Lettre de Métropolite JEAN de Doubna au clergé
Paris, le 17 mars 2022

Excellences,
Chers Doyens, chers Recteurs,
Chers Pères, chers Diacres,

La lettre ouverte que j'ai adressée au patriarche Cyrille a donné lieu à des réactions diverses et contrastées! Il ne pouvait sans doute pas en être autrement dans la situation de tension extrême qui s'est emparée du monde.

Si nous ne sommes pas ici sur la terre de douleur elle-même, nous en partageons les larmes par nos proximités familiales, ethniques, historiques, ecclésiales. Cette diversité, qui fait la richesse spirituelle de notre Archevêché, est aussi une fragilité dans les circonstances présentes.


Je prends la mesure des contradictions qui secouent notre Archevêché et qui traversent la plupart de nos paroisses.

Aussi je propose à chaque prêtre de choisir en fonction des sentiments des paroissiens
qu’il connaît, et pour préserver la paix et l’unité, de commémorer ou non le patriarche Cyrille,
dans les litanies et lors de la Grande entrée. Je rappelle que cette commémoraison est une
tradition de l’Église russe, qui ne s’impose pas des points de vue canonique et ecclésiologique
: l’évêque commémore le patriarche assurant ainsi le lien canonique, le prêtre commémore
l’évêque. Cependant nous devons tous le commémorer lors de la Proscomidie.

Me reviennent à l'esprit les versets de l’Ecclésiaste (III-7) : « …. il y a un temps pour
l'amour un temps pour la haine, un temps pour la paix un temps pour la guerre », cette guerre
dont le Seigneur lui-même dit « il faut que cela arrive » (Mat XXIV-6), ….mais prenez
courage j’ai vaincu le monde. (Mat XVI-33). Le Seigneur évoque là une dimension « mystérieuse » qui nous dépasse.


Je souhaite partager dans cet esprit la profonde réflexion spirituelle proposée par
l’archimandrite Zacharie (monastère de Maldon) : « Nous ne savons pas tout des conflits de
ce monde, et il n’est pas nécessaire de le savoir. Nous prions juste avec un cœur compatissant
pour la paix du monde et pour tous. Nous ne prenons pas parti, parce que chaque partie sera
responsable de crimes, et nous ne voulons pas partager ces crimes et être condamnés Si nous prions pour ceux qui ont plus tort que raison, eh bien, nous accomplissons le commandement d’aimer même les ennemis.

Et si nous prions pour ceux qui ont plus raison que tort, nous faisons bien.

Par conséquent, nous ne pouvons pas nous tromper si nous prions pour que Dieu sauve tous et accorde la paix au monde.


Surtout pour nous, prêtres et moines, il est très important de ne pas être politique du
tout, car nous offrons notre sacrifice à Dieu, la sainte liturgie, pour le monde entier ; et si
nous sommes pour certains et contre d’autres, notre sacrifice est annulé. Je pense que
lorsqu’il y a une guerre, le mieux n’est pas de juger, mais d’avoir de la compassion et de
prier pour que le Seigneur épargne toutes les souffrances.

Si ma liturgie doit avoir une valeur quelconque, personne ne devrait manquer à mon
cœur quand je me tiens devant l’autel de Dieu et que je Lui dis : « À toi, nous T’offrons, en
tout et pour tous ».

Excellences, chers Pères, chers Diacres, je vous souhaite de tout mon cœur un bon et
saint carême ; qu’il soit tout particulièrement un temps d’apaisement de nos passions,
d’intégrité de notre âme et de notre esprit.

Avec la bénédiction du Seigneur,
† Métropolite JEAN de Doubna,
Archevêque des Églises Orthodoxes de Tradition Russe
en Europe Occidentalе

Lettre de Métropolite JEAN de Doubna au clergé en PJ

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 22 Mars 2022 à 15:19 | Permalien



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