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et "RADONEZH"
Nous reprenons un texte qui a été publié le 28 avril 2010 sur le forum Orthodoxierusseoccident
L'archevêché (des églises russes en Europe occidentale du patriarcat de Constantinople) est-il fidèle à sa vocation ?
Pour répondre à cette interrogation, il faut d'abord savoir quelle est la vocation de l'Archevêché. A en juger par ce qui se disait et s'écrivait en son sein aux cours des années passées, les membres de cet exarchat se voyaient plusieurs missions. La première et la plus importante était absolument claire : il fallait donner la possibilité aux dizaines de milliers de réfugiés russes, s'étant trouvés hors de leur pays, de continuer à vivre une vie en Eglise. Cette vie « en Eglise » devait se faire selon les indications laissées par le concile de Moscou de 1917/1918, lequel avait couronné le renouveau de l'Eglise russe au 19ème siècle. Très tôt apparut aussi la conscience qu`il fallait témoigner de l'Orthodoxie devant l'Occident dans lequel les émigrés se sont trouvés plongés. Enfin, quand il fut clair que le retour ne se ferait pas dans de brefs délais, apparut le souci d'enraciner l'orthodoxie en occident et parallèlement, de remplir un rôle de «conservatoire » de la tradition russe, tellement fut terrible la crainte de voir le régime soviétique détruire jusqu'au bout toute trace de christianisme en Russie.[
et "RADONEZH"
Nous reprenons un texte qui a été publié le 28 avril 2010 sur le forum Orthodoxierusseoccident
L'archevêché (des églises russes en Europe occidentale du patriarcat de Constantinople) est-il fidèle à sa vocation ?
Pour répondre à cette interrogation, il faut d'abord savoir quelle est la vocation de l'Archevêché. A en juger par ce qui se disait et s'écrivait en son sein aux cours des années passées, les membres de cet exarchat se voyaient plusieurs missions. La première et la plus importante était absolument claire : il fallait donner la possibilité aux dizaines de milliers de réfugiés russes, s'étant trouvés hors de leur pays, de continuer à vivre une vie en Eglise. Cette vie « en Eglise » devait se faire selon les indications laissées par le concile de Moscou de 1917/1918, lequel avait couronné le renouveau de l'Eglise russe au 19ème siècle. Très tôt apparut aussi la conscience qu`il fallait témoigner de l'Orthodoxie devant l'Occident dans lequel les émigrés se sont trouvés plongés. Enfin, quand il fut clair que le retour ne se ferait pas dans de brefs délais, apparut le souci d'enraciner l'orthodoxie en occident et parallèlement, de remplir un rôle de «conservatoire » de la tradition russe, tellement fut terrible la crainte de voir le régime soviétique détruire jusqu'au bout toute trace de christianisme en Russie.[
Donner aux émigrés la possibilité de vivre en Eglise
Au début, l'exarchat parvint à remplir cette mission de façon exemplaire. Grâce au dévouement des prêtres et évêques qui se sont trouvés dans l'émigration et à la ferveur du troupeau le nombre des églises se multiplia, surtout en France. Il en fut ouvertes même dans les endroits les plus reculés comme Ugine ou Tarascon sur Ariège, à partir du moment où une concentration de réfugiés russes s'y trouvait. L'émigration vivait une intense vie liturgique et sacramentelle. L'Exarchat réussit aussi à intégrer, dans des conditions acceptables, les représentants de la seconde vague d'émigration, après la deuxième guerre mondiale. A l'heure actuelle cependant il faut bien constater que beaucoup des descendants des premiers émigrants ont quitté l' Eglise.
Par ailleurs, l'accueil des flots actuels d'immigrants issus des pays orthodoxes où est établie l'Eglise russe pose de redoutables problèmes. On les considère souvent avec une certaine méfiance voire un peu de condescendance. Ces attitudes, courantes dans l'Archevêché, témoignent de la difficulté d'intégration des nouveaux arrivés. C'est un problème qui mérite réflexion. Car il est facile de rejeter la faute de ces difficultés sur les nouveaux arrivés eux-mêmes, qui sont « différents ». Mais on sait bien, qu `en Eglise, différence n'a jamais été synonyme de séparation ou d'exclusion.
On a l'impression, en outre, que, de façon paradoxale, la direction actuelle de l'Archevêché souhaiterait que l'Eglise russe ne lui « fasse pas concurrence » pour le service pastoral de cette population et que cette « juridiction » se retire d'Europe occidentale. D'un autre côté, l'Archevêché n'a plus beaucoup de prêtres capables de comprendre les nouveaux venus, ne serait-ce que pour un problème de langue. Il est donc amené soit à vouloir « assimiler » le plus rapidement possible ces arrivants soit à rechercher, pour leur servir de pasteurs, des « transfuges » du Patriarcat de Moscou. Or les changements de juridictions sont souvent consécutifs à des problèmes dans la juridiction d'origine. Ces problèmes sont couramment attribués aux défauts de l'Eglise russe, où les prêtres seraient « soumis à l'arbitraire des évêques. » Mais on sait bien que les vraies raisons sont fréquemment plus prosaïques.
De son côté l'Eglise russe estime, elle aussi, qu'il lui appartient d'exercer sa mission auprès des Russes ayant quitté leur patrie, comme elle l'avait toujours fait avant la révolution. Il s'ensuit une atmosphère de conflit permanent fort pénible. Et l'on voit bien que, dans ce domaine, la seule solution raisonnable, d'un point de vue pastoral, serait une collaboration entre les uns et les autres chacun pouvant apporter son expérience irremplaçable.
La mission première de l'Archevêché envers l'émigration russe n'est donc plus assurée de manière indiscutable et à la satisfaction générale, comme cela a longtemps été.
Application des décisions du concile de Moscou
En ce qui concerne l'application des décisions du concile de Moscou on peut estimer que, là aussi, après une période faste, la situation s'est profondément dégradée. Certains font toujours grand cas de la participation des laïques à la vie de l'Eglise. Mais les apparences sont trompeuses. Si l'on examine ce qui se passe dans la réalité, on ne voit pas une vie ecclésiale harmonieuse, dans la sollicitude des évêques, exerçant dans la collégialité leurs devoirs de pasteurs d'un peuple, collaborant avec eux, pour la dignité de la vie sacramentelle et pour le salut de tous.
La loi de l'Eglise a progressivement été remplacée, dans l'Archevêché, sans que l'on n'y prenne garde, par la loi civile qui régit la vie des associations. Et cette dernière loi est appliquée de la pire des façons. Certes, les assemblées ecclésiales peuvent faire apparaître des désaccords. Il faut alors, par les débats, parvenir à des solutions capables d'obtenir l'accord de tous. Au lieu de cela nous voyons des « Assemblées Générales » à différents niveaux où l'objectif n'est pas d'échanger, dans la recherche de la solution juste, mais de garder « la majorité » pour écarter les « adversaires » et garder le « pouvoir ». Ces assemblées générales sont souvent précédées de réunions se voulant secrètes, dont l'objectif est de préparer soigneusement des tactiques fort peu ecclésiales (exclusion des liste de votants du plus grand nombre possibles de personnes ne partageant pas les « idées correctes », répartition des rôles à l'assemblée, préparation des tactiques de votes etc…) En cas de conflit, on ne recherche pas la médiation de quelque sage, ou d'autres évêques, mais on s'adresse tout de suite aux avocats. Bien entendu les personnes de bonne volonté répugnent à utiliser ces procédés « légaux » mais non ecclésiaux et les manœuvriers remportent « la majorité » ce qui leur donne bonne conscience.
Dans ce domaine un autre problème existe. Il y a toujours eu dans l'Exarchat plusieurs évêques, dont un dirigeant. Les statuts prévoient d'ailleurs un « comité épiscopal, » qui devrait se réunir au moins deux fois par an. Le rôle de ce comité est en réalité très important bien que peu compris. Notre entité ecclésiale s'est trouvée coupée de l'Eglise russe, et n'a pas été organiquement intégrée dans l'Eglise de Constantinople. Ce comité organise donc une certaine collégialité épiscopale indispensable dans l'Eglise. Un évêque orthodoxe tire en effet sa légitimité de son appartenance à son Eglise locale et au corps épiscopal de cette Eglise. Sans cette synodalité organique l'évêque perd peu à peu son autorité. Et c'est ce que l'on constate malheureusement dans l'Archevêché, aux dires même de son Archevêque.
De plus et depuis peu, la situation a radicalement empiré puisqu'il n'y a plus qu'un seul évêque. Il sera impossible à l'avenir de disposer, au sein de cette structure, de plusieurs candidats susceptibles d'être désignés (à l'élection du Saint synode de l'Eglise de Constantinople) pour la diriger. Car un tel candidat devrait être, idéalement, un évêque déjà expérimenté et ayant montré des capacités certaines pour occuper une telle fonction.
On voit donc que l'exarchat n'a pas réussi à créer un modèle convaincant d'application des décisions du concile de Moscou.
Témoignage de l'orthodoxie en Occident.
Dans ce domaine, à ses débuts, l'exarchat a pleinement réalisé son dessein. De fait, les hiérarques et les remarquables théologiens de cette époque participèrent pleinement au grand souffle œcuménique qui marqua la première moitié du 20ième siècle. Cette participation fut particulièrement marquante, car elle fut exempte de tout esprit de prosélytisme ou de compromission. Le rôle de l'Exarchat fut d'autant plus important qu'à cette époque, en raison des problèmes liés à la fin de l'empire Ottoman et à l'instauration du communisme en Europe de l'Est, personne d'autre ne pouvait témoigner de l'Orthodoxie au sein de ce mouvement Œcuménique.
Aujourd'hui la situation a radicalement changé. Les Eglises traditionnelles ont repris un rôle majeur dans le dialogue œcuménique. Le caractère unique du service de l'Archevêché a disparu. Mais il reste le témoignage de vie, au sein de l'Occident, qui demeure primordial. Il est dommage que ce témoignage soit un peu assombri par les disputes et les remous autour et au sein de cette structure.
L'enracinement local de l'orthodoxie
Cette mission a, en quelque sorte, accaparé toute l'attention et concentré toutes les disputes et déchirements dans l'Archevêché. Personne pourtant ne conteste l'existence d'un tel devoir pour nous. Les difficultés ne viennent que des modalités selon lesquelles cette mission doit être remplie. Beaucoup, dans l'Archevêché, pensent encore que ce processus doit forcément être mené par eux, en tant que (presque seuls) orthodoxes locaux, exempts de phylétisme. D'autres pensent au contraire que cet enracinement ne se fera que dans le temps, lorsque la plénitude de l'Eglise aura trouvé la voie juste pour « organiser » l'Eglise orthodoxe en Europe occidentale. Ils pensent surtout qu'une opposition systématique à (ou aux) Eglise(s) mère(s) ne fait que compliquer le problème. De plus, ils sont persuadés qu'un archevêché coupé de sa source ne peut plus rien transmettre à qui que ce soit. Il risque au contraire de sombrer dans le sectarisme, comme l'ont fait d'autres structures pas si loin de nous, coupées, elles aussi de leurs racines.
Conclusion
Ce rapide survol du destin de l'Exarchat/Archevêché montre qu'il est resté fidèle de façon exemplaire à sa vocation depuis les débuts de son existence jusqu'à un passé récent. Mais les conditions de son existence ont été complètement bouleversées par la chute du pouvoir soviétique et l'afflux massif d'orthodoxes de toute l'Europe centrale et même d'ailleurs. Il n'est plus la structure centrale de l'orthodoxie dans nos pays et il ne peut plus représenter le monde orthodoxe comme il le faisait naguère de façon naturelle. Ses forces ont largement décliné. Ces changements l'ont plongé dans une crise sans précédent.
C'est dans ces conditions que va se tenir une nouvelle assemblée générale de l'Archevêché. Ses dirigeants ont déployé des efforts considérables pour que soient exclus de cette assemblée ses nombreux membres qui ne partagent pas les convictions de ceux qui ont pris le « pouvoir » exclusif en son sein. Ils l'ont fait avec habileté et succès. Aucun problème de « majorité » ne devrait se poser. Mais l'Archevêché aurait eu besoin de toutes ses forces pour dépasser ces problèmes de « majorité », maintenir sa cohésion et trouver les voies de son avenir. La position actuelle qui consiste à imposer à tous des thèses figées et contestées par beaucoup, au prix de désordres et disputes permanentes, non seulement à l'intérieur mais aussi en dehors de l'Archevêché, risquent de le mener bien loin de ses vocations premières.
Avril 2010
Séraphin Rehbinder
*Source: Orthodoxierusseoccident
Au début, l'exarchat parvint à remplir cette mission de façon exemplaire. Grâce au dévouement des prêtres et évêques qui se sont trouvés dans l'émigration et à la ferveur du troupeau le nombre des églises se multiplia, surtout en France. Il en fut ouvertes même dans les endroits les plus reculés comme Ugine ou Tarascon sur Ariège, à partir du moment où une concentration de réfugiés russes s'y trouvait. L'émigration vivait une intense vie liturgique et sacramentelle. L'Exarchat réussit aussi à intégrer, dans des conditions acceptables, les représentants de la seconde vague d'émigration, après la deuxième guerre mondiale. A l'heure actuelle cependant il faut bien constater que beaucoup des descendants des premiers émigrants ont quitté l' Eglise.
Par ailleurs, l'accueil des flots actuels d'immigrants issus des pays orthodoxes où est établie l'Eglise russe pose de redoutables problèmes. On les considère souvent avec une certaine méfiance voire un peu de condescendance. Ces attitudes, courantes dans l'Archevêché, témoignent de la difficulté d'intégration des nouveaux arrivés. C'est un problème qui mérite réflexion. Car il est facile de rejeter la faute de ces difficultés sur les nouveaux arrivés eux-mêmes, qui sont « différents ». Mais on sait bien, qu `en Eglise, différence n'a jamais été synonyme de séparation ou d'exclusion.
On a l'impression, en outre, que, de façon paradoxale, la direction actuelle de l'Archevêché souhaiterait que l'Eglise russe ne lui « fasse pas concurrence » pour le service pastoral de cette population et que cette « juridiction » se retire d'Europe occidentale. D'un autre côté, l'Archevêché n'a plus beaucoup de prêtres capables de comprendre les nouveaux venus, ne serait-ce que pour un problème de langue. Il est donc amené soit à vouloir « assimiler » le plus rapidement possible ces arrivants soit à rechercher, pour leur servir de pasteurs, des « transfuges » du Patriarcat de Moscou. Or les changements de juridictions sont souvent consécutifs à des problèmes dans la juridiction d'origine. Ces problèmes sont couramment attribués aux défauts de l'Eglise russe, où les prêtres seraient « soumis à l'arbitraire des évêques. » Mais on sait bien que les vraies raisons sont fréquemment plus prosaïques.
De son côté l'Eglise russe estime, elle aussi, qu'il lui appartient d'exercer sa mission auprès des Russes ayant quitté leur patrie, comme elle l'avait toujours fait avant la révolution. Il s'ensuit une atmosphère de conflit permanent fort pénible. Et l'on voit bien que, dans ce domaine, la seule solution raisonnable, d'un point de vue pastoral, serait une collaboration entre les uns et les autres chacun pouvant apporter son expérience irremplaçable.
La mission première de l'Archevêché envers l'émigration russe n'est donc plus assurée de manière indiscutable et à la satisfaction générale, comme cela a longtemps été.
Application des décisions du concile de Moscou
En ce qui concerne l'application des décisions du concile de Moscou on peut estimer que, là aussi, après une période faste, la situation s'est profondément dégradée. Certains font toujours grand cas de la participation des laïques à la vie de l'Eglise. Mais les apparences sont trompeuses. Si l'on examine ce qui se passe dans la réalité, on ne voit pas une vie ecclésiale harmonieuse, dans la sollicitude des évêques, exerçant dans la collégialité leurs devoirs de pasteurs d'un peuple, collaborant avec eux, pour la dignité de la vie sacramentelle et pour le salut de tous.
La loi de l'Eglise a progressivement été remplacée, dans l'Archevêché, sans que l'on n'y prenne garde, par la loi civile qui régit la vie des associations. Et cette dernière loi est appliquée de la pire des façons. Certes, les assemblées ecclésiales peuvent faire apparaître des désaccords. Il faut alors, par les débats, parvenir à des solutions capables d'obtenir l'accord de tous. Au lieu de cela nous voyons des « Assemblées Générales » à différents niveaux où l'objectif n'est pas d'échanger, dans la recherche de la solution juste, mais de garder « la majorité » pour écarter les « adversaires » et garder le « pouvoir ». Ces assemblées générales sont souvent précédées de réunions se voulant secrètes, dont l'objectif est de préparer soigneusement des tactiques fort peu ecclésiales (exclusion des liste de votants du plus grand nombre possibles de personnes ne partageant pas les « idées correctes », répartition des rôles à l'assemblée, préparation des tactiques de votes etc…) En cas de conflit, on ne recherche pas la médiation de quelque sage, ou d'autres évêques, mais on s'adresse tout de suite aux avocats. Bien entendu les personnes de bonne volonté répugnent à utiliser ces procédés « légaux » mais non ecclésiaux et les manœuvriers remportent « la majorité » ce qui leur donne bonne conscience.
Dans ce domaine un autre problème existe. Il y a toujours eu dans l'Exarchat plusieurs évêques, dont un dirigeant. Les statuts prévoient d'ailleurs un « comité épiscopal, » qui devrait se réunir au moins deux fois par an. Le rôle de ce comité est en réalité très important bien que peu compris. Notre entité ecclésiale s'est trouvée coupée de l'Eglise russe, et n'a pas été organiquement intégrée dans l'Eglise de Constantinople. Ce comité organise donc une certaine collégialité épiscopale indispensable dans l'Eglise. Un évêque orthodoxe tire en effet sa légitimité de son appartenance à son Eglise locale et au corps épiscopal de cette Eglise. Sans cette synodalité organique l'évêque perd peu à peu son autorité. Et c'est ce que l'on constate malheureusement dans l'Archevêché, aux dires même de son Archevêque.
De plus et depuis peu, la situation a radicalement empiré puisqu'il n'y a plus qu'un seul évêque. Il sera impossible à l'avenir de disposer, au sein de cette structure, de plusieurs candidats susceptibles d'être désignés (à l'élection du Saint synode de l'Eglise de Constantinople) pour la diriger. Car un tel candidat devrait être, idéalement, un évêque déjà expérimenté et ayant montré des capacités certaines pour occuper une telle fonction.
On voit donc que l'exarchat n'a pas réussi à créer un modèle convaincant d'application des décisions du concile de Moscou.
Témoignage de l'orthodoxie en Occident.
Dans ce domaine, à ses débuts, l'exarchat a pleinement réalisé son dessein. De fait, les hiérarques et les remarquables théologiens de cette époque participèrent pleinement au grand souffle œcuménique qui marqua la première moitié du 20ième siècle. Cette participation fut particulièrement marquante, car elle fut exempte de tout esprit de prosélytisme ou de compromission. Le rôle de l'Exarchat fut d'autant plus important qu'à cette époque, en raison des problèmes liés à la fin de l'empire Ottoman et à l'instauration du communisme en Europe de l'Est, personne d'autre ne pouvait témoigner de l'Orthodoxie au sein de ce mouvement Œcuménique.
Aujourd'hui la situation a radicalement changé. Les Eglises traditionnelles ont repris un rôle majeur dans le dialogue œcuménique. Le caractère unique du service de l'Archevêché a disparu. Mais il reste le témoignage de vie, au sein de l'Occident, qui demeure primordial. Il est dommage que ce témoignage soit un peu assombri par les disputes et les remous autour et au sein de cette structure.
L'enracinement local de l'orthodoxie
Cette mission a, en quelque sorte, accaparé toute l'attention et concentré toutes les disputes et déchirements dans l'Archevêché. Personne pourtant ne conteste l'existence d'un tel devoir pour nous. Les difficultés ne viennent que des modalités selon lesquelles cette mission doit être remplie. Beaucoup, dans l'Archevêché, pensent encore que ce processus doit forcément être mené par eux, en tant que (presque seuls) orthodoxes locaux, exempts de phylétisme. D'autres pensent au contraire que cet enracinement ne se fera que dans le temps, lorsque la plénitude de l'Eglise aura trouvé la voie juste pour « organiser » l'Eglise orthodoxe en Europe occidentale. Ils pensent surtout qu'une opposition systématique à (ou aux) Eglise(s) mère(s) ne fait que compliquer le problème. De plus, ils sont persuadés qu'un archevêché coupé de sa source ne peut plus rien transmettre à qui que ce soit. Il risque au contraire de sombrer dans le sectarisme, comme l'ont fait d'autres structures pas si loin de nous, coupées, elles aussi de leurs racines.
Conclusion
Ce rapide survol du destin de l'Exarchat/Archevêché montre qu'il est resté fidèle de façon exemplaire à sa vocation depuis les débuts de son existence jusqu'à un passé récent. Mais les conditions de son existence ont été complètement bouleversées par la chute du pouvoir soviétique et l'afflux massif d'orthodoxes de toute l'Europe centrale et même d'ailleurs. Il n'est plus la structure centrale de l'orthodoxie dans nos pays et il ne peut plus représenter le monde orthodoxe comme il le faisait naguère de façon naturelle. Ses forces ont largement décliné. Ces changements l'ont plongé dans une crise sans précédent.
C'est dans ces conditions que va se tenir une nouvelle assemblée générale de l'Archevêché. Ses dirigeants ont déployé des efforts considérables pour que soient exclus de cette assemblée ses nombreux membres qui ne partagent pas les convictions de ceux qui ont pris le « pouvoir » exclusif en son sein. Ils l'ont fait avec habileté et succès. Aucun problème de « majorité » ne devrait se poser. Mais l'Archevêché aurait eu besoin de toutes ses forces pour dépasser ces problèmes de « majorité », maintenir sa cohésion et trouver les voies de son avenir. La position actuelle qui consiste à imposer à tous des thèses figées et contestées par beaucoup, au prix de désordres et disputes permanentes, non seulement à l'intérieur mais aussi en dehors de l'Archevêché, risquent de le mener bien loin de ses vocations premières.
Avril 2010
Séraphin Rehbinder
*Source: Orthodoxierusseoccident
Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 15 Juillet 2011 à 10:30
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