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père Alexander Winogradsky Frenkel, patriarcat de Jérusalem
Je ne pensais pas faire une note sur l'émission "Orthodoxie", diffusée sur France 2 (service public de la TV française) le 23 mai 2021 dans le cadre des programmes religieux (Chemins de la Foi). On ne peut que louer les qualités artistiques de cette émission réalisée par le père Jivko Panev avec le concours de François Lespes.
La question n'est guère dans le déroulé du film. Les réalisateurs sont des vieux routiers de l'information religieuse, de la manière de traiter techniquement les plans, l'approche journalistique. Ca roule par définition dans un petit monde, celui - très compact - des informateurs du monde religieux. Ca roule aussi par la manière interne d'aborder des problèmes que l'on pressent importants, voire majeurs pour notre époque. Que l'on pense à la belle émission, réalisée voici quelques mois, avant le début de la pandémie, par le père Jivko Panev sur les cinquante-cinq ans de présence orthodoxe à l'antenne de la télévision française. Cela faisait naturellement suite aux soixante-quinze ans de la plus ancienne émission télévisée française, "Le Jour du Seigneur"- programme catholique.
Je ne pensais pas faire une note sur l'émission "Orthodoxie", diffusée sur France 2 (service public de la TV française) le 23 mai 2021 dans le cadre des programmes religieux (Chemins de la Foi). On ne peut que louer les qualités artistiques de cette émission réalisée par le père Jivko Panev avec le concours de François Lespes.
La question n'est guère dans le déroulé du film. Les réalisateurs sont des vieux routiers de l'information religieuse, de la manière de traiter techniquement les plans, l'approche journalistique. Ca roule par définition dans un petit monde, celui - très compact - des informateurs du monde religieux. Ca roule aussi par la manière interne d'aborder des problèmes que l'on pressent importants, voire majeurs pour notre époque. Que l'on pense à la belle émission, réalisée voici quelques mois, avant le début de la pandémie, par le père Jivko Panev sur les cinquante-cinq ans de présence orthodoxe à l'antenne de la télévision française. Cela faisait naturellement suite aux soixante-quinze ans de la plus ancienne émission télévisée française, "Le Jour du Seigneur"- programme catholique.
Dans ces deux émissions mémorielles, l'enjeu est celui de l'information, du sens des célébrations liturgiques (messes, divines Liturgies), du rôle des médias, de leur signification pour la transmission de la foi, le "service du frère" au sens de la proximité auprès de personnes isolées, malades, prisonnières, incapables de se rendre à l'office. Le défi est celui de recevoir une mise à jour suivie des idées qui sont partagées dans une église particulière ou dans des groupes de pensée, de réflexion. Une ouverture sur les Mystères de la foi, de la prière, de la recherche. Ce travail est dur. Il a demandé le développement d'outils particuliers : mobilité (donc légèreté) des caméras, des micros, des prises de sons. Aujourd'hui, il suffit d'un smartphone pour diffuser une émission potentielle.
On sent la modernité de ces techniques quand Alexey Vozniuk montre, dans le film, comment il diffuse le direct depuis l'église en bois d'Epinay-sous-Sénart. L'actualité technique colle à l'air du temps. Le séminaire russe orthodoxe du patriarcat de Moscou, d'une francéité affirmée, est au service de la formation et de la rencontre des chrétiens d'Orient et d'Occident. Son équipe pastorale a répondu aux besoins liturgiques des fidèles par la diffusion de directs permettant ainsi de développer des contacts appréciables avec les fidèles lors du confinement, des crises dangereuses du coronavirus. Ce choix de diffusion des offices liturgiques ne fut pas celui de beaucoup d'entités orthodoxes, présentes en France ou ailleurs dans le monde. D'autant qu'une chaîne YouTube ouvre directement sur la planète (comme le Zoom très en vogue).
Ensuite, on peut s'interroger. La communication religieuse a été l'une des activités journalistiques les plus sinistrées de la presse et de la communication en France au cours des trente-quarante dernières années. Dans la presse écrite, l'apparition de l'internet, des blogs, a précipité la fragmentation de l'identité de l'informateur religieux. Il fut autonomisé dans des sites spécialisés qui mirent du temps à se mettre en place. Le journaliste ou reporter devînt freelance à la pige pour des journaux qui réduisirent, de manière significative la notion même de l'intérêt confessionnel. On trouve (encore ?) des "dinosaures" dynamiques de générations pionnières de l'information alors qu'en France, on fête le centième anniversaire des premières émissions radiophoniques. Ils ont un ton souvent ouvert sur les questions qu'ils ont l'avantage de maîtriser par cœur ; presque comme si leur expérience - très riche et qu'il faudrait analyser, mettre en boîte comme mémoire vivante - adoptait un look click & go. Il est difficile d'être des lanceurs d'alerte ou des influenceurs dans ce milieu confessionnel qui papote délicieusement en secret.
Le paysage français a changé. On ne voit plus les gamins portant fièrement deux bouteilles de vin rouge, le pépé ou la mémé à l'air goguenard, le villageois franchouillard à l'œil suspect face au micro ou la caméra. La piété chrétienne, essentiellement catholique et romaine, était dans l'humus, les neurones, la culture, les réflexes sociaux, économiques, politiques. Aujourd'hui, on naît avec un œil enregistreur virtuel à la main, prêt à numériser tout et n'importe quoi, n'importe comment, n'importe où. Le sens de l'enregistrement, de sa pertinence, de son auditoire - présent ou futur - se pose avec acuité. Suite
On sent la modernité de ces techniques quand Alexey Vozniuk montre, dans le film, comment il diffuse le direct depuis l'église en bois d'Epinay-sous-Sénart. L'actualité technique colle à l'air du temps. Le séminaire russe orthodoxe du patriarcat de Moscou, d'une francéité affirmée, est au service de la formation et de la rencontre des chrétiens d'Orient et d'Occident. Son équipe pastorale a répondu aux besoins liturgiques des fidèles par la diffusion de directs permettant ainsi de développer des contacts appréciables avec les fidèles lors du confinement, des crises dangereuses du coronavirus. Ce choix de diffusion des offices liturgiques ne fut pas celui de beaucoup d'entités orthodoxes, présentes en France ou ailleurs dans le monde. D'autant qu'une chaîne YouTube ouvre directement sur la planète (comme le Zoom très en vogue).
Ensuite, on peut s'interroger. La communication religieuse a été l'une des activités journalistiques les plus sinistrées de la presse et de la communication en France au cours des trente-quarante dernières années. Dans la presse écrite, l'apparition de l'internet, des blogs, a précipité la fragmentation de l'identité de l'informateur religieux. Il fut autonomisé dans des sites spécialisés qui mirent du temps à se mettre en place. Le journaliste ou reporter devînt freelance à la pige pour des journaux qui réduisirent, de manière significative la notion même de l'intérêt confessionnel. On trouve (encore ?) des "dinosaures" dynamiques de générations pionnières de l'information alors qu'en France, on fête le centième anniversaire des premières émissions radiophoniques. Ils ont un ton souvent ouvert sur les questions qu'ils ont l'avantage de maîtriser par cœur ; presque comme si leur expérience - très riche et qu'il faudrait analyser, mettre en boîte comme mémoire vivante - adoptait un look click & go. Il est difficile d'être des lanceurs d'alerte ou des influenceurs dans ce milieu confessionnel qui papote délicieusement en secret.
Le paysage français a changé. On ne voit plus les gamins portant fièrement deux bouteilles de vin rouge, le pépé ou la mémé à l'air goguenard, le villageois franchouillard à l'œil suspect face au micro ou la caméra. La piété chrétienne, essentiellement catholique et romaine, était dans l'humus, les neurones, la culture, les réflexes sociaux, économiques, politiques. Aujourd'hui, on naît avec un œil enregistreur virtuel à la main, prêt à numériser tout et n'importe quoi, n'importe comment, n'importe où. Le sens de l'enregistrement, de sa pertinence, de son auditoire - présent ou futur - se pose avec acuité. Suite
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 7 Juin 2021 à 19:46
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