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L’évacuation de la Crimée débute le 10 novembre 1920. En trois jours, les 126 bateaux de tout tonnage rassemblés par le Général Wrangel embarquent troupes, familles de militaires, population civile des ports de Crimée, Sébastopol, Yalta, Féodossia (Théodosie) et Kertch.
L’École navale de Sébastopol est évacuée au complet : élèves, corps enseignant, personnel administratif, plus tout son précieux matériel pédagogique et sa bibliothèque de littérature russe. La plupart des élèves, dont les gardes-marine du collège naval de Vladivostok évacués en janvier 1920, ne reverront jamais leur famille.
La répression bolchevique, dirigée par Bela Kun, fera des milliers de morts. Au total, 145 693 personnes, plus les membres d’équipage, purent gagner Constantinople.
A la suite de la révolution bolchévique de 1917, plus de 3 millions de ressortissants russes ont fui leur pays. Parmi eux, bon nombre ont trouvé refuge en Tunisie et au Maroc. Un siècle plus tard, leurs descendants se remémorent cet exil
Dans les années 1920, les 20 membres d’une petite chorale russe avaient l’habitude de se réunir chaque semaine. Non pas à Moscou, mais à Rabat, où s’installèrent des centaines de “Russes blancs” après un événement qui ébranla le monde : la Révolution bolchevique d’octobre 1917.
L’École navale de Sébastopol est évacuée au complet : élèves, corps enseignant, personnel administratif, plus tout son précieux matériel pédagogique et sa bibliothèque de littérature russe. La plupart des élèves, dont les gardes-marine du collège naval de Vladivostok évacués en janvier 1920, ne reverront jamais leur famille.
La répression bolchevique, dirigée par Bela Kun, fera des milliers de morts. Au total, 145 693 personnes, plus les membres d’équipage, purent gagner Constantinople.
A la suite de la révolution bolchévique de 1917, plus de 3 millions de ressortissants russes ont fui leur pays. Parmi eux, bon nombre ont trouvé refuge en Tunisie et au Maroc. Un siècle plus tard, leurs descendants se remémorent cet exil
Dans les années 1920, les 20 membres d’une petite chorale russe avaient l’habitude de se réunir chaque semaine. Non pas à Moscou, mais à Rabat, où s’installèrent des centaines de “Russes blancs” après un événement qui ébranla le monde : la Révolution bolchevique d’octobre 1917.
Plus de 3 millions de réfugiés russes s’exilèrent aux quatre coins de la planète, des Etats-Unis à la Chine en passant par la France, l’Allemagne, la Tunisie et le Maroc. Pour eux, rien ne serait comme avant. Ils avaient tout perdu : leur tsar, Nicolas II, assassiné en juillet 1918 ; la guerre civile contre les Rouges (1917-1923) ; leur pays qui allait devenir l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1922 ; leur prestige et leur fortune. Suite L’odysée des “russes blancs” au Maghreb
Plusieurs prêtres de l’Eglise Orthodoxe Russe et des historiens s’expriment à propos de l’Exode des Armées blanches de Crimée.
Léonid Rechetnikov, directeur de l’institut des recherches stratégiques, vient d’écrire dans un article récent : « Ceux qui ont dû partir appartenaient à des couches sociales, à des ethnies, des confessions religieuses différentes. L’Exode russe a été pour notre peuple une terrible tragédie, ceci pour ceux qui partaient comme pour ceux qui sont restés. Les liens spirituels et moraux qui soudaient la nation ont été rompus. Notre peuple a pour de longues décennies été divisé entre les Blancs et les Rouges. Une hostilité insurmontable séparait les deux camps. Cette séparation existe jusqu’à présent. La société russe moderne est, elle aussi, divisée dans son évaluation des descendants des émigrés blancs, de la Russie impériale et du pouvoir soviétique ».
Le portail « Regions.ru » a effectué une enquête auprès du clergé. Les questions étaient : « Comment guérir les plaies du passé ? », « Dans quel camp seriez-vous à l’époque de la révolution et de la guerre civile ?», «Auriez-vous émigré ou seriez-vous resté dans le pays ?»
L’archiprêtre Vladimir Viguiliansky, responsable du service de presse du patriarcat de Moscou, a répondu : « Les dissensions de l’époque de la révolution et de la guerre civile n’ont pas été résolues. Les adeptes des Blancs et ceux des Rouges continuent à s’affronter. J’ai des doutes quant à la possibilité de surmonter ces différences. Il y des prêtres qui commémorent tous les orthodoxes tombés pendant la guerre civile indépendamment du camp auquel ils appartenaient. Nous n’avons pas encore pleinement pris conscience de ce qui s’est passé il y a près d’un siècle. Les bolcheviks sont à mes yeux des usurpateurs, c’est une évidence. Le pouvoir soviétique s’est installé à la faveur d’un coup d’Etat qui ébranlé toutes les institutions du pays, détruit toutes les valeurs humaines. Ce pouvoir criminel a été une catastrophe pour le pays. Le pouvoir bolchevik a fait périr des millions de vies, cela lors de la guerre civile ainsi que les décennies qui ont suivi. Il est impossible de dire ce que je serai advenu à l’époque. Comment le savoir d’une manière certaine ? Jamais je n’aurais abandonné le pays de mon plein gré. De nombreux aumôniers l’ont fait avec leurs régiments ».
L’archiprêtre Alexandre Saltykov, recteur de la paroisse de la Résurrection à Moscou, a dit : «J’estime que la réconciliation entre Blancs et Rouges n’est actuellement pas à l’ordre du jour. Ce ne sont pas eux mais des groupes financiers qui se combattent aujourd’hui pour conquérir le pouvoir. La société russe connaît actuellement des lignes de clivage qui ne sont pas du tout celles de la guerre civile. Une certaine unité, au demeurant fragile, y existe cependant. Diverses idéologies y sont présentes dont, très faible, le monarchisme fondé sur l’orthodoxie et, d’une manière prédominante, le communisme. La tendance libérale et démocratique a des positions assez fortes. Mais c’est l’idéologie u capitalisme oligarchique, cruelle et inhumaine, qui est aux commandes. Notre société n’est pas mûre, spirituellement et moralement, pour un retour à des structures monarchiques traditionnelles. En effet, ce n’est qu’une partie vraiment peu importante de notre société qui confesse la foi orthodoxe ».
Plusieurs prêtres de l’Eglise Orthodoxe Russe et des historiens s’expriment à propos de l’Exode des Armées blanches de Crimée.
Léonid Rechetnikov, directeur de l’institut des recherches stratégiques, vient d’écrire dans un article récent : « Ceux qui ont dû partir appartenaient à des couches sociales, à des ethnies, des confessions religieuses différentes. L’Exode russe a été pour notre peuple une terrible tragédie, ceci pour ceux qui partaient comme pour ceux qui sont restés. Les liens spirituels et moraux qui soudaient la nation ont été rompus. Notre peuple a pour de longues décennies été divisé entre les Blancs et les Rouges. Une hostilité insurmontable séparait les deux camps. Cette séparation existe jusqu’à présent. La société russe moderne est, elle aussi, divisée dans son évaluation des descendants des émigrés blancs, de la Russie impériale et du pouvoir soviétique ».
Le portail « Regions.ru » a effectué une enquête auprès du clergé. Les questions étaient : « Comment guérir les plaies du passé ? », « Dans quel camp seriez-vous à l’époque de la révolution et de la guerre civile ?», «Auriez-vous émigré ou seriez-vous resté dans le pays ?»
L’archiprêtre Vladimir Viguiliansky, responsable du service de presse du patriarcat de Moscou, a répondu : « Les dissensions de l’époque de la révolution et de la guerre civile n’ont pas été résolues. Les adeptes des Blancs et ceux des Rouges continuent à s’affronter. J’ai des doutes quant à la possibilité de surmonter ces différences. Il y des prêtres qui commémorent tous les orthodoxes tombés pendant la guerre civile indépendamment du camp auquel ils appartenaient. Nous n’avons pas encore pleinement pris conscience de ce qui s’est passé il y a près d’un siècle. Les bolcheviks sont à mes yeux des usurpateurs, c’est une évidence. Le pouvoir soviétique s’est installé à la faveur d’un coup d’Etat qui ébranlé toutes les institutions du pays, détruit toutes les valeurs humaines. Ce pouvoir criminel a été une catastrophe pour le pays. Le pouvoir bolchevik a fait périr des millions de vies, cela lors de la guerre civile ainsi que les décennies qui ont suivi. Il est impossible de dire ce que je serai advenu à l’époque. Comment le savoir d’une manière certaine ? Jamais je n’aurais abandonné le pays de mon plein gré. De nombreux aumôniers l’ont fait avec leurs régiments ».
L’archiprêtre Alexandre Saltykov, recteur de la paroisse de la Résurrection à Moscou, a dit : «J’estime que la réconciliation entre Blancs et Rouges n’est actuellement pas à l’ordre du jour. Ce ne sont pas eux mais des groupes financiers qui se combattent aujourd’hui pour conquérir le pouvoir. La société russe connaît actuellement des lignes de clivage qui ne sont pas du tout celles de la guerre civile. Une certaine unité, au demeurant fragile, y existe cependant. Diverses idéologies y sont présentes dont, très faible, le monarchisme fondé sur l’orthodoxie et, d’une manière prédominante, le communisme. La tendance libérale et démocratique a des positions assez fortes. Mais c’est l’idéologie u capitalisme oligarchique, cruelle et inhumaine, qui est aux commandes. Notre société n’est pas mûre, spirituellement et moralement, pour un retour à des structures monarchiques traditionnelles. En effet, ce n’est qu’une partie vraiment peu importante de notre société qui confesse la foi orthodoxe ».
Réponses de l’archiprêtre Vladislav Svechnikov, recteur de la paroisse des Trois Saints Docteurs à Moscou : « C’est sans hésiter que j’aurais rejoint les Blancs. La vieille Russie, sa culture, tout ce que cela entend me sont chers et jamais je n’aurais accepté de le perdre. Les Russes blancs ont combattu pour sauver une tradition millénaire. La mort dans l’âme je me serai senti contraint d’émigrer. La société avait été divisée par la révolution.
Mais les divisions actuelles ne s’expliquent pas selon moi par la confrontation idéologique entre Rouges et Blancs. La majorité ignore l’histoire du pays et se cantonne dans l’indifférence. Les lignes de clivage sont pas d’ordre idéologique mais relèvent exclusivement d’intérêts purement matériels ».
Dans une interview accordée au Bulletin du Fonds « Saint André le Premier Nommé » Mgr Michel, évêque de Genève et d’Europe occidentale (EORHF) a dit : « La société russe doit sortir de son indifférence à l’égard du passé. Elle est divisée en « camps » et en groupes hermétiques. Comment accepter dans le même temps la sainteté des Nouveaux martyrs et maintenir là où il est le cadavre de Lénine ? Cela vient du Malin. Les Russes doivent se sentir plus responsables de leurs choix, de l’avenir de leur pays. Quatre générations se formées sous les soviets alors que la foi chrétienne était opprimée. Lénine avait voulu faire revenir le peuple russe au paganisme et ceci par des méthodes implacables.
Les Russes des générations post soviétiques se sont à nouveau tournés vers Dieu et je vois en cela un authentique miracle. Le pays s’est transfiguré au cours des deux dernières décennies. Tout y change à vue d’œil. L’essentiel est de bien percevoir la nouvelle réalité et, pour l’avenir, ne pas retomber dans le péché. Les Russes s’en sont toujours tenus à cette vérité : « Trouver les forces de vivre en Dieu et avoir la force morale de suivre la voie qui mène vers Lui ».
Traduction "P.O."
.............................................................
Archevêque Basile (Krivochéine) : "La décision de rejoindre l’Armée blanche (2) et de me battre contre les bolcheviks mûrit en moi durant l’hiver 1918-1919. À ce moment-là, tout m’était devenu intolérable et odieux au sein du système soviétique, dans lequel j’avais, en outre, pris conscience qu’il n’y avait pas de place pour moi. Jamais je ne pourrais y vivre, au sens littéral du terme. Et bien que je fusse loin d’être certain de l’issue victorieuse du combat des Blancs, y prendre part devint pour moi une nécessité vitale. Je ne pouvais pas rester les bras croisés. Cependant, mon souhait n’était pas si facile à réaliser. J’avais laissé échapper le moment propice où la faiblesse et la désorganisation généralisée du pouvoir soviétique rendaient relativement aisé le passage vers les Blancs à travers l’Ukraine de l’Hetman (3).
Par familles entières, les gens avaient alors fui Moscou vers les régions méridionales de la Russie occupées par les Allemands et, de là, ceux qui le désiraient pouvaient rejoindre les Blancs. Maintenant, la situation avait changé du tout au tout. Le pouvoir soviétique s’était renforcé, on contrôlait systématiquement les voyageurs dans les trains, une zone de front avait été délimitée dont l’accès était interdit sans autorisation spéciale de la Tcheka (4). Sans pièces d’identité soviétiques, il était devenu impensable d’approcher la ligne de front, a fortiori de la traverser..... SUITE L’Année 1919 : Rejoindre les Blancs !
A lire Nicolas Ross "La Crimée blanche du général Wrangel"
Mais les divisions actuelles ne s’expliquent pas selon moi par la confrontation idéologique entre Rouges et Blancs. La majorité ignore l’histoire du pays et se cantonne dans l’indifférence. Les lignes de clivage sont pas d’ordre idéologique mais relèvent exclusivement d’intérêts purement matériels ».
Dans une interview accordée au Bulletin du Fonds « Saint André le Premier Nommé » Mgr Michel, évêque de Genève et d’Europe occidentale (EORHF) a dit : « La société russe doit sortir de son indifférence à l’égard du passé. Elle est divisée en « camps » et en groupes hermétiques. Comment accepter dans le même temps la sainteté des Nouveaux martyrs et maintenir là où il est le cadavre de Lénine ? Cela vient du Malin. Les Russes doivent se sentir plus responsables de leurs choix, de l’avenir de leur pays. Quatre générations se formées sous les soviets alors que la foi chrétienne était opprimée. Lénine avait voulu faire revenir le peuple russe au paganisme et ceci par des méthodes implacables.
Les Russes des générations post soviétiques se sont à nouveau tournés vers Dieu et je vois en cela un authentique miracle. Le pays s’est transfiguré au cours des deux dernières décennies. Tout y change à vue d’œil. L’essentiel est de bien percevoir la nouvelle réalité et, pour l’avenir, ne pas retomber dans le péché. Les Russes s’en sont toujours tenus à cette vérité : « Trouver les forces de vivre en Dieu et avoir la force morale de suivre la voie qui mène vers Lui ».
Traduction "P.O."
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Archevêque Basile (Krivochéine) : "La décision de rejoindre l’Armée blanche (2) et de me battre contre les bolcheviks mûrit en moi durant l’hiver 1918-1919. À ce moment-là, tout m’était devenu intolérable et odieux au sein du système soviétique, dans lequel j’avais, en outre, pris conscience qu’il n’y avait pas de place pour moi. Jamais je ne pourrais y vivre, au sens littéral du terme. Et bien que je fusse loin d’être certain de l’issue victorieuse du combat des Blancs, y prendre part devint pour moi une nécessité vitale. Je ne pouvais pas rester les bras croisés. Cependant, mon souhait n’était pas si facile à réaliser. J’avais laissé échapper le moment propice où la faiblesse et la désorganisation généralisée du pouvoir soviétique rendaient relativement aisé le passage vers les Blancs à travers l’Ukraine de l’Hetman (3).
Par familles entières, les gens avaient alors fui Moscou vers les régions méridionales de la Russie occupées par les Allemands et, de là, ceux qui le désiraient pouvaient rejoindre les Blancs. Maintenant, la situation avait changé du tout au tout. Le pouvoir soviétique s’était renforcé, on contrôlait systématiquement les voyageurs dans les trains, une zone de front avait été délimitée dont l’accès était interdit sans autorisation spéciale de la Tcheka (4). Sans pièces d’identité soviétiques, il était devenu impensable d’approcher la ligne de front, a fortiori de la traverser..... SUITE L’Année 1919 : Rejoindre les Blancs !
A lire Nicolas Ross "La Crimée blanche du général Wrangel"
Rédigé par l'équipe de rédaction le 30 Octobre 2021 à 08:00
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