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Vladimir Golovanow : Voici la conclusion de cet article particulièrement intéressant
Dans cette situation de désordre, tout le monde navigue à vue. Le monde orthodoxe est un acteur parmi d’autres, qui a lui aussi un patrimoine, une richesse. Et au-delà des prises de position parfois très conservatrices, il a même une culture du compromis et de la résilience qui peuvent être utiles : après tout (et cela leur a été reproché) les Églises orthodoxes ont su en leur temps composer avec les Mongols, les sultans ottomans ou avec le pouvoir athée soviétique. Elles sont habituées à évoluer dans un univers très sécularisé, avec un modèle particulier d’articulation entre le religieux et la politique. Elles peuvent participer dans toute leur diversité à la création de nouvelles convergences et de pôles de résistance face aux désordres, indispensables si l’on veut éviter les pires scénarios.
Or ces convergences, qui ne pourront uniquement se baser sur les alliances du passé, se devront d’être complexes. Elles pourront difficilement se limiter à un ordre américain, ou même, pour le monde orthodoxe, à un très improbable (pour le moment) ordre russo-américain. A vrai dire, les bouleversements actuels peuvent même créer des convergences encore impensables il y a peu. Après tout, tant que le catholicisme et l’orthodoxie étaient fortement territorialisés, adossés à deux espaces de civilisation clairement distincts, toutes les tentatives d’union voulues d’en haut, par les pouvoirs politiques et ecclésiastiques, ont échoué.
Dans cette situation de désordre, tout le monde navigue à vue. Le monde orthodoxe est un acteur parmi d’autres, qui a lui aussi un patrimoine, une richesse. Et au-delà des prises de position parfois très conservatrices, il a même une culture du compromis et de la résilience qui peuvent être utiles : après tout (et cela leur a été reproché) les Églises orthodoxes ont su en leur temps composer avec les Mongols, les sultans ottomans ou avec le pouvoir athée soviétique. Elles sont habituées à évoluer dans un univers très sécularisé, avec un modèle particulier d’articulation entre le religieux et la politique. Elles peuvent participer dans toute leur diversité à la création de nouvelles convergences et de pôles de résistance face aux désordres, indispensables si l’on veut éviter les pires scénarios.
Or ces convergences, qui ne pourront uniquement se baser sur les alliances du passé, se devront d’être complexes. Elles pourront difficilement se limiter à un ordre américain, ou même, pour le monde orthodoxe, à un très improbable (pour le moment) ordre russo-américain. A vrai dire, les bouleversements actuels peuvent même créer des convergences encore impensables il y a peu. Après tout, tant que le catholicisme et l’orthodoxie étaient fortement territorialisés, adossés à deux espaces de civilisation clairement distincts, toutes les tentatives d’union voulues d’en haut, par les pouvoirs politiques et ecclésiastiques, ont échoué.
Mais la projection mondiale actuelle de ces deux christianismes, certes inégale, leur mise en situation dans des problématiques de plus en plus comparables, peuvent brasser les croyants d’une manière inédite. Sans s’unir, ils finissent de plus en plus par s’échanger leurs caractéristiques, dans un monde où les cultures les plus éloignées sont mises en relation.
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Par Thomas TANASE, le 29 décembre 2017
Comment le monde orthodoxe est-il lui aussi un des protagonistes de la mondialisation ? À travers cet article, il s’agit de comprendre l’orthodoxie par son universalisme pour ensuite se pencher sur le rôle des Églises orthodoxes dans le retour du religieux. L’auteur montre comment, à l’ère globale, le monde orthodoxe se déterritorialise. Enfin, T. Thanase présente l’orthodoxie en tant qu’acteur dans les conflits de la mondialisation. Ce texte brillant, très solidement documenté, contribue donc à éclairer la mondialisation sous un nouveau jour.
POUR BEAUCOUP, l’orthodoxie est dans le fond une forme de christianisme local, composée d’Églises nationales voire nationalistes. Dans les Balkans elle prendrait une forme quelque peu pittoresque, débouchant souvent sur un esprit de clocher à l’origine de conflits animés. En Russie, elle prendrait le visage de l’alliance avec un impérialisme agressif. Son organisation sur des bases nationales, à la différence par exemple du catholicisme, serait la preuve d’une absence d’universalisme ; elle ne pourrait pas être considérée comme une religion « globale » à l’heure de la mondialisation
Cette vision a pour elle d’être en fait très ancienne. Déjà au Moyen Âge, la papauté se définissait comme universelle par rapport à une chrétienté byzantine caractérisée comme « grecque » et inscrite sur la liste des Églises « orientales » séparées de Rome. L’historiographie contemporaine a souvent repris le thème du « césaropapisme » byzantin, faisant de l’Église orthodoxe une Église soumise au pouvoir politique. L’orientalisme du XIXe siècle a lui aussi laissé son empreinte, l’orthodoxie devenant une sorte d’ailleurs, parfois séduisant, de la Grèce à la Russie, mais toujours autre, différent et immobile à travers les âges.
Enfin, on retrouve avec la crise yougoslave des années 1990 l’idée d’une civilisation orthodoxe trop différente pour pouvoir véritablement mettre en place des démocraties viables, vision prolongée par la peur actuelle d’une Russie dépeinte comme principale menace contre les « valeurs démocratiques et libérales ». Mais il est vrai qu’il s’agit d’un discours souvent repris par les orthodoxes eux-mêmes, qui ne manquent pas de souligner l’ancienneté de leur foi, sa permanence à travers les siècles et de montrer leur méfiance envers le libéralisme occidental.... SUITE
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Par Thomas TANASE, le 29 décembre 2017
Comment le monde orthodoxe est-il lui aussi un des protagonistes de la mondialisation ? À travers cet article, il s’agit de comprendre l’orthodoxie par son universalisme pour ensuite se pencher sur le rôle des Églises orthodoxes dans le retour du religieux. L’auteur montre comment, à l’ère globale, le monde orthodoxe se déterritorialise. Enfin, T. Thanase présente l’orthodoxie en tant qu’acteur dans les conflits de la mondialisation. Ce texte brillant, très solidement documenté, contribue donc à éclairer la mondialisation sous un nouveau jour.
POUR BEAUCOUP, l’orthodoxie est dans le fond une forme de christianisme local, composée d’Églises nationales voire nationalistes. Dans les Balkans elle prendrait une forme quelque peu pittoresque, débouchant souvent sur un esprit de clocher à l’origine de conflits animés. En Russie, elle prendrait le visage de l’alliance avec un impérialisme agressif. Son organisation sur des bases nationales, à la différence par exemple du catholicisme, serait la preuve d’une absence d’universalisme ; elle ne pourrait pas être considérée comme une religion « globale » à l’heure de la mondialisation
Cette vision a pour elle d’être en fait très ancienne. Déjà au Moyen Âge, la papauté se définissait comme universelle par rapport à une chrétienté byzantine caractérisée comme « grecque » et inscrite sur la liste des Églises « orientales » séparées de Rome. L’historiographie contemporaine a souvent repris le thème du « césaropapisme » byzantin, faisant de l’Église orthodoxe une Église soumise au pouvoir politique. L’orientalisme du XIXe siècle a lui aussi laissé son empreinte, l’orthodoxie devenant une sorte d’ailleurs, parfois séduisant, de la Grèce à la Russie, mais toujours autre, différent et immobile à travers les âges.
Enfin, on retrouve avec la crise yougoslave des années 1990 l’idée d’une civilisation orthodoxe trop différente pour pouvoir véritablement mettre en place des démocraties viables, vision prolongée par la peur actuelle d’une Russie dépeinte comme principale menace contre les « valeurs démocratiques et libérales ». Mais il est vrai qu’il s’agit d’un discours souvent repris par les orthodoxes eux-mêmes, qui ne manquent pas de souligner l’ancienneté de leur foi, sa permanence à travers les siècles et de montrer leur méfiance envers le libéralisme occidental.... SUITE
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 1 Avril 2019 à 18:35
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