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V.Golovanow
Du samedi de Lazare au DIMANCHE DES PALMES
Le grand mérite du père Alexandre Schmemann c'est d'avoir fait sortir la théologie du cénacle où l'enferment les théologiens pour rendre les fondements de l'Orthodoxie accessibles à tout le Peuple de Dieu, voire aux non-croyants; c'est ce travail exceptionnel qui justifie le succès permanent de ses écrits, en particulier en Russie.
C'est pour cela que chaque nouvelle édition est accueillie avec énormément d'intérêt, et qu'un grand nombre de ses écrits sont disponibles sur Internet, et là encore, il y en a beaucoup plus sur des sites russes que chez nous.
Le meilleur exemple en est donné par ses explications de la liturgie byzantine: il en décrypte le message symbolique dans un langage simple et compréhensible à tous. En cette fin de carême, je propose aux lecteurs le texte suivant, qui explique les cinq prochains jours. Personnellement je n'en connais pas de meilleur…
Du samedi de Lazare au DIMANCHE DES PALMES
Le grand mérite du père Alexandre Schmemann c'est d'avoir fait sortir la théologie du cénacle où l'enferment les théologiens pour rendre les fondements de l'Orthodoxie accessibles à tout le Peuple de Dieu, voire aux non-croyants; c'est ce travail exceptionnel qui justifie le succès permanent de ses écrits, en particulier en Russie.
C'est pour cela que chaque nouvelle édition est accueillie avec énormément d'intérêt, et qu'un grand nombre de ses écrits sont disponibles sur Internet, et là encore, il y en a beaucoup plus sur des sites russes que chez nous.
Le meilleur exemple en est donné par ses explications de la liturgie byzantine: il en décrypte le message symbolique dans un langage simple et compréhensible à tous. En cette fin de carême, je propose aux lecteurs le texte suivant, qui explique les cinq prochains jours. Personnellement je n'en connais pas de meilleur…
I. LE SAMEDI DE LAZARE – PRÉLUDE DE LA CROIX
« Arrivés au terme des Quarante-jours... nous te demandons de voir aussi la Sainte Semaine de ta Passion. » C’est par ces mots chantés à vêpres du vendredi des Rameaux, que le Grand Carême se termine ; nous marchons vers la commémoration annuelle des souffrances du Christ, de sa mort et de sa Résurrection, commémoration qui commence au samedi de Lazare. La fête de la résurrection de Lazare, doublée de celle de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem, est appelée dans les textes liturgiques « Prélude de la Croix ».
C’est donc dans le contexte de la grande semaine elle-même que la signification de cette double fête apparaît le mieux. Le tropaire commun à ces jours nous dit : « Tu as ressuscité Lazare, ô Christ notre Dieu, pour affermir avant ta Passion la croyance en la commune résurrection ». Il est très significatif que nous soyons ainsi conduits dans la nuit de la Croix, par une des douze grandes fêtes de l’Église. La lumière et la joie ne brillent pas seulement à la fin de cette grande semaine, mais déjà en son début, elles illuminent les ténèbres mêmes de la nuit pour révéler leur plus haute signification.
« Arrivés au terme des Quarante-jours... nous te demandons de voir aussi la Sainte Semaine de ta Passion. » C’est par ces mots chantés à vêpres du vendredi des Rameaux, que le Grand Carême se termine ; nous marchons vers la commémoration annuelle des souffrances du Christ, de sa mort et de sa Résurrection, commémoration qui commence au samedi de Lazare. La fête de la résurrection de Lazare, doublée de celle de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem, est appelée dans les textes liturgiques « Prélude de la Croix ».
C’est donc dans le contexte de la grande semaine elle-même que la signification de cette double fête apparaît le mieux. Le tropaire commun à ces jours nous dit : « Tu as ressuscité Lazare, ô Christ notre Dieu, pour affermir avant ta Passion la croyance en la commune résurrection ». Il est très significatif que nous soyons ainsi conduits dans la nuit de la Croix, par une des douze grandes fêtes de l’Église. La lumière et la joie ne brillent pas seulement à la fin de cette grande semaine, mais déjà en son début, elles illuminent les ténèbres mêmes de la nuit pour révéler leur plus haute signification.
Воскрешение Лазаря. XII век. монастырь св. Екатерины. Синай
Ceux qui sont familiarisés avec la liturgie orthodoxe savent le caractère singulier et paradoxal des offices de ce samedi de Lazare. Ce samedi est célébré comme un dimanche, c’est-à-dire qu’on y fait l’office de la Résurrection, alors que normalement le samedi est consacré à la commémoration des défunts. La joie qui résonne dans l’office souligne le thème principal : la victoire prochaine du Christ sur l’Hadès. Dans la Bible, l’Hadès signifie la mort et son pouvoir universel, l’inévitable nuit et la destruction qui engloutit toute vie, empoisonnant de son ombre dévastatrice le monde entier. Mais voici que par la résurrection de Lazare, « la mort commence à trembler » ; c’est le début d’un duel décisif entre la vie et la mort, un duel qui nous donne la clé de tout le mystère liturgique de Pâques. Pour l’Église primitive, le samedi de Lazare était « l’annonce de Pâques » ; en effet, ce samedi proclame et fait déjà apparaître la merveilleuse lumière et la paix du samedi suivant, le grand et saint Samedi – le jour du tombeau vivifiant qui donne la vie.
Comprenons bien d’abord que Lazare, l’ami de Jésus, personnifie chacun de nous et toute l’humanité, et que Béthanie, la maison de l’homme Lazare, est le symbole de tout l’univers, habitat de l’homme. Tout homme a été créé ami de Dieu, appelé à l’amitié divine dans la connaissance, la communion avec lui, pour partager la même vie.
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,4).
Et pourtant, cet ami bien-aimé de Dieu, créé par amour, le voilà détruit, annihilé par un pouvoir que Dieu n’a pas créé : la mort. Dieu est affronté en son œuvre même à une puissance qui la détruit et rend nul son dessein. La création n’est que tristesse, lamentation, larmes et finalement, mort. Comment est-ce possible ? Que s’est-il passé ? Ces questions se trouvent latentes dans le récit détaillé que Jean nous fait de la venue de Jésus à la tombe de son ami.
« Et une fois arrivé à la tombe..., dit l’Évangéliste, il pleura... » (Jn 11,35).
Pourquoi pleure-t-il puisqu’il sait que dans un instant il ressuscitera Lazare à la vie ? Les hymnographes byzantins n’ont pas toujours su comprendre le vrai sens de ces larmes, les attribuant à sa nature humaine, alors que de sa nature divine il tiendrait le pouvoir de ressusciter les morts. Et pourtant l’Église orthodoxe enseigne clairement que toutes les actions du Christ sont « théandriques » c’est-à-dire, à la fois divines et humaines, étant les actions du seul et même Dieu-Homme, le Fils de Dieu incarné. C’est l’Homme-Dieu que nous voyons pleurer, c’est l’Homme-Dieu qui fera sortir Lazare de son tombeau. Il pleure... et ce sont des larmes divines ; il pleure parce qu’il contemple le triomphe de la mort et la destruction de la création sortie des mains de Dieu. « Il sent déjà... », disent les juifs, comme pour empêcher Jésus de s’approcher du corps ; terrible avertissement qui vaut pour tout l’univers, pour toute vie.
Dieu est vie et donateur de vie ; il a appelé l’homme à cette divine réalité de la vie, et voici « qu’il sent... ». Le monde a été créé pour refléter et proclamer la gloire de Dieu, et voici « qu’il sent... ». Au tombeau de Lazare, Dieu rencontre la mort, cette réalité destructrice-de-vie et spectre-de-désespoir. Il se trouve face à face avec l’ennemi qui lui a ravi la Création, son bien propre, pour en devenir le Prince. Nous qui suivons Jésus qui s’approche de la tombe, nous entrons avec lui, dans « son heure », celle qu’il a annoncée si souvent comme l’apogée et l’accomplissement de toute son œuvre. Dans ce court verset de l’Évangile : « et Jésus pleura... », c’est la Croix qui est annoncée, sa nécessité et sa signification universelle. Nous comprenons maintenant que c’est parce que Jésus a pleuré, parce qu’il aimait son ami Lazare, qu’il a le pouvoir de le rappeler à la vie. La résurrection n’est pas la simple manifestation d’un pouvoir divin, mais bien plutôt la puissance d’un amour, l’amour devenu puissance. Dieu est amour et l’amour est vie, il est créateur de vie... C’est l’amour qui pleure sur la tombe et c’est l’amour aussi qui rend la vie : là est le sens des larmes divines de Jésus. Elles nous montrent l’amour de nouveau à l’œuvre – recréant, rachetant et restaurant la vie humaine devenue la proie des ténèbres.
« Lazare, sors dehors !... »
Voilà pourquoi ce samedi de Lazare inaugure à la fois la Croix, comme suprême sacrifice de l’amour, et la Résurrection, comme son ultime triomphe : « Le Christ, l’universelle joie, la vérité, la lumière et la vie du monde, son éveil, est apparu sur notre terre dans sa bonté, devenant le signe de la Résurrection, pour accorder à tous la divine rémission. » (Kondakion du samedi de Lazare).
Ceux qui sont familiarisés avec la liturgie orthodoxe savent le caractère singulier et paradoxal des offices de ce samedi de Lazare. Ce samedi est célébré comme un dimanche, c’est-à-dire qu’on y fait l’office de la Résurrection, alors que normalement le samedi est consacré à la commémoration des défunts. La joie qui résonne dans l’office souligne le thème principal : la victoire prochaine du Christ sur l’Hadès. Dans la Bible, l’Hadès signifie la mort et son pouvoir universel, l’inévitable nuit et la destruction qui engloutit toute vie, empoisonnant de son ombre dévastatrice le monde entier. Mais voici que par la résurrection de Lazare, « la mort commence à trembler » ; c’est le début d’un duel décisif entre la vie et la mort, un duel qui nous donne la clé de tout le mystère liturgique de Pâques. Pour l’Église primitive, le samedi de Lazare était « l’annonce de Pâques » ; en effet, ce samedi proclame et fait déjà apparaître la merveilleuse lumière et la paix du samedi suivant, le grand et saint Samedi – le jour du tombeau vivifiant qui donne la vie.
Comprenons bien d’abord que Lazare, l’ami de Jésus, personnifie chacun de nous et toute l’humanité, et que Béthanie, la maison de l’homme Lazare, est le symbole de tout l’univers, habitat de l’homme. Tout homme a été créé ami de Dieu, appelé à l’amitié divine dans la connaissance, la communion avec lui, pour partager la même vie.
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,4).
Et pourtant, cet ami bien-aimé de Dieu, créé par amour, le voilà détruit, annihilé par un pouvoir que Dieu n’a pas créé : la mort. Dieu est affronté en son œuvre même à une puissance qui la détruit et rend nul son dessein. La création n’est que tristesse, lamentation, larmes et finalement, mort. Comment est-ce possible ? Que s’est-il passé ? Ces questions se trouvent latentes dans le récit détaillé que Jean nous fait de la venue de Jésus à la tombe de son ami.
« Et une fois arrivé à la tombe..., dit l’Évangéliste, il pleura... » (Jn 11,35).
Pourquoi pleure-t-il puisqu’il sait que dans un instant il ressuscitera Lazare à la vie ? Les hymnographes byzantins n’ont pas toujours su comprendre le vrai sens de ces larmes, les attribuant à sa nature humaine, alors que de sa nature divine il tiendrait le pouvoir de ressusciter les morts. Et pourtant l’Église orthodoxe enseigne clairement que toutes les actions du Christ sont « théandriques » c’est-à-dire, à la fois divines et humaines, étant les actions du seul et même Dieu-Homme, le Fils de Dieu incarné. C’est l’Homme-Dieu que nous voyons pleurer, c’est l’Homme-Dieu qui fera sortir Lazare de son tombeau. Il pleure... et ce sont des larmes divines ; il pleure parce qu’il contemple le triomphe de la mort et la destruction de la création sortie des mains de Dieu. « Il sent déjà... », disent les juifs, comme pour empêcher Jésus de s’approcher du corps ; terrible avertissement qui vaut pour tout l’univers, pour toute vie.
Dieu est vie et donateur de vie ; il a appelé l’homme à cette divine réalité de la vie, et voici « qu’il sent... ». Le monde a été créé pour refléter et proclamer la gloire de Dieu, et voici « qu’il sent... ». Au tombeau de Lazare, Dieu rencontre la mort, cette réalité destructrice-de-vie et spectre-de-désespoir. Il se trouve face à face avec l’ennemi qui lui a ravi la Création, son bien propre, pour en devenir le Prince. Nous qui suivons Jésus qui s’approche de la tombe, nous entrons avec lui, dans « son heure », celle qu’il a annoncée si souvent comme l’apogée et l’accomplissement de toute son œuvre. Dans ce court verset de l’Évangile : « et Jésus pleura... », c’est la Croix qui est annoncée, sa nécessité et sa signification universelle. Nous comprenons maintenant que c’est parce que Jésus a pleuré, parce qu’il aimait son ami Lazare, qu’il a le pouvoir de le rappeler à la vie. La résurrection n’est pas la simple manifestation d’un pouvoir divin, mais bien plutôt la puissance d’un amour, l’amour devenu puissance. Dieu est amour et l’amour est vie, il est créateur de vie... C’est l’amour qui pleure sur la tombe et c’est l’amour aussi qui rend la vie : là est le sens des larmes divines de Jésus. Elles nous montrent l’amour de nouveau à l’œuvre – recréant, rachetant et restaurant la vie humaine devenue la proie des ténèbres.
« Lazare, sors dehors !... »
Voilà pourquoi ce samedi de Lazare inaugure à la fois la Croix, comme suprême sacrifice de l’amour, et la Résurrection, comme son ultime triomphe : « Le Christ, l’universelle joie, la vérité, la lumière et la vie du monde, son éveil, est apparu sur notre terre dans sa bonté, devenant le signe de la Résurrection, pour accorder à tous la divine rémission. » (Kondakion du samedi de Lazare).
II. HOSANNA : LE DIMANCHE DES PALMES
Du point de vue liturgique, le samedi de Lazare se présente comme l’avant-fête du dimanche des Rameaux, jour où l’on célèbre l’Entrée du Seigneur à Jérusalem. Ces deux fêtes ont un thème commun : le triomphe et la victoire. Le samedi a révélé l’ennemi qui est la mort, le dimanche annoncera la victoire, le triomphe du Royaume de Dieu et l’acceptation par le monde de son seul Roi, Jésus Christ. L’entrée solennelle dans la sainte cité fut dans la vie de Jésus son seul triomphe visible ; jusque-là, il avait volontairement repoussé toute tentative d’être glorifié et ce n’est que six jours avant la Pâque qu’il provoqua même l’événement. En accomplissant à la lettre ce qu’avait dit le prophète Zacharie : « Voici ton roi vient à toi, monté sur un ânon... » (Za 9,9).
Il a montré clairement qu’il voulait être reconnu et acclamé comme Messie, Roi et Sauveur d’Israël. Le récit de l’Évangile souligne en effet les signes messianiques : les palmes, le chant de l’hosanna, l’acclamation de Jésus comme Fils de David et Roi d’Israël. Tel est le sens de cet événement : l’histoire d’Israël touche à sa fin – son sens étant d’annoncer et de préparer le Royaume de Dieu, la venue du Messie. C’est aujourd’hui l’accomplissement de cette venue de Dieu, car voici que le Roi entre dans sa cité sainte et de ce fait, en lui, toute prophétie et toute attente trouvent leur plénitude : Il inaugure son Royaume.
La liturgie de ce jour commémore cet événement ; avec des palmes à la main, nous nous identifions au peuple de Jérusalem pour saluer l’humble Roi, lui redisant notre hosanna ; mais quel en est le sens pour nous, aujourd’hui ?
Nous proclamons tout d’abord le Christ comme notre Roi et notre Seigneur.
Si souvent nous oublions que le Royaume de Dieu a déjà été inauguré, qu’au jour de notre baptême nous en avons été faits citoyens et que nous avons promis de placer notre fidélité à ce Royaume au-dessus de tout autre. N’oublions pas que pendant quelques heures, le Christ a vraiment été Roi, Roi en ce monde qui est nôtre... quelques heures, et dans une seule ville. De même qu’en Lazare, nous avons reconnu l’image de tout homme, de même pouvons-nous voir dans cette ville, le centre mystique du monde et de tout l’univers. C’est le sens biblique de Jérusalem, la cité, le point focal de toute l’histoire du salut et de la rédemption, la sainte cité de l’avènement de Dieu. Le Royaume inauguré à Jérusalem est donc un Royaume universel, embrassant tous les hommes et la création tout entière.
Quelques heures – et pourtant décisives, « l’heure de Jésus », l’heure de l’accomplissement par Dieu de toutes ses promesses, de toutes ses volontés. Elles sont le terme de cette longue préparation révélée par la Bible et l’achèvement de tout ce que Dieu a voulu faire pour l’homme. Et ainsi ce court moment de triomphe terrestre du Christ acquiert une signification éternelle. Par cet événement, la réalité du Royaume pénètre le temps, l’orientant vers son ultime finalité. À partir de cette heure, le Royaume est révélé au monde et sa présence juge et transforme l’histoire humaine... Lorsqu’au moment le plus solennel de la célébration liturgique, nous recevons la palme des mains du prêtre, nous renouvelons notre serment à notre Roi et nous confessons que son Royaume est l’unique but et consistance de notre vie. Nous confessons aussi que tout dans notre vie et dans le monde appartient au Christ, que rien ne peut être dérobé au seul et unique Maître et qu’aucun domaine de notre existence n’échappe à son empire et à son action rédemptrice. Enfin nous proclamons l’universelle et totale responsabilité de l’Église dans l’histoire de l’humanité et nous affirmons sa mission universelle.
Du point de vue liturgique, le samedi de Lazare se présente comme l’avant-fête du dimanche des Rameaux, jour où l’on célèbre l’Entrée du Seigneur à Jérusalem. Ces deux fêtes ont un thème commun : le triomphe et la victoire. Le samedi a révélé l’ennemi qui est la mort, le dimanche annoncera la victoire, le triomphe du Royaume de Dieu et l’acceptation par le monde de son seul Roi, Jésus Christ. L’entrée solennelle dans la sainte cité fut dans la vie de Jésus son seul triomphe visible ; jusque-là, il avait volontairement repoussé toute tentative d’être glorifié et ce n’est que six jours avant la Pâque qu’il provoqua même l’événement. En accomplissant à la lettre ce qu’avait dit le prophète Zacharie : « Voici ton roi vient à toi, monté sur un ânon... » (Za 9,9).
Il a montré clairement qu’il voulait être reconnu et acclamé comme Messie, Roi et Sauveur d’Israël. Le récit de l’Évangile souligne en effet les signes messianiques : les palmes, le chant de l’hosanna, l’acclamation de Jésus comme Fils de David et Roi d’Israël. Tel est le sens de cet événement : l’histoire d’Israël touche à sa fin – son sens étant d’annoncer et de préparer le Royaume de Dieu, la venue du Messie. C’est aujourd’hui l’accomplissement de cette venue de Dieu, car voici que le Roi entre dans sa cité sainte et de ce fait, en lui, toute prophétie et toute attente trouvent leur plénitude : Il inaugure son Royaume.
La liturgie de ce jour commémore cet événement ; avec des palmes à la main, nous nous identifions au peuple de Jérusalem pour saluer l’humble Roi, lui redisant notre hosanna ; mais quel en est le sens pour nous, aujourd’hui ?
Nous proclamons tout d’abord le Christ comme notre Roi et notre Seigneur.
Si souvent nous oublions que le Royaume de Dieu a déjà été inauguré, qu’au jour de notre baptême nous en avons été faits citoyens et que nous avons promis de placer notre fidélité à ce Royaume au-dessus de tout autre. N’oublions pas que pendant quelques heures, le Christ a vraiment été Roi, Roi en ce monde qui est nôtre... quelques heures, et dans une seule ville. De même qu’en Lazare, nous avons reconnu l’image de tout homme, de même pouvons-nous voir dans cette ville, le centre mystique du monde et de tout l’univers. C’est le sens biblique de Jérusalem, la cité, le point focal de toute l’histoire du salut et de la rédemption, la sainte cité de l’avènement de Dieu. Le Royaume inauguré à Jérusalem est donc un Royaume universel, embrassant tous les hommes et la création tout entière.
Quelques heures – et pourtant décisives, « l’heure de Jésus », l’heure de l’accomplissement par Dieu de toutes ses promesses, de toutes ses volontés. Elles sont le terme de cette longue préparation révélée par la Bible et l’achèvement de tout ce que Dieu a voulu faire pour l’homme. Et ainsi ce court moment de triomphe terrestre du Christ acquiert une signification éternelle. Par cet événement, la réalité du Royaume pénètre le temps, l’orientant vers son ultime finalité. À partir de cette heure, le Royaume est révélé au monde et sa présence juge et transforme l’histoire humaine... Lorsqu’au moment le plus solennel de la célébration liturgique, nous recevons la palme des mains du prêtre, nous renouvelons notre serment à notre Roi et nous confessons que son Royaume est l’unique but et consistance de notre vie. Nous confessons aussi que tout dans notre vie et dans le monde appartient au Christ, que rien ne peut être dérobé au seul et unique Maître et qu’aucun domaine de notre existence n’échappe à son empire et à son action rédemptrice. Enfin nous proclamons l’universelle et totale responsabilité de l’Église dans l’histoire de l’humanité et nous affirmons sa mission universelle.
Pourtant le Roi que les juifs acclament aujourd’hui, et nous avec eux, c’est vers le Golgotha qu’il s’achemine, vers la Croix et le tombeau.
Ce court triomphe n’est que le prologue de son sacrifice. Les palmes dans nos mains signifient notre empressement à le suivre sur le chemin du sacrifice et cette acceptation du sacrifice et ce renoncement à soi-même sont l’unique voie royale qui mène au Royaume. Les palmes sont aussi l’annonce de la victoire finale du Christ et notre foi en cette victoire. Son Royaume est encore caché et le monde l’ignore, c’est-à-dire qu’il vit comme si l’événement décisif n’avait jamais eu lieu, comme si Dieu n’était pas mort sur la Croix et comme si en lui, l’homme n’était pas ressuscité. Mais nous chrétiens, nous croyons en la venue de ce Royaume où Dieu sera tout en tous et le Christ le seul Roi.
Les célébrations liturgiques placent sous nos yeux des événements qui sont du passé, mais tout le sens et le pouvoir de la liturgie consiste précisément à transformer le souvenir en réalité. En ce dimanche des Rameaux, c’est de notre responsabilité dont il s’agit, c’est de l’enjeu de notre personne dans le Royaume de Dieu dont il est question. Le Christ n’entre plus à Jérusalem et ce qu’il a fait, il l’a fait une fois pour toutes. Il n’a cure de « symboles » et ce n’est certes pas pour que nous puissions perpétuellement « symboliser » sa vie, qu’il est mort sur la croix ! Ce qu’il attend de nous, c’est un réel accueil du Royaume qu’il nous a apporté et si nous ne sommes pas prêts à adhérer totalement au serment que nous renouvelons chaque année le dimanche des Rameaux, si vraiment nous ne sommes pas décidés à faire du Royaume la charte de toute notre vie, alors, oui, vaine est notre célébration, vaines et sans signification, les branches de palmes que nous rapportons de l’église.
Suite- III. LUNDI, MARDI ET MERCREDI SAINTS : LA FIN
Il a été publié sur de nombreux sites et je l'emprunte aux pages Alexandre Schmemann du site pagesorthodoxes.net.
Ce court triomphe n’est que le prologue de son sacrifice. Les palmes dans nos mains signifient notre empressement à le suivre sur le chemin du sacrifice et cette acceptation du sacrifice et ce renoncement à soi-même sont l’unique voie royale qui mène au Royaume. Les palmes sont aussi l’annonce de la victoire finale du Christ et notre foi en cette victoire. Son Royaume est encore caché et le monde l’ignore, c’est-à-dire qu’il vit comme si l’événement décisif n’avait jamais eu lieu, comme si Dieu n’était pas mort sur la Croix et comme si en lui, l’homme n’était pas ressuscité. Mais nous chrétiens, nous croyons en la venue de ce Royaume où Dieu sera tout en tous et le Christ le seul Roi.
Les célébrations liturgiques placent sous nos yeux des événements qui sont du passé, mais tout le sens et le pouvoir de la liturgie consiste précisément à transformer le souvenir en réalité. En ce dimanche des Rameaux, c’est de notre responsabilité dont il s’agit, c’est de l’enjeu de notre personne dans le Royaume de Dieu dont il est question. Le Christ n’entre plus à Jérusalem et ce qu’il a fait, il l’a fait une fois pour toutes. Il n’a cure de « symboles » et ce n’est certes pas pour que nous puissions perpétuellement « symboliser » sa vie, qu’il est mort sur la croix ! Ce qu’il attend de nous, c’est un réel accueil du Royaume qu’il nous a apporté et si nous ne sommes pas prêts à adhérer totalement au serment que nous renouvelons chaque année le dimanche des Rameaux, si vraiment nous ne sommes pas décidés à faire du Royaume la charte de toute notre vie, alors, oui, vaine est notre célébration, vaines et sans signification, les branches de palmes que nous rapportons de l’église.
Suite- III. LUNDI, MARDI ET MERCREDI SAINTS : LA FIN
Il a été publié sur de nombreux sites et je l'emprunte aux pages Alexandre Schmemann du site pagesorthodoxes.net.
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Avril 2021 à 05:09
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