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La Croix publie sur site le texte d'une très belle lettre du cardinal Roger Etchegaray, président émérite du Conseil pontifical Justice et Paix, adressée aux "catholiques troublés".
Nous vous la proposons sur ce blog parce que d'une part, dans le contexte actuel, elle n'est pas sans intérêt pour les orthodoxes vivant en Europe occidentale et, d'autre part, le cardinal Etchegaray est un grand ami de l'orthodoxie. Ami personnel du patriarche Alexis II, il fréquente les pays et patriarcats orthodoxes depuis plus d'un demi-siècle...
Cette période est pour l’Église bien rude, mais salutaire dans la mesure où elle saura en tirer les leçons. La crise n’est pas d’aujourd’hui, elle est même d’avant le concile Vatican II qui est heureusement venu l’assouplir. Quand je pense à mon temps de jeunesse, j’ai l’impression de vieillir dans un autre monde. Quelle distance entre l’Église de mon espérance et l’Église de mon expérience ! Les mutations les plus profondes sont de l’ordre de l’esprit et des mentalités plus que de la matière et des techniques.
Le mot « défi » est peut-être un des mots les plus actuels, exprimant l’angoisse de qui se sent menacé. Paradoxalement, l’homme moderne manque d’appétit pour le futur qui est pourtant de plus en plus entre ses mains. Saint Pierre estime que la mission du chrétien est de rendre compte aux autres de l’espérance qui est en lui (cf. 1 Pierre 3, 15). Mais nous en parlons à fleur de peau, avec trop de légèreté, alors que la prière assidue est le seul puits du fond duquel nous pouvons faire monter l’eau vive de l’espérance.
Nous vous la proposons sur ce blog parce que d'une part, dans le contexte actuel, elle n'est pas sans intérêt pour les orthodoxes vivant en Europe occidentale et, d'autre part, le cardinal Etchegaray est un grand ami de l'orthodoxie. Ami personnel du patriarche Alexis II, il fréquente les pays et patriarcats orthodoxes depuis plus d'un demi-siècle...
Cette période est pour l’Église bien rude, mais salutaire dans la mesure où elle saura en tirer les leçons. La crise n’est pas d’aujourd’hui, elle est même d’avant le concile Vatican II qui est heureusement venu l’assouplir. Quand je pense à mon temps de jeunesse, j’ai l’impression de vieillir dans un autre monde. Quelle distance entre l’Église de mon espérance et l’Église de mon expérience ! Les mutations les plus profondes sont de l’ordre de l’esprit et des mentalités plus que de la matière et des techniques.
Le mot « défi » est peut-être un des mots les plus actuels, exprimant l’angoisse de qui se sent menacé. Paradoxalement, l’homme moderne manque d’appétit pour le futur qui est pourtant de plus en plus entre ses mains. Saint Pierre estime que la mission du chrétien est de rendre compte aux autres de l’espérance qui est en lui (cf. 1 Pierre 3, 15). Mais nous en parlons à fleur de peau, avec trop de légèreté, alors que la prière assidue est le seul puits du fond duquel nous pouvons faire monter l’eau vive de l’espérance.
Évangéliser est par nature un acte de communication et, par affinité professionnelle, les médias doivent y porter attention. Mais avant de leur exprimer nos exigences, il nous faut apprendre nous-mêmes à bien parler de Dieu, et simplement, à l’homme d’aujourd’hui qui se cabre surtout devant les lois morales. Si l’Église est souvent clouée au pilori d’une place devenue désormais celle du monde entier, elle ne saura cependant jamais être évaluée au flair des opinions ou des sondages.
Oser croire en l’Église !
À chaque étape de son histoire, l’Église a des choix graves à opérer, des choix nécessaires et toujours frappés de précarité, mais qui doivent témoigner de sa docilité au Seigneur. Seule cette volonté de conformité à son Maître peut faire d’elle un ferment pour la transformation de l’humanité. Son efficacité réelle n’est jamais tributaire de ses victoires ou de ses échecs. Si riche est la parure des choses qui ne sont pas siennes que, lorsque l’Église s’en dépouille, certains pensent qu’elle cesse alors de vivre. Mais nous savons qu’elle ne vit vraiment que lorsque tout en elle, jusque dans ses institutions, se laisse pénétrer de l’Esprit du Seigneur.
Mais comment se fait-il que tant de chrétiens, à force d’être exigeants, se montrent si injustes à l’égard de l’Église ? C’est qu’ils en parlent au passé et, alors, l’espérance est vite à bout de souffle. Par nos soupçons, par nos sectarismes, nous avons enchaîné notre Mère la sainte Église, nous en sommes devenus les gardiens féroces et tristes qui l’empêchent de « passer en Macédoine » (Actes 16, 9) et gambader joyeusement sur la grève des peuples et des cultures.
L’Église elle-même est objet de foi. Oser croire en l’Église est le titre d’un livre brûlant du P. Martelet (1). Oser croire en l’Église ! Mais le chrétien se sentira mal à l’aise dans l’Église s’il l’endosse comme un « prêt-à-porter ». Tant qu’il ne cherche pas à se mettre à la mesure de l’Église, il s’y trouvera, ou flottant, ou à l’étroit. Le chrétien n’est pas un transhumant qui s’éloigne de l’Église lorsqu’elle grelotte l’hiver, pour la retrouver lorsqu’elle refleurit au printemps. Il est l’homme des quatre saisons qui s’interpénètrent dans le temps et dans l’espace de l’Église. Aucun lieu, aucune époque n’épuise la vie de l’Église, et chacun de nous doit vivre « l’aujourd’hui de Dieu » (Roger Schutz).
Vérifier la qualité de notre foi
Le pape Benoît XVI nous incite à vérifier la qualité de notre foi dans un climat de communion ecclésiale, humble et sereine, d’où il ne peut sortir ni vainqueurs ni vaincus, mais des frères devenus encore plus proches par le pardon de Dieu. Et, chaque fois que c’est possible, cette démarche doit se faire avec ceux des autres confessions chrétiennes qui partagent avec nous la grâce de l’obéissance à la Parole de Dieu.
Aimons l’Église, cet immense troupeau dont chaque brebis sur sa laine est marquée au fer rouge de l’amour de Dieu. Seul un vrai croyant peut aimer l’Église. Lorsque le regard de foi sur l’Église devient trop incertain, il ne saurait éveiller un véritable amour ni engager la fidélité de toute une existence. L’Église a autant besoin d’être aimée que réformée, car il n’y a de vraie réforme que dans l’amour : on peut faire pleurer l’Église, mais on ne la renie pas, pas plus que sa mère. « Je ne vivrais pas cinq minutes hors de l’Église », disait Bernanos, « et, si l’on m’en chassait, j’y rentrerais aussitôt, pieds nus, en chemise. »
Photo: Cardinal Etchegaray à l'ordination de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, sur le site du diocèse de Bayonne
Oser croire en l’Église !
À chaque étape de son histoire, l’Église a des choix graves à opérer, des choix nécessaires et toujours frappés de précarité, mais qui doivent témoigner de sa docilité au Seigneur. Seule cette volonté de conformité à son Maître peut faire d’elle un ferment pour la transformation de l’humanité. Son efficacité réelle n’est jamais tributaire de ses victoires ou de ses échecs. Si riche est la parure des choses qui ne sont pas siennes que, lorsque l’Église s’en dépouille, certains pensent qu’elle cesse alors de vivre. Mais nous savons qu’elle ne vit vraiment que lorsque tout en elle, jusque dans ses institutions, se laisse pénétrer de l’Esprit du Seigneur.
Mais comment se fait-il que tant de chrétiens, à force d’être exigeants, se montrent si injustes à l’égard de l’Église ? C’est qu’ils en parlent au passé et, alors, l’espérance est vite à bout de souffle. Par nos soupçons, par nos sectarismes, nous avons enchaîné notre Mère la sainte Église, nous en sommes devenus les gardiens féroces et tristes qui l’empêchent de « passer en Macédoine » (Actes 16, 9) et gambader joyeusement sur la grève des peuples et des cultures.
L’Église elle-même est objet de foi. Oser croire en l’Église est le titre d’un livre brûlant du P. Martelet (1). Oser croire en l’Église ! Mais le chrétien se sentira mal à l’aise dans l’Église s’il l’endosse comme un « prêt-à-porter ». Tant qu’il ne cherche pas à se mettre à la mesure de l’Église, il s’y trouvera, ou flottant, ou à l’étroit. Le chrétien n’est pas un transhumant qui s’éloigne de l’Église lorsqu’elle grelotte l’hiver, pour la retrouver lorsqu’elle refleurit au printemps. Il est l’homme des quatre saisons qui s’interpénètrent dans le temps et dans l’espace de l’Église. Aucun lieu, aucune époque n’épuise la vie de l’Église, et chacun de nous doit vivre « l’aujourd’hui de Dieu » (Roger Schutz).
Vérifier la qualité de notre foi
Le pape Benoît XVI nous incite à vérifier la qualité de notre foi dans un climat de communion ecclésiale, humble et sereine, d’où il ne peut sortir ni vainqueurs ni vaincus, mais des frères devenus encore plus proches par le pardon de Dieu. Et, chaque fois que c’est possible, cette démarche doit se faire avec ceux des autres confessions chrétiennes qui partagent avec nous la grâce de l’obéissance à la Parole de Dieu.
Aimons l’Église, cet immense troupeau dont chaque brebis sur sa laine est marquée au fer rouge de l’amour de Dieu. Seul un vrai croyant peut aimer l’Église. Lorsque le regard de foi sur l’Église devient trop incertain, il ne saurait éveiller un véritable amour ni engager la fidélité de toute une existence. L’Église a autant besoin d’être aimée que réformée, car il n’y a de vraie réforme que dans l’amour : on peut faire pleurer l’Église, mais on ne la renie pas, pas plus que sa mère. « Je ne vivrais pas cinq minutes hors de l’Église », disait Bernanos, « et, si l’on m’en chassait, j’y rentrerais aussitôt, pieds nus, en chemise. »
Photo: Cardinal Etchegaray à l'ordination de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, sur le site du diocèse de Bayonne
Rédigé par l'équipe de rédaction le 2 Avril 2009 à 12:50
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