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Traduction Elena Lavanant
Lors des célébrations de l’intronisation de Sa Sainteté Cyrille, Patriarche de Moscou et de Toutes le Russies, les journalistes de la revue « Tatyanin Den » ont pu interviewer l’archevêque Léon Makkonen, primat de l’Eglise Orthodoxe Autonome de Finlande
Ce n’est pas tous les jours qu’on voit des dignitaires de ce rang dans les bureaux de la rédaction de « Tatyanin Den », et le plus souvent ils n’y restent qu’une dizaine de minutes. L’archevêque de Carélie et de Toute la Finlande Léon, primat de l’Eglise Orthodoxe Autonome de Finlande, est venu à Moscou la veille de l’intronisation de Cyrille, nouveau Patriarche de Moscou et de Toutes les Russies. Après avoir célébré lesvigiles à l’église la Sainte Tatiana, Monseigneur Léon a accepté de répondre à nos questions.
- Conformément à la Constitution, l’Eglise Orthodoxe Finlandaise est une Eglise officiellement reconnue. Que signifie et que prévoit ce statut ?
Lors des célébrations de l’intronisation de Sa Sainteté Cyrille, Patriarche de Moscou et de Toutes le Russies, les journalistes de la revue « Tatyanin Den » ont pu interviewer l’archevêque Léon Makkonen, primat de l’Eglise Orthodoxe Autonome de Finlande
Ce n’est pas tous les jours qu’on voit des dignitaires de ce rang dans les bureaux de la rédaction de « Tatyanin Den », et le plus souvent ils n’y restent qu’une dizaine de minutes. L’archevêque de Carélie et de Toute la Finlande Léon, primat de l’Eglise Orthodoxe Autonome de Finlande, est venu à Moscou la veille de l’intronisation de Cyrille, nouveau Patriarche de Moscou et de Toutes les Russies. Après avoir célébré lesvigiles à l’église la Sainte Tatiana, Monseigneur Léon a accepté de répondre à nos questions.
- Conformément à la Constitution, l’Eglise Orthodoxe Finlandaise est une Eglise officiellement reconnue. Que signifie et que prévoit ce statut ?
- En tout premier lieu nous avons les mêmes droits que l’Eglise luthérienne, dont le nombre de fidèles est le plus important dans le pays. Nous utilisons le terme « Eglise nationale » plutôt qu’officielle. Ceci étant dit, nous avons des relations directes avec l’Etat. La Finlande est un pays chrétien à 90%, et il me paraît naturel que l’autorité publique soutienne le christianisme. Toutes les séances du Parlement commencent par un office. La Fête de l’Indépendance est également célébrée dans les églises. Il y a également des offices œcuméniques. Puisque la Finlande est un pays chrétien, l’éducation religieuse dans les écoles, luthériennes comme orthodoxes, existe pour tous les élèves à tous les niveaux du programme. On peut faire des études de théologie dans les universités. L’Eglise est présente dans les forces armées, les prisons, partout où c’est nécessaire, dans toutes les administrations publiques.
- Cela veut dire que les deux Eglises, Luthérienne et Orthodoxe, participent à égalité aux cérémonies officielles ?
- Oui, bien sûr, par exemple lors de l’ouverture et de la clôture des sessions du Parlement. Lorsqu’une loi doit être adoptée, le Parlement demande l’avis de l’Eglise, et ses représentants peuvent participer aux débats.
- Est-ce que la rémunération du clergé est à la charge de l’Etat ?
- Oui. L’Eglise luthérienne et l’Eglise orthodoxe reçoivent un financement. Les salaires des membres du clergé sont directement versés par les paroisses. Autrefois c’était l’Etat qui rémunérait les évêques, puis le système a changé et aujourd’hui l’Etat verse des sommes à l’Eglise et nous les répartissons nous-mêmes, selon nos besoins.
- Cela veut dire que les deux Eglises, Luthérienne et Orthodoxe, participent à égalité aux cérémonies officielles ?
- Oui, bien sûr, par exemple lors de l’ouverture et de la clôture des sessions du Parlement. Lorsqu’une loi doit être adoptée, le Parlement demande l’avis de l’Eglise, et ses représentants peuvent participer aux débats.
- Est-ce que la rémunération du clergé est à la charge de l’Etat ?
- Oui. L’Eglise luthérienne et l’Eglise orthodoxe reçoivent un financement. Les salaires des membres du clergé sont directement versés par les paroisses. Autrefois c’était l’Etat qui rémunérait les évêques, puis le système a changé et aujourd’hui l’Etat verse des sommes à l’Eglise et nous les répartissons nous-mêmes, selon nos besoins.
- Est-ce que les cathédrales et leurs terrains appartiennent à l’Eglise ? Elles ne louent rien à l’Etat ?
- Non, tout ceci est la propriété de l’Eglise, mais l’Etat subventionne, bien évidemment, les monuments culturels importants et les grands travaux de réhabilitation ou de restauration.
- On a entendu dire que si les parents ne serait-ce que d’un enfant souhaitent qu’il apprenne le catéchisme à l’école, l’Etat a l’obligation de lui accorder cette possibilité. Est-ce vrai ?
- Oui. Disons que s’il n’y a que trois élèves dans une ville souhaitant recevoir une éducation religieuse, c’est suffisant.
- Et cette matière sera enseignée de la même manière que les autres ? Avec des notes, examens, mentions dans les certificats de fin d’études ?
- Exactement.
- Est-ce que la situation dans l’armée est la même ? Si les soldats le souhaitent, leur unité peut avoir un prêtre orthodoxe ?
- Oui, nous avons des aumôniers dans l’armée.
- Ils sont nombreux ?
- Oui, on peut le dire. Ils sont moins nombreux que les aumôniers luthériens, mais c’est suffisant pour le soutien spirituel des soldats.
- Existe-t-il une répartition territoriale, y a-t-il des régions où les orthodoxes (dont les prêtres) sont plus nombreux, et d’autres où ils sont en minorité ou ne sont pratiquement pas présents ?
- Bien évidemment, puisque la densité de la population est plus importante dans le sud du pays, les centres orthodoxes y sont plus nombreux. Mais aujourd’hui la situation change rapidement grâce à l’afflux d’immigrés de pays traditionnellement orthodoxes, avec différentes langues et cultures. Aujourd’huiles offices religieux sont célébrés dans les églises de notre pays en plus de dix langues : le finnois, le suédois, l’anglais, le slavon, le grec, le roumain, l’estonien, le carélien etc. Et les prêtres des paroisses ne sont toujours pas des Finnois.
- En effet, vous avez une Eglise multiethnique. Vous avez déjà mentionné les facultés de théologie dans des universités. Existe-t-il des écoles supérieures de théologie, des séminaires, des académies ?
- Il y a un établissement d’enseignement supérieur avec une faculté d’orthodoxie, c’est l’Université de Joensuu.
- C’est là que sont formés des diacres et des prêtres ?
- Dans cette ville il y a également un séminaire. Tous ceux qui étudient la théologie ne deviennent pas des prêtres, mais s’ils obtiennent un diplôme de la faculté de théologie et poursuivent leurs études au séminaire, ils sont envoyés dans des paroisses. Cette université forme également des enseignants du catéchisme, des grand-chantres. Les futurs peintres d’icônes sont formés dans notre propre école nationale du Monastère du Nouveau Valamo
- Non, tout ceci est la propriété de l’Eglise, mais l’Etat subventionne, bien évidemment, les monuments culturels importants et les grands travaux de réhabilitation ou de restauration.
- On a entendu dire que si les parents ne serait-ce que d’un enfant souhaitent qu’il apprenne le catéchisme à l’école, l’Etat a l’obligation de lui accorder cette possibilité. Est-ce vrai ?
- Oui. Disons que s’il n’y a que trois élèves dans une ville souhaitant recevoir une éducation religieuse, c’est suffisant.
- Et cette matière sera enseignée de la même manière que les autres ? Avec des notes, examens, mentions dans les certificats de fin d’études ?
- Exactement.
- Est-ce que la situation dans l’armée est la même ? Si les soldats le souhaitent, leur unité peut avoir un prêtre orthodoxe ?
- Oui, nous avons des aumôniers dans l’armée.
- Ils sont nombreux ?
- Oui, on peut le dire. Ils sont moins nombreux que les aumôniers luthériens, mais c’est suffisant pour le soutien spirituel des soldats.
- Existe-t-il une répartition territoriale, y a-t-il des régions où les orthodoxes (dont les prêtres) sont plus nombreux, et d’autres où ils sont en minorité ou ne sont pratiquement pas présents ?
- Bien évidemment, puisque la densité de la population est plus importante dans le sud du pays, les centres orthodoxes y sont plus nombreux. Mais aujourd’hui la situation change rapidement grâce à l’afflux d’immigrés de pays traditionnellement orthodoxes, avec différentes langues et cultures. Aujourd’huiles offices religieux sont célébrés dans les églises de notre pays en plus de dix langues : le finnois, le suédois, l’anglais, le slavon, le grec, le roumain, l’estonien, le carélien etc. Et les prêtres des paroisses ne sont toujours pas des Finnois.
- En effet, vous avez une Eglise multiethnique. Vous avez déjà mentionné les facultés de théologie dans des universités. Existe-t-il des écoles supérieures de théologie, des séminaires, des académies ?
- Il y a un établissement d’enseignement supérieur avec une faculté d’orthodoxie, c’est l’Université de Joensuu.
- C’est là que sont formés des diacres et des prêtres ?
- Dans cette ville il y a également un séminaire. Tous ceux qui étudient la théologie ne deviennent pas des prêtres, mais s’ils obtiennent un diplôme de la faculté de théologie et poursuivent leurs études au séminaire, ils sont envoyés dans des paroisses. Cette université forme également des enseignants du catéchisme, des grand-chantres. Les futurs peintres d’icônes sont formés dans notre propre école nationale du Monastère du Nouveau Valamo
- Existe-il des relations avec des séminaires et académies théologiques russes ?
- Bien sûr, y compris l’échange d’étudiants.
- L’année dernière on a entendu parler de la préparation du programme « Etsivä kirkko » (Eglise qui se cherche) prévoyant des mesures de développement de l’Eglise Orthodoxe de Finlande dans la perspective de l’an 2020...
- Oui, nous nous projetons dans la perspective, nous préparons une stratégie à long terme.
- Quel est son pivot et son principal objectif ?
- En premier lieu c’est la volonté d’aller en avant et de regarder toujours en avant, en planifiant et en prévoyant tout dans la mesure du possible. C’est l’aide dans la construction de l’activité vitale de la paroisse, dans le sens physique (il faut construire beaucoup d’églises, de chapelles), et dans le sens spirituel du terme.
- L’Eglise est désignée comme une institution qui se cherche. Chercherait-elle quelque chose ?
- Cela veut dire que nous nous orientons vers la croissance, l’Eglise veut se développer en permanence.
- Une question personnelle qui intéressera certainement nos étudiants en linguistique : vous êtes également président de la Société de la langue carélienne (Karjalan kielenseura ; l’archevêque Léon est de nationalité carélienne – Note de l’auteur). Quels sont les principaux objectifs de cette société ? Quels sont les grands succès de son activité ?
- L’objectif principal est la propagation et l’enseignement de la langue carélienne vivante. Elle existe sur les terres carélo-finnoises depuis plus de 2000 ans. En ce qui concerne nos succès, il suffit de mentionner l’enseignement de la langue carélienne à l’Université de Joensuu. Nous avons traduit en carélienles Quatre Evangiles et le Psautier, ils ont également été produits en livre audio (lus par Monseigneur Léon lui-même – Note de l’auteur), on prépare la publication du Nouveau Testament en carélien.
- Bien sûr, y compris l’échange d’étudiants.
- L’année dernière on a entendu parler de la préparation du programme « Etsivä kirkko » (Eglise qui se cherche) prévoyant des mesures de développement de l’Eglise Orthodoxe de Finlande dans la perspective de l’an 2020...
- Oui, nous nous projetons dans la perspective, nous préparons une stratégie à long terme.
- Quel est son pivot et son principal objectif ?
- En premier lieu c’est la volonté d’aller en avant et de regarder toujours en avant, en planifiant et en prévoyant tout dans la mesure du possible. C’est l’aide dans la construction de l’activité vitale de la paroisse, dans le sens physique (il faut construire beaucoup d’églises, de chapelles), et dans le sens spirituel du terme.
- L’Eglise est désignée comme une institution qui se cherche. Chercherait-elle quelque chose ?
- Cela veut dire que nous nous orientons vers la croissance, l’Eglise veut se développer en permanence.
- Une question personnelle qui intéressera certainement nos étudiants en linguistique : vous êtes également président de la Société de la langue carélienne (Karjalan kielenseura ; l’archevêque Léon est de nationalité carélienne – Note de l’auteur). Quels sont les principaux objectifs de cette société ? Quels sont les grands succès de son activité ?
- L’objectif principal est la propagation et l’enseignement de la langue carélienne vivante. Elle existe sur les terres carélo-finnoises depuis plus de 2000 ans. En ce qui concerne nos succès, il suffit de mentionner l’enseignement de la langue carélienne à l’Université de Joensuu. Nous avons traduit en carélienles Quatre Evangiles et le Psautier, ils ont également été produits en livre audio (lus par Monseigneur Léon lui-même – Note de l’auteur), on prépare la publication du Nouveau Testament en carélien.
- L’Eglise Orthodoxe de Finlande est connue pour avoir brillamment réussi à mettre en œuvre les principes démocratiques dans son organisation. Quel est le rôle des laïcs ?
- Il est de taille. La moitié des membres de l’Assemblée Ecclésiastique sont des laïcs. Ils participent directement à toute l’activité législative et administrative de l’Eglise. Les questions canoniques restent toutefois de la compétence du Conseil des évêques.
- L’Eglise de Finlande est la seule à fêter Pâques selon le calendrier grégorien. Est-ce que cela a un impact sur vos relations avec d’autres Eglises locales ?
- Dans la pratique il n’y a pratiquement aucun impact. Tout le monde comprend que c’est une question de situation historique qui s’était créée, une question politique ou de calcul astronomique mais cela n’a rien à voir avec le salut de l’âme.
Татьянин день
Финляндия Православный Свято-Троицкий Линтульский женский монастырь
- Il est de taille. La moitié des membres de l’Assemblée Ecclésiastique sont des laïcs. Ils participent directement à toute l’activité législative et administrative de l’Eglise. Les questions canoniques restent toutefois de la compétence du Conseil des évêques.
- L’Eglise de Finlande est la seule à fêter Pâques selon le calendrier grégorien. Est-ce que cela a un impact sur vos relations avec d’autres Eglises locales ?
- Dans la pratique il n’y a pratiquement aucun impact. Tout le monde comprend que c’est une question de situation historique qui s’était créée, une question politique ou de calcul astronomique mais cela n’a rien à voir avec le salut de l’âme.
Татьянин день
Финляндия Православный Свято-Троицкий Линтульский женский монастырь
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Septembre 2013 à 11:00
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