SUR LA CARTE D’IDENTITÉ SACERDOTALE
Prêtre Vladimir ZELINSKY

« Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi notre foi » dit St Paul (1Cor.15, 14). Depuis 20 siècles le défi lancé au vide reste au cœur de la vocation sacerdotale. Car le premier mot qui est sur la carte d’identité de chaque prêtre du Christ est l'espoir. Il reste un témoin permanent - même quand il l'oublie - de l'événement de la résurrection dont les uns disent qu’il n’a jamais eu lieu, les autres – que c’était une affaire privée des « croyants ». Oui, « croire » et « enseigner à croire » les autres, c’est son unique raison d’être. La sécularisation lui a enlevé ses rôles sociaux importants d’antan, désormais sa figure est devenue seulement une trace - ou la preuve ? - qu’au delà du Néant qui nous guette, il y a une autre réalité, celle de la Présence ineffable, celle du Jugement, celle de l’Amour. On l’appelle serviteur du culte et le sens de cette expression maladroite est de rendre spirituellement visible Celui qui est invisible, faire comprendre Celui qui est incompréhensible. Mais aussi donner le visage à l’espérance, transformer chaque existence en sacrement, et tout d’abord aimer.

. Le Verbe s’est fait chair, a vécu la vie humaine, est mort sur la croix, est ressuscité pour ne plus mourir et depuis lors une longue lignée d' hommes s'est mise à Son service, répète Ses paroles, proclame Sa mort et résurrection. Ils affirment que toutes ces choses lointaines ne regardent pas que Lui, mais l’humanité tout entière. Du point de vue du Néant, allié du Désespoir, ces hommes font la bêtise le plus insensée ou naïve, ou mensongère, ou archaïque, ou illusoire, ou conditionnée culturellement. Car le Néant et le Désespoir ont aussi leur parole à dire. Ils s’articulent par les voix de la société, de la culture dominante, de la logique de ce monde, mais parfois aussi par aussi celles du doute et du découragement secret du prêtre lui-même.

On dit que sa profession devient de plus en plus marginalisée ; la globalisation doit contraindre l’humanité à parler la langue standard, à la faire penser de façon identique ; que la foi chrétienne, tellement fragile, avec ses prétentions immenses, doit disparaître ou plutôt se fondre dans les autres cultes, celui d’un Homme qui suffit à soi-même ou celui d’un Dieu aussi autosuffisant et lointain. On dit que la statistique des pratiquants est en chute libre, que les vocations sacerdotales deviennent les plus en plus rares. Or, la même globalisation qui tend à réduire tous les hommes à un seul personnage-type avec sa mentalité homogène et sa religion commune, réduit par sa pression et sa dictature discrète l’homme à son essence. Or, l’essence de l’homme n’est cachée qu’en Dieu-homme qui s’appelle Jésus, dans la lumière qui nous a illuminés depuis la naissance. Il faut savoir la découvrir à nouveau à chaque épreuve, à chaque tournant de l’histoire. Voilà pourquoi la profession de prêtre qui la témoigne en dépit de toutes ses faiblesses, reste une de plus demandées, risquées, insensées, courageuses, heureuses.

Telles sont mes réflexions au dixième anniversaire de mon sacerdoce.

Prêtre Vladimir Zelinsky (recteur) "Paroisse Notre-Dame-joie-des-affligés à Brescia" – Italie; Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale

"P.O." LE VOILE DE LA PROTECTION
"La religion du mensonge"

Rédigé par Père Vladimir Zelinsky le 1 Décembre 2010 à 05:54 | 2 commentaires | Permalien



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