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V.G.
"La question d’une réforme du calendrier liturgique est en soi technique et non de nature théologique, le calendrier julien s’étant révélé (avec les siècles) inadéquat pour relier les dates des fêtes liturgiques de l’année aux événements cosmiques. Concernant la date de Pâques, la norme unique pour tous les chrétiens est la formule fixée au 1er Concile œcuménique de Nicée (325) : fêter Pâques le 1er dimanche qui suit la 1re pleine lune de printemps. Malheureusement, en suivant des tables antiques calculant les dates de Pâques (pascalies), le comput de l’Eglise orthodoxe est devenu erroné et ne respecte plus en général les prescriptions de Nicée I."
Compte rendu de la communication de Pierre Sollogoub (Fraternité orthodoxe en Europe occidentale), « Pourquoi une réforme du calendrier liturgique fixe et de la datation de Pâques ? », Compte rendu du colloque "Comprendre les enjeux du prochain Concile de l'Eglise orthodoxe"; Paris, Institut St Serge, 18-20 octobre 2012
Le coté technique de la question est exposée dans mon post de 2010 "Pourquoi une fête mobile pour Pâques", que PO vient de publier, mais je trouve que Pierre Sollogoub évacue bien vite le côté théologique du problème. En effet, alors même qu'il énonce que "le comput de l’Eglise orthodoxe est devenu erroné et ne respecte plus en général les prescriptions de Nicée I", tous les catholiques des diocèses de Terre Sainte, qu'ils soient de rite oriental ou latin, adoptent ce comput pour Pâques et la fêteront donc maintenant avec les Orthodoxes (1). Où est l'erreur?
Pour moi il faut chercher du côté des relations de l'Eglise avec la science et avec le peuple!
"La question d’une réforme du calendrier liturgique est en soi technique et non de nature théologique, le calendrier julien s’étant révélé (avec les siècles) inadéquat pour relier les dates des fêtes liturgiques de l’année aux événements cosmiques. Concernant la date de Pâques, la norme unique pour tous les chrétiens est la formule fixée au 1er Concile œcuménique de Nicée (325) : fêter Pâques le 1er dimanche qui suit la 1re pleine lune de printemps. Malheureusement, en suivant des tables antiques calculant les dates de Pâques (pascalies), le comput de l’Eglise orthodoxe est devenu erroné et ne respecte plus en général les prescriptions de Nicée I."
Compte rendu de la communication de Pierre Sollogoub (Fraternité orthodoxe en Europe occidentale), « Pourquoi une réforme du calendrier liturgique fixe et de la datation de Pâques ? », Compte rendu du colloque "Comprendre les enjeux du prochain Concile de l'Eglise orthodoxe"; Paris, Institut St Serge, 18-20 octobre 2012
Le coté technique de la question est exposée dans mon post de 2010 "Pourquoi une fête mobile pour Pâques", que PO vient de publier, mais je trouve que Pierre Sollogoub évacue bien vite le côté théologique du problème. En effet, alors même qu'il énonce que "le comput de l’Eglise orthodoxe est devenu erroné et ne respecte plus en général les prescriptions de Nicée I", tous les catholiques des diocèses de Terre Sainte, qu'ils soient de rite oriental ou latin, adoptent ce comput pour Pâques et la fêteront donc maintenant avec les Orthodoxes (1). Où est l'erreur?
Pour moi il faut chercher du côté des relations de l'Eglise avec la science et avec le peuple!
Tentation scientifique contre tradition populaire
Durant tout le Moyen-âge l'Eglise fut la gardienne de la science; les livres scientifiques étaient conservés dans les monastères et les meilleurs scientifiques étaient les moines, ceux d'Alexandrie en particulier pour l'Astronomie (rappelons aussi le moine Denys le Petit qui calcula la date de naissance du Christ au début du VIe siècle). La décision de rattacher les fêtes chrétiennes à des données scientifiques considérées comme précises n'est donc pas étonnante.
Pourtant dès le départ l'Eglise admet une erreur scientifique pour Noël: alors que le solstice, icône de la victoire de la lumière, tombe au IVe siècle le 21-22 décembre (la preuve en est donnée par la date de l'équinoxe de printemps, 21 mars), les Pères décident de fixer la commémoration de Noël au 25 décembre, 3 jours plus tard, parce que cela correspond à la fête populaire de "la naissance du soleil invaincu" (pour les détails voir "La date de Noel est elle inscrite dans les astres?" ). Et les autres fêtes chrétienne aussi correspondent à la sacralisation des fêtes populaires: le printemps à l'équinoxe pour Pâques, l'été au solstice pour la Saint Jean, la moisson, les vendanges… etc.
Plus prés de nous le "tentation scientifique" n'a pas rencontré le succès escompté: le calendrier grégorien, scientifiquement exact, a mis plusieurs siècles pour s'imposer en Occident. Un concile orthodoxe restreint (les Slaves l'appellent "le concile grec") décida en 1923 de passer au calendrier dit "julien révisé", qui garde le comput julien pour les fêtes mobiles, mais ce changement a été rejeté par la majorité des fidèles (2). Et enfin, comme je l'écrivais au début, les Catholiques du Moyen Orient rejoignent aussi ce comput julien pour les fêtes mobiles…
Le patriarche Cyrille avait dit que "le Salut n'est pas une question de calendrier", et il a certainement raison. D'un autre côté, dans un pays multiconfessionnel comme le notre, avec les valeurs chrétiennes en chute libre, il serait bien agréable de se retrouver tous ensemble pour les grandes fêtes… Mais ce n'est pas en réduisant le débat à des explications scientifiques que nous y parviendrons.
Bon Carême à tous et que le Saint Esprit nous éclaire pour trouver la vraie solution à cette question là aussi.
(1)
(2) En fait, les Orthodoxes se partagent entre 3 calendriers:
a. Julien: les Églises de Russie, Serbie, Géorgie et Jérusalem, le mont Athos et le monastère Sainte Catherine du Sinaï, qui constituent la majorité de l'Orthodoxie en nombre de fidèles, de paroisses, de monastères, de clercs…
b. Grégorien: la seule Église orthodoxe de Finlande (patriarcat de Constantinople)
c. Julien révisé: les autres Eglises, qui subissent les dissidences des "paléo-calendaristes" (tenants de l'ancien calendrier).
Durant tout le Moyen-âge l'Eglise fut la gardienne de la science; les livres scientifiques étaient conservés dans les monastères et les meilleurs scientifiques étaient les moines, ceux d'Alexandrie en particulier pour l'Astronomie (rappelons aussi le moine Denys le Petit qui calcula la date de naissance du Christ au début du VIe siècle). La décision de rattacher les fêtes chrétiennes à des données scientifiques considérées comme précises n'est donc pas étonnante.
Pourtant dès le départ l'Eglise admet une erreur scientifique pour Noël: alors que le solstice, icône de la victoire de la lumière, tombe au IVe siècle le 21-22 décembre (la preuve en est donnée par la date de l'équinoxe de printemps, 21 mars), les Pères décident de fixer la commémoration de Noël au 25 décembre, 3 jours plus tard, parce que cela correspond à la fête populaire de "la naissance du soleil invaincu" (pour les détails voir "La date de Noel est elle inscrite dans les astres?" ). Et les autres fêtes chrétienne aussi correspondent à la sacralisation des fêtes populaires: le printemps à l'équinoxe pour Pâques, l'été au solstice pour la Saint Jean, la moisson, les vendanges… etc.
Plus prés de nous le "tentation scientifique" n'a pas rencontré le succès escompté: le calendrier grégorien, scientifiquement exact, a mis plusieurs siècles pour s'imposer en Occident. Un concile orthodoxe restreint (les Slaves l'appellent "le concile grec") décida en 1923 de passer au calendrier dit "julien révisé", qui garde le comput julien pour les fêtes mobiles, mais ce changement a été rejeté par la majorité des fidèles (2). Et enfin, comme je l'écrivais au début, les Catholiques du Moyen Orient rejoignent aussi ce comput julien pour les fêtes mobiles…
Le patriarche Cyrille avait dit que "le Salut n'est pas une question de calendrier", et il a certainement raison. D'un autre côté, dans un pays multiconfessionnel comme le notre, avec les valeurs chrétiennes en chute libre, il serait bien agréable de se retrouver tous ensemble pour les grandes fêtes… Mais ce n'est pas en réduisant le débat à des explications scientifiques que nous y parviendrons.
Bon Carême à tous et que le Saint Esprit nous éclaire pour trouver la vraie solution à cette question là aussi.
(1)
(2) En fait, les Orthodoxes se partagent entre 3 calendriers:
a. Julien: les Églises de Russie, Serbie, Géorgie et Jérusalem, le mont Athos et le monastère Sainte Catherine du Sinaï, qui constituent la majorité de l'Orthodoxie en nombre de fidèles, de paroisses, de monastères, de clercs…
b. Grégorien: la seule Église orthodoxe de Finlande (patriarcat de Constantinople)
c. Julien révisé: les autres Eglises, qui subissent les dissidences des "paléo-calendaristes" (tenants de l'ancien calendrier).
Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 19 Mars 2013 à 21:49
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