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" Nous avons traité de nombreux thèmes, surtout les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique. On a traité les différences et les défis du dialogue théologique entre les Églises orthodoxes et l’Église catholique.
On a traité les défis de notre société, surtout la situation de la famille mais aussi beaucoup de défis au niveau culturel. On a approfondi des possibilités pour la collaboration culturelle et éthique entre l’Église orthodoxe russe et l’Église de Rome. On a aussi surtout parlé des problèmes politiques en Ukraine, en Syrie et au Moyen-Orient. "
Cardinal Kurt Koch après sa rencontre avec le patriarche Cyrille à Moscou le 18 décembre 2013
"Je pense que le Pape François a une volonté de dialogue avec l’Église orthodoxe. Il est désolé par ce qui se produit actuellement en Ukraine. Et, naturellement, il faut continuer à le rencontrer, ainsi que les autres dirigeants de l’Église catholique romaine."
On a traité les défis de notre société, surtout la situation de la famille mais aussi beaucoup de défis au niveau culturel. On a approfondi des possibilités pour la collaboration culturelle et éthique entre l’Église orthodoxe russe et l’Église de Rome. On a aussi surtout parlé des problèmes politiques en Ukraine, en Syrie et au Moyen-Orient. "
Cardinal Kurt Koch après sa rencontre avec le patriarche Cyrille à Moscou le 18 décembre 2013
"Je pense que le Pape François a une volonté de dialogue avec l’Église orthodoxe. Il est désolé par ce qui se produit actuellement en Ukraine. Et, naturellement, il faut continuer à le rencontrer, ainsi que les autres dirigeants de l’Église catholique romaine."
Métropolite Hilarion de Volokolamsk
Le 25 octobre 2014, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, qui anime l’émission « L’Église et le monde » (Tserkov’ i mir) sur la chaîne de télévision « Vesti-24 », a reçu le commentateur politique et spécialiste des religions Matfeï Popov. Сet interview fait un pont des relations avec l'Église catholique qui est toujours d'actualité.
Extraits significatifs (sous titres, liens et passages en gras du rédacteur):
Famille et divorce
Le problème de la famille, discuté à l’assemblée du Synode des évêques, se pose avec une acuité particulière à l’Église catholique aujourd’hui. Dans le monde occidental, dans les pays où l’Église catholique a le plus d’influence, nous assistons à des processus législatifs en contradiction radicale avec les représentations de l’Église sur la famille. Il s’agit, évidemment, de la légalisation de différentes formes non traditionnelles de famille, et avant tout des unions homosexuelles.
Par ailleurs, l’Église catholique a de sérieux problèmes avec ceux de ses fidèles qui, par exemple, sont divorcés et veulent se remarier. La doctrine de l’Église catholique n’envisage pas cette possibilité. Des millions de gens qui ont divorcé pour une raison ou pour une autre, non seulement n’ont pas le droit de se remarier, mais ne sont pas non plus admis à la communion.
Ce thème a suscité de vives controverses, car les opinions des évêques présents au Synode se sont avérées très différentes. J’ai cru important de faire partager à nos frères catholiques l’expérience orthodoxe, car nous avons une doctrine du mariage commune. Il ne s’agit pas de doctrine orthodoxe ou catholique, mais de l’enseignement du Christ et des apôtres. Nous insistons sur le fait qu’il n’y doit y avoir qu’un seul mariage, que les époux doivent rester fidèles l’un à l’autre. Mais, en même temps, lorsqu’il s’agit de situations concrètes, nous agissons différemment au niveau pastoral.
Les catholiques me semblent avoir une approche très rigoriste, très juridique. Pour que l’Église reconnaisse la dissolution du mariage, il faut passer par le tribunal ecclésiastique. Et cette reconnaissance n’est possible que dans le cas où l’Église, sur la base d’une enquête, proclame que non seulement ce mariage est annulé, mais qu’il était initialement illégal ou invalide. Seule une très faible proportion de catholiques, pour autant que je sache, est prête à se soumettre à cette procédure.
Nous, orthodoxes, avons une autre idée du mariage. L’idéal, bien entendu, demeure, mais il existe bien des situations différentes dans la pratique. S’il y a eu divorce, nous établissons toujours une différence entre le coupable et l’innocent. Si, par exemple, l’homme bat sa femme et ses enfants, ce mariage constitue une menace pour eux, et le divorce n’est plus seulement une option permise, il devient inévitable. L’Église soutient cette option et donne sa bénédiction à un second mariage pour la partie non coupable.
Unions homosexuelles
Pratiquement personne, à ce que je sais, n’est intervenu pour soutenir les unions homosexuelles, et ceux qui luttaient pour l’assouplissement parlaient principalement des divorces et de la possibilité du remariage pour ceux qui ont divorcé contre leur gré, ainsi que de la possibilité pour ces personnes de s’approcher du Sacrement de communion. Ce thème a, effectivement, mis de sérieuses divergences en évidence.
Quant aux unions homosexuelles, il me semble qu’il n’y avait pas de sérieuses divergences sur ce point, parce que la doctrine de l’Église est suffisamment claire. L’Église ne peut changer ce qui est considéré comme péché du point de vue de la morale chrétienne et décréter qu’il s’agit d’un comportement normal. Par contre, là encore, la pratique pastorale laisse le champ suffisamment libre au pasteur chrétien. Par exemple, dans les « Fondements de la conception sociale », le document officiel adopté par l’Église orthodoxe russe en 2000, nous faisons une différence entre penchants homosexuels et comportement homosexuel. Nous disons que le comportement est un facteur de péché, à la différence des penchants qui ne sont pas peccamineux en soi. Les personnes qui ne se conduisent pas comme il faut sont appelées au repentir. L’Église accepte leur repentir, tout péché peut être pleuré et ces personnes sont pardonnées.
Les gréco-catholiques
Malheureusement, nous sommes confrontés à une situation où il y a d’une part, disons, le Vatican officiel, qui est en dialogue avec nous. Ce dialogue se poursuit à différents niveaux : au niveau théologique, et au niveau de la discussion de problèmes, comme pendant le Synode des évêques.
Mais nous voyons d’autre part que là où les orthodoxes coexistent avec les gréco-catholiques, une énorme tension existe toujours. Cela vient en grande partie de l’engagement politique des gréco-catholiques. Ils défendent une position politique concrète et soutiennent un parti en particulier dans le conflit civil.
Nous ne pouvons l’accepter. L’Église doit rester en dehors de la politique et soutenir les gens indépendamment de leurs orientations politiques. C’est la position que défend l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou. Pendant tous ces mois terribles et tragiques, depuis le mois de janvier, depuis les affrontements au Maïdan, jusqu’aux évènements en Ukraine de l’Est, elle n’a soutenu aucune des parties en présence. Notre Église compte des fidèles des deux côtés des barricades. Nous voudrions que toutes les communautés religieuses d’Ukraine s’en tiennent à cette position, parce qu’elle seule est capable de contribuer à la réconciliation des gens. Toute autre ne fait que verser de l’huile sur le feu, diviser les gens et, par conséquent, empêche l’apaisement de ce dur conflit.
Nous avons un autre reproche à faire aux gréco-catholiques, auquel, il est vrai, le chef de l’Église gréco-catholique a répondu immédiatement après mon intervention. Je suis satisfait de cette réponse. Il s’agit du fait que ces derniers mois les gréco-catholiques ont soutenu les schismatiques qui se sont séparés de l’Église orthodoxe pour fonder leur propre structure indépendante, et luttent maintenant de fait contre l’Église canonique. Le chef de l’Église gréco-catholique a souvent été vu avec le chef du soi-disant « Patriarcat de Kiev », Philarète (Denissenko), qui est excommunié. Ils sont même allés ensemble en Amérique et ont été reçus ensemble dans les bureaux du Département d’état.
De notre point de vue, une association aussi étroite d’une structure catholique officielle, l’Église gréco-catholique, avec une structure schismatique, contredit pour le moins le protocole des relations interchrétiennes qui s’est mis en place au cours des dernières décennies. Nous n’avons pas de relations avec ceux que nos interlocuteurs considèrent comme schismatiques. Le jour même qui a suivi mon intervention, l’archevêque Sviatoslav (Chevtchouk) m’a donné réponse. Il a dit que l’Église gréco-catholique considérait l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou comme la seule structure orthodoxe canonique en Ukraine et que ses rapports avec les schismatiques s’établissaient, disons, au niveau civil et dans le cadre du Conseil des églises d’Ukraine, qui rassemble différentes organisations religieuses ukrainiennes.
Avec le Pape François
Lors de chacune de nos rencontres, nous poursuivons la conversation entamée précédemment. Lorsqu’ai rencontré pour la première fois le Pape François, le lendemain de son intronisation, j’ai été satisfait de de voir en lui un homme compétent. On craignait en effet qu’un homme du « Tiers Monde », d’Amérique du Sud, élu au Saint Siège, ne connaisse pas suffisamment la situation et ne dispose pas des informations nécessaires. En fait, il est parfaitement informé, y compris sur des questions aussi délicates que nos relations avec les gréco-catholiques. Cette impression s’est confirmée cette fois encore.
Nous ne pourrons naturellement résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Mais je pense qu’il faut poursuivre le dialogue avec l’Église catholique romaine, parce que de telles rencontres, d’une part, nous permettent d’énoncer notre position, d’autre part, d’entendre la réponse. Je pense que le Pape François a une volonté de dialogue avec l’Église orthodoxe. Il est désolé par ce qui se produit actuellement en Ukraine. Et, naturellement, il faut continuer à le rencontrer, ainsi que les autres dirigeants de l’Église catholique romaine.
Source: MOSPAT Voir aussi PO
Cardinal Kurt Koch après sa rencontre avec le patriarche Cyrille à Moscou le 18 décembre 2013, Photo
V.Golovanow
Le 25 octobre 2014, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, qui anime l’émission « L’Église et le monde » (Tserkov’ i mir) sur la chaîne de télévision « Vesti-24 », a reçu le commentateur politique et spécialiste des religions Matfeï Popov. Сet interview fait un pont des relations avec l'Église catholique qui est toujours d'actualité.
Extraits significatifs (sous titres, liens et passages en gras du rédacteur):
Famille et divorce
Le problème de la famille, discuté à l’assemblée du Synode des évêques, se pose avec une acuité particulière à l’Église catholique aujourd’hui. Dans le monde occidental, dans les pays où l’Église catholique a le plus d’influence, nous assistons à des processus législatifs en contradiction radicale avec les représentations de l’Église sur la famille. Il s’agit, évidemment, de la légalisation de différentes formes non traditionnelles de famille, et avant tout des unions homosexuelles.
Par ailleurs, l’Église catholique a de sérieux problèmes avec ceux de ses fidèles qui, par exemple, sont divorcés et veulent se remarier. La doctrine de l’Église catholique n’envisage pas cette possibilité. Des millions de gens qui ont divorcé pour une raison ou pour une autre, non seulement n’ont pas le droit de se remarier, mais ne sont pas non plus admis à la communion.
Ce thème a suscité de vives controverses, car les opinions des évêques présents au Synode se sont avérées très différentes. J’ai cru important de faire partager à nos frères catholiques l’expérience orthodoxe, car nous avons une doctrine du mariage commune. Il ne s’agit pas de doctrine orthodoxe ou catholique, mais de l’enseignement du Christ et des apôtres. Nous insistons sur le fait qu’il n’y doit y avoir qu’un seul mariage, que les époux doivent rester fidèles l’un à l’autre. Mais, en même temps, lorsqu’il s’agit de situations concrètes, nous agissons différemment au niveau pastoral.
Les catholiques me semblent avoir une approche très rigoriste, très juridique. Pour que l’Église reconnaisse la dissolution du mariage, il faut passer par le tribunal ecclésiastique. Et cette reconnaissance n’est possible que dans le cas où l’Église, sur la base d’une enquête, proclame que non seulement ce mariage est annulé, mais qu’il était initialement illégal ou invalide. Seule une très faible proportion de catholiques, pour autant que je sache, est prête à se soumettre à cette procédure.
Nous, orthodoxes, avons une autre idée du mariage. L’idéal, bien entendu, demeure, mais il existe bien des situations différentes dans la pratique. S’il y a eu divorce, nous établissons toujours une différence entre le coupable et l’innocent. Si, par exemple, l’homme bat sa femme et ses enfants, ce mariage constitue une menace pour eux, et le divorce n’est plus seulement une option permise, il devient inévitable. L’Église soutient cette option et donne sa bénédiction à un second mariage pour la partie non coupable.
Unions homosexuelles
Pratiquement personne, à ce que je sais, n’est intervenu pour soutenir les unions homosexuelles, et ceux qui luttaient pour l’assouplissement parlaient principalement des divorces et de la possibilité du remariage pour ceux qui ont divorcé contre leur gré, ainsi que de la possibilité pour ces personnes de s’approcher du Sacrement de communion. Ce thème a, effectivement, mis de sérieuses divergences en évidence.
Quant aux unions homosexuelles, il me semble qu’il n’y avait pas de sérieuses divergences sur ce point, parce que la doctrine de l’Église est suffisamment claire. L’Église ne peut changer ce qui est considéré comme péché du point de vue de la morale chrétienne et décréter qu’il s’agit d’un comportement normal. Par contre, là encore, la pratique pastorale laisse le champ suffisamment libre au pasteur chrétien. Par exemple, dans les « Fondements de la conception sociale », le document officiel adopté par l’Église orthodoxe russe en 2000, nous faisons une différence entre penchants homosexuels et comportement homosexuel. Nous disons que le comportement est un facteur de péché, à la différence des penchants qui ne sont pas peccamineux en soi. Les personnes qui ne se conduisent pas comme il faut sont appelées au repentir. L’Église accepte leur repentir, tout péché peut être pleuré et ces personnes sont pardonnées.
Les gréco-catholiques
Malheureusement, nous sommes confrontés à une situation où il y a d’une part, disons, le Vatican officiel, qui est en dialogue avec nous. Ce dialogue se poursuit à différents niveaux : au niveau théologique, et au niveau de la discussion de problèmes, comme pendant le Synode des évêques.
Mais nous voyons d’autre part que là où les orthodoxes coexistent avec les gréco-catholiques, une énorme tension existe toujours. Cela vient en grande partie de l’engagement politique des gréco-catholiques. Ils défendent une position politique concrète et soutiennent un parti en particulier dans le conflit civil.
Nous ne pouvons l’accepter. L’Église doit rester en dehors de la politique et soutenir les gens indépendamment de leurs orientations politiques. C’est la position que défend l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou. Pendant tous ces mois terribles et tragiques, depuis le mois de janvier, depuis les affrontements au Maïdan, jusqu’aux évènements en Ukraine de l’Est, elle n’a soutenu aucune des parties en présence. Notre Église compte des fidèles des deux côtés des barricades. Nous voudrions que toutes les communautés religieuses d’Ukraine s’en tiennent à cette position, parce qu’elle seule est capable de contribuer à la réconciliation des gens. Toute autre ne fait que verser de l’huile sur le feu, diviser les gens et, par conséquent, empêche l’apaisement de ce dur conflit.
Nous avons un autre reproche à faire aux gréco-catholiques, auquel, il est vrai, le chef de l’Église gréco-catholique a répondu immédiatement après mon intervention. Je suis satisfait de cette réponse. Il s’agit du fait que ces derniers mois les gréco-catholiques ont soutenu les schismatiques qui se sont séparés de l’Église orthodoxe pour fonder leur propre structure indépendante, et luttent maintenant de fait contre l’Église canonique. Le chef de l’Église gréco-catholique a souvent été vu avec le chef du soi-disant « Patriarcat de Kiev », Philarète (Denissenko), qui est excommunié. Ils sont même allés ensemble en Amérique et ont été reçus ensemble dans les bureaux du Département d’état.
De notre point de vue, une association aussi étroite d’une structure catholique officielle, l’Église gréco-catholique, avec une structure schismatique, contredit pour le moins le protocole des relations interchrétiennes qui s’est mis en place au cours des dernières décennies. Nous n’avons pas de relations avec ceux que nos interlocuteurs considèrent comme schismatiques. Le jour même qui a suivi mon intervention, l’archevêque Sviatoslav (Chevtchouk) m’a donné réponse. Il a dit que l’Église gréco-catholique considérait l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou comme la seule structure orthodoxe canonique en Ukraine et que ses rapports avec les schismatiques s’établissaient, disons, au niveau civil et dans le cadre du Conseil des églises d’Ukraine, qui rassemble différentes organisations religieuses ukrainiennes.
Avec le Pape François
Lors de chacune de nos rencontres, nous poursuivons la conversation entamée précédemment. Lorsqu’ai rencontré pour la première fois le Pape François, le lendemain de son intronisation, j’ai été satisfait de de voir en lui un homme compétent. On craignait en effet qu’un homme du « Tiers Monde », d’Amérique du Sud, élu au Saint Siège, ne connaisse pas suffisamment la situation et ne dispose pas des informations nécessaires. En fait, il est parfaitement informé, y compris sur des questions aussi délicates que nos relations avec les gréco-catholiques. Cette impression s’est confirmée cette fois encore.
Nous ne pourrons naturellement résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Mais je pense qu’il faut poursuivre le dialogue avec l’Église catholique romaine, parce que de telles rencontres, d’une part, nous permettent d’énoncer notre position, d’autre part, d’entendre la réponse. Je pense que le Pape François a une volonté de dialogue avec l’Église orthodoxe. Il est désolé par ce qui se produit actuellement en Ukraine. Et, naturellement, il faut continuer à le rencontrer, ainsi que les autres dirigeants de l’Église catholique romaine.
Source: MOSPAT Voir aussi PO
Cardinal Kurt Koch après sa rencontre avec le patriarche Cyrille à Moscou le 18 décembre 2013, Photo
V.Golovanow
Rédigé par Vladimir Golovanow le 28 Mai 2015 à 09:26
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