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Samedi 11 mai à l’Institut orthodoxe Saint-Serge s’est tenue une assemblée pastorale pour décider de l’avenir de l’Archevêché des Églises orthodoxes russes en Europe occidentale.
En novembre 2018, le patriarche œcuménique Bartholomée a abrogé le statut d’exarchat accordé à titre perpétuel aux paroisses russes dans les pays d’Europe occidentale. Il n’est pas exclu que, dans ce climat de crise, l’Archevêché ne revienne dans le giron de l’Église orthodoxe russe, qui lui a déjà promis d’en sauvegarder l’autonomie en son sein. Mais tous dans l’Archevêché ne sont pas d’accord avec cette perspective.
Le problème, en bref
L’Archevêché rassemble plus de cent paroisses dans les différents pays d’Europe occidentale, mais surtout en France. Cet archidiocèse, dont le siège est à Paris, a été créé par des émigrés russes de la première vague suite à la révolution de 1917. Il s’est placé sous la juridiction du patriarcat œcuménique dans les années trente à la suite de différends avec Moscou. Son statut a été plusieurs fois modifié au cours du XXe siècle. Finalement en 1999, Constantinople a accordé aux Églises orthodoxes de tradition russe le statut d’exarchat permanent, c’est-à-dire de territoire ecclésial particulier hors du pays de résidence du patriarche.
Cependant, dans le cadre de l’accord de l’autocéphalie à l’Église en Ukraine, le patriarche œcuménique, à la surprise générale et sans concertation préalable, a dissout l’exarchat d’Europe occidentale et enjoint aux paroisses de se placer sous tutelle directe de Constantinople en intégrant les métropoles grecques locales. À Constantinople, on indique qu’il s’agit là d’un problème purement technique : éviter les doublons juridictionnels de structures ecclésiales.
En novembre 2018, le patriarche œcuménique Bartholomée a abrogé le statut d’exarchat accordé à titre perpétuel aux paroisses russes dans les pays d’Europe occidentale. Il n’est pas exclu que, dans ce climat de crise, l’Archevêché ne revienne dans le giron de l’Église orthodoxe russe, qui lui a déjà promis d’en sauvegarder l’autonomie en son sein. Mais tous dans l’Archevêché ne sont pas d’accord avec cette perspective.
Le problème, en bref
L’Archevêché rassemble plus de cent paroisses dans les différents pays d’Europe occidentale, mais surtout en France. Cet archidiocèse, dont le siège est à Paris, a été créé par des émigrés russes de la première vague suite à la révolution de 1917. Il s’est placé sous la juridiction du patriarcat œcuménique dans les années trente à la suite de différends avec Moscou. Son statut a été plusieurs fois modifié au cours du XXe siècle. Finalement en 1999, Constantinople a accordé aux Églises orthodoxes de tradition russe le statut d’exarchat permanent, c’est-à-dire de territoire ecclésial particulier hors du pays de résidence du patriarche.
Cependant, dans le cadre de l’accord de l’autocéphalie à l’Église en Ukraine, le patriarche œcuménique, à la surprise générale et sans concertation préalable, a dissout l’exarchat d’Europe occidentale et enjoint aux paroisses de se placer sous tutelle directe de Constantinople en intégrant les métropoles grecques locales. À Constantinople, on indique qu’il s’agit là d’un problème purement technique : éviter les doublons juridictionnels de structures ecclésiales.
« Depuis longtemps on considère à Constantinople que toutes les diasporas orthodoxes doivent être sous une seule juridiction, celle du patriarche œcuménique. L’argumentation officielle est qu’il ne doit pas y avoir de structures ecclésiales parallèles. Et pourquoi ne peut-il pas y avoir de paroisses différentes dans un même diocèse ? Cela paraît logique. Même chez nous cette hypothèse a ses partisans. Le problème n’est pas ce que l’on pense à Constantinople, c’est comment ça a été fait – sans aucune consultation, de manière aussi brutale, » déclare le diacre de l’Archevêché Alexandre Zanemonetz.
Impossible de revenir en arrière
L’Archevêché indique que, premièrement, il n’a pas adressé une telle demande au patriarcat œcuménique et que, deuxièmement, il va décider lui-même de son avenir, selon ses statuts. En effet, cette entité ecclésiale a en France le statut juridique d’association, sa dissolution ne peut être prononcée qu’à la suite d’un vote. Le 23 février, au cours d’une assemblée générale extraordinaire, l’autodissolution (que demande Constantinople) a été rejetée par 93 % des délégués, clercs et laïcs. L’Archevêché a refusé de se soumettre au dictat du patriarche Bartholomée.
Fin mars, une commission de l’Archevêché s’est rendue à Stamboul et a officiellement informé le patriarche des résultats du vote. Avec Constantinople s’est ouvert « un constructif échange d’opinions », comme il est dit dans le communiqué sur ce voyage.
À l’assemblée pastorale, les représentants de la « commission de Stamboul » ont précisé que Constantinople n’est pas disposé à revoir sa décision de supprimer l’exarchat. Le diacre Alexandre Zanemonetz, qui a assisté à cette assemblée, a déclaré dans son interview à RFI : « Il est difficile de dire pourquoi le patriarche ne veut pas adoucir sa position.
Apparemment c’est pour eux devenu une question de principe. » De son côté, l’Archevêché ne veut pas se dissoudre et rester coûte que coûte dans le patriarcat œcuménique. C’est ce qui ressort du vote. Bien que dans ce climat de crise quelques paroisses aient déserté.
Revenir dans l’Église orthodoxe russe PM
Actuellement la position des communautés issues de l’émigration blanche est inconnue. L’un des scénarios possibles est de passer (« revenir ») au sein du patriarcat de Moscou. Voilà déjà plusieurs mois que l’Archevêché mène des discussions au sommet avec Moscou. Comme l’a dit l’archevêque Jean (Renneteau), primat de cette entité ecclésiale, dans son interview à RFI, le problème principal est le degré d’autonomie accordé au sein de l’Église orthodoxe russe.
D’après Alexandre Zanemonetz, à ce stade des négociations, Moscou se dit prête à accorder à l’archevêché parisien une totale autonomie en son sein. « Notre diocèse peut être reçu dans l’Église orthodoxe russe avec maintien de toutes nos particularités statutaires. C’est-à-dire avec maintien total des prêtres de l’Archevêché et de nos règles, y compris pour l’élection de l’archevêque et de ses vicaires. »
Ce qui, selon lui, est impossible sans une réforme des statuts de l’Église orthodoxe russe car nulle part il n’y est fait mention de diocèse autonome. Alexandre Zanemonetz y voit un plus : « À l’intérieur de la structure particulièrement monolithe et peu engageante du patriarcat de Moscou et son style de gouvernement des diocèses et des paroisses apparaîtra une certaine alternative. Et l’on pourra dire que l’Archevêché russe, dont le centre est à Paris, a son statut propre mais que c’est une partie de l’Église orthodoxe russe où les évêques sont élus et où l’on ne peut destituer un recteur ou simplement muter un prêtre. Comme, disons, nombre de Russes se réjouissent qu’au sein de l’Église orthodoxe russe il y a l’Église orthodoxe russe hors frontières, car cela correspond à leurs espérances conservatrices, comme pour le peuple un peu plus libéral il sera important que notre Archevêché soit au sein de l’Église orthodoxe russe. »
Un débat « dense et irénique »
Il faut dire que la perspective de passer sous l’autorité de Moscou soulève des débats et ne satisfait pas tout le monde. Il n’est pas exclu que dans ce cas plusieurs paroisses quittent l’Archevêché. C’est, par exemple comme nous l’a déclaré sans ambages son marguillier Alexis Obolensky, le cas de la paroisse Saint-Nicolas dont l’église a été récupérée, par voie de justice, par la Russie pour être cédée à l’Église orthodoxe russe qui tente aujourd’hui de prendre le contrôle du cimetière de Caucade.
L’assemblée pastorale réunie à l’Institut Saint-Serge a, selon le site officiel de l’Archevêché, donné lieu à des « débats denses et iréniques ». S’y sont exprimés les partisans d’une totale autonomie qui rappelle que telle a été la situation au milieu des années 60, lorsque Constantinople a proposé à l’exarchat de revenir au sein du patriarcat de Moscou (sans exiger pour ce faire la dissolution de l’Archevêché en tant que tel).
Le chercheur et écrivain Daniel Struve, dans une interview à RFI, a déclaré que la totale autonomie de l’Archevêché est impossible pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la position de Paris dans le monde orthodoxe s’est considérablement affaiblie. Il rappelle que l’indépendance de fait dont Paris a profité était une décision temporaire. Selon lui, aujourd’hui, le choix est : rejoindre le patriarcat de Moscou ou s’autodissoudre.
Il y a quelque temps avait été envisagé d’intégrer soit l’Église roumaine soit l’Église orthodoxe russe hors-frontières (qui a rejoint le patriarcat de Moscou en 2007). Les personnes interviewées par RFI considèrent tous ces deux variantes comme improbables.
L’archevêque Jean (Renneteau) pense que le choix doit intervenir rapidement pour éviter « une dissolution de fait » de l’Archevêché. On considère qu’elle sera prise par les délégués à l’assemblée générale du 7 septembre. Mais une telle décision doit être prise à la majorité des deux tiers. Est-ce que les partisans de la « voie moscovite » (soutenue par l’archevêque Jean) sauront convaincre les deux tiers des délégués ?
Xénia Goulia
Source RFI
В Париже «содержательно и мирно» поспорили о судьбе русской архиепископии
Traduction pour PO
Impossible de revenir en arrière
L’Archevêché indique que, premièrement, il n’a pas adressé une telle demande au patriarcat œcuménique et que, deuxièmement, il va décider lui-même de son avenir, selon ses statuts. En effet, cette entité ecclésiale a en France le statut juridique d’association, sa dissolution ne peut être prononcée qu’à la suite d’un vote. Le 23 février, au cours d’une assemblée générale extraordinaire, l’autodissolution (que demande Constantinople) a été rejetée par 93 % des délégués, clercs et laïcs. L’Archevêché a refusé de se soumettre au dictat du patriarche Bartholomée.
Fin mars, une commission de l’Archevêché s’est rendue à Stamboul et a officiellement informé le patriarche des résultats du vote. Avec Constantinople s’est ouvert « un constructif échange d’opinions », comme il est dit dans le communiqué sur ce voyage.
À l’assemblée pastorale, les représentants de la « commission de Stamboul » ont précisé que Constantinople n’est pas disposé à revoir sa décision de supprimer l’exarchat. Le diacre Alexandre Zanemonetz, qui a assisté à cette assemblée, a déclaré dans son interview à RFI : « Il est difficile de dire pourquoi le patriarche ne veut pas adoucir sa position.
Apparemment c’est pour eux devenu une question de principe. » De son côté, l’Archevêché ne veut pas se dissoudre et rester coûte que coûte dans le patriarcat œcuménique. C’est ce qui ressort du vote. Bien que dans ce climat de crise quelques paroisses aient déserté.
Revenir dans l’Église orthodoxe russe PM
Actuellement la position des communautés issues de l’émigration blanche est inconnue. L’un des scénarios possibles est de passer (« revenir ») au sein du patriarcat de Moscou. Voilà déjà plusieurs mois que l’Archevêché mène des discussions au sommet avec Moscou. Comme l’a dit l’archevêque Jean (Renneteau), primat de cette entité ecclésiale, dans son interview à RFI, le problème principal est le degré d’autonomie accordé au sein de l’Église orthodoxe russe.
D’après Alexandre Zanemonetz, à ce stade des négociations, Moscou se dit prête à accorder à l’archevêché parisien une totale autonomie en son sein. « Notre diocèse peut être reçu dans l’Église orthodoxe russe avec maintien de toutes nos particularités statutaires. C’est-à-dire avec maintien total des prêtres de l’Archevêché et de nos règles, y compris pour l’élection de l’archevêque et de ses vicaires. »
Ce qui, selon lui, est impossible sans une réforme des statuts de l’Église orthodoxe russe car nulle part il n’y est fait mention de diocèse autonome. Alexandre Zanemonetz y voit un plus : « À l’intérieur de la structure particulièrement monolithe et peu engageante du patriarcat de Moscou et son style de gouvernement des diocèses et des paroisses apparaîtra une certaine alternative. Et l’on pourra dire que l’Archevêché russe, dont le centre est à Paris, a son statut propre mais que c’est une partie de l’Église orthodoxe russe où les évêques sont élus et où l’on ne peut destituer un recteur ou simplement muter un prêtre. Comme, disons, nombre de Russes se réjouissent qu’au sein de l’Église orthodoxe russe il y a l’Église orthodoxe russe hors frontières, car cela correspond à leurs espérances conservatrices, comme pour le peuple un peu plus libéral il sera important que notre Archevêché soit au sein de l’Église orthodoxe russe. »
Un débat « dense et irénique »
Il faut dire que la perspective de passer sous l’autorité de Moscou soulève des débats et ne satisfait pas tout le monde. Il n’est pas exclu que dans ce cas plusieurs paroisses quittent l’Archevêché. C’est, par exemple comme nous l’a déclaré sans ambages son marguillier Alexis Obolensky, le cas de la paroisse Saint-Nicolas dont l’église a été récupérée, par voie de justice, par la Russie pour être cédée à l’Église orthodoxe russe qui tente aujourd’hui de prendre le contrôle du cimetière de Caucade.
L’assemblée pastorale réunie à l’Institut Saint-Serge a, selon le site officiel de l’Archevêché, donné lieu à des « débats denses et iréniques ». S’y sont exprimés les partisans d’une totale autonomie qui rappelle que telle a été la situation au milieu des années 60, lorsque Constantinople a proposé à l’exarchat de revenir au sein du patriarcat de Moscou (sans exiger pour ce faire la dissolution de l’Archevêché en tant que tel).
Le chercheur et écrivain Daniel Struve, dans une interview à RFI, a déclaré que la totale autonomie de l’Archevêché est impossible pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la position de Paris dans le monde orthodoxe s’est considérablement affaiblie. Il rappelle que l’indépendance de fait dont Paris a profité était une décision temporaire. Selon lui, aujourd’hui, le choix est : rejoindre le patriarcat de Moscou ou s’autodissoudre.
Il y a quelque temps avait été envisagé d’intégrer soit l’Église roumaine soit l’Église orthodoxe russe hors-frontières (qui a rejoint le patriarcat de Moscou en 2007). Les personnes interviewées par RFI considèrent tous ces deux variantes comme improbables.
L’archevêque Jean (Renneteau) pense que le choix doit intervenir rapidement pour éviter « une dissolution de fait » de l’Archevêché. On considère qu’elle sera prise par les délégués à l’assemblée générale du 7 septembre. Mais une telle décision doit être prise à la majorité des deux tiers. Est-ce que les partisans de la « voie moscovite » (soutenue par l’archevêque Jean) sauront convaincre les deux tiers des délégués ?
Xénia Goulia
Source RFI
В Париже «содержательно и мирно» поспорили о судьбе русской архиепископии
Traduction pour PO
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 29 Mai 2019 à 10:34
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