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Sans verser dans un mysticisme de mauvais aloi nous reprenons cet article, doublement intéressant car rédigé dans une optique tout à fait agnostique. "PO"
Coma. Hallucination ou incursion dans l'au-delà ? Les expériences de mort imminente fascinent.
Anne Jeanblanc
« E n 1999, j'ai fait une varicelle, avec une complication pulmonaire gravissime », raconte Pierre Roulet, directeur technique d'une société qui fabrique des prothèses articulaires. Hospitalisé en urgence à l'hôpital de Thiers, il passe trois jours critiques et il est maintenu dans un coma artificiel pendant deux semaines. « N'étant plus dans mon corps, ma souffrance physique a disparu et j'ai ressenti une liberté totale. C'est difficile à expliquer. On est à la fois tout et partie de l'environnement. Il suffit de penser à quelqu'un pour être directement en prise avec lui. J'ai perçu des communications téléphoniques qui me concernaient. »
« Je n'ai pas vu distinctement mon corps, continue ce quinquagénaire, mais j'ai observé les médecins me faire une échographie et la présence d'un spécialiste de Roanne venu tout exprès pour moi, j'ai entendu les commentaires sur mon état et j'ai mal vécu le fait d'être traité comme un objet par une infirmière. Pourtant, selon les médecins à qui j'ai raconté cela plus tard-et qui ont confirmé mes dires-, je n'étais pas en état de capter quoi que ce soit. [...] A plusieurs reprises, j'ai vraiment eu l'impression de sortir de mon corps. Une fois, j'ai repris conscience dans le corps d'une femme, hospitalisée en réanimation. Cela paraît complètement aberrant, mais je ne l'oublierai jamais. Ça m'a permis de comprendre qu'au niveau du psychisme hommes et femmes sont très différents. »
Coma. Hallucination ou incursion dans l'au-delà ? Les expériences de mort imminente fascinent.
Anne Jeanblanc
« E n 1999, j'ai fait une varicelle, avec une complication pulmonaire gravissime », raconte Pierre Roulet, directeur technique d'une société qui fabrique des prothèses articulaires. Hospitalisé en urgence à l'hôpital de Thiers, il passe trois jours critiques et il est maintenu dans un coma artificiel pendant deux semaines. « N'étant plus dans mon corps, ma souffrance physique a disparu et j'ai ressenti une liberté totale. C'est difficile à expliquer. On est à la fois tout et partie de l'environnement. Il suffit de penser à quelqu'un pour être directement en prise avec lui. J'ai perçu des communications téléphoniques qui me concernaient. »
« Je n'ai pas vu distinctement mon corps, continue ce quinquagénaire, mais j'ai observé les médecins me faire une échographie et la présence d'un spécialiste de Roanne venu tout exprès pour moi, j'ai entendu les commentaires sur mon état et j'ai mal vécu le fait d'être traité comme un objet par une infirmière. Pourtant, selon les médecins à qui j'ai raconté cela plus tard-et qui ont confirmé mes dires-, je n'étais pas en état de capter quoi que ce soit. [...] A plusieurs reprises, j'ai vraiment eu l'impression de sortir de mon corps. Une fois, j'ai repris conscience dans le corps d'une femme, hospitalisée en réanimation. Cela paraît complètement aberrant, mais je ne l'oublierai jamais. Ça m'a permis de comprendre qu'au niveau du psychisme hommes et femmes sont très différents. »
Comme Pierre Roulet, ceux qui ont vécu une expérience de mort imminente (Emi) hésitent à en parler, de peur de passer pour des dingues. Et, souvent, les médecins considèrent que ce sont de simples hallucinations. Mais ces individus conservent des souvenirs si vivaces et précis, même des décennies plus tard, qu'ils sont certains de ne pas avoir rêvé. Pour le docteur Jean-Pierre Jourdan, directeur de la recherche médicale de l'association IANDS-France (International Association for Near-Death Studies), qui étudie ces phénomènes depuis une vingtaine d'années, « les Emi ne sont pas des concepts politiquement corrects, ni sur le plan médical ni sur le plan psychologique ».
Comment peut-on prétendre en effet percevoir de manière si tangible des choses que les gens en bonne santé ne peuvent même pas imaginer ?
Comment revivre sa vie entière en un instant, en comprenant tant d'éléments qui nous avaient échappé ? Comment se souvenir de tout, puisque les structures responsables de la mémorisation sont alors aussi efficaces qu'un pot de yaourt ? Si ce sont des hallucinations, pourquoi sont-elles si logiques, et portant sur des scènes aussi banales que précises ? Enfin, comment une expérience qui n'a parfois duré que quelques secondes peut-elle changer la vie de ceux qui l'ont vécue ?
Jean-Pierre Jourdan a publié un livre (1) dans lequel il tente de répondre à ces questions. Il y analyse les dossiers de 70 patients et l'état actuel de la recherche. Il recense les circonstances de survenue, leurs points communs et avance quelques hypothèses, notamment pour expliquer la vision en perspective. « Nul ne sait, aujourd'hui, pourquoi des expériences similaires peuvent se dérouler dans des états physiologiques et fonctionnels cérébraux très variés , admet-il pourtant. On remarque seulement qu'elles surviennent presque toujours lors d'un état d'inconscience évident pour un observateur extérieur. Mais, si vous dites à votre réparateur télé qu'en débranchant votre poste vous avez une image en relief avec des couleurs magnifiques et un son stéréo, il aura de quoi être sceptique. »
L'étudiant infirmier dont le docteur Jourdan raconte l'histoire a bien dû se pincer après sa rencontre, un jour, dans le couloir de l'hôpital, avec un vieux monsieur arrivé aux urgences en arrêt cardiaque quelque temps auparavant. « Alors, tu as fini par la trouver, la planche ? » lui a-t-il demandé, hilare. La planche, c'était celle nécessaire au massage cardiaque qui n'était pas rangée à sa place habituelle. « Je t'ai vu, d'en haut, courir partout », a continué le ressuscité.
Vannina Van Schirin est graphiste-enlumineur, dans la région de Vichy.
Cette femme de 35 ans a été victime d'une électrocution, à l'âge de 14 ans, en voulant réparer un lampadaire. « J'ai hurlé, j'ai senti mon coeur qui se contractait violemment, j'ai entendu un grand boum à l'intérieur et dans la seconde même je me suis retrouvée en dehors de mon corps, raconte-t-elle. Je me suis alors sentie comme dans une espèce de brume, capable de voir à 360 degrés et de zoomer sur les points qui m'intéressaient. J'étais dans une totale sérénité. Tout d'un coup, j'ai senti une présence sur mon côté droit. Un espèce de nuage rose fuchsia qui dégageait un amour absolu. J'étais comme une éponge face à l'émotion de cet être qui m'envoie l'idée de regarder en l'air. Là je vois, sur une sorte d'écran, mes quatorze années défiler. Je ne sens aucun jugement de la part de l'être de lumière. Je vois aussi la vie des gens qui m'ont entourée et leurs sentiments. Puis l'être de lumière me demande si je suis prête à partir et je réponds OK, même si je me trouve un peu jeune. J'ai alors la sensation que ma tête s'ouvre et je prends connaissance d'un savoir dont on n'est pas censé se rappeler : des souvenirs de plusieurs vies antérieures, l'intérêt de cette vie-là, tout arrive d'un coup. »
Pour le docteur Steven Laureys, un neurologue belge de renom, spécialisé dans la recherche sur le coma à l'université de Liège, l'Emi pourrait résulter d'un dysfonctionnement cérébral. « En stimulant la région temporo-pariétale droite du cerveau, on provoque ce genre d'expérience de décorporation, explique-t-il. Ce constat a été réalisé chez des patients qui devaient être opérés d'une épilepsie sévère, afin de repérer très précisément les zones à détruire. C'est une des composantes des Emi qui est bien expliquée maintenant. De même, pour tout ce qui est perception visuelle, tunnel, on sait qu'on peut provoquer ce genre d'hallucination en stimulant les aires visuelles. C'est pourquoi je ne vois pas l'intérêt d'ébaucher des théories qui vont violer les lois de la physique en vigueur. »
Cette explication ne satisfait nullement le docteur Jean-Jacques Charbonier. Pour cet anesthésiste-réanimateur à Toulouse, qui a écrit plusieurs livres (2) et réalisé de multiples DVD autour du thème de la mort, « l'hallucination provoquée par le neurochirurgien permet juste d'avoir la sensation de quitter son corps. Pendant l'Emi, les personnes sont capables de voir l'environnement, de regarder à travers les murs, parfois à des kilomètres, et de capter des conversations ». Rien, selon lui, ne permet aujourd'hui d'expliquer ce phénomène.
Décorporation
D'autre part, dans une Emi, la notion du temps s'évapore. Le passé, le présent et le futur se confondent. Même si une chronologie des événements subsiste, le présent n'est plus soumis à l'inexorabilité du temps qui passe. L'expérience de Karène Béalas le montre bien. Cette femme de 38 ans est coach à Marseille. « A l'âge de 23 ans, je me suis réveillée une nuit avec des fourmis partout. J'ai voulu bouger mais je n'y suis pas arrivée. Et, tout d'un coup, j'ai senti quelque chose qui essayait de sortir de moi par le haut de ma tête. Tout mon corps s'est alors contracté pour l'en empêcher, avec succès. Puis je me suis rendormie. »
Au réveil, son coeur bat la chamade. Sa tachycardie dure jusqu'à ce qu'une amie, Martine, lui fasse faire des exercices de respiration. Et lui explique qu'elle a dû subir une tentative de décorporation. « Je n'avais jamais rien lu sur le sujet, je voulais comprendre ce que c'était et pourquoi ça m'était arrivé, raconte-t-elle. J'ai donc accepté une séance d'hypnose, en espérant obtenir des réponses. »
Rapidement, elle « échappe » au contrôle de Martine, appelée par une lumière vive mais pas aveuglante. « A partir de ce moment, je ressens une sensation de bienveillance, d'amour indescriptible. Je ne suis pas matérialisée. D'un seul coup, " on " (je n'ai vu personne) me pousse à lever les yeux et je découvre une espèce de grande bibliothèque, bien rangée, dans laquelle je vois mon passé, mon présent et mon futur. J'entre dans plusieurs des scènes. A un moment, je me retrouve dans un arbre et je me sens arbre. Depuis, je sais que tout est lié. Puis je suis reconduite devant la porte. J'entends à nouveau Martine qui me " ramène ". Elle se déclare très soulagée, car elle m'avait " perdue " pendant une dizaine de minutes. Moi j'ai fait tellement de choses que je pensais que ça avait duré un an. »
Si Karène Béalas a effectué un retour en douceur, ce n'est manifestement pas le cas le plus fréquent. « J'ai fait le choix douloureux de revenir au lieu de rester, je ne sais pas pourquoi, indique Pierre Roulet. La souffrance était non seulement physique, mais aussi liée à la réintégration de mon corps. » Quant à Vannina Van Schirin, elle rentre brutalement dans son corps dès que son frère, alerté par ses cris, débranche le lampadaire. « J'ai l'impression que je m'y encastre très mal, se souvient-elle. C'est une vraie boîte à sardines, c'est trop petit, c'est froid, dur et très douloureux. »
Un autre sujet d'étonnement est la précision de la mémoire des personnes qui ont vécu une Emi. « Ces souvenirs ne s'estompent pas avec le temps, ajoute le docteur Jourdan. Ils n'ont manifestement pas été acquis de la même façon que des événements ordinaires ; ils n'ont sans doute pas transité par les organes des sens, ni probablement par les aires cérébrales primaires, hors d'usage du fait de l'inconscience apparente et de la fréquente absence d'activité cérébrale (électroencéphalogramme plat). »
Comment peut-on prétendre en effet percevoir de manière si tangible des choses que les gens en bonne santé ne peuvent même pas imaginer ?
Comment revivre sa vie entière en un instant, en comprenant tant d'éléments qui nous avaient échappé ? Comment se souvenir de tout, puisque les structures responsables de la mémorisation sont alors aussi efficaces qu'un pot de yaourt ? Si ce sont des hallucinations, pourquoi sont-elles si logiques, et portant sur des scènes aussi banales que précises ? Enfin, comment une expérience qui n'a parfois duré que quelques secondes peut-elle changer la vie de ceux qui l'ont vécue ?
Jean-Pierre Jourdan a publié un livre (1) dans lequel il tente de répondre à ces questions. Il y analyse les dossiers de 70 patients et l'état actuel de la recherche. Il recense les circonstances de survenue, leurs points communs et avance quelques hypothèses, notamment pour expliquer la vision en perspective. « Nul ne sait, aujourd'hui, pourquoi des expériences similaires peuvent se dérouler dans des états physiologiques et fonctionnels cérébraux très variés , admet-il pourtant. On remarque seulement qu'elles surviennent presque toujours lors d'un état d'inconscience évident pour un observateur extérieur. Mais, si vous dites à votre réparateur télé qu'en débranchant votre poste vous avez une image en relief avec des couleurs magnifiques et un son stéréo, il aura de quoi être sceptique. »
L'étudiant infirmier dont le docteur Jourdan raconte l'histoire a bien dû se pincer après sa rencontre, un jour, dans le couloir de l'hôpital, avec un vieux monsieur arrivé aux urgences en arrêt cardiaque quelque temps auparavant. « Alors, tu as fini par la trouver, la planche ? » lui a-t-il demandé, hilare. La planche, c'était celle nécessaire au massage cardiaque qui n'était pas rangée à sa place habituelle. « Je t'ai vu, d'en haut, courir partout », a continué le ressuscité.
Vannina Van Schirin est graphiste-enlumineur, dans la région de Vichy.
Cette femme de 35 ans a été victime d'une électrocution, à l'âge de 14 ans, en voulant réparer un lampadaire. « J'ai hurlé, j'ai senti mon coeur qui se contractait violemment, j'ai entendu un grand boum à l'intérieur et dans la seconde même je me suis retrouvée en dehors de mon corps, raconte-t-elle. Je me suis alors sentie comme dans une espèce de brume, capable de voir à 360 degrés et de zoomer sur les points qui m'intéressaient. J'étais dans une totale sérénité. Tout d'un coup, j'ai senti une présence sur mon côté droit. Un espèce de nuage rose fuchsia qui dégageait un amour absolu. J'étais comme une éponge face à l'émotion de cet être qui m'envoie l'idée de regarder en l'air. Là je vois, sur une sorte d'écran, mes quatorze années défiler. Je ne sens aucun jugement de la part de l'être de lumière. Je vois aussi la vie des gens qui m'ont entourée et leurs sentiments. Puis l'être de lumière me demande si je suis prête à partir et je réponds OK, même si je me trouve un peu jeune. J'ai alors la sensation que ma tête s'ouvre et je prends connaissance d'un savoir dont on n'est pas censé se rappeler : des souvenirs de plusieurs vies antérieures, l'intérêt de cette vie-là, tout arrive d'un coup. »
Pour le docteur Steven Laureys, un neurologue belge de renom, spécialisé dans la recherche sur le coma à l'université de Liège, l'Emi pourrait résulter d'un dysfonctionnement cérébral. « En stimulant la région temporo-pariétale droite du cerveau, on provoque ce genre d'expérience de décorporation, explique-t-il. Ce constat a été réalisé chez des patients qui devaient être opérés d'une épilepsie sévère, afin de repérer très précisément les zones à détruire. C'est une des composantes des Emi qui est bien expliquée maintenant. De même, pour tout ce qui est perception visuelle, tunnel, on sait qu'on peut provoquer ce genre d'hallucination en stimulant les aires visuelles. C'est pourquoi je ne vois pas l'intérêt d'ébaucher des théories qui vont violer les lois de la physique en vigueur. »
Cette explication ne satisfait nullement le docteur Jean-Jacques Charbonier. Pour cet anesthésiste-réanimateur à Toulouse, qui a écrit plusieurs livres (2) et réalisé de multiples DVD autour du thème de la mort, « l'hallucination provoquée par le neurochirurgien permet juste d'avoir la sensation de quitter son corps. Pendant l'Emi, les personnes sont capables de voir l'environnement, de regarder à travers les murs, parfois à des kilomètres, et de capter des conversations ». Rien, selon lui, ne permet aujourd'hui d'expliquer ce phénomène.
Décorporation
D'autre part, dans une Emi, la notion du temps s'évapore. Le passé, le présent et le futur se confondent. Même si une chronologie des événements subsiste, le présent n'est plus soumis à l'inexorabilité du temps qui passe. L'expérience de Karène Béalas le montre bien. Cette femme de 38 ans est coach à Marseille. « A l'âge de 23 ans, je me suis réveillée une nuit avec des fourmis partout. J'ai voulu bouger mais je n'y suis pas arrivée. Et, tout d'un coup, j'ai senti quelque chose qui essayait de sortir de moi par le haut de ma tête. Tout mon corps s'est alors contracté pour l'en empêcher, avec succès. Puis je me suis rendormie. »
Au réveil, son coeur bat la chamade. Sa tachycardie dure jusqu'à ce qu'une amie, Martine, lui fasse faire des exercices de respiration. Et lui explique qu'elle a dû subir une tentative de décorporation. « Je n'avais jamais rien lu sur le sujet, je voulais comprendre ce que c'était et pourquoi ça m'était arrivé, raconte-t-elle. J'ai donc accepté une séance d'hypnose, en espérant obtenir des réponses. »
Rapidement, elle « échappe » au contrôle de Martine, appelée par une lumière vive mais pas aveuglante. « A partir de ce moment, je ressens une sensation de bienveillance, d'amour indescriptible. Je ne suis pas matérialisée. D'un seul coup, " on " (je n'ai vu personne) me pousse à lever les yeux et je découvre une espèce de grande bibliothèque, bien rangée, dans laquelle je vois mon passé, mon présent et mon futur. J'entre dans plusieurs des scènes. A un moment, je me retrouve dans un arbre et je me sens arbre. Depuis, je sais que tout est lié. Puis je suis reconduite devant la porte. J'entends à nouveau Martine qui me " ramène ". Elle se déclare très soulagée, car elle m'avait " perdue " pendant une dizaine de minutes. Moi j'ai fait tellement de choses que je pensais que ça avait duré un an. »
Si Karène Béalas a effectué un retour en douceur, ce n'est manifestement pas le cas le plus fréquent. « J'ai fait le choix douloureux de revenir au lieu de rester, je ne sais pas pourquoi, indique Pierre Roulet. La souffrance était non seulement physique, mais aussi liée à la réintégration de mon corps. » Quant à Vannina Van Schirin, elle rentre brutalement dans son corps dès que son frère, alerté par ses cris, débranche le lampadaire. « J'ai l'impression que je m'y encastre très mal, se souvient-elle. C'est une vraie boîte à sardines, c'est trop petit, c'est froid, dur et très douloureux. »
Un autre sujet d'étonnement est la précision de la mémoire des personnes qui ont vécu une Emi. « Ces souvenirs ne s'estompent pas avec le temps, ajoute le docteur Jourdan. Ils n'ont manifestement pas été acquis de la même façon que des événements ordinaires ; ils n'ont sans doute pas transité par les organes des sens, ni probablement par les aires cérébrales primaires, hors d'usage du fait de l'inconscience apparente et de la fréquente absence d'activité cérébrale (électroencéphalogramme plat). »
« Ma vie est belle. »
Ce souvenir aigu est sans doute à l'origine du changement de comportement de tous ceux qui ont réalisé ce « voyage ». « Quand je suis sorti du coma, j'ai vécu six mois extrêmement pénibles, se souvient Pierre Roulet. J'ai dû me réadapter à un univers beaucoup plus restreint au niveau de la pensée, de la communication, que l'expérience que j'ai vécue. J'ai eu envie d'aller dans les hôpitaux pour parler aux gens qui sont dans le coma. Et les rassurer. » Karène Béalas en tire un bilan positif : « Je suis très sereine face à la mort, la mienne et celle des gens que j'aime, car je sais où ils vont aller. Cette expérience a changé mon existence et maintenant je l'apprécie. Ma vie est belle. Mais, ayant été élevée par une famille non croyante, je refuse d'y voir l'existence de Dieu. »
Justement, certains redoutent les tentatives de récupération, notamment par les religions. « Dieu, l'âme, les Emi (ramenées au concept réducteur de vie après la mort), l'astrologie et les pseudo-sciences ne doivent pas être mis sur le même plan, prévient le docteur Jourdan. Si nous voulons réellement avancer, il faut détacher ces expériences de toute connotation idéologique. »
La plupart des personnes qui acceptent de raconter leur Emi n'ont aucune croyance religieuse. Vannina Van Schirin vient d'une famille athée, où l'on ne parle ni de religion ni de spiritualité. Et qui lui interdit d'évoquer son expérience. « Mes proches pensent que j'ai " chauffé un peu trop la résistance". En tout cas, je me suis mise à détester les Eglises, les religions, les gourous, les maîtres, les défenseurs du New Age. Pour moi, la religion, c'est la maternelle de la spiritualité. »
Tous ces témoignages ne feront plus sourire personne le jour où l'on pourra prouver leur véracité
. Certes, on peut être troublé par le récit de Jean Morzelle, aujourd'hui âgé de 80 ans, qui a été blessé à la poitrine par une balle en bois (les anciennes balles à blanc) lors de son service militaire, il y a plus d'un demi-siècle. « Pendant l'opération, je me suis réveillé... tout en haut dans l'angle d'une pièce, écrit-il dans un livre (3). Je n'éprouvais aucune angoisse. J'étais parfaitement bien. Je voyais les chirurgiens s'affairer. Ma vision était à 360 degrés et je pouvais regarder selon des angles différents. » Il remarque alors sous la table d'opération une plaque « Manufacture d'armes et de cycles de Saint-Etienne ». Dont la présence est confirmée, quand il raconte son histoire au personnel soignant.
« Attention, quelques témoignages ne constituent en rien une preuve scientifique, insiste le docteur Steven Laureys. Toute la question des Emi est de savoir si l'on peut contrôler ce vécu et s'il n'y a pas un biais de faux souvenirs. Il est bien connu que notre cerveau fonctionne avec ce genre d'associations. Il est donc très difficile de faire la part des choses. Mais, pour ceux qui la racontent, c'est une réalité. Le médecin ne doit jamais mettre en doute ce que son patient lui dit. Il faut accepter ce que l'on ne peut pas complètement expliquer. »
Expériences en cours
Pour tenter d'avoir des preuves irréfutables, il est donc indispensable de mener des expériences contrôlées. « Des études ont été faites en mettant des objets sur les armoires, continue le spécialiste belge. Certaines sont clôturées, d'autres toujours en cours, mais jamais on n'a pu démontrer scientifiquement que ces patients sont capables de décrire les objets qui se trouvaient sur les armoires. »
Une expérience est en cours, à King's College de Londres. Elle consiste à placer des cibles visuelles, tournées vers le haut, au plafond de salles de réanimation. Mais comme elles peuvent être visibles, par exemple avec un miroir, ses résultats seront sujets à caution.
D'où l'idée d'une autre expérience lancée actuellement, notamment aux Etats-Unis et en France, qui consiste à mettre des objets colorés, voire clignotants, dans des conteneurs métalliques scellés et numérotés de manière aléatoire par un huissier de justice. Il suffirait d'un seul témoignage juste et précis pour fournir une preuve irréfutable de l'existence de ces Emi. Pour Steven Laureys, « cela mettrait en question toutes nos lois sur le fonctionnement du cerveau. On espère tous que c'est vrai. On aimerait être sûrs qu'il y a quelque chose après la mort et que c'est agréable. »
Ce souvenir aigu est sans doute à l'origine du changement de comportement de tous ceux qui ont réalisé ce « voyage ». « Quand je suis sorti du coma, j'ai vécu six mois extrêmement pénibles, se souvient Pierre Roulet. J'ai dû me réadapter à un univers beaucoup plus restreint au niveau de la pensée, de la communication, que l'expérience que j'ai vécue. J'ai eu envie d'aller dans les hôpitaux pour parler aux gens qui sont dans le coma. Et les rassurer. » Karène Béalas en tire un bilan positif : « Je suis très sereine face à la mort, la mienne et celle des gens que j'aime, car je sais où ils vont aller. Cette expérience a changé mon existence et maintenant je l'apprécie. Ma vie est belle. Mais, ayant été élevée par une famille non croyante, je refuse d'y voir l'existence de Dieu. »
Justement, certains redoutent les tentatives de récupération, notamment par les religions. « Dieu, l'âme, les Emi (ramenées au concept réducteur de vie après la mort), l'astrologie et les pseudo-sciences ne doivent pas être mis sur le même plan, prévient le docteur Jourdan. Si nous voulons réellement avancer, il faut détacher ces expériences de toute connotation idéologique. »
La plupart des personnes qui acceptent de raconter leur Emi n'ont aucune croyance religieuse. Vannina Van Schirin vient d'une famille athée, où l'on ne parle ni de religion ni de spiritualité. Et qui lui interdit d'évoquer son expérience. « Mes proches pensent que j'ai " chauffé un peu trop la résistance". En tout cas, je me suis mise à détester les Eglises, les religions, les gourous, les maîtres, les défenseurs du New Age. Pour moi, la religion, c'est la maternelle de la spiritualité. »
Tous ces témoignages ne feront plus sourire personne le jour où l'on pourra prouver leur véracité
. Certes, on peut être troublé par le récit de Jean Morzelle, aujourd'hui âgé de 80 ans, qui a été blessé à la poitrine par une balle en bois (les anciennes balles à blanc) lors de son service militaire, il y a plus d'un demi-siècle. « Pendant l'opération, je me suis réveillé... tout en haut dans l'angle d'une pièce, écrit-il dans un livre (3). Je n'éprouvais aucune angoisse. J'étais parfaitement bien. Je voyais les chirurgiens s'affairer. Ma vision était à 360 degrés et je pouvais regarder selon des angles différents. » Il remarque alors sous la table d'opération une plaque « Manufacture d'armes et de cycles de Saint-Etienne ». Dont la présence est confirmée, quand il raconte son histoire au personnel soignant.
« Attention, quelques témoignages ne constituent en rien une preuve scientifique, insiste le docteur Steven Laureys. Toute la question des Emi est de savoir si l'on peut contrôler ce vécu et s'il n'y a pas un biais de faux souvenirs. Il est bien connu que notre cerveau fonctionne avec ce genre d'associations. Il est donc très difficile de faire la part des choses. Mais, pour ceux qui la racontent, c'est une réalité. Le médecin ne doit jamais mettre en doute ce que son patient lui dit. Il faut accepter ce que l'on ne peut pas complètement expliquer. »
Expériences en cours
Pour tenter d'avoir des preuves irréfutables, il est donc indispensable de mener des expériences contrôlées. « Des études ont été faites en mettant des objets sur les armoires, continue le spécialiste belge. Certaines sont clôturées, d'autres toujours en cours, mais jamais on n'a pu démontrer scientifiquement que ces patients sont capables de décrire les objets qui se trouvaient sur les armoires. »
Une expérience est en cours, à King's College de Londres. Elle consiste à placer des cibles visuelles, tournées vers le haut, au plafond de salles de réanimation. Mais comme elles peuvent être visibles, par exemple avec un miroir, ses résultats seront sujets à caution.
D'où l'idée d'une autre expérience lancée actuellement, notamment aux Etats-Unis et en France, qui consiste à mettre des objets colorés, voire clignotants, dans des conteneurs métalliques scellés et numérotés de manière aléatoire par un huissier de justice. Il suffirait d'un seul témoignage juste et précis pour fournir une preuve irréfutable de l'existence de ces Emi. Pour Steven Laureys, « cela mettrait en question toutes nos lois sur le fonctionnement du cerveau. On espère tous que c'est vrai. On aimerait être sûrs qu'il y a quelque chose après la mort et que c'est agréable. »
Publié le 23/04/2009 N°1910 Le Point
1. « Deadline », Les 3 Orangers (en réédition).
2. « Les preuves scientifiques d'une vie après la vie », Exergue, 240 pages, 19 E.
3. « Tout commence après », CLC, 176 pages, 16 E.
1. « Deadline », Les 3 Orangers (en réédition).
2. « Les preuves scientifiques d'une vie après la vie », Exergue, 240 pages, 19 E.
3. « Tout commence après », CLC, 176 pages, 16 E.
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Octobre 2017 à 20:50
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