Plateforme libre de discussion
|
Noël orthodoxe
Une question de calendrier expliquée par le père Hyacinthe Destivelle du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Il explique également la liturgie et les traditions populaires de ce temps festif.
Beaucoup d'orthodoxes (notamment l'Église orthodoxe russe) et de gréco-catholiques ont conservé le calendrier « julien » (introduit par Jules César), qui comporte actuellement 13 jours d'écart par rapport au calendrier occidental « grégorien » (institué par le pape Grégoire XIII au XVIe siècle), qui est devenu le calendrier civil. Le 25 décembre du calendrier julien correspond donc au 7 janvier du calendrier grégorien utilisé par les catholiques, les protestants, et par un certain nombre d'Églises orthodoxes.
Les orthodoxes ont-ils un temps d'Avent comme les catholiques ?
La période de préparation aux fêtes de la Nativité ne s'appelle pas « Avent » mais « Carême de Noël », période de jeûne qui commence 40 jours avant la fête, du 28 (15) novembre, jour de la fête du l'apôtre Philippe (c'est pourquoi cette période est parfois appelée aussi « Carême de Philippe »), au 6 janvier (24 décembre). Les deux dimanches précédant Noël sont appelés respectivement « Dimanche des Ancêtres », consacré aux patriarches et prophètes de l'Ancien Testament, et « Dimanche des Pères », consacré aux parents du Christ selon la chair, tels qu'ils apparaissent dans les Généalogies du Seigneur.
Une question de calendrier expliquée par le père Hyacinthe Destivelle du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Il explique également la liturgie et les traditions populaires de ce temps festif.
Beaucoup d'orthodoxes (notamment l'Église orthodoxe russe) et de gréco-catholiques ont conservé le calendrier « julien » (introduit par Jules César), qui comporte actuellement 13 jours d'écart par rapport au calendrier occidental « grégorien » (institué par le pape Grégoire XIII au XVIe siècle), qui est devenu le calendrier civil. Le 25 décembre du calendrier julien correspond donc au 7 janvier du calendrier grégorien utilisé par les catholiques, les protestants, et par un certain nombre d'Églises orthodoxes.
Les orthodoxes ont-ils un temps d'Avent comme les catholiques ?
La période de préparation aux fêtes de la Nativité ne s'appelle pas « Avent » mais « Carême de Noël », période de jeûne qui commence 40 jours avant la fête, du 28 (15) novembre, jour de la fête du l'apôtre Philippe (c'est pourquoi cette période est parfois appelée aussi « Carême de Philippe »), au 6 janvier (24 décembre). Les deux dimanches précédant Noël sont appelés respectivement « Dimanche des Ancêtres », consacré aux patriarches et prophètes de l'Ancien Testament, et « Dimanche des Pères », consacré aux parents du Christ selon la chair, tels qu'ils apparaissent dans les Généalogies du Seigneur.
Comment les orthodoxes fêtent-ils Noël ? Y-a-t-il une liturgie particulière comme notre messe de minuit ?
Le 24 décembre (6 janvier), on célèbre les Vêpres de Noël puis une première Liturgie eucharistique au cours de laquelle on proclame l'Évangile de la Nativité. L'office de Minuit comporte les Grandes complies, les Matines, puis une seconde Liturgie eucharistique, avec le canon de saint Jean Chrysostome, lors de laquelle on proclame l'Évangile de la venue des Rois Mages. Le 8 janvier, appelé « Synaxe de la Mère de Dieu », on célèbre l'Eucharistie en l'honneur de la Vierge Marie. Douze jours plus tard, le 6 (19) janvier, les orientaux fêtent l'Épiphanie ou Théophanie, au cours de laquelle ils célèbrent le Baptême le Seigneur.
Quelles sont les traditions populaires associées à Noël dans l'orthodoxie ?
Les coutumes varient selon les pays. En Russie, le 24 est jour de jeûne jusqu'à la tombée de la nuit (c'est le « sochelnik »). Après la célébration de la première liturgie, on mange la « koutia », mélange de blé et de fruits confis. Les chrétiens chantent des chants populaires en passant de maison en maison où leur est servie cette « koutia ». La crèche n'est pas traditionnelle, mais l'icône de la Nativité est exposée et décorée dans les maisons.
"PO"
Le 24 décembre (6 janvier), on célèbre les Vêpres de Noël puis une première Liturgie eucharistique au cours de laquelle on proclame l'Évangile de la Nativité. L'office de Minuit comporte les Grandes complies, les Matines, puis une seconde Liturgie eucharistique, avec le canon de saint Jean Chrysostome, lors de laquelle on proclame l'Évangile de la venue des Rois Mages. Le 8 janvier, appelé « Synaxe de la Mère de Dieu », on célèbre l'Eucharistie en l'honneur de la Vierge Marie. Douze jours plus tard, le 6 (19) janvier, les orientaux fêtent l'Épiphanie ou Théophanie, au cours de laquelle ils célèbrent le Baptême le Seigneur.
Quelles sont les traditions populaires associées à Noël dans l'orthodoxie ?
Les coutumes varient selon les pays. En Russie, le 24 est jour de jeûne jusqu'à la tombée de la nuit (c'est le « sochelnik »). Après la célébration de la première liturgie, on mange la « koutia », mélange de blé et de fruits confis. Les chrétiens chantent des chants populaires en passant de maison en maison où leur est servie cette « koutia ». La crèche n'est pas traditionnelle, mais l'icône de la Nativité est exposée et décorée dans les maisons.
"PO"
par V. G.
1. DANS L'ÉGLISE LATINE: "L'EPIPHANIE"
Du latin Epiphania « manifestation [de Jésus aux rois mages] », cette fête célèbre l'adoration des «mages» (Matthieu 2:1-12) . En France et en Belgique cette fête est célébrée le deuxième dimanche après Noël. En Espagne la célébration de l'Épiphanie est particulièrement importante et le jour est férié. Les Orthodoxes célèbrent l'adoration des mages avec Noël le 25 décembre (7 janvier du calendrier civil pour ceux qui suivent le calendrier julien)
2. DANS LES ÉGLISES BYZANTINES: "THÉOPHANIE" OU "BAPTÊME DU CHRIST"
Théophanie, des radicaux grecs théo-, θεός « dieu », et phan-, « apparition » (Littré) est la manifestation de Dieu dans Sa Trinité. La fête commémore le baptême du Christ dans le Jourdain avec la voix du Père et la colombe rendant témoignage au Fils (Marc 1, 9-11, Luc 3, 21-22, Matthieu 3, 13-17). Dans les pays de tradition orthodoxe la fête est précédée d'un jour de jeûne strict le 5/18 janvier ("sochelnik") et donne lieu à une bénédiction des eaux.
3. DANS L'ÉGLISE ARMÉNIENNE: NOËL
La fête est une des plus grandes fêtes de l'année car Noël n'est pas fêté le 25 décembre mais le 6/19 janvier selon la tradition des premières églises chrétiennes (antérieures à la conversion de l’Empire romain) et commémore aussi l'adoration des mages (comme le Noël orthodoxe fêté le 25 décembre.)
Il ne faut donc surtout pas faire la confusion avec le 7 janvier du calendrier civil, 25 décembre du calendrier julien, qui correspond au Noël de la majorité des orthodoxes qui suivent le calendrier julien note 8
par Perplexio - On peut préciser que dans certains livres liturgiques en slavon, la Nativité du Christ est appelée "Pâques, fête de trois jours". Car "liturgiquement l'Eglise voit en elle l'icône de Pâques".
En effet la dimension kénotique de la Nativité est marqué non seulement iconographiquement mais surtout liturgiquement dans l'Orthodoxie. L'Eglise considère en effet que la première manifestation visible de l'Incarnation du Seigneur, c'est à dire Sa Naissance, constitue le début de Sa descente aux enfers.
Ce qui justifie les quarante jours du carême de la Nativité.
Les "trois jours" que sont l'Avant-fête (l'avant-veille), la Paramonie (la veille) et le jour de la Fête, contiennent des éléments liturgiques du Vendredi Saint, du Samedi Saint et de Pâques.
Cette année le cas est particulier. La Paramonie tombant un dimanche, les Heures Royales sont reportées au vendredi (l'avant avant-veille), puis ce seront les vigiles samedi, la liturgie de St Jean Chrysostome et les offices de la Paramonie dimanche matin et soir, et la liturgie de St Basile lundi matin jour de la Fête.
Le caractère kénotique de cet évènement cosmique que fut la Nativité du Sauveur, même s'il manifeste une certaine gravité, n'exclut ni la plénitude ni la joie, il dévoile comme tous nos offices une profondeur théologique incomparable, nourriture céleste dont on n'est jamais rassasiés.
1. DANS L'ÉGLISE LATINE: "L'EPIPHANIE"
Du latin Epiphania « manifestation [de Jésus aux rois mages] », cette fête célèbre l'adoration des «mages» (Matthieu 2:1-12) . En France et en Belgique cette fête est célébrée le deuxième dimanche après Noël. En Espagne la célébration de l'Épiphanie est particulièrement importante et le jour est férié. Les Orthodoxes célèbrent l'adoration des mages avec Noël le 25 décembre (7 janvier du calendrier civil pour ceux qui suivent le calendrier julien)
2. DANS LES ÉGLISES BYZANTINES: "THÉOPHANIE" OU "BAPTÊME DU CHRIST"
Théophanie, des radicaux grecs théo-, θεός « dieu », et phan-, « apparition » (Littré) est la manifestation de Dieu dans Sa Trinité. La fête commémore le baptême du Christ dans le Jourdain avec la voix du Père et la colombe rendant témoignage au Fils (Marc 1, 9-11, Luc 3, 21-22, Matthieu 3, 13-17). Dans les pays de tradition orthodoxe la fête est précédée d'un jour de jeûne strict le 5/18 janvier ("sochelnik") et donne lieu à une bénédiction des eaux.
3. DANS L'ÉGLISE ARMÉNIENNE: NOËL
La fête est une des plus grandes fêtes de l'année car Noël n'est pas fêté le 25 décembre mais le 6/19 janvier selon la tradition des premières églises chrétiennes (antérieures à la conversion de l’Empire romain) et commémore aussi l'adoration des mages (comme le Noël orthodoxe fêté le 25 décembre.)
Il ne faut donc surtout pas faire la confusion avec le 7 janvier du calendrier civil, 25 décembre du calendrier julien, qui correspond au Noël de la majorité des orthodoxes qui suivent le calendrier julien note 8
par Perplexio - On peut préciser que dans certains livres liturgiques en slavon, la Nativité du Christ est appelée "Pâques, fête de trois jours". Car "liturgiquement l'Eglise voit en elle l'icône de Pâques".
En effet la dimension kénotique de la Nativité est marqué non seulement iconographiquement mais surtout liturgiquement dans l'Orthodoxie. L'Eglise considère en effet que la première manifestation visible de l'Incarnation du Seigneur, c'est à dire Sa Naissance, constitue le début de Sa descente aux enfers.
Ce qui justifie les quarante jours du carême de la Nativité.
Les "trois jours" que sont l'Avant-fête (l'avant-veille), la Paramonie (la veille) et le jour de la Fête, contiennent des éléments liturgiques du Vendredi Saint, du Samedi Saint et de Pâques.
Cette année le cas est particulier. La Paramonie tombant un dimanche, les Heures Royales sont reportées au vendredi (l'avant avant-veille), puis ce seront les vigiles samedi, la liturgie de St Jean Chrysostome et les offices de la Paramonie dimanche matin et soir, et la liturgie de St Basile lundi matin jour de la Fête.
Le caractère kénotique de cet évènement cosmique que fut la Nativité du Sauveur, même s'il manifeste une certaine gravité, n'exclut ni la plénitude ni la joie, il dévoile comme tous nos offices une profondeur théologique incomparable, nourriture céleste dont on n'est jamais rassasiés.
LE CALENDRIER: QUESTION CONTROVERSÉE DANS L’ORTHODOXIE.
V. Golovanow
La majorité des Chrétiens, y compris certains Orthodoxes, fêtent Noël le 25 décembre, mais près de 4/5 des Orthodoxes, membres des Églises de Russie, Jérusalem, Serbie, Géorgie et Pologne (depuis 2014!) ainsi que les monastères de l’Athos, vont continuer le carême préparatoire. Et la question du calendrier continue à faire l’objet de controverses animées dans l’Orthodoxie : ainsi le document proposé en 1982 à la commission préparatoire dans le cadre du processus préconciliaire disait: "actuellement, selon l’opinion des savants astronomes, le nouveau calendrier est plus juste que l’ancien. Il en résulte que le meilleur moyen de résoudre la question du calendrier et de la pascalie (1) est la reconnaissance par toutes les Églises orthodoxes du nouveau calendrier, tant en ce qui concerne les fêtes fixes que pour la pascalie…"
Les Églises russe, serbe et de Jérusalem s'y opposèrent en arguant de difficultés pastorales et le document finalement adopté, se limite à constater qu’«actuellement, le passage de toutes les Églises locales au calendrier julien rectifié s’avère impossible» et souligne que «les anomalies qui se sont produites en relation avec le calendrier ne doivent pas mener à la division, aux différends et aux schismes et que, même si l’on n’est pas d’accord avec son Église, on doit accepter le principe sacré, sanctifié par la tradition, d’obéissance à l’Église canonique et de réunion à celle-ci dans la communion eucharistique, guidé par le principe que «le sabbat est pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat» (Mc 2.27)"(Conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk au sujet du saint et grand concile de l’Eglise orthodoxe, 2011, https://mospat.ru/fr/2011/11/03/news50923/).
Le document n'a pas été soumis au concile de Crête (2016) et le débat se poursuit toujours. Ainsi lors d'un colloque organisé à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge (Paris) en 2012, Pierre Sollogoub (laïc orthodoxe membre de la fraternité orthodoxe en Europe occidentale) expliqua pourquoi une réforme du calendrier et une date commune de Pâques seraient nécessaires, en reprenant la même argumentation scientifique que celle du document préparatoire de 1982, alors que le père Vladimir Khoulap (Académie théologique de Saint-Pétersbourg) développait les obstacles pastoraux dus à l'attachement des croyants aux dates traditionnelles… (cf."CONTACTS" No 243, juillet-décembre 2013, http://www.revue-contacts.com/archives/contacts243.php.)
LES TROIS CALENDRIERS
De fait les Orthodoxes se partagent entre trois calendriers liturgiques:
- CALENDRIER JULIEN : rappelons que la réforme calendaire mise en place par Jules César en -46 introduisit un calendrier "scientifique" basé sur une année de 365 jours ¼. Mais cette durée dépasse l’a durée de l’année astronomique de 11mn 14s, ce qui fait un jour de retard en 128 ans. Ce retard en s’accumulant décale tout le calendrier et en particulier Noël et la date de l’équinoxe de printemps qui sert de base au calcul de la date de Pâques (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Pourquoi-la-celebration-de-Paques-est-decalee-d-une-semaine-cette-annee-2015_a4248.html; en 2016 cet écart va être particulièrement sensible !). Comme mentionné plus haut, la majorité des Orthodoxes suivent toujours ce calendrier.
CALENDRIER GRÉGORIEN : le retard accumulé par le calendrier julien sur les observations astronomiques atteignait 10 jours au XVIe siècle (l’équinoxe était donc observé le 11 mars alors que Pâques était calculée par rapport au 21) et le Pape Grégoire XIII introduisit un nouveau calendrier, celui que nous utilisons toujours comme calendrier civil et qui porte son nom : il supprimait 10 jours (le 5 octobre fut remplacé par le 15), ce qui ramenait l’équinoxe astronomique au 21 mars, et introduisait les années non bissextiles pour trois siècles sur quatre (ceux dont les 2 premiers chiffres ne sont pas divisibles par 4 : 1700, 1800, 1900… mais pas 2000). L’écart par rapport au calendrier julien continu donc à croitre ; atteignant actuellement 13 jours il passera à 14 jours en 2100.
Le principal défaut de ce calendrier du point de vue de la Tradition orthodoxe est qu'il ne respecte pas un décret du concile de Nicée, qui interdit de célébrer Pâques plus tôt que la Pâque juive, et le septième canon des saints apôtres comme le premier canon du concile régional d'Antioche de 341 (reçu par le concile œcuménique de Chalcédoine) interdisent que ce soit le même jour, alors que ces occurrences surviennent souvent (par exemple en 2008, 2009, 2013, 2016 pour la période récente…). Parmi les Orthodoxes, seule l'Église autonome de Finlande suit ce calendrier…
"NOUVEAU CALENDRIER" (appelé aussi calendrier julien réformé ou calendrier grec…): introduit à la conférence panorthodoxe de 1923, il s'agit d'un amalgame entre le calendrier julien pour ce qui concerne Pâques et les fêtes mobiles et un calendrier grégorien "amélioré" pour les fêtes fixes (il supprimera 1 jour en 2800 qui ne sera pas une année bissextile contrairement au calendrier grégorien classique…). L'église russe ne participa pas à la conférence de 1923 mais le saint patriarche Tikhon tenta d'instaurer ce Nouveau Calendrier et fut obligé de reculer devant le refus de la majorité des croyants; des schismes " Vétéro-calendaristes" se produisirent dans les Églises des Balkans qui l'instaurèrent…
Ce calendrier permet donc de suivre le décret de Nicée et les canons des Apôtres et d'Antioche mais, outre son illogisme évident puisqu'il s'appui sur deux approches contradictoires, il introduit de graves perturbations dans le cycle liturgique multiséculaire: non seulement il oblige à supprimer 13 jours de célébration pour son introduction, ce qui n'est pas anodin, mais de plus il change les durée des périodes de jonction entre le calendrier des fêtes fixes et celui des fêtes mobiles; ainsi par exemple le carême des apôtres, qui commence 8 jours après Pentecôte et finit le 28 juin, était absent de ce calendrier en 2002 et 2013 et ne durera que 2 jours (27 et 28 juin) en 2016 (comme en 2005) ou 1 seul jour en 2021…
EXACTITUDE OU SUIVI DE LA TRADITION?
En fait ce "nouveau calendrier" est un mauvais compromis entre la pensée théologique occidentale, fondée sur le primat de la vérité scientifique, et la pensée orthodoxe fondée sur le respect de la Tradition. «Nous gardons la Tradition comme nous l'avons reçue », écrit saint Jean Damascène et, pour Vladimir Lossky "la Tradition est la vie du Saint Esprit dans l'Église"(2); si "le ne dépend pas du calendrier", comme l'a dit le futur patriarche Cyrille en 2004 (http://www.trud.ru/article/05-06-2004/72679_chitateljam_truda_otvechaet_mitropolit_smolenskij_.html ), le calendrier julien n'en reste pas moins une partie intégrante de cette Tradition d'autant que c'est ce calendrier qui était en vigueur au temps du Christ et a donc marqué les différentes étapes de sa vie terrestre ainsi que toute l'histoire du Christianisme.
Et il est absolument clair que les Pères qui fixèrent le calendrier religieux n'était pas spécialement attachés à la précision astronomique. Ainsi ils n'hésitèrent pas à ajouter 3 jours au comput de Nicée pour être certains que Pâques sera toujours célébrée APRES la Pâque juive et, pour Noël, ils en fixèrent la date 4 jours après le solstice pour "christianiser" la fête païenne qui avait lieu le 25 décembre. Et si la majorité des Chrétiens suit le calendrier grégorien, une petite tendance serait plutôt en faveur du retour au calendrier julien: décision de l'Église orthodoxe de Pologne en 2014(3) et les Églises catholiques du Proche Orient fêtent Pâques selon le calendrier julien depuis 2013 (4).
V. Golovanow
La majorité des Chrétiens, y compris certains Orthodoxes, fêtent Noël le 25 décembre, mais près de 4/5 des Orthodoxes, membres des Églises de Russie, Jérusalem, Serbie, Géorgie et Pologne (depuis 2014!) ainsi que les monastères de l’Athos, vont continuer le carême préparatoire. Et la question du calendrier continue à faire l’objet de controverses animées dans l’Orthodoxie : ainsi le document proposé en 1982 à la commission préparatoire dans le cadre du processus préconciliaire disait: "actuellement, selon l’opinion des savants astronomes, le nouveau calendrier est plus juste que l’ancien. Il en résulte que le meilleur moyen de résoudre la question du calendrier et de la pascalie (1) est la reconnaissance par toutes les Églises orthodoxes du nouveau calendrier, tant en ce qui concerne les fêtes fixes que pour la pascalie…"
Les Églises russe, serbe et de Jérusalem s'y opposèrent en arguant de difficultés pastorales et le document finalement adopté, se limite à constater qu’«actuellement, le passage de toutes les Églises locales au calendrier julien rectifié s’avère impossible» et souligne que «les anomalies qui se sont produites en relation avec le calendrier ne doivent pas mener à la division, aux différends et aux schismes et que, même si l’on n’est pas d’accord avec son Église, on doit accepter le principe sacré, sanctifié par la tradition, d’obéissance à l’Église canonique et de réunion à celle-ci dans la communion eucharistique, guidé par le principe que «le sabbat est pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat» (Mc 2.27)"(Conférence du métropolite Hilarion de Volokolamsk au sujet du saint et grand concile de l’Eglise orthodoxe, 2011, https://mospat.ru/fr/2011/11/03/news50923/).
Le document n'a pas été soumis au concile de Crête (2016) et le débat se poursuit toujours. Ainsi lors d'un colloque organisé à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge (Paris) en 2012, Pierre Sollogoub (laïc orthodoxe membre de la fraternité orthodoxe en Europe occidentale) expliqua pourquoi une réforme du calendrier et une date commune de Pâques seraient nécessaires, en reprenant la même argumentation scientifique que celle du document préparatoire de 1982, alors que le père Vladimir Khoulap (Académie théologique de Saint-Pétersbourg) développait les obstacles pastoraux dus à l'attachement des croyants aux dates traditionnelles… (cf."CONTACTS" No 243, juillet-décembre 2013, http://www.revue-contacts.com/archives/contacts243.php.)
LES TROIS CALENDRIERS
De fait les Orthodoxes se partagent entre trois calendriers liturgiques:
- CALENDRIER JULIEN : rappelons que la réforme calendaire mise en place par Jules César en -46 introduisit un calendrier "scientifique" basé sur une année de 365 jours ¼. Mais cette durée dépasse l’a durée de l’année astronomique de 11mn 14s, ce qui fait un jour de retard en 128 ans. Ce retard en s’accumulant décale tout le calendrier et en particulier Noël et la date de l’équinoxe de printemps qui sert de base au calcul de la date de Pâques (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Pourquoi-la-celebration-de-Paques-est-decalee-d-une-semaine-cette-annee-2015_a4248.html; en 2016 cet écart va être particulièrement sensible !). Comme mentionné plus haut, la majorité des Orthodoxes suivent toujours ce calendrier.
CALENDRIER GRÉGORIEN : le retard accumulé par le calendrier julien sur les observations astronomiques atteignait 10 jours au XVIe siècle (l’équinoxe était donc observé le 11 mars alors que Pâques était calculée par rapport au 21) et le Pape Grégoire XIII introduisit un nouveau calendrier, celui que nous utilisons toujours comme calendrier civil et qui porte son nom : il supprimait 10 jours (le 5 octobre fut remplacé par le 15), ce qui ramenait l’équinoxe astronomique au 21 mars, et introduisait les années non bissextiles pour trois siècles sur quatre (ceux dont les 2 premiers chiffres ne sont pas divisibles par 4 : 1700, 1800, 1900… mais pas 2000). L’écart par rapport au calendrier julien continu donc à croitre ; atteignant actuellement 13 jours il passera à 14 jours en 2100.
Le principal défaut de ce calendrier du point de vue de la Tradition orthodoxe est qu'il ne respecte pas un décret du concile de Nicée, qui interdit de célébrer Pâques plus tôt que la Pâque juive, et le septième canon des saints apôtres comme le premier canon du concile régional d'Antioche de 341 (reçu par le concile œcuménique de Chalcédoine) interdisent que ce soit le même jour, alors que ces occurrences surviennent souvent (par exemple en 2008, 2009, 2013, 2016 pour la période récente…). Parmi les Orthodoxes, seule l'Église autonome de Finlande suit ce calendrier…
"NOUVEAU CALENDRIER" (appelé aussi calendrier julien réformé ou calendrier grec…): introduit à la conférence panorthodoxe de 1923, il s'agit d'un amalgame entre le calendrier julien pour ce qui concerne Pâques et les fêtes mobiles et un calendrier grégorien "amélioré" pour les fêtes fixes (il supprimera 1 jour en 2800 qui ne sera pas une année bissextile contrairement au calendrier grégorien classique…). L'église russe ne participa pas à la conférence de 1923 mais le saint patriarche Tikhon tenta d'instaurer ce Nouveau Calendrier et fut obligé de reculer devant le refus de la majorité des croyants; des schismes " Vétéro-calendaristes" se produisirent dans les Églises des Balkans qui l'instaurèrent…
Ce calendrier permet donc de suivre le décret de Nicée et les canons des Apôtres et d'Antioche mais, outre son illogisme évident puisqu'il s'appui sur deux approches contradictoires, il introduit de graves perturbations dans le cycle liturgique multiséculaire: non seulement il oblige à supprimer 13 jours de célébration pour son introduction, ce qui n'est pas anodin, mais de plus il change les durée des périodes de jonction entre le calendrier des fêtes fixes et celui des fêtes mobiles; ainsi par exemple le carême des apôtres, qui commence 8 jours après Pentecôte et finit le 28 juin, était absent de ce calendrier en 2002 et 2013 et ne durera que 2 jours (27 et 28 juin) en 2016 (comme en 2005) ou 1 seul jour en 2021…
EXACTITUDE OU SUIVI DE LA TRADITION?
En fait ce "nouveau calendrier" est un mauvais compromis entre la pensée théologique occidentale, fondée sur le primat de la vérité scientifique, et la pensée orthodoxe fondée sur le respect de la Tradition. «Nous gardons la Tradition comme nous l'avons reçue », écrit saint Jean Damascène et, pour Vladimir Lossky "la Tradition est la vie du Saint Esprit dans l'Église"(2); si "le ne dépend pas du calendrier", comme l'a dit le futur patriarche Cyrille en 2004 (http://www.trud.ru/article/05-06-2004/72679_chitateljam_truda_otvechaet_mitropolit_smolenskij_.html ), le calendrier julien n'en reste pas moins une partie intégrante de cette Tradition d'autant que c'est ce calendrier qui était en vigueur au temps du Christ et a donc marqué les différentes étapes de sa vie terrestre ainsi que toute l'histoire du Christianisme.
Et il est absolument clair que les Pères qui fixèrent le calendrier religieux n'était pas spécialement attachés à la précision astronomique. Ainsi ils n'hésitèrent pas à ajouter 3 jours au comput de Nicée pour être certains que Pâques sera toujours célébrée APRES la Pâque juive et, pour Noël, ils en fixèrent la date 4 jours après le solstice pour "christianiser" la fête païenne qui avait lieu le 25 décembre. Et si la majorité des Chrétiens suit le calendrier grégorien, une petite tendance serait plutôt en faveur du retour au calendrier julien: décision de l'Église orthodoxe de Pologne en 2014(3) et les Églises catholiques du Proche Orient fêtent Pâques selon le calendrier julien depuis 2013 (4).
(1) Il s'agit des tables calculant les dates de Pâques adoptées par le concile de Nicée en 325
(2) In Mgr Kalistos Ware, "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles", Cerf 2002, p.251 et 252.
(3) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-retour-de-l-Eglise-de-Pologne-au-calendrier-julien_a4165.html
(4) Cf. http://www.chretiensdorient.com/article-terre-sainte-catholiques-et-orthodoxes-fetent-paques-en-meme-temps-116564150.html
(2) In Mgr Kalistos Ware, "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles", Cerf 2002, p.251 et 252.
(3) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-retour-de-l-Eglise-de-Pologne-au-calendrier-julien_a4165.html
(4) Cf. http://www.chretiensdorient.com/article-terre-sainte-catholiques-et-orthodoxes-fetent-paques-en-meme-temps-116564150.html
Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 28 Décembre 2018 à 11:31
|
23 commentaires
|
Permalien
Derniers commentaires
-
Surprenantes fresques dans un monastère en Serbie
19/09/2024 13:35 - Patrick -
"Il n'y a aucune excuse pour ceux qui déclenchent des guerres", - Mgr Onuphre, Primat de l'Eglise d’Ukraine, PM
14/04/2023 05:58 - Gilles -
Le père George Egorov, sa visite pastorale à la Légion étrangère
12/12/2022 12:55 - Baron André -
OSCE demande à Russie ce cesser la destruction d'églises en Ukraine
10/05/2022 03:22 - pere jean -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 19:15 - Hai Lin -
Deux hiérarques russes s’expriment à titre personnel à propos de la guerre et de la paix, de la situation en Russie
14/04/2022 10:39 - Marie Genko -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 10:26 - Marie Genko -
Le Parlement Européen a condamné le patriarche Cyrille et a félicité le clergé orthodoxe qui s'est opposé à la guerre en Ukraine
13/04/2022 21:21 - Gilles -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 23:05 - Théophile -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 22:00 - Nadejda na Mir
Liens francophones