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Une semaine après avoir déclaré « obsolète » la pensée libérale, Vladimir Poutine est reçu ce jeudi 4 juillet par le pape François. Ce sera la sixième audience au Vatican pour le chef du Kremlin qui, dans une interview au vitriol au Financial Times à la veille du G20 au Japon, s’est déclaré haut et fort défenseur des « valeurs familiales traditionnelles de millions de gens ».
S’adressant ouvertement aux publics occidentaux, insistant sur la décadence des sociétés européennes, dénonçant leur volonté politique d’admettre l’homosexualité, Vladimir Poutine a critiqué « cette pensée libérale qui, à mon avis, est en train de disparaître ». Souvent photographié avec le patriarche orthodoxe Kirill, le président développe depuis des années ce même thème entre politique et religion : l’Occident, avec sa pensée libérale, est en déclin ; la Russie, défenseure des valeurs familiales, construit l’avenir.
Avec François, Vladimir Poutine reviendra sur ses pensées, lui qui l’a déjà rencontré en 2013 et 2015, mais s’est aussi entretenu en 2000 et 2003 avec Jean-Paul II et en 2007 avec Benoît XVI.
S’adressant ouvertement aux publics occidentaux, insistant sur la décadence des sociétés européennes, dénonçant leur volonté politique d’admettre l’homosexualité, Vladimir Poutine a critiqué « cette pensée libérale qui, à mon avis, est en train de disparaître ». Souvent photographié avec le patriarche orthodoxe Kirill, le président développe depuis des années ce même thème entre politique et religion : l’Occident, avec sa pensée libérale, est en déclin ; la Russie, défenseure des valeurs familiales, construit l’avenir.
Avec François, Vladimir Poutine reviendra sur ses pensées, lui qui l’a déjà rencontré en 2013 et 2015, mais s’est aussi entretenu en 2000 et 2003 avec Jean-Paul II et en 2007 avec Benoît XVI.
François bien vu à Moscou
Le pape actuel est bien vu à Moscou car il n’a jamais rien dit d’irritant contre le Kremlin. Cette nouvelle audience intervient à la veille d’un sommet au Vatican sur l’Ukraine, l’un des sujets clé des discussions. Pendant longtemps, c’était un objet de tensions, le Saint-Siège étant accusé par Moscou de prosélytisme sur ses terres. Mais, depuis la décision l’an passé du Patriarcat de Constantinople de reconnaître une Église indépendante en Ukraine puis celle du Patriarcat de Moscou de rompre ses liens avec Constantinople, les orthodoxes russes ont besoin de l’indirect soutien catholique.
« Pour s’affirmer en Ukraine, ils misent sur l’Église catholique qui, en leur parlant, confirme du coup l’importance du Patriarcat de Moscou », rappelle Jean-François Thiry, à la tête de la « Bibliothèque de l’esprit », rare lieu de rencontres œcuméniques en Russie entre catholiques et orthodoxes. Mais la situation est d’autant plus complexe que ce schisme est vu aussi par certains à Moscou comme une nouvelle tentative occidentale d’éloigner l’Ukraine de la Russie, hier politiquement et désormais sur le front religieux.
En Syrie, le Kremlin compte pareillement sur l’effet de levier du Vatican. Par le passé, François a affirmé que « la Russie peut donner beaucoup pour la paix mondiale », appelant l’Occident à « faire son autocritique en Libye » et évoquant des « convergences » entre le Saint-Siège et Moscou sur les conflits du monde arabe. Unis sur le sort des chrétiens d’Orient, François et Vladimir Poutine pourraient aussi chercher à relancer les efforts entre les deux Eglises pour renforcer le christianisme.
« Kirill et Poutine sont désormais clairement pour ce voyage »
Après l’historique rencontre du 12 février 2016 à Cuba entre le pape et Kirill, premier sommet entre les deux principaux dirigeants des chrétiens d’Orient et d’Occident séparés depuis le schisme de 1054, les liens institutionnels se sont multipliés entre le Saint-Siège et le Patriarcat de Moscou. Avec en vue : un possible voyage de François à Moscou.
« Kirill et Poutine sont désormais clairement pour ce voyage ! Ce serait une belle vitrine pour eux », insiste Jean-François Thiry. « Méfiances et réticences parmi les orthodoxes demeurent cependant… »
Officiellement, le Patriarcat orthodoxe assure « ne plus avoir de problèmes avec les catholiques » mais, dans les églises, de vieux différends religieux entretenus depuis trente ans reviennent régulièrement dans les discussions. Et, au sein même du clergé orthodoxe, la jalousie vis-à-vis du Vatican s’accompagne encore de soupçons sur les velléités de prosélytisme catholique.
Benjamin Quénelle, à Moscou
***
Une déclaration commune en février 2016
Elle s'était déroulée en présence d'interprètes, avec un pape sérieux et peu souriant. Mais François n'est pas allé plus loin, le Vatican étant resté très prudent dans cette crise au grand dam des catholiques ukrainiens qui avaient souhaité une condamnation directe de la politique russe en Ukraine. Un pas de plus dans le rapprochement du Vatican avec les orthodoxes russes, l'immense majorité de la population, a été accompli en février 2016 lors d'une rencontre historique entre le pape François et le patriarche orthodoxe russe Kirill à Cuba.
Lire Les relations entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe russe suivent une évolution positive
A cette occasion les deux dirigeants religieux avaient signé une déclaration commune, Rome assurant qu'il s'agissait d'affirmer l'alliance entre orthodoxes et catholiques face à l'islamisme au Moyen-Orient, à une période marquée par des conflits que le pape avait qualifié de "troisième guerre mondiale par morceaux".
Le pape était à l'évidence préoccupé par les récupérations politiques prévisibles: moins d'une heure après la rencontre, il avait fait une mise au point inhabituelle aux journalistes qui l'accompagnaient lors de ce voyage devant le mener par la suite au Mexique. "Il y aura beaucoup d'interprétations (...). Ce n'est pas une déclaration politique, pas une déclaration sociologique, c'est une déclaration pastorale", avait-il insisté. Lien
Le pape actuel est bien vu à Moscou car il n’a jamais rien dit d’irritant contre le Kremlin. Cette nouvelle audience intervient à la veille d’un sommet au Vatican sur l’Ukraine, l’un des sujets clé des discussions. Pendant longtemps, c’était un objet de tensions, le Saint-Siège étant accusé par Moscou de prosélytisme sur ses terres. Mais, depuis la décision l’an passé du Patriarcat de Constantinople de reconnaître une Église indépendante en Ukraine puis celle du Patriarcat de Moscou de rompre ses liens avec Constantinople, les orthodoxes russes ont besoin de l’indirect soutien catholique.
« Pour s’affirmer en Ukraine, ils misent sur l’Église catholique qui, en leur parlant, confirme du coup l’importance du Patriarcat de Moscou », rappelle Jean-François Thiry, à la tête de la « Bibliothèque de l’esprit », rare lieu de rencontres œcuméniques en Russie entre catholiques et orthodoxes. Mais la situation est d’autant plus complexe que ce schisme est vu aussi par certains à Moscou comme une nouvelle tentative occidentale d’éloigner l’Ukraine de la Russie, hier politiquement et désormais sur le front religieux.
En Syrie, le Kremlin compte pareillement sur l’effet de levier du Vatican. Par le passé, François a affirmé que « la Russie peut donner beaucoup pour la paix mondiale », appelant l’Occident à « faire son autocritique en Libye » et évoquant des « convergences » entre le Saint-Siège et Moscou sur les conflits du monde arabe. Unis sur le sort des chrétiens d’Orient, François et Vladimir Poutine pourraient aussi chercher à relancer les efforts entre les deux Eglises pour renforcer le christianisme.
« Kirill et Poutine sont désormais clairement pour ce voyage »
Après l’historique rencontre du 12 février 2016 à Cuba entre le pape et Kirill, premier sommet entre les deux principaux dirigeants des chrétiens d’Orient et d’Occident séparés depuis le schisme de 1054, les liens institutionnels se sont multipliés entre le Saint-Siège et le Patriarcat de Moscou. Avec en vue : un possible voyage de François à Moscou.
« Kirill et Poutine sont désormais clairement pour ce voyage ! Ce serait une belle vitrine pour eux », insiste Jean-François Thiry. « Méfiances et réticences parmi les orthodoxes demeurent cependant… »
Officiellement, le Patriarcat orthodoxe assure « ne plus avoir de problèmes avec les catholiques » mais, dans les églises, de vieux différends religieux entretenus depuis trente ans reviennent régulièrement dans les discussions. Et, au sein même du clergé orthodoxe, la jalousie vis-à-vis du Vatican s’accompagne encore de soupçons sur les velléités de prosélytisme catholique.
Benjamin Quénelle, à Moscou
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Une déclaration commune en février 2016
Elle s'était déroulée en présence d'interprètes, avec un pape sérieux et peu souriant. Mais François n'est pas allé plus loin, le Vatican étant resté très prudent dans cette crise au grand dam des catholiques ukrainiens qui avaient souhaité une condamnation directe de la politique russe en Ukraine. Un pas de plus dans le rapprochement du Vatican avec les orthodoxes russes, l'immense majorité de la population, a été accompli en février 2016 lors d'une rencontre historique entre le pape François et le patriarche orthodoxe russe Kirill à Cuba.
Lire Les relations entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe russe suivent une évolution positive
A cette occasion les deux dirigeants religieux avaient signé une déclaration commune, Rome assurant qu'il s'agissait d'affirmer l'alliance entre orthodoxes et catholiques face à l'islamisme au Moyen-Orient, à une période marquée par des conflits que le pape avait qualifié de "troisième guerre mondiale par morceaux".
Le pape était à l'évidence préoccupé par les récupérations politiques prévisibles: moins d'une heure après la rencontre, il avait fait une mise au point inhabituelle aux journalistes qui l'accompagnaient lors de ce voyage devant le mener par la suite au Mexique. "Il y aura beaucoup d'interprétations (...). Ce n'est pas une déclaration politique, pas une déclaration sociologique, c'est une déclaration pastorale", avait-il insisté. Lien
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 5 Juillet 2019 à 20:36
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