Plateforme libre de discussion
|
V. Golovanow
400-500 000 baptisés orthodoxes aujourd'hui
Comme je l'écrivais dans mon article précédant il est très difficile de dénombrer les Orthodoxes en France car, contrairement à des pays comme l'Allemagne ou les Etats Unis, il n'y a pas de statistiques publiques recensant l’appartenance religieuse (elles sont même interdites…) et, comme les chiffres sont faibles, toujours inférieurs à 1% de la population, il n'est pas possible de se baser sur des sondages. Ainsi, si plus de 2 Français sur 3 (69%) déclarent une appartenance religieuse, les Orthodoxes se retrouvent dans le 1% déclarant "autre religion" pour TNS-SOFRES, "les Français et la religion" (2007) ou les 2% faisant de même pour l’IFOP ("les Français et la croyance religieuse, 2011). Nous devons donc nous contenter de trois "évaluations d'experts" qui, heureusement, donnent des chiffres assez cohérents.
400-500 000 baptisés orthodoxes aujourd'hui
Comme je l'écrivais dans mon article précédant il est très difficile de dénombrer les Orthodoxes en France car, contrairement à des pays comme l'Allemagne ou les Etats Unis, il n'y a pas de statistiques publiques recensant l’appartenance religieuse (elles sont même interdites…) et, comme les chiffres sont faibles, toujours inférieurs à 1% de la population, il n'est pas possible de se baser sur des sondages. Ainsi, si plus de 2 Français sur 3 (69%) déclarent une appartenance religieuse, les Orthodoxes se retrouvent dans le 1% déclarant "autre religion" pour TNS-SOFRES, "les Français et la religion" (2007) ou les 2% faisant de même pour l’IFOP ("les Français et la croyance religieuse, 2011). Nous devons donc nous contenter de trois "évaluations d'experts" qui, heureusement, donnent des chiffres assez cohérents.
En 2005-2006 deux sources donnent la même estimation: "L'on est loin de disposer pour chaque pays de statistiques précises. En France, le nombre d'orthodoxes a peut-être dépassé les 300 000 (estimation très approximatives) avec 150 à 200 paroisses" écrit Christine Chaillot en 2005 (1) et le très officiel "Rapport Michalon" de 2006, auquel participait Monsieur Jean-François COLOSIMO et qui auditionna Monseigneur EMMANUEL en sa qualité de président de l'AEOF, évalue au même nombre les membres de l’Église orthodoxe en France. Nous ne savons pas comment ce chiffre a été élaboré, mais personne ne l'a remis en cause sérieusement et le père Serge Model le reprend comme base dans la conclusion de son étude sur "la mission orthodoxe belge" (cf. ch. VI)
En 2013-2014 "l'Annuaire de l’Église Orthodoxe de France" dû au "labeur considérable du père Samuel" (p. Christophe Levalois ici,) donne une nouvelle évaluation dans l'introduction: "alors qu’à la fin du XIXe siècle, on estimait à 20 000 le nombre d’orthodoxes en France, ce nombre, en 1990, était évalué à 200 000. Aujourd’hui, suite aux récents apports d’une immigration diversifiée, la France compterait de 400 000 à 500 000 baptisés orthodoxes… On compte en France environ 240 paroisses, une bonne vingtaine de communautés monastiques, deux écoles de théologie, des organisations comme la Fraternité Orthodoxe, et de nombreux mouvements de jeunesse." Il ne donne pas de précision sur la méthode qui permet d'avancer ces chiffres mais indique une dynamique qui est expliquée par les "récents apports d’une immigration diversifiée". Si de 200 à 300 000 baptisés orthodoxes sont ainsi arrivés "récemment" (après 1990), cela peut expliquer pourquoi on en comptait moins 5 ans plus tôt.
La question est alors de savoir comment évaluer le nombre de baptisés orthodoxes parmi les nouveaux migrants: le seul moyen est de passer par l'intermédiaire des paroisses, que répertorie justement l'Annuaire. Il faut en effet que ces migrants se manifestent et ils ne le font pas à leur arrivée (sauf des demandeurs d'aides), mais après une stabilisation de leur situation: certains deviennent des paroissiens réguliers ou occasionnels, d'autres apparaissent à l'occasion des baptêmes, mariages et obsèques… Or c'est justement après 2005-2006 que j'ai pu constater une arrivée massive de migrants de Russie dans les paroisses que je connais, en province comme à Paris. Et comme l'Annuaire recense un bon nombre de paroisses supplémentaires (240 contre "150 à 200" pour Christine Chaillot en 2005), partie grâce à un meilleur repérage et partie du fait de l'ouverture de nouvelles paroisses dans les différents diocèses, cela explique son meilleur repérage.
Il semblerait donc que cette fourchette de 400-500 000 baptisés orthodoxes actuellement en France est cohérente avec la situation que nous pouvons observer et le p. Christophe Levalois, par exemple, semble bien s'y rallier (ibid.)
En 2013-2014 "l'Annuaire de l’Église Orthodoxe de France" dû au "labeur considérable du père Samuel" (p. Christophe Levalois ici,) donne une nouvelle évaluation dans l'introduction: "alors qu’à la fin du XIXe siècle, on estimait à 20 000 le nombre d’orthodoxes en France, ce nombre, en 1990, était évalué à 200 000. Aujourd’hui, suite aux récents apports d’une immigration diversifiée, la France compterait de 400 000 à 500 000 baptisés orthodoxes… On compte en France environ 240 paroisses, une bonne vingtaine de communautés monastiques, deux écoles de théologie, des organisations comme la Fraternité Orthodoxe, et de nombreux mouvements de jeunesse." Il ne donne pas de précision sur la méthode qui permet d'avancer ces chiffres mais indique une dynamique qui est expliquée par les "récents apports d’une immigration diversifiée". Si de 200 à 300 000 baptisés orthodoxes sont ainsi arrivés "récemment" (après 1990), cela peut expliquer pourquoi on en comptait moins 5 ans plus tôt.
La question est alors de savoir comment évaluer le nombre de baptisés orthodoxes parmi les nouveaux migrants: le seul moyen est de passer par l'intermédiaire des paroisses, que répertorie justement l'Annuaire. Il faut en effet que ces migrants se manifestent et ils ne le font pas à leur arrivée (sauf des demandeurs d'aides), mais après une stabilisation de leur situation: certains deviennent des paroissiens réguliers ou occasionnels, d'autres apparaissent à l'occasion des baptêmes, mariages et obsèques… Or c'est justement après 2005-2006 que j'ai pu constater une arrivée massive de migrants de Russie dans les paroisses que je connais, en province comme à Paris. Et comme l'Annuaire recense un bon nombre de paroisses supplémentaires (240 contre "150 à 200" pour Christine Chaillot en 2005), partie grâce à un meilleur repérage et partie du fait de l'ouverture de nouvelles paroisses dans les différents diocèses, cela explique son meilleur repérage.
Il semblerait donc que cette fourchette de 400-500 000 baptisés orthodoxes actuellement en France est cohérente avec la situation que nous pouvons observer et le p. Christophe Levalois, par exemple, semble bien s'y rallier (ibid.)
Un siècle d'évolution
Le XXe siècle a donc vu un mouvement en dents de scie:
- Partant de très bas avant 1914, le nombre d'Orthodoxes a cru fortement après la première guerre du fait de l'arrivée massive de réfugiés, principalement russes et grecs, baptisés pratiquement à 100%.
- L'après guerre a vu un reflux de l'ordre de 20%
- La fin des années 1990 et le début du XXI-e siècle son marqués par un retournement de cette tendance comme analysé plus haut.
Ces fluctuations sont essentiellement liées aux flux migratoires car le faible nombre de conversions ne change pas encore le niveau des évaluations.
Avant la guerre: Il y avait donc très peu d'Orthodoxes en France avant 1914 (les 20 000 mentionnés ci-dessus font consensus: cf. le bref résume du p. Christophe Levalois ibid.) et ce sont les vagues d'immigration des Russes Blancs et des Grecs d'Asie Mineure qui vont changer la donne. On estime qu’environ 200 000 réfugiés russes se sont établis en France (le père Christophe Levalois est d'accord sur ce chiffre avec l'historien spécialiste de l'émigration russe Nicolas Ross) auxquels il faut ajouter les Grecs (19 131 Grecs en 1931 d'après Kanonindis D., Mémoire de maitrise Paris-Sorbonne, 1992, 30-41, cité ici) et d'autres réfugiés orthodoxes de l'empire russe, Ukrainiens, Géorgiens… , dont parle en particulier N. Ross (ibid.) mais pour lesquels on ne dispose d'aucun chiffre... Ces réfugiés étaient tous baptisées orthodoxe (il n'y avait pas d'autre état civil dans ces pays) et on peut donc raisonnablement estimer le nombre d'orthodoxes en France avant la dernière guerre à 220-250 000. Pour assurer le service pastoral il y avait 70 paroisses issues de l'Eglise russe (2) et 9-10 paroisses grecques (ibid. ici). Toutes dépendaient alors de Constantinople (3)…
Le reflux de 1945-1990 est du à la conjonction de deux phénomènes: l'inversion du solde migratoire et la sécularisation générale de la société.
- Nous n'avons pas de chiffres concernant les migrations des Orthodoxes durant cette période, mais il est clair qu'il n'y a pas eu d'apports; les arrivées après la guerre (DP essentiellement) ont été plus que compensées par les départs vers les Amériques (émigrations économique de Grecs ou de Russes, y compris de grands nom de la théologie comme les pères Schmemann et Mayendorf, émigration politique comme le général Denikine ou les personnes compromises pendant l'occupation), voire "retour" en URSS pour quelques-uns.
- Le phénomène de sécularisation générale est bien connu: par exemple, 90 % des Français se disaient encore catholiques en 1952; en 1981 le pourcentage tombe à 70% (- 22%) et il n’est plus que de 42% en 2008 … (4).
En évaluant le nombre de baptisés orthodoxe à 200 000 en 1990 comme indiqué plus haut le père Samuel enregistre donc un faible reflux (-20%), clairement inférieur à celui des Catholiques. Nous n'avons malheureusement aucune possibilité d'affiner ce chiffre par manque de données fiables, mais il y a tout lieu de penser que cela correspond assez bien à la réalité.
Bien peu de "conversions" : "L'histoire des communautés orthodoxes «occidentales», fondées dans différents pays d’Europe par des «convertis» à l’orthodoxie, célébrant dans les langues européennes locales (anglais, français, etc.) et fonctionnant dans un « style» quelque peu distinct de la manière orthodoxe traditionnelle, est encore peu étudiée" écrit le père Serge Model et de fait son article sur "la mission orthodoxe belge (1963-1987)" (ibid.) est la seule étude disponible sur ce thème. Particulièrement détaillé, l'article explique le peu de succès du prosélytisme orthodoxe en Europe Occidental: il parle de " faible « résultat »" et estime qu'il y a en France "trois mille « convertis » environ", chiffre tout à fait comparable aux pays voisins.
Il n'y a pas de source fiable donnant aucun autre chiffre et celui-ci apparait tout à fait plausible: cela ferait 12-13 "convertis" par paroisse en moyenne, avec une visibilité clairement plus importante que pour les "baptisés traditionnels" (5): quasiment tous les "convertis" sont pratiquants et ils sont très souvent actifs dans leur paroisse, alors que seule une minorité des "baptisés traditionnels" pratique régulièrement, que ce soit parmi les descendants des anciennes émigrations ou les nouveaux migrants.
Le XXe siècle a donc vu un mouvement en dents de scie:
- Partant de très bas avant 1914, le nombre d'Orthodoxes a cru fortement après la première guerre du fait de l'arrivée massive de réfugiés, principalement russes et grecs, baptisés pratiquement à 100%.
- L'après guerre a vu un reflux de l'ordre de 20%
- La fin des années 1990 et le début du XXI-e siècle son marqués par un retournement de cette tendance comme analysé plus haut.
Ces fluctuations sont essentiellement liées aux flux migratoires car le faible nombre de conversions ne change pas encore le niveau des évaluations.
Avant la guerre: Il y avait donc très peu d'Orthodoxes en France avant 1914 (les 20 000 mentionnés ci-dessus font consensus: cf. le bref résume du p. Christophe Levalois ibid.) et ce sont les vagues d'immigration des Russes Blancs et des Grecs d'Asie Mineure qui vont changer la donne. On estime qu’environ 200 000 réfugiés russes se sont établis en France (le père Christophe Levalois est d'accord sur ce chiffre avec l'historien spécialiste de l'émigration russe Nicolas Ross) auxquels il faut ajouter les Grecs (19 131 Grecs en 1931 d'après Kanonindis D., Mémoire de maitrise Paris-Sorbonne, 1992, 30-41, cité ici) et d'autres réfugiés orthodoxes de l'empire russe, Ukrainiens, Géorgiens… , dont parle en particulier N. Ross (ibid.) mais pour lesquels on ne dispose d'aucun chiffre... Ces réfugiés étaient tous baptisées orthodoxe (il n'y avait pas d'autre état civil dans ces pays) et on peut donc raisonnablement estimer le nombre d'orthodoxes en France avant la dernière guerre à 220-250 000. Pour assurer le service pastoral il y avait 70 paroisses issues de l'Eglise russe (2) et 9-10 paroisses grecques (ibid. ici). Toutes dépendaient alors de Constantinople (3)…
Le reflux de 1945-1990 est du à la conjonction de deux phénomènes: l'inversion du solde migratoire et la sécularisation générale de la société.
- Nous n'avons pas de chiffres concernant les migrations des Orthodoxes durant cette période, mais il est clair qu'il n'y a pas eu d'apports; les arrivées après la guerre (DP essentiellement) ont été plus que compensées par les départs vers les Amériques (émigrations économique de Grecs ou de Russes, y compris de grands nom de la théologie comme les pères Schmemann et Mayendorf, émigration politique comme le général Denikine ou les personnes compromises pendant l'occupation), voire "retour" en URSS pour quelques-uns.
- Le phénomène de sécularisation générale est bien connu: par exemple, 90 % des Français se disaient encore catholiques en 1952; en 1981 le pourcentage tombe à 70% (- 22%) et il n’est plus que de 42% en 2008 … (4).
En évaluant le nombre de baptisés orthodoxe à 200 000 en 1990 comme indiqué plus haut le père Samuel enregistre donc un faible reflux (-20%), clairement inférieur à celui des Catholiques. Nous n'avons malheureusement aucune possibilité d'affiner ce chiffre par manque de données fiables, mais il y a tout lieu de penser que cela correspond assez bien à la réalité.
Bien peu de "conversions" : "L'histoire des communautés orthodoxes «occidentales», fondées dans différents pays d’Europe par des «convertis» à l’orthodoxie, célébrant dans les langues européennes locales (anglais, français, etc.) et fonctionnant dans un « style» quelque peu distinct de la manière orthodoxe traditionnelle, est encore peu étudiée" écrit le père Serge Model et de fait son article sur "la mission orthodoxe belge (1963-1987)" (ibid.) est la seule étude disponible sur ce thème. Particulièrement détaillé, l'article explique le peu de succès du prosélytisme orthodoxe en Europe Occidental: il parle de " faible « résultat »" et estime qu'il y a en France "trois mille « convertis » environ", chiffre tout à fait comparable aux pays voisins.
Il n'y a pas de source fiable donnant aucun autre chiffre et celui-ci apparait tout à fait plausible: cela ferait 12-13 "convertis" par paroisse en moyenne, avec une visibilité clairement plus importante que pour les "baptisés traditionnels" (5): quasiment tous les "convertis" sont pratiquants et ils sont très souvent actifs dans leur paroisse, alors que seule une minorité des "baptisés traditionnels" pratique régulièrement, que ce soit parmi les descendants des anciennes émigrations ou les nouveaux migrants.
Quel avenir?
La tendance à l'accroissement, ou tout au moins stabilisation au niveau atteint actuellement, semblent devoir se prolonger du fait du maintien des flux migratoires et d'une accélération probable des conversions:
- Ces flux migratoires résultent de la mondialisation qui apparait comme une nouvelle phase de l'organisation socio-économique du monde (cf. Robert Boyer, Théodore Levitt, etc.). Catherine Wihtol de Wenden (CNRS-CERI), spécialiste des migrations internationales, écrit "La mondialisation contribue à installer durablement dans la mobilité des populations de plus en plus variées, tournées vers un mieux être qui n’est plus seulement économique mais aussi social, politique, religieux, culturel. Une économie liée au voyage anticipe cette mobilité, comme ces paysans roumains qui partent « faire une saison » dans les grandes capitales". Et nous voyons de nouvelles paroisses "nationales" s'ouvrir pour l'Eglise russe (Montpellier, Anneci), Georgienne (Villeneuve-Saint-Georges, Lyon), voire pour les Moldaves (Paris), etc. Notons que l'impact des nouvelles migrations est encore plus important chez nos voisins qu'en France: "ainsi, en Italie, en raison de l’importance numérique des communautés roumaines, ukrainiennes et moldaves, l’orthodoxie est devenue la deuxième confession religieuse du pays devant l’islam" écrit le p. Christophe Levalois (ibid.); et nous voyons aussi plusieurs paroisses orthodoxes fondées en Espagne et Portugal, voire en Belgique, sans parler de l'Allemagne qui est largement en tête de l'Orthodoxie en Europe occidentale (plus de 1 million pour l'étude Pew qui peut là se fonder sur des chiffres officiels.)
Ces nouveaux migrants ont apporté un sang neuf à l'Orthodoxie française, plus traditionnel et moins "occidental", comme le montrent par exemple les pèlerinages vers les reliques de France que les Français avaient rangées dans des musées … ou des tiroirs.
- Le père Samuel écrit que "le nombre de communautés utilisant le français dans la liturgie et la catéchèse est en croissance continue. C’est en 1927 à Paris, que fut créée la première paroisse de langue française : la paroisse de la Transfiguration et de Sainte Geneviève, confiée au père Lev Gillet. D’autres communautés suivirent, très minoritaires pendant longtemps. Depuis les années 1970, de nouvelles paroisses francophones ont vu le jour, non seulement à Paris, mais sur l’ensemble du territoire. Elles sont devenues majoritaires aujourd’hui, répondant aux besoins pastoraux de fidèles français, mais aussi des enfants et petits-enfants d’immigrés, de plus en plus intégrés à la société française." Ces "fidèles français" sont bien entendu les "convertis" du père Serge Model qui n'a pas pris en compte cette accélération du mouvement que nous pouvons aussi constater, surtout ces dernières années.
Et l'Orthodoxie rencontre une grande ouverture des Catholiques rendue possible dès le virage de Vatican II mais dont nous prenons maintenant la mesure: ils prêtent aux Orthodoxes leurs églises, adoptent leurs icônes et sont demandeurs de contacts et d'actions unitaires; cela accélère aussi cette "quête des racines" dont parle le père Gabriel Bunge et favorise les conversions que nous constatons.
Les défis de cette double orientation se posent devant toutes les juridictions:
- Elles doivent accueillir les nouveaux migrants, souvent peu pratiquants voire peu informés de l'Orthodoxie, qui attendent une Eglise orthodoxe proche de leur culture et gardant un lien étroit avec leur patrie. Vu leur nombre, ils sont la cible prioritaire et doivent le demeurer.
- Elles doivent aussi s'ouvrir et rester ouvertes à ces " fidèles français"( qui comprennent aussi des enfants et petits-enfants d’immigrés), dont les attentes sont plus orientées vers "la poursuite de l’enracinement local et de la coopération entre les différentes paroisses et diocèses, le dialogue avec les autres confessions chrétiennes et les différentes traditions religieuses, mais aussi avec l’ensemble de la société" (p. Christophe Levalois, ibid.)
"Cette évolution de la situation suscite de nouveaux défis : l’encadrement pastoral, la formation de nouvelles paroisses, l’adaptation des paroisses existantes à une nouvelle donne sociologique par ailleurs très diversifiée, les questions caritatives et plus simplement d’assistance liées à une intégration dans le pays, parfois compliquée, en sachant que la plupart des clercs et des fidèles actifs dans les paroisses orthodoxes sont des bénévoles. D’autres questions se posent, comme celle de la langue, mais aussi des relations entre les paroisses dont les membres ont des origines géographiques et culturelles différentes" écrit encore très justement le père Christophe (ibid.)
En conclusion: l'Orthodoxie en France a franchi une étape et subi une mutation.
Elle a plus que doublé en nombre de baptisés et triplé en nombre de paroisses depuis cinquante ans et elle est passée d'une culture d'émigrés vouée à l'extinction à une religion reconnue, visible, et répondant aux défis et mutations de la société française. Avec l'aide de Dieu elle sera le ferment du retour de la société française à ses racines chrétiennes dont parle le père Gabriel (ibid.)
Note:
(1) Christine Chaillot (dir) "Histoire de l'Eglise orthodoxe en Europe occidentale au 20e siècle." Éd. Dialogue entre orthodoxes, Paris, 2005)
(2) "Selon les sources de l’Administration diocésaine datant des années 1928-1938, le métropolite Euloge gérait alors plus de 110 paroisses ou communautés …en passant par la France (plus de 70 paroisses)." Source http://www.exarchat.org/spip.php?article89
(3) Mgr Euloge avait rejoint le patriarcat de Constantinople "provisoirement" en 1931. Cf. http://www.exarchat.org/spip.php?article857
(4) Guy Michelat et Michel Simon, Classe, religion et comportement politique, Paris, PFNSP, 1977, cité par www.ufjf.br/ppcir/files/2012/10/conf-3.pdf
(5) Par opposition aux "convertis" dont parle le père Serge, j'appelle "baptisés traditionnels" les Orthodoxes qui proviennent de familles de tradition orthodoxe.
La tendance à l'accroissement, ou tout au moins stabilisation au niveau atteint actuellement, semblent devoir se prolonger du fait du maintien des flux migratoires et d'une accélération probable des conversions:
- Ces flux migratoires résultent de la mondialisation qui apparait comme une nouvelle phase de l'organisation socio-économique du monde (cf. Robert Boyer, Théodore Levitt, etc.). Catherine Wihtol de Wenden (CNRS-CERI), spécialiste des migrations internationales, écrit "La mondialisation contribue à installer durablement dans la mobilité des populations de plus en plus variées, tournées vers un mieux être qui n’est plus seulement économique mais aussi social, politique, religieux, culturel. Une économie liée au voyage anticipe cette mobilité, comme ces paysans roumains qui partent « faire une saison » dans les grandes capitales". Et nous voyons de nouvelles paroisses "nationales" s'ouvrir pour l'Eglise russe (Montpellier, Anneci), Georgienne (Villeneuve-Saint-Georges, Lyon), voire pour les Moldaves (Paris), etc. Notons que l'impact des nouvelles migrations est encore plus important chez nos voisins qu'en France: "ainsi, en Italie, en raison de l’importance numérique des communautés roumaines, ukrainiennes et moldaves, l’orthodoxie est devenue la deuxième confession religieuse du pays devant l’islam" écrit le p. Christophe Levalois (ibid.); et nous voyons aussi plusieurs paroisses orthodoxes fondées en Espagne et Portugal, voire en Belgique, sans parler de l'Allemagne qui est largement en tête de l'Orthodoxie en Europe occidentale (plus de 1 million pour l'étude Pew qui peut là se fonder sur des chiffres officiels.)
Ces nouveaux migrants ont apporté un sang neuf à l'Orthodoxie française, plus traditionnel et moins "occidental", comme le montrent par exemple les pèlerinages vers les reliques de France que les Français avaient rangées dans des musées … ou des tiroirs.
- Le père Samuel écrit que "le nombre de communautés utilisant le français dans la liturgie et la catéchèse est en croissance continue. C’est en 1927 à Paris, que fut créée la première paroisse de langue française : la paroisse de la Transfiguration et de Sainte Geneviève, confiée au père Lev Gillet. D’autres communautés suivirent, très minoritaires pendant longtemps. Depuis les années 1970, de nouvelles paroisses francophones ont vu le jour, non seulement à Paris, mais sur l’ensemble du territoire. Elles sont devenues majoritaires aujourd’hui, répondant aux besoins pastoraux de fidèles français, mais aussi des enfants et petits-enfants d’immigrés, de plus en plus intégrés à la société française." Ces "fidèles français" sont bien entendu les "convertis" du père Serge Model qui n'a pas pris en compte cette accélération du mouvement que nous pouvons aussi constater, surtout ces dernières années.
Et l'Orthodoxie rencontre une grande ouverture des Catholiques rendue possible dès le virage de Vatican II mais dont nous prenons maintenant la mesure: ils prêtent aux Orthodoxes leurs églises, adoptent leurs icônes et sont demandeurs de contacts et d'actions unitaires; cela accélère aussi cette "quête des racines" dont parle le père Gabriel Bunge et favorise les conversions que nous constatons.
Les défis de cette double orientation se posent devant toutes les juridictions:
- Elles doivent accueillir les nouveaux migrants, souvent peu pratiquants voire peu informés de l'Orthodoxie, qui attendent une Eglise orthodoxe proche de leur culture et gardant un lien étroit avec leur patrie. Vu leur nombre, ils sont la cible prioritaire et doivent le demeurer.
- Elles doivent aussi s'ouvrir et rester ouvertes à ces " fidèles français"( qui comprennent aussi des enfants et petits-enfants d’immigrés), dont les attentes sont plus orientées vers "la poursuite de l’enracinement local et de la coopération entre les différentes paroisses et diocèses, le dialogue avec les autres confessions chrétiennes et les différentes traditions religieuses, mais aussi avec l’ensemble de la société" (p. Christophe Levalois, ibid.)
"Cette évolution de la situation suscite de nouveaux défis : l’encadrement pastoral, la formation de nouvelles paroisses, l’adaptation des paroisses existantes à une nouvelle donne sociologique par ailleurs très diversifiée, les questions caritatives et plus simplement d’assistance liées à une intégration dans le pays, parfois compliquée, en sachant que la plupart des clercs et des fidèles actifs dans les paroisses orthodoxes sont des bénévoles. D’autres questions se posent, comme celle de la langue, mais aussi des relations entre les paroisses dont les membres ont des origines géographiques et culturelles différentes" écrit encore très justement le père Christophe (ibid.)
En conclusion: l'Orthodoxie en France a franchi une étape et subi une mutation.
Elle a plus que doublé en nombre de baptisés et triplé en nombre de paroisses depuis cinquante ans et elle est passée d'une culture d'émigrés vouée à l'extinction à une religion reconnue, visible, et répondant aux défis et mutations de la société française. Avec l'aide de Dieu elle sera le ferment du retour de la société française à ses racines chrétiennes dont parle le père Gabriel (ibid.)
Note:
(1) Christine Chaillot (dir) "Histoire de l'Eglise orthodoxe en Europe occidentale au 20e siècle." Éd. Dialogue entre orthodoxes, Paris, 2005)
(2) "Selon les sources de l’Administration diocésaine datant des années 1928-1938, le métropolite Euloge gérait alors plus de 110 paroisses ou communautés …en passant par la France (plus de 70 paroisses)." Source http://www.exarchat.org/spip.php?article89
(3) Mgr Euloge avait rejoint le patriarcat de Constantinople "provisoirement" en 1931. Cf. http://www.exarchat.org/spip.php?article857
(4) Guy Michelat et Michel Simon, Classe, religion et comportement politique, Paris, PFNSP, 1977, cité par www.ufjf.br/ppcir/files/2012/10/conf-3.pdf
(5) Par opposition aux "convertis" dont parle le père Serge, j'appelle "baptisés traditionnels" les Orthodoxes qui proviennent de familles de tradition orthodoxe.
Rédigé par Vladimir Golovanow le 14 Août 2014 à 22:03
|
38 commentaires
|
Permalien
Derniers commentaires
-
Surprenantes fresques dans un monastère en Serbie
19/09/2024 13:35 - Patrick -
"Il n'y a aucune excuse pour ceux qui déclenchent des guerres", - Mgr Onuphre, Primat de l'Eglise d’Ukraine, PM
14/04/2023 05:58 - Gilles -
Le père George Egorov, sa visite pastorale à la Légion étrangère
12/12/2022 12:55 - Baron André -
OSCE demande à Russie ce cesser la destruction d'églises en Ukraine
10/05/2022 03:22 - pere jean -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 19:15 - Hai Lin -
Deux hiérarques russes s’expriment à titre personnel à propos de la guerre et de la paix, de la situation en Russie
14/04/2022 10:39 - Marie Genko -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 10:26 - Marie Genko -
Le Parlement Européen a condamné le patriarche Cyrille et a félicité le clergé orthodoxe qui s'est opposé à la guerre en Ukraine
13/04/2022 21:21 - Gilles -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 23:05 - Théophile -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 22:00 - Nadejda na Mir
Liens francophones