Trois des quatre églises proposées par la Ville de Rouen à des entrepreneurs privés vont être transformées en lieux de vie inédits
Les églises désacralisées de Rouen ont trouvé preneur, à l’exception de Saint-Paul, « dont l’accessibilité pose problème », reconnaît Christine Rambaud, adjointe au maire chargée de l’urbanisme et membre du jury d’élus qui a sélectionné les projets pour la reprise de trois édifices. Sainte-Croix-des-Pelletiers, Saint-Pierre-du-Chatel et Saint-Nicaise vont ainsi reprendre vie d’ici les prochaines années, grâce aux ambitions d’entrepreneurs locaux, qui prévoient de les transformer en brasserie, en hôtel restaurant luxueux ou en espace de coworking.

« Notre premier objectif était de sauver ces quatre monuments historiques, pour qu’ils continuent à être des éléments de l’attractivité de Rouen, explique le maire Yvon Robert, en référence à l’appel à projets lancé en mai dernier. Même avec des subventions, nous n’aurions pas les moyens de les restaurer. »

Sur les douze dossiers présentés, pour neuf porteurs de projets, trois ont ainsi été retenus par Guy Pessiot, conseiller municipal, Jean-Paul Ollivier, directeur régional des affaires culturelles de Normandie (Drac), ou encore Kader Chekhemani et Jean-Michel Bérégovoy, adjoints de quartier. Saint-Pierre-du-Chatel (rue Camille-Saint-Saëns) va ainsi devenir « La Métropolitaine », avec un restaurant sur deux niveaux, trois chambres d’hôtel haut standing et un rooftop. Saint-Nicaise, quant à elle, sera transformée en un lieu de production de bière (95 % seront vendus en dehors de l’église) et de consommation, avec notamment un restaurant de quarante couverts. « Un des deux orgues sera conservé pour jouer en journée », précise Pierre-Marie Soulat, porteur du projet.

Enfin, Sainte-Croix-des-Pelletiers (à deux pas de la place du Vieux-Marché) accueillera « Bek’Miettes », un café coworking, avec une halle gourmande, où il sera possible de profiter d’une formule entrée-plat-dessert à 10 €. « Les projets vont se nourrir les uns des autres », s’enthousiasme Édouard Laubies, à l’origine de ce dernier concept.

Évidemment, de tels chantiers demandent beaucoup de préparation, et la mairie va accompagner les entrepreneurs dans cette phase initiale. « Nous prenons la décision de continuer à travailler avec ces trois porteurs de projets. Il y a des choses à mettre au point, comme les permis de construire ou encore les techniques financières, l’objectif étant d’aboutir », poursuit Yvon Robert. Si la précipitation est exclue, donc, Christine Rambaud révèle que ces études complémentaires se feront « sur un calendrier relativement court », c’est-à-dire quelques mois.

Les projets ont été choisis selon plusieurs critères, dont la viabilité financière, le respect de la valeur historique de l’édifice — des architectes spécialistes du patrimoine sont intervenus — ou encore le potentiel à animer le quartier concerné. « Les projets devaient être portés par des privés et ne pas nécessiter de fonds publics. Il y a une conjonction entre les efforts des collectivités, notamment de l’État à travers la Drac, et de ces acteurs privés », complète Guy Pessiot. Pour l’historien Jean-Pierre Chaline, aussi membre du jury, il était essentiel que les habitants aient toujours accès aux églises. « Il n’était pas question de privatiser ces monuments, il fallait qu’ils continuent à être vus des Rouennais, notamment les vitraux de Saint-Nicaise ou les sculptures de Sainte-Croix-des-Pelletiers. Saint-Nicaise, notamment, est dans le cœur des Rouennais qui s’y sont mariés ou y ont enterré des proches. »

Il ne reste plus qu’à voir si les métamorphoses trouveront, à leur tour, leur place dans le cœur des riverains. Suite

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 8 Décembre 2019 à 14:45 | 26 commentaires | Permalien



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