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Par Jennifer Austruy
Les Moldaves sont traditionnellement orthodoxes, mais ils se tournent de plus en plus vers les nouvelles Églises évangéliques, qui mènent un apostolat « musclé », avec des recettes bien expérimentées : soins médicaux, cadeaux, promesses de bonheur immédiat. Toutefois, si beaucoup de Moldaves « profitent » des services offerts par ces Églises, se laissent-ils vraiment convertir ? Reportage.
Le Pasteur Alexandru Sanduleac, de l’église Moldova for Christ, a installé une clinique de fortune gratuite dans une salle prêtée par un centre culturel juif, à Cahul, dans le sud de la Moldavie, la maire de la ville ayant refusé de prêter une salle.
Les Moldaves sont traditionnellement orthodoxes, mais ils se tournent de plus en plus vers les nouvelles Églises évangéliques, qui mènent un apostolat « musclé », avec des recettes bien expérimentées : soins médicaux, cadeaux, promesses de bonheur immédiat. Toutefois, si beaucoup de Moldaves « profitent » des services offerts par ces Églises, se laissent-ils vraiment convertir ? Reportage.
Le Pasteur Alexandru Sanduleac, de l’église Moldova for Christ, a installé une clinique de fortune gratuite dans une salle prêtée par un centre culturel juif, à Cahul, dans le sud de la Moldavie, la maire de la ville ayant refusé de prêter une salle.
Des femmes âgées et quelques enfants attendent patiemment sur des chaises en plastique. Tous viennent de passer une demi-heure à étudier la Bible, étape obligatoire avant d’accéder aux soins. Quelques minutes plus tard, des volontaires-missionnaires, sans formation médicale, leur prendront la tension, testeront leur niveau de sucre dans le sang et leur feront essayer des lunettes jusqu’à ce qu’ils trouvent verre à leur œil. L’initiative semble fonctionner. Le pasteur affirme que la clinique reçoit près de 80 patients par jour.
Le soir même, ils sont conviés à une vibrante cérémonie où le pasteur David Crowth, venu du Texas spécialement pour l’occasion, invite l’audience à recevoir Jésus dans son cœur à coups de métaphores. « Qui a peur de mourir ? » lance-t-il d’une voix tonitruante à une salle au trois quart remplie de retraités. Les mains se lèvent. « Moi, je n’ai pas peur », hurle-t-il dans le micro. « Je sais que ma place est au paradis. Si vous ne voulez plus avoir peur vous devez ouvrir votre cœur à Jésus, notre sauveur ».
Chuchotement et moues impressionnées, l’argument fait mouche. Après deux heures de sermon en anglais traduit en russe, le public est encouragé par les deux pasteurs à manifester son désir de rejoindre le mouvement en se levant pour une prière collective, puis en prenant rendez-vous pour une prochaine cérémonie. Un tiers de la salle semble conquis. Les autres la quittent d’un air dubitatif.
Si 93,3 % des Moldaves se déclarent officiellement orthodoxes, dans les faits la réalité confessionnelle du pays se révèle tout autre. Selon Petre Guran, le directeur de l’Institut culturel roumain de Moldavie, le « spectaculaire retour à la religion » que les observateurs internationaux ont tant commenté, suite à la chute de l’URSS, a largement été surestimé et relevait plus d’une impression liée au fait que toutes les églises fermées pendant l’ère soviétique rouvraient en même temps.
De plus, alors que les témoins de Jehovah et les évangéliques étaient férocement persécutés par le KGB, « l’Église orthodoxe était tolérée en Moldavie puisqu’elle apparaissait comme un bon moyen de contrôler la population encore réfractaire au régime », analyse Igor Caşu, historien et spécialiste du communisme. « Cependant, le désespoir lié à la pauvreté d’une population en souffrance a été, dès les années 1990, un puissant aimant pour les nouvelles religions », ajoute-t-il. Les Églises évangéliques parfois pudiquement nommées Églises néo-protestantes attirent donc de plus en plus de croyants en quête de renouveau spirituel.
Les prêtres orthodoxes, bien souvent peu ou pas formés à la théologie, « ont été et sont toujours incapables de répondre aux grandes questions existentielles », commente Petre Guran. De ce fait, une partie de la population se tourne vers les mouvements évangéliques qui ont une stratégie beaucoup plus efficace pour attirer de nouveaux fidèles. Côté orthodoxe, l’analyse reste bien différente. Le prêtre Pavel Borsevschi explique, lui, le déclin du nombre de ses paroissiens par le besoin de nouveauté et le matérialisme de la société moldave, conséquences des carences chroniques créées par le communisme : « Ils offrent des cadeaux, des biscuits, des livres aux paroissiens…surtout aux enfants ». Le prêtre Octavian Moşi, également rédacteur du journal de l’Église métropolitaine de Moldavie (Biserica Mitropoliei Moldovei), liée au patriarcat de Moscoub[ [1],]b justifie la défection des fidèles par le besoin croissant de confort engendré par « l’américanisation » du monde. « Les gens sont attirés par le fait que dans les cérémonies évangéliques il est possible de s’assoir », avance-t-il encore....SUITE Le Courrier des Balkans
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b[[1]]b L’Église dite de Bessarabie reconnaît par contre le patriarcat de Bucarest.
"PO" Pour préciser la note (1) il faudrait indiquer que les Orthodoxes se partagent entre l’Eglise métropolitaine de Moldavie du patriarcat de Moscou ICI qui comprend six diocèses, et la petite métropole de Bessarabie (4 éparchies, 200 paroisses) rattachée au patriarcat de Bucarest
Le soir même, ils sont conviés à une vibrante cérémonie où le pasteur David Crowth, venu du Texas spécialement pour l’occasion, invite l’audience à recevoir Jésus dans son cœur à coups de métaphores. « Qui a peur de mourir ? » lance-t-il d’une voix tonitruante à une salle au trois quart remplie de retraités. Les mains se lèvent. « Moi, je n’ai pas peur », hurle-t-il dans le micro. « Je sais que ma place est au paradis. Si vous ne voulez plus avoir peur vous devez ouvrir votre cœur à Jésus, notre sauveur ».
Chuchotement et moues impressionnées, l’argument fait mouche. Après deux heures de sermon en anglais traduit en russe, le public est encouragé par les deux pasteurs à manifester son désir de rejoindre le mouvement en se levant pour une prière collective, puis en prenant rendez-vous pour une prochaine cérémonie. Un tiers de la salle semble conquis. Les autres la quittent d’un air dubitatif.
Si 93,3 % des Moldaves se déclarent officiellement orthodoxes, dans les faits la réalité confessionnelle du pays se révèle tout autre. Selon Petre Guran, le directeur de l’Institut culturel roumain de Moldavie, le « spectaculaire retour à la religion » que les observateurs internationaux ont tant commenté, suite à la chute de l’URSS, a largement été surestimé et relevait plus d’une impression liée au fait que toutes les églises fermées pendant l’ère soviétique rouvraient en même temps.
De plus, alors que les témoins de Jehovah et les évangéliques étaient férocement persécutés par le KGB, « l’Église orthodoxe était tolérée en Moldavie puisqu’elle apparaissait comme un bon moyen de contrôler la population encore réfractaire au régime », analyse Igor Caşu, historien et spécialiste du communisme. « Cependant, le désespoir lié à la pauvreté d’une population en souffrance a été, dès les années 1990, un puissant aimant pour les nouvelles religions », ajoute-t-il. Les Églises évangéliques parfois pudiquement nommées Églises néo-protestantes attirent donc de plus en plus de croyants en quête de renouveau spirituel.
Les prêtres orthodoxes, bien souvent peu ou pas formés à la théologie, « ont été et sont toujours incapables de répondre aux grandes questions existentielles », commente Petre Guran. De ce fait, une partie de la population se tourne vers les mouvements évangéliques qui ont une stratégie beaucoup plus efficace pour attirer de nouveaux fidèles. Côté orthodoxe, l’analyse reste bien différente. Le prêtre Pavel Borsevschi explique, lui, le déclin du nombre de ses paroissiens par le besoin de nouveauté et le matérialisme de la société moldave, conséquences des carences chroniques créées par le communisme : « Ils offrent des cadeaux, des biscuits, des livres aux paroissiens…surtout aux enfants ». Le prêtre Octavian Moşi, également rédacteur du journal de l’Église métropolitaine de Moldavie (Biserica Mitropoliei Moldovei), liée au patriarcat de Moscoub[ [1],]b justifie la défection des fidèles par le besoin croissant de confort engendré par « l’américanisation » du monde. « Les gens sont attirés par le fait que dans les cérémonies évangéliques il est possible de s’assoir », avance-t-il encore....SUITE Le Courrier des Balkans
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b[[1]]b L’Église dite de Bessarabie reconnaît par contre le patriarcat de Bucarest.
"PO" Pour préciser la note (1) il faudrait indiquer que les Orthodoxes se partagent entre l’Eglise métropolitaine de Moldavie du patriarcat de Moscou ICI qui comprend six diocèses, et la petite métropole de Bessarabie (4 éparchies, 200 paroisses) rattachée au patriarcat de Bucarest
Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 2 Juillet 2012 à 08:13
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