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A la fin de 1929 une terrible épidémie de typhus éclata aux îles Solovki. Sur 18.000 détenus, 5000 mille en furent atteints.
La position de l’Eglise clandestine en fut bien affermie aux Solovki. Les tchékistes du camp s’amusaient beaucoup du désarroi de l’Eglise et de sa souffrance. Lorsque de nouveaux détenus du clergé arrivaient, on les forçait à déclarer s’ils étaient pour ou contre l’Eglise officielle. Et pour ou contre la décision de Mgr Serge Stragorodsky . Avec une joie mauvaise, en les raillant, on leur demandait : « Quelle est votre attitude envers « nôtre » métropolite Serge qui dirige « l’église soviétique » ?
Le clergé de l’Eglise officielle montrait une grande prudence ; celui des catacombes se révélait plus actif. Malgré l’extraordinaire sévérité du régime à Solovki, et ai risque d’être torturé et fusillé, les évêques de l’Eglise secrète (catacombes) : Victor, Hilarion, Nectaire, Maxime, non seulement arrivaient à célébrer des services religieux clandestins, mais purent encore consacrer de nouveaux évêques.
La position de l’Eglise clandestine en fut bien affermie aux Solovki. Les tchékistes du camp s’amusaient beaucoup du désarroi de l’Eglise et de sa souffrance. Lorsque de nouveaux détenus du clergé arrivaient, on les forçait à déclarer s’ils étaient pour ou contre l’Eglise officielle. Et pour ou contre la décision de Mgr Serge Stragorodsky . Avec une joie mauvaise, en les raillant, on leur demandait : « Quelle est votre attitude envers « nôtre » métropolite Serge qui dirige « l’église soviétique » ?
Le clergé de l’Eglise officielle montrait une grande prudence ; celui des catacombes se révélait plus actif. Malgré l’extraordinaire sévérité du régime à Solovki, et ai risque d’être torturé et fusillé, les évêques de l’Eglise secrète (catacombes) : Victor, Hilarion, Nectaire, Maxime, non seulement arrivaient à célébrer des services religieux clandestins, mais purent encore consacrer de nouveaux évêques.
L’Eglise des catacombes possédait plusieurs « églises », dont nos deux préférées la cathédrale de la Sainte Trinité et l’église Saint Nicolas. La cathédrale, située dans la forêt profonde, consistait en une modeste clairière : le ciel en était la coupole, les bouleaux en formaient les murs.
La chapelle Saint Nicolas, au cœur de la forêt, était une sorte d’abri naturel formé par un groupe de grands sapins. C’est là que les offices étaient le plus souvent célébrés. La cathédrale ne servait que pour les grandes fêtes religieuses. Parfois, en prenant doubles précautions, un service religieux avait lieu secrètement ailleurs. C’est ainsi que le Jeudi Saint 1929, jour des douze lectures de l’Evangile, décrivant la Passion du Christ, cette si émouvante cérémonie fut célébrée dans la salle des médecins de la deuxième compagnie. Nos évêques Nicolas et Victor sont venus pour une désinfection, à cause de l’épidémie. On ferma les portes et l’office put s’y dérouler.
L’un des témoins de ces évènements, un médecin, raconte « le matin du Vendredi Saint, nos gardiens donnèrent partout lecture d’un ordre qui nous interdisait, pendant une durée de trois jours, de sortir de nos sections après huit heures du soir, sauf cas exceptionnels et encore avec une permission écrite délivrée par le commandant du camp. A sept heures du soir, ce même vendredi, au moment où nous autres médecins, revenions à nos cellules, après douze heures de travail continu, le père Nicolas vint nous annoncer que l’office de l’enterrement du Christ serait célébré dans une heure. L’artiste R avait réussi à peindre, dans ce but, un Saint Suaire minuscule, grands comme la paume de la main. Monseigneur Maxime demanda où nous allions nous réunir : « dans l’énorme caisse à poissons secs qui se trouve près de la forêt ». « Signal convenu : frapper deux coups, puis trois coups. Il est prudent de venir seul ».
La chapelle Saint Nicolas, au cœur de la forêt, était une sorte d’abri naturel formé par un groupe de grands sapins. C’est là que les offices étaient le plus souvent célébrés. La cathédrale ne servait que pour les grandes fêtes religieuses. Parfois, en prenant doubles précautions, un service religieux avait lieu secrètement ailleurs. C’est ainsi que le Jeudi Saint 1929, jour des douze lectures de l’Evangile, décrivant la Passion du Christ, cette si émouvante cérémonie fut célébrée dans la salle des médecins de la deuxième compagnie. Nos évêques Nicolas et Victor sont venus pour une désinfection, à cause de l’épidémie. On ferma les portes et l’office put s’y dérouler.
L’un des témoins de ces évènements, un médecin, raconte « le matin du Vendredi Saint, nos gardiens donnèrent partout lecture d’un ordre qui nous interdisait, pendant une durée de trois jours, de sortir de nos sections après huit heures du soir, sauf cas exceptionnels et encore avec une permission écrite délivrée par le commandant du camp. A sept heures du soir, ce même vendredi, au moment où nous autres médecins, revenions à nos cellules, après douze heures de travail continu, le père Nicolas vint nous annoncer que l’office de l’enterrement du Christ serait célébré dans une heure. L’artiste R avait réussi à peindre, dans ce but, un Saint Suaire minuscule, grands comme la paume de la main. Monseigneur Maxime demanda où nous allions nous réunir : « dans l’énorme caisse à poissons secs qui se trouve près de la forêt ». « Signal convenu : frapper deux coups, puis trois coups. Il est prudent de venir seul ».
Une demi-heure plus tard, nous nous rendions, Mgr Maxime et moi, à cette « adresse ». Des patrouilles nous arrêtèrent deux fois pour voir notre permission. En tant que médecins nous en avions une, mais comment les autres purent-ils se débrouiller ?
Mgr Victor tenait les livres dans la fabrique de câbles ; Mgr Nectaire était pêcheur, les autres tressaient des filets… Nous voici arrivant à la lisière de la forêt, nous apercevons l’énorme caisse, d’une longueur de plus de huit mètres ; pas de fenêtres bien sûr, une porte presque invisible. Nous frappons comme convenu. Le père Nicolas nous ouvre. Deux de nos évêques sont déjà sur place, un troisième arrive.
L’intérieur de la caisse est transformé en église : des branches de sapin recouvrent le sol et ornent les murs. Quelques cierges brûlent, de petites icônes ont été installées. Le minuscule Saint Suaire posé sur des branches vertes semble s’y perdre. Nous sommes dix en tout… Quatre ou cinq autres arrivent plus tard, dont deux moines.
L’office commence. Les prières sont chuchotées, il nous semble ne plus avoir de corps, mais seulement des oreilles. Rien ne nous distrait, rie ne trouble nos prières…
Comment avons-nous pu rentrer chez nous ? Je ne sais. Le Seigneur nous protégeait. C’est dans la chambre des médecins que se déroulèrent les lumineuses Mâtines pascale, suivies de la Sainte messe. Sous prétexte d’urgences médicales diverses (il y avait une épidémie de typhus, sans permission écrite, nous étions une quinzaine de personnes, réunies un peu avant minuit, pour la grande fête de Pâques.
L’office une fois terminé, et ce fut le banquet pascal.
Grâce à l’amour de nos familles nous avions sur la table « paskha » de fromage blanc et les gâteaux traditionnels, des hors d’œuvre et des œufs. Nous avions même du « vin » fabriqué avec du jus de baies sauvages, de la levure liquide et du sucre. Nous nous séparions vers trois heures du matin.
En décembre 1931 Mgr Maxime fut envoyé à Moscou et fusillé ».
Mgr Victor tenait les livres dans la fabrique de câbles ; Mgr Nectaire était pêcheur, les autres tressaient des filets… Nous voici arrivant à la lisière de la forêt, nous apercevons l’énorme caisse, d’une longueur de plus de huit mètres ; pas de fenêtres bien sûr, une porte presque invisible. Nous frappons comme convenu. Le père Nicolas nous ouvre. Deux de nos évêques sont déjà sur place, un troisième arrive.
L’intérieur de la caisse est transformé en église : des branches de sapin recouvrent le sol et ornent les murs. Quelques cierges brûlent, de petites icônes ont été installées. Le minuscule Saint Suaire posé sur des branches vertes semble s’y perdre. Nous sommes dix en tout… Quatre ou cinq autres arrivent plus tard, dont deux moines.
L’office commence. Les prières sont chuchotées, il nous semble ne plus avoir de corps, mais seulement des oreilles. Rien ne nous distrait, rie ne trouble nos prières…
Comment avons-nous pu rentrer chez nous ? Je ne sais. Le Seigneur nous protégeait. C’est dans la chambre des médecins que se déroulèrent les lumineuses Mâtines pascale, suivies de la Sainte messe. Sous prétexte d’urgences médicales diverses (il y avait une épidémie de typhus, sans permission écrite, nous étions une quinzaine de personnes, réunies un peu avant minuit, pour la grande fête de Pâques.
L’office une fois terminé, et ce fut le banquet pascal.
Grâce à l’amour de nos familles nous avions sur la table « paskha » de fromage blanc et les gâteaux traditionnels, des hors d’œuvre et des œufs. Nous avions même du « vin » fabriqué avec du jus de baies sauvages, de la levure liquide et du sucre. Nous nous séparions vers trois heures du matin.
En décembre 1931 Mgr Maxime fut envoyé à Moscou et fusillé ».
Source Archiprêtre Michel Polsky, « Les nouveaux martyrs de la terre russe », éditions « Résiac », 1976
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L’archipel des Solovki: « C’est devenu un lieu de mémoire sans mémoires… »
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L’archipel des Solovki: « C’est devenu un lieu de mémoire sans mémoires… »
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 10 Juillet 2021 à 16:13
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