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V.Golovanow
Partie 1: ceux qui sont favorables au rapprochement
Le rencontre historique entre le Pape et le patriarche de Moscou a suscité de nombreux commentaires qui faisaient état, pour la plupart, d'informations incomplètes ou erronées. Aussi il nous semble intéressant de proposer un état des lieux synthétique. Ce texte s'articule en trois parties:
- Position favorable au rapprochement
- Position opposée au rapprochement
- Position de l'Église russe
Introduction: l'organisation "conciliaire" de l'Orthodoxie
Les Orthodoxes sont estimés à 250 - 300 millions dans le monde et, contrairement au Catholicisme, ils n'ont pas une structure centralisée autour d'un primat universel mais s'organisent en 14 Églises locales indépendantes (dites autocéphales), dont les plus honorées ont le titre de patriarcats. Elles ont chacune une autorité territoriale sur des territoires canoniques qui se trouvent en Europe orientale et au Proche Orient. C'est là que résident la majeure partie des Orthodoxes (voir carte); mais il y a aussi des communautés émigrées des différentes Églises dans le monde entier formant la diaspora orthodoxe qui reflète aussi cette "diversité dans l'unité" (1) que revendique l'Orthodoxie.
Partie 1: ceux qui sont favorables au rapprochement
Le rencontre historique entre le Pape et le patriarche de Moscou a suscité de nombreux commentaires qui faisaient état, pour la plupart, d'informations incomplètes ou erronées. Aussi il nous semble intéressant de proposer un état des lieux synthétique. Ce texte s'articule en trois parties:
- Position favorable au rapprochement
- Position opposée au rapprochement
- Position de l'Église russe
Introduction: l'organisation "conciliaire" de l'Orthodoxie
Les Orthodoxes sont estimés à 250 - 300 millions dans le monde et, contrairement au Catholicisme, ils n'ont pas une structure centralisée autour d'un primat universel mais s'organisent en 14 Églises locales indépendantes (dites autocéphales), dont les plus honorées ont le titre de patriarcats. Elles ont chacune une autorité territoriale sur des territoires canoniques qui se trouvent en Europe orientale et au Proche Orient. C'est là que résident la majeure partie des Orthodoxes (voir carte); mais il y a aussi des communautés émigrées des différentes Églises dans le monde entier formant la diaspora orthodoxe qui reflète aussi cette "diversité dans l'unité" (1) que revendique l'Orthodoxie.
(1) In Métropolite Kallistos (WARE), "L'Orthodoxie, l'Eglise des sept conciles", Cerf Paris 2002, p.311
Le pape François et le patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée se félicitent après la signature d'un communiqué commun, le 30 novembre 2014 à Istanbul - Filippo Monteforte
L’Eglise orthodoxe est donc une communion (= unité spirituelle rigoureuse de foi et de vie) d’Eglises unies entre elles par la foi, la façon de prier et la façon de vivre; elles respectent scrupuleusement les dogmes des "7 Conciles œcuméniques"(2) et les traditions des Pères du premier millénaire et elles sont unies entre elles par l'intercommunion eucharistique (ce qui explique le refus de toute intercommunion avec des "hétérodoxes").
Chacune est dirigée par son propre primat entouré d'un synode et, si le patriarche de Constantinople porte le titre de "Patriarche Œcuménique" et bénéficie d'une primauté d'honneur ("Primus inter pares", premier entre les égaux), il n'a aucune autorité sur les autres Églises.
(2) Les Sept conciles œcuméniques ont réuni les évêques de toute la Chrétienté du 4ème au 8ème siècles. Ils sont reconnus par l'Église Catholique mais, pour les Orthodoxes, ils ont exprimé l’universalité de la foi chrétienne et les dogmes alors définis sont intangibles (aucune évolution des dogmes chez les orthodoxes).
L'instance de décision suprême pour les Orthodoxe est le Concile – conciles locaux régulant le fonctionnement de chaque Église locale, conciles panorthodoxes réglant les questions communes. Le dernier concile universel pour les Orthodoxes est celui de 879/880 (auquel participèrent des légats romains et qui condamna le "filioque"); il y eut ensuite des conciles locaux convoqués à Constantinople pour régler des problèmes panorthodoxes, mais toutes les Églises n'y participèrent pas. Le dernier en date se tint à Constantinople en 1872 et le prochain, qui devrait réunir toutes les Églises, se prépare depuis cinquante ans et devrait se tenir du 16 au 27 juin 2016 à La Canée (Crète). Un texte sur les relations avec les autres confessions chrétiennes y sera proclamé (4) mais, en attendant, les positions vis-à-vis du Catholicisme sont assez divergentes.
(3) "Filioque", qui signifie 'et du fils' en latin, fut rajouté par les occidentaux vers le VIème siècle au Crédo de Nicée-Constantinople et généralisé dans tout l'occident vers le IXème malgré l'opposition des Église d'Orient. Ce fut la cause des anathèmes réciproques de 1054…
(4) Cf. Commentaire 7,
Le pape François et le patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée se félicitent après la signature d'un communiqué commun, le 30 novembre 2014 à Istanbul - Filippo Monteforte
L’Eglise orthodoxe est donc une communion (= unité spirituelle rigoureuse de foi et de vie) d’Eglises unies entre elles par la foi, la façon de prier et la façon de vivre; elles respectent scrupuleusement les dogmes des "7 Conciles œcuméniques"(2) et les traditions des Pères du premier millénaire et elles sont unies entre elles par l'intercommunion eucharistique (ce qui explique le refus de toute intercommunion avec des "hétérodoxes").
Chacune est dirigée par son propre primat entouré d'un synode et, si le patriarche de Constantinople porte le titre de "Patriarche Œcuménique" et bénéficie d'une primauté d'honneur ("Primus inter pares", premier entre les égaux), il n'a aucune autorité sur les autres Églises.
(2) Les Sept conciles œcuméniques ont réuni les évêques de toute la Chrétienté du 4ème au 8ème siècles. Ils sont reconnus par l'Église Catholique mais, pour les Orthodoxes, ils ont exprimé l’universalité de la foi chrétienne et les dogmes alors définis sont intangibles (aucune évolution des dogmes chez les orthodoxes).
L'instance de décision suprême pour les Orthodoxe est le Concile – conciles locaux régulant le fonctionnement de chaque Église locale, conciles panorthodoxes réglant les questions communes. Le dernier concile universel pour les Orthodoxes est celui de 879/880 (auquel participèrent des légats romains et qui condamna le "filioque"); il y eut ensuite des conciles locaux convoqués à Constantinople pour régler des problèmes panorthodoxes, mais toutes les Églises n'y participèrent pas. Le dernier en date se tint à Constantinople en 1872 et le prochain, qui devrait réunir toutes les Églises, se prépare depuis cinquante ans et devrait se tenir du 16 au 27 juin 2016 à La Canée (Crète). Un texte sur les relations avec les autres confessions chrétiennes y sera proclamé (4) mais, en attendant, les positions vis-à-vis du Catholicisme sont assez divergentes.
(3) "Filioque", qui signifie 'et du fils' en latin, fut rajouté par les occidentaux vers le VIème siècle au Crédo de Nicée-Constantinople et généralisé dans tout l'occident vers le IXème malgré l'opposition des Église d'Orient. Ce fut la cause des anathèmes réciproques de 1054…
(4) Cf. Commentaire 7,
Le patriarche de Constantinople se rapproche du pape François
Après avoir été en communion pendant le premier millénaire, Orthodoxes et Catholiques se sont de plus en plus éloignés durant le second: après les anathèmes réciproques de 1054, citons le sac de Constantinople par les croisés et l'établissement de diocèses latins en Terre Sainte et en Grèce (XIIIe siècle), le concile de Lyon 2 (1274), qui condamna ceux qui nient le "filioque", le rejet de l'union de Florence-Ferrare par les Églises orthodoxes (XVe siècle), la promulgation des nouveaux dogmes catholiques (XIXe et XXe siècles)… tout justifie l'appel de l'évêque de Limoges exhortant les troupes partant en Crimée à "extirper le schisme photien" (sic. Conférence «Le monde orthodoxe 20 ans après la chute du mur de Berlin» de J. F. Colosimo à L'ITO Saint-Serge (Paris), le 7 février 2009; http://orthodoxie.com/le-monde-orthodoxe-20-ans-apres-la-chute-du-mur-de-berlin-une-conference-de-jeanfrancois-colosimo/).
Mais depuis un siècle la situation change: des encycliques du patriarcat de Constantinople (1902, 1904, 1920) ouvrent la voie à la naissance du Mouvement œcuménique avec les Protestants, mais surtout Vatican II provoque une véritable volte face de l'Église catholique en proclamant que les Eglises orthodoxes sont des Eglises sœurs "dont plusieurs se glorifient d'avoir été fondées par les Apôtres eux-mêmes et nos différences constituent une "légitime diversité en matière de culte ("Unitatis Redintegratio" 14 et 17). Jean Paul II confirme et va plus loin dans l'encyclique «Ut unum sint» (http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_25051995_ut-unum-sint.html) entièrement consacrée à l'unité des chrétiens, ce qui constitue une première dans l'histoire de l'Eglise catholique. La porte est alors ouverte au dialogue théologique (création de plusieurs commission théologiques mixtes qui vont se réunir régulièrement) et aux contacts à haut niveau ouverts par l'accolade historique à Jérusalem entre le pape Paul VI et le patriarche de Constantinople Athénagoras en 1964 et la levée des anathèmes de 1054 en 1965
Après avoir été en communion pendant le premier millénaire, Orthodoxes et Catholiques se sont de plus en plus éloignés durant le second: après les anathèmes réciproques de 1054, citons le sac de Constantinople par les croisés et l'établissement de diocèses latins en Terre Sainte et en Grèce (XIIIe siècle), le concile de Lyon 2 (1274), qui condamna ceux qui nient le "filioque", le rejet de l'union de Florence-Ferrare par les Églises orthodoxes (XVe siècle), la promulgation des nouveaux dogmes catholiques (XIXe et XXe siècles)… tout justifie l'appel de l'évêque de Limoges exhortant les troupes partant en Crimée à "extirper le schisme photien" (sic. Conférence «Le monde orthodoxe 20 ans après la chute du mur de Berlin» de J. F. Colosimo à L'ITO Saint-Serge (Paris), le 7 février 2009; http://orthodoxie.com/le-monde-orthodoxe-20-ans-apres-la-chute-du-mur-de-berlin-une-conference-de-jeanfrancois-colosimo/).
Mais depuis un siècle la situation change: des encycliques du patriarcat de Constantinople (1902, 1904, 1920) ouvrent la voie à la naissance du Mouvement œcuménique avec les Protestants, mais surtout Vatican II provoque une véritable volte face de l'Église catholique en proclamant que les Eglises orthodoxes sont des Eglises sœurs "dont plusieurs se glorifient d'avoir été fondées par les Apôtres eux-mêmes et nos différences constituent une "légitime diversité en matière de culte ("Unitatis Redintegratio" 14 et 17). Jean Paul II confirme et va plus loin dans l'encyclique «Ut unum sint» (http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_25051995_ut-unum-sint.html) entièrement consacrée à l'unité des chrétiens, ce qui constitue une première dans l'histoire de l'Eglise catholique. La porte est alors ouverte au dialogue théologique (création de plusieurs commission théologiques mixtes qui vont se réunir régulièrement) et aux contacts à haut niveau ouverts par l'accolade historique à Jérusalem entre le pape Paul VI et le patriarche de Constantinople Athénagoras en 1964 et la levée des anathèmes de 1054 en 1965
De 1964 à fin 2015 il y a eu prés de vingt rencontres entre les papes de Rome et les patriarches de Constantinople successifs
cf. 1500 ans de rencontres au sommet et le Pape François en Turquie", "parlons d'orthodoxie", 25 Novembre 2014, et l'élection du pape François a clairement resserré les liens avec le patriarche de Constantinople actuel Bartholomé.
Le point d'orgue a été la commémoration de la rencontre historique de 1964 par une prière commune au Saint Sépulcre en mai 2014 et les rencontres se sont succédé à un rythme accéléré. "L'objectif a toujours été qu'en plus des autres gestes de fraternité, les visites mutuelles des Papes à Constantinople et patriarches œcuméniques à Rome ont marqué une nouvelle ère dans les relations entre les deux Églises. Elles ont aidé à faire comprendre au peuple de Dieu qu'il y ait un effort réciproque pour arriver à l'unité, "afin que tous soient un", selon les paroles du Seigneur dans sa Grande Prière Sacerdotale (Jean; 17)" dit un communiqué du patriarcat de Constantinople qui fait l'historique des ces rencontres / In "Visits of Ecumenical Patriarchs to Rome and Popes to the Ecumenical Patriarchate", 29-30 novembre 2014, , traduction V. Golovanow.
La promulgation de l'encyclique "Laudato si'' a fortement souligné ce rapprochement: le patriarche œcuménique à été invité à assister à sa promulgation, ce qui constitue une première historique et surtout il est longuement cité dans l'encyclique comme «le bien-aimé Patriarche Œcuménique Bartholomée, avec qui nous partageons l'espoir de la pleine communion ecclésiale» (n ° 7); le texte porte aussi une épigraphe manuscrite à "Fratello, Patriarca Bartolomeo, con gratitudine." Le pape souligne ainsi avec respect et gratitude que le patriarche Bartholomé l'avait devancé de plus de deux décennie sur les sur les questions écologiques et, pour bien insister là-dessus, le texte pontifical revient à la doctrine orthodoxe dans ses paragraphes de conclusion, se plaçant ainsi, en quelque sorte "à l'intérieur" de la pensée orthodoxe sur la sauvegarde de la création. Jamais aucun document pontifical de ce niveau n'avait cité personne d'étranger à l'Église romaine ni fait référence à aucune doctrine provenant d'une source séparée…
Ne pouvant y participer personnellement pour des raisons de santé, le patriarche a délégué le métropolite Jean de Pergame, généralement considéré comme l'un des principaux théologiens orthodoxes grecs contemporains et proche collaborateur du patriarche, qui a prononcé une allocution dans laquelle il a souligné sa "grande joie", "sa satisfaction et "sa profonde gratitude pour l'encyclique et pour la coopération entre l'Orthodoxie et le Catholicisme sur ce sujet: "Je crois que l’importance de l’encyclique du pape, "Laudato Si’", ne se limite pas au sujet de l’écologie en tant que telle. J’y vois une dimension œcuménique importante en ce qu’elle conduit les chrétiens divisés devant une tâche commune qu’ils doivent affronter ensemble. Nous vivons à une époque où les problèmes existentiels fondamentaux débordent nos divisions traditionnelles en les relativisant au point de les faire pratiquement disparaître. Regardez, par exemple, ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient : ceux qui persécutent les chrétiens leur demandent-ils à quelle Église ou confession ils appartiennent ? L’unité chrétienne, dans de tels cas, est de facto réalisée par la persécution et le sang – un œcuménisme du martyre... L’encyclique du pape François est un appel à l’unité – unité dans la prière pour l’environnement, dans le même Évangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et de nos styles de vie pour respecter et aimer chacun et chaque chose qui nous sont donnés par Dieu. Nous en sommes reconnaissants." (« Loué sois-tu »: présentation du métropolite Jean Zizioulas de Pergame, 18 juin 201, Traduction de Zenit, Constance Roques, http://fr.zenit.org,)
Dans la foulée de ce rapprochement très concret, le Pape a inscrit l'Église catholique dans la prière mondiale pour la sauvegarde de la création le 1er Septembre proposée par le patriarche de Constantinople en 1989 (Soulignons ce paradoxe: Orthodoxes et Catholiques ne peuvent se mettre d'accord sur une date commune pour la reine des fêtes chrétiennes, Pâques, mais trouvent là une date commune!) et si on ajoute les modifications apportées par le pape François aux conditions d'annulation du mariage et à l'accueil des divorcés-remariés, qui se rapprochent de la pratique orthodoxe, (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-Pape-impose-aux-Catholiques-le-modele-orthodoxe-pour-la-fin-du-mariage_a4447.html) on voit qu'il prend très concrètement le chemin du rapprochement avec l'Orthodoxie sur le terrain. Il semble bien que François met ainsi en pratique les principes qu'il avait énoncés dans l'avion qui le ramenait de Constantinople (30 novembre 2014): "Je pense que nous sommes sur la bonne voie avec les Orthodoxes… Ils ont les sacrements, la succession apostolique … Qu'attendons-nous? Que les théologiens se mettent d'accord? Je vous assure que cela n'arrivera jamais! Je suis un sceptique! Les théologiens travaillent bien mais, comme Athénagoras avait dit à Paul VI, 'nous irons de l'avant ensemble, et les théologiens n'ont qu'à rester ensemble sur une ile et réfléchir' je pensais que c'était un conte' mais Bartholomée m'a confirmé que c'est vrai. Il avait vraiment dit cela!"
cf. 1500 ans de rencontres au sommet et le Pape François en Turquie", "parlons d'orthodoxie", 25 Novembre 2014, et l'élection du pape François a clairement resserré les liens avec le patriarche de Constantinople actuel Bartholomé.
Le point d'orgue a été la commémoration de la rencontre historique de 1964 par une prière commune au Saint Sépulcre en mai 2014 et les rencontres se sont succédé à un rythme accéléré. "L'objectif a toujours été qu'en plus des autres gestes de fraternité, les visites mutuelles des Papes à Constantinople et patriarches œcuméniques à Rome ont marqué une nouvelle ère dans les relations entre les deux Églises. Elles ont aidé à faire comprendre au peuple de Dieu qu'il y ait un effort réciproque pour arriver à l'unité, "afin que tous soient un", selon les paroles du Seigneur dans sa Grande Prière Sacerdotale (Jean; 17)" dit un communiqué du patriarcat de Constantinople qui fait l'historique des ces rencontres / In "Visits of Ecumenical Patriarchs to Rome and Popes to the Ecumenical Patriarchate", 29-30 novembre 2014, , traduction V. Golovanow.
La promulgation de l'encyclique "Laudato si'' a fortement souligné ce rapprochement: le patriarche œcuménique à été invité à assister à sa promulgation, ce qui constitue une première historique et surtout il est longuement cité dans l'encyclique comme «le bien-aimé Patriarche Œcuménique Bartholomée, avec qui nous partageons l'espoir de la pleine communion ecclésiale» (n ° 7); le texte porte aussi une épigraphe manuscrite à "Fratello, Patriarca Bartolomeo, con gratitudine." Le pape souligne ainsi avec respect et gratitude que le patriarche Bartholomé l'avait devancé de plus de deux décennie sur les sur les questions écologiques et, pour bien insister là-dessus, le texte pontifical revient à la doctrine orthodoxe dans ses paragraphes de conclusion, se plaçant ainsi, en quelque sorte "à l'intérieur" de la pensée orthodoxe sur la sauvegarde de la création. Jamais aucun document pontifical de ce niveau n'avait cité personne d'étranger à l'Église romaine ni fait référence à aucune doctrine provenant d'une source séparée…
Ne pouvant y participer personnellement pour des raisons de santé, le patriarche a délégué le métropolite Jean de Pergame, généralement considéré comme l'un des principaux théologiens orthodoxes grecs contemporains et proche collaborateur du patriarche, qui a prononcé une allocution dans laquelle il a souligné sa "grande joie", "sa satisfaction et "sa profonde gratitude pour l'encyclique et pour la coopération entre l'Orthodoxie et le Catholicisme sur ce sujet: "Je crois que l’importance de l’encyclique du pape, "Laudato Si’", ne se limite pas au sujet de l’écologie en tant que telle. J’y vois une dimension œcuménique importante en ce qu’elle conduit les chrétiens divisés devant une tâche commune qu’ils doivent affronter ensemble. Nous vivons à une époque où les problèmes existentiels fondamentaux débordent nos divisions traditionnelles en les relativisant au point de les faire pratiquement disparaître. Regardez, par exemple, ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient : ceux qui persécutent les chrétiens leur demandent-ils à quelle Église ou confession ils appartiennent ? L’unité chrétienne, dans de tels cas, est de facto réalisée par la persécution et le sang – un œcuménisme du martyre... L’encyclique du pape François est un appel à l’unité – unité dans la prière pour l’environnement, dans le même Évangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et de nos styles de vie pour respecter et aimer chacun et chaque chose qui nous sont donnés par Dieu. Nous en sommes reconnaissants." (« Loué sois-tu »: présentation du métropolite Jean Zizioulas de Pergame, 18 juin 201, Traduction de Zenit, Constance Roques, http://fr.zenit.org,)
Dans la foulée de ce rapprochement très concret, le Pape a inscrit l'Église catholique dans la prière mondiale pour la sauvegarde de la création le 1er Septembre proposée par le patriarche de Constantinople en 1989 (Soulignons ce paradoxe: Orthodoxes et Catholiques ne peuvent se mettre d'accord sur une date commune pour la reine des fêtes chrétiennes, Pâques, mais trouvent là une date commune!) et si on ajoute les modifications apportées par le pape François aux conditions d'annulation du mariage et à l'accueil des divorcés-remariés, qui se rapprochent de la pratique orthodoxe, (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-Pape-impose-aux-Catholiques-le-modele-orthodoxe-pour-la-fin-du-mariage_a4447.html) on voit qu'il prend très concrètement le chemin du rapprochement avec l'Orthodoxie sur le terrain. Il semble bien que François met ainsi en pratique les principes qu'il avait énoncés dans l'avion qui le ramenait de Constantinople (30 novembre 2014): "Je pense que nous sommes sur la bonne voie avec les Orthodoxes… Ils ont les sacrements, la succession apostolique … Qu'attendons-nous? Que les théologiens se mettent d'accord? Je vous assure que cela n'arrivera jamais! Je suis un sceptique! Les théologiens travaillent bien mais, comme Athénagoras avait dit à Paul VI, 'nous irons de l'avant ensemble, et les théologiens n'ont qu'à rester ensemble sur une ile et réfléchir' je pensais que c'était un conte' mais Bartholomée m'a confirmé que c'est vrai. Il avait vraiment dit cela!"
Et dans son dernier discours sur la sauvegarde de la planète en juillet dernier, le patriarche Bartholomé, qui a été surnommé depuis longtemps "le patriarche vert" s'appuie sur l’encyclique Laudato Si’, appelle le pape François, son « frère d’âme » et ajoute que le Pape et le patriarche invitent « les Églises sœurs de Rome et de Constantinople » à approfondir avec, « la prière et l’action », leur « engagement commun pour notre maison commune ».
Dans son message de vœux pour la fête de Saint-André (novembre 2015) le pape va encore plus loin: "Ayant restauré une relation d’amour et de fraternité, dans un esprit de confiance, de respect et de charité mutuels, il n’y a plus d’empêchement à la communion eucharistique qui ne puisse être surmonté par la prière, la purification des cœurs, le dialogue et l’affirmation de la vérité. En effet, là où l’amour est présent dans la vie de l’Église, sa source et sa réalisation doit toujours être trouvée dans l’amour eucharistique. De même, le symbole du baiser fraternel trouve sa plus profonde vérité dans le baiser de paix échangé dans la célébration eucharistique." Il rappelle qu’il est nécessaire « d’examiner soigneusement les questions qui nous séparent ». Mais le ton est d’un optimisme notable. In. "Message du pape François au patriarche Bartholomaios Ier", 30 novembre 2015,
Dans son message de vœux pour la fête de Saint-André (novembre 2015) le pape va encore plus loin: "Ayant restauré une relation d’amour et de fraternité, dans un esprit de confiance, de respect et de charité mutuels, il n’y a plus d’empêchement à la communion eucharistique qui ne puisse être surmonté par la prière, la purification des cœurs, le dialogue et l’affirmation de la vérité. En effet, là où l’amour est présent dans la vie de l’Église, sa source et sa réalisation doit toujours être trouvée dans l’amour eucharistique. De même, le symbole du baiser fraternel trouve sa plus profonde vérité dans le baiser de paix échangé dans la célébration eucharistique." Il rappelle qu’il est nécessaire « d’examiner soigneusement les questions qui nous séparent ». Mais le ton est d’un optimisme notable. In. "Message du pape François au patriarche Bartholomaios Ier", 30 novembre 2015,
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 26 Février 2016 à 11:59
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