvoir du Concile des évêques et la réforme actuelle des diocèses : le nombre des diocèses et des évêques augmente ceux-ci étant « particulièrement fidèles au patriarche qui leur intime des ordres ». Ainsi se créeraient des conditions favorables à une plus grande influence du patriarche au sein du Concile des évêques. Risque de papisme ? Refus la tradition d’administration de l’Eglise héritée des saints apôtres ? Pour la conscience laïque, ces changements peuvent paraître comme une nouvelle preuve de la nature antidémocratique de l’organisation ecclésiale et, très probablement, de l’existence des intentions dissimulées des hiérarques de l’Eglise russe à exercer le pouvoir politique.
Pour obtenir des réponses à ces questions nous nous sommes adressés à l’archimandrite Sabba (Toutounov), responsable-adjoint de l’administration du Patriarcat de Moscou et secrétaire de la Commission interconciliaire qui s’était occupée de l’élaboration des nouveaux Statuts du Concile local et du Concile des évêques.
* * *
- Quels pouvoirs du Concile local ont-ils été supprimés ?
- Je dirais plutôt qu’ils ont été « précisés ». Cette question s’était déjà posée en 2009 lors du Concile local qui a élu le patriarche actuel. Nous étions quelques centaines de personnes. Les participants s’exprimaient sur les conditions compliquées du travail législatif et de celles de la conduite du débat avec un si grand nombre d’intervenants. Les questions sur la procédure du Concile local ainsi que sur les pouvoirs de celui-ci et de ceux du Concile des évêques ont été également abordées. L’Assemblée interconciliaire a été crée en 2010, et c’est elle qui a été chargée de définir les pouvoirs de chaque Concile. La Commission a interrogé les diocèses. Les académies nous ont adressé un rapport. Tous se sont entendus sur le fait que, historiquement ou canoniquement, le droit, ou autrement le charisme ce qui veut dire la grâce ou le don, de la prédication et de l’administration de l’Eglise appartient à l’épiscopat ; ce qui, d’ailleurs, se transmet à l’évêque lors de l’ordination épiscopale.
La commission a élaboré le premier document qui restreignait fortement les fonctions du Concile local jusqu’à ce qu’il devienne un organe consultatif. Mais cette étape n’a pas été décisive. On peut parler, si vous voulez, de démocratie bien que je n’aime pas employer ce terme par rapport à l’Eglise. Le document a été publié et discuté, nous avons constaté une réaction négative de la part des diocèses ainsi que de ceux qui ont participé à la discussion sur Internet. Nous avons ensuite remanié le document où désormais il était déclaré que le Concile local s’exprimerait au nom de l’Eglise locale sur des questions importantes intéressant l’opinion publique – relations entre l’Eglise et l’Etat, relations avec les Eglises hétérodoxes ; le droit de participer à l’élection du patriarche, ce qui n’avait pas été mis en cause. Le pouvoir doctrinal et administratif restaient l’apanage du Concile des évêques. Nous nous sommes heurtés de nouveau à une réaction négative des diocèses.
- Dans les diocèses, les décisions ont-t-elles été prises par les évêques ?
- Souvent c’étaient les évêques eux-mêmes qui rédigeaient les rapports, mais parfois des réunions ont été organisées, même dans le cadre des doyennés qui sont un échelon inférieur réunissant une ou quelques dizaines de paroisses. Ils envoyaient leurs rapports à la réunion diocésaine qui a souvent rappelé qu’il n’était pas juste de priver le Concile local du droit de prendre des décisions doctrinales et canoniques. Dans le document définitif amendé il a été déclaré , conformément à la tradition dogmatique de l’Eglise, que le pouvoir ou la grâce de la doctrine et de l’administration canoniques appartiennent à l’épiscopat. En revanche, la réception relève du Concile local.
- Qu’est-ce que signifie, « procéder à la réception » ?
- La réception signifie un accord exprimé manifestement ou tacitement. Le Concile local peut mettre en doute et renvoyer pour révision certaines décisions du Concile des évêques. Le problème de corrélation entre la décision et la réception est, d’ailleurs, une des questions qui n’ont pas encore de réponses dans la doctrine du droit canon. Il n’existe pas de définitions de ce qu’est la réception, quelle institution et comment doit-elle y procéder. Mais le terme existe. Dans ce cas-là, le Concile des évêques a tenté d’exprimer les rapports entre décision et réception dans la forme qui a été définie par les Statuts.
Pour obtenir des réponses à ces questions nous nous sommes adressés à l’archimandrite Sabba (Toutounov), responsable-adjoint de l’administration du Patriarcat de Moscou et secrétaire de la Commission interconciliaire qui s’était occupée de l’élaboration des nouveaux Statuts du Concile local et du Concile des évêques.
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- Quels pouvoirs du Concile local ont-ils été supprimés ?
- Je dirais plutôt qu’ils ont été « précisés ». Cette question s’était déjà posée en 2009 lors du Concile local qui a élu le patriarche actuel. Nous étions quelques centaines de personnes. Les participants s’exprimaient sur les conditions compliquées du travail législatif et de celles de la conduite du débat avec un si grand nombre d’intervenants. Les questions sur la procédure du Concile local ainsi que sur les pouvoirs de celui-ci et de ceux du Concile des évêques ont été également abordées. L’Assemblée interconciliaire a été crée en 2010, et c’est elle qui a été chargée de définir les pouvoirs de chaque Concile. La Commission a interrogé les diocèses. Les académies nous ont adressé un rapport. Tous se sont entendus sur le fait que, historiquement ou canoniquement, le droit, ou autrement le charisme ce qui veut dire la grâce ou le don, de la prédication et de l’administration de l’Eglise appartient à l’épiscopat ; ce qui, d’ailleurs, se transmet à l’évêque lors de l’ordination épiscopale.
La commission a élaboré le premier document qui restreignait fortement les fonctions du Concile local jusqu’à ce qu’il devienne un organe consultatif. Mais cette étape n’a pas été décisive. On peut parler, si vous voulez, de démocratie bien que je n’aime pas employer ce terme par rapport à l’Eglise. Le document a été publié et discuté, nous avons constaté une réaction négative de la part des diocèses ainsi que de ceux qui ont participé à la discussion sur Internet. Nous avons ensuite remanié le document où désormais il était déclaré que le Concile local s’exprimerait au nom de l’Eglise locale sur des questions importantes intéressant l’opinion publique – relations entre l’Eglise et l’Etat, relations avec les Eglises hétérodoxes ; le droit de participer à l’élection du patriarche, ce qui n’avait pas été mis en cause. Le pouvoir doctrinal et administratif restaient l’apanage du Concile des évêques. Nous nous sommes heurtés de nouveau à une réaction négative des diocèses.
- Dans les diocèses, les décisions ont-t-elles été prises par les évêques ?
- Souvent c’étaient les évêques eux-mêmes qui rédigeaient les rapports, mais parfois des réunions ont été organisées, même dans le cadre des doyennés qui sont un échelon inférieur réunissant une ou quelques dizaines de paroisses. Ils envoyaient leurs rapports à la réunion diocésaine qui a souvent rappelé qu’il n’était pas juste de priver le Concile local du droit de prendre des décisions doctrinales et canoniques. Dans le document définitif amendé il a été déclaré , conformément à la tradition dogmatique de l’Eglise, que le pouvoir ou la grâce de la doctrine et de l’administration canoniques appartiennent à l’épiscopat. En revanche, la réception relève du Concile local.
- Qu’est-ce que signifie, « procéder à la réception » ?
- La réception signifie un accord exprimé manifestement ou tacitement. Le Concile local peut mettre en doute et renvoyer pour révision certaines décisions du Concile des évêques. Le problème de corrélation entre la décision et la réception est, d’ailleurs, une des questions qui n’ont pas encore de réponses dans la doctrine du droit canon. Il n’existe pas de définitions de ce qu’est la réception, quelle institution et comment doit-elle y procéder. Mais le terme existe. Dans ce cas-là, le Concile des évêques a tenté d’exprimer les rapports entre décision et réception dans la forme qui a été définie par les Statuts.
- En 1988, la disposition sur la convocation régulière du Concile local tous les 5 ans avait été ajoutée dans les Statuts. Pourquoi a-t-elle été supprimée récemment ?
- Cela a été fait en 2000. Il est difficile de préciser pourquoi on l’a introduit en 1988, j’étais encore adolescent. Comme nous le savons, cette règle n’a jamais été respectée. Je peux supposer qu’en 2000 les Statuts ont été justement mis en conformité à la pratique.
- Le Concile local peut être désormais réuni par le Concile des évêques. Comment peut-il alors effectuer la réception avec l’indispensable plénitude ?
- Il s’agit plutôt de situations exceptionnelles. Les évêques ne sont ni hérétiques, ni schismatiques. Avant de prendre une décision, ils y réfléchiront bien. En outre, nous pouvons avoir recours à l’Assemblée interconciliaire. Les décisions sont donc prises après en avoir pesé tous les pour et les contre. Certes, l’histoire connait plusieurs cas difficiles: par exemple, la signature de l’unie de Florence avec les catholiques par le métropolite Isidore, acte que la Russie n’a pas reconnu. Le pouvoir laïc y a joué un rôle important. Revenons au sujet, si le Concile des évêques prenait une décision qui semblerait fausse à la lumière de la doctrine ou de l’ordre canonique de l’Eglise, une grande partie de l’épiscopat, du clergé et des laïcs réagiront et exigerons la convocation d’un Concile local.
- Comment est apparu ce double pouvoir des Conciles ? Avant le XVIIe siècle et en 1917, l’année de la restauration du patriarcat dans l’Eglise orthodoxe russe, il n’y avait qu’une instance administrative – celle du Concile local?
- C’est une question de terminologie. Notre vocabulaire prend ses sources au début du XXe siècle. Dans l’histoire de l’Eglise, notamment en Russie d’avant le XVIIe siècle, le Concile local était un concile des évêques. Mais à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, des conciles réunissant l’épiscopat, le clergé et les laïcs sont apparus dans les pays baltes. Cette belle idée des conciles publics a été reprise en Russie où les conciles ne s’étaient pas réunis pendant deux centenaires. Ainsi, en 1917, un grand Concile local a réuni tout l’épiscopat ainsi que des délégués du clergé, des laïcs et des moines. A vrai dire, les Statuts étaient très concis et n’ont pas été pleinement élaborés à cause de l’interruption anticipée du travail du Concile, ensuite l’époque des persécutions a commencé. La question de la réunion des évêques ne s’est posée qu’après la Deuxième Guerre mondiale.
- Dans les changements des pouvoirs en profit du Concile des évêques, beaucoup voient le danger du papisme : on parle de la croissance du nombre des évêques pendant la réforme diocésaine et donc des personnes qui seront particulièrement fidèles au patriarche et, comme conséquence, la loyauté de tout le Concile des évêques. Qu’en pensez-vous ?
- Tout d’abord, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille qui est un homme d’une foi fervente sait que la vie sur terre est une étape après laquelle nous serons jugés par le Seigneur. Il ne veut pas adapter l’Eglise en fonction de circonstances temporaires et insignifiantes. Le renforcement du pouvoir du Pape de Rome a été un très long processus lié au rôle politique du Pontife. Il ne faut pas oublier que le Pape est en même temps un chef d’Etat et qu’il a été un homme politique important à l’époque de l’empire romano-byzantin dont le centre a été déplacé à Constantinople – Nouvelle Rome. Cependant, l’Ancienne Rome n’oubliait jamais son statut de capitale politique.
- Cela a été fait en 2000. Il est difficile de préciser pourquoi on l’a introduit en 1988, j’étais encore adolescent. Comme nous le savons, cette règle n’a jamais été respectée. Je peux supposer qu’en 2000 les Statuts ont été justement mis en conformité à la pratique.
- Le Concile local peut être désormais réuni par le Concile des évêques. Comment peut-il alors effectuer la réception avec l’indispensable plénitude ?
- Il s’agit plutôt de situations exceptionnelles. Les évêques ne sont ni hérétiques, ni schismatiques. Avant de prendre une décision, ils y réfléchiront bien. En outre, nous pouvons avoir recours à l’Assemblée interconciliaire. Les décisions sont donc prises après en avoir pesé tous les pour et les contre. Certes, l’histoire connait plusieurs cas difficiles: par exemple, la signature de l’unie de Florence avec les catholiques par le métropolite Isidore, acte que la Russie n’a pas reconnu. Le pouvoir laïc y a joué un rôle important. Revenons au sujet, si le Concile des évêques prenait une décision qui semblerait fausse à la lumière de la doctrine ou de l’ordre canonique de l’Eglise, une grande partie de l’épiscopat, du clergé et des laïcs réagiront et exigerons la convocation d’un Concile local.
- Comment est apparu ce double pouvoir des Conciles ? Avant le XVIIe siècle et en 1917, l’année de la restauration du patriarcat dans l’Eglise orthodoxe russe, il n’y avait qu’une instance administrative – celle du Concile local?
- C’est une question de terminologie. Notre vocabulaire prend ses sources au début du XXe siècle. Dans l’histoire de l’Eglise, notamment en Russie d’avant le XVIIe siècle, le Concile local était un concile des évêques. Mais à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, des conciles réunissant l’épiscopat, le clergé et les laïcs sont apparus dans les pays baltes. Cette belle idée des conciles publics a été reprise en Russie où les conciles ne s’étaient pas réunis pendant deux centenaires. Ainsi, en 1917, un grand Concile local a réuni tout l’épiscopat ainsi que des délégués du clergé, des laïcs et des moines. A vrai dire, les Statuts étaient très concis et n’ont pas été pleinement élaborés à cause de l’interruption anticipée du travail du Concile, ensuite l’époque des persécutions a commencé. La question de la réunion des évêques ne s’est posée qu’après la Deuxième Guerre mondiale.
- Dans les changements des pouvoirs en profit du Concile des évêques, beaucoup voient le danger du papisme : on parle de la croissance du nombre des évêques pendant la réforme diocésaine et donc des personnes qui seront particulièrement fidèles au patriarche et, comme conséquence, la loyauté de tout le Concile des évêques. Qu’en pensez-vous ?
- Tout d’abord, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille qui est un homme d’une foi fervente sait que la vie sur terre est une étape après laquelle nous serons jugés par le Seigneur. Il ne veut pas adapter l’Eglise en fonction de circonstances temporaires et insignifiantes. Le renforcement du pouvoir du Pape de Rome a été un très long processus lié au rôle politique du Pontife. Il ne faut pas oublier que le Pape est en même temps un chef d’Etat et qu’il a été un homme politique important à l’époque de l’empire romano-byzantin dont le centre a été déplacé à Constantinople – Nouvelle Rome. Cependant, l’Ancienne Rome n’oubliait jamais son statut de capitale politique.
La politique n’a pas lieu d’être dans l’activité des évêques et des prêtres de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarches compris. L’une des taches les plus importantes du patriarche Cyrille, telle que définie lors du Concile local de 2009, est de faire venir à l’Eglise ceux qui ont été baptisés, mais qui ne pratiquent pas. Quant à la réforme diocésaine, sa réalisation est une idée de longue date du patriarche. L’administration du Patriarcat de Moscou s’occupait de cette question depuis le début : le seul but de cette réforme est de rapprocher les évêques du peuple. C’est l’une des conséquences des décisions du Concile des évêques de 2011 qui a accru le niveau du travail missionnaire, catéchétique et social dans les diocèses. En mettant ces décisions e œuvre, nous avons immédiatement compris que ce travail est impossible dans des diocèses aussi grands. C’est alors que le patriarche a décidé que le moment est venu pour réaliser son ancienne idée – la création de nouveaux diocèses où les évêques ayant un moindre nombre de paroisses à gérer pourront développer et consolider la vie ecclésiale de manière plus active.
- Admettons que le patriarche Cyrille ne tend pas au pouvoir autocratique, mais est-ce possible dans le cadre des Statuts ?
- L’idée du changement des Statuts de l’Eglise pour que le patriarche y devienne un autocrate relève plutôt de l’Eglise fiction. Je peux même supposer la manière dont va se dérouler un tel scénario : un Concile local se réunirait pour réagir négativement à cette idée. En ce qui concerne la fidélité de l’épiscopat au patriarche : la plupart des évêques ordonnés récemment n’ont pas été cooptés par le patriarche. Ils sont choisis dans les diocèses d’où ils viennent. Prenons pour un exemple le diocèse de Saransk qui est dirigé par le métropolite Barsonophe, responsable de l’administration du Patriarcat, où deux diocèses ont été récemment créés. Le métropolite lui-même a trouvé deux candidats et les a présentés au patriarche. Cela signifie que, si on utilise tout de même ces termes, ces évêques seront fidèles à celui qui les a présentés à la dignité épiscopale. Mais je ne le pense pas parce que les évêques sont en mission et fidèles non pas à celui qui les a « promus », mais à Dieu et à l’Eglise, et ils soutiennent Sa Sainteté le patriarche Cyrille non pas pour sa personnalité, mais parce qu’il est le primat de l’Eglise orthodoxe russe.
- Parmi les quatre procédures différentes proposées, les règles les plus démocratiques de l’élection du patriarche ont été choisies et consacrées dans les nouveaux Statuts. Le Concile local aurait-il donc le droit de proposer un candidat par le moyen d’un vote « arrangé » ? Pourquoi faut-il une telle forme de démocratie dans l’Eglise ?
- Ce n’est pas la démocratie. Le pouvoir démocratique appartient au peuple. Mais le Chef et le Souverain de l’Eglise est notre Seigneur Jésus Christ. Ce pouvoir se manifeste dans le Corps de l’Eglise dont l’histoire, les canons et la doctrine nous l’attestent. L’histoire dit que le pouvoir de la doctrine et de l’administration appartient aux évêques, successeurs des apôtres, qui reçoivent la grâce de Dieu lors de l’ordination épiscopale. Dans l’Eglise orthodoxe russe, le peuple joue un rôle important, notamment dans les élections de son primat. C’est notre héritage canonique et historique lié à la reconnaissance du peuple car le patriarche est le chef de l’Eglise. Dans une autre Eglise locale, les élections du patriarche peuvent se passer autrement.
-Nos évêques ne sont pas élus bien que les évêques chrétiens des premiers siècles étaient élus par le peuple?
- L’élection de l’évêque par scrutin est connue dans l’histoire mais c’est souvent un mythe. Les saints apôtres, en arrivant dans un lieu ou un autre, ordonnaient eux-mêmes des évêques sans élections préalables. Celles-ci existaient sous différentes formes et avaient chaque fois des causes historiques. A une période, l’Eglise a connu un canon qui interdisait l’élection de l’évêque par la foule afin d’éviter les excès. En Russie, les évêques ont été élus avec la participation du vetche (assemblé populaire à Novgorod). L’élection des évêques s’est également produite en 1917, ce qui était, avant le Concile local de 1917-1918, une réaction à la révolution à la suite de laquelle des « comités exécutifs » avaient souvent destitué des évêques. Dans certains cas, le Synode validait les décisions des comités, mais parfois il les rejetait. Il y avait soit des élections directes lors desquelles le peuple avait le droit de dire : « Nous voulons celui-ci », soit le processus était plus compliqué. Le futur patriarche Tikhon a été élu à Moscou, le métropolite Benjamin l’a été à Petrograd. Lors du Concile de 1917-1918, une forme de scrutin a été définie comportant une « censure » sérieuse de la part de l’épiscopat. Mais cela n’a pas pu continuer longtemps parce que la situation politique a changé.
- Le patriarche peut-il donner des ordres aux évêques ? Le principe « le premier parmi les égaux » est-il toujours respecté ?
- Oui, le patriarche est le premier parmi les évêques qui sont tous égaux : ce principe est toujours respecté. Même dans les documents envoyés par le patriarche aux évêques, on peut voir qu’il peut leur demander et leur proposer certaines choses. Le patriarche peut donner des ordres à ses évêques auxiliaires qui l’aident à gouverner le diocèse de Moscou dont il est l’évêque local. Le patriarche peut donner des ordres à l’évêque responsable d’un département synodal, ce dernier est administré personnellement par le patriarche et par le Synode. Un certain pouvoir du patriarche est également consacré dans les Statuts de l’Eglise : par exemple, il peut donner à des évêques la permission de partir en congé. En outre, il distribue la sainte huile et les antimensions qui sont indispensables pour la célébration de la sainte Eucharistie.
- Selon les règles, le patriarche peut être jugé par le Concile des évêques, mais qui est-ce qui a le pouvoir d’entamer un procès ?
- La procédure n’est pas détaillée. Le patriarche n’est pas infaillible. Si on ne prend pas en détails la notion catholique d’infaillibilité du Pape qui, en effet, est beaucoup plus compliquée que nous ne l’imaginons, alors, à la différence du Pape qui parle ex cathedra, le patriarche peut tomber dans l’erreur, dans une hérésie. A Byzance, nous connaissons des patriarches hérétiques ainsi que des patriarches destitués. Le patriarche Nikon n’était pas hérétique, sa destitution était liée à un conflit avec le tsar. On a trouvé des violations canoniques, mais elles avaient tout de même une base politique.
- Admettons que le patriarche Cyrille ne tend pas au pouvoir autocratique, mais est-ce possible dans le cadre des Statuts ?
- L’idée du changement des Statuts de l’Eglise pour que le patriarche y devienne un autocrate relève plutôt de l’Eglise fiction. Je peux même supposer la manière dont va se dérouler un tel scénario : un Concile local se réunirait pour réagir négativement à cette idée. En ce qui concerne la fidélité de l’épiscopat au patriarche : la plupart des évêques ordonnés récemment n’ont pas été cooptés par le patriarche. Ils sont choisis dans les diocèses d’où ils viennent. Prenons pour un exemple le diocèse de Saransk qui est dirigé par le métropolite Barsonophe, responsable de l’administration du Patriarcat, où deux diocèses ont été récemment créés. Le métropolite lui-même a trouvé deux candidats et les a présentés au patriarche. Cela signifie que, si on utilise tout de même ces termes, ces évêques seront fidèles à celui qui les a présentés à la dignité épiscopale. Mais je ne le pense pas parce que les évêques sont en mission et fidèles non pas à celui qui les a « promus », mais à Dieu et à l’Eglise, et ils soutiennent Sa Sainteté le patriarche Cyrille non pas pour sa personnalité, mais parce qu’il est le primat de l’Eglise orthodoxe russe.
- Parmi les quatre procédures différentes proposées, les règles les plus démocratiques de l’élection du patriarche ont été choisies et consacrées dans les nouveaux Statuts. Le Concile local aurait-il donc le droit de proposer un candidat par le moyen d’un vote « arrangé » ? Pourquoi faut-il une telle forme de démocratie dans l’Eglise ?
- Ce n’est pas la démocratie. Le pouvoir démocratique appartient au peuple. Mais le Chef et le Souverain de l’Eglise est notre Seigneur Jésus Christ. Ce pouvoir se manifeste dans le Corps de l’Eglise dont l’histoire, les canons et la doctrine nous l’attestent. L’histoire dit que le pouvoir de la doctrine et de l’administration appartient aux évêques, successeurs des apôtres, qui reçoivent la grâce de Dieu lors de l’ordination épiscopale. Dans l’Eglise orthodoxe russe, le peuple joue un rôle important, notamment dans les élections de son primat. C’est notre héritage canonique et historique lié à la reconnaissance du peuple car le patriarche est le chef de l’Eglise. Dans une autre Eglise locale, les élections du patriarche peuvent se passer autrement.
-Nos évêques ne sont pas élus bien que les évêques chrétiens des premiers siècles étaient élus par le peuple?
- L’élection de l’évêque par scrutin est connue dans l’histoire mais c’est souvent un mythe. Les saints apôtres, en arrivant dans un lieu ou un autre, ordonnaient eux-mêmes des évêques sans élections préalables. Celles-ci existaient sous différentes formes et avaient chaque fois des causes historiques. A une période, l’Eglise a connu un canon qui interdisait l’élection de l’évêque par la foule afin d’éviter les excès. En Russie, les évêques ont été élus avec la participation du vetche (assemblé populaire à Novgorod). L’élection des évêques s’est également produite en 1917, ce qui était, avant le Concile local de 1917-1918, une réaction à la révolution à la suite de laquelle des « comités exécutifs » avaient souvent destitué des évêques. Dans certains cas, le Synode validait les décisions des comités, mais parfois il les rejetait. Il y avait soit des élections directes lors desquelles le peuple avait le droit de dire : « Nous voulons celui-ci », soit le processus était plus compliqué. Le futur patriarche Tikhon a été élu à Moscou, le métropolite Benjamin l’a été à Petrograd. Lors du Concile de 1917-1918, une forme de scrutin a été définie comportant une « censure » sérieuse de la part de l’épiscopat. Mais cela n’a pas pu continuer longtemps parce que la situation politique a changé.
- Le patriarche peut-il donner des ordres aux évêques ? Le principe « le premier parmi les égaux » est-il toujours respecté ?
- Oui, le patriarche est le premier parmi les évêques qui sont tous égaux : ce principe est toujours respecté. Même dans les documents envoyés par le patriarche aux évêques, on peut voir qu’il peut leur demander et leur proposer certaines choses. Le patriarche peut donner des ordres à ses évêques auxiliaires qui l’aident à gouverner le diocèse de Moscou dont il est l’évêque local. Le patriarche peut donner des ordres à l’évêque responsable d’un département synodal, ce dernier est administré personnellement par le patriarche et par le Synode. Un certain pouvoir du patriarche est également consacré dans les Statuts de l’Eglise : par exemple, il peut donner à des évêques la permission de partir en congé. En outre, il distribue la sainte huile et les antimensions qui sont indispensables pour la célébration de la sainte Eucharistie.
- Selon les règles, le patriarche peut être jugé par le Concile des évêques, mais qui est-ce qui a le pouvoir d’entamer un procès ?
- La procédure n’est pas détaillée. Le patriarche n’est pas infaillible. Si on ne prend pas en détails la notion catholique d’infaillibilité du Pape qui, en effet, est beaucoup plus compliquée que nous ne l’imaginons, alors, à la différence du Pape qui parle ex cathedra, le patriarche peut tomber dans l’erreur, dans une hérésie. A Byzance, nous connaissons des patriarches hérétiques ainsi que des patriarches destitués. Le patriarche Nikon n’était pas hérétique, sa destitution était liée à un conflit avec le tsar. On a trouvé des violations canoniques, mais elles avaient tout de même une base politique.
Par le service vers la conciliarité
- La démocratie ne pourrait donc pas exister dans l’Eglise. Qu’est-ce alors cette nouvelle institution avec la participation des laïcs que l’Assemblée interconciliaire ?
- La Commission interconciliaire a été créée en 2009, elle réunit près de cent cinquante évêques, prêtres et diacres ainsi que des laïcs. Je pense qu’il n’y a dans aucune Eglise locale d’institutions similaires. Lors du Concile local de 2009, s’est posée une question de l’élaboration de projets de documents pour les Conciles prochains. Il était évident qu’il ne fallait pas les porter immédiatement à la discussion du Concile, parce que très souvent il arrive que les participants au Concile les voient pour la première fois et n’ont pas de temps pour les étudier. On a eu l’idée de créer une institution qui ressemblerait à la Commission qui avait précédé le Concile local de 1917-1918. La seule différence est que la Commission interconciliaire actuelle est une institution permanente.
- De qui est-elle formée ?
- Les membres sont nommés par le Saint Synode. Parmi les évêques, vous avez les responsables des départements synodaux, les recteurs des écoles de théologie ; deuxièmement, des représentants de la Russie ainsi que de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Moldova, des pays baltes etc. Quant aux prêtres et aux laïcs, le Synode visait à présenter toutes les tendances existant au sein de l’Eglise, libérale et conservatrice, et les experts dans différents domaines – liturgique, pastoral, canonique, social ainsi que travail avec la jeunesse. La seule exigence pour tous est d’être actif dans la vie quotidienne de l’Eglise.
- Au début, vous avez dit que les documents préparés pour le Concile des évêques avaient été présentés sur Internet. Ceci a-t-il été géré par la Commission ?
- Oui, tous les documents de la Commission interconciliaire peuvent être discutés par les hommes d’Eglise. D’abord, le projet du document émane d’un groupe de travail au sein de la commission de rédaction présidée par le patriarche lui-même. La commission vérifie le document et parfois le complète. Le patriarche travaille avec tout le monde. Le document est ensuite publié, y compris sur Internet – sur des pages officielles, dans le blog de la Commission interconciliaire, sur le site Bogoslov.ru qui est notre partenaire officiel. Puis toutes les réactions et commentaires sont systématisés (des absurdités comme, par exemple, les exigences d’introduire dans les Statuts de l’Eglise le thème de la défense des animaux sont exclues), et l’on commence le travail à tous les niveaux : commission de rédaction, présidium, Assemblée plénière de l’Assemblée interconciliaire.
- Si tout ce dont vous parlez ne se présente pas comme des principes démocratiques, alors qu’est-ce que la conciliarité ? De quoi se différencie-t-elle de la démocratie ?
- Si il s’agit de conciliarité, c’est de nouveau un problème de langue. Dans le Symbole de la foi, il est dit que l’Eglise est conciliaire (« sobornaïa »). Bien que, dans le texte original grec, on utilise le mot « catholique ».
- Universel ?
- Oui, elle existe dans tout l’Univers. Mais tout particulièrement, elle englobe toute l’humanité. D’où la notion de conciliarité. Le concile réunit nous tous (*en russe, « Sobor », Concile, assemblée, a la même racine que le mot « sobirat’ », réunir, rassembler – NT). Quand il s’agit de la conciliarité, nous mettons l’accent plutôt sur le principe d’administration. Je proposerais de voir la conciliarité d’abord comme un aspect liturgique – tout le monde se réunit autour du même calice pendant la liturgie. Les gens sont réunis également dans une communauté paroissiale. La vie de l’Eglise se manifeste à plusieurs niveaux. La prise de décisions n’est importante que dans le cas de leur exécution au niveau des paroisses. Actuellement, nous travaillons sur un projet – celui du site-Internet « les Paroisses ». Il s’y agit de la vie quotidienne de l’Eglise, du catéchuménat, par exemple. Le Concile des évêques a adopté un document très important sur la catéchèse. En tant que recteur d’une église, je peux vous dire qu’on se heurte à des difficultés quant à la mise en œuvre de ce document. Après avoir été nommé recteur d’une paroisse, j’ai introduit une catéchèse obligatoire avant le baptême pour les adultes qui désirent se baptiser, ainsi que pour les parents et les parrains des enfants. Mais voilà, les gens ne voulaient pas assister aux conférences consacrées au Symbole de la foi, à la doctrine sur le baptême et sa signification. Ils disaient : « Pourquoi ? Nous allons passer dans une autre église où l’on se passera de tout cela ». Mais le dimanche dernier, une trentaine de personne sont assisté à cette conférence. Il faut dire que c’est beaucoup. Le dispositif fonctionne et cela, grâce à qui ? - Grâce aux laïcs. Ma déléguée pour la catéchèse a pu valider ces études. Je connais plusieurs autres paroisses où se réalisent divers projets liés au catéchisme, aux enfants, aux jeunes. Ceci est précisément la vie quotidienne de l’Eglise.
- Est-ce que la vie liturgique et paroissiale est liée à l’aspect administratif de la conciliarité d’une manière ou d’une autre ?
- Effectivement, ceux qui participent à la vie de l’Eglise exercent une influence sur les décisions administratives, notamment au sein de l’Assemblée interconciliaire. Nous avons parlé de l’élaboration de certaines dispositions des Statuts. Je peux dire également que, pendant la préparation des documents sur la justice juvénile, sur les codes barre d’identification personnelle, la tension était énorme. Nous avons reçu plusieurs listes de souscription, surtout pour le problème de la justice juvénile, où il était dit que notre document était trop flou et qu’il faudrait s’exprimer plus d’une manière plus rigoureuse. Mais ce n’est pas la démocratie, nous n’organisons pas des référendums. La conciliarité existe réellement grâce à la vie active des laïcs. Il faut comprendre aussi que les aspects administratifs de la conciliarité ne sont pas donnés une fois pour toutes. Chez nous, ils sont exercés de la manière que je vous ai décrite. On peut toujours essayer d’améliorer la situation. Ceux qui parlent de la démocratisation de l’Eglise doivent comprendre également qu’il y a toujours un certain nombre d’ « activistes orthodoxes » considérés comme rétrogrades. Dans les conditions de la démocratisation de l’Eglise, ce sont ces « rétrogrades » qui vont influencer les décisions. Est-ce que cela plaira à ceux qui sont pour la conciliarité démocratique ? J’en doute bien. Une situation inverse avait lieu dans les années 1917-1918 : j’ai étudié cette période d’une manière approfondie car c’est le sujet de ma thèse de doctorat. A cette époque, ce sont les révolutionnaires qui ont voulu influencer les décisions de l’Eglise. La question : en avons-nous actuellement besoin ?
- En effet, où peut-on trouver la réponse à cette question ?
- Nous ne sommes pas prêts aux élections des prêtres, des évêques: nous n’avons pas un système paroissial. Qu’est-ce qu’une paroisse ? Dans ma paroisse, le dimanche dernier, deux liturgies eucharistiques ont été célébrées, près de six cents personnes ont communié. En plus, je pense qu’il y avait encore environ quatre cents personnes qui n’ont pas communié. Au total, près de mille fidèles. Comment alors réaliser la « démocratie » ? Qui sont parmi eux les vrais paroissiens ? Quand on a réuni le Concile des 1917-1918, la forme principale de la paroisse était celle du village. Une église avec un ou deux ou trois villages autour. Le prêtre connaissait leurs habitants. Maintenant la situation sociale a changé, donc à chaque époque et aux circonstances particulières de cette époque correspond un système d’organisation particulier. Le système d’aujourd’hui est suffisamment bon pour l’époque actuelle. Peut-être, il y a des points à améliorer. Par exemple, je vois certaines choses qu’on pourrait améliorer et, quand j’en ai la possibilité, je propose de le faire, d’autres le font également. Mais il faut rester réaliste.
Vera KRASNOVA pour "Expert" Народ служит, епископы управляют
Traduction D.G
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Un nouveau livre de l’higoumène Sabba (Toutounov) : « Les réformes diocésaines » et Concile local de 1917-1918: Présentation de livres à Moscou + 10 Résultats pour votre recherche sur PO
- La démocratie ne pourrait donc pas exister dans l’Eglise. Qu’est-ce alors cette nouvelle institution avec la participation des laïcs que l’Assemblée interconciliaire ?
- La Commission interconciliaire a été créée en 2009, elle réunit près de cent cinquante évêques, prêtres et diacres ainsi que des laïcs. Je pense qu’il n’y a dans aucune Eglise locale d’institutions similaires. Lors du Concile local de 2009, s’est posée une question de l’élaboration de projets de documents pour les Conciles prochains. Il était évident qu’il ne fallait pas les porter immédiatement à la discussion du Concile, parce que très souvent il arrive que les participants au Concile les voient pour la première fois et n’ont pas de temps pour les étudier. On a eu l’idée de créer une institution qui ressemblerait à la Commission qui avait précédé le Concile local de 1917-1918. La seule différence est que la Commission interconciliaire actuelle est une institution permanente.
- De qui est-elle formée ?
- Les membres sont nommés par le Saint Synode. Parmi les évêques, vous avez les responsables des départements synodaux, les recteurs des écoles de théologie ; deuxièmement, des représentants de la Russie ainsi que de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Moldova, des pays baltes etc. Quant aux prêtres et aux laïcs, le Synode visait à présenter toutes les tendances existant au sein de l’Eglise, libérale et conservatrice, et les experts dans différents domaines – liturgique, pastoral, canonique, social ainsi que travail avec la jeunesse. La seule exigence pour tous est d’être actif dans la vie quotidienne de l’Eglise.
- Au début, vous avez dit que les documents préparés pour le Concile des évêques avaient été présentés sur Internet. Ceci a-t-il été géré par la Commission ?
- Oui, tous les documents de la Commission interconciliaire peuvent être discutés par les hommes d’Eglise. D’abord, le projet du document émane d’un groupe de travail au sein de la commission de rédaction présidée par le patriarche lui-même. La commission vérifie le document et parfois le complète. Le patriarche travaille avec tout le monde. Le document est ensuite publié, y compris sur Internet – sur des pages officielles, dans le blog de la Commission interconciliaire, sur le site Bogoslov.ru qui est notre partenaire officiel. Puis toutes les réactions et commentaires sont systématisés (des absurdités comme, par exemple, les exigences d’introduire dans les Statuts de l’Eglise le thème de la défense des animaux sont exclues), et l’on commence le travail à tous les niveaux : commission de rédaction, présidium, Assemblée plénière de l’Assemblée interconciliaire.
- Si tout ce dont vous parlez ne se présente pas comme des principes démocratiques, alors qu’est-ce que la conciliarité ? De quoi se différencie-t-elle de la démocratie ?
- Si il s’agit de conciliarité, c’est de nouveau un problème de langue. Dans le Symbole de la foi, il est dit que l’Eglise est conciliaire (« sobornaïa »). Bien que, dans le texte original grec, on utilise le mot « catholique ».
- Universel ?
- Oui, elle existe dans tout l’Univers. Mais tout particulièrement, elle englobe toute l’humanité. D’où la notion de conciliarité. Le concile réunit nous tous (*en russe, « Sobor », Concile, assemblée, a la même racine que le mot « sobirat’ », réunir, rassembler – NT). Quand il s’agit de la conciliarité, nous mettons l’accent plutôt sur le principe d’administration. Je proposerais de voir la conciliarité d’abord comme un aspect liturgique – tout le monde se réunit autour du même calice pendant la liturgie. Les gens sont réunis également dans une communauté paroissiale. La vie de l’Eglise se manifeste à plusieurs niveaux. La prise de décisions n’est importante que dans le cas de leur exécution au niveau des paroisses. Actuellement, nous travaillons sur un projet – celui du site-Internet « les Paroisses ». Il s’y agit de la vie quotidienne de l’Eglise, du catéchuménat, par exemple. Le Concile des évêques a adopté un document très important sur la catéchèse. En tant que recteur d’une église, je peux vous dire qu’on se heurte à des difficultés quant à la mise en œuvre de ce document. Après avoir été nommé recteur d’une paroisse, j’ai introduit une catéchèse obligatoire avant le baptême pour les adultes qui désirent se baptiser, ainsi que pour les parents et les parrains des enfants. Mais voilà, les gens ne voulaient pas assister aux conférences consacrées au Symbole de la foi, à la doctrine sur le baptême et sa signification. Ils disaient : « Pourquoi ? Nous allons passer dans une autre église où l’on se passera de tout cela ». Mais le dimanche dernier, une trentaine de personne sont assisté à cette conférence. Il faut dire que c’est beaucoup. Le dispositif fonctionne et cela, grâce à qui ? - Grâce aux laïcs. Ma déléguée pour la catéchèse a pu valider ces études. Je connais plusieurs autres paroisses où se réalisent divers projets liés au catéchisme, aux enfants, aux jeunes. Ceci est précisément la vie quotidienne de l’Eglise.
- Est-ce que la vie liturgique et paroissiale est liée à l’aspect administratif de la conciliarité d’une manière ou d’une autre ?
- Effectivement, ceux qui participent à la vie de l’Eglise exercent une influence sur les décisions administratives, notamment au sein de l’Assemblée interconciliaire. Nous avons parlé de l’élaboration de certaines dispositions des Statuts. Je peux dire également que, pendant la préparation des documents sur la justice juvénile, sur les codes barre d’identification personnelle, la tension était énorme. Nous avons reçu plusieurs listes de souscription, surtout pour le problème de la justice juvénile, où il était dit que notre document était trop flou et qu’il faudrait s’exprimer plus d’une manière plus rigoureuse. Mais ce n’est pas la démocratie, nous n’organisons pas des référendums. La conciliarité existe réellement grâce à la vie active des laïcs. Il faut comprendre aussi que les aspects administratifs de la conciliarité ne sont pas donnés une fois pour toutes. Chez nous, ils sont exercés de la manière que je vous ai décrite. On peut toujours essayer d’améliorer la situation. Ceux qui parlent de la démocratisation de l’Eglise doivent comprendre également qu’il y a toujours un certain nombre d’ « activistes orthodoxes » considérés comme rétrogrades. Dans les conditions de la démocratisation de l’Eglise, ce sont ces « rétrogrades » qui vont influencer les décisions. Est-ce que cela plaira à ceux qui sont pour la conciliarité démocratique ? J’en doute bien. Une situation inverse avait lieu dans les années 1917-1918 : j’ai étudié cette période d’une manière approfondie car c’est le sujet de ma thèse de doctorat. A cette époque, ce sont les révolutionnaires qui ont voulu influencer les décisions de l’Eglise. La question : en avons-nous actuellement besoin ?
- En effet, où peut-on trouver la réponse à cette question ?
- Nous ne sommes pas prêts aux élections des prêtres, des évêques: nous n’avons pas un système paroissial. Qu’est-ce qu’une paroisse ? Dans ma paroisse, le dimanche dernier, deux liturgies eucharistiques ont été célébrées, près de six cents personnes ont communié. En plus, je pense qu’il y avait encore environ quatre cents personnes qui n’ont pas communié. Au total, près de mille fidèles. Comment alors réaliser la « démocratie » ? Qui sont parmi eux les vrais paroissiens ? Quand on a réuni le Concile des 1917-1918, la forme principale de la paroisse était celle du village. Une église avec un ou deux ou trois villages autour. Le prêtre connaissait leurs habitants. Maintenant la situation sociale a changé, donc à chaque époque et aux circonstances particulières de cette époque correspond un système d’organisation particulier. Le système d’aujourd’hui est suffisamment bon pour l’époque actuelle. Peut-être, il y a des points à améliorer. Par exemple, je vois certaines choses qu’on pourrait améliorer et, quand j’en ai la possibilité, je propose de le faire, d’autres le font également. Mais il faut rester réaliste.
Vera KRASNOVA pour "Expert" Народ служит, епископы управляют
Traduction D.G
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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 2 Juin 2013 à 11:18
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