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Homélie du Père GEORGES KOTCHETKOV lors de l’office des défunts célébré à la mémoire des victimes des répressions soviétiques le 29 octobre 2010.
Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint,
Chers frères et sœurs, chrétiens,
Demain notre peuple commémorera — devrait commémorer — les victimes des répressions soviétiques, bien que vous et moi sachions que tous ne le feront pas. Certains n’ont rien à commémorer, parce qu’ils vivent seulement au jour le jour ou de rêves d’un futur chimérique. Et notre devoir à nous devant Dieu et les hommes, du fait de notre responsabilité devant notre patrie, notre peuple, et l’histoire présente et future, notre devoir est de le rappeler, pour purifier notre mémoire. L’inconscience est un péché. Si l’homme parfois doit oublier quelque chose — car Dieu a donné à l’homme le don de l’oubli — ce n’est absolument pas ce dont il faut se souvenir.
Nous venons de prier pour que Dieu la mémoire éternelle à tous ceux qui ont souffert et été exécutés par près d’un siècle de répressions sans précédent dans l’histoire de l’humanité, de répressions contre son propre peuple. Durant un siècle entier de notre histoire, notre terre a été couverte de sang, de larmes, de sueur et d’os humains.
Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint,
Chers frères et sœurs, chrétiens,
Demain notre peuple commémorera — devrait commémorer — les victimes des répressions soviétiques, bien que vous et moi sachions que tous ne le feront pas. Certains n’ont rien à commémorer, parce qu’ils vivent seulement au jour le jour ou de rêves d’un futur chimérique. Et notre devoir à nous devant Dieu et les hommes, du fait de notre responsabilité devant notre patrie, notre peuple, et l’histoire présente et future, notre devoir est de le rappeler, pour purifier notre mémoire. L’inconscience est un péché. Si l’homme parfois doit oublier quelque chose — car Dieu a donné à l’homme le don de l’oubli — ce n’est absolument pas ce dont il faut se souvenir.
Nous venons de prier pour que Dieu la mémoire éternelle à tous ceux qui ont souffert et été exécutés par près d’un siècle de répressions sans précédent dans l’histoire de l’humanité, de répressions contre son propre peuple. Durant un siècle entier de notre histoire, notre terre a été couverte de sang, de larmes, de sueur et d’os humains.
Où que l’on aille, où que l’on plante une bêche, en ville, dans un village, dans un champ, on tombera sur des restes humains. Combien de cimetières encore ignorés se trouvent sous nos pieds ! Pourtant nous n’avons pas de monuments, pas de musées ; les archives sont jusqu’à ce jour en grande partie fermées. Le souvenir est difficile à rétablir pas seulement pour des raisons extérieures, mais aussi parce que les gens ont l’habitude de rejeter ce qui heurte leur mémoire.
Malheureusement dans la conscience des gens, sont demeurés bien des reliquats de l’idéologie ancienne, c’est pourquoi sous l’influence de la propagande de gens malhonnêtes certains pensent qu’il faut oublier. Ils pensent à quoi bon remuer le passé, à quoi bon raviver les plaies, à quoi bon s’attirer des ennuis ? Mais, je répète, il y a des choses qui entrent dans la mémoire éternelle, qu’il ne convient pas d’oublier et qui peuvent être gravement endommagées par l’oubli.
Nous ne pouvons pas encore comprendre toute la portée de ces extraordinaires souffrances quand pour une courte durée de temps du fait d’un pouvoir illégal et athée, un pouvoir agressif étranger aux habitants de cette terre quelle que fut leur confession ou leur nationalité, par qui ont souffert des millions de gens. Ce pouvoir tout le monde le renie. Nous en avons gardé le souvenir, il n’y a aucune nation qui n’ait pas souffert, pas un peuple qui n’ait été victime en ces années de révolution, de guerre civile, d’industrialisation, de collectivisation, de guerre de Finlande, de Seconde Guerre mondiale, etc. Je pense que nombre d’entre nous a des parents qui ont été victimes des répressions, ou bien qui sont morts ou ont été incarcérés des temps inimaginables. Cette agression sans précédent du mal a mené tout le pays à une catastrophe anthropologique. Une catastrophe non seulement sociopolitique ou économique, mais qui a laissé des traces vives dans les cœurs et les âmes : tout est déformé, dénaturé, désorienté, détruit.
Dans notre pays, comme nulle part ailleurs, un très grand nombre de personnes sont physiquement et psychologiquement mutilés, et surtout spirituellement. Il n’y a pas lieu de s’en étonner. On peut seulement s’étonner de ce que ce n’est pas pris en compte et compris hors des frontières de notre pays — c’est compréhensible : ils n’ont pas de données, ils ne connaissent pas les faits, ils ignorent beaucoup de notre histoire — mais c’est la même chose dans notre pays. Souvent nous ne comprenons pas pourquoi nous nous heurtons à un tel désert spirituel, que nous allions au centre de Moscou ou au fin fond de la campagne. L’histoire doit nous enseigner, mais pour cela il faut que sérieusement nous regardions quelles fautes avons-nous commises dans le passé.
Ces fautes il y en a eu beaucoup, commises par toutes les classes, les couches de la société. Rappelez-vous ne serait-ce que ce que disait N.N. Neplouïev au début du XXe siècle.
Malheureusement dans la conscience des gens, sont demeurés bien des reliquats de l’idéologie ancienne, c’est pourquoi sous l’influence de la propagande de gens malhonnêtes certains pensent qu’il faut oublier. Ils pensent à quoi bon remuer le passé, à quoi bon raviver les plaies, à quoi bon s’attirer des ennuis ? Mais, je répète, il y a des choses qui entrent dans la mémoire éternelle, qu’il ne convient pas d’oublier et qui peuvent être gravement endommagées par l’oubli.
Nous ne pouvons pas encore comprendre toute la portée de ces extraordinaires souffrances quand pour une courte durée de temps du fait d’un pouvoir illégal et athée, un pouvoir agressif étranger aux habitants de cette terre quelle que fut leur confession ou leur nationalité, par qui ont souffert des millions de gens. Ce pouvoir tout le monde le renie. Nous en avons gardé le souvenir, il n’y a aucune nation qui n’ait pas souffert, pas un peuple qui n’ait été victime en ces années de révolution, de guerre civile, d’industrialisation, de collectivisation, de guerre de Finlande, de Seconde Guerre mondiale, etc. Je pense que nombre d’entre nous a des parents qui ont été victimes des répressions, ou bien qui sont morts ou ont été incarcérés des temps inimaginables. Cette agression sans précédent du mal a mené tout le pays à une catastrophe anthropologique. Une catastrophe non seulement sociopolitique ou économique, mais qui a laissé des traces vives dans les cœurs et les âmes : tout est déformé, dénaturé, désorienté, détruit.
Dans notre pays, comme nulle part ailleurs, un très grand nombre de personnes sont physiquement et psychologiquement mutilés, et surtout spirituellement. Il n’y a pas lieu de s’en étonner. On peut seulement s’étonner de ce que ce n’est pas pris en compte et compris hors des frontières de notre pays — c’est compréhensible : ils n’ont pas de données, ils ne connaissent pas les faits, ils ignorent beaucoup de notre histoire — mais c’est la même chose dans notre pays. Souvent nous ne comprenons pas pourquoi nous nous heurtons à un tel désert spirituel, que nous allions au centre de Moscou ou au fin fond de la campagne. L’histoire doit nous enseigner, mais pour cela il faut que sérieusement nous regardions quelles fautes avons-nous commises dans le passé.
Ces fautes il y en a eu beaucoup, commises par toutes les classes, les couches de la société. Rappelez-vous ne serait-ce que ce que disait N.N. Neplouïev au début du XXe siècle.
Bien sûr, de nombreux autres en ont parlé, mais simplement il a parfaitement exprimé — bien avant la catastrophe, avant notre holocauste russe — ce qu’auraient dû faire les nobles, ce qu’aurait dû faire l’Église, mais que n’ont fait ni les uns ni les autres. Il a montré ce qu’auraient dû faire les paysans et les ouvriers, mais eux aussi n’ont pas accompli l’appel du Très Haut. Personne alors n’a dit aux gens, de façon suffisamment forte et compréhensible, ce qu’ils auraient dû faire pour détourner la catastrophe. Et si quelqu’un entreprenait de le dire, on l’empêchait de parler, on ne l’écoutait pas, on le moquait, on l’envoyait avant l’heure au tombeau.
On ne peut pas dire que nous-mêmes n’étions pas coupables de ce qui se produisait, de même on ne peut dire que c’est le peuple qui a donné naissance à ce nouveau pouvoir et son histoire toute nouvelle. Ce qui nous pose un nouveau problème, jusqu’à ce jour difficile à résoudre en Russie — comment parvenir à la franchise, non seulement intérieure, mais aussi à la « résonance mondiale » extérieure et en même temps garder ses limites, connaître sa mesure en tout. Garder ses limites, c’est-à-dire connaître la mesure. Souvent nous dépassons les mesures, nous ne gardons pas nos limites, nous ne les aimons pas, bien que depuis notre enfance, on nous a appris que « là où il n’y a pas de limites, il n’y a pas de responsabilité ». Mais nous n’en tirons aucune conséquence et toujours nous allons au-delà de nos limites, là où nous ne devons pas aller.
Même aujourd’hui, par exemple, en politique, soit nous voyons toujours les efforts infructueux à prouver que nous sommes une puissance mondiale qui peut sur un pied d’égalité discuter avec les autres puissances du monde. Bien que, actuellement, ce ne soit pas le cas, et que nous devrions être un peu plus modestes. Mais, comme avant, nous nous efforçons de faire la leçon au monde quand il est question de culture ou d’expérience spirituelle. Oui, dans notre pays il y a eu des exploits mondiaux, c’est pourquoi notre peuple a le droit de se dire grand. Mais il faut comprendre que notre peuple est autre, comme l’est notre pays. Et ce peuple qui vit aujourd’hui dans ce pays, plus exactement sur cet espace, doit encore prouver qu’il est apte à conserver quelque chose de la continuité de son passé. Pour le moment, ce peuple n’a pas réagi. Il est rare qu’on entende une voix sensée ou que l’on voie des actions adéquates — à longues visées, intelligentes, responsables — que l’on rencontre des gens capables d’audace et de compassion. Jusqu’à ce jour nous manquons de hardiesse et de liberté, mais aussi de mansuétude et d’humilité, c’est-à-dire encore de connaissance de ses propres limites.
Souvenons-nous, de nos proches et parents qui ont d’atroces souffrances ou la mort, souvenons-nous de tous et de chacun. Pas seulement des Néomartyrs et propagateurs de la foi, bien que leur héritage soit une richesse, souvenons-nous de tous les autres, parce que, eux aussi, le méritent, ils ont souffert aussi souffert du pouvoir soviétique.
Il est important que nous comprenions comment nous libérer des miasmes de ce pouvoir qui continuent de voler dans l’air.
On ne peut pas dire que nous-mêmes n’étions pas coupables de ce qui se produisait, de même on ne peut dire que c’est le peuple qui a donné naissance à ce nouveau pouvoir et son histoire toute nouvelle. Ce qui nous pose un nouveau problème, jusqu’à ce jour difficile à résoudre en Russie — comment parvenir à la franchise, non seulement intérieure, mais aussi à la « résonance mondiale » extérieure et en même temps garder ses limites, connaître sa mesure en tout. Garder ses limites, c’est-à-dire connaître la mesure. Souvent nous dépassons les mesures, nous ne gardons pas nos limites, nous ne les aimons pas, bien que depuis notre enfance, on nous a appris que « là où il n’y a pas de limites, il n’y a pas de responsabilité ». Mais nous n’en tirons aucune conséquence et toujours nous allons au-delà de nos limites, là où nous ne devons pas aller.
Même aujourd’hui, par exemple, en politique, soit nous voyons toujours les efforts infructueux à prouver que nous sommes une puissance mondiale qui peut sur un pied d’égalité discuter avec les autres puissances du monde. Bien que, actuellement, ce ne soit pas le cas, et que nous devrions être un peu plus modestes. Mais, comme avant, nous nous efforçons de faire la leçon au monde quand il est question de culture ou d’expérience spirituelle. Oui, dans notre pays il y a eu des exploits mondiaux, c’est pourquoi notre peuple a le droit de se dire grand. Mais il faut comprendre que notre peuple est autre, comme l’est notre pays. Et ce peuple qui vit aujourd’hui dans ce pays, plus exactement sur cet espace, doit encore prouver qu’il est apte à conserver quelque chose de la continuité de son passé. Pour le moment, ce peuple n’a pas réagi. Il est rare qu’on entende une voix sensée ou que l’on voie des actions adéquates — à longues visées, intelligentes, responsables — que l’on rencontre des gens capables d’audace et de compassion. Jusqu’à ce jour nous manquons de hardiesse et de liberté, mais aussi de mansuétude et d’humilité, c’est-à-dire encore de connaissance de ses propres limites.
Souvenons-nous, de nos proches et parents qui ont d’atroces souffrances ou la mort, souvenons-nous de tous et de chacun. Pas seulement des Néomartyrs et propagateurs de la foi, bien que leur héritage soit une richesse, souvenons-nous de tous les autres, parce que, eux aussi, le méritent, ils ont souffert aussi souffert du pouvoir soviétique.
Il est important que nous comprenions comment nous libérer des miasmes de ce pouvoir qui continuent de voler dans l’air.
Nous devons condamner les crimes du régime soviétique, en n’oubliant pas que ce régime a été criminel du début à la fin de son histoire, de l’automne 1917 à 1991.
Il a toujours été contre le peuple, même quand sincèrement il voulait le contraire ; il a toujours ruiné le pays, son peuple, sa foi, son âme, son histoire, son passé, son présent et son futur. Du temps va passer encore avant que l’on puisse voir le total dépassement de l’héritage du terrible XXe siècle dans notre pays, et pas seulement notre pays. De telles catastrophes laissent des traces durant des siècles, des époques entières. Et pourtant nous devons prier Dieu d’envoyer son amour et la force de son Esprit saint pour la renaissance de ce pays et des gens qui ne peuvent plus attendre : leurs vies ne suffiront pas pour ces siècles futurs. Si l’on ne fait rien, il n’y aura plus ni pays, ni peuple.
Soyons, chers frères et sœurs, sensibles à la terre que nous foulons, à l’histoire dont nous héritons, à ce souffle de l’Esprit qui nous est envoyé d’en haut. La volonté de Dieu est que nous comprenions, que nous déduisions, que nous ne répétions pas les erreurs et les transgressions du passé, même quand les circonstances nous prennent à la gorge et quand il nous semble qu’il n’y a pas d’autre issue. Notre pays a besoin d’une nouvelle inspiration pour que les gens puissent tranquillement, librement, joyeusement se regarder dans les yeux avec espoir, foi et amour. Nous devons contribuer à l’institution d’une vie reposant sur l’amour fraternel, avant tout dans l’Église, mais pas seulement, c’est indispensable partout et à tous. Nous devons trouver les moyens de communiquer avec les gens qui ne peuvent pas répéter l’expérience du passé, si extraordinaire qu’elle ait parfois pu être. Tout cela exige une très grande tension, un grand travail, une véritable responsabilité. Sachant tout cela, chers frères et sœurs, souvenons-nous et réalisons le dans notre vie !
Amen.
Lien KIFA №14(120) ноябрь 2010 года ЕСТЬ ВЕЩИ, КОТОРЫЕ НЕ ПОДЛЕЖАТ ЗАБВЕНИЮ Traduction "PO"
Lire aussi L’ère des Conciles œcuméniques est terminée, il nous faut désormais chercher de nouvelles voies vers la conciliarité
Il a toujours été contre le peuple, même quand sincèrement il voulait le contraire ; il a toujours ruiné le pays, son peuple, sa foi, son âme, son histoire, son passé, son présent et son futur. Du temps va passer encore avant que l’on puisse voir le total dépassement de l’héritage du terrible XXe siècle dans notre pays, et pas seulement notre pays. De telles catastrophes laissent des traces durant des siècles, des époques entières. Et pourtant nous devons prier Dieu d’envoyer son amour et la force de son Esprit saint pour la renaissance de ce pays et des gens qui ne peuvent plus attendre : leurs vies ne suffiront pas pour ces siècles futurs. Si l’on ne fait rien, il n’y aura plus ni pays, ni peuple.
Soyons, chers frères et sœurs, sensibles à la terre que nous foulons, à l’histoire dont nous héritons, à ce souffle de l’Esprit qui nous est envoyé d’en haut. La volonté de Dieu est que nous comprenions, que nous déduisions, que nous ne répétions pas les erreurs et les transgressions du passé, même quand les circonstances nous prennent à la gorge et quand il nous semble qu’il n’y a pas d’autre issue. Notre pays a besoin d’une nouvelle inspiration pour que les gens puissent tranquillement, librement, joyeusement se regarder dans les yeux avec espoir, foi et amour. Nous devons contribuer à l’institution d’une vie reposant sur l’amour fraternel, avant tout dans l’Église, mais pas seulement, c’est indispensable partout et à tous. Nous devons trouver les moyens de communiquer avec les gens qui ne peuvent pas répéter l’expérience du passé, si extraordinaire qu’elle ait parfois pu être. Tout cela exige une très grande tension, un grand travail, une véritable responsabilité. Sachant tout cela, chers frères et sœurs, souvenons-nous et réalisons le dans notre vie !
Amen.
Lien KIFA №14(120) ноябрь 2010 года ЕСТЬ ВЕЩИ, КОТОРЫЕ НЕ ПОДЛЕЖАТ ЗАБВЕНИЮ Traduction "PO"
Lire aussi L’ère des Conciles œcuméniques est terminée, il nous faut désormais chercher de nouvelles voies vers la conciliarité
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Septembre 2016 à 21:46
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