Seraphin Rehbinder: Croisière pélerinage, 90 après (1920-2010)
La croisière pèlerinage, 90 ans après, sur les lieux de débarquement des armées blanches après leur évacuation de Crimée.
VIDEOS: "Gen. P. WRANGEL" et " Ledoviy pohod - gen. DENIKIN"

J’ai participé avec d’autres membres de l’OLTR, Serge Kapnist, Dimitri Schakhovskoy, Alexandre Troubetskoi, et nos épouses respectives, à ce voyage qui était organisé par le fonds « André le premier appelé » et l’association « La gloire de la Russie ». Ce pèlerinage rassemblait des descendants d’émigrés et des Russes de la Russie actuelle.
Les premiers comprenaient des représentants de toutes les parties du monde (France, Belgique, Tchéquie, Afrique du Nord, Canada, Australie etc.) et de tous les âges. Les plus anciens avaient plus de 90 ans ; ils étaient donc nés au moment même où tous ces évènements dramatiques, que nous revivions, s’étaient déroulés. Les plus jeunes avaient moins de 20 ans et représentaient par conséquent la cinquième génération issue de celle qui avait quitté la Russie à cette époque. Du côté de la Russie actuelle participaient au périple des journalistes, des députés de la Douma, des chercheurs, des historiens, des hommes d’affaires, et un certain nombre d’autres personnes impliquées dans les tentatives actuelles de rétablissement des vérités historiques de la Russie. Le tout se déroulait avec la présence effective de Monseigneur Michel de Genève et d’Europe Occidentale.

Nous avons visité Bizerte, la Valette, Athènes, Lemnos, Gallipoli, Constantinople et Sébastopol et nous avons salué les lieux de mémoire de ces terribles années de premières expériences de l’exil, qui ont si profondément affecté nos parents, grands-parents ou arrière-grands-parents. Des panikhides furent célébrées dans chacun des cimetières qui ont marqué ces lieux de souffrance. Durant la navigation, des conférences et des tables rondes étaient organisées.

L’impression produite sur les participants à ce pèlerinage fut très forte.

Nous avons appris beaucoup sur l’histoire de l’émigration, grâce aux récits des uns et des autres sur les pérégrinations de leurs propres ascendants. Et nous nous sommes rendu compte que, pour beaucoup d’entre nous, nos connaissances, jusqu’alors, se limitaient aux souvenirs gardés dans sa propre famille. Ces récits étaient très émouvants, comme furent émouvants les exposés historiques concernant chacun des endroits visités au cours de ce pèlerinage.

Un autre moment d’intense émotion fut la visite rendue à Lemnos, île quasi désertiques, et oubliée de tous, où vécurent pourtant des familles d’officiers, puis un contingent de 60 000 cosaques environ dans des conditions particulièrement difficiles. Un groupe de jeunes Russes, qui passent leurs vacances à restaurer les tombes laissées par nos ancêtres et à redonner une mémoire à ces lieux de souffrance, nous y a accueillis. Nous avons été très touchés de cette sollicitude des nouvelles générations russes pour la mémoire de l’émigration.

A la vérité beaucoup de larmes furent versées par tous les participants tellement l’évocation de ce passé tragique, tous ensemble, provoqua d’intenses émotions.
Car le deuxième point important de ce pèlerinage fut qu’il réunissait les descendants des émigrés chassés de leur pays et les descendants de ceux qui y restèrent. Et l’on sentait, peut-être la première fois depuis la fin du régime soviétique, que la Russie actuelle avait besoin de ce que nous avions si précieusement conservé, parce que nous l’avions reçu de nos pères, et dont ne savions pas précisément ce qu’il adviendrait. Nous avons senti, sans toujours bien comprendre, que notre témoignage était maintenant nécessaire à la Russie actuelle qui doit retrouver ses racines. Les bolcheviques se sont donnés beaucoup de mal pour les détruire, mais elles existent et elles serviront.

Séraphin Rehbinder

Août 2010

Ce même texte ICI




Rédigé par l'équipe de rédaction le 5 Août 2010 à 21:47 | 1 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile