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Prêtre Vladimir Zielinsky
LA BLESSURE QUI NOUS FAIT HOMMES
« Révèle-moi ton nom, je te prie » (Gen.32, 30)
Sous cette demande est cachée, peut-être, une autre, que Jacob n’ose pas prononcer : « révèle-moi ta face ». Révèle ici et maintenant, quand je lutte contre toi. Cette face il l’a vu quand il eut un songe avec l’échelle qui atteignait le ciel (vd.Gen. 28,12) Ce nom, il l'a connu jadis, au paradis. Et en combattant, il s'efforce de se souvenir de lui. Mais après la chute qui a offusqué nos facultés mentales, la connaissance de Dieu est devenue difficile et obscure, elle s'est transformée en une force extérieure et lointaine qui se « coagule » dans les prescriptions dures et irrévocables. « Tu n'auras pas d'autres dieux que Moi… », « Tu ne tueras pas… »
Mais la loi, naturelle ou donnée d'en haut gratuitement, n'est qu'une coquille qui porte ou précède la Parole, qui depuis la création ne cessa jamais de parler au fond de l'homme. Or, dans l'économie de la révélation, Dieu s'est abrité au début dans l'anonymat de la nature humaine, créée - faut-il le rappeler – « à son image et ressemblance », c'est-à-dire avec la Parole mise au cœur, mais aussi avec la liberté souveraine de l'entendre ou non, de l'obéir ou la combattre.
LA BLESSURE QUI NOUS FAIT HOMMES
« Révèle-moi ton nom, je te prie » (Gen.32, 30)
Sous cette demande est cachée, peut-être, une autre, que Jacob n’ose pas prononcer : « révèle-moi ta face ». Révèle ici et maintenant, quand je lutte contre toi. Cette face il l’a vu quand il eut un songe avec l’échelle qui atteignait le ciel (vd.Gen. 28,12) Ce nom, il l'a connu jadis, au paradis. Et en combattant, il s'efforce de se souvenir de lui. Mais après la chute qui a offusqué nos facultés mentales, la connaissance de Dieu est devenue difficile et obscure, elle s'est transformée en une force extérieure et lointaine qui se « coagule » dans les prescriptions dures et irrévocables. « Tu n'auras pas d'autres dieux que Moi… », « Tu ne tueras pas… »
Mais la loi, naturelle ou donnée d'en haut gratuitement, n'est qu'une coquille qui porte ou précède la Parole, qui depuis la création ne cessa jamais de parler au fond de l'homme. Or, dans l'économie de la révélation, Dieu s'est abrité au début dans l'anonymat de la nature humaine, créée - faut-il le rappeler – « à son image et ressemblance », c'est-à-dire avec la Parole mise au cœur, mais aussi avec la liberté souveraine de l'entendre ou non, de l'obéir ou la combattre.
En fait, c'est nous qui choisissons où mettre les frontières de notre responsabilité devant Dieu et nos prochains. Mais la loi - ou la Parole qui agit dans notre cœur - possède aussi sa liberté de les violer, de venir pour lutter contre nous comme l'Hôte nocturne de Jacob. On reconnaît la même lutte, mais intériorisée; ressentie « en Esprit et vérité » dans une affirmation de saint Paul: « En effet, quand les païens privés de la loi accomplissent naturellement les prescriptions de la loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de loi, ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience… » (Rom. 2,14-15).
La loi n'est pas simplement le "cratère brûlé" où Dieu a parlé autrefois ou « le canal sec » rempli dans les jours anciens (Karl Barth) car là où le Seigneur passe, il reste.
La loi est plutôt son premier séjour dans l'homme, son sanctuaire qui a besoin toujours des sacrifices de notre part. La loi se masque en se révélant et se manifeste en se retirant dans l'ombre. Voilà pourquoi l'homme ne veut pas guérir cette blessure que le Visitateur inattendu a laissée sur son corps, car grâce à elle nous sommes ce qui nous sommes. Elle est notre « écharde dans la chair » (2 Cor.12, 7), la douleur au cœur éclairée par la lumière eschatologique, angoisse devant le tribunal du siècle à venir, mais aussi une source de purification et de sainteté.
Saint Jean Chrysostome assimile la conscience à ce sentiment de la honte que l'homme nu a eu devant le Seigneur au paradis. Mais ce sentiment ne fait-il pas non plus un lien entre eux? Le Royaume de Dieu est-il ouvert seulement aux gens bien habillés, sûrs de soi, qui n'ont pas lutté contre Dieu, parce qu'ils ne l'ont rencontré, n'ont jamais entendu son appel face à face? L’homme devant Dieu est un homme blessé la honte, frappé par la douleur, meurtri par son péché et guéri par le miracle de la bénédiction.
« Quel est ton nom? » – « Jacob », répondit-il.
Il reprit: « On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu a été fort contre Dieu, et contre les hommes tu l'emporteras » (Gen. 32, 28-29). « Israël », c'est-à-dire, celui à qui sera donnée la loi, de qui viendra le Messie, qui aura la Parole qui était au commencement de la loi et de la vie même…Le travail de la conscience change la « substance » humaine qui est symbolisée par le nom, comme la Parole transforme l'Israël en Eglise. « Les sujets de la loi » (1 Cor. 9,20), ceux qui purgent une peine de la conscience seront délivrés, expiés, transfigurés dans ce Nom qui est unique nécessaire au salut…
Saint Augustin a dit: "bénie soit la culpabilité qui nous a donné un tel Rédempteur!"
Ne pouvons nous répéter à sa suite: "bénie soit la blessure qui nous a donné la conscience!"
Elle est comme l'étincelle qui veut devenir la flamme, le puits qui porte de l'eau vive, bien que cette eau est plutôt amère… Or, cette amertume fait partie de notre « goût » d'homme et il semble que ceux qui sont privés de ce goût, qui sont « marqués au fer rouge dans leur conscience », comme dit Saint Paul (1Tim. 4,2) n'appartiennent plus à la famille humaine.
Mais au fond, la conscience est-elle définissable? Elle est dans les souvenirs qui brûlent, dans les pensées-ennemies qui se persécutent, dans la Voix qui appelle, dans la vérité qui péniblement se redresse dans mon âme, mais aussi dans la préparation joyeuse à cette confrontation impensable, quand nous pourrons dire comme Jacob: « J'ai vu Dieu face à face et j'ai eu la vie sauve » (Gen.32, 31)…
Quand sa face sera révélée à tous.
La loi n'est pas simplement le "cratère brûlé" où Dieu a parlé autrefois ou « le canal sec » rempli dans les jours anciens (Karl Barth) car là où le Seigneur passe, il reste.
La loi est plutôt son premier séjour dans l'homme, son sanctuaire qui a besoin toujours des sacrifices de notre part. La loi se masque en se révélant et se manifeste en se retirant dans l'ombre. Voilà pourquoi l'homme ne veut pas guérir cette blessure que le Visitateur inattendu a laissée sur son corps, car grâce à elle nous sommes ce qui nous sommes. Elle est notre « écharde dans la chair » (2 Cor.12, 7), la douleur au cœur éclairée par la lumière eschatologique, angoisse devant le tribunal du siècle à venir, mais aussi une source de purification et de sainteté.
Saint Jean Chrysostome assimile la conscience à ce sentiment de la honte que l'homme nu a eu devant le Seigneur au paradis. Mais ce sentiment ne fait-il pas non plus un lien entre eux? Le Royaume de Dieu est-il ouvert seulement aux gens bien habillés, sûrs de soi, qui n'ont pas lutté contre Dieu, parce qu'ils ne l'ont rencontré, n'ont jamais entendu son appel face à face? L’homme devant Dieu est un homme blessé la honte, frappé par la douleur, meurtri par son péché et guéri par le miracle de la bénédiction.
« Quel est ton nom? » – « Jacob », répondit-il.
Il reprit: « On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu a été fort contre Dieu, et contre les hommes tu l'emporteras » (Gen. 32, 28-29). « Israël », c'est-à-dire, celui à qui sera donnée la loi, de qui viendra le Messie, qui aura la Parole qui était au commencement de la loi et de la vie même…Le travail de la conscience change la « substance » humaine qui est symbolisée par le nom, comme la Parole transforme l'Israël en Eglise. « Les sujets de la loi » (1 Cor. 9,20), ceux qui purgent une peine de la conscience seront délivrés, expiés, transfigurés dans ce Nom qui est unique nécessaire au salut…
Saint Augustin a dit: "bénie soit la culpabilité qui nous a donné un tel Rédempteur!"
Ne pouvons nous répéter à sa suite: "bénie soit la blessure qui nous a donné la conscience!"
Elle est comme l'étincelle qui veut devenir la flamme, le puits qui porte de l'eau vive, bien que cette eau est plutôt amère… Or, cette amertume fait partie de notre « goût » d'homme et il semble que ceux qui sont privés de ce goût, qui sont « marqués au fer rouge dans leur conscience », comme dit Saint Paul (1Tim. 4,2) n'appartiennent plus à la famille humaine.
Mais au fond, la conscience est-elle définissable? Elle est dans les souvenirs qui brûlent, dans les pensées-ennemies qui se persécutent, dans la Voix qui appelle, dans la vérité qui péniblement se redresse dans mon âme, mais aussi dans la préparation joyeuse à cette confrontation impensable, quand nous pourrons dire comme Jacob: « J'ai vu Dieu face à face et j'ai eu la vie sauve » (Gen.32, 31)…
Quand sa face sera révélée à tous.
Rédigé par Prêtre Vladimir Zielinsky le 3 Février 2011 à 13:10
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