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Le père André Kordotchkine, recteur de l’église de la Nativité du Christ diocèse de Chersonèse, patriarcat de Moscou à Madrid décrit pour "Pravoslavie i mir" la situation des Russes en Espagne :
On me demande souvent : « Qui sont ceux qui quittent de nos jours la Russie ? » Il s’agit en définitive d’intégration et, en même temps de non oubli de sa propre culture. L’un ne peut aller sans l’autre. Les émigrés qui ont du fuir leur pays à la suite de la révolution étaient des gens instruits, fidèles à leur foi, attachés à leur langue. Il ne leur a donc pas été difficile de faire siennes les cultures des pays où ils se sont installés. Leur culture les a aidés à s’attacher à leurs nouveaux pays et à y trouver une place digne d’eux. Il est difficile de dire comment les choses vont se passer avec nos ouailles de maintenant, les émigrés de la «nouvelle vague ». Ils ont peu en commun avec ceux d’après la révolution. Il y a aujourd’hui parmi les nouveaux arrivés beaucoup de personnes aisées qui peuvent vivre et travailler avec un pied dans deux ou trois pays. Ils gardent leur nationalité russe et reviennent dans leur pays.
On me demande souvent : « Qui sont ceux qui quittent de nos jours la Russie ? » Il s’agit en définitive d’intégration et, en même temps de non oubli de sa propre culture. L’un ne peut aller sans l’autre. Les émigrés qui ont du fuir leur pays à la suite de la révolution étaient des gens instruits, fidèles à leur foi, attachés à leur langue. Il ne leur a donc pas été difficile de faire siennes les cultures des pays où ils se sont installés. Leur culture les a aidés à s’attacher à leurs nouveaux pays et à y trouver une place digne d’eux. Il est difficile de dire comment les choses vont se passer avec nos ouailles de maintenant, les émigrés de la «nouvelle vague ». Ils ont peu en commun avec ceux d’après la révolution. Il y a aujourd’hui parmi les nouveaux arrivés beaucoup de personnes aisées qui peuvent vivre et travailler avec un pied dans deux ou trois pays. Ils gardent leur nationalité russe et reviennent dans leur pays.
Il y a des personnes peu fortunées, je pense à nos paroissiens madrilènes, souvent ils ne veulent pas rester en Espagne, ils n’y possèdent pas de maisons, rien ne les y retient. Ce sont pour ainsi dire des migrants permanents.
Les étudiants représentent une catégorie à part. Certains retournent en Russie, d’autres trouvent des emplois, se marient. Allez ailleurs pour trouver un emploi et de quoi vivre est une décision forcée. Qui aurait l’idée, s’il est bien installé dans l’existence, d’abandonner sa maison, ses enfants, ses vieux parents ? Il serait ingrat d’essayer de comparer entre elles les diverses vagues de l’émigration russe.
Lorsque je faisais mes études en Angleterre la notion d’émigré s’associait avec des personnes qui disaient « aéroplane, ou prendre l’omnibus ». On leur avait appris à parler ainsi dans leur enfance. Mais ces quelques expressions amusantes mises à part ils maitrisaient un russe bien plus riche que celui que nous entendons aujourd’hui à Moscou. C’était un plaisir pour moi que de converser avec des interlocuteurs dont le russe était d’une pureté cristalline.
Ordonné prêtre, toujours en Angleterre, j’ai célébré l’un de mes premiers mariages. Une voiture m’amena parmi des jeunes à l’aspect indéfini qui se mirent d’emblée à me tutoyer. Leur chewing-gum à la bouche, ils fredonnaient un refrain parlant de la fumée des cigarettes à la menthe. Par la suite j’ai rencontré beaucoup de jeunes de ce genre et il m’a fallu un certain temps pour me dire que rien de terrible ne se passait. Il s’agissait simplement d’un changement de générations. Les vieux émigrés blancs qui ne sortaient jamais de chez eux non cravatés éprouvaient à notre égard, étudiants barbus en jean, une certaine appréhension. Mais nous avions, quoi qu’on puisse en dire, quelques connaissances.
Autre relève générationnelle : je vois de plus en plus souvent dans notre église des enfants de six ou sept ans issus de mariages mixtes et qui ne parlent pas ou presque le russe. Rares sont ceux qui savent lire, personne ne sait écrire. Leurs parents les envoient chez nous pour qu’ils apprennent la langue. Mais la connaissance de la langue n’apporte rien en soi si la formation spirituelle de l’enfant est confiée exclusivement à la charge de l’école du dimanche. Ces enfants n’y restent d’ailleurs pas longtemps. En effet, amener les enfants à l’église chaque dimanche demande des parents une certaine discipline et ils ne l’ont pas. Les enfants qui fréquentent une école représentent une goutte dans la mer de tous ceux qui ont vu le jour à Madrid. Le téléphone sonne. Une voix de femme : « Padre Andreï, je cherche une iglesia orthodoxe, je voudrais savoir quand il y aura la missa ? » A quoi s’attendre des enfants de cette femme ?
Pour ce qui est des émigrés « virtuels, de ceux qui ne parlent que de partir, je suppose qu’ils ne sont pas sincères. La Russie de nos jours offre de grandes possibilités. Il est préférable de vivre et de gagner sa vie en Russie si l’on rêve d’acheter une maison à Marbella.
Il est essentiel que la stabilité actuelle se maintienne en Russie et qu’il n’y ait pas d’effondrement dans les dix ans à venir.
"Pravoslavie i mir" et "Parlons d'orthodoxie"
Les étudiants représentent une catégorie à part. Certains retournent en Russie, d’autres trouvent des emplois, se marient. Allez ailleurs pour trouver un emploi et de quoi vivre est une décision forcée. Qui aurait l’idée, s’il est bien installé dans l’existence, d’abandonner sa maison, ses enfants, ses vieux parents ? Il serait ingrat d’essayer de comparer entre elles les diverses vagues de l’émigration russe.
Lorsque je faisais mes études en Angleterre la notion d’émigré s’associait avec des personnes qui disaient « aéroplane, ou prendre l’omnibus ». On leur avait appris à parler ainsi dans leur enfance. Mais ces quelques expressions amusantes mises à part ils maitrisaient un russe bien plus riche que celui que nous entendons aujourd’hui à Moscou. C’était un plaisir pour moi que de converser avec des interlocuteurs dont le russe était d’une pureté cristalline.
Ordonné prêtre, toujours en Angleterre, j’ai célébré l’un de mes premiers mariages. Une voiture m’amena parmi des jeunes à l’aspect indéfini qui se mirent d’emblée à me tutoyer. Leur chewing-gum à la bouche, ils fredonnaient un refrain parlant de la fumée des cigarettes à la menthe. Par la suite j’ai rencontré beaucoup de jeunes de ce genre et il m’a fallu un certain temps pour me dire que rien de terrible ne se passait. Il s’agissait simplement d’un changement de générations. Les vieux émigrés blancs qui ne sortaient jamais de chez eux non cravatés éprouvaient à notre égard, étudiants barbus en jean, une certaine appréhension. Mais nous avions, quoi qu’on puisse en dire, quelques connaissances.
Autre relève générationnelle : je vois de plus en plus souvent dans notre église des enfants de six ou sept ans issus de mariages mixtes et qui ne parlent pas ou presque le russe. Rares sont ceux qui savent lire, personne ne sait écrire. Leurs parents les envoient chez nous pour qu’ils apprennent la langue. Mais la connaissance de la langue n’apporte rien en soi si la formation spirituelle de l’enfant est confiée exclusivement à la charge de l’école du dimanche. Ces enfants n’y restent d’ailleurs pas longtemps. En effet, amener les enfants à l’église chaque dimanche demande des parents une certaine discipline et ils ne l’ont pas. Les enfants qui fréquentent une école représentent une goutte dans la mer de tous ceux qui ont vu le jour à Madrid. Le téléphone sonne. Une voix de femme : « Padre Andreï, je cherche une iglesia orthodoxe, je voudrais savoir quand il y aura la missa ? » A quoi s’attendre des enfants de cette femme ?
Pour ce qui est des émigrés « virtuels, de ceux qui ne parlent que de partir, je suppose qu’ils ne sont pas sincères. La Russie de nos jours offre de grandes possibilités. Il est préférable de vivre et de gagner sa vie en Russie si l’on rêve d’acheter une maison à Marbella.
Il est essentiel que la stabilité actuelle se maintienne en Russie et qu’il n’y ait pas d’effondrement dans les dix ans à venir.
"Pravoslavie i mir" et "Parlons d'orthodoxie"
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 28 Mars 2012 à 22:00
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