Plateforme libre de discussion
|
Xénia KRIVOCHEINE,
à propos du livre d’Olga Souroveguina « Pravoslavie i mir »
Traduction pour "Parlons d'orthodoxie" Elena Tastevin
J’ai lu le livre d’Olga Souroveguina consacré au 30ème anniversaire de la radio « Voix de l’Orthodoxie » en retenant mon souffle, d’emblée. Bien des choses ont été écrites sur l’émigration russe au cours de ces deux dernières décennies. Les colloques, les livres, les expositions, les documentaires consacrés à ce thème « à la mode » sont innombrables. Et voici un livre où chaque page respire l’amour et la maîtrise du sujet. Ses héros sont des descendants de la première vague de l’émigration russe qui ont gardé des traditions ecclésiales et la richesse de la culture russe. Pendant de longues décennies ils vivaient dans l’espoir qu’un jour leur patrie mettrait fin au pouvoir athée et qu’ils pourraient revenir en Russie. Dans l’attente ils aspiraient à transmettre l’héritage spirituel à leurs enfants et à leurs petits-enfants.
Or, les rêves ne se réalisent pas toujours. Tout n’est pas si facile.Souvent les petits-enfants nés en France ne connaissent pas le russe.
à propos du livre d’Olga Souroveguina « Pravoslavie i mir »
Traduction pour "Parlons d'orthodoxie" Elena Tastevin
J’ai lu le livre d’Olga Souroveguina consacré au 30ème anniversaire de la radio « Voix de l’Orthodoxie » en retenant mon souffle, d’emblée. Bien des choses ont été écrites sur l’émigration russe au cours de ces deux dernières décennies. Les colloques, les livres, les expositions, les documentaires consacrés à ce thème « à la mode » sont innombrables. Et voici un livre où chaque page respire l’amour et la maîtrise du sujet. Ses héros sont des descendants de la première vague de l’émigration russe qui ont gardé des traditions ecclésiales et la richesse de la culture russe. Pendant de longues décennies ils vivaient dans l’espoir qu’un jour leur patrie mettrait fin au pouvoir athée et qu’ils pourraient revenir en Russie. Dans l’attente ils aspiraient à transmettre l’héritage spirituel à leurs enfants et à leurs petits-enfants.
Or, les rêves ne se réalisent pas toujours. Tout n’est pas si facile.Souvent les petits-enfants nés en France ne connaissent pas le russe.
Peu d’entre eux savent l’histoire de leur famille et fréquentent une paroisse orthodoxe. Et lorsque « le dernier des piliers » décède, tous les livres soigneusement conservés ainsi que les archives sont jetés à la décharge car devenus inutiles.
C’est triste, mais je connais nombre de ces cas. Aussi, le rétablissement des contacts inattendu des émigrés déjà âgés de la première vague en France, en Allemagne et aux Etats-Unis avec leurs possibles « petits-enfants » nés en ex URSS est perçu comme un miracle ! Ils ont réussi à trouver une langue, une culture, des connaissances, une foi et « une voix » communes. Oui, « les aïeux et les pères » de l’émigration sont devenus un vrai levain pour la nouvelle « semence russe » si abondante après la chute des Soviets. Beaucoup des fondateurs de la « Voix » sont déjà dans un monde meilleur , certains sont encore en pleine forme et continuent à se rendre en Russie en dépit de leur âge avancé.Le livre d’Olga Souroveguina cite abondement les témoignages de ces personnes, fondateurs et collaborateurs de « la Voix de l’Orthodoxie ».
Le livre comporte de nombreuses photos, il nous fait entendre leurs voix, nous fait connaître leurs familles.
Il y a là le récit de la fuite, l’arrivée à l’étranger, la misère à Paris, Constantinople, Prague, Berlin. Exilés, souvent sans métier ne connaissance pas la langue du pays ils devaient périr ou se fondre sans trace dans une autre culture. Il est advenu qu’ils avaient survécu, ont eu une nombreuse descendance, avaient construit des églises, avaient préservé la langue et les traditions. Pratiquement toute l’émigration a vécu pendant des décennies « assise sur les valises » dans l’espoir que les Soviets disparaîtront bientôt. Hélas, il leur a fallu attendre 75 ans.
Pourquoi et pour qui ces personnes préservaient si soigneusement leur foi et leur passé ? Qui en avait besoin à part eux-mêmes et un milieu restreint de leurs amis? Était-ce un instinct de conservation dans un environnement étranger ? Il est difficile de répondre à ces questions. Une chose est claire, rien ne se fait sans la Providence et « la cause » des pères n’était pas vaine car aujourd’hui elle vit et elle parle d’une nouvelle voix, et notamment, à la radio « Grad Petrov» à Saint-Petersbourg.
En 1990 au premier séminaire conjoint de « la Voix de l’Orthodoxie » et de la radio «Grad Petrov » en France au monastère Bussy-en-Othe, le père Boris Bobrinskoy a dit: « La dispersion des russes, l’émigration des années 20 est, d’une part, une grande tragédie et, de l’autre , une bénédiction extraordinaire de Dieu car l’Orthodoxie s’est transmise de l’Orient à l’Occident où elle s’est enracinée et a commencé à croître et à témoigner…Je pense que les fruits spirituels de la vie paroissiale sont une grande conscience ecclésiale, l’appréhension de la vitalité de l’Orthodoxie dans la société moderne. Nous souhaitons sortir du « ghetto » de nos paroisses. J’emploie ce mot volontairement pour souligner que nous ne voulons pas nous enfermer dans le contentement et l’admiration de nous-mêmes. Je pense qu’à mesure du développement de la conscience spirituelle, le sentiment de la responsabilité missionnaire croît aussi ».
Ci-dessous les propos, il convient de les mettre en valeur, du père Boris en 1999, l’année de la création de la radio à Saint Pétersbourg:« L’époque post soviétique est marquée par l’apparition de personnes prêtes à prendre notre relais et à continuer notre œuvre. Je voudrais rappeler les paroles de Saint Jean Baptiste du Jésus : «il faut que lui grandisse et que moi je décroisse » (Jn 3 ; 30). Je rends grâce au Seigneur pour avoir participé à ce travail missionnaire dès le début, pour avoir été témoin de sa naissance, sa croissance et son développement, pour la possibilité de voir l’activité de notre organisation parisienne continuer grâce à cette radio de Saint-Pétersbourg».
C’est triste, mais je connais nombre de ces cas. Aussi, le rétablissement des contacts inattendu des émigrés déjà âgés de la première vague en France, en Allemagne et aux Etats-Unis avec leurs possibles « petits-enfants » nés en ex URSS est perçu comme un miracle ! Ils ont réussi à trouver une langue, une culture, des connaissances, une foi et « une voix » communes. Oui, « les aïeux et les pères » de l’émigration sont devenus un vrai levain pour la nouvelle « semence russe » si abondante après la chute des Soviets. Beaucoup des fondateurs de la « Voix » sont déjà dans un monde meilleur , certains sont encore en pleine forme et continuent à se rendre en Russie en dépit de leur âge avancé.Le livre d’Olga Souroveguina cite abondement les témoignages de ces personnes, fondateurs et collaborateurs de « la Voix de l’Orthodoxie ».
Le livre comporte de nombreuses photos, il nous fait entendre leurs voix, nous fait connaître leurs familles.
Il y a là le récit de la fuite, l’arrivée à l’étranger, la misère à Paris, Constantinople, Prague, Berlin. Exilés, souvent sans métier ne connaissance pas la langue du pays ils devaient périr ou se fondre sans trace dans une autre culture. Il est advenu qu’ils avaient survécu, ont eu une nombreuse descendance, avaient construit des églises, avaient préservé la langue et les traditions. Pratiquement toute l’émigration a vécu pendant des décennies « assise sur les valises » dans l’espoir que les Soviets disparaîtront bientôt. Hélas, il leur a fallu attendre 75 ans.
Pourquoi et pour qui ces personnes préservaient si soigneusement leur foi et leur passé ? Qui en avait besoin à part eux-mêmes et un milieu restreint de leurs amis? Était-ce un instinct de conservation dans un environnement étranger ? Il est difficile de répondre à ces questions. Une chose est claire, rien ne se fait sans la Providence et « la cause » des pères n’était pas vaine car aujourd’hui elle vit et elle parle d’une nouvelle voix, et notamment, à la radio « Grad Petrov» à Saint-Petersbourg.
En 1990 au premier séminaire conjoint de « la Voix de l’Orthodoxie » et de la radio «Grad Petrov » en France au monastère Bussy-en-Othe, le père Boris Bobrinskoy a dit: « La dispersion des russes, l’émigration des années 20 est, d’une part, une grande tragédie et, de l’autre , une bénédiction extraordinaire de Dieu car l’Orthodoxie s’est transmise de l’Orient à l’Occident où elle s’est enracinée et a commencé à croître et à témoigner…Je pense que les fruits spirituels de la vie paroissiale sont une grande conscience ecclésiale, l’appréhension de la vitalité de l’Orthodoxie dans la société moderne. Nous souhaitons sortir du « ghetto » de nos paroisses. J’emploie ce mot volontairement pour souligner que nous ne voulons pas nous enfermer dans le contentement et l’admiration de nous-mêmes. Je pense qu’à mesure du développement de la conscience spirituelle, le sentiment de la responsabilité missionnaire croît aussi ».
Ci-dessous les propos, il convient de les mettre en valeur, du père Boris en 1999, l’année de la création de la radio à Saint Pétersbourg:« L’époque post soviétique est marquée par l’apparition de personnes prêtes à prendre notre relais et à continuer notre œuvre. Je voudrais rappeler les paroles de Saint Jean Baptiste du Jésus : «il faut que lui grandisse et que moi je décroisse » (Jn 3 ; 30). Je rends grâce au Seigneur pour avoir participé à ce travail missionnaire dès le début, pour avoir été témoin de sa naissance, sa croissance et son développement, pour la possibilité de voir l’activité de notre organisation parisienne continuer grâce à cette radio de Saint-Pétersbourg».
« Voix de l’Orthodoxie » créée en 1979 à l’Ouest par des descendants de l’émigration russe fonctionne officiellement en Russie depuis l’an 2000 sous un nouveau nom de la « Grad Petrov ».
Elle n’a pas eu à difficilement chercher la bonne tonalité et la meilleure programmation. Elle est l’héritière de la « Voix de l’Orthodoxie », la première chaîne de radio orthodoxe qui diffusait des informations pour les auditeurs soviétiques pendant 20 ans, ceci surmontant le brouillage. Le sort des deux stations comme le sort des familles russes ont pour ainsi dire convergé ! Il est rare que la succession des générations se fasse facilement et naturellement. Les « Pères » qui se sont battus comme ils le disaient eux-mêmes pour « une cause perdue » ne peuvent qu’être fiers d’une telle réalisation remarquable de leur rêve.
« L’esprit souffle où il veut », et l’esprit de la diffusion a passé outre les obstacles pour animer un corps nouveau et faire plus fort les cœurs. En dépit d’un immense retard dans l’éducation religieuse, la catéchisation et la recherche théologique ce vide s’est avéré surmontable dès le début des années 1989-90. La Russie venait de se débarrasser de ses chaînes. La Russie éprouvait une immense soif spirituelle. Les jeunes croyants et les personnes actives étaient en quête de connaissances. La rencontre de ces jeunes néophytes avec des émigrés russes leur a été en vérité providentielle.
Pour les jeunes fondateurs de « Grad Petrov » ainsi que les premiers membres de la Confrérie orthodoxe de Sainte Anastasia qui délivre des chaînes, la rencontre avec la « Voix de l’Orthodoxie » a été une véritable « université théologique ». Cette grande famille de collaborateurs et de contributeurs est éparpillée dans le monde entier. Ses fondateurs étaient le couple Pozdeev d’Allemagne (très jeunes ils ont commencé leur activité ecclésiale sur le territoire occupé de Pskov en 1942), le père Boris Bobrinskoy de France et le pasteur luthérien Eugène Foss, russe par sa mère, vivant en Suisse.
Le mot « miracle » est fréquent dans le livre d’Olga Souroveguina. En effet, n’est-ce pas un miracle que le pouvoir des Soviets s’est effondré, que des églises et des écoles auprès des églises se sont ouvertes, que des cours de catéchisme fonctionnent, des séminaires, des éditions orthodoxes ont été mis en place et que le clergé est devenu plus instruit ? N’est-ce pas un miracle que dès le début des années 90 en Russie il est devenu possible de lire sans crainte V.Soloviev, N.Berdiaev, P.Florenskij, Chalamov, Soljenitsyne… dont les œuvres sont passées rapidement du samizdat aux librairies. Il n’était plus nécessaire de risquer gros en transportant en cachette la littérature interdite dont l’Ancien et le Nouveau Testament.
En 1990 la « Voix » a fait connaissance avec les futurs prêtres Alexandre Stepanov et Lev Bolchakov, fondateurs de la Confrérie Sainte Anastasia dans la ville sur la Néva. Cette rencontre a permis de mieux cerner les besoins de la jeune Confrérie et de mettre au point les modalités du lancement de la future station de radio
.Les enthousiastes, partant de zéro, se sont heurtés à pratiquement les mêmes difficultés que « la Voix de l’Orthodoxie » en 1979 à Paris. Comme à l’époque c’est le pasteur Foss est venu en aide. Tout comme il y a 20 ans quand il a dit aux Pozdeev que le problème n’était pas budgétaire mais dans l’élaboration d’un concept fondé sur la foi et la solidarité. Il a répété les mêmes paroles en 1994 aux futurs fondateurs de « Grad ».
Les jeunes enthousiastes manquaient d’argent, d’équipement, de personnel, de programmes mais ils avaient la volonté de réussir. Les Pozdeev ont raconté leurs débuts en France :« Après quelques années d’un travail intense on ne manquait plus de personnel, de contributeurs et de moyens. L’idée de la diffusion de la parole de Dieu était tellement forte qu’elle a réuni des collaborateurs de talent, des théologiens russes, des professeurs et des prêtres du monde entier ». 20 ans se sont écoulés et la naissance de la radio « Grad » s’est déroulée pratiquement de la même façon. Il est étonnant que ses fondateurs aient été les mêmes : les H. et E. Pozdeev, le père Boris Bobrinskoy, le pasteur Foss, Valentin Korelsky, le père Vladimir Yaguello, Niko Tchavtchavadze… Il est impossible de nommer ici tous les collaborateurs de la « Voix de l’Orthodoxie ». Chacun d’entre eux s’exprime dans le livre.
Les récits relatés à la première personne sont complétés de rares photographies familiales. Il est à noter que pendant les années du « rideau de fer » malgré des discordances ecclésiales à l’Ouest, voire une animosité entre les diocèses, le travail de la « Voix de l’Orthodoxie » a réunie des personnes de l’Eglise Orthodoxe Russe, patriarcat de Moscou, de l’EORHF, de l’exarchat du patriarcat de Constantinople, des catholiques, des protestants et mêmes des personnes peu initiées à la religion !
Le travail démarre en mai 1994 après la signature du contrat de coopération avec la Confrérie Sainte Anastasia.
Il prévoit la retransmission des programmes parisiens de la « Voix ». C’est le temps de la recherche et de l’achat de matériel et d’équipements radio à un prix accessible ainsi que l’installation d’un studio. En décembre la radio 1994 commence à émettre de ses studios à Saint-Pétersbourg. Le cordon ombilical avec « La Voix » est très perceptible. Une autonomie complète viendra plus tard.
En 1999 le studio de Saint-Pétersbourg s’installe définitivement sur le quai du lieutenant Schmidt dans les locaux de la Confrérie Sainte Anastasia. La radio émet désormais avec la bénédiction de la métropole de Saint-Pétersbourg sous le nom de « Grad Petrov». Après la chute de l’URSS il n’y a que peu d’organisations de la diaspora russe qui ont réussi à se transposer dans la métropole et à y prendre racines .
Ce sont : la radio « Voix de l’Orthodoxie » devenue « Grad Petrov», l’organisation des solidaristes russes NTS qui édite les revues « Possev » et « Grani », la revue « Continent » fondée à Paris et éditée désormais à Moscou, « Radio Liberty » avec une rédaction russe à Moscou, l’organisation orthodoxe de jeunesse « Vitiaz ». A ceci s’ajoute les éditions YMCA–Press, cofondateur de la maison d’édition « Roussky Poutj » et du Fond de le Russie à étranger, crée par Alexandre Soljenitsyne. L’émigration russe de la première vague disparaît. On ne peut que regretter que ses descendants n’aient pas pu prendre le relais à l’Ouest. On se réjouit, cependant, que les racines mises dans le nouveau sol russe aient donné de si bons résultats.
J’aurais voulu nommer tous ceux qui ont participé à l’activité de la « Voix de l’Orthodoxie ». Mais cela aurait pris beaucoup de pages. Je vous invite, chers lecteurs, à lire le livre de O.Souroveguina, à regarder les visages de ces personnes et à vous imprégner de tout ce qu’ils ont fait au service à l’Esprit et de la cause.
Je connaissais certains d’entre eux personnellement : Cyrille Eltchaninov, une personnalité radieuse, l’un des piliers de l’ACER. Stéphane Tatistchev (il était garçon d'honneur à notre mariage avec NK, nos familles sont liéés par des années d’amitié), Valentin Korelsky, Niko Tchavtchavadze, Ouliana et Michel Samarine, Anna Tatistcheva, le père Vladimir et Varvara Yaguello, le père Boris Bobrinskoy.
Selon le père Boris pour eux ainsi que pour tous les fondateurs de la « Voix de l’Orthodoxie » :
« La Russie n’a jamais cessé d’être notre Patrie, même si par le caprice du destin ou plutôt, par la Providence Divine nous avons été jetés à l’étranger comme une bonne semence qui apporte des fruits spirituels à la mesure de nos forces. La « Voix de l’Orthodoxie » est un lien avec la Russie même si nos intonations inhabituelles ou nos accents ont une consonance inhabituelle pour l’auditeur russe. Le sort a voulu que beaucoup d’entre nous sont nés et ont été éduqués à l’étranger. Après 30 ans de succès de la « Voix » je me réjouis que la « Grad Petrov» ait hérité nos valeurs spirituelles. Je suis heureux que cette jeune station diffuse en Russie dans le même esprit que nous l’avons fait. Les radios orthodoxes font entendre la voix de Dieu et nous permettent d’atteindre les cœurs des hommes ».
PHOTOS: " Grad Petrov" - Métropolite Vladimir, père Alexandre Stepanov, Olga Souroveguina et fondateurs de la Confrérie Sainte Anastasia dans la ville sur la Néva, Olga Souroveguina "Голос Православия", H. et E. Pozdeev, le père Boris Bobrinskoy
GRAD PETROV
«Голос Православия» — новая жизнь в «Граде Петровом». Ксения Кривошеина: Рецензия на книгу Ольги Суровегиной
.....................................
"Parlons d'orthodoxie" Plusieures publications récentes consacrées aux problèmes de la diaspora russe en France
Elle n’a pas eu à difficilement chercher la bonne tonalité et la meilleure programmation. Elle est l’héritière de la « Voix de l’Orthodoxie », la première chaîne de radio orthodoxe qui diffusait des informations pour les auditeurs soviétiques pendant 20 ans, ceci surmontant le brouillage. Le sort des deux stations comme le sort des familles russes ont pour ainsi dire convergé ! Il est rare que la succession des générations se fasse facilement et naturellement. Les « Pères » qui se sont battus comme ils le disaient eux-mêmes pour « une cause perdue » ne peuvent qu’être fiers d’une telle réalisation remarquable de leur rêve.
« L’esprit souffle où il veut », et l’esprit de la diffusion a passé outre les obstacles pour animer un corps nouveau et faire plus fort les cœurs. En dépit d’un immense retard dans l’éducation religieuse, la catéchisation et la recherche théologique ce vide s’est avéré surmontable dès le début des années 1989-90. La Russie venait de se débarrasser de ses chaînes. La Russie éprouvait une immense soif spirituelle. Les jeunes croyants et les personnes actives étaient en quête de connaissances. La rencontre de ces jeunes néophytes avec des émigrés russes leur a été en vérité providentielle.
Pour les jeunes fondateurs de « Grad Petrov » ainsi que les premiers membres de la Confrérie orthodoxe de Sainte Anastasia qui délivre des chaînes, la rencontre avec la « Voix de l’Orthodoxie » a été une véritable « université théologique ». Cette grande famille de collaborateurs et de contributeurs est éparpillée dans le monde entier. Ses fondateurs étaient le couple Pozdeev d’Allemagne (très jeunes ils ont commencé leur activité ecclésiale sur le territoire occupé de Pskov en 1942), le père Boris Bobrinskoy de France et le pasteur luthérien Eugène Foss, russe par sa mère, vivant en Suisse.
Le mot « miracle » est fréquent dans le livre d’Olga Souroveguina. En effet, n’est-ce pas un miracle que le pouvoir des Soviets s’est effondré, que des églises et des écoles auprès des églises se sont ouvertes, que des cours de catéchisme fonctionnent, des séminaires, des éditions orthodoxes ont été mis en place et que le clergé est devenu plus instruit ? N’est-ce pas un miracle que dès le début des années 90 en Russie il est devenu possible de lire sans crainte V.Soloviev, N.Berdiaev, P.Florenskij, Chalamov, Soljenitsyne… dont les œuvres sont passées rapidement du samizdat aux librairies. Il n’était plus nécessaire de risquer gros en transportant en cachette la littérature interdite dont l’Ancien et le Nouveau Testament.
En 1990 la « Voix » a fait connaissance avec les futurs prêtres Alexandre Stepanov et Lev Bolchakov, fondateurs de la Confrérie Sainte Anastasia dans la ville sur la Néva. Cette rencontre a permis de mieux cerner les besoins de la jeune Confrérie et de mettre au point les modalités du lancement de la future station de radio
.Les enthousiastes, partant de zéro, se sont heurtés à pratiquement les mêmes difficultés que « la Voix de l’Orthodoxie » en 1979 à Paris. Comme à l’époque c’est le pasteur Foss est venu en aide. Tout comme il y a 20 ans quand il a dit aux Pozdeev que le problème n’était pas budgétaire mais dans l’élaboration d’un concept fondé sur la foi et la solidarité. Il a répété les mêmes paroles en 1994 aux futurs fondateurs de « Grad ».
Les jeunes enthousiastes manquaient d’argent, d’équipement, de personnel, de programmes mais ils avaient la volonté de réussir. Les Pozdeev ont raconté leurs débuts en France :« Après quelques années d’un travail intense on ne manquait plus de personnel, de contributeurs et de moyens. L’idée de la diffusion de la parole de Dieu était tellement forte qu’elle a réuni des collaborateurs de talent, des théologiens russes, des professeurs et des prêtres du monde entier ». 20 ans se sont écoulés et la naissance de la radio « Grad » s’est déroulée pratiquement de la même façon. Il est étonnant que ses fondateurs aient été les mêmes : les H. et E. Pozdeev, le père Boris Bobrinskoy, le pasteur Foss, Valentin Korelsky, le père Vladimir Yaguello, Niko Tchavtchavadze… Il est impossible de nommer ici tous les collaborateurs de la « Voix de l’Orthodoxie ». Chacun d’entre eux s’exprime dans le livre.
Les récits relatés à la première personne sont complétés de rares photographies familiales. Il est à noter que pendant les années du « rideau de fer » malgré des discordances ecclésiales à l’Ouest, voire une animosité entre les diocèses, le travail de la « Voix de l’Orthodoxie » a réunie des personnes de l’Eglise Orthodoxe Russe, patriarcat de Moscou, de l’EORHF, de l’exarchat du patriarcat de Constantinople, des catholiques, des protestants et mêmes des personnes peu initiées à la religion !
Le travail démarre en mai 1994 après la signature du contrat de coopération avec la Confrérie Sainte Anastasia.
Il prévoit la retransmission des programmes parisiens de la « Voix ». C’est le temps de la recherche et de l’achat de matériel et d’équipements radio à un prix accessible ainsi que l’installation d’un studio. En décembre la radio 1994 commence à émettre de ses studios à Saint-Pétersbourg. Le cordon ombilical avec « La Voix » est très perceptible. Une autonomie complète viendra plus tard.
En 1999 le studio de Saint-Pétersbourg s’installe définitivement sur le quai du lieutenant Schmidt dans les locaux de la Confrérie Sainte Anastasia. La radio émet désormais avec la bénédiction de la métropole de Saint-Pétersbourg sous le nom de « Grad Petrov». Après la chute de l’URSS il n’y a que peu d’organisations de la diaspora russe qui ont réussi à se transposer dans la métropole et à y prendre racines .
Ce sont : la radio « Voix de l’Orthodoxie » devenue « Grad Petrov», l’organisation des solidaristes russes NTS qui édite les revues « Possev » et « Grani », la revue « Continent » fondée à Paris et éditée désormais à Moscou, « Radio Liberty » avec une rédaction russe à Moscou, l’organisation orthodoxe de jeunesse « Vitiaz ». A ceci s’ajoute les éditions YMCA–Press, cofondateur de la maison d’édition « Roussky Poutj » et du Fond de le Russie à étranger, crée par Alexandre Soljenitsyne. L’émigration russe de la première vague disparaît. On ne peut que regretter que ses descendants n’aient pas pu prendre le relais à l’Ouest. On se réjouit, cependant, que les racines mises dans le nouveau sol russe aient donné de si bons résultats.
J’aurais voulu nommer tous ceux qui ont participé à l’activité de la « Voix de l’Orthodoxie ». Mais cela aurait pris beaucoup de pages. Je vous invite, chers lecteurs, à lire le livre de O.Souroveguina, à regarder les visages de ces personnes et à vous imprégner de tout ce qu’ils ont fait au service à l’Esprit et de la cause.
Je connaissais certains d’entre eux personnellement : Cyrille Eltchaninov, une personnalité radieuse, l’un des piliers de l’ACER. Stéphane Tatistchev (il était garçon d'honneur à notre mariage avec NK, nos familles sont liéés par des années d’amitié), Valentin Korelsky, Niko Tchavtchavadze, Ouliana et Michel Samarine, Anna Tatistcheva, le père Vladimir et Varvara Yaguello, le père Boris Bobrinskoy.
Selon le père Boris pour eux ainsi que pour tous les fondateurs de la « Voix de l’Orthodoxie » :
« La Russie n’a jamais cessé d’être notre Patrie, même si par le caprice du destin ou plutôt, par la Providence Divine nous avons été jetés à l’étranger comme une bonne semence qui apporte des fruits spirituels à la mesure de nos forces. La « Voix de l’Orthodoxie » est un lien avec la Russie même si nos intonations inhabituelles ou nos accents ont une consonance inhabituelle pour l’auditeur russe. Le sort a voulu que beaucoup d’entre nous sont nés et ont été éduqués à l’étranger. Après 30 ans de succès de la « Voix » je me réjouis que la « Grad Petrov» ait hérité nos valeurs spirituelles. Je suis heureux que cette jeune station diffuse en Russie dans le même esprit que nous l’avons fait. Les radios orthodoxes font entendre la voix de Dieu et nous permettent d’atteindre les cœurs des hommes ».
PHOTOS: " Grad Petrov" - Métropolite Vladimir, père Alexandre Stepanov, Olga Souroveguina et fondateurs de la Confrérie Sainte Anastasia dans la ville sur la Néva, Olga Souroveguina "Голос Православия", H. et E. Pozdeev, le père Boris Bobrinskoy
GRAD PETROV
«Голос Православия» — новая жизнь в «Граде Петровом». Ксения Кривошеина: Рецензия на книгу Ольги Суровегиной
.....................................
"Parlons d'orthodoxie" Plusieures publications récentes consacrées aux problèmes de la diaspora russe en France
Rédigé par Xenia KRIVOCHEINE le 20 Novembre 2012 à 11:00
|
6 commentaires
|
Permalien
Derniers commentaires
-
Surprenantes fresques dans un monastère en Serbie
19/09/2024 13:35 - Patrick -
"Il n'y a aucune excuse pour ceux qui déclenchent des guerres", - Mgr Onuphre, Primat de l'Eglise d’Ukraine, PM
14/04/2023 05:58 - Gilles -
Le père George Egorov, sa visite pastorale à la Légion étrangère
12/12/2022 12:55 - Baron André -
OSCE demande à Russie ce cesser la destruction d'églises en Ukraine
10/05/2022 03:22 - pere jean -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 19:15 - Hai Lin -
Deux hiérarques russes s’expriment à titre personnel à propos de la guerre et de la paix, de la situation en Russie
14/04/2022 10:39 - Marie Genko -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
14/04/2022 10:26 - Marie Genko -
Le Parlement Européen a condamné le patriarche Cyrille et a félicité le clergé orthodoxe qui s'est opposé à la guerre en Ukraine
13/04/2022 21:21 - Gilles -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 23:05 - Théophile -
Communiqué des Evêques Orthodoxes de France au sujet de la guerre en Ukraine
12/04/2022 22:00 - Nadejda na Mir
Liens francophones