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RAPPEL: 2013
V.Golovanow
Le Concile épiscopal de l'Eglise russe a adopté une résolution, 5 février 2013) sur la préparation du Concile panorthodoxe soulignant "l’état d’esprit critique du clergé et du peuple fidèle, leur attitude envers les perspectives de convocation du concile…" et "considérant indispensable que le comité de présidence du concile panorthodoxe soit constitué par les primats de toutes les Églises orthodoxes locales et que, lors du concile, l’épiscopat des Églises locales soit représenté le plus complètement possible".
Peu de temps avant le patriarcat de Géorgie a mis l'accent décembre 2012) sur les difficultés de préparation du Concile panorthodoxe. Par contre les patriarcats de Constantinople et de Roumanie ont exprimé , décembre 2012) "la nécessité d’une coopération plus intense entre les Églises orthodoxe en 2013 en ce qui concerne le futur concile panorthodoxe. À l’ordre du jour figureront uniquement les thèmes qui auront obtenu le consensus de toutes les Églises orthodoxes"
Il me semble donc important de faire le point de la situation et je propose de la résumer à partir de la conférence donnée le 3.11.2011 par Mgr Hilarion de Volokolamsk Ce texte, qui fait la synthèse des 50 ans de rencontres préparatoires, est très important et intéressant: je ne saurais trop conseiller de le lire in extenso!
V.Golovanow
Le Concile épiscopal de l'Eglise russe a adopté une résolution, 5 février 2013) sur la préparation du Concile panorthodoxe soulignant "l’état d’esprit critique du clergé et du peuple fidèle, leur attitude envers les perspectives de convocation du concile…" et "considérant indispensable que le comité de présidence du concile panorthodoxe soit constitué par les primats de toutes les Églises orthodoxes locales et que, lors du concile, l’épiscopat des Églises locales soit représenté le plus complètement possible".
Peu de temps avant le patriarcat de Géorgie a mis l'accent décembre 2012) sur les difficultés de préparation du Concile panorthodoxe. Par contre les patriarcats de Constantinople et de Roumanie ont exprimé , décembre 2012) "la nécessité d’une coopération plus intense entre les Églises orthodoxe en 2013 en ce qui concerne le futur concile panorthodoxe. À l’ordre du jour figureront uniquement les thèmes qui auront obtenu le consensus de toutes les Églises orthodoxes"
Il me semble donc important de faire le point de la situation et je propose de la résumer à partir de la conférence donnée le 3.11.2011 par Mgr Hilarion de Volokolamsk Ce texte, qui fait la synthèse des 50 ans de rencontres préparatoires, est très important et intéressant: je ne saurais trop conseiller de le lire in extenso!
Pour faciliter la lecture, je subdivise cette présentation synthétique en quatre parties:
- A. 1961-1986: la première phase
- B. 23 ans d'interruption:
- C. Reprise de la préparation en 2009
- D. Modalités pratiques
Et la conclusion de Mgr Hilarion in extenso.
A. 1961-1986: la première phase
Lancé en 1961 (Rhodes), le processus préconciliaire se concrétisa surtout après la 1ère CONFÉRENCE PANORTHODOXE PRÉCONCILIAIRE (CHAMBÉSY I, 1976) qui fixa définitivement la liste des 10 thèmes présentés au Concile regroupés en 4 groupes:
Les problèmes pratiques des fidèles et des clercs :
1 Question du calendrier
2 Réadaptation des prescriptions ecclésiastiques concernant le jeûne
3 Empêchements au mariage
Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien :
4 Dialogues théologiques bilatéraux
5 Orthodoxie et Mouvement œcuménique
Le témoignage de l’Orthodoxie dans notre monde :
6 Idéaux chrétiens
Les thèmes relatifs aux rapports des Églises orthodoxes entre elles et avec le Patriarcat œcuménique :
7 Diaspora
8 Autocéphalie
9 Autonomie
10 Diptyques
Seuls les 6 premiers thèmes donnèrent lieux à des documents préparatoires avant 1986
* * *
1. La question du calendrier. Les délégations de plusieurs Églises, dont l’Église russe s'opposèrent au passage obligatoire au style julien rectifié [nouveau] de toutes les Églises orthodoxes et le document final sur cette question (conférence préconciliaire de Chambésy II, 1982) se limite à constater qu’« actuellement, le passage de toutes les Églises locales au calendrier julien rectifié s’avère impossible» et souligne que «les anomalies qui se sont produites en relation avec le calendrier ne doivent pas mener à la division, aux différends et aux schismes et que, même si l’on n’est pas d’accord avec son Église, on doit accepter le principe sacré, sanctifié par la tradition, d’obéissance à l’Église canonique et de réunion à celle-ci dans la communion eucharistique, guidé par le principe que «le sabbat est pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat» (Mc 2,27).
2. Les empêchements canoniques au mariage: Cette question fut discutée à la commission interorthodoxe préparatoire de 1971. Les degrés de parenté, au-delà desquels ne doit pas être autorisé le mariage et les conditions du mariage des clercs et des moines furent précisés ainsi que l'interdiction de la conclusion d’un remariage avant que le précédent soit résilié ou annulé et le quatrième mariage en précisant que « dans la question des empêchements au mariage, l’Église doit prendre également en considération les dispositions de la législation civile locale, mais cela va de soi, dans les limites de la tolérance possible du côté de l’Église ».
C'est la seconde conférence préconciliaire (Chambésy, 1982) qui a conclu sur la question des mariages mixtes (voir aussi ICI
« […] La décision est prise, pour :
a) Empêcher le mariage des orthodoxes avec les hétérodoxes selon l’acribie canonique, mais cependant le bénir par condescendance et humanité sous la condition définie que les enfants de ce mariage soient baptisés et éduqués dans l’Église orthodoxe. Les Églises orthodoxes locales autocéphales peuvent prendre leurs décisions, relativement à l’application de l’économie, dans des cas individuels, en fonction de leurs besoins pastoraux particuliers.
b) Le mariage entre orthodoxes et fidèles des autres religions ou des non-croyants est absolument interdit selon l’acribie canonique. Mais en cas de tels mariages, les Églises orthodoxes locales autocéphales peuvent néanmoins appliquer l’économie pastorale au conjoint orthodoxe, en fonction de leurs besoins pastoraux particuliers».
3. L’alignement des dispositions ecclésiales concernant le jeûne: La aussi le projet d'origine, qui prévoyait des allégements très conséquents des principaux jeunes, a été profondément modifié sous l'impulsion de la délégation de l'Eglise russe et le document adopté à IIIe conférence préconciliaire (Chambésy, 1986) constate: "À notre époque, beaucoup de fidèles n’observent pas vraiment toutes les dispositions concernant le jeûne, que ce soit par négligence, ou sous le prétexte des conditions personnelles de vie, quelles qu’elles soient. Cependant, tous les cas de tels relâchements des saintes prescriptions sur le carême, qu’elles portent un caractère plus général, ou plus personnel, doivent rencontrer une préoccupation maternelle aimante, de la part de l’Église qui ne veut jamais la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive. Pour cette raison, pour ceux qui éprouvent des difficultés pour observer les dispositions en vigueur du jeûne … il est laissé à l’examen des Églises orthodoxes locales de définir la mesure d’économie et de condescendance, adoucissant dans certains cas la « sévérité » habituelle des saints carêmes. Mais tout cela est défini dans le cadre susmentionné et dans le but de ne pas relâcher l’institution sacrée du carême (…).
Il convient que tous les membres fidèles de l’Église, de la même façon, jeûnent avant la sainte communion, et qu’ils s’accoutument au jeûne pour marquer le repentir, réaliser une promesse spirituelle, atteindre l’un ou l’autre but sacré, ou encore au moment des tentations, lors de la demande de quelque chose à Dieu, lors des catastrophes naturelles, lors du baptême (pour ceux qui reçoivent le baptême à l’âge adulte), avant les ordinations, en cas d’épitimie, lors des pèlerinages et autres circonstances semblables".
"Comme nous le voyons, commente Mgr Hilarion, ce document dans ses traits fondamentaux contient l’enseignement ecclésial sur le jeûne, ne faisant que d’expliciter les méthodes, par lesquelles il convient de se diriger, les appliquant dans la pratique pastorale contemporaine."
4. Les dialogues bilatéraux: "Le projet de la commission préparatoire de 1986 est dépassé et nécessite une révision significative car toute une série de dénominations protestantes ont dévié dans des formes extrêmes de libéralisme, légitimant des phénomènes tels que le sacerdoce et l’épiscopat féminins, les mariages d’homosexuels et les ordinations de ceux-ci à la prêtrise." Ce thème nécessite un réexamen et Mgr Hilarion propose que les «Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie» (http://orthodoxeurope.org/print/7/5/2.aspx), adoptés en 2000, soient pris en compte dans le projet révisé de résolution panorthodoxe
5. La relation avec "le Conseil Œcuménique des Eglise": le texte de 1986 nécessite aussi une révision fondamentale. Si la Commission spéciale sur la participation des Orthodoxes au Conseil œcuménique des Eglises (http://eocf.free.fr/text_coe.htm), créée suite à la réunion panorthodoxe de Thessalonique (1998) a permis de satisfaire les demandes concrètes des Orthodoxes (impossibilité de l'intercommunion et règle du consensus pour les décisions), qui ont été entérinées par l'Assemblée générale du COE en 2003 (Thessalonique), par contre tous les sujets doctrinaux restent en suspens.
Les principes de participation aux organisations interchrétiennes, élaborées par les réunions panorthodoxes, doivent donc être repris dans le futur document consacré aux liens interchrétiens.
6. L’apport des Églises orthodoxes locales à la victoire des idées chrétiennes de paix, liberté, fraternité et amour parmi les peuples et la suppression de la discrimination raciale: Le document établi en 1986, qui parle surtout du désarmement universel, est probablement dépassé même si les thèmes de la conception chrétienne du monde, de la dignité de la personne humaine, la liberté de l’homme, la question nationale, seront toujours actuels.
B. 23 ans d'interruption:
La IVe conférence orthodoxe préconciliaire n’a été convoquée que vingt-trois années après la IIIe, en 2009. Durant toutes ces années, seul le thème de la diaspora orthodoxe fut préalablement élaboré.
C. Reprise de la préparation en 2009
7. La diaspora orthodoxe: Deux positions s'affrontent:
- L’Église orthodoxe russe "s’est toujours efforcée de permettre la consolidation des communautés orthodoxes vivant dans la diaspora, et aussi de faire murir … les conditions indispensables à l’octroi à celles-ci de degrés croissants d’autonomie ecclésial : autonomie locale, autonomie, autocéphalie" (exemple autocéphalie de l'OCA en 1970).
- Constantinople insiste sur son droit propre à se charger de façon privilégiée, de la responsabilité pastorale de toute la diaspora orthodoxe "sur la base d’une interprétation très élargie du 28e canon du IVe concile œcuménique" (dixit Mgr Hilarion). Cette position est partagée par plusieurs Églises hellénophones.
Dans le document final adopté à la IVe Conférence de Chambésy (2009) il est constaté que, «au stade actuel est impossible… un passage immédiat à l’ordre canonique strict de l’Église concernant cette question, à savoir la présence d’un seul évêque dans le même lieu. Pour cette raison, la décision est prise de proposer la création d’une certaine situation transitoire, qui prépare aussi la base d’une solution strictement canonique du problème ». Et c'est l'instituions des "conférences épiscopales" dans 12 régions qui semblent bien démarrer de façon satisfaisante.
8. L’autonomie et les modes de sa proclamation: Lors de la conférence de Chambésy IV (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Chambesy-IV-echec-ou-succes_a276.html, 2009) il fut reconnu que chaque Église locale était en droit, de façon indépendante, de décider d’attribuer l’autonomie à l’une ou l’autre de ses parties, ainsi que de définir l’étendue de ses droits.
9. L’autocéphalie et les modes de sa proclamation: Lors de la session de la commission préparatoire de décembre 2009, il fut convenu unanimement que la proclamation d’une nouvelle Église autocéphale se fait sur demande de l’Église-mère et par un tomos d’autocéphalie contresigné par les primats de toutes les Églises autocéphales. Il reste alors à élaborer le projet du tomos type d’octroi de l’autocéphalie et à définir le processus de signature … mais les discussions qui eurent lieu à Chambésy du 21 au 27 février 2011 ne purent aboutir à un consensus. Ainsi, bien qu’un accord de principe des Églises orthodoxes ait été atteint sur ce thème, les détails concrets restent toujours à définir… et, comme on sait, c'est dans les détails que se cache le diable!
10.Les diptyques: ce thème a été à discuté la commission préparatoire de février 2011 et la réunion a été un échec au point qu'aucun communiqué commun n'a été publié ni une autre réunion programmée…
D. Modalités pratiques
Devant l'échec des discussions sur l'autocéphalie et les diptyques il avait été proposé des les reléguer à la période postconciliaire et de ne garder à l’ordre du jour que les huit thèmes déjà été élaborés. Le communiqué des patriarcats de Constantinople et de Roumanie mentionné en introduction reprend cette position alors que les autres positions citées ne semblent pas la partager. Mais l'essentiel réside maintenant dans la mise au point des modalités de la réunion du Concile et des prises de décisions. Et là aussi deux positions s'affrontent.
Le changement du règlement a été proposé dans le communiqué officiel suivant la rencontre des primats et représentants des quatre patriarcats orientaux anciens et de l’archevêque de Chypre (Constantinople, septembre 2011): «il fut mentionné avec tristesse, que l’impasse provoquée au mois de février dernier au sujet du processus de la réalisation de la convocation [du concile] qui est déjà préparée depuis longtemps était due aux dispositions du règlement des réunions panorthodoxes préconciliaires concernant l’unanimité dans la prise des décisions».
Les tenants du consensus s'en tiennent à la règle adoptée en 1961: «Les décisions des réunions communes sont adoptées à l’unanimité complète des délégations des Églises». Tous les documents interorthodoxes ont été jusqu'ici adoptés uniquement sur la base du consensus et la majorité des Eglises s'y tient: ainsi les participants à la consultation des Primats et des représentants de 7 Églises locales (https://mospat.ru/fr/2011/11/22/news53090/, 21 novembre 2011) ont souhaité que «toutes les décisions tant durant la préparation du Concile panorthodoxe, que pendant le Concile lui-même doivent être prises uniquement sur la base d’une expression unanime de la volonté de toutes les Églises locales, et non à la majorité des voix». Cette position a été répétée récement par le représentant de l'Eglise de Géorgie et par le concile épiscopal de l'Eglise russe…
La représentation des Eglises: "On peut supposer que le futur concile panorthodoxe sera un concile épiscopal" écrit Mgr Hilarion. "Si tous les évêques orthodoxes de toutes les Églises locales canoniques se rendent à ce concile, ils seront environ 700, selon mon calcul très approximatif. Si l’on ne prend en compte que les évêques en charge d’un diocèse, ils seront au nombre, environ, de 550. Dans les conditions actuelles, la possibilité de réunir 500 à 700 personnes en un seul lieu ne pose pas de difficultés particulières" souligne-t-il.
* * *
Conclusion
Je cite Mgr Hilarion in extenso: "Aujourd’hui, des voix se font entendre, selon lesquelles un tel concile, en général, est inutile, car on a bien vécu treize siècles sans conciles panorthodoxes, et nous vivrons bien encore autant. Il y a une certaine vérité dans cette position. L’Église orthodoxe reste conciliaire même si les conciles généraux orthodoxes ne sont pas convoqués : il y a en fait d’autres mécanismes de conciliarité, comme les réunions panorthodoxes, l’échange de messages entre les primats, des rencontres de primats, etc. Et si le concile panorthodoxe ne se réunit pas, les Églises locales continueront leur service à Dieu et aux hommes « gardant l’unité dans le lien de la paix » (Éph. 4,3).
Dans le même temps, si aujourd’hui les Églises locales parviennent à dépasser leurs différends internes et témoignent « d’une seule bouche et d’un seul cœur » l’union qui lui est intrinsèquement inhérente, ce sera un événement important et significatif. Cela, indubitablement, renforcera l’interaction panorthodoxe, aidera à formuler et à faire connaître la position panorthodoxe au sujet de toute une série de questions actuelles, cela rendra l’Église orthodoxe plus forte et capable de répondre aux défis du temps. Le saint et grand concile de l’Église orthodoxe peut devenir un véritable triomphe de l’orthodoxie, à condition, naturellement, que, dans un esprit authentiquement fraternel et de respect mutuel, soient pris en compte les convictions, traditions et points de vue de toutes les Églises orthodoxes locales.
Permettez-moi de terminer mon intervention par les paroles du métropolite Nicodème, prononcées en 1961 à la première réunion préparaОткрытое обращение против проведения «Всеправославного собора»toire panorthodoxe à Rhodes et qui, cinquante ans après, a gardé son actualité : « Nous sommes confrontés à une tâche grande et difficile. Mais nous n’en avons pas peur et n’en sommes point effrayés, car notre entreprise est une œuvre de Dieu. Nous croyons, que le Seigneur renforcera et complètera nos modestes forces, nous conduira sur la voie de la vérité et nous aidera à accomplir notre haut fait pour le bien et la gloire de l’Église une, sainte, catholique et apostolique ».
.................................................
La CROIX Le grand concile orthodoxe pourrait se tenir en 2012
Le père Job Getcha: à propos de la primauté dans l'Eglise orthodoxe
Открытое обращение против проведения «Всеправославного собора»
- A. 1961-1986: la première phase
- B. 23 ans d'interruption:
- C. Reprise de la préparation en 2009
- D. Modalités pratiques
Et la conclusion de Mgr Hilarion in extenso.
A. 1961-1986: la première phase
Lancé en 1961 (Rhodes), le processus préconciliaire se concrétisa surtout après la 1ère CONFÉRENCE PANORTHODOXE PRÉCONCILIAIRE (CHAMBÉSY I, 1976) qui fixa définitivement la liste des 10 thèmes présentés au Concile regroupés en 4 groupes:
Les problèmes pratiques des fidèles et des clercs :
1 Question du calendrier
2 Réadaptation des prescriptions ecclésiastiques concernant le jeûne
3 Empêchements au mariage
Relations des Églises orthodoxes avec l’ensemble du monde chrétien :
4 Dialogues théologiques bilatéraux
5 Orthodoxie et Mouvement œcuménique
Le témoignage de l’Orthodoxie dans notre monde :
6 Idéaux chrétiens
Les thèmes relatifs aux rapports des Églises orthodoxes entre elles et avec le Patriarcat œcuménique :
7 Diaspora
8 Autocéphalie
9 Autonomie
10 Diptyques
Seuls les 6 premiers thèmes donnèrent lieux à des documents préparatoires avant 1986
* * *
1. La question du calendrier. Les délégations de plusieurs Églises, dont l’Église russe s'opposèrent au passage obligatoire au style julien rectifié [nouveau] de toutes les Églises orthodoxes et le document final sur cette question (conférence préconciliaire de Chambésy II, 1982) se limite à constater qu’« actuellement, le passage de toutes les Églises locales au calendrier julien rectifié s’avère impossible» et souligne que «les anomalies qui se sont produites en relation avec le calendrier ne doivent pas mener à la division, aux différends et aux schismes et que, même si l’on n’est pas d’accord avec son Église, on doit accepter le principe sacré, sanctifié par la tradition, d’obéissance à l’Église canonique et de réunion à celle-ci dans la communion eucharistique, guidé par le principe que «le sabbat est pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat» (Mc 2,27).
2. Les empêchements canoniques au mariage: Cette question fut discutée à la commission interorthodoxe préparatoire de 1971. Les degrés de parenté, au-delà desquels ne doit pas être autorisé le mariage et les conditions du mariage des clercs et des moines furent précisés ainsi que l'interdiction de la conclusion d’un remariage avant que le précédent soit résilié ou annulé et le quatrième mariage en précisant que « dans la question des empêchements au mariage, l’Église doit prendre également en considération les dispositions de la législation civile locale, mais cela va de soi, dans les limites de la tolérance possible du côté de l’Église ».
C'est la seconde conférence préconciliaire (Chambésy, 1982) qui a conclu sur la question des mariages mixtes (voir aussi ICI
« […] La décision est prise, pour :
a) Empêcher le mariage des orthodoxes avec les hétérodoxes selon l’acribie canonique, mais cependant le bénir par condescendance et humanité sous la condition définie que les enfants de ce mariage soient baptisés et éduqués dans l’Église orthodoxe. Les Églises orthodoxes locales autocéphales peuvent prendre leurs décisions, relativement à l’application de l’économie, dans des cas individuels, en fonction de leurs besoins pastoraux particuliers.
b) Le mariage entre orthodoxes et fidèles des autres religions ou des non-croyants est absolument interdit selon l’acribie canonique. Mais en cas de tels mariages, les Églises orthodoxes locales autocéphales peuvent néanmoins appliquer l’économie pastorale au conjoint orthodoxe, en fonction de leurs besoins pastoraux particuliers».
3. L’alignement des dispositions ecclésiales concernant le jeûne: La aussi le projet d'origine, qui prévoyait des allégements très conséquents des principaux jeunes, a été profondément modifié sous l'impulsion de la délégation de l'Eglise russe et le document adopté à IIIe conférence préconciliaire (Chambésy, 1986) constate: "À notre époque, beaucoup de fidèles n’observent pas vraiment toutes les dispositions concernant le jeûne, que ce soit par négligence, ou sous le prétexte des conditions personnelles de vie, quelles qu’elles soient. Cependant, tous les cas de tels relâchements des saintes prescriptions sur le carême, qu’elles portent un caractère plus général, ou plus personnel, doivent rencontrer une préoccupation maternelle aimante, de la part de l’Église qui ne veut jamais la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive. Pour cette raison, pour ceux qui éprouvent des difficultés pour observer les dispositions en vigueur du jeûne … il est laissé à l’examen des Églises orthodoxes locales de définir la mesure d’économie et de condescendance, adoucissant dans certains cas la « sévérité » habituelle des saints carêmes. Mais tout cela est défini dans le cadre susmentionné et dans le but de ne pas relâcher l’institution sacrée du carême (…).
Il convient que tous les membres fidèles de l’Église, de la même façon, jeûnent avant la sainte communion, et qu’ils s’accoutument au jeûne pour marquer le repentir, réaliser une promesse spirituelle, atteindre l’un ou l’autre but sacré, ou encore au moment des tentations, lors de la demande de quelque chose à Dieu, lors des catastrophes naturelles, lors du baptême (pour ceux qui reçoivent le baptême à l’âge adulte), avant les ordinations, en cas d’épitimie, lors des pèlerinages et autres circonstances semblables".
"Comme nous le voyons, commente Mgr Hilarion, ce document dans ses traits fondamentaux contient l’enseignement ecclésial sur le jeûne, ne faisant que d’expliciter les méthodes, par lesquelles il convient de se diriger, les appliquant dans la pratique pastorale contemporaine."
4. Les dialogues bilatéraux: "Le projet de la commission préparatoire de 1986 est dépassé et nécessite une révision significative car toute une série de dénominations protestantes ont dévié dans des formes extrêmes de libéralisme, légitimant des phénomènes tels que le sacerdoce et l’épiscopat féminins, les mariages d’homosexuels et les ordinations de ceux-ci à la prêtrise." Ce thème nécessite un réexamen et Mgr Hilarion propose que les «Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie» (http://orthodoxeurope.org/print/7/5/2.aspx), adoptés en 2000, soient pris en compte dans le projet révisé de résolution panorthodoxe
5. La relation avec "le Conseil Œcuménique des Eglise": le texte de 1986 nécessite aussi une révision fondamentale. Si la Commission spéciale sur la participation des Orthodoxes au Conseil œcuménique des Eglises (http://eocf.free.fr/text_coe.htm), créée suite à la réunion panorthodoxe de Thessalonique (1998) a permis de satisfaire les demandes concrètes des Orthodoxes (impossibilité de l'intercommunion et règle du consensus pour les décisions), qui ont été entérinées par l'Assemblée générale du COE en 2003 (Thessalonique), par contre tous les sujets doctrinaux restent en suspens.
Les principes de participation aux organisations interchrétiennes, élaborées par les réunions panorthodoxes, doivent donc être repris dans le futur document consacré aux liens interchrétiens.
6. L’apport des Églises orthodoxes locales à la victoire des idées chrétiennes de paix, liberté, fraternité et amour parmi les peuples et la suppression de la discrimination raciale: Le document établi en 1986, qui parle surtout du désarmement universel, est probablement dépassé même si les thèmes de la conception chrétienne du monde, de la dignité de la personne humaine, la liberté de l’homme, la question nationale, seront toujours actuels.
B. 23 ans d'interruption:
La IVe conférence orthodoxe préconciliaire n’a été convoquée que vingt-trois années après la IIIe, en 2009. Durant toutes ces années, seul le thème de la diaspora orthodoxe fut préalablement élaboré.
C. Reprise de la préparation en 2009
7. La diaspora orthodoxe: Deux positions s'affrontent:
- L’Église orthodoxe russe "s’est toujours efforcée de permettre la consolidation des communautés orthodoxes vivant dans la diaspora, et aussi de faire murir … les conditions indispensables à l’octroi à celles-ci de degrés croissants d’autonomie ecclésial : autonomie locale, autonomie, autocéphalie" (exemple autocéphalie de l'OCA en 1970).
- Constantinople insiste sur son droit propre à se charger de façon privilégiée, de la responsabilité pastorale de toute la diaspora orthodoxe "sur la base d’une interprétation très élargie du 28e canon du IVe concile œcuménique" (dixit Mgr Hilarion). Cette position est partagée par plusieurs Églises hellénophones.
Dans le document final adopté à la IVe Conférence de Chambésy (2009) il est constaté que, «au stade actuel est impossible… un passage immédiat à l’ordre canonique strict de l’Église concernant cette question, à savoir la présence d’un seul évêque dans le même lieu. Pour cette raison, la décision est prise de proposer la création d’une certaine situation transitoire, qui prépare aussi la base d’une solution strictement canonique du problème ». Et c'est l'instituions des "conférences épiscopales" dans 12 régions qui semblent bien démarrer de façon satisfaisante.
8. L’autonomie et les modes de sa proclamation: Lors de la conférence de Chambésy IV (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Chambesy-IV-echec-ou-succes_a276.html, 2009) il fut reconnu que chaque Église locale était en droit, de façon indépendante, de décider d’attribuer l’autonomie à l’une ou l’autre de ses parties, ainsi que de définir l’étendue de ses droits.
9. L’autocéphalie et les modes de sa proclamation: Lors de la session de la commission préparatoire de décembre 2009, il fut convenu unanimement que la proclamation d’une nouvelle Église autocéphale se fait sur demande de l’Église-mère et par un tomos d’autocéphalie contresigné par les primats de toutes les Églises autocéphales. Il reste alors à élaborer le projet du tomos type d’octroi de l’autocéphalie et à définir le processus de signature … mais les discussions qui eurent lieu à Chambésy du 21 au 27 février 2011 ne purent aboutir à un consensus. Ainsi, bien qu’un accord de principe des Églises orthodoxes ait été atteint sur ce thème, les détails concrets restent toujours à définir… et, comme on sait, c'est dans les détails que se cache le diable!
10.Les diptyques: ce thème a été à discuté la commission préparatoire de février 2011 et la réunion a été un échec au point qu'aucun communiqué commun n'a été publié ni une autre réunion programmée…
D. Modalités pratiques
Devant l'échec des discussions sur l'autocéphalie et les diptyques il avait été proposé des les reléguer à la période postconciliaire et de ne garder à l’ordre du jour que les huit thèmes déjà été élaborés. Le communiqué des patriarcats de Constantinople et de Roumanie mentionné en introduction reprend cette position alors que les autres positions citées ne semblent pas la partager. Mais l'essentiel réside maintenant dans la mise au point des modalités de la réunion du Concile et des prises de décisions. Et là aussi deux positions s'affrontent.
Le changement du règlement a été proposé dans le communiqué officiel suivant la rencontre des primats et représentants des quatre patriarcats orientaux anciens et de l’archevêque de Chypre (Constantinople, septembre 2011): «il fut mentionné avec tristesse, que l’impasse provoquée au mois de février dernier au sujet du processus de la réalisation de la convocation [du concile] qui est déjà préparée depuis longtemps était due aux dispositions du règlement des réunions panorthodoxes préconciliaires concernant l’unanimité dans la prise des décisions».
Les tenants du consensus s'en tiennent à la règle adoptée en 1961: «Les décisions des réunions communes sont adoptées à l’unanimité complète des délégations des Églises». Tous les documents interorthodoxes ont été jusqu'ici adoptés uniquement sur la base du consensus et la majorité des Eglises s'y tient: ainsi les participants à la consultation des Primats et des représentants de 7 Églises locales (https://mospat.ru/fr/2011/11/22/news53090/, 21 novembre 2011) ont souhaité que «toutes les décisions tant durant la préparation du Concile panorthodoxe, que pendant le Concile lui-même doivent être prises uniquement sur la base d’une expression unanime de la volonté de toutes les Églises locales, et non à la majorité des voix». Cette position a été répétée récement par le représentant de l'Eglise de Géorgie et par le concile épiscopal de l'Eglise russe…
La représentation des Eglises: "On peut supposer que le futur concile panorthodoxe sera un concile épiscopal" écrit Mgr Hilarion. "Si tous les évêques orthodoxes de toutes les Églises locales canoniques se rendent à ce concile, ils seront environ 700, selon mon calcul très approximatif. Si l’on ne prend en compte que les évêques en charge d’un diocèse, ils seront au nombre, environ, de 550. Dans les conditions actuelles, la possibilité de réunir 500 à 700 personnes en un seul lieu ne pose pas de difficultés particulières" souligne-t-il.
* * *
Conclusion
Je cite Mgr Hilarion in extenso: "Aujourd’hui, des voix se font entendre, selon lesquelles un tel concile, en général, est inutile, car on a bien vécu treize siècles sans conciles panorthodoxes, et nous vivrons bien encore autant. Il y a une certaine vérité dans cette position. L’Église orthodoxe reste conciliaire même si les conciles généraux orthodoxes ne sont pas convoqués : il y a en fait d’autres mécanismes de conciliarité, comme les réunions panorthodoxes, l’échange de messages entre les primats, des rencontres de primats, etc. Et si le concile panorthodoxe ne se réunit pas, les Églises locales continueront leur service à Dieu et aux hommes « gardant l’unité dans le lien de la paix » (Éph. 4,3).
Dans le même temps, si aujourd’hui les Églises locales parviennent à dépasser leurs différends internes et témoignent « d’une seule bouche et d’un seul cœur » l’union qui lui est intrinsèquement inhérente, ce sera un événement important et significatif. Cela, indubitablement, renforcera l’interaction panorthodoxe, aidera à formuler et à faire connaître la position panorthodoxe au sujet de toute une série de questions actuelles, cela rendra l’Église orthodoxe plus forte et capable de répondre aux défis du temps. Le saint et grand concile de l’Église orthodoxe peut devenir un véritable triomphe de l’orthodoxie, à condition, naturellement, que, dans un esprit authentiquement fraternel et de respect mutuel, soient pris en compte les convictions, traditions et points de vue de toutes les Églises orthodoxes locales.
Permettez-moi de terminer mon intervention par les paroles du métropolite Nicodème, prononcées en 1961 à la première réunion préparaОткрытое обращение против проведения «Всеправославного собора»toire panorthodoxe à Rhodes et qui, cinquante ans après, a gardé son actualité : « Nous sommes confrontés à une tâche grande et difficile. Mais nous n’en avons pas peur et n’en sommes point effrayés, car notre entreprise est une œuvre de Dieu. Nous croyons, que le Seigneur renforcera et complètera nos modestes forces, nous conduira sur la voie de la vérité et nous aidera à accomplir notre haut fait pour le bien et la gloire de l’Église une, sainte, catholique et apostolique ».
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La CROIX Le grand concile orthodoxe pourrait se tenir en 2012
Le père Job Getcha: à propos de la primauté dans l'Eglise orthodoxe
Открытое обращение против проведения «Всеправославного собора»
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Juin 2016 à 13:24
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