Plateforme libre de discussion
|
La canonisation e la famille Impériale a provoqué en Russie des réactions très différenciées: si d'une part il y a des hagiographes qui s'en félicitent, comme le fait par exemple le livre de Victor Loupan cité par ailleurs, d'autres, qui ne sont pas tous des nostalgiques du bolchévisme, s'indignent en soulignant les erreurs et les faiblesses de l'empereur et de sa famille. Dans tous les cas, personne ne comprend vraiment ce que signifie une canonisation et pourquoi Nicolas II a été proclamé "strastoterptsy". Un article dans le N° du 7/08/2009 du journal KIFA fait appel au p. Georges Mitrofanov (1) pour répondre aux questions les plus courantes sur le sujet. J'en reprends les principaux arguments.
Le p. Georges commence par affirmer que "les faits historiques ne permettent pas de considérer les membres de la famille impériale comme des martyres chrétiens. Mourir en martyre présuppose la possibilité de renier le Christ pour sauver sa vie. Mais la famille impériale a été massacrée comme famille impériale, par des gens qui la considérait comme le symbole de cette Russie impériale qu'ils détestaient.
La famille impériale a donc été mise au rang "strastoterptsy", continue le p. Georges, spécifique a l'Église russe, comme l'ont été les princes qui ont accepté les souffrances et la mort de la mains de leurs adversaires politiques, dans un esprit d’abnégation chrétienne. La commission de canonisation a étudié 7 rapports: 5 ont présenté l'action politique et ecclésiale du dernier empereur, et la commission a jugé qu'il n'y avait pas là matière à canonisation, mais les deux derniers, consacrés "aux derniers jours de la famille impériale" et "Positon de l'Église concernant le rang de "strastoterptsy" ont emporté la décision.
Le p. Georges commence par affirmer que "les faits historiques ne permettent pas de considérer les membres de la famille impériale comme des martyres chrétiens. Mourir en martyre présuppose la possibilité de renier le Christ pour sauver sa vie. Mais la famille impériale a été massacrée comme famille impériale, par des gens qui la considérait comme le symbole de cette Russie impériale qu'ils détestaient.
La famille impériale a donc été mise au rang "strastoterptsy", continue le p. Georges, spécifique a l'Église russe, comme l'ont été les princes qui ont accepté les souffrances et la mort de la mains de leurs adversaires politiques, dans un esprit d’abnégation chrétienne. La commission de canonisation a étudié 7 rapports: 5 ont présenté l'action politique et ecclésiale du dernier empereur, et la commission a jugé qu'il n'y avait pas là matière à canonisation, mais les deux derniers, consacrés "aux derniers jours de la famille impériale" et "Positon de l'Église concernant le rang de "strastoterptsy" ont emporté la décision.
En effet, tous les témoins ont décrit les prisonniers de Tobolsk et Ekaterinburg comme des personnes souffrantes mais soumise à la volonté de Dieu, supportant avec abnégations injures et provocations. "Dans les souffrances des derniers jours de la famille impériale nous voyons la lumière de la vérité du Christ triomphant du mal." Comprenant qu'ils étaient condamnés, les membres de la famille impériale ont acquis la paix de l'âme et, au moment de leur mort en martyres, la capacité de pardonner à leurs ennemis. "Si je fais obstacle au bonheur de la Russie… je suis prêt non seulement à donner mon trône mais aussi ma vie pour la Patrie" a dit l'empereur au général D.N. Dubensky avant son abdication, et quelques mois après l'impératrice écrivait de sa prison "Comme je suis heureuse de ne pas être à l'étranger, mais soufrons avec elle /la Patrie/"…
Cette canonisation ne signifie absolument pas que l'Église soutient l'idée monarchique. La commission n'a pas négligé les épisodes discutables du règne de Nicolas II et, en particulier, si son abdication pour éviter une guerre civile était justifiable du point de vue éthique, c'était certainement une erreur politique: s'il avait écrasé la révolte dans le sang, il serait entré dans l'histoire comme un grand homme d'état, mais n'aurait sans doute pas été canonisé… Il n'a pas été canonisé pour son caractère, mais par sa mort en martyre. D'ailleurs il est le seul Romanov a être canonisé pour 300 ans de règne de la dynastie: on ne peut parler de canonisation systématique des empereurs!
Père Georges parle ensuite du "dimanche sanglant" (le dimanche 9 janvier 2005, une foule désarmée se dirigeant vers le Palais d'Hiver a été mitraillée, faisant des dizaines de morts): le p. Georges souligne que, si la répression a été lamentable, il s'agissait néanmoins de troubles graves qu'il fallait réprimer. D'ailleurs l'empereur n'a pas donné l'ordre de tirer et, se trouvant à Tsarskoe Selo, était probablement mal informé de la situation en ville. Dans son journal il a écrit "Quelle journée horrible! Il y a eu des troubles à Petersbourg, … et la troupe a du tirer faisant beaucoup de morts et de blessés. Mon Dieu, comme c'est horrible!". Un saint canonisé n'est pas sans pêché. "Strastoterptsy" signifie "ayant accepté la mort" (ou "Ceux qui ont enduré les souffrances de la Passion") et c'est justement la caractéristique de personnes souvent faibles qui trouvent en eux les forces de surmonter la faiblesse humaine pour mourir avec le nom du Christ sur les lèvres.
Par contre, les serviteurs qui ont accompagné la famille impériale n'ont pas été canonisés par l'Église russe (contrairement à l'Église Hors Frontière) et cela simplement parce qu'il n'y a pas de procédure pour canoniser les laïcs qui ont souffert le martyre. Il y en a des millions et l'Église s'en souvient.
Et il ne faut pas prétendre que la famille Impériale représente le rachat des péchés du peuple russe, ni demander un repentir général pour ce massacre: il n'y a qu'un seul Sauveur Qui rachète tous les péchés et ce genre d'ajout à la conception de la sainteté, d'origine douteuse, est condamné par l'Église.
Note (1): Je pense inutile de présenter le p. Georges Mitrofanov . Rappelons qu'il est ex- membre de la commission de canonisation et de l'organe interconciliaire de l'Église russe
Cette canonisation ne signifie absolument pas que l'Église soutient l'idée monarchique. La commission n'a pas négligé les épisodes discutables du règne de Nicolas II et, en particulier, si son abdication pour éviter une guerre civile était justifiable du point de vue éthique, c'était certainement une erreur politique: s'il avait écrasé la révolte dans le sang, il serait entré dans l'histoire comme un grand homme d'état, mais n'aurait sans doute pas été canonisé… Il n'a pas été canonisé pour son caractère, mais par sa mort en martyre. D'ailleurs il est le seul Romanov a être canonisé pour 300 ans de règne de la dynastie: on ne peut parler de canonisation systématique des empereurs!
Père Georges parle ensuite du "dimanche sanglant" (le dimanche 9 janvier 2005, une foule désarmée se dirigeant vers le Palais d'Hiver a été mitraillée, faisant des dizaines de morts): le p. Georges souligne que, si la répression a été lamentable, il s'agissait néanmoins de troubles graves qu'il fallait réprimer. D'ailleurs l'empereur n'a pas donné l'ordre de tirer et, se trouvant à Tsarskoe Selo, était probablement mal informé de la situation en ville. Dans son journal il a écrit "Quelle journée horrible! Il y a eu des troubles à Petersbourg, … et la troupe a du tirer faisant beaucoup de morts et de blessés. Mon Dieu, comme c'est horrible!". Un saint canonisé n'est pas sans pêché. "Strastoterptsy" signifie "ayant accepté la mort" (ou "Ceux qui ont enduré les souffrances de la Passion") et c'est justement la caractéristique de personnes souvent faibles qui trouvent en eux les forces de surmonter la faiblesse humaine pour mourir avec le nom du Christ sur les lèvres.
Par contre, les serviteurs qui ont accompagné la famille impériale n'ont pas été canonisés par l'Église russe (contrairement à l'Église Hors Frontière) et cela simplement parce qu'il n'y a pas de procédure pour canoniser les laïcs qui ont souffert le martyre. Il y en a des millions et l'Église s'en souvient.
Et il ne faut pas prétendre que la famille Impériale représente le rachat des péchés du peuple russe, ni demander un repentir général pour ce massacre: il n'y a qu'un seul Sauveur Qui rachète tous les péchés et ce genre d'ajout à la conception de la sainteté, d'origine douteuse, est condamné par l'Église.
Note (1): Je pense inutile de présenter le p. Georges Mitrofanov . Rappelons qu'il est ex- membre de la commission de canonisation et de l'organe interconciliaire de l'Église russe
Rédigé par Vladimir Golovanow le 10 Octobre 2009 à 13:32
|
21 commentaires
|
Permalien
Derniers commentaires
-
Surprenantes fresques dans un monastère en Serbie
19/09/2024 13:35 - Patrick -
"Il n'y a aucune excuse pour ceux qui déclenchent des guerres", - Mgr Onuphre, Primat de l'Eglise d’Ukraine, PM
14/04/2023 05:58 - Gilles -
Le père George Egorov, sa visite pastorale à la Légion étrangère
12/12/2022 12:55 - Baron André -
OSCE demande à Russie ce cesser la destruction d'églises en Ukraine
10/05/2022 03:22 - pere jean -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 19:15 - Hai Lin -
Deux hiérarques russes s’expriment à titre personnel à propos de la guerre et de la paix, de la situation en Russie
14/04/2022 10:39 - Marie Genko -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 10:26 - Marie Genko -
Le Parlement Européen a condamné le patriarche Cyrille et a félicité le clergé orthodoxe qui s'est opposé à la guerre en Ukraine
13/04/2022 21:21 - Gilles -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 23:05 - Théophile -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 22:00 - Nadejda na Mir
Liens francophones