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V.G.
LES DÉCISIONS DU SAINT-SYNODE DU PATRIARCAT DE CONSTANTINOPLE SUR L’UKRAINE RISQUENT DE MENER À UNE CATASTROPHE POUR L’ORTHODOXIE, VOIRE POUR LE MONDE ENTIER.
«La situation actuelle n’a absolument pas de précédent pour tout le monde. C’est une rupture totale avec la tradition et la perception de la vie de l’Église. Les actions de Constantinople porteront un préjudice catastrophique, avant tout pour les orthodoxes d’Ukraine. Quelque chose de terrible va commencer», a déclaré à la chaîne de télévision religieuse russe Spas Alexandre Volkov, porte-parole du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille; et pour le responsable du département Synodal de l'information de l’Église russe Vladimir Legoïda, il s’agit d’une «tentative de saper les bases du système canonique de l’orthodoxie», ces décisions non canoniques vont toucher "de millions de personnes en Ukraine et dans le monde orthodoxe" ajoute-t-il en soulignant que «nous sommes au bord d’événements dramatiques, c’est évident».
LES DÉCISIONS DU SAINT-SYNODE DU PATRIARCAT DE CONSTANTINOPLE SUR L’UKRAINE RISQUENT DE MENER À UNE CATASTROPHE POUR L’ORTHODOXIE, VOIRE POUR LE MONDE ENTIER.
«La situation actuelle n’a absolument pas de précédent pour tout le monde. C’est une rupture totale avec la tradition et la perception de la vie de l’Église. Les actions de Constantinople porteront un préjudice catastrophique, avant tout pour les orthodoxes d’Ukraine. Quelque chose de terrible va commencer», a déclaré à la chaîne de télévision religieuse russe Spas Alexandre Volkov, porte-parole du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille; et pour le responsable du département Synodal de l'information de l’Église russe Vladimir Legoïda, il s’agit d’une «tentative de saper les bases du système canonique de l’orthodoxie», ces décisions non canoniques vont toucher "de millions de personnes en Ukraine et dans le monde orthodoxe" ajoute-t-il en soulignant que «nous sommes au bord d’événements dramatiques, c’est évident».
LES DÉCISIONS CONTROVERSÉES
Dans son communiqué du 12/10/2018 (https://orthodoxie.com/le-patriarcat-de-constantinople-reaffirme-son-droit-a-accorder-lautocephalie-a-leglise-dukraine/), le Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople
1. confirme l’octroi de l'autocéphalie (indépendance canonique) à l’Église ukrainienne;
2. (r)établi une "stavropégie" (juridiction dépendant directement du patriarche) à Kiev,
3. lève les anathèmes prononcés contre les primats de deux Églises non canoniques ukrainiennes: Philarète Denissenko, patriarche autoproclamé de Kiev (KP) anathématisé par l'Église orthodoxe russe en 1997, et Makari Maletich, primat de l'«Église orthodoxe autocéphale ukrainienne» (EOAU) Cf..
4. révoque le tomos de 1686 transférant la juridiction de la métropole de Kiev au patriarcat de Moscou cf.
Constantinople avait précédemment nommé l'archevêque de Pamphylie Daniel (EOAU des États-Unis) et l'évêque d'Edmonton Hilarion (EOAU du Canada) en tant que ses exarques à Kiev «dans le cadre de la préparation de l'octroi de l'autocéphalie à l'Église orthodoxe en Ukraine» (les deux EOAU des USA et du Canada sont des juridictions autonomes au sein du patriarcat de Constantinople qui ont toujours gardé des liens étroits avec l’EOAU schismatique réimplantée en Ukraine après 1991).
RÉACTION FERME À MOSCOU ET KIEV
L’Église orthodoxe russe a de fait déjà rompu ses «relations diplomatiques» avec le Patriarcat de Constantinople après les premières annonces du patriarche de Constantinople Bartholomé, en suspendant toute concélébration avec Constantinople et toute participation à des manifestations inter-orthodoxes présidées par des représentants de ce patriarcat (par exemple les réunions de Assemblée des Évêques Orthodoxes de France, AEOF), ainsi que la commémoraison du patriarche de Constantinople pendant les services religieux. Le Synode constantinopolitain a maintenant «franchi la ligne rouge» pour le porte-parole du Patriarche de Moscou, et ses décisions légitiment un schisme. L’Église orthodoxe d’Ukraine, Église autonome au sein du Patriarcat de Moscou, a aussi menacé de rompre avec le Patriarcat de Constantinople.
RIEN N’EST JOUÉ
J’avais expliqué dans mon article précédent pourquoi la manœuvre de Constantinople était "maligne, anti-canonique, inamicale ... et dangereuse". Les décisions du synode confirment l’analyse avec la reconstitution de la métropole de Kiev sous l’obédience de Constantinople comme avant 1686 en vue de "l’octroi par le patriarche œcuménique de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine." Mais Constantinople ne se montre généralement pas pressé d’accorder une autocéphalie, comme le montrent les exemples historique de l’Église de Bulgarie (dont l’autocéphalie n’a été reconnue qu’en 1946, trois-quarts de siècle après sa proclamation par Sofia...) ou de l’Église de Finlande (elle attend depuis prés de 100 ans!)
Et qui va rejoindre cette juridiction soumise au patriarcat de Constantinople? Le clergé de l’EOAU va probablement y adhérer, eu égard à ses liens avec les EOAU nord-américaines d’où proviennent les deux exarques, mais elle représente guère plus de 6% des paroisses orthodoxes en Ukraine. Le pseudo-patriarche Philarète regroupe environ 27% des paroisses et il a déclaré que "Ceux qui participerons au concile d'unification feront partie de l’Église orthodoxe unifiée; et ceux qui ne voudront pas n’en feront pas partie Mais il n’a pas précisé s’il allait abandonner le couvre-chef patriarcal dont il s’affuble et on ne peut présumer combien de ses fidèles l’abandonneraient pour Constantinople … Quant à l’Église orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Moscou, EOU), qui regroupe plus de 67% des paroisses, l’écrasante majorité de ses membres s’est toujours prononcée contre toute séparation d’avec l’Église russe… La nouvelle "stavropégie" risque d’être réduite!
CONSÉQUENCES DRAMATIQUES POSSIBLES
SCHISME DANS L’ORTHODOXIE : Contrairement à 1996, quand le patriarcat de Moscou s’est retrouvé isolé au sein de l’Orthodoxie lors de sa rupture avec Constantinople qui avait fondé une juridiction parallèle en Estonie ("Église orthodoxe apostolique d'Estonie"), les réactions de plusieurs Églises montrent que Moscou pourrait bien être suivi par plusieurs Églises Orthodoxes, et non des moindres. Il en résulterait donc un véritable schisme, les deux groupes d’Églises n’étant plus en communion entre elles...
Notons aussi que Constantinople semble relativement indifférent à la possibilité d’un schisme intra-orthodoxe : après avoir maintenu le concile de Crête en 2016 malgré l’absence de quatre Église regroupant la majorité des Orthodoxes, sa position sur le remariage des prêtres semble aller à l’encontre des positions des autres Églises.
GUERRE CIVILE EN UKRAINE… ET PLUS? : le président Porochenko a stigmatisé l’EOU à plusieurs reprise, allant jusqu’à parler "d’ennemi de l’intérieur" et les autorité ukrainiennes ont menacé de prendre le contrôle des principaux lieux saints ukrainiens, monastères et cathédrales, qui sont actuellement sous l'obédience de l’EOU (ce type d’exaction s’était produit en 1991-92 et les spoliations de lieux de cultes se sont accélérées après le coup d’état de 2014, touchant plus de 50 églises à mi 2018 Si ces pressions s’accentuaient contre les paroisses récalcitrantes à rejoindre "l’Église orthodoxe ukrainienne unifiée" dont parle le pseudo-patriarche Philarète, il est probable qu’elles rencontreraient l’opposition accrue des fidèles et les séparatistes de l’est ukrainiens pourraient en profiter pour venir à leur aide.
Cela pourrait mener à un embrasement de grande ampleur, comme l’Église russe s’en est alarmée à plusieurs reprises et, dans le pire des cas, on peut craindre une intervention russe, comme en Crimée qui, cette fois, provoquerait celle de voisins occidentaux venus "défendre" une Ukraine qui deviendrait alors une nouvelle Syrie … Ce scénario du pire n’est pas le plus probable actuellement mais doit malheureusement être envisagé comme possible.
On ne peut maintenant qu’espérer une désescalade qui ne semble pouvoir venir que d’une médiatrion des Églises orthodoxes, à commencer par les anciens patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie qui semblent réellement inquiets pour l’avenir de l’Orthodoxie.
Dans son communiqué du 12/10/2018 (https://orthodoxie.com/le-patriarcat-de-constantinople-reaffirme-son-droit-a-accorder-lautocephalie-a-leglise-dukraine/), le Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople
1. confirme l’octroi de l'autocéphalie (indépendance canonique) à l’Église ukrainienne;
2. (r)établi une "stavropégie" (juridiction dépendant directement du patriarche) à Kiev,
3. lève les anathèmes prononcés contre les primats de deux Églises non canoniques ukrainiennes: Philarète Denissenko, patriarche autoproclamé de Kiev (KP) anathématisé par l'Église orthodoxe russe en 1997, et Makari Maletich, primat de l'«Église orthodoxe autocéphale ukrainienne» (EOAU) Cf..
4. révoque le tomos de 1686 transférant la juridiction de la métropole de Kiev au patriarcat de Moscou cf.
Constantinople avait précédemment nommé l'archevêque de Pamphylie Daniel (EOAU des États-Unis) et l'évêque d'Edmonton Hilarion (EOAU du Canada) en tant que ses exarques à Kiev «dans le cadre de la préparation de l'octroi de l'autocéphalie à l'Église orthodoxe en Ukraine» (les deux EOAU des USA et du Canada sont des juridictions autonomes au sein du patriarcat de Constantinople qui ont toujours gardé des liens étroits avec l’EOAU schismatique réimplantée en Ukraine après 1991).
RÉACTION FERME À MOSCOU ET KIEV
L’Église orthodoxe russe a de fait déjà rompu ses «relations diplomatiques» avec le Patriarcat de Constantinople après les premières annonces du patriarche de Constantinople Bartholomé, en suspendant toute concélébration avec Constantinople et toute participation à des manifestations inter-orthodoxes présidées par des représentants de ce patriarcat (par exemple les réunions de Assemblée des Évêques Orthodoxes de France, AEOF), ainsi que la commémoraison du patriarche de Constantinople pendant les services religieux. Le Synode constantinopolitain a maintenant «franchi la ligne rouge» pour le porte-parole du Patriarche de Moscou, et ses décisions légitiment un schisme. L’Église orthodoxe d’Ukraine, Église autonome au sein du Patriarcat de Moscou, a aussi menacé de rompre avec le Patriarcat de Constantinople.
RIEN N’EST JOUÉ
J’avais expliqué dans mon article précédent pourquoi la manœuvre de Constantinople était "maligne, anti-canonique, inamicale ... et dangereuse". Les décisions du synode confirment l’analyse avec la reconstitution de la métropole de Kiev sous l’obédience de Constantinople comme avant 1686 en vue de "l’octroi par le patriarche œcuménique de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine." Mais Constantinople ne se montre généralement pas pressé d’accorder une autocéphalie, comme le montrent les exemples historique de l’Église de Bulgarie (dont l’autocéphalie n’a été reconnue qu’en 1946, trois-quarts de siècle après sa proclamation par Sofia...) ou de l’Église de Finlande (elle attend depuis prés de 100 ans!)
Et qui va rejoindre cette juridiction soumise au patriarcat de Constantinople? Le clergé de l’EOAU va probablement y adhérer, eu égard à ses liens avec les EOAU nord-américaines d’où proviennent les deux exarques, mais elle représente guère plus de 6% des paroisses orthodoxes en Ukraine. Le pseudo-patriarche Philarète regroupe environ 27% des paroisses et il a déclaré que "Ceux qui participerons au concile d'unification feront partie de l’Église orthodoxe unifiée; et ceux qui ne voudront pas n’en feront pas partie Mais il n’a pas précisé s’il allait abandonner le couvre-chef patriarcal dont il s’affuble et on ne peut présumer combien de ses fidèles l’abandonneraient pour Constantinople … Quant à l’Église orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Moscou, EOU), qui regroupe plus de 67% des paroisses, l’écrasante majorité de ses membres s’est toujours prononcée contre toute séparation d’avec l’Église russe… La nouvelle "stavropégie" risque d’être réduite!
CONSÉQUENCES DRAMATIQUES POSSIBLES
SCHISME DANS L’ORTHODOXIE : Contrairement à 1996, quand le patriarcat de Moscou s’est retrouvé isolé au sein de l’Orthodoxie lors de sa rupture avec Constantinople qui avait fondé une juridiction parallèle en Estonie ("Église orthodoxe apostolique d'Estonie"), les réactions de plusieurs Églises montrent que Moscou pourrait bien être suivi par plusieurs Églises Orthodoxes, et non des moindres. Il en résulterait donc un véritable schisme, les deux groupes d’Églises n’étant plus en communion entre elles...
Notons aussi que Constantinople semble relativement indifférent à la possibilité d’un schisme intra-orthodoxe : après avoir maintenu le concile de Crête en 2016 malgré l’absence de quatre Église regroupant la majorité des Orthodoxes, sa position sur le remariage des prêtres semble aller à l’encontre des positions des autres Églises.
GUERRE CIVILE EN UKRAINE… ET PLUS? : le président Porochenko a stigmatisé l’EOU à plusieurs reprise, allant jusqu’à parler "d’ennemi de l’intérieur" et les autorité ukrainiennes ont menacé de prendre le contrôle des principaux lieux saints ukrainiens, monastères et cathédrales, qui sont actuellement sous l'obédience de l’EOU (ce type d’exaction s’était produit en 1991-92 et les spoliations de lieux de cultes se sont accélérées après le coup d’état de 2014, touchant plus de 50 églises à mi 2018 Si ces pressions s’accentuaient contre les paroisses récalcitrantes à rejoindre "l’Église orthodoxe ukrainienne unifiée" dont parle le pseudo-patriarche Philarète, il est probable qu’elles rencontreraient l’opposition accrue des fidèles et les séparatistes de l’est ukrainiens pourraient en profiter pour venir à leur aide.
Cela pourrait mener à un embrasement de grande ampleur, comme l’Église russe s’en est alarmée à plusieurs reprises et, dans le pire des cas, on peut craindre une intervention russe, comme en Crimée qui, cette fois, provoquerait celle de voisins occidentaux venus "défendre" une Ukraine qui deviendrait alors une nouvelle Syrie … Ce scénario du pire n’est pas le plus probable actuellement mais doit malheureusement être envisagé comme possible.
On ne peut maintenant qu’espérer une désescalade qui ne semble pouvoir venir que d’une médiatrion des Églises orthodoxes, à commencer par les anciens patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie qui semblent réellement inquiets pour l’avenir de l’Orthodoxie.
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 12 Octobre 2018 à 12:44
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