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Par le père Jean Valentin Istrati (prêtre roumain)
J’allais récemment par un petit chemin, le soleil brillait de tous ses feux. Je faisais bien attention à éviter les bosses. Le lac apparu non loin était comme doré, il m’a fait penser à l’Oeil qui voit tout… Subitement, un poulain me barre la route. Agé au plus de quelques jours, très frêle. Le petit animal se tenait en plein milieu du chemin et fixait la voiture qui fonçait sur lui. Ce spectacle semblait le passionner, il se mit timidement à hennir. J’ai arrêté mon véhicule pour mieux l’observer.
Ce poulain venait seulement d’avoir été mis à bas. Aucune intelligence, pas la moindre idée des dangers qui le guettaient. Je me suis dit qu’il était dans un monde où les périls n’existaient pas. Cet être ne savait pas ce qu’est la douleur, il était à un âge où l’on ne meurt pas sur les routes. Son monde était celui d’un bébé de douze mois. Un bébé, à l’instar du poulain, se précipite des marches d’un escalier, certain que rien de mauvais ne peut lui arriver.
J’allais récemment par un petit chemin, le soleil brillait de tous ses feux. Je faisais bien attention à éviter les bosses. Le lac apparu non loin était comme doré, il m’a fait penser à l’Oeil qui voit tout… Subitement, un poulain me barre la route. Agé au plus de quelques jours, très frêle. Le petit animal se tenait en plein milieu du chemin et fixait la voiture qui fonçait sur lui. Ce spectacle semblait le passionner, il se mit timidement à hennir. J’ai arrêté mon véhicule pour mieux l’observer.
Ce poulain venait seulement d’avoir été mis à bas. Aucune intelligence, pas la moindre idée des dangers qui le guettaient. Je me suis dit qu’il était dans un monde où les périls n’existaient pas. Cet être ne savait pas ce qu’est la douleur, il était à un âge où l’on ne meurt pas sur les routes. Son monde était celui d’un bébé de douze mois. Un bébé, à l’instar du poulain, se précipite des marches d’un escalier, certain que rien de mauvais ne peut lui arriver.
Mon poulain savait ferme que les voitures n’écrasent pas les chevaux. Je me souvins des paroles de Dieu telles qu énoncées par David : « Le malheur ne peut fondre sur toi, ni la plaie approcher de ta tente : il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies. Sur leurs mains ils te porteront pour qu’à la pierre ton pied ne heurte… » (Ps 90, 10-11).
Les petits enfants résident dans un monde d’une pureté telle que les maladies, les malheurs, les soupirs n’existent pas mais seule est vraie la vie éternelle. C’est un monde d’innocence, d’absence du mal, de la mort, un monde dans lequel il n’y a rien à craindre car lorsqu’on est dans la main de Dieu rien ne peut vous arriver.
Mais là je pensais à tous les avertissements qui nous sont adressés dès le plus jeune âge : il nous faut craindre non seulement les voitures et les hommes mais aussi les accidents… Nous appréhendons les maladies, les mauvaises notes, les quand dira-t-on, nous craignons tout ce qui nous environne et tous autour de nous. En grandissant nous entrons dans un monde d’hypocrisie et de suspicion. Et nous retrouvons isolés, dans une sorte de cocon tissé par nos propres illusions.
La première enfance est le seul état que le Christ a dit être identique au paradis : « En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux » (Mt 18, 3). L’enfant, dans son monde de lumière et de pureté, n’a rien à craindre. Il n’a rien de quoi avoir honte. Tout est en infinie rénovation, tout y est déterminé par la nécessité et la joie de l’apprentissage.
L’impassibilité de la première enfance est en quelque sorte similaire au courage des saints. Eux seuls ont pu se hisser à cet état où l’on n’a plus peur de rien, ni de la douleur, ni de la misère, ni du froid, ni de la méchanceté, ni de la mort. La seule chose qu’ils craignaient était le péché.
Voilà pourquoi je pense que bâtir son monde à soi, bien encapsulé, est une séquelle de la chute et l’antichambre de la mort, l’éloignement du réel et la fuite de l’être. Il nous faut garder les yeux ouverts sur le monde, tout ce qui nous entoure a de quoi faire peur mais il nous faut surmonter ces frayeurs. Il nous faut apprendre à ne pas craindre, à ne pas trembler à l’idée de la souffrance et de la mort. Il nous faut nous efforcer de comprendre que tout est les mains de Dieu, Il a accepté la croix et il a ressuscité. Il nous a indiqué l’itinéraire qui mène du provisoire vers l’éternité et la beauté. Le Seigneur nous a indiqué le chemin vers les lieux où il n’y aura plus rien à craindre. Nous Le rencontrerons, et c’est avec joie que nous serons accueillis.
Traduction Nikita Krivocheine
Pravoslavie.ru
Les petits enfants résident dans un monde d’une pureté telle que les maladies, les malheurs, les soupirs n’existent pas mais seule est vraie la vie éternelle. C’est un monde d’innocence, d’absence du mal, de la mort, un monde dans lequel il n’y a rien à craindre car lorsqu’on est dans la main de Dieu rien ne peut vous arriver.
Mais là je pensais à tous les avertissements qui nous sont adressés dès le plus jeune âge : il nous faut craindre non seulement les voitures et les hommes mais aussi les accidents… Nous appréhendons les maladies, les mauvaises notes, les quand dira-t-on, nous craignons tout ce qui nous environne et tous autour de nous. En grandissant nous entrons dans un monde d’hypocrisie et de suspicion. Et nous retrouvons isolés, dans une sorte de cocon tissé par nos propres illusions.
La première enfance est le seul état que le Christ a dit être identique au paradis : « En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux » (Mt 18, 3). L’enfant, dans son monde de lumière et de pureté, n’a rien à craindre. Il n’a rien de quoi avoir honte. Tout est en infinie rénovation, tout y est déterminé par la nécessité et la joie de l’apprentissage.
L’impassibilité de la première enfance est en quelque sorte similaire au courage des saints. Eux seuls ont pu se hisser à cet état où l’on n’a plus peur de rien, ni de la douleur, ni de la misère, ni du froid, ni de la méchanceté, ni de la mort. La seule chose qu’ils craignaient était le péché.
Voilà pourquoi je pense que bâtir son monde à soi, bien encapsulé, est une séquelle de la chute et l’antichambre de la mort, l’éloignement du réel et la fuite de l’être. Il nous faut garder les yeux ouverts sur le monde, tout ce qui nous entoure a de quoi faire peur mais il nous faut surmonter ces frayeurs. Il nous faut apprendre à ne pas craindre, à ne pas trembler à l’idée de la souffrance et de la mort. Il nous faut nous efforcer de comprendre que tout est les mains de Dieu, Il a accepté la croix et il a ressuscité. Il nous a indiqué l’itinéraire qui mène du provisoire vers l’éternité et la beauté. Le Seigneur nous a indiqué le chemin vers les lieux où il n’y aura plus rien à craindre. Nous Le rencontrerons, et c’est avec joie que nous serons accueillis.
Traduction Nikita Krivocheine
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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Janvier 2022 à 08:30
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