Malo Tresca

En chantier depuis 2009, le projet de nouveau catéchisme de l’Église orthodoxe russe, exposé dans une version non définitive publiée fin juillet, défend que « l’œcuménisme ne contredit pas l’enseignement orthodoxe ».

En s’ouvrant à la modernité, ce projet catéchétique, plébiscité par le patriarche Kirill de Moscou, s’expose aux critiques anti-oecuméniques dans les rangs de l’Église. Un projet pour « s’ouvrir à la modernité » et redécouvrir les racines de l’Église orthodoxe russe, après 70 ans d’athéisme forcé et au lendemain de la dislocation du bloc soviétique en 1990 et 1991.

Évoqué pour la première fois en 2008 lors de l’Assemblée des évêques, examiné depuis 2009 par une commission composée notamment de théologiens renommés du pays, et lancé avec la bénédiction du Patriarche Kirill de Moscou, le projet de catéchisme « contemporain » de l’Église orthodoxe russe a été présenté, dans une nouvelle version, à la fin du mois de juillet.

Réflexions autour des fondements de la foi orthodoxe, principes fondamentaux de l’ordre canonique et de la vie liturgique de l’Église, bases de son concept social, de ses positions quant à la liberté et aux droits de l’homme… : cette nouvelle version, qui n’est pas définitive, est en partie ouverte aux commentaires des internautes et des fidèles jusqu’au mois de novembre.

Un document « facilement accessible »

L’élaboration de ce nouveau catéchisme « résulte de la volonté de l’Église orthodoxe russe d’avoir un document résumant sa foi, sa doctrine et son enseignement, facilement accessible à l’homme moderne », explique le Père Jivko Panev, maître de conférences en droit canonique, en histoire des Églises locales à l’institut Saint-Serge.

Il s’interroge toutefois sur « l’utilité future, pour les pasteurs et les fidèles, d’un texte de plus de 350 pages ». « De la même manière que l’Église catholique a élaboré, à l’époque, sa doctrine sociale et son catéchisme [en 1992], l’Église orthodoxe russe – portée par le patriarche Kirill – a publié au début des années 2000 ses Fondements de la doctrine sociale (1) et s’apprête à renouveler son catéchisme », ajoute le responsable du site Orthodoxie.com.

Des discussions œcuméniques « conformes au droit canonique »

Dans la sixième et dernière partie du document, la commission synodale consacre, de manière inédite, une dizaine de pages à l’attitude de l’Église orthodoxe russe et des fidèles vis-à-vis « des non-orthodoxes ». « L’œcuménisme ne contredit pas l’enseignement orthodoxe », affirme le texte, alors que la nécessité de s’ouvrir à l’œcuménisme, très promue au sein de l’Église catholique, est encore bien loin de faire l’unanimité dans les rangs de certaines Églises orthodoxes. Certaines condamnentrégulièrement toute tentative de rapprochement avec le Vatican.

Le document veut se prémunir d’éventuelles critiques en citant l’un des points du discours du grand rassemblement panorthodoxe de Thessalonique prononcé en 1998 : « Les représentants [impliqués dans le mouvement œcuménique durant ces dernières décennies] ont toujours été entièrement fidèles et obéissants à leurs autorités respectives de l’Église et ont agi en accord avec les règles canoniques, l’enseignement des conciles œcuméniques, les pères de l’Église et la sainte tradition de l’Église orthodoxe ».

Un projet porté par le patriarche Kirill


Par l’élaboration de ce nouveau catéchisme, « cette ouverture de l’Église orthodoxe russe se produit vraiment sous la houlette du patriarche Kirill de Moscou, très positif quant au rapprochement avec les catholiques », poursuit le Père Panev.

Il rappelle notamment la grande proximité du patriarche Kirill avec le métropolite Nicodème, mort en 1978 au Vatican dans les bras de Jean-Paul Ier, puis son passé de directeur des relations extérieures du Patriarcat, qui lui a permis de développer les prémices d’un dialogue œcuménique et de jeter les bases d’une doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe.

Mais les positions œcuméniques de Kirill, le premier patriarche de l’Église orthodoxe russe à avoir rencontré un pape, en février 2016, après plus de mille années de séparation, prêtent aussi, au sein de sa propre Église, le flanc à la critique.

La déclaration conjointe des deux responsables religieux contenait des expressions « qui ne sont nullement indiscutables, voire parfois erronées », avait alors publiquement réagi le Père George Maximov, du Patriarcat de Moscou, avant d’exhorter l’Église romaine à « confesser la vérité et abandonner ses faux dogmes ».

Une « méfiance » vis-à-vis de l’œcuménisme

Alors que plusieurs grandes figures historiques de l’Église orthodoxe n’ont cessé de réaffirmer, ces dernières décennies, leur méfiance vis-à-vis des « dangers » liés au mouvement œcuménique, des figures éminentes de l’orthodoxie – notamment bulgare et géorgienne – ont réaffirmé leurs réticences après le concile panorthodoxe de Crète en 2016. LIEN La Croix

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Août 2017 à 09:14 | 43 commentaires | Permalien



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