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Selon un article du quotidien La Croix:
L’écrivain, à la fin de ses jours, poussé par ses disciples, était devenu une sorte de nouveau prophète, apôtre de la charité et de la non-violence, contestant l’enseignement de l’Église
Le 22 février 1901, le saint-synode de l’Église orthodoxe russe annonce l’excommunication de Léon Tolstoï . C’est l’aboutissement d’une évolution de l’écrivain. Dès 1881, il est revenu vers la religion, après avoir longtemps été sous l’influence des idées rationalistes. Il a entrepris de se rendre régulièrement à l’église.
Les dernières pages d’Anna Karénine, son roman paru en 1877, témoignent de cette évolution. Lévine, son personnage, est soudain illuminé de l’intérieur par l’évidence de sa foi nouvelle : « “Est-ce vraiment la foi ?” pensa-t-il, n’osant pas croire à son bonheur. “Mon Dieu, je Te remercie”, murmura-t-il retenant ses sanglots », fait-il dire à son personnage.
Mais Tolstoï le croyant se montre rapidement critique avec le clergé. Il lui reproche de flatter les riches et les puissants, quand le Christ prônait la pauvreté et la charité absolue. Le christianisme de Léon Nikolaïevitch est une recherche de l’abandon de soi dans l’amour de son prochain. L’écrivain veut vivre le message du Christ dans sa vie quotidienne. Il se sépare de ses biens au profit de sa famille, s’habille pauvrement, devient végétarien.
L’écrivain, à la fin de ses jours, poussé par ses disciples, était devenu une sorte de nouveau prophète, apôtre de la charité et de la non-violence, contestant l’enseignement de l’Église
Le 22 février 1901, le saint-synode de l’Église orthodoxe russe annonce l’excommunication de Léon Tolstoï . C’est l’aboutissement d’une évolution de l’écrivain. Dès 1881, il est revenu vers la religion, après avoir longtemps été sous l’influence des idées rationalistes. Il a entrepris de se rendre régulièrement à l’église.
Les dernières pages d’Anna Karénine, son roman paru en 1877, témoignent de cette évolution. Lévine, son personnage, est soudain illuminé de l’intérieur par l’évidence de sa foi nouvelle : « “Est-ce vraiment la foi ?” pensa-t-il, n’osant pas croire à son bonheur. “Mon Dieu, je Te remercie”, murmura-t-il retenant ses sanglots », fait-il dire à son personnage.
Mais Tolstoï le croyant se montre rapidement critique avec le clergé. Il lui reproche de flatter les riches et les puissants, quand le Christ prônait la pauvreté et la charité absolue. Le christianisme de Léon Nikolaïevitch est une recherche de l’abandon de soi dans l’amour de son prochain. L’écrivain veut vivre le message du Christ dans sa vie quotidienne. Il se sépare de ses biens au profit de sa famille, s’habille pauvrement, devient végétarien.
Une correspondance avec Gandhi
Il écrit au tsar pour lui demander de gracier les assassins de son père, victime d’un attentat. Il a une correspondance nourrie avec le jeune Gandhi et lui inspire les principes de l’action non violente. Il étudie la pensée orientale, s’en nourrit, puis se plonge dans l’étude des Évangiles. Pour cela, il apprend les langues anciennes. Il a 66 ans.
Très vite, il en vient à une remise en question de la doctrine orthodoxe. Il ne croit plus en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, ni en la virginité de Marie. Pour ses disciples, peut-être poussé par eux, il devient une sorte de nouveau prophète. Il s’oppose à la liturgie communautaire, mais prône la « prière solitaire qui consiste à renforcer en nous-même la conscience du sens de notre vie et le sentiment que nous devons dépendre de la volonté de Dieu ». L’Église se trouve contrainte de réagir.
Cent ans après sa mort, l’orthodoxie russe reste sur la même position et n’envisage pas de réviser son jugement. « Ce n’est pas possible de le réétudier, nous confirme le prêtre Vsevolod Tchapline, responsable du département Église et société au Patriarcat de Moscou. Léon Tolstoï s’est éloigné de l’Église orthodoxe. Il a lui-même jugé, dans sa réponse à l’Église, que son expulsion était justifiée. Il a créé sa propre interprétation du christianisme, et cette interprétation, de fait, a engendré une nouvelle religion. Dans les années 1990, à Moscou, quelques personnes ont d’ailleurs tenté de créer une “Église de Tolstoï ”, qui a ensuite disparu. Mais cela n’a plus rien à voir avec l’Église orthodoxe. »
Alain Guillemoles, à Moscou (Russie)
Il écrit au tsar pour lui demander de gracier les assassins de son père, victime d’un attentat. Il a une correspondance nourrie avec le jeune Gandhi et lui inspire les principes de l’action non violente. Il étudie la pensée orientale, s’en nourrit, puis se plonge dans l’étude des Évangiles. Pour cela, il apprend les langues anciennes. Il a 66 ans.
Très vite, il en vient à une remise en question de la doctrine orthodoxe. Il ne croit plus en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, ni en la virginité de Marie. Pour ses disciples, peut-être poussé par eux, il devient une sorte de nouveau prophète. Il s’oppose à la liturgie communautaire, mais prône la « prière solitaire qui consiste à renforcer en nous-même la conscience du sens de notre vie et le sentiment que nous devons dépendre de la volonté de Dieu ». L’Église se trouve contrainte de réagir.
Cent ans après sa mort, l’orthodoxie russe reste sur la même position et n’envisage pas de réviser son jugement. « Ce n’est pas possible de le réétudier, nous confirme le prêtre Vsevolod Tchapline, responsable du département Église et société au Patriarcat de Moscou. Léon Tolstoï s’est éloigné de l’Église orthodoxe. Il a lui-même jugé, dans sa réponse à l’Église, que son expulsion était justifiée. Il a créé sa propre interprétation du christianisme, et cette interprétation, de fait, a engendré une nouvelle religion. Dans les années 1990, à Moscou, quelques personnes ont d’ailleurs tenté de créer une “Église de Tolstoï ”, qui a ensuite disparu. Mais cela n’a plus rien à voir avec l’Église orthodoxe. »
Alain Guillemoles, à Moscou (Russie)
Rédigé par L'équipe de rédaction le 28 Août 2009 à 14:35
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