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V. Golovanow
Le jeûne avant Pâques a été décidé aux conciles de Nicée (325) et de Laodicée (365). Ces quarante jours commémorent la tentation de Jésus dans le désert. L’Evangile raconte qu’en réponse à la tentation du démon qui lui proposait de changer des pierres en pain, Jésus répondit : "Il est écrit, l’homme ne vivra pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Matthieu 4:4).
Durant les premiers siècles du christianisme, le Carême était une période de pénitence pour les pécheurs qui seraient lavés de leurs fautes durant la nuit de Pâques, et de préparation des catéchumènes au baptême qu’ils recevaient durant la nuit de Pâques. Sous Charlemagne, celui qui ne respectait pas le jeûne, sans dispense spéciale, durant le Carême risquait la peine de mort.
JEUNE, PRIERE ET AMOUR
Père Boris BOBRINSKOY (1)
La période du Carême des 40 jours, peut être comprise comme un temps unique, exclusif, un temps de préparation à la Pâque annuelle du printemps, et par cela, à la Pâque éternelle du «passage» (c'est le sens littéral du mot hébreu Pesah-Pâque), de la vie corruptible à la vie éternelle, des pénombres à la lumière, de l'exil dans une terre lointaine, celle du péché, à la vision dans le face à face du Royaume.
Le programme du Carême qui résume et récapitule l'ascèse permanente de toute vie chrétienne consciente et responsable, c'est la réponse aux trois tentations qu'a subies le Christ au désert, au terme des 40 jours où il ne mangea pas et où il eut faim (Mt 4, 3).
Le jeûne avant Pâques a été décidé aux conciles de Nicée (325) et de Laodicée (365). Ces quarante jours commémorent la tentation de Jésus dans le désert. L’Evangile raconte qu’en réponse à la tentation du démon qui lui proposait de changer des pierres en pain, Jésus répondit : "Il est écrit, l’homme ne vivra pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Matthieu 4:4).
Durant les premiers siècles du christianisme, le Carême était une période de pénitence pour les pécheurs qui seraient lavés de leurs fautes durant la nuit de Pâques, et de préparation des catéchumènes au baptême qu’ils recevaient durant la nuit de Pâques. Sous Charlemagne, celui qui ne respectait pas le jeûne, sans dispense spéciale, durant le Carême risquait la peine de mort.
JEUNE, PRIERE ET AMOUR
Père Boris BOBRINSKOY (1)
La période du Carême des 40 jours, peut être comprise comme un temps unique, exclusif, un temps de préparation à la Pâque annuelle du printemps, et par cela, à la Pâque éternelle du «passage» (c'est le sens littéral du mot hébreu Pesah-Pâque), de la vie corruptible à la vie éternelle, des pénombres à la lumière, de l'exil dans une terre lointaine, celle du péché, à la vision dans le face à face du Royaume.
Le programme du Carême qui résume et récapitule l'ascèse permanente de toute vie chrétienne consciente et responsable, c'est la réponse aux trois tentations qu'a subies le Christ au désert, au terme des 40 jours où il ne mangea pas et où il eut faim (Mt 4, 3).
Tentation du pain
C'est-à-dire des nourritures terrestres qui donnent à l'homme l'illusion de pouvoir vivre de lui-même, refoulant au fond de lui l'angoisse de la mort et la crainte de l'au-delà. Choisir d'avoir faim, de jeûner, c'est aussi choisir de se rendre disponible pour une autre nourriture : la parole et le pain de vie de Dieu dont tout homme a besoin poui subsister.
Tentation du miracle
C'est à dire une puissance illimitée sur les êtres, les contraignant à adorer Dieu, à lui obéir, en les subjuguant plutôt qu'en agissant envers eux par le miracle de l'Esprit, celui de l'amour de la conversion du cœur. Cette conversion intérieure exige le renoncement à soi-même, le refus d'être servi. Le «Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir» (Mc 10, 45). Tel est le véritable amour qui doit tendre à imprégner toutes nos relations, nos attitudes humaines les plus quotidiennes.
Tentation du pouvoir...
Sur les royaumes de ce monde, à la seule condition d'adorer Satan.
«Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c'est Lui seul que tu serviras».
Cette adoration de Dieu le Père dans le Christ par l'Esprit-Saint tend à devenir la dominante la plus intérieure et la plus constante de notre vie, la priorité la plus absolue de toute existence humaine dans la foi. Prière humble et discrète, comme les gestes quotidiens d'amour, mais réalité qui envahit tellement notre cœur que celui-ci en demeure blessé à jamais.
La véritable prière n'est pas seulement langage et dialogue avec Dieu, mais elle tend à être en nous prière de l'Esprit-Saint qui vit en nous et qui se confond avec notre existence et notre souffle le plus personnel et le plus profond.
Que l'«assaisonnement» de ce triple programme de Carême soit la discrétion, la non ostentation, la joie sur le visage, le non jugement des faibles, la non envie des forts, le sentiment aussi que le Seigneur Jésus est venu sauver les pêcheurs dont je suis le premier («Laisse-moi voir mes propres pêchés et ne pas juger mon frère» ). Le fruit du jeûne et sa force sera la prière, le signe de la venue en nous de l'esprit de l'amour sera l'amour, l'amour de nos proches, chacun de ceux pour qui le Christ est mort.
(1) Boris Bobrinskoy, né le 25 février 1925 à Paris1, est l'un des grands théologiens orthodoxes des XXe et XXIe siècles, professeur à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge à Paris, auteur de plusieurs ouvrages de théologie et de liturgie.
C'est-à-dire des nourritures terrestres qui donnent à l'homme l'illusion de pouvoir vivre de lui-même, refoulant au fond de lui l'angoisse de la mort et la crainte de l'au-delà. Choisir d'avoir faim, de jeûner, c'est aussi choisir de se rendre disponible pour une autre nourriture : la parole et le pain de vie de Dieu dont tout homme a besoin poui subsister.
Tentation du miracle
C'est à dire une puissance illimitée sur les êtres, les contraignant à adorer Dieu, à lui obéir, en les subjuguant plutôt qu'en agissant envers eux par le miracle de l'Esprit, celui de l'amour de la conversion du cœur. Cette conversion intérieure exige le renoncement à soi-même, le refus d'être servi. Le «Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir» (Mc 10, 45). Tel est le véritable amour qui doit tendre à imprégner toutes nos relations, nos attitudes humaines les plus quotidiennes.
Tentation du pouvoir...
Sur les royaumes de ce monde, à la seule condition d'adorer Satan.
«Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c'est Lui seul que tu serviras».
Cette adoration de Dieu le Père dans le Christ par l'Esprit-Saint tend à devenir la dominante la plus intérieure et la plus constante de notre vie, la priorité la plus absolue de toute existence humaine dans la foi. Prière humble et discrète, comme les gestes quotidiens d'amour, mais réalité qui envahit tellement notre cœur que celui-ci en demeure blessé à jamais.
La véritable prière n'est pas seulement langage et dialogue avec Dieu, mais elle tend à être en nous prière de l'Esprit-Saint qui vit en nous et qui se confond avec notre existence et notre souffle le plus personnel et le plus profond.
Que l'«assaisonnement» de ce triple programme de Carême soit la discrétion, la non ostentation, la joie sur le visage, le non jugement des faibles, la non envie des forts, le sentiment aussi que le Seigneur Jésus est venu sauver les pêcheurs dont je suis le premier («Laisse-moi voir mes propres pêchés et ne pas juger mon frère» ). Le fruit du jeûne et sa force sera la prière, le signe de la venue en nous de l'esprit de l'amour sera l'amour, l'amour de nos proches, chacun de ceux pour qui le Christ est mort.
(1) Boris Bobrinskoy, né le 25 février 1925 à Paris1, est l'un des grands théologiens orthodoxes des XXe et XXIe siècles, professeur à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge à Paris, auteur de plusieurs ouvrages de théologie et de liturgie.
"NE TARDE PAS, DIT LE SEIGNEUR, CONVERTIS-TOI A DIEU, ET NE DIFFERE PAS DE JOUR EN JOUR."
Saint Césaire d'Arles, Sermons (2)
"Ne tarde pas, dit le Seigneur, convertis-toi à Dieu, et ne diffère pas de jour en jour." Ce sont les paroles de Dieu et non les miennes ; vous ne les avez pas entendues de moi, mais moi je les entends avec vous : "Ne tarde pas, dit-il, convertis-toi au Seigneur." Mais toi tu réponds : "Demain! demain!" (dans le latin du texte : "Cras! cras!") Quel croassement de corbeau ! Comme le corbeau envoyé de l'arche n'y est pas revenu et, maintenant qu'il est vieux, dit encore : Demain ! Demain ! C'est le cri du corbeau : tête blanche et cœur noir. Demain ! Demain ! c'est le cri du corbeau : le corbeau n'est pas revenu à l'arche, la colombe est revenue.
Qu'il se perde donc, le croassement du corbeau, et que se fasse entendre le gémissement de la colombe. Il te crie, celui qui veille sur toi : « Ne tarde pas à te convertir à Dieu et ne diffère pas de jour en jour. Si nous convertissons nos âmes, avec l’aide de Dieu, aux remèdes de la pénitence et aux médicaments des aumônes, nous viendrons avec bonheur devant le tribunal du Christ, non pour y être condamnés mais pour y être couronnés ; notre Seigneur Jésus-Christ s’en portant garant, lui auquel appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen."
(2) Saint Césaire d'Arles (Кесарий Арльский), (vers 470 - 26 août 542), moine de Lérins, puis évêque d'Arles pendant quarante ans, auteur de 238 d'homélies et de sermons inspirés par la théologie de saint Augustin, il est considéré comme un Père de l’Église par l’Église Catholique. Commémoré le 27 août / 9 septembre comme saint local.
Saint Césaire d'Arles, Sermons (2)
"Ne tarde pas, dit le Seigneur, convertis-toi à Dieu, et ne diffère pas de jour en jour." Ce sont les paroles de Dieu et non les miennes ; vous ne les avez pas entendues de moi, mais moi je les entends avec vous : "Ne tarde pas, dit-il, convertis-toi au Seigneur." Mais toi tu réponds : "Demain! demain!" (dans le latin du texte : "Cras! cras!") Quel croassement de corbeau ! Comme le corbeau envoyé de l'arche n'y est pas revenu et, maintenant qu'il est vieux, dit encore : Demain ! Demain ! C'est le cri du corbeau : tête blanche et cœur noir. Demain ! Demain ! c'est le cri du corbeau : le corbeau n'est pas revenu à l'arche, la colombe est revenue.
Qu'il se perde donc, le croassement du corbeau, et que se fasse entendre le gémissement de la colombe. Il te crie, celui qui veille sur toi : « Ne tarde pas à te convertir à Dieu et ne diffère pas de jour en jour. Si nous convertissons nos âmes, avec l’aide de Dieu, aux remèdes de la pénitence et aux médicaments des aumônes, nous viendrons avec bonheur devant le tribunal du Christ, non pour y être condamnés mais pour y être couronnés ; notre Seigneur Jésus-Christ s’en portant garant, lui auquel appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen."
(2) Saint Césaire d'Arles (Кесарий Арльский), (vers 470 - 26 août 542), moine de Lérins, puis évêque d'Arles pendant quarante ans, auteur de 238 d'homélies et de sermons inspirés par la théologie de saint Augustin, il est considéré comme un Père de l’Église par l’Église Catholique. Commémoré le 27 août / 9 septembre comme saint local.
POURQUOI LE CAREME : LE JEUNE, LES SACRIFICES...
Pourquoi le carême : le jeûne, les sacrifices... C’est pas un peu se faire du mal pour rien ?
Par le Père Daniel-Ange et son équipe (3).
- Les temps liturgique nous aident à mieux comprendre, en les rendant actuels, les événements de la vie de Jésus.
- Les jeûnes et sacrifices nous apprennent la maîtrise de soi, ainsi que la liberté face à bien des choses dont nous sommes très souvent dépendants.
- Ils nous apprennent que même dans ce dépouillement, de choses qui en elles-mêmes sont naturelles, Dieu suffit à nous combler.
- Les économies faites dans cette simplicité de vie servent à aider ceux qui sont dans le besoin
Mais se priver n’est-ce pas un peu facile quand on est dans un pays riche ?
C’est vrai, donner un peu quand on a beaucoup n’est pas grand-chose ; mais en même temps c’est un premier pas, un premier effort, et en donnant aux autres, pas forcément de l’argent mais aussi de son temps et de son attention, on découvre qu’on peut semer la joie ; et plus on donne plus on peut rendre heureux ceux qui nous entourent et être pleinement heureux nous mêmes. Mais ne rien donner sous prétexte que c’est peu, n’est-ce pas pire encore ? Les chrétiens apprennent à se donner comme le Christ s’est donné pour chacun de nous.
Les chrétiens aiment donc souffrir ?
L’essence du Carême ne consiste pas d’abord à nous priver de certaines choses matérielles. Si l’Église nous demande de faire pénitence, ce n’est pas pour nous punir, mais c’est pour nous aider à changer. C’est une manière de nous inviter à nous débarrasser de l’orgueil, de l’égoïsme, de la division et de tout ce qui nous empêche de vivre en communion avec Dieu. Le Carême est en effet le moment idéal pour faire un effort sur soi en vue d’éliminer tout ce qui est source de blessure pour autrui. Le Carême nous invite à voir qu’en toute situation, il y a toujours la possibilité de faire germer l’amour. Le Carême nous invite à vaincre la violence par l’amour.
Dire qu’on fait pénitence, n’est-ce pas se donner bonne conscience facilement ?
Le chrétien ne pense pas être meilleur que les autres, au contraire il sait qu’il fait des fautes, qu’il fait preuve d’égoïsme, qu’il n’est pas assez généreux et il ne juge personne. Le Carême lui permet de se corriger, d’être meilleur avec l’aide du Christ, non pas en faisant de grandes démonstrations extérieures, mais dans le silence et la discrétion, en changeant son cœur. Clamer haut et fort que l’on fait des sacrifices serait hypocrite. Le bien ne fait pas de bruit et le chrétien sait que faire le bien, demande un perpétuel recommencement. En se pensant parfait on est égoïste. Le chrétien sait qu’il est imparfait mais aussi que Jésus-Christ l’aime dans sa misère et ses défauts ; c’est ce qui donne à tout chrétien le désir d’être meilleur, pour Dieu et pour les autres.
(3) Le père Daniel-Ange de Maupeou d'Ableiges est un moine ermite, prêtre catholique et écrivain franco-belge né le 17 octobre 19321 à Bruxelles, en Belgique. Il est connu pour être le fondateur de l'école de prière et d'évangélisation Jeunesse-Lumière et pour ses ouvrages de spiritualité.
Pourquoi le carême : le jeûne, les sacrifices... C’est pas un peu se faire du mal pour rien ?
Par le Père Daniel-Ange et son équipe (3).
- Les temps liturgique nous aident à mieux comprendre, en les rendant actuels, les événements de la vie de Jésus.
- Les jeûnes et sacrifices nous apprennent la maîtrise de soi, ainsi que la liberté face à bien des choses dont nous sommes très souvent dépendants.
- Ils nous apprennent que même dans ce dépouillement, de choses qui en elles-mêmes sont naturelles, Dieu suffit à nous combler.
- Les économies faites dans cette simplicité de vie servent à aider ceux qui sont dans le besoin
Mais se priver n’est-ce pas un peu facile quand on est dans un pays riche ?
C’est vrai, donner un peu quand on a beaucoup n’est pas grand-chose ; mais en même temps c’est un premier pas, un premier effort, et en donnant aux autres, pas forcément de l’argent mais aussi de son temps et de son attention, on découvre qu’on peut semer la joie ; et plus on donne plus on peut rendre heureux ceux qui nous entourent et être pleinement heureux nous mêmes. Mais ne rien donner sous prétexte que c’est peu, n’est-ce pas pire encore ? Les chrétiens apprennent à se donner comme le Christ s’est donné pour chacun de nous.
Les chrétiens aiment donc souffrir ?
L’essence du Carême ne consiste pas d’abord à nous priver de certaines choses matérielles. Si l’Église nous demande de faire pénitence, ce n’est pas pour nous punir, mais c’est pour nous aider à changer. C’est une manière de nous inviter à nous débarrasser de l’orgueil, de l’égoïsme, de la division et de tout ce qui nous empêche de vivre en communion avec Dieu. Le Carême est en effet le moment idéal pour faire un effort sur soi en vue d’éliminer tout ce qui est source de blessure pour autrui. Le Carême nous invite à voir qu’en toute situation, il y a toujours la possibilité de faire germer l’amour. Le Carême nous invite à vaincre la violence par l’amour.
Dire qu’on fait pénitence, n’est-ce pas se donner bonne conscience facilement ?
Le chrétien ne pense pas être meilleur que les autres, au contraire il sait qu’il fait des fautes, qu’il fait preuve d’égoïsme, qu’il n’est pas assez généreux et il ne juge personne. Le Carême lui permet de se corriger, d’être meilleur avec l’aide du Christ, non pas en faisant de grandes démonstrations extérieures, mais dans le silence et la discrétion, en changeant son cœur. Clamer haut et fort que l’on fait des sacrifices serait hypocrite. Le bien ne fait pas de bruit et le chrétien sait que faire le bien, demande un perpétuel recommencement. En se pensant parfait on est égoïste. Le chrétien sait qu’il est imparfait mais aussi que Jésus-Christ l’aime dans sa misère et ses défauts ; c’est ce qui donne à tout chrétien le désir d’être meilleur, pour Dieu et pour les autres.
(3) Le père Daniel-Ange de Maupeou d'Ableiges est un moine ermite, prêtre catholique et écrivain franco-belge né le 17 octobre 19321 à Bruxelles, en Belgique. Il est connu pour être le fondateur de l'école de prière et d'évangélisation Jeunesse-Lumière et pour ses ouvrages de spiritualité.
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Mars 2022 à 09:00
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