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Revue « Foma »
Les contes populaires russes – que d’émotions y trouvons nous…
Des images nous reviennent en mémoire : la grenouille couleur d’émeraude et son aigrette scintillante, le tsarévitch Ivan, coiffé de sa haute chapka en maroquin, frayant son chemin dans une forêt touffue, la noire isba enfumée de la sorcière Baba Yaga.
Ces images, chères à notre enfance, font surgir les noms de leurs auteurs dans nos mémoires : Victor Vasnetzov, Ivan Bilibine, Igor Ershov. Il est inutile de présenter Vasnetzov et Bilibine, ces grands maîtres du siècle d’argent russe, leur stature est mondiale.
Il en est de même pour Igor Ivanovitch Ershov /1916-1985/ , qui fut leur élève et leur disciple.
Le peintre Xénia Krivochéine, la fille de ce dernier, qui fut aussi son amie et son co-auteur, nous parle du souvenir de son père.
Igor Ivanovitch grandit dans un milieu étonnant. Ses parents Ivan Ershov /Иван Ершов/ et Sophie Akimov / Софья Акимова/ étaient des chanteurs d’opéra célèbres à Saint-Pétersbourg, puis à Leningrad. Leurs amis étaient Boris Koustodiev et Ilia Repine. Ils correspondaient avec Saint-Saëns et Cosima Wagner. Le poète Alexandre Blok, leur voisin /cf.- VIDEO, était un grand admirateur du talent de mon grand-père Ivan Yershov
Dans notre famille la musique était reine, se souvient Xenia Krivochéine: Rimsky-Korsakov, Prokofiev, Wagner. La poésie épique de « L’anneau du Nibelung » était aimée autant que « La ville de Kitej » et « Les contes d’Hoffman »
C’est dans cette atmosphère de contes de fées, au sens propre de ce mot, que fut éduqué mon père. Le souvenir de cette sensation de mystère attaché à notre immense appartement familial resurgit de mon enfance. Tous les murs des chambres et des corridors étaient couverts de photographies de mes grands-parents en scène. Il y avait aussi des sculptures et des tableaux de Koustodiev (il faisait des modelages et dessinait souvent mon grand-père). Il y avait des dessins de Repine et des esquisses de costumes de Benoît pour les cycles de Wagner.
Les contes populaires russes – que d’émotions y trouvons nous…
Des images nous reviennent en mémoire : la grenouille couleur d’émeraude et son aigrette scintillante, le tsarévitch Ivan, coiffé de sa haute chapka en maroquin, frayant son chemin dans une forêt touffue, la noire isba enfumée de la sorcière Baba Yaga.
Ces images, chères à notre enfance, font surgir les noms de leurs auteurs dans nos mémoires : Victor Vasnetzov, Ivan Bilibine, Igor Ershov. Il est inutile de présenter Vasnetzov et Bilibine, ces grands maîtres du siècle d’argent russe, leur stature est mondiale.
Il en est de même pour Igor Ivanovitch Ershov /1916-1985/ , qui fut leur élève et leur disciple.
Le peintre Xénia Krivochéine, la fille de ce dernier, qui fut aussi son amie et son co-auteur, nous parle du souvenir de son père.
Igor Ivanovitch grandit dans un milieu étonnant. Ses parents Ivan Ershov /Иван Ершов/ et Sophie Akimov / Софья Акимова/ étaient des chanteurs d’opéra célèbres à Saint-Pétersbourg, puis à Leningrad. Leurs amis étaient Boris Koustodiev et Ilia Repine. Ils correspondaient avec Saint-Saëns et Cosima Wagner. Le poète Alexandre Blok, leur voisin /cf.- VIDEO, était un grand admirateur du talent de mon grand-père Ivan Yershov
Dans notre famille la musique était reine, se souvient Xenia Krivochéine: Rimsky-Korsakov, Prokofiev, Wagner. La poésie épique de « L’anneau du Nibelung » était aimée autant que « La ville de Kitej » et « Les contes d’Hoffman »
C’est dans cette atmosphère de contes de fées, au sens propre de ce mot, que fut éduqué mon père. Le souvenir de cette sensation de mystère attaché à notre immense appartement familial resurgit de mon enfance. Tous les murs des chambres et des corridors étaient couverts de photographies de mes grands-parents en scène. Il y avait aussi des sculptures et des tableaux de Koustodiev (il faisait des modelages et dessinait souvent mon grand-père). Il y avait des dessins de Repine et des esquisses de costumes de Benoît pour les cycles de Wagner.
Nous avions deux pianos dans cet appartement, des armoires remplies de musiques, et des quantités d’étagères chargées de livres qui s’élevaient jusqu’au plafond. Même sur nos canapés et nos fauteuils traînaient des fourrures, des épées, le bouclier de Siegfried, la cithare de Sadko et de nombreuses boîtes de fard de scène, sans oublier les miroirs aux formes et aux dimensions les plus diverses.
La Nature dota généreusement mon père en talents. Il possédait une voix de baryton puissante et agréable, un tempérament de musicien et un physique flatteur. Dès la fin de la guerre, Igor Ivanovitch, disciple de ses parents, fut accepté dans la troupe de l’Opéra du Petit Théâtre de Leningrad. Il y interpréta la partition de Kouraguine dans l’opéra « Guerre et Paix » de Prokofiev et celui de Don Juan dans l’opéra de Mozart. Parallèlement il poursuivait des études à l’académie de peinture « Ilia Repine » et préparait pour son travail de diplôme une série d’illustrations consacrées au « Cavalier d’airain » de Pouchkine. Deux vocations et deux talents se disputaient en lui. Il choisit la peinture. Il me l’expliqua ainsi :« Sur une scène d’opéra, j’aurai été condamné à une éternelle comparaison avec mon père, alors j’ai décidé de choisir ma propre voie ».
A l’Académie de peinture, Igor Ivanovitch Ershov eu de la chance de travailler avec d’excellents enseignants. Il commença à étudier la peinture dans l’atelier d’Isaac Brodsky, puis il passa à l’académie de graphisme, où ses pédagogues furent Chilingovsky, Zaïtzev, Bilibine et Roudakov. Cette pléiade des derniers maîtres du siècle d’argent façonna les goûts et les priorités de mon père. Il retint pour toujours les paroles de Bilibine : « Ne te donnes jamais d’importance, sois sévère avec toi-même et souviens-toi, tout au long de ta vie, que tu es un éternel élève ! » Ainsi mon père se perfectionna durant toute son existence et, plus tard, il se mit à me transmettre son enseignement.
Ni mon père, ni moi-même, n’avons jamais considéré l’illustration comme un art secondaire.
En URSS, beaucoup de peintres trouvaient un refuge pour leur talent dans le livre, de même qu’un salaire satisfaisant.Je sais exactement pourquoi mon père préféra justement l’illustration de contes populaires russes à l’illustration de livres d’enfants tels que « L’oncle Stiopa » ou bien « Timour et Compagnie » Ce fut un choix délibéré de sa part. Lorsque mon père me parlait des icônes et me les montrait dans les musées, il les définissait comme l’exemple par excellence de l’art appliqué en corrélation avec « l’illustration ». Ce furent justement les icônes, disait-il, qui par leur langage précis aux couleurs vives, enseignaient autrefois aux hommes incultes l’Ancien et le Nouveau Testament de même que la vie des Saints. Igor Ivanovitch étudiait en profondeur et avec minutie les icônes, le folklore russe, le loubok (genre similaire à l’image d’Epinal), les dessins en ramages , les broderies, les dentelles. Dans ce domaine, il est certain que le rôle de l’influence de Bilibine» ne fut des moindres, mais mon père s’efforçait de développer à sa manière la stylistique du conte russe. Il parvint à créer une illustration qui conjugue tous ces éléments et il y ajouta encore l’amour du petit lecteur, afin que chaque conte reste dans son souvenir et dans son âme autant par le récit que par l’image.
J’ai terminé mes études à l’institut d’art dramatique, mais je dois admettre que j’ai peu travaillé pour le théâtre. J’ai participé à l’élaboration des décors de quelques spectacles de ballet. Dans une maison d’artistes, comme la notre, bien des choses me furent enseignées : jouer du piano, chanter et même danser. J’ai dessiné depuis ma petite enfance. A partir de 13 ans j’ai commencé à observer comment travaillait mon père, puis j’eu envie de l’imiter. Tout d’abord il y eu les illustrations du « Petit Chaperon rouge » de Charles Perrault. Mon père se montra très attentif à mes essais, il commença à m’enseigner la composition, le dessin et l’élaboration des maquettes.
Dix années plus tard, (j’avais vingt-quatre ans) notre premier livre commun « Oï Dou Dou » /Ой -ду-ду/ vit le jour.
Dans ce livre, chacun de nous avait fait ses illustrations, et en regardant attentivement le bas de pages, on peut trouver dans les coins les initiales I ou K ; puis vinrent les lithographies, les linogravures et les imprimés sur soie, et bien que chaque travail exécuté ait son propre auteur, nous nous mîmes à souvent à signer : « Igor et Xenia Ershov »
La Nature dota généreusement mon père en talents. Il possédait une voix de baryton puissante et agréable, un tempérament de musicien et un physique flatteur. Dès la fin de la guerre, Igor Ivanovitch, disciple de ses parents, fut accepté dans la troupe de l’Opéra du Petit Théâtre de Leningrad. Il y interpréta la partition de Kouraguine dans l’opéra « Guerre et Paix » de Prokofiev et celui de Don Juan dans l’opéra de Mozart. Parallèlement il poursuivait des études à l’académie de peinture « Ilia Repine » et préparait pour son travail de diplôme une série d’illustrations consacrées au « Cavalier d’airain » de Pouchkine. Deux vocations et deux talents se disputaient en lui. Il choisit la peinture. Il me l’expliqua ainsi :« Sur une scène d’opéra, j’aurai été condamné à une éternelle comparaison avec mon père, alors j’ai décidé de choisir ma propre voie ».
A l’Académie de peinture, Igor Ivanovitch Ershov eu de la chance de travailler avec d’excellents enseignants. Il commença à étudier la peinture dans l’atelier d’Isaac Brodsky, puis il passa à l’académie de graphisme, où ses pédagogues furent Chilingovsky, Zaïtzev, Bilibine et Roudakov. Cette pléiade des derniers maîtres du siècle d’argent façonna les goûts et les priorités de mon père. Il retint pour toujours les paroles de Bilibine : « Ne te donnes jamais d’importance, sois sévère avec toi-même et souviens-toi, tout au long de ta vie, que tu es un éternel élève ! » Ainsi mon père se perfectionna durant toute son existence et, plus tard, il se mit à me transmettre son enseignement.
Ni mon père, ni moi-même, n’avons jamais considéré l’illustration comme un art secondaire.
En URSS, beaucoup de peintres trouvaient un refuge pour leur talent dans le livre, de même qu’un salaire satisfaisant.Je sais exactement pourquoi mon père préféra justement l’illustration de contes populaires russes à l’illustration de livres d’enfants tels que « L’oncle Stiopa » ou bien « Timour et Compagnie » Ce fut un choix délibéré de sa part. Lorsque mon père me parlait des icônes et me les montrait dans les musées, il les définissait comme l’exemple par excellence de l’art appliqué en corrélation avec « l’illustration ». Ce furent justement les icônes, disait-il, qui par leur langage précis aux couleurs vives, enseignaient autrefois aux hommes incultes l’Ancien et le Nouveau Testament de même que la vie des Saints. Igor Ivanovitch étudiait en profondeur et avec minutie les icônes, le folklore russe, le loubok (genre similaire à l’image d’Epinal), les dessins en ramages , les broderies, les dentelles. Dans ce domaine, il est certain que le rôle de l’influence de Bilibine» ne fut des moindres, mais mon père s’efforçait de développer à sa manière la stylistique du conte russe. Il parvint à créer une illustration qui conjugue tous ces éléments et il y ajouta encore l’amour du petit lecteur, afin que chaque conte reste dans son souvenir et dans son âme autant par le récit que par l’image.
J’ai terminé mes études à l’institut d’art dramatique, mais je dois admettre que j’ai peu travaillé pour le théâtre. J’ai participé à l’élaboration des décors de quelques spectacles de ballet. Dans une maison d’artistes, comme la notre, bien des choses me furent enseignées : jouer du piano, chanter et même danser. J’ai dessiné depuis ma petite enfance. A partir de 13 ans j’ai commencé à observer comment travaillait mon père, puis j’eu envie de l’imiter. Tout d’abord il y eu les illustrations du « Petit Chaperon rouge » de Charles Perrault. Mon père se montra très attentif à mes essais, il commença à m’enseigner la composition, le dessin et l’élaboration des maquettes.
Dix années plus tard, (j’avais vingt-quatre ans) notre premier livre commun « Oï Dou Dou » /Ой -ду-ду/ vit le jour.
Dans ce livre, chacun de nous avait fait ses illustrations, et en regardant attentivement le bas de pages, on peut trouver dans les coins les initiales I ou K ; puis vinrent les lithographies, les linogravures et les imprimés sur soie, et bien que chaque travail exécuté ait son propre auteur, nous nous mîmes à souvent à signer : « Igor et Xenia Ershov »
Le Musée Russe possède toute une importante collection de travaux exécutés de concert par mon père et moi-même.
Beaucoup de livres d’enfants étaient publiée en Union Soviétique, mais une bonne part d’entre eux était imprégnée d’idéologie communiste. Il y avait un réel manque de littérature enfantine « différente ». A commencer par les contes, qui jusqu’aujourd’hui se sentent orphelins (comme des « cendrillons »). C’est justement au travers les contes russes, grâce à leur style et leur langue traditionnels que le jeune enfant peut, dès le berceau, recevoir sa première notion de l’orthodoxie. Même si l’enfant n’est pas né dans une famille pratiquante, c’est en écoutant dès l’enfance des contes, des récits amusants et des comptines russes, qu’il sera spirituellement préparé pour l’étape suivante. Grâce à l’exemple de ses héros familiers, il est plus aisé d’expliquer à un enfant la différence entre le bien et le mal, l’hypocrisie et l’amour, le courage et la traîtrise. Nous savons maintenant que la personnalité de l’enfant se forme avant l’âge de cinq ans. La manière dont il a été imprégné de la beauté, les craintes qu’il aura éprouvées auront sur lui une influence décisive.
Le rôle éducatif des contes est immense. Il est désolant que durant une longue période furent interdits en URSS les contes d’Afanassiev, les comptines et les histoires drôles des auteurs Kornaoulova et Kolpakova et tout ce qui est le folklore russe en général. Aujourd’hui cela semble incongru, mais mon père et moi nous devions lutter avec les rédacteurs : car il n’était pas permis de représenter des croix sur les églises, sans parler des anges et des saints. Mon père trouva en sa fille un co-auteur qui pensait comme lui. C’est ensemble qu’il nous fallait défendre nos contes russes.
Beaucoup de livres d’enfants étaient publiée en Union Soviétique, mais une bonne part d’entre eux était imprégnée d’idéologie communiste. Il y avait un réel manque de littérature enfantine « différente ». A commencer par les contes, qui jusqu’aujourd’hui se sentent orphelins (comme des « cendrillons »). C’est justement au travers les contes russes, grâce à leur style et leur langue traditionnels que le jeune enfant peut, dès le berceau, recevoir sa première notion de l’orthodoxie. Même si l’enfant n’est pas né dans une famille pratiquante, c’est en écoutant dès l’enfance des contes, des récits amusants et des comptines russes, qu’il sera spirituellement préparé pour l’étape suivante. Grâce à l’exemple de ses héros familiers, il est plus aisé d’expliquer à un enfant la différence entre le bien et le mal, l’hypocrisie et l’amour, le courage et la traîtrise. Nous savons maintenant que la personnalité de l’enfant se forme avant l’âge de cinq ans. La manière dont il a été imprégné de la beauté, les craintes qu’il aura éprouvées auront sur lui une influence décisive.
Le rôle éducatif des contes est immense. Il est désolant que durant une longue période furent interdits en URSS les contes d’Afanassiev, les comptines et les histoires drôles des auteurs Kornaoulova et Kolpakova et tout ce qui est le folklore russe en général. Aujourd’hui cela semble incongru, mais mon père et moi nous devions lutter avec les rédacteurs : car il n’était pas permis de représenter des croix sur les églises, sans parler des anges et des saints. Mon père trouva en sa fille un co-auteur qui pensait comme lui. C’est ensemble qu’il nous fallait défendre nos contes russes.
Un iconographe au style nouveau
Mon père continuait également à peindre de grandes toiles. Vers 1955, il décida de renoncer au « réalisme socialiste » et de se consacrer à la recherche picturale. A partir de ce moment Igor Ershov travaillait, selon l’expression en usage « derrière l’armoire », (par analogie au travail de l’écrivain « dans la tiroir ») Il peignait des natures mortes, des paysages, des œuvres abstraites. Il allait à l’Hermitage regarder les impressionnistes et les cubistes, qui après bien des décennies d’exil dans les réserves du Musée, étaient exposés à nouveau. Ce fut une vraie révolution ! Tous recherchaient fiévreusement des albums de Dali, Braque, Picasso. Le dégel était perceptible partout, dans le cinéma, la peinture et la poésie. Et mon père, alors âgé de quarante ans, voulu s’essayer à un nouveau style.
Ses toiles exécutées durant cette période sont à présent conservées dans les réserves du Musée Russe et dans des collections particulières en Angleterre, en France et en Russie. Mais de son vivant aucune exposition ne fut consacrée aux essais qu’il exécuta durant ces années. Il me semble qu’il ne pouvait pas accepter la réalité de son environnement et trouver la sérénité. Il n’était pas carriériste, il n’était pas non plus dissident, il suivait son chemin et il lui était pénible d’accepter que personne ne voulait exposer son travail.
Mon père était en quête de Foi, et il cherchait à se définir par rapport à elle. Il construisit sa personnalité dans deux dimensions totalement différentes. D’un côté sa maison familiale, emplie de génie russe et d’une relation à l’art complètement émotionnelle, et de l’autre le monde extérieur, totalement soviétique. Le dédoublement de l’intelligentsia russe de cette époque était terrifiant. Nombreux étaient ceux qui devaient cacher leurs convictions. Oui, mon père était croyant, il lisait beaucoup la Bible, allait à l’église, essayait de s’approcher de la vérité. C’est en grande partie grâce à lui que je suis venue à la foi.
Durant ses dernières années, mon père se consacra à la peinture « d’icônes merveilleuses». Il attachait une très grande importance à ce travail. Il ne s’agissait pas d’icônes dans le sens traditionnel, on ne saurait les vénérer, mais leur grande beauté, leur recherche d’harmonie, de couleur et de style rappellent beaucoup les essais des peintres du siècle d’argent.
Mon père continuait également à peindre de grandes toiles. Vers 1955, il décida de renoncer au « réalisme socialiste » et de se consacrer à la recherche picturale. A partir de ce moment Igor Ershov travaillait, selon l’expression en usage « derrière l’armoire », (par analogie au travail de l’écrivain « dans la tiroir ») Il peignait des natures mortes, des paysages, des œuvres abstraites. Il allait à l’Hermitage regarder les impressionnistes et les cubistes, qui après bien des décennies d’exil dans les réserves du Musée, étaient exposés à nouveau. Ce fut une vraie révolution ! Tous recherchaient fiévreusement des albums de Dali, Braque, Picasso. Le dégel était perceptible partout, dans le cinéma, la peinture et la poésie. Et mon père, alors âgé de quarante ans, voulu s’essayer à un nouveau style.
Ses toiles exécutées durant cette période sont à présent conservées dans les réserves du Musée Russe et dans des collections particulières en Angleterre, en France et en Russie. Mais de son vivant aucune exposition ne fut consacrée aux essais qu’il exécuta durant ces années. Il me semble qu’il ne pouvait pas accepter la réalité de son environnement et trouver la sérénité. Il n’était pas carriériste, il n’était pas non plus dissident, il suivait son chemin et il lui était pénible d’accepter que personne ne voulait exposer son travail.
Mon père était en quête de Foi, et il cherchait à se définir par rapport à elle. Il construisit sa personnalité dans deux dimensions totalement différentes. D’un côté sa maison familiale, emplie de génie russe et d’une relation à l’art complètement émotionnelle, et de l’autre le monde extérieur, totalement soviétique. Le dédoublement de l’intelligentsia russe de cette époque était terrifiant. Nombreux étaient ceux qui devaient cacher leurs convictions. Oui, mon père était croyant, il lisait beaucoup la Bible, allait à l’église, essayait de s’approcher de la vérité. C’est en grande partie grâce à lui que je suis venue à la foi.
Durant ses dernières années, mon père se consacra à la peinture « d’icônes merveilleuses». Il attachait une très grande importance à ce travail. Il ne s’agissait pas d’icônes dans le sens traditionnel, on ne saurait les vénérer, mais leur grande beauté, leur recherche d’harmonie, de couleur et de style rappellent beaucoup les essais des peintres du siècle d’argent.
Après ma venue en France en 1980, je me suis plongée dans un autre monde et une autre culture. Mon style et ma technique se sont modifiés, je me suis mise à peindre sur bois et aussi dans un style de « contes merveilleux ». Mais cela est à présent mon histoire, mon monde enchanté. Notre travail commun avec mon père n’a pas été oublié. Nos toiles se vendent aux enchères chez "Christie’s", et les contes russes que nous avons illustrés ont été traduits dans beaucoup de langues ! C’est d’Australie, que mon mari m’a rapporté notre «Oiseau de Feu »
Parfois je pense que mon père, décédé en 1985, regarde son œuvre depuis là où il est et que cela lui est agréable. Je ne pense à tout l’héritage qu’il a laissé aux enfants de Russie.
Xénia Krivochéine,
Texte russe traduit par Marie Genko
"Le Musée Russe" de Saint- Pétersbourg
Soviet graphic artist Igor Ivanovich Yershov /Igor Ershov/
Parfois je pense que mon père, décédé en 1985, regarde son œuvre depuis là où il est et que cela lui est agréable. Je ne pense à tout l’héritage qu’il a laissé aux enfants de Russie.
Xénia Krivochéine,
Texte russe traduit par Marie Genko
"Le Musée Russe" de Saint- Pétersbourg
Soviet graphic artist Igor Ivanovich Yershov /Igor Ershov/
Игорь Иванович Ершов: мой отец, учитель, друг и соавтор
Русские сказки — эти слова рождают множество эмоций и чувств. Картинки так и всплывают из памяти: изумрудная лягушка с блестящей стрелой, Иван-царевич, в высокой сафьяновой шапке пробирающийся сквозь дремучий лес, закопченная избушка Бабы-яги. А еще вспоминаются авторы этих родных с детства образов: Виктор Васнецов, Иван Билибин, Игорь Ершов.
Представлять Васнецова, Билибина, великих мастеров Серебряного века, нет нужды — они художники мировой величины. Впрочем, как и Игорь Иванович Ершов, их ученик и последователь. В живописи И. Ершов прошел несколько этапов: соцреализм, импрессионизм, абстракционизм и иконно-сказочный символизм. О нем вспоминает Ксения Кривошеина (Ершова), дочь, друг и соавтор художника.
САЙТ Книга 3000. Художники-иллюстраторы. Здесь есть и о Ксении Игоревне Кривошеиной, в девичестве Ершова и об Игоре Ивановиче Ершове
Русские сказки — эти слова рождают множество эмоций и чувств. Картинки так и всплывают из памяти: изумрудная лягушка с блестящей стрелой, Иван-царевич, в высокой сафьяновой шапке пробирающийся сквозь дремучий лес, закопченная избушка Бабы-яги. А еще вспоминаются авторы этих родных с детства образов: Виктор Васнецов, Иван Билибин, Игорь Ершов.
Представлять Васнецова, Билибина, великих мастеров Серебряного века, нет нужды — они художники мировой величины. Впрочем, как и Игорь Иванович Ершов, их ученик и последователь. В живописи И. Ершов прошел несколько этапов: соцреализм, импрессионизм, абстракционизм и иконно-сказочный символизм. О нем вспоминает Ксения Кривошеина (Ершова), дочь, друг и соавтор художника.
САЙТ Книга 3000. Художники-иллюстраторы. Здесь есть и о Ксении Игоревне Кривошеиной, в девичестве Ершова и об Игоре Ивановиче Ершове
В серии «Заветная полка» в 2017 году, в известном издательстве "ЭНАС -Книга" вышла повесть «Сестренка» Нины Гернет (1899–1982).
Многие взрослые хорошо помнят ее с детства. По семейным обстоятельствам мама оставила маленькую Саню на попечение родственников. Она вовсе не подарочек, и ее двоюродный брат Женя теперь не знает, что делать с упрямой, своевольной девчонкой. Но проходит время. Женя постепенно замечает в ней много хорошего и привязывается к рассудительной сестренке, ведь она ходит за ним по пятам, как ниточка за иголочкой.
Повесть Нины Гернет украшена иллюстрациями сразу двух художников. Получился своеобразный изобразительный диалог сквозь годы. Игорь Иванович Ершов (1916–1985), который всегда тщательно подходил к своему делу, долго искал подходящую модель. Образ Сани ускользал от него. И вот наконец во время прогулки в парке он заметил группу детей из детского дома. Среди них он нашел Томку, девочку, которая навсегда осталась жить в его сердечных, живых иллюстрациях к этой книге. Монохромные иллюстрации принадлежат Елене Володькиной. Она бережно повторила старые образы главных героев повести и создала новые. Мы уверены, что вы полюбите нашу «Сестренку», как мы ее полюбили, пока готовили к выходу в свет.
Книгу можно приобрести в магазинах OZON ru а также My-shop.ru и на Wildberries.ru.
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Многие взрослые хорошо помнят ее с детства. По семейным обстоятельствам мама оставила маленькую Саню на попечение родственников. Она вовсе не подарочек, и ее двоюродный брат Женя теперь не знает, что делать с упрямой, своевольной девчонкой. Но проходит время. Женя постепенно замечает в ней много хорошего и привязывается к рассудительной сестренке, ведь она ходит за ним по пятам, как ниточка за иголочкой.
Повесть Нины Гернет украшена иллюстрациями сразу двух художников. Получился своеобразный изобразительный диалог сквозь годы. Игорь Иванович Ершов (1916–1985), который всегда тщательно подходил к своему делу, долго искал подходящую модель. Образ Сани ускользал от него. И вот наконец во время прогулки в парке он заметил группу детей из детского дома. Среди них он нашел Томку, девочку, которая навсегда осталась жить в его сердечных, живых иллюстрациях к этой книге. Монохромные иллюстрации принадлежат Елене Володькиной. Она бережно повторила старые образы главных героев повести и создала новые. Мы уверены, что вы полюбите нашу «Сестренку», как мы ее полюбили, пока готовили к выходу в свет.
Книгу можно приобрести в магазинах OZON ru а также My-shop.ru и на Wildberries.ru.
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Rédigé par l'équipede rédaction le 7 Novembre 2021 à 13:00
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