Questions sur l'Eglise du XXIe siècle en Russie. (1) Défendre les intellectuels
Dans le cadre de la VIIIe conférence annuelle consacrée à la vie et à l'œuvre du père Alexandre Men, qui s'est tenue à Serguiev Possad les 9-10 septembre 2013, une table ronde a été consacrée au livre «l'Église dans la Russie postsoviétique» (Moscou, mars 2013) de Serge Tchapnine cf. publications PO
Ce très riche débat à mis en évidence plusieurs défis adressés à l'Eglise par le monde actuel. Certains éclairent la situation spécifique de l'Eglise en Russie, d'autres s'adressent aussi à notre société et je me propose de les traiter point par point.

I. Défendre les intellectuels

De façon assez surprenante pour moi, ce sont les débats intellectuels à l'intérieur de l'Eglise en Russie qui se retrouvent en tête des questions abordées, et le compte rendu qui en est fait ne donne pas de conclusion claire puisque nous voyons trois points de vue très différents:

Pour Serge Tchapnine, qui se voit évidement comme un intellectuel religieux, la défense de l'intelligentsia religieuse en tant que groupe social est l'une des questions importantes à l'heure qu'il est. Le génocide social du XX siècle ayant éliminé tous les principaux groupes sociaux de l'Empire russe (clergé, corps des marchands, paysannerie, cosaques(1)), la population nourrit maintenant le désir inconscient d'en finir: il ne subsiste plus que deux groupes sociaux, les fonctionnaires, bien protégés, et les intellectuels, qui dérangent; d'où l'envie qui ressort d'écraser ces derniers.

L'archiprêtre Alexandre Borisov souligne que le problème de la critique et du rejet des intellectuels prend place dans le rapprochement de l'Église et du pouvoir en s'appuyant sur le "vulgum pecus" (2); cela est particulièrement dangereux, car la force principale de l'Église se trouve justement dans son élite intellectuelle. Et cette espèce de guerre civile intellectuelle met de fait en évidence les formes de pensée soviétiques qui imprègnent la conscience de la société postsoviétique et la discussion du livre de Serge Tchapnin, malgré la spécificité du sujet, pourrait être utile à toute la société au delà du cadre de l'Eglise.

L'igoumen Nikon Belavenets, aumônier du mouvement monarchiste "Pour la Foi et la Patrie" (3), souligne que le débat le plus acharné se passe entre les intellectuels de l'Eglise eux-mêmes, et non entre «une intelligentsia libérale» et des militants ultraconservateurs qui l'attaqueraient. "Les intellectuels qui sont entrés dans l'Église, y compris comme moines et clercs, règlent leurs comptes entre eux. A nous d'en délimiter le terrain" dit l'article.

A suivre…

Notes

(1) La noblesse n'est curieusement pas citée!
(2) L'article utilise le mot "oбыватель" que le dictionnaire définit comme "personne privée de tout point de vue social, vivant seulement pour ses petits intérêts"….
(3) Il avait appelé en octobre 2010 "à débarrasser immédiatement la carte de Moscou du nom du régicide Voïkov"
D'après PRAVOSLAVIE I MIR .

V.G.


Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 30 Septembre 2013 à 19:28 | 0 commentaire | Permalien



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