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Par Grégoire Fetchorou
En été, nous partions, comme il se doit, à la campagne chez notre grand-mère. Nous habitions, quasiment à l’écart de la civilisation, dans une petite maison en bois et argile. On passait nos soirées à écouter des contes, à la lumière d’une lampe à huile. Quelle richesse révélait alors ce monde plein de mystères et de beauté ! Comme si je vivais dans un autre temps, prenais part à une autre histoire qui donnait accès à l’éternité. Mais à présent, il se fait que, de plus en plus vite, le temps se ratatine.
Le temps s’écoule plus vite, beaucoup plus vite qu’auparavant. Est-ce que vous avez remarqué cela ? Nous n’avons pas le temps pour lire un livre, réfléchir, rencontrer des amis. Il ne nous reste même plus de temps pour les enfants et la compagne rencontrée à la croisée des chemins de notre vie.
Les savants voulurent mesurer cette accélération du temps, de la durée. Bien qu’il ne soit pas aisé de calculer l’unité de mesure de ce qui est. Car il n’existe aucun état ou mouvement dont la perception de l’écoulement du temps serait absent. Et ils conclurent, on ignore par quel calcul, qu’aujourd’hui 24 heures passent aussi vite qu’auparavant 16 heures.
En été, nous partions, comme il se doit, à la campagne chez notre grand-mère. Nous habitions, quasiment à l’écart de la civilisation, dans une petite maison en bois et argile. On passait nos soirées à écouter des contes, à la lumière d’une lampe à huile. Quelle richesse révélait alors ce monde plein de mystères et de beauté ! Comme si je vivais dans un autre temps, prenais part à une autre histoire qui donnait accès à l’éternité. Mais à présent, il se fait que, de plus en plus vite, le temps se ratatine.
Le temps s’écoule plus vite, beaucoup plus vite qu’auparavant. Est-ce que vous avez remarqué cela ? Nous n’avons pas le temps pour lire un livre, réfléchir, rencontrer des amis. Il ne nous reste même plus de temps pour les enfants et la compagne rencontrée à la croisée des chemins de notre vie.
Les savants voulurent mesurer cette accélération du temps, de la durée. Bien qu’il ne soit pas aisé de calculer l’unité de mesure de ce qui est. Car il n’existe aucun état ou mouvement dont la perception de l’écoulement du temps serait absent. Et ils conclurent, on ignore par quel calcul, qu’aujourd’hui 24 heures passent aussi vite qu’auparavant 16 heures.
Ainsi donc nous avons déjà perdu le tiers du temps de notre vie, sinon une moitié du temps pendant lequel nous restons actifs. Et ce ne sont pas uniquement les savants qui le remarquent. Les ascètes qui sont nos contemporains, les pères qui s’exercent à la vertu dans les ermitages de la Montagne sainte, disent la même chose : aujourd’hui, le temps s’écoule bien plus vite qu’auparavant. Il serait injuste de les accuser d’une subjectivité psychologique due aux changements sociaux.
La vitesse de tous les processus a augmenté mais le temps a accéléré sa course : il se produit le contraire à ce à quoi on pourrait s’attendre. Ainsi, en dépit de toute la logique scientifique, les idéologues de la théorie du progrès se montrèrent être de grands menteurs. Le siècle précédent, ne nous persuadaient-ils pas que le progrès scientifique et technologique ferait que les machines se substitueraient au travail des hommes qui auraient ainsi plus de loisirs ? Oui, la machine à laver facilita la vie de la ménagère. Mais aujourd’hui les femmes souffrent encore plus de stress infligé par le manque de temps que lorsqu’on rinçait le linge dans la rivière…
Auparavant les hommes se déplaçaient lentement ; chaque jour de leur vie, d’une manière convenable, ils faisaient tout ce qu’ils devaient faire au cours de la journée qu’on commençait par la prière du matin et finissait par celle du soir. A table, on disait le Notre Père et on ne se mettait jamais au travail sans se signer avec le signe de Sainte Croix. En tout heure et en tout lieu, l’homme trouvait une minute pour dire un mot à Dieu et, comme réponse, recevoir dans son âme la certitude de ne pas être seul. Bien que sa vie ait été pénible avec ses élans et ses chutes, elle lui offrait le sentiment de la plénitude. C’était une existence qui était ressentie dans toute sa plénitude.
Maintenant tout se fait en courant parce qu’en permanence nous nous sentons privés de la joie de l’instant, imparfaits dans ce que nous faisons et ce que nous vivons. Et quand on prie (si quelqu’un en a le zèle), l’esprit n’est pas là. Il se hâte, il s’enlise dans les soucis du quotidien ou de la banalité de notre vie ordinaire. Quand on se met à l’œuvre, l’idée de se signer ne vient même pas à l’esprit parce qu’on pense déjà à tout autre chose. Enfin, la prière ne s’insère pas dans l’ambiance de nos vies. Comme si c’était Dieu qui devrait suivre le monde, l’imiter, et pas le contraire.
Ainsi l’homme reste seul.
Ce n’est pas uniquement parce qu’il ne trouve plus une place pour Dieu dans sa vie, mais il ne se sent plus capable d’être proche des autres : les amis, les frères, l’épouse ou l’époux. Et c’est parce que, dans la course de la vie, chacun de nous a son rythme. Autrement dit, tout le temps pressés on regarde en avant dans l’espoir que viendra un moment où on pourra se calmer. Mais la vie passe encore plus vite. La maladie et la mort arrivent beaucoup plus tôt que ce répit si désiré, plus vite qu’on ne s’y attend, sans nous avoir laissé le temps pour se calmer et revenir à soi, regagner ses pénates.
Mais on peut comprendre cette solitude autrement : la hâte, le rythme extrême et le bruit du monde dans lequel nous vivons ne nous laissent pas entendre les pas timides d’un autre monde dans les sentiers de notre âme. Pourtant, comme l’enfant ou l’amour, l’âme a besoin qu’on lui accorde du temps. Elle a son rythme pour les relations profondes et calmes avec Dieu et d’autres âmes. La femme comprend mieux cela puisqu’elle sent plus fortement.
Le rythme de l’alternance des jours et des années de la société dans laquelle nous vivons nous aliène de la vie de notre propre âme, nous nous accoutumons à cet état : nous oublions encore davantage l’existence même de notre âme. C’est pour cela que les théories évolutionnistes ont tant succès. Autrement dit, nous oublions d’où nous venons, nous oublions le langage du paysage de l’âme où il y a tant de beau et de mystérieux. Inconnus des autres, nous mourrons parmi des étrangers, un grand nombre de chrétiens étant perdus parmi ceux qui se sont éloignés de la foi orthodoxe. Dieu l’a voulu – peut-être, après avoir saisi les choses matérielles comme symbole, l’homme comprendra ce qui se passe au niveau de l’esprit.
Les architectes du paysage de la société contemporaine, les biotechnologues de l’humanité subordonnés au mécanique crurent que l’homme pouvait être usiné comme une pièce puisqu’ il deviendra robot. Tel un ordinateur programmé qui répond rapidement aux commandes du système. Ils se mirent à ce projet et conduisirent l’individu occidental jusqu’à devenir conforme à leur projet. Mais malgré tout, ils ne réussirent pas à changer entièrement la nature humaine. Dans le monde des machines et de l’information, aliénés de leurs propres âmes, les hommes souffrent et n’en comprennent pas la cause. La plupart d’eux ne savent même pas qu’ils ont une âme. Comment donc peuvent-ils les reconnaître et comprendre leurs souffrances ? Ils se ressemblent alors à un malade souffrant de la faiblesse, du vertige, qui se sent courbaturé mais n’est pas capable de dire au docteur d’où vient ce malaise.
La vitesse de tous les processus a augmenté mais le temps a accéléré sa course : il se produit le contraire à ce à quoi on pourrait s’attendre. Ainsi, en dépit de toute la logique scientifique, les idéologues de la théorie du progrès se montrèrent être de grands menteurs. Le siècle précédent, ne nous persuadaient-ils pas que le progrès scientifique et technologique ferait que les machines se substitueraient au travail des hommes qui auraient ainsi plus de loisirs ? Oui, la machine à laver facilita la vie de la ménagère. Mais aujourd’hui les femmes souffrent encore plus de stress infligé par le manque de temps que lorsqu’on rinçait le linge dans la rivière…
Auparavant les hommes se déplaçaient lentement ; chaque jour de leur vie, d’une manière convenable, ils faisaient tout ce qu’ils devaient faire au cours de la journée qu’on commençait par la prière du matin et finissait par celle du soir. A table, on disait le Notre Père et on ne se mettait jamais au travail sans se signer avec le signe de Sainte Croix. En tout heure et en tout lieu, l’homme trouvait une minute pour dire un mot à Dieu et, comme réponse, recevoir dans son âme la certitude de ne pas être seul. Bien que sa vie ait été pénible avec ses élans et ses chutes, elle lui offrait le sentiment de la plénitude. C’était une existence qui était ressentie dans toute sa plénitude.
Maintenant tout se fait en courant parce qu’en permanence nous nous sentons privés de la joie de l’instant, imparfaits dans ce que nous faisons et ce que nous vivons. Et quand on prie (si quelqu’un en a le zèle), l’esprit n’est pas là. Il se hâte, il s’enlise dans les soucis du quotidien ou de la banalité de notre vie ordinaire. Quand on se met à l’œuvre, l’idée de se signer ne vient même pas à l’esprit parce qu’on pense déjà à tout autre chose. Enfin, la prière ne s’insère pas dans l’ambiance de nos vies. Comme si c’était Dieu qui devrait suivre le monde, l’imiter, et pas le contraire.
Ainsi l’homme reste seul.
Ce n’est pas uniquement parce qu’il ne trouve plus une place pour Dieu dans sa vie, mais il ne se sent plus capable d’être proche des autres : les amis, les frères, l’épouse ou l’époux. Et c’est parce que, dans la course de la vie, chacun de nous a son rythme. Autrement dit, tout le temps pressés on regarde en avant dans l’espoir que viendra un moment où on pourra se calmer. Mais la vie passe encore plus vite. La maladie et la mort arrivent beaucoup plus tôt que ce répit si désiré, plus vite qu’on ne s’y attend, sans nous avoir laissé le temps pour se calmer et revenir à soi, regagner ses pénates.
Mais on peut comprendre cette solitude autrement : la hâte, le rythme extrême et le bruit du monde dans lequel nous vivons ne nous laissent pas entendre les pas timides d’un autre monde dans les sentiers de notre âme. Pourtant, comme l’enfant ou l’amour, l’âme a besoin qu’on lui accorde du temps. Elle a son rythme pour les relations profondes et calmes avec Dieu et d’autres âmes. La femme comprend mieux cela puisqu’elle sent plus fortement.
Le rythme de l’alternance des jours et des années de la société dans laquelle nous vivons nous aliène de la vie de notre propre âme, nous nous accoutumons à cet état : nous oublions encore davantage l’existence même de notre âme. C’est pour cela que les théories évolutionnistes ont tant succès. Autrement dit, nous oublions d’où nous venons, nous oublions le langage du paysage de l’âme où il y a tant de beau et de mystérieux. Inconnus des autres, nous mourrons parmi des étrangers, un grand nombre de chrétiens étant perdus parmi ceux qui se sont éloignés de la foi orthodoxe. Dieu l’a voulu – peut-être, après avoir saisi les choses matérielles comme symbole, l’homme comprendra ce qui se passe au niveau de l’esprit.
Les architectes du paysage de la société contemporaine, les biotechnologues de l’humanité subordonnés au mécanique crurent que l’homme pouvait être usiné comme une pièce puisqu’ il deviendra robot. Tel un ordinateur programmé qui répond rapidement aux commandes du système. Ils se mirent à ce projet et conduisirent l’individu occidental jusqu’à devenir conforme à leur projet. Mais malgré tout, ils ne réussirent pas à changer entièrement la nature humaine. Dans le monde des machines et de l’information, aliénés de leurs propres âmes, les hommes souffrent et n’en comprennent pas la cause. La plupart d’eux ne savent même pas qu’ils ont une âme. Comment donc peuvent-ils les reconnaître et comprendre leurs souffrances ? Ils se ressemblent alors à un malade souffrant de la faiblesse, du vertige, qui se sent courbaturé mais n’est pas capable de dire au docteur d’où vient ce malaise.
Eprouvée par la plupart des hommes qui se jettent dans le tourbillon de tous les péchés possibles, cette souffrance est étroitement liée à la fuite douloureuse du temps qui manque de patience avec nous. Parce que le temps ne mesure plus la vie en fonction de Dieu qui est la source du temps et de la vie. Ce temps nous sert d’instrument de mesure de l’aliénation et de l’épuisement de notre vaine course. Plus nous courons, plus nous nous sentons solitaires. Le cercle vicieux est là. Car plus nous sentons la solitude, plus il nous est difficile de supporter la marche douloureuse du temps dont on ne trouve plus le sens et la joie.
Ainsi nous nous précipitons à courir le plus vite possible, nous nous cachons comme dans le sable, dans le travail, les engagements et les soucis, et au moment de repos où on reste seul avec soi-même, tout devient encore plus difficile et nous recommençons dès le début. C’est pour cette raison qu’on inventa la télévision : pour assouvir cette solitude éprouvée par l’homme de nos jours qui ignore Dieu jusqu’à l’oublier. La télévision, les journaux, internet, les sensations, l’érotique et la violence, les sentiments vils, les émotions fortes, tout cela existe pour que nous oublions notre vie, courte et douloureuse. Comme si ce n’était pas notre propre vie que nous vivions.
Je vous prie, arrêtez-vous pour un instant dans cette course futile.
Il faut que nous retrouvions notre temps perdu, le regagnions. Comment ? Etre présents la divine liturgie. Comme toute autre chose créée dans ce monde, le temps de la vie de notre âme se remplit avec la grâce de Dieu, avec le temps de Son Royaume. Osez faire cela et vous verrez comment votre vie va changer.
Je vous en prie, acquérez votre temps à vous confesser patiemment. De sorte que le péché ne soit plus le principal auteur de la réduction du temps de notre vie. Dieu ne nous laisse plus de temps pour que nous n’approfondissions pas les péchés dans lesquels nous vivons. Acquérez votre temps en vous arrêtant plus souvent dans la journée pour dire : Seigneur, ait pitié !
Acquérez votre temps en jetant la télévision dehors sans avoir peur de ce que « diront les voisins, les amis, et les proches ». La télévision est le plus grand chronophage (du grec : « dévoreur du temps ») de toute l’histoire du monde. Chaque jour, elle dévore environ 3,7 heures de la vie humaine. Plus chez les personnes âgées et les enfants, moins chez les adolescents. Il vous semble que la jeter dehors soit impossible ? Mais n’est-il pas plus facile de renoncer à la télévision que de souffrir de la perte du temps de notre vie si précieux, des instants qui partent et ne reviennent plus, du temps dans lequel on est encore sain, encore vivant ? Avez-vous vu un homme qui soit heureux devant sa télévision ? Ou avons-nous oublié et ne voulons pas savoir ce qu’est le bonheur ? Donc nous méritons notre destin…
Il faut de nouveau acquérir le temps. Comme auparavant, nous devons être sensibles aux malheurs et aux douleurs des amis, des proches, des voisins et des gens dans la rue. Et plus sensibles à la voix de notre cœur qui est si affligé et si veuf comme si nous étions morts dans le pays des étrangers et enterrés au milieu de soucis et des plaisirs maudits, privés de Dieu.
Je vous prie, ne faites pas la sourde oreille : nous ne savons pas combien encore Dieu pourra nous tolérer.
PRAVOSLAVIE ru
Traduction Dimitriy G. pour PO
Ainsi nous nous précipitons à courir le plus vite possible, nous nous cachons comme dans le sable, dans le travail, les engagements et les soucis, et au moment de repos où on reste seul avec soi-même, tout devient encore plus difficile et nous recommençons dès le début. C’est pour cette raison qu’on inventa la télévision : pour assouvir cette solitude éprouvée par l’homme de nos jours qui ignore Dieu jusqu’à l’oublier. La télévision, les journaux, internet, les sensations, l’érotique et la violence, les sentiments vils, les émotions fortes, tout cela existe pour que nous oublions notre vie, courte et douloureuse. Comme si ce n’était pas notre propre vie que nous vivions.
Je vous prie, arrêtez-vous pour un instant dans cette course futile.
Il faut que nous retrouvions notre temps perdu, le regagnions. Comment ? Etre présents la divine liturgie. Comme toute autre chose créée dans ce monde, le temps de la vie de notre âme se remplit avec la grâce de Dieu, avec le temps de Son Royaume. Osez faire cela et vous verrez comment votre vie va changer.
Je vous en prie, acquérez votre temps à vous confesser patiemment. De sorte que le péché ne soit plus le principal auteur de la réduction du temps de notre vie. Dieu ne nous laisse plus de temps pour que nous n’approfondissions pas les péchés dans lesquels nous vivons. Acquérez votre temps en vous arrêtant plus souvent dans la journée pour dire : Seigneur, ait pitié !
Acquérez votre temps en jetant la télévision dehors sans avoir peur de ce que « diront les voisins, les amis, et les proches ». La télévision est le plus grand chronophage (du grec : « dévoreur du temps ») de toute l’histoire du monde. Chaque jour, elle dévore environ 3,7 heures de la vie humaine. Plus chez les personnes âgées et les enfants, moins chez les adolescents. Il vous semble que la jeter dehors soit impossible ? Mais n’est-il pas plus facile de renoncer à la télévision que de souffrir de la perte du temps de notre vie si précieux, des instants qui partent et ne reviennent plus, du temps dans lequel on est encore sain, encore vivant ? Avez-vous vu un homme qui soit heureux devant sa télévision ? Ou avons-nous oublié et ne voulons pas savoir ce qu’est le bonheur ? Donc nous méritons notre destin…
Il faut de nouveau acquérir le temps. Comme auparavant, nous devons être sensibles aux malheurs et aux douleurs des amis, des proches, des voisins et des gens dans la rue. Et plus sensibles à la voix de notre cœur qui est si affligé et si veuf comme si nous étions morts dans le pays des étrangers et enterrés au milieu de soucis et des plaisirs maudits, privés de Dieu.
Je vous prie, ne faites pas la sourde oreille : nous ne savons pas combien encore Dieu pourra nous tolérer.
PRAVOSLAVIE ru
Traduction Dimitriy G. pour PO
Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 24 Janvier 2020 à 10:05
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