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Par la moniale Serafima /Antonina Ossorguine/ Traduction du russe par Nikita Krivocheine
Sous peu la vie me sépara de la famille Stark, et ceci pour longtemps. Ils allèrent s’installer dans la colonie russe de Villemoisson. D’abord ils vivaient dans un baraquement en forêt, puis ils s’installèrent dans une grande maison au milieu de la colonie. Les enfants Stark allaient à l’école communale.
Serjik possédait déjà très bien le français. C’était un élève tellement appliqué que l’école lui décernait des prix. La vieille gouvernante de sa mère habitait avec eux et elle attribuait un peu d’argent de poche pour chacun de ces prix. Il réussit à mettre de côté 10 francs qu’il gardait dans une petite bourse spéciale, ceci pour en faire cadeau à son grand-père qui pourrait ainsi s’acheter une bouteille de bon vin.
Cet automne il était comme toujours gai, très animé. Il accourrait de l’école les joues rouges, le manteau déboutonné, envoyant le cartable n’importe où. Ses yeux brillaient, ses doigts étaient tâchés d’encre, on sentait que la vie était pour lui un plaisir.
Sous peu la vie me sépara de la famille Stark, et ceci pour longtemps. Ils allèrent s’installer dans la colonie russe de Villemoisson. D’abord ils vivaient dans un baraquement en forêt, puis ils s’installèrent dans une grande maison au milieu de la colonie. Les enfants Stark allaient à l’école communale.
Serjik possédait déjà très bien le français. C’était un élève tellement appliqué que l’école lui décernait des prix. La vieille gouvernante de sa mère habitait avec eux et elle attribuait un peu d’argent de poche pour chacun de ces prix. Il réussit à mettre de côté 10 francs qu’il gardait dans une petite bourse spéciale, ceci pour en faire cadeau à son grand-père qui pourrait ainsi s’acheter une bouteille de bon vin.
Cet automne il était comme toujours gai, très animé. Il accourrait de l’école les joues rouges, le manteau déboutonné, envoyant le cartable n’importe où. Ses yeux brillaient, ses doigts étaient tâchés d’encre, on sentait que la vie était pour lui un plaisir.
Cet automne il m’envoya une lettre. Je vivais alors une période très dure, mon père était agonisant. Serjik le savait et voulait de toutes ses forces me montrer sa compassion.
« Chère tante Tonia, si tu te sens mal, viens habiter chez nous, tu sais où nous sommes. Tu seras toujours la bienvenue ».
Ce petit garçon au cœur d’or se montra très tendre avec moi lorsque, après la mort de mon père, je vins pour une journée chez les Stark. Il pria à mes côtés lors de l’office des défunts que célébra le père Boris. C’était la dernière fois que je voyais Serjik concélébrant avec son père, vêtu d’une chasuble blanche, l’encensoir à la main.
Il tomba malade le jour de l’Epiphanie. Le matin de ce jour Serjik était à la liturgie. Quelqu’un fit remarquer à sa mère : « Vous ne trouvez pas que votre fils a ce matin un air un peu inhabituel ? »
L’après-midi il avait déjà une forte fièvre, mal aux oreilles, le souffle entrecoupé. Les médecins conclurent à une bronchopneumonie. Pendant deux semaines il resta malade à la maison, la fièvre ne voulait pas baisser. Les médecins se perdaient en conjectures : certains penchaient pour les streptocoques, d’autres préféraient la méningite. Les résultats d’innombrables analyses ne faisaient que rajouter à la confusion. Le quinzième jour de la maladie les docteurs déclarèrent la situation dangereuse et décidèrent de transférer Serjik à l’hôpital. Cela ne le troublait nullement.
Il donnait l’impression d’être conscient du sérieux de la situation et de s’être résigné. On lui cachait sa fièvre lui annonçant 38° au lieu des 40° réels. Vers 6 heures du soir il s’assit dans son lit et se mit à prier à haute voix : « Seigneur, entends-moi ! C’est à Toi que je m’adresse, entends-moi ! » Il répétait ces mots sans s’arrêter, tenant très fort un petit crucifix.
« Chère tante Tonia, si tu te sens mal, viens habiter chez nous, tu sais où nous sommes. Tu seras toujours la bienvenue ».
Ce petit garçon au cœur d’or se montra très tendre avec moi lorsque, après la mort de mon père, je vins pour une journée chez les Stark. Il pria à mes côtés lors de l’office des défunts que célébra le père Boris. C’était la dernière fois que je voyais Serjik concélébrant avec son père, vêtu d’une chasuble blanche, l’encensoir à la main.
Il tomba malade le jour de l’Epiphanie. Le matin de ce jour Serjik était à la liturgie. Quelqu’un fit remarquer à sa mère : « Vous ne trouvez pas que votre fils a ce matin un air un peu inhabituel ? »
L’après-midi il avait déjà une forte fièvre, mal aux oreilles, le souffle entrecoupé. Les médecins conclurent à une bronchopneumonie. Pendant deux semaines il resta malade à la maison, la fièvre ne voulait pas baisser. Les médecins se perdaient en conjectures : certains penchaient pour les streptocoques, d’autres préféraient la méningite. Les résultats d’innombrables analyses ne faisaient que rajouter à la confusion. Le quinzième jour de la maladie les docteurs déclarèrent la situation dangereuse et décidèrent de transférer Serjik à l’hôpital. Cela ne le troublait nullement.
Il donnait l’impression d’être conscient du sérieux de la situation et de s’être résigné. On lui cachait sa fièvre lui annonçant 38° au lieu des 40° réels. Vers 6 heures du soir il s’assit dans son lit et se mit à prier à haute voix : « Seigneur, entends-moi ! C’est à Toi que je m’adresse, entends-moi ! » Il répétait ces mots sans s’arrêter, tenant très fort un petit crucifix.
Tous les habitants de la maison de Villemoison aimaient Serjik, ils s’étaient tous réunis dans le couloir, à l’entrée de la chambre. Les uns priaient, d’autres pleuraient. Avant qu’il ne parte pour l’hôpital, lorsque les infirmiers le sortaient de sa chambre il s’efforçait de montrer un signe d’attention à chacun, de lui dire quelques mots gentils. Il insistait surtout sur la nécessité de nourrir comme il faut son chien Joutchka.
A l’hôpital on lui attribua une chambre pour lui seul. Ses parents revinrent à la maison. Une sœur catholique, très gentille, resta avec lui pour la nuit. D’emblée elle s’attacha à Serjik. Lui la pria de lui donner le crucifix fixé au mur afin qu’il puisse le tenir. Le séjour hospitalier avait commencé. La fièvre se maintenait à 40° et ne voulait pas baisser. Les jours se suivaient ainsi l’un après l’autre…
Les parents venaient voir Serjik le matin, restaient près de lui toute la journée, le soir ils le quittaient dans l’attente d’une longue nuit pleine d’inquiétude. Les médecins faisaient de leur mieux pour faire chuter la fièvre mais elle résistait et ne voulait pas tomber en deçà de 40°. L’enfant était exténué, son cœur commençait à faiblir.
Un soir l’infirmière dit aux parents qu’il vaudrait mieux qu’ils restent pour la nuit. Elle était très inquiète et ajouta qu’elle ne se portait pas garante de ce que la nuit se passe bien. On installa dans la chambre un petit divan. Lorsque Serjik l’aperçut il comprit que ses parents allaient rester pour la nuit. Se tournant vers l’infirmière, les yeux pleins de larmes il lui dit : « Merci Jamais, jamais je n’oublierai ce que vous avez fait pour moi ». Vers le matin son état s’améliora et ses parents durent partir le soir tombé. Serjik les laissa aller sans inquiétude, comme s’il sentait que ce n’était pas un « adieu ».
Sa mère craignait qu’il ne se mette à divaguer en russe, à demander quelque chose et que l’infirmière ne le comprenne pas. Elle persuadait Serjik de s’exprimer en français. Par la suite l’infirmière raconta que pendant les longues heures d’insomnie Serjik priait à haute voix, parfois en russe, parfois en français. L’infirmière l’entendait prier pour tous les soldats dans leurs tranchées, pour tous les malheureux, les pauvres et surtout pour les blessés, implorant leur guérison. Peu avant la fin de la maladie il éclata en larmes et dit « Me voilà maintenant devenu un petit soldat blessé ».
A l’hôpital on lui attribua une chambre pour lui seul. Ses parents revinrent à la maison. Une sœur catholique, très gentille, resta avec lui pour la nuit. D’emblée elle s’attacha à Serjik. Lui la pria de lui donner le crucifix fixé au mur afin qu’il puisse le tenir. Le séjour hospitalier avait commencé. La fièvre se maintenait à 40° et ne voulait pas baisser. Les jours se suivaient ainsi l’un après l’autre…
Les parents venaient voir Serjik le matin, restaient près de lui toute la journée, le soir ils le quittaient dans l’attente d’une longue nuit pleine d’inquiétude. Les médecins faisaient de leur mieux pour faire chuter la fièvre mais elle résistait et ne voulait pas tomber en deçà de 40°. L’enfant était exténué, son cœur commençait à faiblir.
Un soir l’infirmière dit aux parents qu’il vaudrait mieux qu’ils restent pour la nuit. Elle était très inquiète et ajouta qu’elle ne se portait pas garante de ce que la nuit se passe bien. On installa dans la chambre un petit divan. Lorsque Serjik l’aperçut il comprit que ses parents allaient rester pour la nuit. Se tournant vers l’infirmière, les yeux pleins de larmes il lui dit : « Merci Jamais, jamais je n’oublierai ce que vous avez fait pour moi ». Vers le matin son état s’améliora et ses parents durent partir le soir tombé. Serjik les laissa aller sans inquiétude, comme s’il sentait que ce n’était pas un « adieu ».
Sa mère craignait qu’il ne se mette à divaguer en russe, à demander quelque chose et que l’infirmière ne le comprenne pas. Elle persuadait Serjik de s’exprimer en français. Par la suite l’infirmière raconta que pendant les longues heures d’insomnie Serjik priait à haute voix, parfois en russe, parfois en français. L’infirmière l’entendait prier pour tous les soldats dans leurs tranchées, pour tous les malheureux, les pauvres et surtout pour les blessés, implorant leur guérison. Peu avant la fin de la maladie il éclata en larmes et dit « Me voilà maintenant devenu un petit soldat blessé ».
Cette infirmière faisait de son mieux pour alléger ses souffrances. Il ne restait de lui que la peau et les os, il était entièrement brulé par les sinapismes, les compresses, son corps était recouvert de traces de piqures. L’infirmière disait ne pas se souvenir d’un autre malade auquel on faisait autant d’injections. Lorsqu’elle apparaissait tenant une seringue ou un nouveau cataplasme il serrait fort le crucifix dans ses petites mains pour ne pas crier et priait tellement fort qu’il se couvrait de sueur. Les médecins faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour faire tomber sa température.
La maladie a duré 32 jours, parfois la fièvre dépassait les 41°. Tout le monde était au désespoir. Neuf médecins s’occupaient de Serjik. Neuf pédiatres, parmi les plus célèbres étaient venus spécialement de Paris. Les médecins ne parvenaient pas à obtenir un mieux. Le Seigneur en avait sans doute disposé autrement.
Serjik avait communié chacun des quinze derniers jours de sa vie. Il était resté conscient jusqu’à la fin, parfois il lui arrivait de délirer. Il souffrait de ne pas pouvoir, à cause de la fièvre, avoir conscience de tous les péchés qu’il se reprochait. Il fut décidé que le père Boris lui donnerait les sacrements chaque jour sans confession préalable. Cela lui rendit la sérénité, il disait : « Papa me donne la communion sans que je me confesse, ça veut dire que j’ai plus de péchés sur la conscience ». Il ajouta s’adressant à sa mère : « Je serai très bien chez Dieu. Mais surtout ne pleure pas, maman ».
La maladie a duré 32 jours, parfois la fièvre dépassait les 41°. Tout le monde était au désespoir. Neuf médecins s’occupaient de Serjik. Neuf pédiatres, parmi les plus célèbres étaient venus spécialement de Paris. Les médecins ne parvenaient pas à obtenir un mieux. Le Seigneur en avait sans doute disposé autrement.
Serjik avait communié chacun des quinze derniers jours de sa vie. Il était resté conscient jusqu’à la fin, parfois il lui arrivait de délirer. Il souffrait de ne pas pouvoir, à cause de la fièvre, avoir conscience de tous les péchés qu’il se reprochait. Il fut décidé que le père Boris lui donnerait les sacrements chaque jour sans confession préalable. Cela lui rendit la sérénité, il disait : « Papa me donne la communion sans que je me confesse, ça veut dire que j’ai plus de péchés sur la conscience ». Il ajouta s’adressant à sa mère : « Je serai très bien chez Dieu. Mais surtout ne pleure pas, maman ».
Une fois il vit en rêve Saint Séraphin. Réveillé, il raconta : « Saint Séraphin est venu, il a enlevé les cataplasmes qui me font tellement mal ». En effet, les docteurs avaient ce jour-là supprimé les cataplasmes. Il ajouta : « Séraphin est venu me voir pendant que je dormais et m’a délivré de mes douleurs ». Les amis, les proches qui lui compatissaient de tout cœur lui envoyaient de petites icônes, le plus souvent, c’étaient celles de Saint Séraphin.
Il reçut un galet sur lequel était représenté Saint Séraphin. Serjik gardait le caillou sous son oreiller, l’embrassait et le serrait sans cesse sur son cœur. Une multitude de petites icônes de Saint Séraphin s’était accumulée dans sa chambre d’hôpital. Beaucoup d’amis priaient pour lui, le commémoraient dans leurs prières. Ses souffrances, le combat qu’il menait pour survivre avaient frappé son entourage. Tenant le crucifix, priant, il disait à ses parents : « Ne me regardez pas, je vous en prie. Partez ». Dans ses divagations il répétait souvent le nom de sa grand-mère défunte à laquelle il était très attaché. Une fois, assis dans son lit et fixant le vide il dit : « Grand-mère, chérie, je te vois, je viendrai te voir ».
Le soir où il fut transféré à l’hôpital sa mère était assise seule à la maison dans sa chambre. Subitement, sans raison apparente, la photo de Serjik tomba du mur. Il y avait sur ce mur beaucoup de photos de famille. La mère fut très effrayée. Elle s’approcha et, subitement, elle vit tomber une autre photo de Serjik, puis une autre. Le lendemain ils allèrent à l’hôpital. S’adressant à sa mère Serjik demanda : « Dis, maman, combien de photos sont tombées du mur ? »
Une autre fois, regardant comme vers nulle part, il dit au père Boris : « Un corbillard noir passe dans la rue ». Effrayé, le père Boris répondit : « Mais il roule dans la rue et va plus loin ». Le lendemain on apprit que c’est à ce moment que mourut une fillette amie.
Il reçut un galet sur lequel était représenté Saint Séraphin. Serjik gardait le caillou sous son oreiller, l’embrassait et le serrait sans cesse sur son cœur. Une multitude de petites icônes de Saint Séraphin s’était accumulée dans sa chambre d’hôpital. Beaucoup d’amis priaient pour lui, le commémoraient dans leurs prières. Ses souffrances, le combat qu’il menait pour survivre avaient frappé son entourage. Tenant le crucifix, priant, il disait à ses parents : « Ne me regardez pas, je vous en prie. Partez ». Dans ses divagations il répétait souvent le nom de sa grand-mère défunte à laquelle il était très attaché. Une fois, assis dans son lit et fixant le vide il dit : « Grand-mère, chérie, je te vois, je viendrai te voir ».
Le soir où il fut transféré à l’hôpital sa mère était assise seule à la maison dans sa chambre. Subitement, sans raison apparente, la photo de Serjik tomba du mur. Il y avait sur ce mur beaucoup de photos de famille. La mère fut très effrayée. Elle s’approcha et, subitement, elle vit tomber une autre photo de Serjik, puis une autre. Le lendemain ils allèrent à l’hôpital. S’adressant à sa mère Serjik demanda : « Dis, maman, combien de photos sont tombées du mur ? »
Une autre fois, regardant comme vers nulle part, il dit au père Boris : « Un corbillard noir passe dans la rue ». Effrayé, le père Boris répondit : « Mais il roule dans la rue et va plus loin ». Le lendemain on apprit que c’est à ce moment que mourut une fillette amie.
Photo: Mgr Euloge avec Nathalie Abacheva mère de Serjik
Parfois Serjik se mettait à parler un langage purement enfantin : « Comme c’est dommage. J’avais tellement envie de terminer mes études. Mais je n’ai pas encore appris la table de multiplication… »
Il aimait la vie et, par-dessus tout, ses parents, ses amis, le chien Joutchka, le petit chat et ses jouets. Sur le guéridon de l’hôpital le père Boris faisait rouler une petite locomotive. Cela donnait à Serjik un sentiment de gaieté. Une fois il dit avoir très envie d’un sifflet. Il voulait savoir s’il pouvait siffler pour appeler l’infirmière. Celle-ci était contente de voir une telle manifestation de vie, - « Siffle tant que tu veux, mon petit ». Peu avant sa fin il priait qu’on lui donne un crucifix. Une fois il le remit au père Boris en disant : « Je sais qu’il reste pour moi une autre croix, une grande… ».
Vers la fin Serjik était très agité. Pour essayer de le faire revenir au calme ses parents alternaient de simples berceuses avec la lecture des psaumes. Difficile de dire ce qu’il en comprenait. Mais les textes sacrés, la voix du père Boris lui apportaient la paix. Il n’avait pas de l’état monacal du père Nikon Grewe une perception simpliste. Il le prenait très au sérieux. Serjik savait que le père Séraphin qu’il aimait tant était moine. Une fois le père Nikon lui dit : « Je sais que quand tu guériras et que tu deviendras adulte le métropolite Euloge te bénira à prononcer tes vœux, tu seras moine et tu auras pour nom « Séraphin ».
Serjik y crut et pria le père Nikon de porter ses souhaits à la connaissance du métropolite qu’il aimait beaucoup et s’inquiétait pour lui. Le métropolite lui envoya une petite croix en bois provenant du mont Sion. Il disait par la suite, les larmes aux yeux : « Je sentais que cette Croix deviendra pour Serjik la voie de l’ascension. Nous ne savons pas dans quel état d’esprit le garçonnet reçut ce cadeau. Il ne se séparait jamais du crucifix, le tenait serré dans sa main. Il dit à sa mère : « C’est mon secret, ne parle à personne de ce cadeau ». Lorsqu’il était au bord du délire il tendait la croix vers ses proches comme faisant le geste de les bénir. Lorsque je suis venue le voir quatre jours avant qu’il ne décède il tendit la croix vers moi en disant d’une voix terriblement enrouée : « Il me donna mon nom… » Il ne put rien ajouter.
Vint le jour où les médecins annoncèrent qu’ils ne pouvaient pas triompher de la pneumonie. La fièvre restait très forte. Pendant ces semaines ils avaient appris à bien connaître Serjik. Un jour, le médecin dit : « C’est pour la première fois que je rencontre un tel enfant. S’il était comme les autres, il aurait un espoir de guérison mais vous voyez vous-mêmes que c’est un ange. Il ne nous appartient pas de retenir les anges sur cette terre ».
Le lendemain, 16 février, ses parents décidèrent de faire revenir Serjik à la maison.
À suivre sur PO ICI>>> Partie 2
Parfois Serjik se mettait à parler un langage purement enfantin : « Comme c’est dommage. J’avais tellement envie de terminer mes études. Mais je n’ai pas encore appris la table de multiplication… »
Il aimait la vie et, par-dessus tout, ses parents, ses amis, le chien Joutchka, le petit chat et ses jouets. Sur le guéridon de l’hôpital le père Boris faisait rouler une petite locomotive. Cela donnait à Serjik un sentiment de gaieté. Une fois il dit avoir très envie d’un sifflet. Il voulait savoir s’il pouvait siffler pour appeler l’infirmière. Celle-ci était contente de voir une telle manifestation de vie, - « Siffle tant que tu veux, mon petit ». Peu avant sa fin il priait qu’on lui donne un crucifix. Une fois il le remit au père Boris en disant : « Je sais qu’il reste pour moi une autre croix, une grande… ».
Vers la fin Serjik était très agité. Pour essayer de le faire revenir au calme ses parents alternaient de simples berceuses avec la lecture des psaumes. Difficile de dire ce qu’il en comprenait. Mais les textes sacrés, la voix du père Boris lui apportaient la paix. Il n’avait pas de l’état monacal du père Nikon Grewe une perception simpliste. Il le prenait très au sérieux. Serjik savait que le père Séraphin qu’il aimait tant était moine. Une fois le père Nikon lui dit : « Je sais que quand tu guériras et que tu deviendras adulte le métropolite Euloge te bénira à prononcer tes vœux, tu seras moine et tu auras pour nom « Séraphin ».
Serjik y crut et pria le père Nikon de porter ses souhaits à la connaissance du métropolite qu’il aimait beaucoup et s’inquiétait pour lui. Le métropolite lui envoya une petite croix en bois provenant du mont Sion. Il disait par la suite, les larmes aux yeux : « Je sentais que cette Croix deviendra pour Serjik la voie de l’ascension. Nous ne savons pas dans quel état d’esprit le garçonnet reçut ce cadeau. Il ne se séparait jamais du crucifix, le tenait serré dans sa main. Il dit à sa mère : « C’est mon secret, ne parle à personne de ce cadeau ». Lorsqu’il était au bord du délire il tendait la croix vers ses proches comme faisant le geste de les bénir. Lorsque je suis venue le voir quatre jours avant qu’il ne décède il tendit la croix vers moi en disant d’une voix terriblement enrouée : « Il me donna mon nom… » Il ne put rien ajouter.
Vint le jour où les médecins annoncèrent qu’ils ne pouvaient pas triompher de la pneumonie. La fièvre restait très forte. Pendant ces semaines ils avaient appris à bien connaître Serjik. Un jour, le médecin dit : « C’est pour la première fois que je rencontre un tel enfant. S’il était comme les autres, il aurait un espoir de guérison mais vous voyez vous-mêmes que c’est un ange. Il ne nous appartient pas de retenir les anges sur cette terre ».
Le lendemain, 16 février, ses parents décidèrent de faire revenir Serjik à la maison.
À suivre sur PO ICI>>> Partie 2
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 16 Juin 2021 à 02:49
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