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B. Kolymagine
Traduction E.Tastevin
Le Patriarche Cyrille ainsi que son prédécesseur, le défunt Patriarche Alexis II, aime voyager. Il a dû voir la moitié du monde. Cependant, le chemin en Abkhazie, contrée riche en monuments religieux, lui est interdit. Envoyer son représentant plénipotentiaire est tout ce que le primat de l’EOR peut se permettre pour ne pas rompre la paix canonique. L’archimandrite du grand habit Elie (Nozdrin), le père spirituel du Patriarche, a été un tel ambassadeur. Mais sa visite a suscité le mécontentement de l’Eglise géorgienne.
Depuis longtemps l’Abkhazie est considérée comme un territoire canonique du Patriarcat de Géorgie. Bien que de rares églises du pays (une vingtaine au total) mentionnent le patriarche Cyrille au cours des offices, Moscou ne peut pas établir sa juridiction dans cette république.
Le père spirituel du patriarche est allé en Abkhazie la veille de 20ème anniversaire de l’indépendance et représentait formellement le clergé pendant les festivités. Il a officié dans l’ancienne cathédrale Saint Georges à Ilori ainsi que dans les monastères de Drandi et de Kamani, enfin, le 30 septembre, jour de la fête, dans la cathédrale de Soukhoumi.
Traduction E.Tastevin
Le Patriarche Cyrille ainsi que son prédécesseur, le défunt Patriarche Alexis II, aime voyager. Il a dû voir la moitié du monde. Cependant, le chemin en Abkhazie, contrée riche en monuments religieux, lui est interdit. Envoyer son représentant plénipotentiaire est tout ce que le primat de l’EOR peut se permettre pour ne pas rompre la paix canonique. L’archimandrite du grand habit Elie (Nozdrin), le père spirituel du Patriarche, a été un tel ambassadeur. Mais sa visite a suscité le mécontentement de l’Eglise géorgienne.
Depuis longtemps l’Abkhazie est considérée comme un territoire canonique du Patriarcat de Géorgie. Bien que de rares églises du pays (une vingtaine au total) mentionnent le patriarche Cyrille au cours des offices, Moscou ne peut pas établir sa juridiction dans cette république.
Le père spirituel du patriarche est allé en Abkhazie la veille de 20ème anniversaire de l’indépendance et représentait formellement le clergé pendant les festivités. Il a officié dans l’ancienne cathédrale Saint Georges à Ilori ainsi que dans les monastères de Drandi et de Kamani, enfin, le 30 septembre, jour de la fête, dans la cathédrale de Soukhoumi.
Ce n’est pas le fait que l’archimandrite a officié qui a suscité le mécontentement de la Géorgie.
Après tout, ces deux dernières décennies beaucoup de clergé haut placé de l’EOR (Patriarcat de Moscou) s’est rendu en Abkhazie et cela n’a pas porté préjudice aux relations des églises russe et géorgienne. Le Synode de l’Eglise géorgienne a été indigné par la participation du père spirituel du Patriarche dans la consécration de chantiers de nouvelles églises dans des bases militaires russes en Abkhazie. Le Synode a considéré la participation de l’archimandrite dans la pose de la première pierre de la cathédrale consacrée aux Nouveaux Martyrs non loin de la capitale comme une transgression flagrante des lois ecclésiales. Le Patriarcat de Moscou devra être plus prudent dans le futur pour rester dans de bonnes relations avec l’orthodoxie géorgienne. C’est important d’autant plus que Moscou résout beaucoup de problèmes ecclésiasiaux en Ukraine par l’intermédiaire de Tbilissi.
En ce qui concerne l’Abkhazie, le dirigent de l’église orthodoxe abkhaze (Patriarcat de Moscou), le père Vissarion Apliaa s’est heurté à de sérieux problèmes de personnel. Il ne peut pas consacrer les Presbytres ou les confier à un évêque comme cela se doit selon les lois canoniques parce qu’un tel évêque n’existe pas. Pour faire les nominations il est obligé de recourir au procédé des vieux-croyants et d’accepter des prêtres d’autres régions sans observer les règles ecclésiales appropriées. Pour faire fonctionner ces règles des négociations régulières sont nécessaires.
Aujourd’hui en Abkhazie il existe trois monastères d’hommes et deux monastères de femmes dans la capitale de la république et dans le village de montagne Otap. Ces deux derniers n’ont pas de statut officiel. Des moniales arrivées d’Ukraine et de Russie y vivent. On peut les voir parfois dans la cathédrale de Soukhoumi, elles maintiennent le contact avec le p. Vissarion.
Après tout, ces deux dernières décennies beaucoup de clergé haut placé de l’EOR (Patriarcat de Moscou) s’est rendu en Abkhazie et cela n’a pas porté préjudice aux relations des églises russe et géorgienne. Le Synode de l’Eglise géorgienne a été indigné par la participation du père spirituel du Patriarche dans la consécration de chantiers de nouvelles églises dans des bases militaires russes en Abkhazie. Le Synode a considéré la participation de l’archimandrite dans la pose de la première pierre de la cathédrale consacrée aux Nouveaux Martyrs non loin de la capitale comme une transgression flagrante des lois ecclésiales. Le Patriarcat de Moscou devra être plus prudent dans le futur pour rester dans de bonnes relations avec l’orthodoxie géorgienne. C’est important d’autant plus que Moscou résout beaucoup de problèmes ecclésiasiaux en Ukraine par l’intermédiaire de Tbilissi.
En ce qui concerne l’Abkhazie, le dirigent de l’église orthodoxe abkhaze (Patriarcat de Moscou), le père Vissarion Apliaa s’est heurté à de sérieux problèmes de personnel. Il ne peut pas consacrer les Presbytres ou les confier à un évêque comme cela se doit selon les lois canoniques parce qu’un tel évêque n’existe pas. Pour faire les nominations il est obligé de recourir au procédé des vieux-croyants et d’accepter des prêtres d’autres régions sans observer les règles ecclésiales appropriées. Pour faire fonctionner ces règles des négociations régulières sont nécessaires.
Aujourd’hui en Abkhazie il existe trois monastères d’hommes et deux monastères de femmes dans la capitale de la république et dans le village de montagne Otap. Ces deux derniers n’ont pas de statut officiel. Des moniales arrivées d’Ukraine et de Russie y vivent. On peut les voir parfois dans la cathédrale de Soukhoumi, elles maintiennent le contact avec le p. Vissarion.
A ceci s’ajoute le problème des travaux de restauration des cathédrales dont plusieurs datent de l’Empire Byzantin.
Certaines d’entre elles se trouvent dans un état relativement satisfaisant après les travaux bien que les connaisseurs sont effrayés par la qualité de la restauration abkhaze. Par exemple, à Ilori, le sol de la cathédrale du VIIIème siècle est revêtu du carrelage bleu clair, comme dans une salle de bain, les murs sont crépis, les plinthes (une large brique plate presque carré caractéristique de l’architecture byzantine et russe) ne sont pas visibles, tous les murs sont décorés d’icônes de papier comme dans certaines cathédrales du Sud de Russie. Hélas, les goûts ne se discutent pas. D’autres cathédrales à Likhni, à Moqua et à Bedia nécessitent des travaux urgents. L’Eglise abkhaze en trouvera-t-elle les moyens ?
Il est peu probable que l’Eglise abkhaze puisse le faire sans l’aide de la Russie. Est-ce que les hommes d’affaires russes ont intérêt à investir ? Kamani où se trouvaient les reliques de Saint Jean le Chrysostome est un lieu de pèlerinage permanent. La route y est terrible. Il n’y a pas d’hôtel. Et malgré cela le flux de pèlerins ne s’arrête pas. Le monastère se trouve à côté des ruines d’une maison. On aurait pu la restaurer. Mais qui en profitera ? Les lois abkhazes ne permettent pas aux businessmen russes de se sentir en sécurité. Faut-il risquer d’autant plus que le Patriarcat de Géorgie pourrait mal prendre les intentions du Patriarcat de Moscou. Le résultat peut être affligeant : ni argent, ni relations.
Les problèmes ne se limitent pas au pèlerinage.
Lors d’un office à Drandi, le père Vissarion indiquant les fidèles dans la cathédrale a dit au père spirituel du patriarche : «Toute l’église abkhaze a les yeux fixés sur la Russie ». La majorité des fidèles n’étaient pas abkhazes mais des touristes venus pour participer à l’office.
Les abkhazes croyants sont peu nombreux et ils sont partagés. Une soit disant métropole d’Abkhazie existe depuis quelques années. Son siège se trouve dans le monastère Nouvel Athos présidé par l’archimandrite Dorothée Dbar (Patriarcat de Constantinople). Les autorités laïques et ecclésiales orientées sur Moscou n’ont pas besoin de lui. Le p. Vissarion a proclamé l’archimandrite Dbar schismatique. Cependant, on ne peut pas le destituer de force car beaucoup d’abkhazes le soutiennent.
Certaines d’entre elles se trouvent dans un état relativement satisfaisant après les travaux bien que les connaisseurs sont effrayés par la qualité de la restauration abkhaze. Par exemple, à Ilori, le sol de la cathédrale du VIIIème siècle est revêtu du carrelage bleu clair, comme dans une salle de bain, les murs sont crépis, les plinthes (une large brique plate presque carré caractéristique de l’architecture byzantine et russe) ne sont pas visibles, tous les murs sont décorés d’icônes de papier comme dans certaines cathédrales du Sud de Russie. Hélas, les goûts ne se discutent pas. D’autres cathédrales à Likhni, à Moqua et à Bedia nécessitent des travaux urgents. L’Eglise abkhaze en trouvera-t-elle les moyens ?
Il est peu probable que l’Eglise abkhaze puisse le faire sans l’aide de la Russie. Est-ce que les hommes d’affaires russes ont intérêt à investir ? Kamani où se trouvaient les reliques de Saint Jean le Chrysostome est un lieu de pèlerinage permanent. La route y est terrible. Il n’y a pas d’hôtel. Et malgré cela le flux de pèlerins ne s’arrête pas. Le monastère se trouve à côté des ruines d’une maison. On aurait pu la restaurer. Mais qui en profitera ? Les lois abkhazes ne permettent pas aux businessmen russes de se sentir en sécurité. Faut-il risquer d’autant plus que le Patriarcat de Géorgie pourrait mal prendre les intentions du Patriarcat de Moscou. Le résultat peut être affligeant : ni argent, ni relations.
Les problèmes ne se limitent pas au pèlerinage.
Lors d’un office à Drandi, le père Vissarion indiquant les fidèles dans la cathédrale a dit au père spirituel du patriarche : «Toute l’église abkhaze a les yeux fixés sur la Russie ». La majorité des fidèles n’étaient pas abkhazes mais des touristes venus pour participer à l’office.
Les abkhazes croyants sont peu nombreux et ils sont partagés. Une soit disant métropole d’Abkhazie existe depuis quelques années. Son siège se trouve dans le monastère Nouvel Athos présidé par l’archimandrite Dorothée Dbar (Patriarcat de Constantinople). Les autorités laïques et ecclésiales orientées sur Moscou n’ont pas besoin de lui. Le p. Vissarion a proclamé l’archimandrite Dbar schismatique. Cependant, on ne peut pas le destituer de force car beaucoup d’abkhazes le soutiennent.
L’EOR se trouve dans une situation difficile par rapport aux problèmes abkhazes.
Elle assume la responsabilité pour les autres mais se trouve toujours dans une situation de bouc émissaire. Les géorgiens ne sont pas contents que l’orthodoxie russe ne se soit pas totalement retirée de la république même si elle n’est que partiellement reconnue. Les dirigeants laïques d’Abkhazie sont mécontents de ne pas avoir un évêque canonique. Les schismatiques accusent le Patriarcat de Moscou de s’impliquer dans les nominations. Les touristes russes sont étonnés de voir l’EOR s’abstenir de l’aménagement de saints lieux. Rien ne va. Et il faut agir pour ne pas perdre l’Abkhazie orthodoxe. Spirituellement ce pays est disparate. Certains abkhazes pratiquent l’islam, d’autres se joignent aux Témoins de Jéhovah ainsi qu’à d’autres mouvances religieuses.
Il est plus que souhaitable que le Patriarche Cyrille se mette d’accord avec le patriarche géorgien Elie sur un statut temporaire des ouailles abkhazes. Le cadre en est toujours discutable. L’Eglise Géorgienne, l’acceptera-t-elle ?
Elle assume la responsabilité pour les autres mais se trouve toujours dans une situation de bouc émissaire. Les géorgiens ne sont pas contents que l’orthodoxie russe ne se soit pas totalement retirée de la république même si elle n’est que partiellement reconnue. Les dirigeants laïques d’Abkhazie sont mécontents de ne pas avoir un évêque canonique. Les schismatiques accusent le Patriarcat de Moscou de s’impliquer dans les nominations. Les touristes russes sont étonnés de voir l’EOR s’abstenir de l’aménagement de saints lieux. Rien ne va. Et il faut agir pour ne pas perdre l’Abkhazie orthodoxe. Spirituellement ce pays est disparate. Certains abkhazes pratiquent l’islam, d’autres se joignent aux Témoins de Jéhovah ainsi qu’à d’autres mouvances religieuses.
Il est plus que souhaitable que le Patriarche Cyrille se mette d’accord avec le patriarche géorgien Elie sur un statut temporaire des ouailles abkhazes. Le cadre en est toujours discutable. L’Eglise Géorgienne, l’acceptera-t-elle ?
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 7 Novembre 2013 à 08:00
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