NICE: Bras de fer judiciaire autour de la «vieille église» orthodoxe russe  Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra
Surnommée «la vieille église», l'église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra a été édifiée juste avant le rattachement de Nice à la France en 1860. Nice accueillait alors une importante diaspora russe dont les rangs se sont étoffés après la révolution de 1917 et l'arrivée de nombreux émigrés russes fuyant le régime bolchevique.

La paroisse orthodoxe de Nice, engluée depuis plus de dix ans dans un bras de fer avec l'Etat russe et déjà évincée de la cathédrale Saint-Nicolas, a plaidé mardi 17 novembre au tribunal pour empêcher son expulsion d'une autre église datant des tsars.

«La fédération de Russie s'est attribué la propriété de ces biens», a dénoncé devant le tribunal judiciaire de Nice Me Jean-Marc Szepetowski, l'avocat de l'association cultuelle orthodoxe russe (Acor) de Nice, accusant la Russie d'avoir trouvé «un notaire complaisant ou incompétent» pour modifier en 2015 l'acte de propriété établi en 1927 au profit de la paroisse. «Une voie de faits indigne d'un Etat souverain», a-t-il fustigé.

Outre l'église, située dans les beaux quartiers du centre-ville de Nice, un cimetière >>> Une publication datée de 2012: Portes closes au cimetière russe de Nice et photos récentes 2016 et des terrains mitoyens de la cathédrale Saint-Nicolas sont aussi concernés dans cette affaire qui mêle les soubresauts de l'histoire politique russe à des considérations de pur droit français.

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«Valeur religieuse»

Me Szepetowski a ainsi fait valoir que la paroisse avait la jouissance «paisible, publique et non équivoque» de l'église depuis 93 ans, payant ses impôts, touchant des subventions, entretenant cet édifice classé monument historique et y célébrant l'office. Pour les avocats de la fédération de Russie, Me Roy Spitz et Andrea Pinna, l'association n'aurait jamais été véritablement propriétaire des lieux, mais uniquement son gestionnaire. «Cela a déjà été tranché», a plaidé Me Pinna.

En 2013, la Cour de cassation avait déjà permis à la Russie de récupérer la cathédrale Saint-Nicolas. En marge de l'audience, Me Pinna a expliqué que la Russie n'en faisait ni une question diplomatique, ni une question d'argent : «Ce n'est pas la valeur vénale des biens qui importe, mais leur valeur religieuse». «Les Russes veulent remettre la main sur tout ce qui leur rappelle leur glorieux passé tsariste après s'en être désintéressés pendant 70 ans», déplore un membre du conseil paroissial qui a requis l'anonymat. «Ils veulent chasser toutes les associations paroissiales, pas seulement à Nice, pour y placer leur propre clergé et dans un souci de rayonnement à l'étranger».

La paroisse orthodoxe russe Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra de Nice n'a jamais reconnu la tutelle religieuse de Moscou, lui préférant jusqu'en 2019 le Patriarcat de Constantinople, finalement délaissé pour le diocèse de Mgr Joseph, métropolite du Patriarcat de Roumanie.

Quoi qu’il en soit, pour les avocats de la Fédération de Russie, Me Roy Spitz et Andrea Pinna, cette deuxième affaire est similaire à la précédente. L’association n’aurait jamais été véritablement propriétaire des lieux, mais uniquement son gestionnaire. « Cela a déjà été tranché », ont-ils plaidé. Le jugement a été mis en délibéré au 25 février 2021.

Le FIGARO

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L'église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra, rue Longchamp, a été inaugurée en 1859

La colonie russe de la Riviera était habituée depuis une dizaine d’années à la Côte d’Azur, où l’aristocratie européenne avait lancé la mode de l’hivernage. Certains y venaient aussi se soigner de la tuberculose qui faisait alors des ravages. L’impératrice Alexandra Féodorovna, l’épouse du défunt Nicolas Ier, aimait à y séjourner pour s’y reposer depuis son veuvage. Elle fit lever des fonds en 1856 pour la construction d’une église servant de paroisse et l’on confia le projet à l’architecte de la Cour impériale Alexandre Kondiakoff et à André-François Barraya. L’église fut bâtie rue Longchamp, non loin de l’actuelle avenue Jean-Médecin. Elle fut consacrée le 31 décembre 1859. La ville comptait à l’époque plus de 45 000 habitants et faisait partie avec son comté du royaume de Piémont-Sardaigne, appartenant à la Maison de Savoie, avant d’être annexée à l'Empire français par plébiscite quelques mois plus tard en avril 1860.

La cérémonie eut lieu en présence de la comtesse Stroganoff, née grande-duchesse Marie de Russie, fille aînée de l’impératrice douairière, sœur d’Alexandre II et protectrice des arts. L’impératrice Alexandra déjà malade ne put se déplacer2. Parmi les invités, on remarquait la présence de la famille de la princesse de Bade, des diplomates et des officiels russes.

L’impératrice douairière avait fait don de l’iconostase, venu de Saint-Pétersbourg, les icônes étant de style byzantin.

Bientôt, après la mort de tuberculose du tzarévitch Nicolas en 1865, la communauté orthodoxe fit construire un oratoire dans le parc de la villa Bermond, où il était mort. Au début du xxe siècle, on fit construire à Nice une seconde église, la cathédrale Saint-Nicolas située à proximité de l’oratoire.

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Novembre 2020 à 18:23 | 36 commentaires | Permalien



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